LA TRAITE D'ETRES HUMAINS COMPROMET LE SYSTEME DE PROTECTION DES REFUGIES ET REQUIERT DES MESURES MULTILATERALES CONCERTEES
Communiqué de presse AG/SHC/574 |
Troisième Commission
3e séance – après-midi
LA TRAITE D'ETRES HUMAINS COMPROMET LE SYSTEME DE PROTECTION DES REFUGIES
ET REQUIERT DES MESURES MULTILATERALES CONCERTEES
La traite d'êtres humains, qui permet aux trafiquants de réaliser des profits exorbitants, défie le droit des Etats de protéger leurs frontières et sape l'efficacité du système de protection des réfugiés et des demandeurs d'asile, ainsi que les programmes d'appui aux migrations légales. C'est en substance ce qu'a déclaré cet après-midi le représentant de l'Australie devant la Troisième Commission qui poursuivait son débat général sur la prévention du crime et la justice pénale. Réclamant pour conjuguer ce fléau des mesures multilatérales concertées, le représentant a fait état du Processus de Bali, qui a instauré un cadre permettant de renforcer la coopération régionale.
Les délégations ont également souligné la nécessité d'une action concertée et d'une meilleure coopération, en ce qui concerne les questions relatives à la production et au trafic de drogues car, ont-ils affirmé, il s'agit d'une responsabilité partagée qui demande une action multilatérale intégrée associant également le secteur privé. Le représentant du Pérou a pour sa part observé que pour assurer le succès des cultures de substitutions, il importe aussi d’assurer la promotion sur les marchés mondiaux des produits cultivés dans d'anciennes zones de coca. S’agissant de la stratégie nationale de lutte contre la drogue, la représentante du Brésil s'est félicitée de l'apport positif des acteurs non gouvernementaux et a mis l'accent sur la prévention et la réhabilitation.
Les représentants des pays suivants ont pris part aux débats: Brésil, Jamahiriya arabe libyenne, Australie et Pérou.
La Commission poursuivra l'examen de ce point demain, mardi 1er octobre, à partir de 10 heures.
PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE ET CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES
Débat général
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a indiqué que la Convention contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles avaient été soumis au Parlement brésilien pour ratification. Son pays, a-t-elle ajouté, appuyait les travaux du Comité chargé d'élaborer un projet de convention contre la corruption et s'est félicitée de son approche équilibrée entre la prévention et la répression. Le Brésil s’est grandement inspiré des recommandations des Nations Unies pour l'élaboration de son plan national de sécurité qui traite, entre autres, de la protection des témoins, de l'adoption d'une législation contre le blanchiment de l'argent, et du contrôle de la possession des armes à feu. A cet égard, une intense coopération régionale s’est établie au sein du MERCOSUR sur ces questions.
Elle a précisé qu’une même coopération régionale existe, s'agissant de la lutte contre le trafic de drogues et a fait état des initiatives de son pays dans le cadre de la zone de paix et de coopération de l'Atlantique Sud et du Commonwealth des pays lusophones. Elle a également expliqué que le Brésil avait modifié sa législation nationale afin de se conformer aux recommandations des Nations Unies dans ce domaine. Compte tenu de l’ampleur du problème posé par la demande, le trafic et la production de substances illicites, elle s'est également félicitée de l'amélioration de la coopération internationale dans ce domaine grâce au consensus sur les principes directeurs qui doivent régir la lutte contre ce fléau et dans ce contexte, elle s'est félicitée de l'apport des acteurs non gouvernementaux. En effet, c'est un terrain de responsabilité partagée qui demande une action multilatérale intégrée. Cela étant, ce combat contre la drogue doit respecter l'intégrité territoriale des Etats, le principe de non-ingérence et les droits de l'homme, a-t-elle déclaré. En dernier lieu, elle a mis l'accent sur la prévention et la réhabilitation.
M. AHMED Y.Y. GZLLAL (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la criminalité transnationale organisée prenait désormais de nouvelles formes, comme le trafic illicite de drogues, le trafic de femmes et d'enfants et le trafic d'armes. Le trafic des organes humains est sans doute le pire de ces crimes. Face à cette évolution, la communauté internationale doit se mobiliser. La Jamahiriya arabe libyenne a tenté de s'opposer à ces trafics en renforçant notamment le contrôle aux frontières. Il espère que le Secrétaire général renforcera le rôle et l'action de l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants dont le rôle est si utile sur le continent. Il soutient l’élaboration d'une Convention contre la corruption, car la corruption compromet le développement. Le représentant a exprimé l’espoir que cette Convention ne sera pas exploitée pour s'ingérer dans les affaires intérieures des pays. La Libye, a-t-il déclaré, considère le terrorisme d'Etat comme une forme de criminalité. Toutefois, elle souhaite que la communauté internationale parvienne à une définition du terrorisme qui n’entrave pas le droit des peuples à l'autodétermination, qui ne saurait être confondu avec le terrorisme.
M. PETER TESCH (Australie) a dénoncé la traite d'êtres humains qui permet aux trafiquants de réaliser des profits, s'élevant à quelque 10 millions de dollars américains selon l'Organisation internationale des migrations. Cette traite, a-t-il estimé, défie le droit des Etats à protéger leurs frontières et constitue une attaque directe entre leur souveraineté. En outre, ces mouvements illégaux sapent l'efficacité du système de protection des réfugiés et des demandeurs d'asile, ainsi que les programmes d'appui aux migrations légales. Il a rappelé la détermination de son pays à lutter contre ce trafic inhumain, tout en faisant observer qu'aucun Etat ne pouvait lutter seul et qu'il importait de mener des actions multilatérales concertées.
M. Tesch a évoqué la Conférence qui a réuni les ministres de 38 pays de la région et qui a permis d'établir le Processus de Bali, qui a institué deux comités d'experts coordonnés par la Nouvelle-Zélande et la Thaïlande et chargés, notamment, de veiller à l'échange d'informations. Le représentant expliqué que le Processus de Bali qui instaure un cadre permettant de renforcer la coopération régionale, attend des comités d’experts qu’ils rendent compte de leurs travaux lors de la prochaine réunion ministérielle qui se tiendra à Bali en 2003. Cependant, la nécessité d’une action internationale plus large n’est pas à négliger et c’est pourquoi son pays appuie l’initiative du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés qui préconise l’étude des mouvements secondaires, suivant lesquels les populations décident de quitter un pays où elles recevaient une protection pour une autre destination. Il a recommandé à cet égard que l’on accorde un rang de priorité plus élevé à la coordination au sein du système des Nations Unies.
M. ALFREDO CHUQUIHUARA (Pérou) a souscrit à la déclaration du Costa Rica ce matin au nom du Groupe de Rio. Le représentant reconnaît le caractère mondial de la criminalité et appelle à la coopération de tous les Etats Membres des Nations Unies. En 1990, le Pérou était le premier producteur mondial de coca. Aujourd’hui la production a fortement décru. Ce sont la victoire contre les groupes du Sentier Lumineux et la baisse du prix de la feuille de coca qui ont contribué à obtenir ce résultat. Toutefois, depuis 1999, des éléments nouveaux sont apparus: le cours de la feuille de coca a connu une nouvelle flambée, ce qui a renversé la tendance et poussé les paysans à manifester leur mécontentement contre les cultures de substitution qu’on leur proposait. Le Pérou redouble d’efforts pour obtenir une réduction durable des cultures de coca et améliorer le niveau de vie des paysans qui abandonnent cette culture. L’interdiction de la culture de coca reste fondamentale dans la politique mise en place ainsi que l’incitation aux cultures de substitution. Mais la promotion de produits cultivés dans d’anciennes zones de coca sur les marchés mondiaux ne doit pas être négligée.
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