En cours au Siège de l'ONU

AG/PAL/815

L’ENGAGEMENT DE LA SOCIÉTÉ CIVILE EST CRUCIAL POUR SENSIBILISER L’OPINION PUBLIQUE INTERNATIONALE AUX ENJEUX D’UNE PAIX JUSTE ET DURABLE AU MOYEN-ORIENT

23/09/02
Communiqué de presse
AG/PAL/815


Conférence internationale des Nations Unies de la

société civile en solidarité avec le peuple palestinien

1ère séance - matin


L’ENGAGEMENT DE LA SOCIÉTÉ CIVILE EST CRUCIAL POUR SENSIBILISER L’OPINION PUBLIQUE INTERNATIONALE AUX ENJEUX D’UNE PAIX JUSTE ET DURABLE AU MOYEN-ORIENT


La Conférence internationale de la société civile

à l’appui du peuple palestinien entame ses travaux au siège des Nations Unies


La Conférence internationale de la société civile à l’appui du peuple palestinien, organisée sous les auspices du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du Peuple palestinien, s’est ouverte ce matin par un appel lancé par le Président du Comité, M. Papa Louis Fall, en faveur d’une intensification de la coopération avec les organisations non gouvernementales, les universitaires, les parlementaires et les médias dans l’appui apporté au peuple palestinien dans la juste quête de ses droits légitimes.  Pour sa part, Sir Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques qui intervenait au nom du Secrétaire général, a encouragé la promotion d’initiatives conjointes entre organisations non gouvernementales palestiniennes et israéliennes, ainsi que des partenariats entre des groupes communautaires arabes et juifs aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs.  En effet, a-t-il précisé, il est important d’informer l’opinion publique, en particulier dans les pays les plus influents sur la scène internationale, afin qu’elle ait une approche juste et globale des questions en jeu au Moyen-Orient, et c’est à cet égard que nous considérons que l’engagement de la société civile est crucial. 


Rappelant que les mesures à prendre pour régler le conflit du Moyen-Orient sont connues et acceptées par les deux parties, Sir Kieran Prendergast a insisté sur la mise en œuvre des résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité, sur le respect du principe de “la terre contre la paix”, sur la fin de l’occupation, sur la fin des actes de terrorisme et sur la coexistence, à terme, de deux Etats, Israël et la Palestine, dans le cadre de frontières sûres et reconnues.  L’Observateur permanent de la Palestine, M. Nasser Al-Kidwa, a assuré que la partie palestinienne est disposée à examiner le plus rapidement possible avec les autorités israéliennes les voies et moyens de parvenir à une solution durable pour la région mais il a exigé avant tout le retrait des forces d’occupation israéliennes aux positions d’avant septembre 2000.  M. Al-Kidwa a mis en garde contre la politique du Gouvernement Sharon qui entend manifestement détruire l’Autorité palestinienne, la liquider physiquement et saper sa légitimité afin de réoccuper totalement les territoires palestiniens.  A cet égard, l’Observateur a souhaité que le Conseil de sécurité adopte aujourd’hui le projet de résolution présenté par le Groupe arabe pour exiger le retrait immédiat des forces israéliennes et encourager la poursuite des efforts internationaux en faveur de la recherche d’une solution négociée et durable, au premier rang desquels ceux du Quartet. 


Prenant la parole ensuite, les représentants de la société civile ont abordé le thème du vécu quotidien de l’occupation et ont dénoncé, à l’instar de M. Gabi Garamki, Président du Conseil palestinien pour la justice et la paix, les 260 points de bouclages qui empêchent les populations de circuler et contribuent à frustrer davantage les gens ordinaires, les bulldozers qui détruisent des maisons et rasent des quartiers entiers, ou encore la colonisation qui se poursuit chaque jour à un rythme accéléré.  L’absence de réaction de la communauté internationale qui garde le silence est d’autant plus inquiétante que, face à une telle apathie, M. Sharon peut désormais aller de l’avant pour créer son “Grand Israël”, a mis en garde M. Garamki.  Pour sa part, Mme Jessica Montell, Directrice exécutive de B’Tselem de Jérusalem, une organisation israélienne, a déploré la déshumanisation réciproque entre Israéliens et Palestiniens qui ont perdu tout contact deux ans après le début de la seconde Intifada.  Les forces israéliennes ont utilisé des civils palestiniens comme boucliers humains et les ont déshumanisés, a-t-elle expliqué, alors que de leur côté, les Palestiniens qui approuvent à 68% les attentats suicides ont à leur tout déshumanisé les Israéliens. 


Dans un tel contexte de polarisation des esprits, quelles sont les initiatives qui peuvent être prises par la société civile pour sensibiliser les opinions publiques aux enjeux du conflit au Moyen-Orient et à l’urgence de mettre fin à l’occupation israélienne ?  Les intervenants ont insisté sur l’importance de mobiliser l’opinion publique mondiale pour faire face à l’urgence de la situation humanitaire.  La mise en œuvre d’un processus plus large et démocratique a également été suggérée sous la forme d’une Assemblée de la paix afin de permettre aux deux peuples de présenter leurs points de vue.  Des participants ont également proposé que les ONG dont le pays siège au Conseil de sécurité essaient de consulter leurs représentants.  Les organisations ont été invitées à s’investir davantage afin de changer la manière dont est représentée la question de Palestine aux Etats-Unis par exemple en intervenant dans les écoles.  Les panélistes ont fait part de leur immense préoccupation face au risque de guerre et à ce qui pourrait arriver aux ONG internationales travaillant sur le terrain dans cette éventualité, et ils ont demandé l’établissement d’une force de protection internationale.


En début de séance, le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a présenté les membres représentants le Comité à cette conférence, à savoir M. Bruno Rodriguez Parrilla (Cuba), M. Ravan Farhadi (Afghanistan), M. Walter Balzan (Malte), M. Nasser Al-Kidwa (Observateur de Palestine) et lui même, M. Papa Louis Fall (Sénégal). 


La Conférence poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.


Déclarations


SIR KIERAN PRENDERGAST, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a lu la déclaration du Secrétaire général, M Kofi Annan: les tristes événements de la semaine dernière m’ont renforcé dans ma conviction que la sécurité et l’amélioration de la situation humanitaire sont deux objectifs qui ne peuvent pas être atteints séparément.  Nous devons chercher une solution globale et juste.  Aujourd’hui, les Palestiniens sont encore confinés dans leurs villages et dans les camps de réfugiés, sans Etat opérationnel, sans économie en état de marche.  Les couvre-feux et la clôture des territoires accroissent les difficultés de la population palestinienne.  Les opérations militaires récentes ont causé des dommages importants aux autorités palestiniennes et à ses institutions.  Les Nations Unies, par l’intermédiaire de l’UNWRA, fournissent un soutien aux Palestiniens depuis plus d’un demi-siècle et touchent aujourd’hui 3,9 millions de personnes.  Le PNUD et son Programme d’assistance au peuple palestinien, le PAM, l’UNICEF et d’autres agences des Nations Unies sont également engagées.  En dépit de leurs efforts et de ceux de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, la paix semble toujours hors de portée.  Afin de la remettre à l’ordre du jour, nous devons faire pression sur les parties et les encourager à faire des compromis difficiles.


Des initiatives communes entre des organisations non gouvernementales palestiniennes et israéliennes, ainsi qu’entre des groupes arabes et juifs aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs, devraient être encouragés.  Par ailleurs, il est important d’informer l’opinion publique, spécialement dans les pays les plus influents, afin qu’elle ait une compréhension plus juste et plus globale des questions en jeu.  C’est pourquoi l’engagement de la société civile est crucial.  Les mesures à prendre pour régler le conflit du Moyen-Orient sont connues et acceptées par les deux parties: mise en œuvre des résolutions 242, 338 et 1397, programme “terre contre paix”, fin de l’occupation, fin du terrorisme et la coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, dans le cadre de frontières sûres et reconnues.  Il importe maintenant d’avancer parallèlement sur tous les fronts.  Grâce aux efforts du Quartet, nous nous sommes mis d’accord sur la mise en œuvre d’un plan de route qui, en trois ans, peut régler toutes les questions en suspens.  Il comporte des dimensions politiques, économiques, humanitaires et institutionnelles et exige que les deux parties prennent des mesures réciproques à chaque phase.  Les réformes et les progrès politiques du côté des Palestiniens sont essentiels, mais ils doivent s’accompagner de mesures israéliennes améliorant la vie des Palestiniens, leur permettant de reprendre les activités économiques et le trafic des biens et des personnes, de lever les couvre-feux, de rendre les recettes fiscales confisquées et mettant un terme immédiat à toutes les colonies de peuplement dans les territoires occupés.  Les Palestiniens, quant à eux, doivent travailler avec les Etats-Unis et les partenaires régionaux pour réformer leurs services de sécurité et combattre le terrorisme.


M. PAPA LOUIS FALL, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, ouvrant la Conférence internationale de la société civile à l’appui au peuple palestinien, a jugé qu’il fallait agir pour mettre fin au conflit du Moyen-Orient car, depuis deux ans, nous assistons chaque jour à des scènes horribles de violence et d’effusion de sang dans le territoire palestinien occupé, ainsi qu’en Israël même.  La deuxième Intifada, provoquée par la visite d’Ariel Sharon à la Mosquée Al Aqsa en septembre 2000, aura indiscutablement fait la triple preuve suivante: la question de Palestine ne saurait se prêter à une solution fragmentaire; l’on ne saurait refuser à un peuple l’exercice de ses droits inaliénables pendant plus d’un demi-siècle; la violation flagrante des accords conclus ne saurait juguler la recrudescence du conflit.  Les conséquences de cette tragédie, a poursuivi M. Fall ont pour noms l’augmentation incessante du nombre de victimes innocentes des deux côtés, la ruine totale de l’économie palestinienne, la destruction de projets majeurs d’infrastructure financés par les donateurs internationaux, l’anéantissement des institutions naissantes de l’Autorité palestinienne.  Le Président de l’Autorité palestinienne se trouve assiégé et retranché jusque dans le dernier réduit de Ramallah en ruine, a déploré le Président du Comité, à la merci des tirs et des bulldozers israéliens, dans des conditions d’existence pour le moins scandaleuses.  Notre Comité condamne, au même titre que les attentats aveugles ou ciblés et les massacres de populations civiles, cette politique de la puissance occupante, a poursuivi M. Fall.  Les survivants de l’holocauste doivent absolument comprendre que l’option du Gouvernement israélien pour la force et les représailles disproportionnées exercées dans des conditions de terreur inacceptable, que d’aucuns assimileraient à une forme de terrorisme qui ne dit pas son nom, que cette option ne saurait promouvoir la paix dans la sous-région, encore moins la sécurité à laquelle aspirent légitimement les populations israéliennes et palestiniennes. 


Au bout du compte, l’occupation porte atteinte à la dignité humaine des deux peuples et occulte l’objectif déclaré qui est de garantir la sécurité d’Israël, a observé M. Fall.  L’asservissement et l’humiliation du peuple palestinien, son insoutenable appauvrissement collectif et individuel, la morgue et l’arrogance des colons israéliens sont autant de facteurs qui élargissent le fossé d’incompréhension et nourrissent l’hostilité croissante entre les deux peuples.  Il nous faut agir rapidement, a-t-il poursuivi, lançant un appel aux différents acteurs de la communauté internationale qui œuvrent en faveur d’une solution juste, globale et durable.  M. Fall a regretté que certains des principaux acteurs ou intercesseurs hésitent à faire usage des moyens dont ils disposent pour imposer un règlement définitif de la question, conformément aux principes de légitimité internationale.  La communauté internationale doit faire face à ses obligations en intervenant avec vigueur, célérité et détermination, et le Conseil de sécurité doit impérativement prendre des mesures appropriées afin de s’acquitter pleinement de la responsabilité permanente qui incombe aux Nations Unies vis-à-vis du dossier palestinien.  M. Fall a demandé la mise en place d’une présence internationale dynamique garantissant la sécurité des civils, Palestiniens comme Israéliens, la mise en œuvre d’un plan tangible assorti d’un calendrier strict de trois ans, permettant de concrétiser le projet de coexistence de deux États, à l’intérieur des frontières de 1967.  Ce plan devrait être soumis au Conseil de sécurité pour approbation et mis en application sans délai, a estimé M. Fall, afin de hâter la fin de l’occupation israélienne et accélérer la création d’un État palestinien pleinement souverain et viable.  Le Président du Comité a souligné l’importance capitale du rôle de la société civile (ONG, établissements universitaires, parlementaires, médias).  Les États-Unis étant en mesure d’exercer la plus forte influence sur les parties belligérantes, le rôle des ONG américaines dans la mobilisation de l’opinion publique est considérable, a souligné le Président du Comité.  Conscient des défis auxquels, avec vous et l’ensemble des autres militants de la paix, nous sommes confrontés aujourd’hui, le Comité voudrait exhorter les organisations de la société civile à intensifier leur action d’appui au peuple palestinien, a conclu M. Fall.


M. THOMAS NEU, Représentant de l’Association des organismes internationaux de développement (AIDA) dans le territoire palestinien occupé, a indiqué que dans ces territoires, les restrictions les plus pesantes concernent la liberté de circulation.  Notre personnel est sans arrêt empêché de se rendre là où il a besoin d’aller.  Or, sans la possibilité de se rendre à leur travail, ou aux champs, la population locale perd ses revenus.  Sans la possibilité d’aller à l’école, la génération future perd l’accès au savoir et les possibilités de se développer.  Sans la possibilité de se rendre à l’hôpital, des vies sont menacées, celles des femmes enceintes et des patients sous dialyse par exemple.  Et, inutile de le dire, mêmes les élus palestiniens sont privés du droit de se déplacer ou de s’exprimer librement.  Il nous faudrait tout un nouveau vocabulaire pour décrire le désespoir d’une famille qui est restée cloîtrée chez elle pendant plusieurs jours et qui soudain entend, par les haut-parleurs, que pendant quelques heures elle peut quitter sa maison.  Ces heures sont à peine suffisantes pour se précipiter chez le marchand du coin et faire la queue derrière les voisins affamés qui ont réussi à arriver les premiers.


Les organisations non gouvernementales qui travaillent dans les territoires occupés souhaitent la reprise des activités normales.  Elles souhaitent que les Palestiniens eux-mêmes, les ONG nationales et les agences gouvernementales prennent en main le développement de leur société, de leur économie et de leur système politique.  Car il ne devrait même pas y avoir besoin d’ONG internationales dans un pays où la population a un bon niveau d’éducation, un sens de la solidarité nationale profondément enraciné et un réseau dense d’ONG locales.  Nous sommes donc face à une triste ironie: il ne devrait pas y avoir besoin de programmes humanitaires.  M. Neu a rappelé que dans les territoires occupés le revenu par tête a chuté de 30% depuis la seconde Intifada, que le chômage dépasse les 50% en Cisjordanie et à Gaza, que le pourcentage de la population vivant en dessous de la ligne de pauvreté est passé de 21% à 50% et que les institutions de la société civile sont elles aussi attaquées.  Nous ne pensons pas que les ONG internationales devraient prendre la place des ONG locales, ni que les ONG devraient ou pourraient remplacer les services publics, mais quand nous identifions un besoin, nous tentons de le satisfaire de façon à apporter un soutien à la société civile palestinienne, a-t-il conclu.


M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine, a dénoncé les exactions et les destructions perpétrées par la puissance occupante israélienne qui a repris depuis la semaine dernière sa tentative visant à humilier le peuple palestinien et ses dirigeants.  Il a précisé que sa délégation avait demandé ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’adoption d’une résolution exigeant le retrait immédiat des forces israéliennes, leur retour aux positions d’avant septembre 2000 et l’arrêt de toute forme de destruction et de terreur à l’encontre de l’Autorité palestinienne.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités et adopte le projet de résolution présenté par le Groupe arabe.  Depuis l’arrivée de M. Sharon au pouvoir, les forces d’occupations israéliennes ont poursuivi leur politique de destructions, d’exécutions extrajudiciaires, de blocus qui ont empêché les humanitaires d’apporter une assistance aux civils, a déploré M. Al-Kidwa.  Il a dénoncé la réoccupation des villes palestiniennes et a mis en garde contre le dessein de M. Sharon qui veut détruire le leadership palestinien pour causer le chaos et soumettre l’ensemble du peuple palestinien à l’administration israélienne.  Les Israéliens ne veulent pas d’une direction palestinienne et ils veulent obliger les Palestiniens à renoncer à leurs droits inaliénables, comme l’a prouvé M. Sharon qui a répété, à de nombreuses reprises, qu’il est opposé à une solution durable avec l’Autorité palestinienne, et a qualifié les Accords d’Oslo de caducs, défiant ainsi le Conseil de sécurité et l’ensemble de la communauté internationale.  M. Sharon, le héros du massacre de Sabra et Chatila, est en train de conduire la région au chaos, a estimé M. Al-Kidwa, dénonçant les manipulations médiatiques israéliennes qui justifient leurs actes de terreurs en les qualifiant de représailles aux attentats-suicide, alors même que l’Autorité palestinienne condamne fermement ces attentats qui vont à l’encontre des intérêts du peuple palestinien.  Rappelant que 28 résolutions ont été adoptées par le Conseil de sécurité demandant la fin de l’occupation, ainsi que les nombreuses résolutions adoptées par l’Assemblée générale et la Commission des droits de l’homme, M. Al-Kidwa a condamné le fait qu’Israël les ait foulées au pied.  Israël est le seul État qui viole depuis des décennies la légalité internationale.  Il est aujourd’hui la seule puissance occupante reconnue, le seul État de la région à disposer d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive, a dénoncé l’Observateur.  Abordant la reprise des négociations, il a jugé qu’il fallait que les deux parties s’entendent rapidement sur les voies et moyens de parvenir à une solution durable pour la paix et la coexistence, et il a salué les efforts des Nations Unies et du Quartet à cet égard.  Il a toutefois regretté le contenu du rapport du Secrétaire général sur les événements du camp de Djénine, rapport qui manque de précision et de profondeur, a jugé M. Al-Kidwa.


M. GABI GARAMKI, Président du Conseil palestinien pour la justice et la paix, a qualifié l’occupation israélienne de “règne de terreur”.  Les enfants ne peuvent pas aller à l’école à cause des couvre-feux, les fermiers ne peuvent pas cultiver leurs terres à cause des murs érigés sur leurs champs, les femmes enceintes ne peuvent se rendre à l’hôpital.  La vie à Ramallah est par comparaison plutôt normale, mais cette vie dite normale est anéantie par l’imposition de couvre-feux complets pendant plusieurs jours de suite.  Les bouclages empêchent les populations de circuler; on compte aujourd’hui 260 points d’étranglement qui sont autant “d’entreprises sadiques” dont le but est de frustrer les gens ordinaires.  Il s’agit bien de crimes de guerre dont Israël devrait être rendu responsable.  Les bulldozers détruisent des maisons, rasent des quartiers entiers, creusent des routes et des tranchées.  Ceci est encore aggravé par la colonisation qui se poursuit chaque jour à un rythme accéléré; les colons sont armés et terrorisent les populations.  Ce qui est inquiétant, a estimé M. Garamki, c’est le manque de réaction de la communauté internationale dont le silence est total.  M. Sharon a utilisé les exactions récentes pour tester la communauté internationale; face à son apathie, il peut désormais aller de l’avant pour créer son “Grand Israël”.  Et si les Palestiniens refusent de bouger, un génocide les attend.  M. Garamki a en conclusion lancé un appel pour une protection internationale du peuple palestinien conformément à la Convention de Genève.


Mme JESSICA MONTELL, Directrice exécutive de B’Tselem, Jérusalem, a dénoncé la nature déshumanisante de l’occupation israélienne qui a entraîné des pertes en vies humaines, des destructions d’infrastructures et des restrictions de mouvements qui ont causé la mort de plus de quarante civils privés de soins à cause du bouclage.  B’Tselem est une organisation israélienne, a-t-elle précisé, regrettant que les Israéliens ne voient plus les Palestiniens comme des êtres humains du fait du ciblage des Israéliens par les attentats-suicide palestiniens.  Pour leur part, les forces israéliennes ont utilisé des civils palestiniens comme boucliers humains pour faire face aux tirs des Palestiniens ou pour pénétrer dans des maisons suspectées d’êtres piégées, prouvant ainsi le peu de considération qu’ils ont pour la vie des Palestiniens.  Du côté palestinien, les Israéliens ont aussi été déshumanisés comme le montrent les sondages qui établissement que 68% des Palestiniens approuvent les attentats-suicide contre les civils israéliens.  Mme Montell a expliqué que dans ce contexte, il est difficile de consolider un climat de confiance pour les organisations de la société civile car les deux parties se sont mutuellement déshumanisées et ont perdu le contact.  Depuis le début de la seconde Intifada, il y a peu d’interaction entre les deux peuples puisque les Palestiniens n’ont plus de travail à l’intérieur d’Israël et que la société civile israélienne a du mal à entrer dans les villes palestiniennes.  Cela contribue à polariser les esprits, a dit Mme Montell, avant d’insister sur le rôle que doit jouer la société civile dans la sensibilisation des opinions publiques aux enjeux du conflit au Moyen-Orient, et sur l’urgence de mettre fin à l’occupation israélienne.


M. FAHED ABU-AKEL, Modérateur de l’Assemblée générale de l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis, a indiqué que son Eglise compte 2,5 millions de fidèles et a initié des partenariats dans de nombreux pays du Moyen-Orient : depuis plus de 180 ans, hôpitaux, cliniques et écoles y ont été construites, indépendamment des religions.  M. Fahed Abu-Akel a estimé qu’aucune paix durable ne sera possible si elle n’est fondée sur la justice et se poursuit sans violence.  Nous reconnaissons les souffrances infligées aux Juifs par l’Occident, notamment lors de l’holocauste.  Mais rien ne justifie le traitement qu’ils réservent aujourd’hui aux Palestiniens, après voir envahi les terres palestiniennes en 1967.  M. Abu-Akel a demandé à Israël de rendre les terres confisquées en 1967 et d’accepter le partage de la souveraineté de Jérusalem, soulignant que les colonies israéliennes sont illégales.  Il a souligné que le travail des organisations non gouvernementales sur le terrain est essentiel.  Enfin il a rappelé que la responsabilité des médias occidentaux doit également être mise en cause.  En effet, CNN montre constamment des jeunes Palestiniens armés, alors qu’en fait 97% des Palestiniens n’ont pas d’armes.  Cela contribue à fausser les représentations.


Débat


A la question de savoir comment se servir des bons offices des Nations Unies pour établir une protection internationale pour les Palestiniens, Mme Phyllis Bennis qui préside la session a indiqué que si le Conseil de sécurité est paralysé, alors un groupe d’Etats peut saisir l’Assemblée générale.


Les intervenants, et notamment le représentant de l’Union africaine, ont insisté sur l’importance de mobiliser l’opinion publique mondiale pour faire face à l’urgence de la situation humanitaire.  Un représentant du Congrès israélo-américain a rappelé qu’à Naplouse le couvre-feu dure depuis 90 jours et que malgré le risque de catastrophe, la presse n’en parle pas.  L’arme secrète d’Israël, aux yeux des Américains, a déclaré le représentant d’une ONG, c’est d’être une démocratie, ce qui renforce sa crédibilité.  Il a proposé qu’un processus large et démocratique, une Assemblée de la paix par exemple, soit lancé pour que les deux peuples puissent présenter leurs points de vue.


Selon un représentant d’une ONG portugaise, il existe un plan systématique pour liquider l’Autorité palestinienne.  Refusant de condamner les bombardements-suicides, il a qualifié Israël de “démocratie raciste et impérialiste”.  Les Palestiniens sont victimes de la politique étrangère des Etats-Unis qui se servent d’eux comme boucliers humains dans leur politique d’expansion au Moyen-Orient, a-t-il dénoncé.


Diverses propositions émanant des ONG ont été formulées: par exemple, que les ONG dont le pays siège au Conseil de sécurité essaient de parler à leur représentant; qu’elles s’investissent davantage afin de changer la manière dont la question de Palestine est présentée aux Etats-Unis, par exemple en intervenant dans les écoles. On a aussi a proposé de changer le terme de “bombardement-suicide” en “martyr-sacrifice”.


Les panélistes ont fait part de leur immense préoccupation face au risque de guerre et à ce qui pourrait arriver aux ONG internationales travaillant sur le terrain dans cette éventualité. Ils ont demandé l’établissement d’une force de protection internationale.  Force qui, selon Mme Jessica Montell, ne doit pas être armée et agir plutôt comme témoin afin de porter les violations des droits de l’homme à l’attention de l’opinion publique mondiale.


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