AG/PAL/811

LE PROCESSUS DE PAIX TRAVERSE UNE EPREUVE DIFFICILE…ET A BESOIN D’UN NOUVEL ELAN D’ENERGIE ET DE CONVICTION, DECLARE M. KOFI ANNAN

12/02/2002
Communiqué de presse
AG/PAL/811


Comité pour l’exercice des droits

Inaliénables du peuple palestinien

262e séance – matin


LE PROCESSUS DE PAIX TRAVERSE UNE EPREUVE DIFFICILE…ET A BESOIN D’UN NOUVEL ELAN D’ENERGIE ET DE CONVICTION, DECLARE M. KOFI ANNAN


Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a réélu ce matin à sa présidence M. Papa Louis Fall (Sénégal), et reconduit MM. Bruno Rodriguez Parrilla (Cuba) et Ravan Farhâdi (Afghanistan) dans leur fonction de Vice-Président.  Le Comité a reconduit en outre M. Walter Balzan (Malte) au poste de Rapporteur.


Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a regretté la détérioration de la situation au Moyen-Orient et le grand nombre de victimes dû aux violences, qui s’élève à quelque 1100 morts, en grande majorité palestinienne.  Cette spirale, a déclaré M. Kofi Annan, doit prendre fin pour que les parties retournent à la table des négociations pour mettre en oeuvre, complètement et sans plus tarder, les recommandations du Rapport Mitchell et du Plan Tenet.  Le processus de paix traverse une épreuve difficile et …a besoin d’un nouvel élan d’énergie et de conviction, a déclaré M. Annan. Une importante déclaration des parties prenantes et des parrains du processus de paix, en date du 25 octobre, demande au Président Arafat de déployer des efforts en vue d’un cessez-le-feu, y compris en procédant à l’arrestation des Palestiniens qui s’opposent à son autorité et en prenant des mesures contre les organisations terroristes.  La même déclaration demande à Israël de se retirer immédiatement de la Zone A, d’arrêter les exécutions extrajudiciaires, de mettre un terme aux actions de ses forces de défense et de mettre en oeuvre les recommandations du Rapport Mitchell et du Plan Tenet.


Prenant la parole après le Secrétaire général, M. Nasser Al-Kidwa, Observateur permanent de la Palestine, a évoqué les souffrances endurées depuis 16 mois par la population palestinienne vivant “sous occupation israélienne” et a demandé la levée du blocus imposé aux territoires et la fin de la mise en résidence surveillée de M. Yasser Arafat, Président de l’Autorité palestinienne.  Au cours de l’année 2002, a déclaré M. Papa Louis Fall, Président du Comité, en présentant son programme d’action, le Comité mettra l’accent sur la nécessité urgente de sauver le processus de paix et plaidera en faveur de l’application des recommandations de la Commission Mitchell et de la reprise des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens.  Le représentant de Chypre a proposé que son pays accueille du 16 au 18 avril prochains à Nicosie deux séminaires sur la paix au Moyen-Orient et sur la solidarité avec le peuple palestinien.  Cette proposition a été acceptée par le Comité.


La prochaine réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal.


Déclarations


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que les assassinats de Palestiniens innocents, la destruction de leurs maisons et de leurs biens, et le recours, contre eux, aux armes les plus sophistiquées ne doivent plus être acceptées.  L’isolement par Israël du Président Yasser Arafat, qui vit pratiquement en résidence surveillée, doit être dénoncé par la communauté internationale, et l’ONU et la communauté internationale doivent condamner les abus commis contre les Palestiniens.  Nous demandons au Secrétaire général d’intervenir pour arrêter les violences et faciliter le retour à la paix.  Israël doit se retirer inconditionnellement des territoires occupés, a déclaré M Andjaba.  En tant que membre du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien, il est du devoir du Comité de sensibiliser la communauté internationale afin de rendre au peuple palestinien sa liberté et sa dignité.  Je suis convaincu que le Bureau du Comité, tel qu’il est constitué actuellement saura mener ses travaux  dans la bonne direction.  C’est pourquoi je propose que M. Papa Louis Fall , Représentant permanent du Sénégal, soit réélu à la Présidence de ce Comité, que les représentants de l’Afghanistan et de Cuba soient réélus aux postes de Vice-Présidents, et que celui de Malte soit reconduit dans ses fonctions de Rapporteur.


M.KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a félicité le Président du Comité pour sa réélection qu'il a définie comme étant une reconnaissance de sa compétence.  Ila déploré la recrudescence sans précédent d’une violence qui au cours des 16 derniers mois a fait quelque 1100 morts et plus de 20 000 blessés, des deux cotés, des Palestiniens en majorité.  Il a appelé les parties à mettre un terme à la spirale de la violence, à abandonner la logique de l'affrontement et des récriminations pour retourner à la table des négociations.  Dans ce contexte, il a formé le vœu que soient appliquées et mises en oeuvre intégralement et sans retard les recommandations du rapport Mitchell et du Plan Tenet dans le souci d’aboutir à un cessez-le-feu durable.  C’est le seul moyen, a-t-il ajouté, d’aboutir à l’arrêt des violences et de restaurer les bases d’une confiance mutuelle et d’une foi en un processus de paix.  C’est pourquoi, il a appelé les deux parties à faire l’effort de se mettre en accord avec les demandes contenues dans la déclaration commune du Quartet du 25 octobre 2001.  Il a appelé le Président Arafat à tout mettre en oeuvre afin que les ordres de cessez-le-feu de l’Autorité palestinienne soit respectés et qu’il prenne les mesures nécessaires contre les auteurs d’actes terroristes.  Dans le même ordre d’idées, il a demandé à l’État d’Israël de se retirer de la zone A et de mettre fin aux exécutions extra-judiciaires, aux bouclages des territoires, et d’assurer la plus grande retenue de leurs forces et le plein respect du cessez-le-feu. 


Le Secrétaire général a rappelé que les recommandations Mitchell et le Plan Tenet, qui présentent l’avantage d’établir des obligations claires et spécifiques pour les deux parties, fournissaient les bases du rétablissement d’un processus de paix et de son application scrupuleuse.  Le retour à la sécurité doit être lié à des initiatives sur le plan politique, a-t-il précisé, dans le souci de favoriser le retour à la table des négociations des parties en conflit.  En ce qui concerne la destruction récente des infrastructures de l’Autorité palestinienne, il a déclaré que cette situation mettait les responsables palestiniens en face de grands défis et allait accroître les difficultés de l'Autorité pour satisfaire à ses engagements.  Dans ce contexte, il a demandé que soit mis fin à l'isolement du Président Arafat.  Il a dénoncé les conséquences économiques catastrophiques des bouclages répétés et a estimé que plus 50% des Palestiniens vivent en dessous du seuil de pauvreté.  A cet égard, il en a appelé à la générosité des contributeurs pour que les organismes des Nations Unies, notamment l'Office de secours pour les réfugiés, puissent parer dans les meilleures conditions aux situations les plus urgentes.  La communauté  internationale doit encourager les deux parties à prendre les mesures nécessaires pour retourner à la négociation, afin de mettre un terme au climat de méfiance, de frustration et de désespoir.  Il a réitéré sa volonté de voir aboutir  un règlement durable, juste et total de la question de Palestine sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et du principe de l’échange de la "Terre contre la paix". 


M. PAPA LOUIS FALL, Représentant permanent du Sénégal et Président du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien, a remercié les membres du Comité, notamment les représentants de la Namibie et de l’Indonésie, pour sa réélection à la tête du Comité ainsi que pour celle des représentants de Cuba, de Malte et de l’Afghanistan aux postes de Vice-présidents et de Rapporteur.  Il a remercié le Secrétaire général, M. Kofi Annan, pour son engagement en faveur de la relance du processus de paix et de la conclusion d’un accord définitif entre Israël et la Palestine.  Un tel processus ne saurait prospérer et être viable sans l’arrêt du recours aveugle à la violence et à la terreur de la part des “jusqu’au-boutistes” impénitents, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, ni surtout sans “l’adhésion sincère de Tel Aviv à la logique et à la dynamique du processus de paix”, a observé M. Papa Louis Fall.  Cette option pacifique a été mise en exergue par les appels pressants et réitérés du Secrétaire général pour une application urgente des recommandations du Rapport Mitchell.  Le Comité est déterminé à poursuivre avec discernement et pragmatisme son mandat en vue de la restitution aux Palestiniens de tous leurs droits et des responsabilités qui en découlent, tant il est évident qu’Israël et la Palestine ont chacun droit à une existence dans la sécurité et la dignité à l’intérieur de frontières sûres et internationalement garanties.  “C’est là le sens des contacts que le Président Abdoulaye Wade a eus les 1 et 2 février derniers à New York, en marge du Forum économique mondial, avec successivement l’Ambassadeur de la Palestine et le Ministre israélien des affaires étrangères”, a expliqué le Président.  Ces contacts étaient centrés sur deux objectifs cardinaux articulés par le Sénégal lors du Sommet de l’OUA en juillet 2001 à Lusaka:  contribuer dans le sillage des co-parrains à la résurrection et à la relance du processus de paix, tout en explorant les possibilités d’une initiative africaine en vue d’un accord de paix globale, juste et durable, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Le Comité entend maintenir sa coopération avec toutes les bonnes volontés en vue d’un règlement global, juste et durable reposant sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité.  Je tiens à rendre hommage à Yasser Arafat, dont le courage et la sagesse dans l’épreuve, et le sens des responsabilités et du dialogue, ont permis, malgré son isolement militaire illégal, de déjouer les tentatives de marginalisation, d’exclusion et d’élimination diplomatique et même physique.


M. NASSER AL KIDWA (Observateur permanent de la Palestine) s'est félicité des efforts du Secrétaire général pour mettre fin à la situation tragique que connaît la région.  Depuis plus de 16 mois, a-t-il regretté, le peuple palestinien sous occupation israélienne a connu de nombreux cas de violations des droits de l'homme, et de ce qu'il a défini comme un terrorisme d'État de la part d'israël.  A cet égard, il a dénoncé les exécutions sommaires et tous les actes qui ont entraîné des dizaines de milliers de blessés, des enlèvements, des destructions de terres, de routes, de l'appareil économique et aussi les restrictions graves à la liberté de circulation des biens et des personnes et enfin l'état de siège auquel est soumis le président Arafat.  Il a regretté en outre que les politiques et actions du gouvernement israélien cherchent à intensifier la crise dans le but de détruire l'Autorité palestinienne ainsi que ses infrastructure afin d’accélérer le passage de la région à la guerre et à la confrontation.


L'Observateur permanent de la Palestine a également évoqué les frustrations et le désespoir du peuple palestinien suite à la position de Washington qui, selon lui, a permis au Président Ariel Sharon de refuser d'appliquer les recommandations Mitchel et de poursuivre des attaques de front face aux représentants palestiniens.  Dans le même ordre d'idées, il a regretté le récent véto des Etats-Unis au Conseil de sécurité, bloquant ainsi une intervention des Nations Unies.  En ce qui concerne le terrorisme, il a réaffirmé la condamnation des actes terroristes visant des civils israéliens et a rejeté toute tentative de confondre ces actions avec des actes de résistance de peuple palestinien.  Il a déclaré que le recours à la force militaire sans essayer de trouver une solution juste correspond à semer les semences de catastrophes à venir.  Il a formé le vœu que le Comité puisse persévérer dans son action visant le relèvement des défis afin d’aboutir à la paix et à et à  la sécurité dans le respect du droit international et des résolutions des Nations Unies, dans le souci d'obtenir le respect des droits inaliénables du peuple palestinien. 


Reprenant la parole après l’intervention de l’Observateur de la Palestine, M. PAPA LOUIS FALL, Président du Comité ,a fait rapport au Comité des faits survenus depuis sa dernière réunion.  Il a mentionné les quatre résolutions adoptées par l’Assemblée générale sur la question de Palestine et les droits inaliénables du peuple palestinien, et qui ont été publiées sous les cotes 56/33, 56/34, 56/35 et 56/36.  Il a évoqué la réunion de l’Organisation de la Conférence islamique qui a demandé la convocation de la Conférence des Hautes parties contractantes à la Quatrième Convention de Genève.  La Suisse, Etat dépositaire de cette Convention, a mené des consultations avec les 189 Hautes parties contractantes avant que la Conférence ne se réunisse à Genève le 5 décembre 2001.  Seules trois Hautes parties contractantes (Australie, Etats-Unis et Israël) n’y ont pas assisté, a précisé le Président du Comité.  Dans leur déclaration finale, les hautes parties contractantes ont déploré le grand nombre de victimes civiles dû à un usage disproportionné de la force par l’une des parties au conflit et au refus de respecter le droit international humanitaire dans les territoires occupés.


Le 14 décembre 2001, une réunion du Conseil de sécurité a été organisée à la demande du Groupe des Etats arabes sur la question de “la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine”.  Au nom du Groupe des Etats arabes, la Tunisie avait alors introduit un projet de résolution par lequel le Conseil de sécurité aurait condamné les exécutions extrajudiciaires, l’usage excessif de la force et la destruction des biens, et aurait encouragé la création d’un système de surveillance.  Cette réunion du Conseil de sécurité, a rappelé M. Papa Louis Fall, s’était terminée par le rejet du projet de résolution du fait du vote négatif d’un Membre permanent du Conseil de sécurité.


Le Président a présenté en outre le projet de programme de travail du Comité pour 2002, qui est contenu dans le document (A/AC.183/2002/CRP.1).  Ce projet est divisé en plusieurs chapitres, dont le premier a trait aux considérations de procédure et récapitule les résolutions adoptées par l’Assemblée générale à sa 56ème session au sujet des mandats respectifs du Comité, de la Division des droits des Palestiniens et du Département de l’information.  Le chapitre II pour sa part expose les questions prioritaires inscrites au programme de travail et relève que le Comité s’efforcera d’œuvrer avec la plus grande efficacité pour adapter le plus vite possible ses activités à l’évolution rapide de la situation sur le terrain et aux changements intervenus dans le processus de paix.  Le Comité a insisté sur la nécessité d’apporter un appui au peuple palestinien et au processus de paix par le biais d’activités diverses.  Il continuera en 2002 de plaider en faveur des recommandations de la Commission Mitchell et de la reprise des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens et ce, jusqu’à la conclusion d’un règlement définitif.


Le chapitre III traite des activités proposées par le Comité et la Division des droits des Palestiniens.  La Section D de ce chapitre porte sur les travaux qui seront exécutés pour achever la mise au point du Système d’information des Nations Unies sur la question de Palestine (UNISPAL) qui a été demandée par l’Assemblée en 1991.  S’agissant de la célébration annuelle de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le Comité recommande qu’elle ait lieu le vendredi 29 novembre 2002 et que comme à l’accoutumée, on organise un programme d’activités comprenant notamment une exposition sur la Palestine, a conclu le Président.


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