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AG/SHC/566

DANS LE CADRE DE SA REPRISE DE SESSION, LA TROISIEME COMMISSION ENTAME UN DEBAT DE TROIS JOURS SUR LA DECLARATION ET LE PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFERENCE DE DURBAN

28/01/2002
Communiqué de presse
AG/SHC/566


Troisième Commission

56ème séance – matin


DANS LE CADRE DE SA REPRISE DE SESSION, LA TROISIEME COMMISSION ENTAME UN DEBAT DE TROIS JOURS SUR LA DECLARATION ET LE PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFERENCE DE DURBAN


Près de cinq mois après la clôture des travaux de la Conférence mondiale sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, à Durban, le 8 septembre 2001, la Troisième Commission de l’Assemblée générale (Affaires sociales, humanitaires et culturelles) a repris ce matin ses travaux pour débattre de la Déclaration et du Programme d’action adoptés à l’issue des travaux.  Ces deux documents, publiés le 3 janvier à Genève, feront également l’objet d’une résolution qui sera adoptée à l’issue de ces trois jours de débats. 


A cet égard, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme et Secrétaire générale de la Conférence, Mme Mary Robinson a appelé les représentants à adopter cette résolution par consensus afin de démontrer la détermination de la communauté internationale à lutter contre le racisme.  Ces documents, a-t-elle rappelé, traitent d’une grande variété de sujets et témoignent qu’un langage commun a pu être trouvé concernant les difficiles questions de l’esclavage, de la traite et du colonialisme, ainsi que sur le Moyen-Orient.  De l’avis de Mme Robinson, la question est maintenant celle de la crédibilité de la communauté internationale qui doit honorer les engagements qu’elle a pris à Durban.  La Conférence de Durban, a-t-elle insisté, doit être un début, et non une fin : cette Conférence n’aurait aucun sens si les Gouvernements n’assuraient pas son suivi et son application.


S’exprimant au nom de L’Union européenne, l’Espagne a rappelé que l’Union avait à Durban reconnu les formes passées et contemporaines de l’esclavage, de la traite et du colonialisme “dans une volonté commune de clore les chapitres les plus sombres de l’histoire du monde”.  Aujourd’hui, a estimé son représentant, ce qui importe, c’est de pouvoir bâtir une relation nouvelle fondée sur le respect mutuel, la solidarité et le partenariat.  Le Sénégal, qui représentait les Etats d’Afrique de l’Ouest, a fait valoir que les pays de la région souhaitaient maintenant la création rapide de l’Unité anti-discrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme, préconisée dans le Programme d’action.  Défendant également ce point de vue, le Malawi, au nom des pays de l’Afrique australe, a par ailleurs regretté que la Conférence, dans sa Déclaration finale, n’ait pas prévu de mécanisme de suivi de ses travaux. 


Outre les intervenants déjà cités, ont également pris la parole, M. Bacre Ndiaye, Directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme, ainsi que les représentants des pays suivants: Brésil, Mexique, Chine, Cuba, Norvège et Chypre.


La Troisième Commission poursuivra son débat, cet après-midi à 15 heures.


ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE


Au terme de neuf jours de travaux et de négociations houleuses à Durban (Afrique du Sud), du 31 août au 8 septembre 2001, la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée a adopté une Déclaration et un Programme d’action (A/CONF.189/12) dans lesquels elle condamne ces fléaux et exhorte la communauté internationale à les éradiquer.  Ces documents abordent les questions relatives à l’esclavage, au Moyen-Orient, aux peuples autochtones, aux migrants et à la mondialisation notamment.  La Conférence a réuni plusieurs milliers de délégués de 170 gouvernements et des représentants d’organisations non gouvernementales, d’agences des Nations Unies et d’institutions nationales.  Leurs travaux doivent servir de schéma directeur à toutes les nations pour encourager la tolérance et protéger chacun contre les discriminations raciales.  Comme l’a observé la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et Secrétaire générale de la Conférence, Mme Mary Robinson, Durban doit être un commencement et non une fin. 


Le résultat de ces travaux devait être soumis à la Troisième Commission (Affaires sociales, humanitaires et culturelles) pendant la 56ème session de l’Assemblée générale.  Mais à la clôture de la session, certains paragraphes, restant l’objet de graves désaccords, étaient toujours en cours de négociations à Genève et ce n’est que le 3 janvier 2002 que Mme Robinson a pu annoncer la publication de la Déclaration et du Programme d’action.


La Déclaration reconnaît que l’esclavage et la traite des esclaves, en particulier la traite transatlantique, constituent un crime contre l’humanité et sont l’une des principales sources et manifestations du racisme et de la discrimination raciale.  Elle atteste que le colonialisme a conduit au racisme, que les Africains et personnes d’ascendance africaine, de même que les personnes d’ascendance asiatique, ont été victimes du colonialisme et continuent d’en subir les conséquences.  Elle reconnaît et “regrette profondément” les souffrances et les maux indicibles subis par des millions d’hommes, de femmes et d’enfants du fait de l’esclavage, de la traite transatlantique des esclaves, de l’apartheid, du génocide et des tragédies passées.  “En vue de clore ces sombres chapitres de l’Histoire et pour faciliter la réconciliation et l’apaisement”, elle invite la communauté internationale et ses membres à honorer la mémoire des victimes de ces tragédies. 


La Conférence se dit “préoccupée par le sort du peuple palestinien vivant sous l’occupation étrangère”, reconnaît le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un état indépendant, “ainsi que le droit à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël”.  Elle engage tous les Etats à soutenir le processus de paix et lance un appel en faveur d’une paix juste, globale et durable dans la région.  Elle rappelle que l’Holocauste ne doit jamais être oublié mais constate “avec une profonde inquiétude” la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans diverses régions du monde. 


La Conférence constate également que la mondialisation a pour effet d’amplifier les migrations, en particulier du Sud vers le Nord, aussi souligne-t-elle la nécessité d’éliminer la discrimination raciale à l’encontre des migrants, des personnes déplacées, des réfugiés et des demandeurs d’asile.  En termes de


prévention, la Conférence réaffirme l’importance d’une adhésion universelle à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et de l’application stricte de cet instrument pour promouvoir l’égalité et la non-discrimination dans le monde.


Dans son Programme d’action, la Conférence invite les Etats à mettre en oeuvre des politiques et dispositifs nationaux visant à prévenir la discrimination raciale et à promouvoir et protéger les droits et libertés des peuples autochtones, des migrants, des réfugiés et des personnes appartenant à des minorités nationales, ethniques, religieuses ou linguistiques.  Elle distingue les personnes d’ascendance africaine, préconisant notamment que les institutions de financement et de développement, dont celles des Nations Unies, accordent une priorité particulière à l’amélioration du sort des Africains.  Elle engage les Etats à mettre un terme à l’impunité et à poursuivre les responsables de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, y compris les crimes sexuels, ainsi qu’à adopter des mesures efficaces pour réprimer les actes criminels motivés par le racisme.  Elle appelle également les Etats à élaborer des politiques visant à prévenir les abus de la police et autres forces de l’ordre imputables au racisme et à la discrimination raciale, notamment à faire disparaître le phénomène dit du “délit de faciès”.


Le Programme d’action invite encore les Etats à prendre des mesures pour empêcher que la recherche génétique ou ses applications ne servent à encourager le racisme et la discrimination raciale.  Il insiste sur le développement de programmes d’éducation et de sensibilisation aux questions de racisme et de discrimination raciale.  Il souligne le rôle essentiel des responsables politiques dans la lutte contre le racisme et rappelle que la propagation de toute idée reposant sur la notion de supériorité raciale ou sur la haine doit être déclarée délit punissable par la loi. 


Déclarations


Mme MARY ROBINSON, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a rappelé que l’élimination du racisme et de la discrimination raciale est un des piliers de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’un des objectifs fondamentaux de l’essentiel de tous les instruments dont l’ONU s’est dotée en la matière.  Elle a souligné que le Haut Commissariat s’était engagé à obtenir la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.


En dépit de ces efforts, la persistance du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée montre bien la nécessité de répondre à ces problèmes avec davantage d’efficacité et d’humanité, a souligné Mme Robinson.  L’année dernière, la Conférence de Durban dont elle était la Secrétaire générale a aidé la communauté internationale à réaliser que son action, jusqu’à présent, avait été insuffisante.  Comme vous le savez, la Conférence a travaillé pendant neuf jours intensifs.  Même après la clôture de ses travaux, il subsistait des divergences de perception sur plusieurs paragraphes de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, qui ont retardé la finalisation du rapport les concernant.  En dépit de ces obstacles qui ont toutefois pu être surmontés, les documents ont été adoptés et vous en êtes aujourd’hui saisis.


Les documents adoptés lors de la Conférence traitent d’une grande variété de sujets.  Un langage commun a pu être trouvé concernant les difficiles questions de l’esclavage, de la traite et du colonialisme, ainsi que des questions relatives au Moyen-Orient.  Il a été possible de parvenir à un accord trouvé sur la nécessité d’établir des plans d’actions nationaux, de législations nationales plus fermes et d’une meilleure aide juridique aux victimes de la discrimination raciale.  La nécessité d’améliorer l’administration de la justice et le renforcement des institutions nationales contre le racisme a été également souligné.  Un large éventail de mesures en matière d’éducation a été adopté, ainsi que d’autres concernant l’égalité dans les domaines de l’emploi, la santé et l’environnement.   A cet égard, il est apparu nécessaire de collecter les données et chiffres avant de prendre les mesures adéquates. 


Ces documents recommandent une approche privilégiant les victimes, insistant en particulier sur les Africains et descendants africains, les Asiatiques et descendants asiatiques, les populations autochtones, les migrants, les réfugiés, les minorités et les autres.  Durban a également mis l’accent sur la discrimination à l’encontre des femmes et, enfin, sur l’importance de faire participer non seulement les Etats mais aussi les ONG et la société civile à la mise en oeuvre de ses recommandations.  Ces documents sont historiques ; ils fournissent une nouvelle liste de documents de base, qui sont devenus encore plus importants à la suite des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis : le respect de la diversité et de l’égalité est en effet un antidote au terrorisme.  Nous savions tous que Durban serait une conférence difficile mais nous savions aussi que c’était la raison pour laquelle elle était tellement importante.


La question est maintenant celle de la crédibilité de la communauté internationale qui doit honorer les engagements pris à Durban : il est temps de les mettre en oeuvre.  Partout dans le monde, des peuples continuent de souffrir chaque jour de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance.  Il faut traduire ces engagements par des mesures concrètes, car nous ne pouvons abandonner les victimes de la discrimination après tant d’efforts.  La Déclaration et le Programme d’action de la Conférence de Durban nous donnent les outils nécessaires, à condition de les utiliser.


A l’issue de ce débat, vous allez envisager d’adopter un projet de résolution sur les travaux de la Conférence; j’appelle toutes les délégations de le faire par consensus, afin de montrer que la communauté internationale est unie et déterminée en faveur des engagements de Durban.   Je voudrais aussi souligner que le Programme d’action prévoit la création d’un groupe contre la discrimination au sien du Haut Commissariat des droits de l’homme.  Ce groupe sera chargé d’établir des rapports annuels, lancer des campagnes de sensibilisation et d’information, organiser des colloques à Genève et appuyer techniquement les modifications des législations nationales.  J’ai pris les mesures nécessaires pour créer ce groupe de façon intérimaire, a indiqué Mme Robinson, rappelant toutefois qu’il faut un appui budgétaire pour assurer son action à long terme.  Le Programme d’action recommande également la création d’un groupe de cinq experts éminents, nommés par le Secrétaire général sur recommandation du Président de la Commission des droits de l’homme, qui a aurait pour mandat de suivre la mise en oeuvre des recommandations de Durban. La Conférence de Durban doit être considérée comme un début et non comme une fin.  Cette Conférence n’aurait aucun sens si les gouvernements n’assuraient pas son suivi et son application.  C’est pourquoi, Mme Robinson a lancé un appel pour que les textes de la Conférence soit adoptés, ainsi qu’une résolution, par consensus.  


Evoquant le rapport du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination, la Haut-Commissaire a indiqué qu’il axait ses travaux sur les mesures prises par le Haut Commissariat aux droits de l’homme pour préparer la Conférence de Durban et contenait des informations sur le suivi des travaux de la Conférence, ainsi que sur ses documents finaux, à savoir la Déclaration et le Programme d’action  Enfin, elle a indiqué aux délégations que le rapport du Comité de l’élimination de la discrimination raciale, dont elles sont saisies, sera examiné l’année prochaine par l’Assemblée générale. 


Donnant lecture du rapport de M. Maurice Glèlè-Ahanhanzo, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, M. BACRE NDIAYE, Directeur du Bureau de New York du Haut Commissariat aux droits de l’homme, a indiqué que, malgré des confrontations parfois dramatiques, le “Nouvel être” de Durban régénéré en humanité et nourri de promesses de fraternité s’est affirmé comme l’idéal qui fonde la civilisation contemporaine et donne aux Nations Unies et à la communauté internationale sa pierre angulaire et son credo.  Par une Déclaration et un Programme d’action, la communauté internationale s’est à nouveau engagée à reconnaître et à proclamer, en retournant aux sources, les fondements du principe aujourd’hui universel de l’égale dignité de la personne humaine s’enrichissant de sa diversité culturelle, dans la tolérance et l’engagement de la justice.


Venant au contenu du rapport annuel du Rapporteur, M. Biacre a mentionné le souhait de ce dernier de voir abolir, en Australie, la législation relative à la peine minimale obligatoire pour les mineurs délinquants primaires, législation essentiellement discriminatoire et qui frappe principalement les Aborigènes.  Le Rapporteur a également porté son attention sur la loi relative à l’accès à la propriété foncière des Aborigènes, sur le processus de réconciliation entre ces derniers et le reste de la population et sur la réhabilitation des Aborigènes enlevés à leurs parents et forcés à l’assimilation.  Il s’est, en outre, intéressé à la mise en oeuvre de la politique du multiculturalisme australien.  Ses constations, a indiqué M. Biacre, feront l’objet d’un additif au rapport qui sera présenté à la Commission des droits de l’homme.


M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a  rappelé les efforts considérables de l’Union européenne pour que le processus final d’adoption de la Déclaration et du Programme d’action se soit avéré possible.  Il a souhaité que l’on tire les leçons des difficultés rencontrées dans la finalisation des textes de Durban et réaffirmé dans ce cadre, dans la perspective des prochains échanges, l’importance de suivre les règles établies dans ce domaine.  Leur non-respect, a-t-il insisté, pourrait avoir un effet négatif sur les conférences à venir et réduire la signification des textes qui y sont adoptés. Malgré le contexte difficile dans lequel les négociations se sont déroulées, a-t-il estimé, la Conférence a permis d’envoyer un signal clair à l’ensemble de la communauté internationale. 


La Conférence de Durban, a-t-il ajouté, a également permis de faire progresser la réflexion sur les sources, causes, formes et manifestations du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée..  L’Union européenne, a-t-il rappelé, a reconnu les formes passées et contemporaines de l’esclavage et de la traite ainsi que les aspects condamnables du colonialisme et ceci, “dans une volonté commune de clore les chapitres les plus sombres de l’histoire du monde”.


Aujourd’hui, a estimé le représentant, ce qui importe, c’est de pouvoir bâtir une relation nouvelle basée sur le respect mutuel, la solidarité et le partenariat.  Dans ce contexte, a-t-il souligné, l’Union européenne attache une grande importance à la lutte contre l’antisémitisme et se félicite donc que la Conférence ait souligné l’importance et la nécessité de prendre des mesures concrètes pour combattre cette manifestation de racisme.  L’Union européenne, a-t-il encore dit, est attachée à ce que le suivi de la Conférence soit assuré par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme en relation avec les cinq experts indépendants qui seront nommés par le Secrétaire général sur avis du Président de la Commission des droits de l’homme.


Insistant sur la portée de la Conférence de Durban, le représentant a dit la conviction de l’Union européenne que le respect du principe de non-discrimination, la promotion de la tolérance et du respect de la diversité ainsi que la participation active de tous les membres de la société sont des facteurs contribuant à la stabilité et à la cohésion sociale.  A cet égard, a-t-il dit, la sauvegarde des droits économiques, sociaux et culturels ainsi que civils et politiques sur une base égale pour toutes les personnes placées sous leur juridiction est essentielle.  Les Gouvernements, agissant de façon transparente et responsable, doivent distribuer leurs ressources disponibles d’une manière efficace, équitable et durable et s’efforcer d’égaliser les opportunités de toutes les personnes sous leur juridiction, a insisté le représentant. Faisant part des initiatives de l’Union en matière de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associé, M. Arias a appelé tous les Etats à renforcer leur cadre législatif et de poursuivre leurs efforts et leur vigilance en vue d’éradiquer les comportements discriminatoires, racistes et xénophobes qui mettent en péril les fondements des droits de l’homme.


M. PAPA LOUIS FALL (Sénégal), s’exprimant au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a rappelé que les pays de la région qu’il représente ont tous eu à souffrir des injustices du passé que sont l’esclavage, la traite des esclaves y compris la traite transatlantique et la colonisation et qu’ils continuent aujourd’hui d’en subir les conséquences désastreuses.  Quatre siècles d’esclavage et de colonisation, a-t-il insisté, ont détruit les structures endogènes africaines et jeté les bases de l’appauvrissement de la sous-région en particulier, et du continent en général.


C’est au regard de ces considérations que les pays d’Afrique de l’Ouest ont pris une part active au processus préparatoire de la Conférence de Durban et à la Conférence elle-même.  Cette conférence a été un tournant historique dans le combat commun contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.  La Déclaration et le Programme d’action constituent des documents d’engagement de la communauté internationale pour éradiquer le racisme.  Les Etats d’Afrique de l’Ouest réaffirment leur détermination à coordonner leurs efforts pour traduire en actes les engagements auxquels tous ont souscrit à Durban.  Ils sont engagés dans l’édification de sociétés démocratiques, respectueuses des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de l’état de droit. 


Les Etats d’Afrique de l’Ouest se félicitent de ce que Durban ait fermement condamné les tragédies racistes du passé et souligné qu’elles ont contribué au sous-développement, à la marginalisation, à l’exclusion, à l’instabilité et à l’insécurité en Afrique.  Ils attachent une importance toute particulière au devoir de mémoire et au rétablissement de la vérité historique comme éléments fondamentaux de la promotion d’un dialogue entre civilisations et cultures.  Des législations anti-discriminatoires doivent être élaborées ou renforcées, pour faciliter l’accès des victimes du racisme à la justice. Dans ce combat contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, les Etats d’Afrique de l’Ouest tiennent à souligner le rôle incontournable des médias, de l’éducation, des organisations de femmes ou de jeunes.  La lutte contre le racisme ne doit pas être la seule affaire des gouvernements ou des institutions publiques : elle doit impliquer le secteur privé et les institutions financières internationales.


Durban a jeté les bases d’une nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination raciale.  Ce memento doit être entendu et amplifié.  A cette fin, les Etats d’Afrique de l’Ouest appellent à la création rapide de l’Unité anti-discrimination au sein du Bureau du Haut-Commissaire.  De même, ils appuient l’idée de déclarer une Année ou une Décennie contre le trafic de personnes, en particulier des femmes et des enfants et partagent la recommandation de la Conférence de Durban portant sur l’élaboration d’une convention internationale pour la promotion des handicapés.  Enfin, ils réaffirment leur détermination à ne ménager aucun effort pour la création d’un partenariat d’un nouveau type, orienté vers la mise en oeuvre de programmes de développement socioéconomiques en faveur des pays africains et de la diaspora.  Il est encore temps dans la montagne des souffrances humaines de tailler de nouvelles pierres de foi et de justice.  Demain étant moins à découvrir qu’à inventer, il nous faut agir maintenant et rapidement


M. I.C.LAMBA (Malawi), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a estimé que la Conférence de Durban a été une étape importante en ce sens que, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, la communauté internationale a qualifié de crime contre l’humanité, l’esclavage et le commerce d’esclaves, en particulier le commerce transatlantique.  Dans ce contexte, il a estimé que la proposition de créer un groupe de travail sur les droits des peuples d’ascendance africaine mérite l’appui des gouvernements et du système des Nations Unies.  Il s’est donc dit impatient de voir la création rapide de ce groupe pour, a-t-il ajouté, accorder l’attention requise à des questions importantes qui ont été trop longtemps négligées.


Poursuivant, le représentant a émis l’espoir que l’unité composée d’experts et d’ambassadeurs de bonne volonté, qui doit être créée, donnera l’élan supplémentaire à la lutte pour l’élimination totale du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.  La réussite dans la réalisation des objectifs de Durban, a-t-il insisté, dépendra de la volonté politique et de la disponibilité des ressources.  Il a, en outre, souhaité, que la composition de l’unité respecte le principe de la répartition géographique.


Le fait que la Conférence n’ait pu se mettre d’accord sur un examen quinquennal est regrettable, a poursuivi le représentant en souhaitant que comme le terrorisme, la lutte contre le racisme et la discrimination raciale bénéficie d’une attention prioritaire puisque ces fléaux constituent également un défi à la création d’un monde humain.  La Conférence, a-t-il rappelé, avait pour but d’envoyer un message clair sur la détermination de la communauté internationale à lutter contre ces fléaux.  Le représentant est donc revenu sur les menaces de certaines délégations de quitter la Conférence lesquelles, a-t-il souligné, peuvent être interprétées comme une acceptation du phénomène du racisme et de ses manifestations.  Malgré nos différences, nous sommes parvenus à adhérer à une position grâce au compromis, a encore rappelé le représentant en regrettant, cette fois, le retard dans l’examen du rapport de la Conférence qui, selon lui, donne une image brouillée du sérieux et de l’engagement des Nations Unies à mettre un terme au fléau du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.


M. GELSON FONSECA (Brésil), a estimé que la Conférence de Durban pouvait être considérée comme une étape marquante car, pour la première fois, la communauté internationale avait convoqué une conférence mondiale pour débattre du racisme et de la discrimination raciale en tant que fléaux mondiaux à éliminer.  Ces travaux représentent une bonne base : on a reconnu que l’esclavage et le commerce des esclaves constituent un crime contre l’humanité et auraient toujours dû être considérés comme tels.  De même, ont été reconnues les souffrances liées au colonialisme   La Conférence s’est efforcée d’envisager des mesures permettant d’aider les victimes, et la Déclaration finale a appelé l’attention sur les défis que les Africains et leurs descendants ont éprouvés dans le monde entier.  A cet égard, a noté le représentant, on a parlé des peuples pour pleinement respecter les Etats.


La pleine reconnaissance des souffrances occasionnées par le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée a été d’une grande importance pour mieux faire comprendre la portée de ce fléau et adopter des mesures spéciales pour s’y attaquer.  Le Programme d’action de Durban montre que le racisme est incompatible avec la démocratie et ceci a permis d’identifier les obstacles au développement.  Certes, ce processus a été marqué par des controverses mais il temps maintenant de se concentrer sur les acquis positifs.  La mise en oeuvre de Durban est aussi plus urgente après les événements du 11 septembre.  Dans les pays développés et en développement, il faut déraciner le racisme et la discrimination.  Il nous faut reconnaître les différences des autres peuples, car seul ce processus d’apprentissage nous permettra de renforcer notre propre humanisme.


Ma délégation espère que seront pleinement approuvés les documents à cette session, ce qui permettra leur mise en oeuvre notamment par les organes des Nations Unies.  Durban n’était pas une fin mais un début dans cette lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.  Ce sont ses recommandations plutôt que le caractère trop politique des débats qui doivent attirer l’attention des médias et les efforts des Nations Unies, a-t-il conclu.


Mme XOCHITL GALVEZ RUIZ (Mexique) a estimé que la réparation des préjudices causés aux victimes de l’esclavage doit être le fondement des politiques nationales et internationales.  Aujourd’hui, a-t-elle insisté, 600 millions de personnes sont encore victimes de discrimination aggravée.  Pour elle, la Conférence Durban a fait apparaître la nécessité d’accorder une attention particulière à la discrimination des femmes, en particulier les femmes autochtones, celles d’origine africaine, les femmes migrantes ou encore les femmes âgées.  En sa qualité de pays d’immigration, a affirmé la représentante, le Mexique s’est toujours prononcé pour le respect des droits de l’homme de tous.  La Conférence de Durban, a poursuivi la représentante, a mis l’accent sur le fait que


les migrations est un facteur de coexistence sociale qui contient des risques mais qui assure la diversité des cultures.  Concernant les revendications des peuples indigènes, les progrès ont été important bien que des questions fondamentales restent à régler.


Le Mexique, a dit la représentante, appuie les recommandations du Programme d’action, en particulier la proposition d’évaluer la Décennie internationale des populations autochtones pour arrêter un ordre du jour commun pour les années à venir.  Les Etats Membres, a souhaité la représentante,  doivent conclure les négociations sur la Déclaration universelle sur les droits des populations indigènes et appuyer les travaux du Rapporteur spécial chargé de ces questions. La présence d’indigènes sur les divers continents offre la possibilité d’une coexistence pacifique qui doit être sérieusement prise en compte par les Nations Unies, a insisté Mme Galvez Ruiz. La diversité est une source d’espoir pour l’avenir.  Les populations autochtones sont détenteurs de valeurs et de connaissances millénaires.  La mosaïque humaine et la pluralité peuvent être la clé d’une coexistence pacifique juste et équitable, a-t-elle insisté. 


Pour la première fois, a indiqué Mme Galvez Ruiz, le Congrès mexicain a adopté un amendement qui interdit toutes les formes de discrimination à l’encontre des populations autochtones.  De plus, une commission de citoyens a été constituée pour étudier la discrimination dans le pays.  La Commission a élaboré un projet de loi afin de mettre en place une série de protections générales.  Dans ce cadre, au mois de décembre denier, le Sénat a adopté deux décrets sur l’article 14 de la Convention internationale contre le racisme et le Protocole facultatif de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.


M. XIE BOHUA (Chine) a constaté qu’en dépit des efforts permanents, le racisme, l’une des pires violations des droits de l’homme, persiste en de nombreux points du globe.  La convocation de la Conférence contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée en Afrique du Sud a donc été d’une grande portée historique.  Les gouvernements devraient désormais faire preuve de volonté politique pour combattre ces fléaux en saisissant l’occasion offerte par la Conférence.  Tous les pays devraient s’engager sans relâche contre le racisme et pour la création d’un nouvel ordre politique international, sur la base du respect mutuel et du principe d’égalité


L’Assemblée générale et les organes des Nations Unies concernés devrait prendre des mesures efficaces pour assurer le suivi de la Conférence.  Le Haut Commissariat aux droits de l’homme assure une fonction importante de coordination dans ce domaine, et nous espérons qu’il organisera des consultations élargies à un grand nombre de délégations lorsqu’il formulera ses recommandations en la matière et qu’il sera doté des ressources humaines et financières adéquates pour avancer dans la lutte contre racisme.


Le colonialisme, l’occupation étrangère, le commerce des esclaves et l’apartheid sont des manifestations du racisme qui ont provoqué de graves préjudices dans le passé : la Chine appelle donc les pays qui ont causé ces situations dévastatrices dans le passé à prendre des mesures efficaces pour aider les pays qui en furent victimes, en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, et à surmonter leurs difficultés d’aujourd’hui et le fossé croissant entre ceux qui ont atteint et ceux qui n’ont pas un stade de développement suffisant. 


M. LUIS ALBERTO AMOROS NUNEZ (Cuba) a estimé que la Conférence de Durban a donné la possibilité unique d’écouter la voix des victimes du racisme.  Il faut garantir, a-t-il dit, le suivi de cette Conférence et lui accorder le même traitement que les autres conférences.  La Conférence de Durban doit donc être incluse dans le processus de suivi intégré de ces autres Conférences.  Dénonçant la contestation, par certaines délégations, du caractère universel des documents de Durban, le représentant a appelé à la défense digne des accords conclus.  La Conférence, a-t-il dit, a adopté une Déclaration sans précédent sur l’esclavage et le commerce d’esclaves, ainsi que sur les conséquences du colonialisme.


En ce qui concerne la réparation à ces victimes, le représentant a souligné que de nombreuses questions demeurent en suspens.  Il a espéré que les appels adressés aux Etats concernés ne resteront pas sans réponses.  Il a aussi regretté que les objectifs des trois décennies n’aient pas été réalisés en dénonçant la prolifération des théories sur la supériorité raciale et culturelle qui, a-t-il souligné, sont parfois institutionnalisées.  Le néonazisme et le néofascisme, ainsi que les idéologies nationalistes se multiplient.  Dans les pays du Nord, a conclu le représentant, le racisme et la discrimination raciale persistent dans le système pénal et dans l’application de la justice.  Le représentant a donc appelé la communauté internationale et ses organes à diffuser amplement les accords de Durban.  Il a aussi dénoncé le racisme dont sont victimes les populations musulmanes et arabes, depuis les évènements du 11 septembre.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé qu’il revenait maintenant à chacun de prouver que la Conférence de Durban avait fait une réelle différence et donné un nouvel élan à la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée.  A cette fin, a-t-il noté, les actions doivent être tournées vers l’avenir et bien ciblées.  Les efforts doivent particulièrement être axés sur l’éducation, la vulgarisation, le renforcement des cadres juridiques de lutte contre le racisme.  Il s’agit d’établir, au plan national, des plans de lutte qui associent la société civile et de définir des stratégies qui soient inscrites dans les programmes politiques nationaux.


Le gouvernement norvégien, a-t-il indiqué, procède actuellement à l’élaboration d’un plan de lutte, qui remplacera celui de 1998, et à l’amélioration de sa législation nationale.  Les gouvernements doivent aider les groupes les plus vulnérables, notamment les migrants, à participer au processus de décision.  L’absence de démocratie et la violation des droits de l’homme créent des conditions propices au racisme.  Le racisme et la discrimination sont eux-mêmes des violations graves des droits de l’homme.  Le suivi de la Conférence nous fournit l’occasion de répondre à ces maux. Durban doit aussi, a-t-il poursuivi, nous engager à la lutte contre la pauvreté et pour l’égalité des chances qui sont fondamentales pour lutter contre le racisme.  De même, promouvoir la diversité et la tolérance est un défi pour tous les gouvernements et toutes les sociétés.  Aucun pays ne peut prétendre être libre de toute intolérance.


M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a souhaité qu’à ce stade, une attention particulière soit accordée aux nouveaux défis et aux moyens de mettre en place une action préventive contre le racisme.  A cette fin, le représentant a appelé à une ratification universelle de la Convention sur toutes les formes de discrimination raciale et à l’élaboration de législations nationales fondées sur le modèle établi par les Nations Unies.  En la matière, a-t-il reconnu, le rôle des ONG dans la recherche de solutions concrètes et dans la mise en oeuvre des différents programmes gouvernementaux est un élément important.


Faisant part des initiatives de son pays en la matière, le représentant insisté sur l’éducation des enfants issus des minorités.  Il a ainsi expliqué que, dans son pays, un système de subventions directs a été mis au point pour les élèves d’ascendance latine, maronite et arménienne inscrits dans les écoles privées.  Ces subsides couvrent aussi les frais d’inscription et les dépenses scolaires des élèves chypriotes turcs qui résident dans les régions contrôlées par le Gouvernement.  Des programmes de langues ont été créés pour les enfants d’immigrés ainsi que des programmes de formation à la Convention à l’intention des fonctionnaires.  Outre ces mesures et les campagnes d’information, le Ministère de l’éducation et de la culture finance les activités culturelles de tous les groupes religieux, y compris la publication de livres, la création de bibliothèques ou encore l’organisation de manifestations. 


Bien que Chypre ait été un des premiers pays à ratifier la Convention, il demeure incapable d’en faire respecter ses dispositions dans toute l’étendue du territoire en raison de la présence d’une puissance occupante, a estimé le représentant en espérant que les discussions directes, entamées le mois dernier, entre le Président Clerides et le dirigeant turc chypriote, M. Denktash, mèneront rapidement à la signature d’un accord sur la base des résolutions du Conseil de sécurité.  Un tel accord, a-t-il dit, devrait permettre à tous les Chypriotes de vivre dans un pays unifié, démocratique et prospère, membre de l’Union européenne, et protecteur des droits de l’homme et des libertés fondamentales.


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