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AG/SHC/568

LES DELEGUES INSISTENT SUR LA NECESSITE DE FINANCER LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS DE LA CONFERENCE DE DURBAN

31/01/2002
Communiqué de presse
AG/SHC/568


Troisième Commission                                        AG/SHC/568

58e séance – matin                                          31janvier 2002


LES DELEGUES INSISTENT SUR LA NECESSITE DE FINANCER LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS DE LA CONFERENCE DE DURBAN


Les délégations ont poursuivi ce matin, dans le cadre de la reprise de session de la Troisième Commission (Affaires sociales, humanitaires et culturelles), leur discussion entamée lundi sur les documents finaux de la Conférence mondiale de Durban sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est attachée.  A cette occasion, les délégations de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, ont tenu à réitérer leurs réserves sur la façon dont les travaux s’étaient déroulés à Durban et sur certains points des deux documents finaux, à savoir la Déclaration et le Programme d’action.  Le Canada a ainsi exprimé son intention, profitant de l’occasion qui lui serait offerte par l’examen des projets de résolution, de proposer un texte alternatif à celui que son pays ne peut accepter.  L’Australie a prévenu, pour sa part, qu’elle jugerait totalement inacceptable de rouvrir de vieux contentieux.  Néanmoins, la majorité des intervenants, y compris le représentant australien, ont jugé que l’heure était venue de mettre en oeuvre les recommandations de la Conférence de Durban et ont insisté sur la nécessité de les financer. 


C’est le talon d’Achille du processus, a fait remarquer le représentant du Venezuela, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Comme pour tout processus multilatéral, a-t-il expliqué, une mise en oeuvre réussie des objectifs définis dépendra, au bout du compte, de la mobilisation des ressources financières.  Le Nigéria, qui s’est réjoui de la création d’un Groupe de travail anti-discrimination au sein du  Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a souhaité que son financement, encore précaire, soit inscrit au budget de l’ONU.


Enfin, tout en félicitant de ce que la Déclaration de Durban avait reconnu le droit inaliénable du peuple palestinien, l’Observateur de la Palestine  a regretté qu’elle ne fasse pas expressément mention des dures réalités de la vie quotidienne sous occupation israélienne.  Le représentant de la République populaire de Corée a, quant à lui, mis l’accent sur l’attitude de fuite du Japon face aux crimes du passé qui, selon lui, fait le lit des diverses formes de discrimination raciale et de xénophobie qui continuent de survenir dans ce pays.


La Troisième Commission reprendra ses travaux, demain vendredi 1er février, à 10 heures.


Elimination du racisme et de la discrimination raciale


Déclarations


M. JOHN DAUTH (Australie) a exprimé à nouveau la profonde déception de son pays face aux divergences politiques qui ont assombri, sans rien lui apporter, la Conférence de Durban sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  L’Australie, a-t-il rappelé, s’est jointe au consensus final en dépit de graves préoccupations sur plusieurs points évoqués, dont certains demeurent inacceptables pour sa délégation.  Malgré tout, a-t-il poursuivi, la Déclaration de Durban et le Programme d’action contiennent des conclusions et recommandations qui sont importantes et précieuses: il s’agit maintenant de mettre en oeuvre celles sur lesquelles s’est dégagé un consensus international clair, reconnaissant le rôle que peuvent jouer les institutions de protection des droits de l’homme.  C’est pourquoi, il est important de renforcer la coopération entre gouvernements, autres organisations et institutions concernées.  Le représentant a souhaité que la reprise actuelle des discussions soit axée sur la mise en oeuvre des recommandations et non pas sur les points de divergence: il n’est pas question de revenir à des sujets de contentieux, ce serait tout à fait inacceptable pour nous, a-t-il prévenu.


M. MILOS ALCALAY (Venezuela), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que le processus préparatoire de la Conférence de Durban a été long et tortueux et les négociations dures et pénibles.  La Conférence elle-même, a aussi rappelé le représentant, a connu des luttes diplomatiques et politiques ardues avant d’aboutir à un accord sur une Déclaration et un Programme d’action.  Pour le Groupe des 77 et de la Chine, la Conférence aurait pu faire mieux mais elle fait partie de l’histoire maintenant.  Aujourd’hui, avec ces deux textes en mains, a poursuivi le représentant, la lutte contre le racisme et la discrimination doit être fondée sur la solidarité entre les êtres humains et menée par le biais de la coopération, du partenariat et de l’inclusion, à tous les niveaux.  S’il a reconnu le caractère essentiel de la politique nationale, le représentant a néanmoins mis l’accent sur le rôle moteur de la coopération internationale. 


Comme pour tout processus multilatéral, a expliqué M. Alcalay, une mise en oeuvre réussie des objectifs définis dépendra, au bout du compte, de la mobilisation des ressources financières et autres.  C’est là, a insisté le représentant, le talon d’Achille du processus.  Se félicitant de la proclamation de la Journée des droits de l’homme, le 10 décembre, le représentant a jugé impératif pour la communauté internationale de s’engager dans la promotion d’une culture de l’harmonie et de la paix, fondée sur une dignité égale pour tous, la justice et la tolérance entre les communautés et les nations.  Ceci doit être au cœur d’une campagne mondiale, a-t-il poursuivi, sur la promotion de la diversité et visant le renforcement de la compréhension mutuelle et du partage. 


Mme AUDRA PLEPYTE (Lithuanie) a expliqué que, depuis novembre 2001, son pays siège à la présidence du Conseil des ministres de l’Europe pour les questions de racisme et de protection des droits de l’homme.  Le principal organe qui se consacre à cette question est la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (CERI), composée d’experts indépendants et chargée d’examiner de près la situation prévalant dans les Etats membres et de formuler des propositions adaptées aux problèmes de chaque pays.  Mais la CERI travaille aussi sur des thèmes généraux liés aux problèmes de racisme et de xénophobie, en recensant des exemples de « pratiques à suivre » dont elle assure la diffusion auprès de la société civile à titre d’information.  Ainsi, à la lumière des événements tragiques du 11 septembre, a poursuivi la déléguée, la CERI a appelé les gouvernements à faire preuve de vigilance à l’égard de toutes réactions hostiles visant certains groupes de population, musulmans notamment.  Rappelant que le Conseil de l’Europe avait apporté sa contribution à la Conférence de Durban et à ses conclusions, elle a estimé que cette Conférence avait mis en lumière la nécessité d’une action déterminée aux niveaux national, régional et international, menée par les gouvernements mais aussi par la société civile.  Elle a annoncé la tenue, les 27 et 28 février prochain au niveau européen et en relation avec le Bureau de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et des ONG, d’une réunion visant à examiner la mise en oeuvre des conclusions adoptées à l’issue des conférences européennes et mondiales contre le racisme.  Au cours de cette réunion, sera aussi envisagée l’élaboration d’un plan d’action aux niveaux national et européen, impliquant les gouvernements, les institutions européennes et la société civile.


M. SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a estimé que l’approche en matière de lutte contre le racisme et la discrimination raciale doit avoir un aspect multidimensionnel et tenir compte de la situation des femmes, des enfants, des travailleurs migrants et des femmes migrantes, comme le reconnaissent d’ailleurs la Déclaration et le Programme d’action de Durban.  Pour sa part, a indiqué le représentant, l’Indonésie oeuvre en faveur du renforcement des mesures législatives, administratives et autres pour traiter des crimes de racisme et de discrimination raciale afin de rétablir l’esprit de tolérance et de solidarité nationale qui a caractérisé jusqu’ici la nation multiculturelle, multiethnique et multiconfessionnelle indonésienne.  L’Indonésie est convaincue qu’en coopération avec la communauté internationale, la lutte contre le racisme et la discrimination raciale connaîtra le succès.  Elle espère également que, cette fois, les ressources financières et l’assistance technique nécessaires seront mises à la disposition des initiatives nationales et internationales, a conclu le représentant.


M.GILBERT LAURIN (Canada) a évoqué les réserves que son pays avait émises lors des travaux de la Conférence de Durban, puis à l’égard des documents finaux, à savoir la Déclaration et le Programme d’action, soulignant qu’elles étaient toujours d’actualité.  Il a indiqué que sa délégation profiterait de l’occasion fournie par la reprise de la session de la Troisième Commission et l’examen des projets de résolution pour proposer un texte alternatif à celui que son pays ne peut accepter.  Le Canada, a-t-il dit, reste déterminé à combattre la discrimination dans toutes ses formes et continuera à s’attacher à cette tâche dans les instances internationales.  Son Gouvernement entend souligner l’importance de l’éducation et de la vigilance en la matière.  La lutte contre la haine est un élément clef et le Gouvernement canadien prend les mesures nécessaires sur ce point. 


M. MUN JONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a estimé que, pour éliminer le racisme et la discrimination raciale, il est important d’assumer de bonne foi l’histoire et de faire preuve de la volonté de prévenir les mêmes situations.  Le déni des actes de racisme et de discrimination raciale commis contre l’humanité pendant l’histoire coloniale et les tentatives d’échapper à la responsabilité de juger les crimes du passé constituent un défi pour la communauté internationale et la lutte contre le racisme.  Dans ce cadre, le représentant a dénoncé l’attitude de fuite du Japon vis-à-vis des crimes du passé qui, selon lui, fait le lit des diverses formes de discrimination raciale et de xénophobie qui continuent de survenir dans ce pays.  L’année dernière, a indiqué le représentant, les autorités japonaises ont approuvé, avec défiance, des manuels d’histoire qui, déformant l’histoire, passent sous silence l’agression japonaise contre plusieurs nations asiatiques, ses enrôlements forcés et son esclavage sexuel, ainsi que ses crimes contre l’humanité. 


Cette distorsion de l’histoire est un sujet de vive préoccupation pour les peuples asiatiques qui la dénoncent au même titre que la communauté internationale dans son ensemble.  Cette distorsion déstabilise aussi la sécurité régionale en ce sens qu’elle fait naître une crainte que ces fléaux racistes de la Deuxième guerre mondiale peuvent ressurgir.  Le représentant a, en outre, rappelé que l’année dernière, les autorités japonaises ont volontairement fait cesser les activités des ONG de leurs propres pays et de la République populaire démocratique de Corée qui enquêtaient sur les crimes passés du Japon, y compris l’enrôlement forcé et l’esclavage sexuel.  M. Jong Chol a lancé un appel urgent au Japon pour qu’il rejoigne la communauté internationale dans ses efforts de bâtir un monde exempt de racisme et de discrimination raciale en mettant fin à ses tentatives avérées de déformer une histoire tâchée de crimes.  Le Japon doit, a-t-il souligné, prendre des mesures concrètes pour en finir le plus tôt possible avec son passé.


Mme SOMAIA BARGHOUTI (Mission d’observation de la Palestine) s’est dite consciente que la Déclaration et le Programme d’action adoptés par consensus à Durban ne répondaient pas pleinement aux attentes de la communauté internationale.  Toutefois, a-t-elle jugé, ces deux documents fournissent une bonne base de travail et, au stade actuel, il est maintenant nécessaire de traduire les engagements de Durban en actes concrets et, ce, au plus vite, aux niveaux national, régional et international.  La communauté internationale, a-t-elle estimé, ne doit négliger aucun effort pour fournir les ressources nécessaires à la lutte contre le racisme et la discrimination et pour que des mesures concrètes et efficaces soient prises. 


Une attention considérable a été apportée à la situation des les Territoires palestiniens occupés y compris Jérusalem, a-t-elle indiqué, tant au sein de la Conférence qu’au Forum des ONG.  Le document final reflète cette préoccupation pour le peuple palestinien et reconnaît son droit inaliénable à un Etat indépendant.  Un facteur important a été l’accord sur le mécanisme de suivi destiné à mettre en oeuvre les documents.  Toutefois, la représentante a regretté que les documents finaux ne fassent pas allusion à la dure réalité des pratiques israéliennes : la violation des droits de l’homme est une situation quotidienne pour les populations palestiniennes soumises à l’occupation israélienne.  En outre, ce n’est pas seulement le peuple palestinien qui souffre mais aussi les Arabes israéliens, traités en citoyens de deuxième classe, a-t-elle fait valoir.   


M. P. GANSUKH (Mongolie) a estimé que maintenant que la communauté internationale dispose d’une Déclaration et d’un Programme d’action ambitieux en matière de lutte contre le racisme et la discrimination raciale, la chose la plus importante est la mise en oeuvre pratique de ces textes par le biais d’efforts conjoints, de la coopération et du partenariat à tous les niveaux.  Dans ce cadre, le représentant a souligné le lien entre racisme, discrimination raciale, xénophobie et intolérance, et facteurs socioéconomiques.  Il a donc estimé que l’élargissement de l’assistance au développement aux pays concernés et l’amélioration de l’aide publique au développement (APD) constituent des éléments cruciaux, non seulement sur le plan de la croissance économique, mais aussi sur celui du renforcement et de la protection des droits de l’homme.


La persistance du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance est également liée aux données psychologiques, a poursuivi le représentant.  Il a, en conséquence, estimé que l’utilisation responsable des médias et le recours efficace aux technologies modernes de l’information sont indispensables dans la lutte contre le racisme.  Le représentant a jugé qu’en la matière, le rôle des ONG et de la société civile est déterminant.  Il a terminé en faisant part des initiatives juridiques et administratives prises par son pays en matière de mise en oeuvre des traités internationaux sur les droits de l’homme.


M.ADAMU MUSA (Nigéria) s’est réjoui qu’au terme de huit douloureuses journées de difficiles négociations, la Conférence de Durban ait été en mesure de produire un rapport adopté par consensus, soulignant que son pays se félicite de la Déclaration et du Programme d’action qui y sont contenues.  Plusieurs siècles d’exploitation raciale des Africains et de leurs descendants, à travers l’esclavage, la traite et le colonialisme, ont eu de lourdes conséquences pour le continent, a-t-il souligné en citant la pauvreté, le sous-développement et la marginalisation.  L’impact négatif de ce passé continue aussi d’entraver notre capacité à réaliser la totalité de notre potentiel, a estimé le délégué 


C’est pourquoi, la délégation du Nigéria souligne la nécessité impérieuse de mettre en oeuvre rapidement la Déclaration et le Programme d’action de Durban et de mobiliser, pour ce faire, les ressources adéquates.  Le représentant a par ailleurs exprimé la satisfaction de son pays concernant la création du Groupe de travail anti-discrimination au sein du Bureau de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et a souhaité ce que ce Groupe soit financé de façon constante par le budget de l’ONU. 


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a rappelé que son pays a envisagé la Conférence de Durban comme une occasion importante de travailler ensemble à l’identification de stratégies pratiques en matière de lutte contre le racisme et la discrimination raciale.  Il a donc regretté que certaines parties des documents finaux n’aient pas eu l’équilibre nécessaire à une adhésion universelle.  La Nouvelle-Zélande, a-t-il encore rappelé, fait partie des pays qui ont été contraints d’émettre des réserves aux textes, et entend maintenir ces réserves.  Toutefois, a reconnu le représentant, la Conférence de Durban a fait des progrès utiles pour parvenir à un consensus dans des domaines tels que les migrants, les minorités et les droits des peuples autochtones.  La Conférence, a insisté le représentant, a accompli une véritable percée au niveau international dans de nombreux domaines.  Maintenant, le suivi est le défi le plus important, a-t-il souligné.


Au niveau national, M. Mackay a annoncé la création au sein de la Commission nationale des droits de l’homme du Bureau du médiateur sur les relations entre les races.  Il s’agit là, a-t-il expliqué, d’une mesure visant à renforcer la protection des droits de l’homme en Nouvelle-Zélande.  Passant au niveau international, il a annoncé la contribution que son pays a faite au Haut Commissariat aux droits de l’homme pour le bureau d’appui aux traités internationaux.  Il a d’ailleurs appelé la Haut-Commissaire à allouer des ressources supplémentaires à ce bureau arguant que la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale ne pourra répondre aux attentes que si les mécanismes qui le servent fonctionnent de manière appropriée.


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