LA QUESTION DE LA PALESTINE DOIT ETRE RESOLUE POUR GARANTIR LA PAIX ET LA SECURITE AU MOYEN-ORIENT, SOULIGNENT DE NOMBREUSES DELEGATIONS
Communiqué de presse AG/1370 |
Assemblée générale AG/1370
64ème et 65ème séances – matin et après midi 2 décembre 2002
LA QUESTION DE LA PALESTINE DOIT ETRE RESOLUE POUR GARANTIR LA PAIX ET
LA SECURITE AU MOYEN-ORIENT, SOULIGNENT DE NOMBREUSES DELEGATIONS
La question de la Palestine reste au cœur des problèmes du Moyen-Orient et doit être résolue pour garantir la paix dans la région, ont estimé aujourd’hui de nombreuses délégations devant l'Assemblée générale qui poursuivait son débat sur ce point* entamé vendredi. L'Assemblée a en outre commencé l'examen de la situation au Moyen-Orient**, à propos de laquelle deux projets de résolution*** relatifs à Jérusalem et au Golan syrien ont été présentés.
Pour l'Observateur de la Palestine, la colère et l'animosité envers Israël sont le résultat des nombreuses injustices subies par le peuple palestinien. La situation dans le Moyen-Orient continue de se dégrader au point qu'il est difficile d'entrevoir l'avenir, a-t-il estimé. La terreur et la violence compromettent à jamais les attentes des générations futures et assombrissent leurs perspectives, a prévenu le représentant de la Turquie en renouvelant l'invitation de son pays à accueillir une Conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient.
Plusieurs orateurs ont pour leur part dénoncé la passivité de la communauté internationale qui n'a pas réagi aux perpétuelles violations par Israël du droit international, notamment à la politique d'extension des colonies de peuplement. Le représentant syrien a regretté qu’aucune mesure n’ait jamais été prise au titre du Chapitre VII pour contraindre Israël à se soumettre aux dispositions du droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité. Il a invité la communauté internationale à mettre un terme à la politique du "deux poids, deux mesures" et à la sélectivité dans le traitement des problèmes.
Les représentants, considérant qu'il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit, ont donc appelé à une revitalisation du processus de paix en vue d'un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, sur la base des résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité et conformément au principe de la terre contre la paix. Mais, ont-ils également fait valoir, toute paix au Moyen-Orient doit être globale et comprendre la situation du Liban et celle du Golan syrien, occupé par les forces israéliennes depuis 1967. La représentante du Danemark (s'exprimant au nom de l'Union européenne) a appelé le Gouvernement libanais à assumer pleinement ses responsabilités et à faire valoir son autorité afin que la paix et la sécurité puissent être restaurées dans la région.
Par ailleurs, la présidence de l'Assemblée générale a annoncé une réunion du Bureau le mercredi 4 décembre à 9H30 pour considérer l'inscription d'un point supplémentaire à l'ordre du jour de la cinquante-septième session. En outre, après le débat consacré à la célébration de la fin de l'année des Nations Unies pour le patrimoine culturel, l'Assemblée examinera deux rapports de la Cinquième Commission, dont le Rapport du Conseil économique et social. Enfin, l'examen du point 19 de l'ordre du jour sera examiné le mercredi 11 décembre; la Quatrième Commission présentera son rapport le même jour.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont également pris la parole: République démocratique populaire lao, Arabie saoudite, Sri Lanka, Namibie, Emirats arabes unis, Tunisie, Iraq, Inde, Yémen, Indonésie, Egypte, Nouvelle-Zélande, Japon, Suisse, Viet Nam,
Cuba, Burkina Faso, Nigéria, Norvège, Fédération de Russie, Soudan, Jordanie, Argentine, Jamaïque, Chili, Ukraine et Bélarus.
L'Assemblée reprendra ses travaux le mardi 3 décembre à 10 heures.
* Pour l'examen du point 35 de son ordre du jour relatif à la Question de Palestine, l'Assemblée générale était saisie du Rapport du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, paru sous la cote A/57/35 et d'un Rapport du Secrétaire général paru sous la cote A/57/621.
** Pour l'examen du point 36 de son ordre du jour, l'Assemblée générale était saisie de deux rapports du Secrétaire général sur la situation au Moyen-Orient, parus respectivement sous les cotes A/57/470 et A/57/621
*** Projets de résolution parus sous les cotes A/57/L.44 et A/57/L.45
QUESTION DE PALESTINE (SUITE)
Déclarations
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a réaffirmé son soutien et sa solidarité avec le peuple palestinien, à l'occasion du 35ème anniversaire de la lutte du peuple palestinien pour ses droits inaliénables dont notamment le droit à l'autodétermination.
Il a ainsi déclaré que l'invasion et la réoccupation des territoires palestiniens par les forces de défense israéliennes cette année a stoppé net le processus de paix au Moyen-Orient. Ce nouveau cycle de violence a non seulement plongé les deux peuples, palestinien et israélien, dans un horrible bain de sang mais a également gravement compromis la paix et la stabilité de toute une région entraînant ainsi la mort de milliers de civils innocents, palestiniens ou israéliens, et la destruction de leurs propriétés, a déploré le représentant.
Le fait que la puissance occupante persiste à légitimer ses actions militaires par la lutte contre le terrorisme ne peut être admis.
C'est pourquoi, la République démocratique populaire lao s'oppose à l'usage excessif et aveugle de la force contre le peuple palestinien. Elle condamne également tout acte de violence contre des civils israéliens. Le représentant a donc appelé avec force au respect complet et inconditionnel de l'accord de cessez-le-feu du 17 octobre 2000 et de toutes les résolutions des Nations Unies y afférentes et engagé les deux parties à revenir à la table des négociations. A cet égard, le représentant a indiqué que seule une négociation politique sous contrôle international et respectant le principe d'égalité souveraine peut permettre de trouver une issue au conflit. Celle-ci ne pourra être trouvée que dans le respect des droits inaliénables du peuple palestinien et notamment du droit à l'établissement d'un Etat palestinien vivant, en paix et en sécurité, aux cotés d'Israël, et comprenant des frontières telles que celles fixées par les résolutions 242 (1967), 338 (1973) et 1397 (2002) des Nations Unies.
En dernier lieu, le représentant s'est félicité des efforts de la communauté internationale et plus particulièrement du Comité des Nations Unies pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Il en outre exhorté toutes les parties au conflit à cesser tout acte de violence et à reprendre le processus de paix. La communauté internationale doit, elle aussi, redoubler d'efforts pour parvenir à cet objectif et ce, afin qu'un accord qui permette la paix, la stabilité et le développement au Moyen-Orient puisse enfin être trouvé.
M. SAEED H. S. AL-JOMAE (Arabie saoudite) a regretté que le Gouvernement israélien persiste dans sa politique de colonisation et d'élimination des dirigeants et activistes palestiniens, en contradiction avec le droit international. La communauté internationale ne peut rester indifférente face à la situation qui ne cesse de se détériorer et il revient aux Nations Unies d'amener Israël à respecter les règles du droit international, de garantir une protection immédiate aux Palestiniens et de mettre fin aux actes de destruction et de provocation perpétrés par les deux côtés. L'Arabie saoudite, a indiqué son représentant, en appelle à la communauté internationale pour qu'elle demande à Israël de revenir immédiatement et sans équivoque au processus de paix et au respect des principes de la légitimité internationale. La Ligue arabe a placé le processus de paix au cœur de son initiative, a-t-il rappelé.
M. CHITHAMBARANATHAN MAHENDRAN (Sri Lanka), a déclaré que la cause principale du conflit israélo-arabe était l’occupation illégale du territoire palestinien. Le peuple palestinien a vécu trop longtemps sous occupation et dans des conditions qui ne correspondent pas qu normes du droit humanitaire international et des obligations de la quatrième Convention de Genève relatives à la protection des personnes civiles en temps de guerre, a dit le représentant.
Le retrait d’Israël des territoires occupés, le respect du droit des Etats à vivre en paix, ainsi que la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien sont des principes essentiels si l’on veut parvenir à un règlement durable de la question palestinienne, a-t-il poursuivi.
En conclusion, le représentant a rappelé que le gouvernement de son pays soutient la recherche d’une solution politique au conflit sur la base des résolutions 242 et 338 ou 1397 du Conseil de sécurité. Une telle solution devrait permettre aux deux Etats de vivre côte à côte, et de reconnaître le droit à tous les Etats de la région de vivre en paix à l’intérieur de frontières internationalement admises.
M. Gerhard Theron (Namibie) a déclaré que le peuple palestinien continue d'être privé du droit à l'autodétermination et à la création d'un Etat indépendant. Les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il ajouté, sont consacrés par le droit international ainsi que par les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale, notamment les résolutions 242, 338, et 1397, qui doivent être pleinement appliquées afin de parvenir à une solution juste, durable et globale de la question de Palestine. M. Theron a fait part de sa satisfaction de la pertinence des travaux du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien dont le besoin se fait de plus en plus ressentir.
M. Theron a affirmé que sa délégation déplore les tentatives continues visant à détruire l'Autorité palestinienne, à humilier le Président Arafat et à appeler à son expulsion. Seuls des accords-politiques entre les parties, et non le simple recours à la force, sont à même de mener vers la paix, a-t-il ajouté. Il a, en outre, affirmé que tout en se félicitant des efforts déployés par les médiateurs internationaux du "Quatuor", notamment la feuille de route, sa délégation est fermement convaincue que le meilleur moyen de parvenir à la paix passe par une approche globale, qui traite de façon parallèle des dimensions politiques, économiques; et sécuritaires. M. Theron a conclu en exhortant la communauté internationale à continuer de fournir au peuple palestinien une aide économique, humanitaire et technique.
M. ABDULAZIZ BIN NASSER AL-SHAMSI (Emirats arabes unis) a déclaré que l'Etat d'Israël avait été construit sur les ruines de l'Etat palestinien qui existait déjà et jugé qu'il était triste de constater que la communauté internationale avait été le spectateur du plus long et du plus horrible crime contre l'humanité commis par les forces israéliennes contre la population d'un pays sans prendre aucune mesure pour mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens. Elle n'a pas non plus réagi aux perpétuelles violations par Israël du droit international humanitaire avec sa politique d'extension de ses colonies de peuplement sous le prétexte fallacieux d'assurer sa sécurité et au mépris des résolutions des Nations Unies.
Les Emirats arabes unis, a-t-il rappelé, appuient le peuple palestinien dans sa lutte pour ses aspirations légitimes à l'autodétermination et à un Etat indépendant. Ils condamnent l'occupation israélienne des territoires arabes et confirment que la question palestinienne reste au cœur des problèmes du Moyen-Orient. La communauté internationale doit prendre des mesures efficaces, condamner le terrorisme d'Etat pratiqué par le Gouvernement israélien et les massacres systématiques de civils, ainsi que la destruction des institutions palestiniennes. Le représentant estime qu’il faut rejeter toutes les mesures illégales prises par le Gouvernement israélien pour construire des colonies et judaïser les territoires arabes et palestiniens et les villes sous son occupation, notamment Al Qods et le Golan. Il a confirmé l'importance du rôle joué par les Nations Unies et en particulier celui du Conseil de sécurité pour assurer le suivi des résolutions adoptées, en particulier celles demandant à Israël de mettre un terme immédiat aux massacres et atteintes des populations et des biens. Il faut forcer Israël à respecter toutes les obligations juridiques conclues avec la partie palestinienne et se retirer des territoires occupés depuis 1967, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies, a-t-il insisté. Il a souhaité l'indemnisation des personnes ayant perdu des biens et réclamé la libération de tous les détenus libanais et palestiniens se trouvant dans les prisons israéliennes. Il faut enfin exercer des pressions sur Israël pour que ce pays élimine toutes ses armes de destruction massives, a estimé le représentant.
Il a réaffirmé par ailleurs que son pays appuie un règlement juste et durable de la question palestinienne. Pour lui, l'Intifada palestinienne est une réaction au terrorisme d'Etat pratiqué par le Gouvernement israélien et il a invité la communauté internationale et, en particulier, le Conseil de sécurité à exercer leur autorité pour mettre fin aux massacres et destructions et à renforcer sa politique visant à apporter secours aux populations palestiniennes.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) s’est dit préoccupé par une situation sécuritaire explosive, une situation économique médiocre et des conditions humanitaires catastrophiques qui règnent dans les territoires palestiniens, résultat de pratiques israéliennes totalement contraires aux dispositions du droit international, notamment la quatrième Convention de Genève de 1949 relative à la protection des civils et de leurs biens en temps de guerre. Réaffirmant son appui au peuple palestinien pour la récupération de tous ses droits légitimes, y compris son droit à l’établissement de son État indépendant sur son territoire avec pour capitale Al Qods, la Tunisie appelle le Conseil de sécurité à jouer un rôle efficace en vue de protéger le peuple palestinien désarmé et réitère son appel pour que des observateurs internationaux puissent être délégués dans la région. Rappelant que son pays avait pris part à toutes les phases du processus de paix au Moyen-Orient et aux efforts déployés dans ce cadre sur la base des principes agréés à cet effet pour le démarrage du processus, les principes de base comme «la terre en échange de la paix» et le respect des engagements pris, M. Mejdoub a déclaré qu’il est devenu parfaitement évident aujourd’hui que c’est le Gouvernement israélien qui se dérobe aujourd’hui à ses engagements, renie les accords qu’il a signés et met en danger la région tout entière. Le représentant a enfin enjoint Israël à se retirer du Golan syrien et du reste du territoire libanais occupé et ce, conformément aux résolutions et aux références en la matière.
M. MOHAMMED A. ALDOURI (Iraq) a affirmé la solidarité de son peuple avec le peuple palestinien, dont la cause est juste et a déploré qu’il ne soit toujours pas en mesure d’exercer ses droits fondamentaux, à savoir le droit à l’indépendance et à l’autodétermination. Le représentant a en outre souligné la menace persistante que constitue l’occupation du Golan. Il a estimé que les actes d’occupation sionistes niaient les droits fondamentaux des Palestiniens, soulignant les violences quotidiennes subies dans les territoires occupés. Ce recours à la force a eu pour résultat des milliers de morts, a-t-il affirmé, ainsi que des villages bloqués, transformés en cantonnement, séparés les uns des autres dans le but d’affaiblir l’unité palestinienne et d’étouffer économiquement les territoires palestiniens. Le représentant a affirmé que le véritable objectif d’Israël était d’accroître le nombre de ses colonies, de diviser le peuple palestinien et d’attiser les tensions.
En outre, le représentant a estimé qu’Israël méprisait totalement l’opinion publique internationale, tout comme l’administration américaine qui a donné sa bénédiction aux actes de terreur perpétrés par Israël en disant qu’Israël avait le droit de se défendre, alors que c’est une force d’occupation. Par ailleurs, il a déclaré que l’occupation du Golan visait à voler plus de territoires, à avoir le contrôle sur les ressources en eau et à détruire les champs des agriculteurs. A cet égard, le représentant a réaffirmé son appui au peuple libanais comme au peuple palestinien pour l’exercice de ses droits inaliénables. Enfin, il a réclamé que les autorités israéliennes soient traduites en justice devant le Tribunal pénal international.
M. A. GOPINATHAN (Inde) a réaffirmé sa solidarité à l’égard du peuple de Palestine, qui repose sur le projet d’une paix durable basée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité 242 (1962), 338 (1973) et 1397 (2002) et la proposition «terre contre paix» faite au Sommet arabe de Beyrouth. Il s’est également alarmé de la détérioration de la situation, notamment économique, dans les territoires palestiniens occupés. Soulignant les efforts de reconstruction de l’Autorité palestinienne, l’Inde a rappelé son engagement à ses côtés, par la création de deux projets de coopération dans la bande de Gaza et l’envoi de matériel médical dans les hôpitaux de cette zone. L’Inde s’est dite prête à faire davantage à l’avenir.
M. George Talbot (Guyane), a déclaré que son pays s’associe à la communauté internationale pour témoigner sa solidarité avec la cause du peuple palestinien. Nous sommes toujours consternés par les souffrances indicibles dues au conflit et nous appelons à une fin de l’occupation israélienne qui est au cœur de cette tragédie humaine, a-t-il affirmé. Il a appelé toutes les parties à faire preuve de davantage de retenue et à condamner toutes les formes de terrorisme. En même temps, a-t-il poursuivi, nous demandons à Israël, en tant que puissance occupante, d’honorer ses obligations en égard à la paix, en respectant les résolutions pertinentes des Nations Unies, et de renoncer à se servir de son recours aux actions extrêmes comme prétexte pour dénier au peuple palestinien ses aspirations légitimes. Le représentant a exhorté les parties à mettre fin aux confrontations et à retourner à la table des négociations. Il a par ailleurs fait part de sa satisfaction des efforts déployés par la communauté internationale, notamment par le “Quatuor”, et l’initiative de paix des pays arabes adoptée en mars dernier au cours du Sommet de Beyrouth. Il a loué les efforts des pays de la région, et d’autres qui ont soutenu le processus de paix et fourni de l’aide au peuple palestinien, et s’est félicité des contributions de l’UNRWA et d’autres organisations qui travaillent sans relâche pour alléger les souffrances du peuple palestinien.
M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen) a rappelé que la situation de la Palestine aujourd’hui constituait une exception regrettable au processus de décolonisation partout ailleurs constaté. C’est particulièrement vrai depuis le renforcement de l’occupation dans les territoires palestiniens, notamment par la multiplication des colonies qui vise à faire échouer toute possibilité d’un règlement pacifique du conflit, a-t-il souligné. Le représentant a déploré par ailleurs qu’Israël ne respecte pas les résolutions successives du Conseil de sécurité, dont la dernière en date 1397 (2002), préférant poursuivre sa politique expansionniste illégale. Rappelant que l’initiative prise au Sommet arabe de Beyrouth était une tentative sincère pour mettre un terme au conflit, il a déploré qu’elle n’ait conduit qu’à faire ressortir les mensonges israéliens. Il a appelé en conclusion le Secrétaire général à redoubler ses efforts pour faire revenir Israël sur sa politique actuelle.
M. MOCHAMAD S. HIDAYAT (Indonésie) a estimé qu'Israël, plutôt que d'investir dans la paix, s'était embarqué dans le terrorisme d'Etat en prenant et reprenant villes et villages entiers, détruisant délibérément les infrastructures, affamant et terrorisant la population. Sous nos yeux, a-t-il poursuivi, le processus de paix a été mis en danger, la situation humanitaire et économique des Palestiniens s'est aggravée et les droits de l'homme ont été violés. Il en va de la responsabilité de la communauté internationale et surtout de celle du Conseil de sécurité de continuer de chercher une voie pour la paix au Moyen-Orient. L'Indonésie continuera pour sa part de soutenir les efforts de paix internationaux sur la base des résolutions 242 et 338, et sur le principe des territoires contre la paix. Israël, a insisté le représentant, doit s'engager à mettre en œuvre ces résolutions.
Dans cet esprit, il s'est félicité du travail effectué par le Conseil de sécurité l'an passé notamment en reprenant dans sa résolution 1397 la vision de deux Etats, la Palestine et Israël, existant côte à côte à l'intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. Les Nations Unies doivent continuer d'assumer leurs responsabilités historiques sur la question de Palestine. Il est impératif qu'elles réaffirment leur solidarité avec le peuple palestinien et insistent pour qu'Israël se conforme à leurs résolutions.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Rapport du Secrétaire général (A/57/470)
Le rapport du Secrétaire général transmet à l’Assemblée générale les réponses des États Membres aux notes verbales qu’il a adressées en date du 27 juin 2002 aux Représentants permanents de ces États, dont Israël, par lesquelles il les priait de l’informer des mesures que leur gouvernement avait éventuellement prises ou envisageait de prendre afin de donner effet aux dispositions pertinentes des résolutions 56/31, intitulée “Jérusalem”, et 56/32, intitulée “Le Golan syrien” adoptées le 3 décembre 2001. Au 11 octobre 2002, précise le Secrétaire général, des réponses avaient été obtenues des Émirats arabes unis, de la Gambie, d’Israël, du Japon, de la République arabe syrienne, réponses qui sont reproduites au chapitre II du rapport.
Règlement pacifique de la question de Palestine (A/57/621)
Dans ce rapport, soumis en application de la résolution 56/36 de l’Assemblée générale en date du 3 décembre 2001, le Secrétaire général présente ses observations sur l'état actuel du conflit israélo-palestinien ainsi que les réponses du Président du Conseil de sécurité et des parties concernées aux notes verbales qu'il a envoyées conformément à la demande figurant au paragraphe 9 de la résolution.
Le Secrétaire général note qu'au cours de l’année écoulée, le conflit israélo-palestinien s’est encore aggravé, annihilant bon nombre des acquis du processus de paix. Le cycle actuel de violence et de représailles a attisé les tensions politiques et causé de nombreuses pertes en vies humaines des deux côtés: depuis que l’Intifada s’est déclenchée à la fin de septembre 2000, plus de 1 800 Palestiniens ont été tués et environ 25 000 ont été blessés; du côté israélien, plus de 600 personnes ont été tuées et plus de 4 000 blessées. M. Kofi Annan rappelle qu'il a engagé les deux parties à assumer l’obligation qui leur incombe, en vertu du droit international humanitaire, d’assurer la protection des civils. Les parties sont engagées sur une voie qui ne conduit qu’à plus de souffrance et de détresse et qui ne les rapprochera ni l’une ni l’autre de la réalisation de ses objectifs déclarés, estime-t-il.
Pour le Secrétaire général, la situation est arrivée à un point particulièrement dangereux à la fin de mars 2002, à la suite d’un attentat-suicide à la bombe commis par un groupe palestinien dans la ville israélienne de Netanya qui a fait 28 morts et 140 blessés. À la suite de cette attaque terroriste, les Forces de défense israéliennes ont lancé une opération militaire de grande ampleur en Cisjordanie, qui a abouti à la réoccupation de villes placées sous contrôle palestinien intégral, causant des dommages considérables aux infrastructures civiles et de sécurité palestiniennes et créant une crise sur le plan humanitaire et sur celui des droits de l’homme. L’incursion israélienne dans le camp de réfugiés de Djénine en avril, rappelle-t-il en outre, a conduit à des allégations faisant état de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Ceci l'avait amené, après consultations, à proposer l'envoi d'une équipe impartiale d’établissement des faits chargée de dresser un tableau exact de ce qui s’était passé. Le Conseil de sécurité a accepté cette offre à l’unanimité dans sa résolution 1405 (2002) mais Israël a par la suite soulevé des objections de caractère fondamental qui ont dans la pratique empêché l’équipe de se rendre dans la région. C’est avec grand regret que j’ai jugé qu’il fallait dissoudre l’équipe, écrit M. Annan.
Le Secrétaire général observe également une tendance particulièrement alarmante à l’expansion rapide des colonies israéliennes en Cisjordanie, notamment autour de Jérusalem-Est. Ces colonies enveloppent Jérusalem-Est, qu’elles coupent d’autres zones palestiniennes en Cisjordanie, laquelle serait divisée en deux. D’autres projets de colonisation nouveaux couperaient en deux le nord de la Cisjordanie, et encercleraient à la fois Bethléem et Hébron dans le sud. Ces activités sont illégales aux termes du droit international et il convient d’y mettre fin, insiste-t-il.
Par ailleurs, il souligne que les affrontements croissants ont eu un effet dévastateur sur la situation humanitaire et économique dans les territoires palestiniens occupés, que l’économie palestinienne a pratiquement cessé de fonctionner dans certaines zones en raison principalement de la politique de couvre-feux et de bouclages appliquée par Israël. Cette situation l'a amené à envoyer Mme Catherine Bertini dans la région en qualité d’Envoyé personnel du Secrétaire général pour les questions humanitaires. Après en avoir examiné les recommandations, le 17 septembre 2002, le Quatuor - ONU, Etats-Unis, Fédération de Russie et Union européenne - a instamment engagé les parties à reconnaître leurs responsabilités respectives et à agir en conséquence.
Le Secrétaire général indique par ailleurs qu'au cours de l’année écoulée, la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine, a fait l’objet de consultations et de débats approfondis au Conseil de sécurité qui a adopté cinq nouvelles résolutions, en particulier la résolution 1397 (2002) dans laquelle il a affirmé sa vision d’une région où deux États, Israël et la Palestine, vivraient côte à côte à l’intérieur de frontières sûres et reconnues. Cette vision d’une solution prévoyant deux États a obtenu l’appui de toute la communauté internationale. Il déplore qu’il reste si peu de la confiance mutuelle qui avait si laborieusement été instaurée entre les parties. L’intervention et les encouragements réguliers et systématiques de tiers seront indispensables pour les aider à trouver une voie qui leur permette de sortir de l’actuel cercle vicieux de destruction.
Dans le cadre de cet effort, le Quatuor constitue un nouveau mécanisme de coordination des efforts internationaux de paix, estime M. Annan qui en détaille les travaux. Ce Quatuor, explique-t-il, s’est réuni pour la première fois au niveau principal au Siège de l’ONU à New York en novembre 2001. En mai 2002, à Washington, il a annoncé son intention de collaborer avec les parties en vue de tenir une conférence internationale de paix axée sur les moyens d’atteindre l’objectif de deux États énoncé dans la résolution 1397 (2002) du Conseil de sécurité. En juillet 2002, à New York, il est convenu de poursuivre les objectifs suivants: deux États démocratiques vivant côte à côte dans la paix et la sécurité; la cessation complète et durable de la violence et du terrorisme; la fin de l’occupation qui a commencé en 1967; l’arrêt de l’implantation de colonies de peuplement; la réforme des institutions civiles et de sécurité de l’Autorité palestinienne; la tenue d’élections palestiniennes; et la conclusion dans un délai de trois ans des négociations sur un règlement permanent des questions en suspens. En septembre 2002, le Quatuor a convenu d’un plan d’application en trois phases échelonnées sur trois ans visant à parvenir à un règlement global.
En mars 2002, rappelle-t-il par ailleurs, le Sommet de la Ligue des États arabes a adopté à l’unanimité – en tant qu’Initiative arabe de paix – le plan proposé par le Prince héritier Abdullah bin Abdul Aziz d’Arabie saoudite demandant le retrait intégral d’Israël de tous les territoires arabes occupés depuis juin 1967 et l’acceptation par Israël d’un État palestinien indépendant ayant Jérusalem-Est pour capitale, en échange de l’établissement de relations normales avec les pays arabes.
Comme l’Assemblée générale l’a souligné en de nombreuses occasions, parvenir à un règlement définitif et pacifique de la question de Palestine – qui est au cœur du conflit arabo-israélien – est impératif si l’on veut parvenir à une paix globale et durable au Moyen-Orient. A cet égard, le Secrétaire général espère que les choses avanceront également en ce qui concerne les volets syrien et libanais. L’Organisation des Nations Unies, pour sa part, continuera d’appuyer la reprise d’un processus de paix réel et de jouer un rôle de premier plan dans les efforts visant à réduire les graves problèmes économiques et sociaux auxquels le peuple palestinien se trouve confronté, affirme-t-il. Il demande en outre à la communauté internationale de fournir les ressources nécessaires pour financer les programmes de l’Organisation des Nations Unies visant à remédier à la détérioration de la situation économique et humanitaire du peuple palestinien, en particulier de fournir des fonds adéquats pour l’UNRWA.
Outre la réponse du Conseil de sécurité datée du 30 septembre 2002, ce rapport contient également celles du représentant d'Israël auprès de l'ONU, de l'Observateur permanent de la Palestine ainsi que du représentant de la République arabe syrienne.
Projets de résolution
Jérusalem (A/57/L.44)
Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale, exprimant sa vive inquiétude devant toute mesure prise par une entité gouvernementale ou non gouvernementale, quelle qu’elle soit, et réaffirmant que la communauté internationale porte un intérêt légitime à la question de la ville de Jérusalem et à la protection de sa dimension spirituelle et religieuse particulière, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies sur la question, rappelle qu’elle a établi que toute mesure prise par Israël en vue d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration à la Ville sainte de Jérusalem est illégale et, de ce fait, nulle et non avenue et sans validité aucune. L’Assemblée déplore que certains États aient transféré leur mission diplomatique à Jérusalem, au mépris de la résolution 478 (1980) du Conseil de sécurité et demande de nouveau à ces États de se conformer aux dispositions des résolutions applicables des Nations Unies. Elle souligne qu’un règlement global, juste et durable de la question de la ville de Jérusalem devrait tenir compte des préoccupations légitimes des deux parties, palestinienne et israélienne, et comporter des dispositions assorties de garanties internationales qui assurent la liberté de culte et de conscience de ses habitants, ainsi que l’accès permanent, libre et sans entrave aux Lieux saints des personnes de toutes les religions et nationalités.
Le Golan syrien (A/57/L.45)
Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale, se déclarant profondément préoccupée par le fait que, dans la voie des négociations avec la République arabe syrienne, le processus de paix s’est arrêté, et exprimant l’espoir que les pourparlers de paix reprendront prochainement à partir du stade déjà atteint, constate une fois de plus que le maintien de l’occupation du Golan syrien et son annexion de facto font obstacle à l’instauration d’une paix d’ensemble, juste et durable dans la région. L’Assemblée déclare également que la décision du 14 décembre 1981 par laquelle Israël a imposé ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé est nulle et non avenue et sans validité aucune, comme le Conseil de sécurité l’a confirmé dans sa résolution 497 (1981). Elle demande à Israël de reprendre les pourparlers dans la voie des négociations avec la République arabe syrienne et le Liban et de respecter les garanties et engagements déjà convenus et exige une fois de plus qu’en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité Israël se retire de tout le Golan syrien jusqu’à la ligne du 4 juin 1967.
Déclarations
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a présenté les deux projets de résolution (A/57/L.44 et A/57/L.45) relatifs à Jérusalem et au Golan syrien. Concernant le premier texte, il a rappelé que le document déplore que certains Etats aient transféré leur mission diplomatique à Jérusalem, au mépris de la résolution 478 du Conseil de sécurité et souligne qu'un règlement juste et durable de la question devra tenir compte des préoccupations légitimes des deux parties. Le projet de résolution relatif au Golan syrien réaffirme que la persistance de l'occupation du Golan syrien fait obstacle à l'instauration d'une paix d'ensemble et demande, une fois de plus, le retrait d'Israël jusqu'à la ligne du 4 juin 1967. Le représentant a ensuite rappelé quelles étaient les grandes lignes suivies par son pays dans sa politique au Moyen-Orient.
Il a jugé nécessaire de mettre fin à l'occupation israélienne des territoires arabes en Syrie et au Liban et réaffirmé son soutien aux résolutions 242 et 338 ainsi qu'au principe des territoires contre la paix; l'Egypte souhaite le retrait total d'Israël de tous les territoires arabes occupés, des arrangements de sécurité réciproque garantissant la sécurité de tous les Etats de la région. Le représentant a déploré que les efforts de la communauté internationale se heurtent depuis 1997 à la persistance des colonies de peuplement et de l'occupation des territoires arabes. Le représentant a souhaité un geste de bonne volonté de la part d'Israël qui doit répondre avec sérieux et crédibilité aux efforts de paix.
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark), au nom de l'Union européenne et des pays associés, regrette que, depuis plus de 50 ans, la situation au Moyen-Orient reste toujours difficile avec, au centre du problème, le conflit israélo-palestinien. L'Union européenne condamne fermement tous les actes de violence et de terreur récents qui ne servent, selon elle, qu'à faire échouer le processus de réconciliation. Convaincue du fait que tout règlement juste et pacifique du conflit israélo-palestinien passe par un processus de négociation, l'Union européenne participe activement aux travaux du Quatuor pour le Moyen-Orient qui se consacre à la mise en œuvre d'un plan de règlement en trois phases, visant à parvenir au règlement final du conflit israélo-palestinien d'ici à juin 2005. Elle réaffirme que toute paix au Moyen-Orient doit être globale, ce qui suppose également un règlement de paix final entre Israël, la Syrie et le Liban. L'Union européenne estime que tout règlement juste et global de ce conflit, y compris la situation du Liban et de la Syrie, doit se baser sur les résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité, les termes de référence de Madrid, en particulier le principe de la terre contre la paix, et sur l'application de tous les accords existants entre les parties. Elle accueille favorablement l'Initiative de paix arabe lancée en mars dernier, lors du Sommet des pays de la Ligue arabe à Beyrouth, dans la mesure où, pour la première fois, on offre la possibilité à Israël de normaliser ses relations avec tous les pays de la Ligue arabe, une fois le règlement de paix global appliqué.
En ce qui concerne la situation au Sud-Liban, l'Union demande au Gouvernement libanais de pleinement assumer ses responsabilités et de faire valoir son autorité dans cette région, notamment par le déploiement de ses troupes le long de la Ligne bleue, afin que la paix et la sécurité puissent y être restaurées; et à Israël de mettre fin aux autres violations de cette ligne. Les deux parties doivent également garantir la sécurité et la liberté de mouvement du personnel de la FINUL. En conclusion, Mme Loj a appelé toutes les parties à collaborer étroitement avec le Quatuor pour pouvoir réaliser l'objectif d'un règlement de paix final, juste et global au Moyen-Orient.
M. TIM McIVOR (Nouvelle-Zélande) a regretté que la violence ne cesse de faire rage en Israël et dans les territoires occupés, en particulier ces derniers jours, et a condamné tous les actes de violence quels qu’en soit les auteurs. Il a affirmé qu’Israël avait le droit de vivre dans des frontières simples et reconnues mais ne pourrait réaliser ce droit par la violence, de même que les Palestiniens avaient le droit de vivre en paix dans des frontières reconnues mais que ce droit ne s’obtiendra pas par le terrorisme. A cet égard, le représentant a estimé que la communauté internationale avait la responsabilité de persévérer dans ses efforts en faveur de la paix au Proche-Orient, saluant à ce titre ceux de l’Union européenne. En outre, le représentant a estimé que le règlement du conflit permettrait d’influer de manière positive sur les relations entre le monde occidental et le monde arabe. Il a par ailleurs rappelé la malnutrition dont souffrent les Palestiniens, estimant que cette situation était aussi grave que celle dont souffrent les pays d’Afrique subsaharienne. Le représentant a espéré que la feuille de route du Quatuor qui était en cours d’élaboration, recueillerait l’appui du Conseil de sécurité et a encouragé la mise en place d’un dialogue plus actif au sein des Nations Unies entre toutes les parties concernées par la situation au Moyen-Orient.
M. ÜMIT PAMIR (Turquie) s’est dit préoccupé par le cycle de violence continu depuis un an au Moyen-Orient et plus particulièrement par le fait que cette violence devient banale et normale. Il a condamné fermement tous les actes de violence et de terreur et fait valoir que de tels actes ne peuvent en aucune manière servir la cause palestinienne. A l’inverse, l’usage excessif et disproportionné de la force ne peut davantage servir la cause de la paix, a-t-il dit, mais uniquement perpétuer et accentuer le désespoir et la violence. La terreur et la violence compromettent à jamais les attentes des générations futures et assombrissent leurs perspectives, a dit M. Pamir, avant de lancer un appel à la revitalisation du processus de paix. Pour cela, il faut que les parties parviennent à dépasser le manque de confiance profond qui a miné ce processus, a-t-il observé, les exhortant à observer les dispositions de la résolution 1435 du Conseil de sécurité relative à l’arrêt de toute forme de violence. En outre, les parties doivent reprendre les négociations sur la base des résolutions 242, 338 et 1397, ainsi que sur la base des accords conclus à Madrid, à Oslo et depuis ces rencontres, a jugé le représentant de la Turquie. Encourageant ensuite les efforts du Quatuor, il a estimé que le plan de route défini en septembre dernier est un jalon important pour mettre fin à la violence, revitaliser le processus de paix, et parvenir à terme à la coexistence de deux États, la Palestine et Israël, vivant dans des frontières sûres et reconnues. M. Pamir a assuré de la disponibilité de la Turquie à collaborer aux efforts visant à faire progresser le processus politique au Moyen-Orient et a réitéré l’invitation de son pays à accueillir la Conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient.
M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine auprès des Nations Unies, a estimé que la situation au Moyen-Orient continuait de se dégrader au point qu'il est difficile d'entrevoir l'avenir; la région vit dans la crainte d'une nouvelle guerre; en outre le fossé entre la région et le monde industrialisé ne cesse de s'accroître, de même que le fossé entre les religions. Le Moyen-Orient constitue une région d'importance stratégique compte tenu de ses ressources, a-t-il rappelé. Ses peuples sont fiers de leurs cultures, de leur histoire et de leurs religions et ils n'accepteront pas de continuer de n'être pas pris au sérieux. Malgré l'indépendance d'un grand nombre d'Etats, l'ère de libération nationale n'est pas achevée dans le monde arabe, a souligné l'Observateur, ainsi l'occupation de la Palestine et tout ce qu'elle entraîne se trouve-t-elle au cœur du problème. La colère et l'animosité envers Israël sont le résultat des nombreuses injustices subies par le peuple palestinien, a-t-il estimé. La question se place sur le plan de l'humiliation, puisqu'une partie souhaite poursuivre les injustices et les aggrave, alors que la région est prise pour cible et que l'Occident appuie en général Israël au mépris des règles qu'il a lui-même établies.
Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, on veut nous faire croire que le problème vient des régimes arabes, de leur administration et de leur manque de démocratie. Après le 11 septembre, chacun a condamné ce qui s'était produit et des appels ont été lancés pour revoir les politiques qui encouragent le terrorisme. M. Al-Kidwa a souhaité condamner de nouveau les actes de terrorisme. Israël, a-t-il dit, a tenté de faire le lien entre le conflit palestino-israélien et la lutte contre le terrorisme international; il a voulu comparer ce qu’il faisait avec ce que les alliés font en Afghanistan. En déformant ainsi la réalité, nous allons arriver à une confrontation entre religions et civilisation et alimenter les groupes fondamentalistes, a-t-il prévenu. En outre, il faut parler de la menace de guerre que connaît l'Iraq, a-t-il ajouté: si elle devait se produire, elle aurait de graves conséquences pour tous, a-t-il estimé en rappelant la résolution 1441 du Conseil de sécurité, une troisième voie qui selon lui doit être mise en œuvre. L'Observateur a, à cet égard, dénoncé le système des deux poids, deux mesures en se demandant pourquoi aucun effort n'avait été fait pour éliminer les menaces que représentent les armes de destruction massives dans les mains d'Israël.
En conclusion, M. Al-Kidwa a assuré qu'il continuait d'espérer pouvoir vivre, dans un avenir proche, dans un nouveau Moyen-Orient exempt de haine, où tous les peuples pourraient vivre dans la paix, la prospérité et la sécurité. Il faudra pour cela réexaminer les politiques et positions en la matière et se remettre au travail tous ensemble.
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a condamné les actes de terrorisme et déploré que, en dépit des efforts de la communauté internationale pour mettre un terme aux hostilités et restaurer la paix, le cycle brutal de la violence se poursuive. Le Gouvernement japonais soutient le travail des membres du Quatuor et les efforts des parties concernées pour réaliser la vision de deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. En outre le groupe de la réforme de l’Autorité palestinienne, dont le Japon est membre, réfléchit à des réformes dans sept domaines, en consultation avec les deux parties. Le représentant a également mis l’accent sur la situation économique et humanitaire des Palestiniens, qui nécessite un engagement de la communauté internationale, et a rappelé l’assistance que son pays apporte aux Palestiniens, qui s’élève à 600 millions de dollars depuis 1993.
M. JENÖ C.A. STAEHELIN (Suisse) a exprimé sa vive inquiétude quant à la situation alarmante au Proche-Orient, estimant que la recrudescence de la violence compromettait l’avenir de toute une génération dont les droits de vivre en liberté et en sécurité sont sacrifiés et entretenait le désespoir suicidaire et l’illusion de la sécurité par le recours à la force. A cet égard, le représentant a rappelé les obligations contenues dans la résolution 1435 du Conseil de sécurité. Reconnaissant et affirmant avec force le droit d’Israël à vivre dans la sécurité et la paix ainsi que le droit du peuple palestinien à créer son propre Etat, le représentant a estimé, entre autres, que la mise en place d’une véritable coopération sécuritaire entre les parties, accompagnée de mesures de revitalisation socioéconomique et humanitaire au bénéfice des Palestiniens, constituait la condition nécessaire d’une confiance mutuelle restaurée et la reprise d’un véritable processus de paix.
A ce titre, il a estimé qu’une négociation n’était possible que s’il existait une perspective politique capable de mener à bien une solution pacifique et équitable du conflit et que ce compromis ne pouvait résulter que d’une négociation fondée sur les résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité, sur les termes de référence de la Conférence de Madrid, sur le principe «land for peace» et sur la mise en œuvre de tous les accords préalablement conclus par les parties, soutenant à cet égard tous les efforts actuels du Quatuor. Par ailleurs, le représentant a affirmé que son pays s’engageait avec détermination pour le respect du droit international humanitaire par les deux parties. Il a estimé qu’Israël devait reconnaître que l’expansion et la création de nouvelles colonies de peuplement dans les territoires occupés constituent un obstacle à la paix et un facteur d’insécurité, rappelant à ce titre que les colonies étaient contraires au droit international.
M. NGUYEN THANH CHAU (Viet Nam) a rappelé qu'il n'y a pas une question qui ait plus mobilisé l'attention des Nations Unies et de la communauté internationale que celle du Moyen-Orient et du conflit israélo-palestinien. Ponctué par des guerres sanglantes et des conflits localisés générés par l'occupation par Israël de territoires appartenant légitimement aux arabes palestiniens, ce conflit est un sujet de préoccupation constante pour la communauté internationale. La violence engendre le désir de vengeance et c'est alors un cercle vicieux, a déploré le représentant.
Selon lui, personne ne tire bénéfice de cette situation: pour Israël et les territoires voisins, c'est une source d'insécurité permanente mais pour les Palestiniens, c'est le sentiment d'un déni du droit inaliénable à l'autodétermination et au statut d'Etat auxquels ils ont droit. Cela affecte aussi la communauté internationale et le récent meurtre d'un représentant des Nations Unies dans le Camp de Djénine en est une douloureuse illustration. L'emploi de la force et des armes ne peut résoudre le problème, a déclaré le représentant, et seule une négociation pacifique prenant en compte les intérêts légitimes de toutes les parties concernées pourrait permettre de résoudre ce conflit. La reprise du processus de paix est par conséquent d'autant plus importante et urgente, a-t-il estimé.
Depuis plus de cinquante ans des millions de Palestiniens sont devenus des réfugiés dans leur propre pays. De même, les couvre-feux militaires incessants et les restrictions de déplacement affectent gravement la vie de ce peuple, a déclaré le représentant. A cet égard, M. Nguyen Thanh Chau a tenu à remercier vivement l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), les pays donateurs, les organes de l'ONU ainsi que les organisations non gouvernementales pour leur soutien au peuple palestinien. Il a en outre indiqué que dans un message adressé au Secrétaire général et au Président du Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien, à l'occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien le 29 novembre dernier, le Président du Viet Nam, M. Tran Duc Long, a exhorté les parties prenantes à réactiver le processus de paix et à appliquer les accords y relatifs notamment celui signé au Sommet de Charm el-Cheikh et le plan du Comité Mitchell, et ce afin de trouver au plus vite une solution au conflit israélo-palestinien.
M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) a exprimé l’inquiétude de sa délégation face à la dégradation de la situation dans le Moyen-Orient, région confrontée à un cycle mortel de violence qui a coûté la vie à des milliers de civils, dont de nombreux enfants, et plongé dans la terreur et la misère des milliers d’autres. La violence et la terreur ne mènent nulle part, a-t-il poursuivi, regrettant qu’un demi-siècle après la résolution 181 de l’Assemblée générale, l’État palestinien n’existe toujours pas. Le droit inaliénable du peuple palestinien à disposer d’un État souverain avec Jérusalem-Est comme capitale n’a toujours pas été mis en application, a-t-il dit, condamnant également la poursuite des colonies de peuplement et interpellant la communauté internationale sur la condition des 4 millions de réfugiés palestiniens. M. Requeijo a jugé regrettable que le Conseil de sécurité reste l’otage du diktat d’une grande puissance qui agite la menace du droit de veto et perpétue la pratique du deux poids, deux mesures qui laisse Israël bénéficier de l’impunité. Une paix durable dans la région doit passer par la mise en œuvre des dispositions de la résolution 1397 (2002), a-t-il ensuite indiqué, et donc par la reconnaissance de l’existence de deux États, Israël et la Palestine, vivant dans des frontières sûres et reconnues. Qu’a-t-on fait pour faire cesser la violence, a interrogé ensuite M. Requeijo, regrettant qu’aucune mission d’enquête n’ait été envoyée après les événements intervenus au printemps 2002 dans le camp de réfugiés de Djénine. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle exige le retrait d’Israël des territoires palestiniens occupés, notamment de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, ainsi que du Golan syrien et des zones encore occupées au Liban. Il a demandé la reprise des négociations sur la base des résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité et le déploiement d’une force multinationale de protection des civils palestiniens.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a souligné que les nombreux témoignages de sympathie reçus par le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien lors de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, témoignent de l'intérêt soutenu que porte la communauté internationale à l'épineuse question du Moyen-Orient.
Le Burkina Faso suit avec attention l'évolution alarmante de la situation dans cette région dont le problème le plus crucial est l'occupation des terres palestiniennes. La politique israélienne de colonisation systématique des territoires palestiniens, d'expropriation voire de bannissement de leurs populations, est la principale cause de cette tension permanente ponctuée d'attentats-suicide, d'accrochages militaires et d'exactions de toutes sortes, a estimé M. Kafando. Cela se traduit par des dégâts matériels et surtout par d'énormes pertes en vies humaines touchant plus particulièrement les enfants.
En affaiblissant l'Autorité palestinienne, en assujettissant les territoires occupés à sa législation et en profanant des lieux sacrés, Israël suscite en effet contre lui des organisations qui n'ont d'autre choix que de s'exprimer par la violence, a déclaré le représentant.
Le conflit du Moyen-Orient entre maintenant dans sa cinquante- quatrième année sans que véritablement l'espoir d'une solution ou d'une paix durable ne se profile à l'horizon. Cependant, de nombreuses actions diplomatiques pouvant permettre la reprise du processus politique sont actuellement en cours, a fait remarquer M. Kafando, la cessation des actes de violence étant un préalable indispensable. Il a donc engagé les protagonistes à signer un modus vivendi excluant tout acte de violence pendant la période des négociations et préconisé, en priorité, la mise en œuvre du plan saoudien ou plan Abdallah, adopté par le Conseil des Etats arabes au Sommet de Beyrouth le 27 mars 2002. Ce plan qui a reçu le soutien de la communauté internationale et a été encore réaffirmé dernièrement par la résolution 1397 du Conseil de sécurité, lequel adhère désormais à l'idée de deux Etats, Israël et un Etat palestinien indépendant, vivant côte à côte dans la paix et l'harmonie, a indiqué le représentant. Il a salué à cette occasion les initiatives tant individuelles que collectives, tels que le Plan Tenet, le rapport Mitchell et le plan de paix du Quatuor, dont l'ambition est d'aboutir à la création d'un Etat palestinien en 2005 avec l'aval d'Israël et avec à sa tête l'actuel président de l'autorité palestinienne, Yasser Arafat.
M. ARTHUR MBANEFO (Nigéria) a condamné la récente escalade de la violence entre Palestiniens et Israéliens. Il a ainsi établi un parallèle entre les opérations militaires menées par Israël, l’humiliation délibérée du dirigeant palestinien et les attentats-suicide commis par des Palestiniens. Toutes ces actions violent les accords de Madrid et ceux d’Oslo, a-t-il déclaré. Le Nigéria, a-t-il repris, estime qu’il faut trouver une solution juste et durable à la question de Palestine, cohérente avec les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité. En cela, le Nigéria demande le retrait d’Israël des territoires palestiniens occupés depuis 1967. Le représentant a également exhorté les parties en présence à relancer le processus de paix et a demandé à l’Assemblée générale de répondre à la fois aux demandes de sécurité de l’Etat d’Israël et aux aspirations politiques du peuple palestinien.
M. Mbanefo a également apporté son soutien au Secrétaire général au sujet des relations entre le Liban et Israël. La Ligne bleue doit être respectée par toutes les parties en présence, a-t-il déclaré. Il a également fait part de sa préoccupation en ce qui concerne la région du Golan. Pour obtenir une paix durable et juste, qui permette la coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, au sein de frontières reconnues et respectées, le représentant a soutenu l’idée d’une conférence internationale. Toutes les initiatives multilatérales qui viseront à rétablir la paix seront soutenues par son pays, a-t-il conclu.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège), a indiqué que, depuis le début de l’Intifada, plus de 1 800 Palestiniens et plus de 600 Israéliens avaient été tués au Moyen-Orient. Récemment, un fonctionnaire des Nations Unies a été abattu et la violence ne semble pas prête de cesser à un moment où les deux parties se retrouvent à négocier, difficilement, sans aide extérieure, a dit le représentant.
C’est pourquoi la Norvège soutient la feuille de route des Etats-Unis, de l’Union européenne, des Nations Unies et de la Fédération de Russie pour parvenir à la paix dans la région d’ici à 2005, a-t-il poursuivi. Basée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et les accords existants, une telle feuille de route pourrait, à terme, conduire les deux peuples vers une paix durable. Mais déjà nous demandons à Israël de mettre fin à ses activités menées en représailles contre les attentats palestiniens dans les territoires occupés, et à l’Autorité palestinienne de se positionner sans équivoque contre le terrorisme.
Dans les présentes et difficiles circonstances, la Norvège continue d’assumer la présidence du Comité de liaison ad hoc pour l’assistance aux Palestiniens. Et elle réclame, à ce titre, que la communauté des donateurs se joigne aux efforts du Quatuor pour remettre en marche le processus de paix.
M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) a déploré la détérioration de la situation dans les territoires occupés, condamnant les actes terroristes de toute nature et appelant l’Autorité palestinienne à prendre des mesures à l’encontre des organisations terroristes palestiniennes. Il a par ailleurs exhorté Israël à faire en sorte que soient levés les barrages qui empêchent la libre circulation des organisations humanitaires partout où leur besoin se fait sentir, ainsi qu’à cesser leurs pratiques, notamment à Gaza, qui compromettent tout projet de réforme. Les deux camps doivent maintenant se concerter sur la base des éléments de la feuille de route du Quatuor, afin d’atteindre un règlement pacifique du conflit, de même que sur la base des résolutions successives du Conseil de sécurité. En tant que membre du Quatuor et coauteur du processus de paix, la Russie continuera de travailler en ce sens, a conclu le représentant.
M. OMER MANIS (Soudan) a estimé que l'évolution du processus de paix au Moyen-Orient avait des répercussions claires sur la sécurité et la paix. Il a déclaré qu'Israël faisait part d'arrogance et de mépris à l'égard de la légitimité et des droits fondamentaux des personnes et a estimé que la politique de meurtre et le terrorisme d'Etat d'Israël avaient accru les tensions et le sentiment d'amertume du peuple palestinien, le conduisant ainsi à renforcer sa lutte légitime. Les forces d'occupation terrifient la population palestinienne, a poursuivi le représentant, estimant que tous ces actes constituaient une violation des résolutions du Conseil de sécurité et des principes de la Charte des Nations Unies.
A cet égard, le représentant à appelé la communauté internationale à contraindre Israël à quitter toutes les terres arabes qu'il occupe, dont les territoires palestiniens et le Golan syrien ainsi qu'à libérer les détenus palestiniens, libanais et syriens. Enfin, le représentant a jugé essentiel de désarmer Israël de ses armes nucléaires afin de rétablir l'équilibre dans la région, Israël étant le seul pays de la région à posséder l'arme nucléaire.
M. Al-JOMAE (Arabie saoudite) a déploré les guerres et autres actes de destruction perpétrés par Israël dans le Moyen-Orient depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Malgré les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, Israël continue de défier la légalité internationale, a-t-il regretté, condamnant les actes de violence perpétrés par Israël et la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens, du Golan syrien et de certaines parties du Liban. Le représentant a invité la communauté internationale à contraindre Israël à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité, notamment celles qui recommandent la coexistence de deux États, Israël et la Palestine, vivant dans des frontières sûres et reconnues. Il s’est inquiété également du risque de prolifération nucléaire posé par le refus israélien de souscrire au Traité de non-prolifération et s’est dit ensuite préoccupé des risques de déstabilisation posés par une éventuelle guerre contre l’Iraq, invitant ce dernier à répondre aux exigences des Nations Unies et de la communauté internationale.
Le Prince ZEID RA’AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a condamné les pratiques israéliennes dirigées contre les populations palestiniennes et appelé Israël à cesser immédiatement l’occupation des villes palestiniennes, source principale de frustration et de désespoir du peuple palestinien, et qui contribue directement à renforcer le rôle des organisations extrémistes des deux côtés. Le seul moyen de mettre un terme au conflit palestino-israélien, a estimé le représentant, est de reprendre un processus politique sur la base du mandat de la Conférence de paix de Madrid, qui insiste notamment sur le retrait complet des territoires occupés depuis 1967, au nombre desquels les territoires palestiniens, syriens et libanais. Le processus de paix doit reprendre, qui identifierait les obligations des deux parties et se traduirait, a insisté le représentant, par le retrait inconditionnel de tous les territoires occupés depuis 1967, la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale, et une solution concertée au problème des réfugiés palestiniens sur la base des résolutions successives du Conseil de sécurité. A ce propos, le représentant a attiré l’attention sur le problème de leur accueil, qui représente un coût considérable pour le Gouvernement jordanien depuis maintenant 50 ans, et il a appelé l’UNRWA à maintenir sa présence dans la région.
M. LUIS E. CAPPAGLI (Argentine) a déploré que les deux parties concernées ne réalisent pas que le conflit ne pourra jamais être résolu grâce à une solution militaire ou à une solution imposée par le terrorisme. Il a rappelé en outre, que le rapport d'Amnesty International concluait que certains actes des forces israéliennes dans le camp de Djénine pouvaient être qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité et que, d'autre part, le rapport de Human Rights Watch attestait que les attentats-suicide perpétrés par des groupes palestiniens contre des civils israéliens sont aussi des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Les deux parties sont donc coupables de graves violations à l'égard des obligations relatives aux droits de l'homme issues du droit international, a souligné le représentant.
Par ailleurs, déplorant la mort de M. Lain Hook le 22 novembre dernier au Moyen-Orient, le représentant a répété sa préoccupation à l'égard de la sécurité du personnel humanitaire des Nations Unies. Soutenant catégoriquement les efforts du Quatuor pour parvenir à une résolution pacifique du conflit, il a estimé que des progrès devraient être également réalisés parallèlement dans les domaines politiques, économiques et en ce qui concerne la sécurité. A cet égard, il a lancé un appel insistant pour que le Gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne travaillent de concert avec le Quatuor pour la mise en place de la feuille de route. Il n'y a pas d'autre alternative au Proche-Orient qu'une solution basée sur les résolutions 224, 338 et 1397 du Conseil de sécurité et notamment le principe "terre contre paix", a enfin rappelé le représentant.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a déclaré que, récemment, le cycle des attaques et des représailles est devenu si fréquent et familier qu’il existe un danger pour que la violence du conflit soit acceptée comme une caractéristique inévitable de la situation au Moyen-Orient. Ceci ne peut être favorable à l’image des Nations Unies surtout en ce qui concerne l’accomplissement de ses responsabilités sur un sujet de grande importance pour la paix mondiale. Un climat de méfiance et d’hostilité mutuelle a engendré de plus en plus de violence, qui a fait un grand nombre de victimes dans les populations palestinienne et israélienne. La situation humanitaire de la région se détériore et demeure très inquiétante. Elle résulte de la politique rigide favorisant les solutions militaires qui ne font qu’aggraver le conflit et conduit à une violence continue, a ajouté le délégué.
M. Neil a précisé que la Jamaïque rejoignait les modérés appelant à la paix. Alors que la Jamaïque ne sous-estime guère la difficulté ou la complexité du problème, elle continue de croire que la paix est possible, nécessaire et qu’elle demande de la persévérance et un effort continu et actif. Il est clair qu’il appartient aux parties intéressées de partager la responsabilité de faire la paix, mais il ne serait pas réaliste de les laisser seules prendre cette initiative. Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait faire plus en ce sens. Le processus de paix, entamé par la Conférence de Madrid et les Accords d’Oslo, ne devrait pas être abandonné. Nous avons besoin d’une initiative politique venant de la communauté internationale pour faire avancer le processus et amener les parties à négocier sans conditions préalables.
Le droit des Palestiniens de vivre dans la dignité et dans un Etat palestinien indépendant est aujourd’hui largement reconnu et indispensable pour tout règlement. Il est temps de mettre fin à l’occupation et à l’établissement illégal des colonies de peuplement. Enfin, il devrait y avoir une reconnaissance du droit de tous les Etats de la région de coexister dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues. Ainsi, la Jamaïque condamne toute violence contre des civils israéliens ou palestiniens.
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) s’est inquiété de l’escalade catastrophique de la violence à l’encontre du peuple palestinien et de ses infrastructures. Chaque mois, ces derniers temps, les onze années du processus de paix observées depuis Madrid deviennent de plus en plus exsangues et le processus de paix est au point mort, particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement extrémiste en Israël.
Le Gouvernement israélien refuse de mettre en œuvre les résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité et poursuit la politique des colonies de peuplement, a-t-il dénoncé, avant de regretter qu’Israël ait mis un terme aux négociations visant à récupérer le Golan. M. Wehbe a condamné la politique israélienne consistant à faire venir des populations juives du monde entier pour les réinstaller sur des terres appartenant aux populations arabes, détournant les sources d’eau du Golan, dégradant l’environnement et les forêts. En outre, a-t-il dit, un demi-million de personnes a été chassé du Golan et a dû se réfugier ailleurs: leur terre doit leur être rendue.
Les Israéliens savent pertinemment que l’occupation, la répression et l’injustice ne sauraient prévaloir sur le droit car, tôt ou tard, le Golan reviendra à la Syrie, et ce quelque soit la puissance militaire israélienne. Les activités menées par Israël dans la bande de Gaza et en Cisjordanie sont des massacres de civils qui s’apparentent à un génocide, a-t-il déclaré, faisant référence ensuite à un rapport d’Amnesty International qui qualifie la réoccupation de Naplouse et les événements de Djénine de crimes de guerre. Il a dénoncé les destructions d’installations sanitaires et les exactions perpétrées par Israël sur le personnel humanitaire, condamnant le fait qu’Israël, sous prétexte d’une lutte contre le terrorisme, neutralise la lutte légitime du peuple palestinien pour son autodétermination. Le phénomène du terrorisme était inconnu dans le Moyen-Orient avant la création d’Israël, a-t-il dit ensuite, mais depuis, Israël est devenu maître dans le domaine du terrorisme d’État et ne laisse plus aux populations arabes que l’Intifada pour se défendre et faire cesser son occupation, a-t-il ajouté.
La paix est inconciliable avec la démonstration de force de l’État d’Israël, ni avec ses colonies de peuplement, a indiqué M. Wehbe, regrettant qu’aucune mesure n’ait jamais été prise au titre du Chapitre VII pour contraindre Israël à se soumettre aux dispositions du droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité. Le représentant a invité la communauté internationale à exercer toutes les pressions possibles sur Israël pour faciliter la mise en œuvre des dispositions arrêtées à Beyrouth par la Ligue arabe, connue sous le nom d’Initiative de Beyrouth, et pour mettre un terme à la politique du deux poids, deux mesures et à la sélectivité dans le traitement des problèmes, qui soulignent la différence de traitement entre Israël et l’Iraq à propos du non-respect des résolutions du Conseil de sécurité.
M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a regretté le manque de coopération de la part d’Israël en matière d’application des résolutions relatives à la question de Palestine. Il est d’autant plus préoccupant, a-t-il ajouté, que la réoccupation des territoires palestiniens constitue un défi à ces résolutions. Le représentant a fait part de sa consternation quant à l’attitude visant à enterrer les Accords d’Oslo, à fermer la porte devant les solutions politiques, et à déclarer par là même qu’il n’est d’approche en matière de lutte contre la terreur que militaire. Aussi a-t-il appelé les parties au conflit à mettre fin à la violence et à retourner sans délai à la table des négociations.
M. Maquieira a déclaré que son pays reconnaît qu’Israël a le droit de vivre à l’intérieur de frontières sûres et protégées des actes de terreur. Il a par ailleurs affirmé que les attentats-suicide à la bombe, ainsi que tout autre acte criminel de terrorisme, sont moralement inacceptables. Toutefois, a-t-il poursuivi, le recours excessif d’Israël à la force et les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire ne sont pas justifiables. Le représentant a par ailleurs affirmé que son pays appuie les efforts déployés par le Quatuor, et approuve son approche basée sur trois fronts, économique, politique, et sécuritaire, et l’exhorte à continuer à conduire le processus vers une solution globale, juste, durable et négociées entre les parties sur la base des résolutions 242, 338, et 1397 du Conseil de sécurité, et du principe de l’échange de la terre contre la paix. Il faut mettre fin à l’occupation et permettre la coexistence pacifique de deux Etats indépendants vivant côte à côte à l’intérieur de frontières sûres et reconnues par la communauté internationale.
M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) s'est déclaré inquiet de l'aggravation de la crise humanitaire qui frappe les populations palestiniennes et des souffrances qui frappent à la fois les civils palestiniens et israéliens. Il a exprimé avec force son rejet du terrorisme et appelé l'Autorité palestinienne à prendre toutes les mesures en son pouvoir pour mettre fin à ce type d'attaques. Le droit légitime d'Israël à se défendre ne peut, par ailleurs, justifier le recours disproportionné et aveugle à la force, a-t-il estimé. Le représentant a appelé Israël à se retirer sur les positions qu'il occupait avant septembre 2000, avant d'affirmer qu'il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit. Il a pressé les deux parties d'appeler leurs populations à cesser les actes de violence et d'entamer les négociations sur la création d'un Etat palestinien et la fin de l'occupation des territoires palestiniens.
Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, l'Ukraine soutient pleinement les efforts engagés par le Quatuor et juge que la communauté internationale, les Nations Unies en tête, ne devaient pas relâcher leur attention ni leurs efforts pour faire avancer le processus de paix. M. KULYK a rappelé les propositions émises par le Président d'Ukraine en avril dernier en vue de parvenir à un règlement pacifique du conflit et prévoyant en parallèle une série de mesures politiques, sécuritaires et économiques. A cet égard, il a rappelé que son pays était disposé à accueillir l'année prochaine à Kiev la réunion internationale des Nations Unies sur la paix au Moyen-Orient. Par ailleurs, le représentant a prévenu qu'un règlement global de la situation dans la région sera impossible sans la reprise des négociations de paix israélo-libanaises et israélo-syriennes afin de mettre fin à l'occupation des territoires arabes et de normaliser les relations avec Israël.
M. ALEG IVANOU (Bélarus) a déploré que la situation se dégrade dans les territoires occupés, et a souhaité qu’on poursuive les efforts pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien. Le Bélarus tient à réaffirmer son attachement à une paix juste et durable au Moyen-Orient, qui ne sera pas totale sans la coexistence de deux Etats souverains à l’intérieur de frontières sûres et reconnues. Le représentant a également fait état de ses inquiétudes concernant l’Iraq, le fait qu’une guerre puisse s’y produire étant compromettant pour la stabilité de la région.
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