En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/573

SEULE UNE COOPERATION INTERNATIONALE RENFORCEE PERMETTRA DE LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LE TERRORISME ET LE TRAFIC DE DROGUES

30/09/2002
Communiqué de presse
AG/SHC/573


Troisième Commission

2e séance – matin


SEULE UNE COOPERATION INTERNATIONALE RENFORCEE PERMETTRA DE LUTTER EFFICACEMENT CONTRE LE TERRORISME ET LE TRAFIC DE DROGUES


Le dialogue avec le Directeur exécutif du PNUCID

met en évidence la situation alarmante en Afghanistan


Les débats de la Troisième Commission ont été dominés lors de la réunion consacrée ce matin à la question du contrôle international des drogues et à la prévention du crime et la justice pénale par la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues.  L'action du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (PNUCID) a fait l'objet d'une attention particulière, suite à la communication de M. Antonio Maria Costa, qui a pris ses fonctions en mai dernier comme Directeur exécutif du PNUCID.


M. Costa a déclaré que l'une des actions prioritaires du Programme est de fournir aux Etats qui sont producteurs de drogues la possibilité d’éradiquer ces cultures et d’y substituer de nouvelles.  Il s'est félicité des bons résultats obtenus en Bolivie et a reconnu que deux pays font l'objet d'une attention particulière aujourd'hui, le Myanmar et l'Afghanistan.  En Afghanistan, cinq provinces ne respectent pas l'interdiction de la culture du pavot décidée par le nouveau Président.  Cependant si l'offre de drogues est un aspect du problème, la demande en est le deuxième, a-t-il déclaré.  M. Costa a également proposé que le PNUCID organise un événement en 2003 en liaison avec la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les protocoles s'y rapportant.


Au cours d'un dialogue avec les représentants, l'Afghanistan a occupé une place prépondérante.  Le représentant de la République islamique d'Iran a attiré l'attention sur le problème récurrent du trafic des drogues spécifique à la région.  Pour sa part, le représentant de l’Afghanistan a rappelé que son pays était déterminé à lutter contre la production de drogues, le trafic et la toxicomanie.  Il a estimé qu'un meilleur développement des infrastructures rurales serait déterminant dans cette lutte.  Répondant à une question, M. Costa a précisé qu'il existait six programmes différents en Afghanistan parmi lesquels le programme de substitution constituait l'avenir.  S'il importe de proposer d'autres solutions aux paysans, il faut toutefois se souvenir que le Bureau n'est pas une agence de développement et que son action dans ce domaine est limitée.


A l'issue de ce dialogue, les divers intervenants ont insisté sur la nécessité de lutter contre la criminalité, un fléau qui met en cause la sécurité mondiale et compromet le développement durable.  Au nom de l'Union européenne et des Etats associés, le représentant du Danemark a appelé tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles additionnels.  Il a estimé que la prochaine étape dans la lutte contre la criminalité sera l'adoption de la Convention contre la corruption.  En ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogues, le représentant a insisté sur les liens qui existent entre la culture de substances illicites, la pauvreté et les conflits.  Le représentant des Etats-Unis d'Amérique a estimé nécessaire l'appui aux instruments de lutte contre la criminalité, car le développement durable ne pourra être atteint si la loi n'est pas respectée.  Il s'est réjoui de ce que le lien entre le développement et la répression de la criminalité soit de plus en plus mieux compris et a remercié le PNUCID pour son action.  Enfin, au nom des Etats membres du Groupe de Rio, le représentant du Costa Rica a reconnu que l'assistance fournie par le PNUCID aux Etats Membres, en particulier dans sa région, est essentielle.  Le Groupe de Rio estime que le problème de la drogue est un défi global qui affecte toute la planète et réaffirme sa détermination à collaborer activement à la lutte contre les drogues.


Outre les Etats déjà cités, les représentants des pays suivants ont aussi pris la parole: Algérie, Chili, Chine, Cuba, Egypte, Japon, Mexique, Népal, Pakistan, Sénégal et Tunisie.


La Troisième Commission reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.


PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE


Documentation


Rapport du Secrétaire général sur le renforcement du Service de prévention du terrorisme du Secrétariat (A/57/152 et Add.1)


Pour renforcer le Service de prévention du terrorisme du Secrétariat, le rapport préconise une allocation de ressources supplémentaires au Centre pour la prévention internationale du crime du fait de l’élargissement de ses mandats. Le rapport recommande pour faire face à cette nouvelle situation la création de cinq nouveaux postes en plus des deux déjà prévus.  Le programme de travail renforcé vise avant tout à fournir aux Etats Membres qui en font la demande l’assistance dont ils ont besoin pour ratifier les 12 conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme, y adhérer et les mettre en oeuvre, et pour donner suite à la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité. 


L’Organisation des Nations Unies avait été saisie de la question du terrorisme bien avant les attentats du 11 septembre 2001.  Depuis 1970, le Programme des Nations Unies en matière de prévention du crime et la justice pénale de même que les congrès quinquennaux pour la prévention du crime et le traitement des délinquants se penchent sur le terrorisme en tant que forme grave de criminalité.


Rapport du Secrétaire général sur le renforcement du Programme des Nations Unies en matière de prévention du crime et la justice pénale, en particulier de ses capacités de coopération technique (A/57/153)


Le rapport indique que le Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale a progressivement orienté ses activités vers l’assistance technique et que le processus de ratification de la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée est en bonne voie. Le rapport fait état en outre des progrès notés dans les négociations de la convention contre la corruption et ceux effectués en ce qui concerne l’élargissement de la base de financement du Programme.  Toutefois il recommande, pour consolider ces résultats, la coopération des organes intergouvernementaux et la recherche de financement.  L’Assemblée générale est priée pour sa part de renforcer la capacité du Programme à fournir des services dans ses domaines prioritaires, d’inviter les Etats Membres, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales à continuer à soutenir le Programme et de demander instamment aux Etats Membres, aux institutions financières internationales et au secteur privé d’augmenter le montant de leurs contributions au Fonds des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, afin d’accentuer l’impact et la portée de ces activités, notamment sur le terrain. 


Rapport du Secrétaire général sur les préparatifs du onzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale (A/57/154)


Le rapport indique que le onzième Congrès aura lieu en 2005 et que le Gouvernement thaïlandais avait reconfirmé son offre de l’accueillir.  Les dates du Congrès seront fixées prochainement en consultation avec le pays hôte, et sa durée ne devrait pas excéder huit jours, y compris les consultations préalables.  On s’attend à ce que ce onzième Congrès soit être un catalyseur pour l’adoption de recommandations concrètes visant à aider la communauté internationale à relever les défis présents et futurs dans les domaines de la prévention du crime et de la justice pénale.


Rapport du Secrétaire général sur la prévention de la corruption et du transfert de fonds d’origine illicite (A/57/158 et Add.1)


Ce rapport contient les réponses des pays et des organismes compétents des Nations Unies sur les mesures adoptées en application de la résolution 56/186, par laquelle l’Assemblée générale avait reconnu qu’il appartenait aux gouvernements d’adopter au niveau national et international des politiques visant à prévenir la corruption et le transfert de fonds d’origine illicite, à lutter contre ces pratiques et à restituer lesdits fonds aux pays d’origine.  Le rapport conclut que les mesures prises par les Etats Membres et les organismes des Nations Unies confirment que la communauté internationale attache un rang de priorité élevé à la lutte contre la corruption. La future Convention des Nations Unies contre la corruption qui est en cours d’élaboration offrira l’occasion de faire le point sur les mesures efficaces et réalistes à prendre dans la lutte contre la corruption.


Projets de résolution


Dans le cadre du projet de résolution concernant lacoopération internationale en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée: aider les Etats à renforcer leurs capacités en vue de faciliter l’application de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et des Protocoles s’y rapportant (A/C.3/57/L.2), l’Assemblée générale accueillerait favorablement l’action proposée par le Centre pour la prévention internationale du crime en vue de promouvoir l’entrée en vigueur rapide et l’application de la Convention et des Protocoles s’y rapportant.  Elle se féliciterait également du soutien financier fourni par plusieurs donateurs , et inviterait de nouveau les Etats membres à verser des contributions volontaires suffisantes au Fonds des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale afin de prêter aux pays en développement et aux pays dont l’économie est en transition une assistance technique en vue de l’application de ces instruments juridiques internationaux. 


Par le projet de résolution relatif à la conférence de signature par des personnalités politiques de haut rang de la Convention des Nations Unies contre la corruption (A/C.3/57/L.3), l’Assemblée générale déciderait de réunir au Mexique la conférence de signature par des personnalités politiques de haut rang d’ici à la fin 2003 et prierait le Secrétaire général de  fournir au Centre pour la prévention internationale du crime, qui assurera le secrétariat de la conférence de signature, les ressources nécessaires pour organiser la conférence d’une manière efficace et adaptée.


Par le projet de résolution relatif à la suite donnée aux plans d’action concernant la mise en oeuvre de la Déclaration de Vienne sur la criminalité et la justice: relever les défis du XXIe siècle (A/C.3/57/L.4), l’Assemblée générale inviterait les gouvernements, organisations intergouvernementales et non gouvernementales compétentes à s’inspirer des plans d’action concernant la mise en oeuvre de la Déclaration de Vienne pour la formulation de testes législatifs, de politiques et de programmes dans les domaines de la prévention du crime et la justice pénale, aux niveaux national et international et  prierait le Secrétaire général de faire rapport à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, à sa douzième session, sur les résultats des discussions qu’il aura eues avec les instituts du réseau du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale au sujet de leur contribution éventuelle à la mise en oeuvre de plans d’action.


Aux termes du projet de résolution relatif aux préparatifs du onzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale (A/C.3/57/L.5), l’Assemblée générale déciderait d’accepter l’offre du gouvernement thaïlandais d’accueillir le onzième Congrès.  Le thème principal en serait «synergies et réponses: alliances stratégiques pour la prévention du crime et la justice pénale».   L’Assemblée prierait le Secrétaire général d’allouer au Centre pour la prévention internationale du crime les ressources nécessaires aux préparatifs du onzième Congrès.


CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES


Rapport du Secrétaire général sur la suite donnée aux conclusions de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la lutte commune contre le problème mondial de la drogue (A/57/127)


Ce rapport présente une vue d’ensemble de la suite donnée aux conclusions de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à la lutte commune contre le problème mondial de la drogue, qui s’est tenue à New York du 8 au 10 juin 1998.  L’Assemblée générale avait demandé aux gouvernements de rendre compte tous les deux ans à la Commission des stupéfiants de l’action qu’ils mènent dans la lutte contre la drogue.  Le premier rapport biennal de synthèse rédigé par le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues  (PNUCID) a été soumis à la Commission en décembre 2001.  Il a été établi sur la base des réponses reçues des gouvernements. 


Après avoir observé que les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues bénéficient aujourd’hui d’une adhésion quasi universelle, le rapport indique que le PNUCID a continué d’aider les gouvernements à se doter d’une infrastructure épidémiologique dans le cadre du Plan d’action pour la mise en oeuvre de la Déclaration sur les principes fondamentaux de la réduction de la demande et que l’année 2003 a été fixée comme date cible pour adopter des stratégies ou des programmes.  Le rapport rappelle aussi qu’en mars 2001 la Commission avait adopté la résolution 44/5 intitulée “Prévention de l’usage de drogues à des fins récréatives et de loisirs chez les jeunes” qui encourage les Etats à informer et sensibiliser le public aux risques induis par les nouveaux modes de consommation de drogues illicites chez les jeunes.  Enfin, le rapport fait part des inquiétudes de la Commission du fait des politiques libérales à l’égard de l’usage de drogues illicites.


Au sujet de la coopération internationale pour l’élimination des cultures de plantes servant à fabriquer des drogues illicites et les activités de substitution, la Commission a été saisie en avril 2002 du rapport E/CN.7/2002/6 du Directeur exécutif.  Le PNUCID a continué d’aider les pays touchés par la culture illicite en exécutant des programmes de substitution en Bolivie, en Colombie, au Pérou, au Myanmar, en République démocratique populaire lao et au Viet Nam.  Au Pakistan, le projet mené dans la région du Dir a permis d’éliminer la culture du pavot.  Le PNUCID continue d’intercéder auprès du Gouvernement et des autorités régionales pour qu’elle ne reprenne pas.  En Afghanistan, l’interdiction de la culture du pavot à opium par les Taliban en 2000 a été effectivement appliquée en 2001.  Durant cette année, la production du pavot a chuté de 94%.  Mais, selon une enquête menée en février 2002 par le PNUCID dans le Sud et l’Est du pays, la culture du pavot avait depuis repris à grande échelle.  Un plan d’action régional a été adopté.  Pour sa part, la Commission a noté que le trafic de stimulants type amphétamine ne cessait de prendre de l’ampleur en Asie de l’Est et du Sud-Est.  Le PNUCID a organisé en novembre 2001 à Bruxelles une conférence pour faire de cette question l’une des priorités du Programme dans la région.  Quant à l’argent de la drogue, le PNUCID continue à aider un certain nombre de pays à se doter de cadres juridiques contre le blanchiment de l’argent, par le biais d’une révision des législations existantes, ainsi qu’à mettre en place des services de renseignement financier opérationnel.


Déclaration liminaire


M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime (PNUCID): A l’occasion de ma prise de fonction en mai dernier, j'ai déclaré qu'il fallait repositionner l'action du Programme des Nations Unies, notamment après les attentats du 11 septembre 2001, et l'inscrire dans le cadre de l'objectif du développement durable.  Pour cela, j'ai défini cinq priorités: la bonne gouvernance; une stratégie claire; la prévisibilité des ressources; la motivation du personnel et l'amélioration de la communication interne et externe.  La bonne gouvernance est la clef de notre crédibilité.  L'arsenal juridique existe déjà, notamment avec la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les protocoles qui s'y rapportent.  Je propose que le PNUCID organise un événement en 2003 en collaboration avec le Bureau des affaires juridiques, et je souhaite recevoir sur ce projet l’avis de la Troisième Commission. 


La corruption est l’un des obstacles majeurs au développement économique et des progrès sont en cours en ce qui concerne l’élaboration d'une Convention contre la corruption.  Mais il n’y a pas que le secteur public qui connaît ce problème.  Si nous voulons réussir dans ce combat, nous avons besoin de l'appui et du soutien du secteur privé.  Les deux rapports sur le terrorisme dont la Troisième Commission est saisie sont un bon début.  Nous avons soumis un projet de programme de lutte contre le terrorisme.  Le bureau de Vienne travaille à la répression du blanchiment de l'argent et fournit une assistance aux Etats qui en font la demande.  Le contrôle international des drogues constitue une composante majeure de notre lutte contre la société incivile.  Nous préparons la réunion ministérielle d'avril 2003.  La priorité du Programme est de fournir aux Etats qui sont producteurs de drogues la possibilité d’éradiquer ces cultures et d’y substituer de nouvelles.  Nous avons obtenu de bons résultats notamment en Bolivie.  Deux pays font l'objet d'une attention particulière aujourd'hui, le Myanmar et l'Afghanistan.  En Afghanistan, cinq provinces ne respectent pas l'interdiction du nouveau Président.  La communauté internationale doit intervenir dans la reconstruction de ce pays, mais nous devons aussi trouver un moyen de mettre un terme à la culture du pavot, car c’est un problème de sécurité internationale.  Le bureau a délégué sur le terrain un grand nombre de ses administrateurs.


Si l'offre de drogues est un aspect du problème, la demande en est la deuxième composante.  Notre action doit aussi être étendue à la pandémie du VIH/sida, car l'usage de drogues contribue à son expansion.  Enfin, il nous faut lutter contre les drogues synthétiques, de type amphétamines.  Je souhaiterais que cette question soit à l'ordre du jour de la réunion ministérielle.  Les ressources du Bureau sont une partie importante de cette lutte contre les drogues, et les contributions volontaires ne dépassent pas 90 millions de dollars par an.  Les objectifs du Bureau doivent donc être réalistes.


Dialogue avec le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime


Le représentant du Népal a demandé au Directeur exécutif de préciser ce qu’il attendait des pays en développement en matière d’évaluation des programmes du Bureau dans les pays les moins avancés.  Le représentant de la République islamique d'Iran a attiré l'attention sur les problèmes spécifiques de la région, en particulier le trafic de drogues en provenance de l'Afghanistan, qui reste un problème récurrent malgré les efforts accomplis pour lutter contre la culture et la production de substances illicites.  Il a rappelé que les politiques de substitution demandaient plus d'investissements que de simples discours.  Pour le représentant, il fallait avant tout aider les paysans afghans à reconstruire l’agriculture de leur pays afin d’éviter qu'ils aient recours à la culture de substances illicites.  Il s'est néanmoins félicité de l’aide apportée par le Bureau du contrôle des drogues dans la lutte contre le trafic.


Répondant à ces questions, M. COSTA a expliqué que le Bureau évaluait l'évolution des problèmes et élaborait ainsi des profils par pays sur lesquels se fondent ses divers programmes en fonction des besoins spécifiques des pays.  En ce qui concerne la question de la production de drogues en Afghanistan, M. Costa a précisé qu'il existait six programmes différents pour ce pays.  Les programmes de substitution, a-t-il déclaré, constituaient l'avenir.  S’il importe de proposer d’autres solutions aux paysans, il faut toutefois se souvenir que le Bureau n'est pas une agence de développement et que son action dans ce domaine est limitée.  Le Bureau peut cependant accorder des prêts à un pour-cent aux paysans concernés, ce qui leur permet d'acheter des graines nécessaires pour modifier leur production sans tomber dans un cycle infernal d'endettement.  Il a ensuite indiqué que le programme s'employait aussi à former des officiers de police.  Dans ce contexte, il a appelé les pays donateurs à aider l'Afghanistan à sortir de la culture de la drogue.


Evoquant les progrès accomplis par son pays grâce à la collaboration du PNUCID, le représentant du Pakistan a toutefois attiré l'attention sur la question de l'aide qui doit être fournie pour les programmes de réduction de la demande dans les pays qui ont réussi à réduire leur production de substances illicites.  La représentante du Sénégal a demandé des précisions sur les actions menées pour améliorer la lutte contre la corruption.


Le représentant de l'Afghanistan a rappelé que son pays était déterminé à lutter contre la production de drogue, le trafic et la toxicomanie.  Il a estimé qu'un meilleur développement des infrastructures rurales serait déterminant dans la lutte contre la production de drogues dans le pays.  Il s’est déclaré convaincu de la détermination du Gouvernement de M. Karzai à agir dans ce sens.


Répondant à ces questions, M. COSTA a confirmé que le PNUCID resterait engagé dans les pays qui ont réussi à réduire la culture de drogues, car il s'agit d'une politique à long terme.  Reconnaissant que par le passé l'accent n’était mis que sur la réduction de l'offre, il a déclaré qu’il s’agissait aujourd’hui d’agir également sur la réduction de la demande, notamment par des campagnes d'information sur les dangers de la toxicomanie, mais aussi du VIH/sida, ainsi que par des programmes de réinsertion.  Il a attiré l'attention sur les nouvelles routes que prend de nos jours le trafic, passant notamment par l'Afrique et générant ainsi de nouvelles toxicomanies.  Il a donné l'exemple de la politique menée au Sénégal en ce qui concerne l'intégration de la justice.


Concernant le problème de l'Afghanistan, M. Costa a rappelé que la situation actuelle a mis 25 ans pour s’instaurer et qu'il faudrait du temps pour en venir à bout.  Dans ce contexte, il a précisé que la récolte 2002 était le produit des semences faites sous le précédent gouvernement et non sous celui de M. Karzai.


Pour sa part, le représentant de l'Algérie, faisant référence au renforcement de la branche chargée du terrorisme au sein du Centre pour la prévention du crime, a demandé pourquoi le rapport du Secrétaire général sur cette question n'a pas été transmis à la Cinquième Commission, comme il se doit.  Le Président de la Troisième Commission a indiqué qu'il en ignorait la raison. 


Débat général


M. HENRIK BRAMSEN HAHN (Danemark, s'exprimant au nom de l'Union européenne et des Etats associés, ainsi que les pays de la zone économique européenne--l'Islande et la Norvège) a de nouveau appelé tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles additionnels.  Il a estimé que la prochaine étape dans la lutte contre la criminalité sera l'établissement de la Convention contre la corruption.  Rappelant l'importance de la lutte contre la corruption pour le développement économique mondial, il a recommandé que ce prochain instrument contienne à la fois des dispositions visant à réprimer la corruption mais aussi à empêcher qu'elle ne se produise. Il a exprimé l'espoir de voir aboutir les négociations sur ce texte au cours de l'année 2003.  Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il s'est félicité de la proposition du Secrétaire général, M. Kofi Annan, de renforcer la branche chargée du terrorisme au sein du Centre des Nations Unies pour la prévention du crime. 


En ce qui concerne la lutte contre le trafic de drogues, le représentant a insisté sur les liens qui existent entre la culture de substances illicites, la pauvreté et les conflits.  Il a estimé qu'il était indispensable d'envisager le développement alternatif dans le contexte plus large de l'éradication de la pauvreté et de la prévention des conflits.  Il a en outre souligné la nécessité d'instaurer des partenariats avec les pays en développement pour les aider à mettre en oeuvre des programmes de cultures de substitution.  Il a exhorté le PNUCID à améliorer sa collaboration avec les autres institutions spécialisées des Nations Unies, notamment pour le développement des cultures de substitution et dans le contexte de la pandémie du VIH/sida.  Par ailleurs, reconnaissant la nécessité d'agir sur la réduction de la demande, il a appelé le PNUCID à appuyer les pays qui adoptent des programmes dans ce sens.  Il s’est alarmé de l'accroissement de la consommation des amphétamines, et a encouragé le PNUCID à travailler à renforcer son oeuvre en direction des écoles, des communautés et des familles pour lutter contre l'usage récréatif de ces substances.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer les recherches sur la dépendance et à rester vigilante face à l'émergence des nouvelles formes de toxicomanies. 


Après avoir rappelé les objectifs fixés par la vingtième session extraordinaire de l'Assemblée générale, il s'est félicité de la tenue en avril 2003 d'une réunion interministérielle qui devrait permettre de mesurer les progrès accomplis et les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de ces objectifs.  Il s'est également félicité des efforts accomplis par le PNUCID pour améliorer sa gestion et a appelé les Etats Membres à appuyer ses efforts.


M. XIE BOHUA (Chine) a déclaré que le succès de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les protocoles qui s'y rapportent marque une étape dans la lutte contre la criminalité.  Toutefois, nous estimons que la communauté internationale devrait renforcer sa coopération et notamment fournir une meilleure assistance technique et financière aux pays en développement.  Comme beaucoup d'autres pays, la Chine accorde à la lutte contre la corruption un rang de priorité très élevé.  Le Gouvernement chinois estime qu'une Convention des Nations Unies contre la corruption serait un précieux outil pour prévenir ce délit.  Nous félicitons le Mexique de sa proposition d'accueillir la Conférence de signature par des personnalités politiques de haut rang de la Convention des Nations Unies contre la corruption et la Thaïlande pour sa proposition d'accueillir le onzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.


Mme MAI TAHA MOHAMED KHALIL (Egypte) a estimé que la mondialisation et la porosité des frontières ont contribué à l'expansion du terrorisme et à sa diversification.  Dans ce contexte, elle s'est félicitée du mandat élargi confié au Centre pour la prévention du crime et a exprimé l’espoir que les fonds nécessaires seront affectés au bon fonctionnement de la branche consacrée au terrorisme.  Elle a également recommandé que soient financés des programmes d'aide juridique dans ce domaine.  Elle a estimé en outre qu’il fallait coordonner les efforts de collaboration avec le Comité de lutte contre le terrorisme crée par le Conseil de sécurité. 


Dans le contexte du contrôle des drogues, la représentante s'est félicitée des efforts internationaux engagés pour appliquer les principes directeurs visant à réduire la demande et a rappelé, à cet égard, que tous les Etats Membres étaient invités à adopter des programmes dans ce sens.  Faisant remarquer que la production du pavot avait de nouveau augmenté en Afghanistan à la suite de l'intervention américaine, elle a estimé qu'il était indispensable d'aider ce pays à faire face à ce fléau.  Pour accroître l'efficacité de la lutte contre le trafic de drogues, elle a souhaité l’adoption d’une vision globale et intégrée, car il apparaît impossible de lutter contre la drogue en s'attaquant aux seules sources de production en négligeant de lutter contre la pauvreté et le chômage.  Il importe donc de fournir une assistance accrue aux pays en développement. 


Mme ANA TERESITA GONZÁLEZ FRAGA (Cuba) a déclaré que la mondialisation accroissait l'écart entre pays riches et pays pauvres et que la criminalité organisée ne faisait qu’augmenter.  Les 400 milliards de dollars du trafic illicite de drogues représentent 8% du commerce mondial pendant que le trafic pour l'exploitation sexuelle des femmes et des filles génère 7 milliards de dollars par an et affecte 30 millions de personnes.  Les groupes criminels profitent des avancées technologiques et du volume du commerce mondial.  L'ensemble de la planète est aujourd'hui concerné.  Les Nations Unies sont donc le lieu pour évoquer ces problèmes.  Cuba se félicite des progrès accomplis dans l’élaboration de la Convention contre la corruption.  Cet instrument concerne non seulement le secteur public mais aussi le secteur privé.  Le combat contre la corruption ne saurait négliger les récents scandales dans les entreprises des pays développés.  Les démêlés judiciaires actuels des dirigeants de WorldCom montrent que la fraude menace jusqu'à la stabilité de la plus grande économie du monde.  D'autres grands scandales comme celui d'Enron, où l’on a vu s'envoler les retraites de milliers de petits actionnaires, créent un climat général de méfiance.  Il est clair que les plus grands problèmes de corruption se trouvent dans les pays industrialisés.  Cuba, malgré ses difficultés économiques, a un bilan exemplaire de lutte contre la corruption et une législation efficace contre le blanchiment d'argent.


M. BRUNO SCAGNO (Costa Rica) a déclaré au nom des Etats membres du Groupe de Rio que l'assistance fournie par le PNUCID aux Etats Membres, en particulier dans sa région, est essentielle dans les efforts en cours pour atteindre les objectifs de lutte contre les drogues.  Le Groupe de Rio, a-t-il ajouté est d’avis que le problème de la drogue est un défi global qui affecte toute la planète et souhaite réaffirmer ici sa détermination à collaborer activement à la lutte contre les drogues.  Lors du 16e Sommet du Groupe de Rio, qui s'est tenu en avril 2002, les chefs d'Etat et de gouvernement ont renouvelé leur engagement de lutter contre les drogues, y compris les drogues synthétiques.  Les Etats de la région estiment qu’ils doivent collaborer étroitement dans leur combat contre les différents aspects de ce problème, sur la base du principe de responsabilités partagées.  Il faut non seulement favoriser des cultures de substitution dans les pays producteurs de drogues, mais le Groupe de Rio estime qu'il faut aussi s'attaquer à d'autres problèmes comme le trafic des armes.  Le Groupe apporte son soutien au nouveau Directeur du PNUCID et souhaite travailler étroitement avec lui. 


M. MASAHIRO TOMOSHIGE (Japon), après avoir souligné l'importance d'adopter des conventions multilatérales pour empêcher que certains Etats puissent servir de refuge aux terroristes a préconisé l’adoption de conventions multilatérales pour lutter contre le blanchiment d'argent, le trafic d'êtres humains et le trafic d'armes légères.  Il a indiqué à cet égard que son pays opérait les aménagements indispensables dans sa législation afin de ratifier la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.  Le Japon, a-t-il déclaré, a organisé dans ce contexte des séminaires en vue d'encourager la ratification de cette Convention par d'autres Etats.  Abordant ensuite le problème du trafic d'êtres humains, le représentant s'est félicité des résultats de la Conférence régionale qui s'est tenue en février dernier à Bali sur cette question. 


S’agissant de la lutte contre le trafic de drogues, il a estimé qu'il fallait accélérer la mise en oeuvre des objectifs adoptés par la vingtième session extraordinaire de l'Assemblée générale et a suggéré à cet égard un renforcement de la coopération régionale.  Le représentant a ensuite indiqué que son pays apporterait une contribution de 3,04 millions de dollars américains au PNUCID cette année.  Il a également rappelé que son pays avait accueilli un sommet sur le contrôle des drogues en avril dernier afin de stimuler les efforts internationaux visant à éradiquer la culture du pavot en Afghanistan et traiter de la question du trafic croissant d'amphétamines et d'autres drogues synthétiques.  En ce qui concerne la situation en Afghanistan, il a indiqué que son pays apporterait une aide de 500 000 dollars au projet du PNUCID destiné à renforcer les capacités de l'Afghanistan en matière de lutte contre le trafic de drogues. 


M. STEVEN SCHRAGE (Etats-Unis d'Amérique) a déclaré que les générations à venir nous jugeront à travers nos actions contre le terrorisme.  Il a reconnu que les menaces qui pèsent contre son pays peuvent aussi viser d’autres pays et c'est pourquoi l’action des Etats-Unis contre Al Qaeda est si importante.  Il faut à tout prix renforcer le sentiment de sécurité des citoyens innocents et c’est pourquoi notre appui aux instruments de lutte contre la criminalité est essentiel.  Aucun développement durable ne pourra être atteint si la loi n'est pas respectée.  Le représentant a dit son optimisme car le lien entre le développement et la répression de la criminalité est maintenant mieux compris.  Il a rappelé que pour faire face à des menaces comme celles des cartels de drogues, des instruments avaient été mis au point et il a tenu à remercier le PNUCID pour son action que son pays soutient avec enthousiasme.  Nous devons lutter contre la corruption. 


La Convention contre la criminalité transnationale organisée doit être mise en œuvre.  Les Etats-Unis sont un allié pour ceux qui veulent être à leurs côtés.  Ils fourniront aide et assistance à de nombreux pays et espèrent que cette coopération va encore s'étendre dans les années à venir.  La lutte contre le blanchiment de l'argent est aussi essentielle, a-t-il poursuivi.  Le Programme des Nations Unies contre le blanchiment a fait de grands progrès et les Etats-Unis se proposent de fournir 10 millions de dollars pour aider à la lutte contre le financement du terrorisme.  Les attentats de 2001 étaient une attaque contre le monde civilisé et nous devons réagir pour la sécurité des générations futures, a-t-il conclu.


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique), s'est associé à la déclaration faite par le Costa Rica et a souligné l'importance de l'évaluation quinquennale des recommandations de la vingtième session extraordinaire de l'Assemblée générale.  Il a estimé que la réunion ministérielle qui se tiendra en 2003 doit se donner pour objectif de renforcer les engagements pris dans la Déclaration politique de 1988.  Le représentant a estimé qu'il fallait accorder une attention particulière à la réduction de la demande puisqu'il s'agit d'un des facteurs à la source du trafic de drogues. 


Se félicitant de l'aide apportée aux Etats par le PNUCID, le représentant a proposé le maintien du mouvement de réforme de la gestion du Bureau et l’intensification du dialogue avec les Etats Membres.  Le représentant a déclaré que son pays se sentait honoré de présider la 46e réunion périodique de la Commission des stupéfiants et a indiqué que la Présidente, Mme Patricia Olamendi, avait la ferme intention de conduire les travaux en vue de mener une évaluation réaliste et objective de l'application de la Déclaration politique de 1988.  En effet, a-t-il expliqué, il fallait que la communauté internationale puisse se faire une idée précise de la complexité du problème et de sa dimension réelle, afin d'établir la coopération nécessaire pour réduire la production, le trafic et la consommation. 


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili)  tout en souscrivant à la déclaration du Costa Rica au nom du groupe de Rio a ajouté que son pays estime que la lutte contre la drogue requiert la volonté de tous.  Une coopération internationale exemplaire est indispensable, surtout si nous voulons atteindre nos objectifs.  A son avis, il faut prendre les mesures qui pour réduire l'offre et la demande.  De grandes opérations de communication et d'information sont nécessaires afin de faire connaître les dangers de la consommation de drogues.  Il faut aussi parallèlement prévoir la réinsertion des usagers.  Le problème de la drogue se caractérise par son caractère transnational, qui dépasse la compétence d'un seul Etat, il a déclaré que le Chili a constamment réaffirmé sa volonté de lutter contre le problème de la drogue dans le respect des principes de la charte des Nations Unies.  Les institutions d'un seul Etat manquent parfois de souplesse face au problème de la drogue.  Il faut donc innover.  C'est d'abord à l'Etat de prendre ses responsabilités dans la lutte contre la drogue, mais seule la coopération internationale permettra de dépasser les limites des Etats.


M. NOURREDINE MEJDOUB (Tunisie) a apporté son appui aux propositions du Secrétaire général concernant le renforcement du service de prévention du terrorisme du Secrétariat.  Il a déclaré qu'il était important que le Comité contre le terrorisme créé en vertu de la résolution 1073 du Conseil de sécurité et la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale coordonnent au mieux leurs travaux.  Face à la criminalité transnationale, au blanchiment d'argent et à la corruption qui nourrissent le terrorisme, il a préconisé que l'on développe une stratégie d'ensemble. 


Ainsi, a-t-il estimé nécessaire de renforcer le cadre juridique national et international permettant de lutter efficacement contre la criminalité transnationale et ses phénomènes connexes.  Il s'est également félicité de l'évolution positive du processus de ratification de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et des progrès réalisés dans l'élaboration d'une convention contre la corruption.  Les Etats, a-t-il ajouté, devraient pour leur part se doter d'un arsenal juridique approprié et a fait état de la stratégie adoptée par son pays en vue de réviser les dispositions pénales de sa législation.  Par ailleurs, il a estimé qu’il était souhaitable d'intensifier la coopération internationale dans le domaine de l'extradition et de l'entraide judiciaire et a exprimé l'espoir de voir certains Etats européens réviser leur position concernant les réseaux terroristes établis sur leur territoire.  Le représentant a également attiré l’attention sur l'importance du rôle des différentes institutions internationales, notamment le Bureau pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, en vue de développer la coopération technique, procéder à la collecte et à la diffusion des informations.  En ce qui concerne le onzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, prévue en 2005, il s'est félicité de l'offre généreuse de la Thaïlande d'accueillir ce Congrès. 


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