En cours au Siège de l'ONU

AG/1358

PLUSIEURS DELEGATIONS SOULIGNENT QUE L’IMPACT SOCIAL DU VIH/SIDA HYPOTHÈQUE LE DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DU CONTINENT AFRICAIN

13/11/2002
Communiqué de presse
AG/1358


Assemblée générale

49ème séance plénière – après midi


PLUSIEURS DELEGATIONS SOULIGNENT QUE L’IMPACT SOCIAL DU VIH/SIDA HYPOTHÈQUE

LE DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DU CONTINENT AFRICAIN


L’Assemblée générale a achevé cet après midi le débat entamé vendredi 8 novembre sur l’application de la déclaration d’engagement sur le VIH/sida adoptée en juin 2001.  Au cours de la séance, de nombreuses délégations ont affirmé que la pandémie était devenuE la principale préoccupation au sud du Sahara.  Le représentant de l’Angola, s’exprimant au nom de la communauté de développement de l’Afrique australe, a rappelé que le continent africain comptait 28 millions de personnes infectées par le virus sur un total de 40 millions de malades dans le monde, et qu’au Botswana, au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, 24 à 36% des 15/49 ans vivaient avec le virus.  Dans ce texte, de nombreuses délégations ont attiré l’attention sur le fait que la pandémie décimait progressivement une large part de la population active, ce qui avait de graves conséquences sur la croissance économique des pays les plus touchés et freinait les efforts des gouvernements pour éradiquer la pauvreté.


L’accent a également été mis sur l’importance des campagnes de prévention à l’égard des 15/25 ans, qui constituent aujourd’hui la population la plus touchée en Afrique australe.  Par ailleurs, plusieurs pays comme le Nigéria ou l’Ethiopie ont souligné le rôle clef des médias et des organisations non gouvernementales (ONG) dans la sensibilisation de l’opinion publique et dans la prise en charge psychologique des malades.  En outre, l’Observateur permanent de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a déclaré que la Fédération avait lancé une campagne mondiale intitulée “La vérité sur le sida: faites passer” destinée à prévenir, réduire, et, à long terme, éliminer les risques de discrimination et de stigmatisation.


Soulignant que, désormais, en Afrique, l'industrie la plus prospère était celle des pompes-funèbres, le représentant du Cameroun a appelé la communauté internationale à agir avant qu’il ne soit trop tard et a mis l’accent sur cinq mesures proposées par le Secrétaire général.  Il a affirmé, d’une part, que le sida -qui a été reconnu non seulement comme un problème de santé mais aussi comme un problème de développement- devait figurer dans les politiques au même titre que la lutte contre la faim ou contre la malnutrition.  A cette fin, il a souligné la nécessité d’augmenter les financements destinés à la lutte contre la pandémie qui se développe aujourd’hui trois fois plus vite que les ressources pour la combattre.  En outre, il a fait valoir que cette lutte devait être menée avec la pleine coopération de tous les secteurs ainsi qu’avec la société civile, notamment les ONG, et a jugé urgent de renforcer la coopération entre les organisations internationales en matière de prévention, de diffusion de l'information et d'éducation.  Enfin, il a estimé impératif d'intensifier la coordination des efforts entre partenaires, à savoir les organisations internationales, les ONG et les gouvernements.


Le représentant de l’Ukraine, pour sa part, a jugé essentiel d’intégrer la question du VIH/sida à toutes les politiques de développement durable et de réduction de la pauvreté.  Rappelant que l’Asie centrale et l’Europe orientale étaient les deux régions où l’épidémie croît le plus vite, il a souligné qu’en Ukraine, les estimations portaient sur quelque 400 000 personnes infectées, soit 1% de la population adulte.


A la fin de la séance, le Président a annoncé que l’Assemblée examinerait les rapports de la Sixième Commission et de la Première Commission respectivement le mardi 19 novembre au matin et le vendredi 22 novembre au matin.


Sont intervenus au cours de cette séance les représentants des pays suivants: Ethiopie, Botswana, Canada, Nigéria, Cameroun, Malawi, Chili, République tchèque, Ukraine, Erythrée, Venezuela, Liechtenstein, Malaisie, Kenya, Angola, Suriname, ainsi que l’Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.


L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain, jeudi 14 novembre, à 10 heures.


SUITE A DONNER AUX RESULTATS DE LA VINGT-SIXIEME SESSION EXTRAORDINAIRE: MISE EN ŒUVRE DE LA DECLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIRUS DE L’IMMUNODEFICIENCE HUMAINE ET LE SYNDROME D’IMMUNODEFICIENCE ACQUISE (VIH/SIDA)


Déclarations


M. GEBREHIWOT REDAI (Éthiopie) a souligné que, malgré la volonté politique, peu de ressources ont été mobilisées pour lutter contre le VIH/sida et les efforts nationaux sont restés en deçà des attentes.  Il a jugé que, pour soutenir les efforts déployés par les pays les plus affectés pour lutter contre la pandémie, le renforcement des capacités constitue l’un des domaines prioritaires, et des ressources doivent être mobilisées pour financer les échanges d’information et d’expérience.  La pandémie du VIH/sida ne peut être circonscrite à un problème de santé, a poursuivi M. Redai, car elle constitue également une menace à la paix et à la sécurité en raison de ses implications socioéconomiques.  Il a recommandé ensuite une synergie et une coopération étroites entre le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le programme ONUSIDA, en particulier dans le domaine de la formation à la prévention.  Prenant l’exemple de son pays, le représentant a déclaré qu’un Éthiopien sur onze est porteur du VIH et que des milliers d’orphelins et de personnes âgées sont laissés pour compte en raison des ravages du sida sur leurs parents et enfants.  Par ailleurs, le VIH/sida compromet les efforts déployés en matière de lutte contre la pauvreté, de sécurité alimentaire, d’assainissement et de santé primaire, a-t-il ajouté, sans compter les pertes considérables de main-d’œuvre qui pour l’instant n’ont pas été évaluées.  Dès lors, pour l’Éthiopie, inverser la progression fulgurante du VIH/sida constitue un impératif de survie, a dit M. Redai, et pour lutter contre la pandémie, un plan d’action sur cinq ans a été mis en place de même qu’un Conseil national pour la prévention et le contrôle du VIH/sida qui est présidé par le Président éthiopien.  Les médias, les institutions religieuses, les organisations non gouvernementales jouent un rôle clef dans la sensibilisation de l’opinion publique, a-t-il précisé, ainsi que dans la prise en charge psychologique des malades, et ils encouragent la population à subir des tests de dépistage.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle vienne en appui à l’Éthiopie, menacée par la famine, en s’attaquant aux racines de la pauvreté, c’est-à-dire à passer des mots aux actes concernant certaines questions liées à la prise en charge des victimes du VIH/sida, s’agissant notamment du coût des traitements antirétroviraux. 


M. A. M. DUBE (Botswana) a espéré que l’Assemblée générale établirait une nouvelle stratégie pour la mise en œuvre des engagements politiques de la Déclaration sur le VIH/sida.  A ce titre, il a rappelé que beaucoup restait à faire pour voir un changement réel des efforts collectifs de lutte contre la pandémie et que la tendance ne s’inverserait pas sans un renforcement substantiel des ressources.  Le représentant s’est également inquiété du fait que seulement 20% de la population séropositive dans le monde ait accès au traitement.


Par ailleurs, il a rappelé que le Botswana était l’un des pays les plus touchés par la pandémie: 38% des femmes enceintes entre 15 et 49 ans est infecté par le virus ainsi que 27% des hommes et femmes de ce même groupe d’âge.  Au total, 330 000 personnes sur une population de 1,7 million de Botswanais sont infectées par le virus.  Face à ce problème majeur pour le pays, le Gouvernement a mis en place un Conseil du sida multisectoriel dont le mandat est de gérer, coordonner et mettre en œuvre une action nationale contre le VIH/sida, dont, entre autres, des stratégies visant à influencer des changements de comportement.  Des programmes de prévention ont également été mis en place, notamment en ce qui concerne la transmission de la mère à l’enfant: grâce à eux 40% des enfants nés de mères séropositives qui ont été traités a pu échapper au VIH/sida.  En outre, les préservatifs, notamment féminins, sont distribués gratuitement dans les dispensaires et les écoles, entre autres.  Le représentant a également fait par de la mise en place de programmes de prévention ciblant les jeunes qui passeront à la télévision nationale et a affirmé que, d’ici à deux ans, chaque communauté et village aura son propre programme de prévention. 


S’agissant des soins, le représentant a affirmé que son gouvernement avait mis en place, entre autres, un nouveau programme de soins antirétroviraux dans les hôpitaux publics, ainsi qu’un programme de soins basé sur les communautés et les foyers qui permet aux malades d’être soignés chez eux dans leur famille.  Par ailleurs, il a déclaré que le Botswana avait construit un laboratoire, le premier en Afrique subsaharienne, qui travaillera à l’élaboration d’un vaccin dans les mois prochains.  Par ailleurs, il a tenu à rappeler que le sida avait eu un effet dévastateur sur les enfants, puisque, pour la première fois dans l’histoire, le Botswana devait faire face à un nombre croissant d’enfants orphelins dont les parents sont morts de la pandémie ou d’enfants de parents affaiblis par le VIH/sida et que le Gouvernement avait dû mettre en place un programme de prise en charge des orphelins qui, entre autres, fournit de la nourriture, des vêtements et des traitements médicaux aux enfants orphelins pris en charge par les proches.  Enfin, le représentant a tenu à attirer l’attention sur le fait que la menace représentée par le VIH/sida était réelle et coûteuse pour des pays en développement comme le Botswana, et qu’il était urgent d’y faire face collectivement.


M. GILBERT LAURIN (Canada) s’est appuyé sur le rapport du Secrétaire général pour rappeler qu’une offensive globale doit inclure des stratégies pour protéger les groupes les plus menacés, entre autres les hommes ayant des rapports sexuels avec des personnes de même sexe, les usagers de drogues par injection, les travailleurs du sexe et les prisonniers.  Une approche globale doit également porter sur la prévention et les soins, a-t-il ajouté, se réjouissant de constater par ailleurs que, selon le rapport, les stratégies de lutte contre le VIH/sida doivent respecter les droits humains fondamentaux, notamment ceux des hommes et des femmes qui en sont atteints. 


L’aide internationale du Canada, fournie par l’Agence canadienne de développement international (ACDI), continuera à favoriser la réalisation des quatre priorités de développement social, à savoir l’éducation de base, la protection des enfants, la santé et la nutrition ainsi que le VIH/sida, s’engageant à quadrupler les ressources affectées à la lutte contre cette maladie, qui atteindront 80 millions de dollars canadiens par année d’ici à 2005.  Le Canada vient également d’accroître de 5 millions de dollars sa contribution annuelle à ONUSIDA et s’est félicité en outre d’avoir joué un rôle décisif dans la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, auquel il affectera 100 millions de dollars sur quatre ans.  Enfin, le Canada a pris l’engagement de verser 50 millions de dollars canadiens pour la découverte et la mise au point d’un vaccin contre le VIH.


M. GEORGES O.O. ALABI (Nigéria) a mis en garde contre la crise humanitaire causée par le VIH/sida en Afrique subsaharienne qui continue de défier toutes les mesures prises aux plans national et international pour stopper sa progression.  Il a déploré les 3 millions de morts et les 14 millions d’orphelins du sida enregistrés pour la seule année 2001 et rappelé que son pays, avec 2,6 millions de porteurs du virus, est le quatrième pays le plus touché au monde derrière l’Afrique du Sud, l’Inde et l’Éthiopie.  M. Alabi s’est ensuite inquiété des statistiques qui laissent apparaître une forte progression du virus au Nigéria et plus particulièrement chez les jeunes et a lancé un appel à la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement adoptée en juin 2001.  Il a souligné que le Programme national de lutte contre le sida associait les agences et fonds des Nations Unies, tels que l’ONUSIDA, l’OMS, le PNUD et l’UNICEF, de même que la société civile du Nigéria et de nombreuses ONG.  Les efforts déployés par le Gouvernement pour stopper la progression de la pandémie consistent d’une part à agir dans le domaine de la prévention, et d’autre part à stopper les risques de nouvelles infections chez les malades. 


Le Nigéria associe également les médias pour ses campagnes de prévention, met en œuvre des lois afin de lutter contre la discrimination dont font l’objet les malades, développe des programmes de prise en charge des malades ainsi que des mécanismes de collecte des données et de contrôle de la progression du virus.  Cette politique multisectorielle comprend également la mise à disposition de traitements antirétroviraux pour les malades et la formation dans le domaine de la prévention, au niveau scolaire et postscolaire.  Cependant, a-t-il poursuivi, pour être couronnées de succès, les politiques nationales de lutte contre le VIH/sida doivent être soutenues au niveau international par les Nations Unies, les bailleurs de fonds, les ONG, le secteur privé, au sein de partenariats efficaces de lutte contre la pandémie.  M. Alabi a demandé aux pays développés de prendre des mesures d’annulation de la dette, d’accroître les montants d’aide publique au développement et d’augmenter leurs contributions au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  En outre, les droits de propriété intellectuelle des grandes industries pharmaceutiques ne peuvent être âprement défendus lorsque des millions d’Africains sont menacés de disparition, a plaidé le représentant, pour qui la production et la distribution de traitements antirétroviraux à moindre coût est une priorité.


M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a fait valoir que ce qui était en jeu, c'est au bout du compte l'avenir de l'homme, l'avenir de nos sociétés, l'avenir de l'humanité, bref, notre avenir à tous.  Il est temps d'agir, vite et maintenant, demain il sera trop tard, a-t-il insisté en souscrivant aux recommandations du Secrétaire général.  Le délégué a tiré de ces recommandations cinq mesures particulièrement urgentes à prendre: il faut tirer aujourd'hui toutes les conséquences du fait que nous avons reconnu que le sida est un problème de développement et pas seulement un problème de santé; il doit donc figurer dans les politiques au même titre que la lutte contre la faim ou contre la malnutrition.  Il faut augmenter les ressources financières à cette fin, or la communauté internationale n'affecte pas les ressources suffisantes à la lutte contre le sida, qui se développe trois fois plus vite que les ressources pour le combattre.  Il faut, en troisième lieu, assurer la participation active de la société civile, dont les ONG; il faut également renforcer la coopération entre les organisations internationales en matière de prévention, de diffusion de l'information et d'éducation.  La cinquième mesure, enfin, est d'intensifier la coordination des efforts entre partenaires, à savoir les organisations internationales, les ONG et les gouvernements.


Telles sont les mesures que l'Afrique attend de la communauté internationale en soutien de ces efforts, a insisté le représentant.  Le continent s'est doté d'instruments et de cadres pour un partenariat fécond, comme la Déclaration de Dakar, ou le Cadre de coopération ONUSIDA-UA-OMS-UNICEF.  Le Cameroun a lancé en 2000 son Plan stratégique de lutte contre le sida, qui requiert pour sa mise en œuvre 197 millions de dollars américains.  Il attend donc de la Banque mondiale un financement de l'ordre d'un cinquième de cette somme.  A travers ce plan stratégique, le Cameroun propose à la communauté internationale un cadre idéal pour un réel pacte de solidarité.  Par ailleurs, le délégué a rappelé que dans deux jours, Yaoundé accueillera une rencontre internationale de la société civile consacrée au sida, tandis que les Premières Dames d'Afrique lanceront du 15 au 16 novembre une ONG dénommée "Synergies africaines contre le sida et les autres souffrances".  Elles sont parties, a-t-il expliqué, d'un double constat: disposer de plus d'argent n'est pas suffisant, il faut aussi que cet argent ait davantage d'impact; et les initiatives de lutte contre le sida si elles sont nombreuses sont isolées, sans lien solide entre elles.


Ce qui déterminera le nombre de vies que nous sauveront ne sera pas le montant des fonds dépensés, mais la façon dont ils le seront, l'efficacité avec laquelle nous les ciblons, a estimé le délégué.  Aujourd'hui en Afrique, le sida tue plus que le paludisme et l'industrie la plus prospère est celle des pompes-funèbres.  Aussi, la lutte contre ce fléau est-elle une croisade sacrée.


M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a rappelé que le VIH/sida était un sérieux problème en Afrique australe et dans son pays, avec un taux de prévalence de 15% parmi les 12 millions de 15/49 ans.  En outre, selon les statistiques, 25 à 50% de la population active sera touché par la pandémie d’ici à 2005, la majorité des jeunes de 20 à 24 ans étant les plus infectés avec six filles séropositives pour chaque garçon séropositif.  La riposte du Malawi réside dans le Cadre stratégique pour le VIH/sida 2003-2004 qui a été lancé en 1999 avec le soutien du PNUD, et se concentre sur la jeunesse, et sur les changements de comportements, certaines croyances culturelles ne faisant que faciliter l’extension de l’épidémie du VIH/sida.  M. Lamba a fait observer que cette pandémie nécessitait d’être traitée avec la pleine coopération de tous les secteurs, celui de l’éducation ayant enregistré des progrès notables, avec des programmes de prévention et d’éducation axés sur les classes du primaire et du secondaire.  Le partenariat avec le secteur privé, la société civile, et la communauté des donateurs, s’est aussi soldé par des résultats positifs dans la lutte contre la pandémie, le représentant soulignant toutefois qu’une couverture géographique large de ces interventions était la clef de leur réussite.  M. Lamba a enfin déploré le problème des nombreux orphelins qui résulte de la mortalité causée par le VIH/sida.


M. JUAN GABRIEL VALDÉS (Chili) a reconnu que l’adoption de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, par les Nations Unies, en juin 2001, avait marqué une étape décisive dans la lutte contre cette pandémie mais a immédiatement souligné la nécessité d’intensifier les efforts de la communauté internationale pour atteindre les objectifs fixés.  Ainsi a-t-il prôné des mesures de portée internationale dans les domaines de la prévention, de l’accès aux soins, de la protection des droits des malades et de la mise à disposition des ressources et des traitements nécessaires.  A cet égard, il a apporté son soutien aux programmes mis en œuvre par l’ONUSIDA ainsi qu’au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme qui représente une opportunité de coopérer à l’échelle internationale dans la lutte contre le sida. 


Mentionnant les efforts déployés au niveau national par les États Membres, M. Valdés a indiqué que le Chili avait opté pour une approche multisectorielle coordonnée par la Commission nationale de lutte contre le sida (CONASIDA) qui met en œuvre le programme de prévention et de contrôle.  La CONASIDA a procédé à des évaluations qui ont permis d’identifier les mesures à prendre dans les domaines de la prévention et des soins, a-t-il expliqué ensuite, et les politiques définies ont été mises en œuvre avec la collaboration étroite des agences étatiques, de la société civile, d’associations de personnes à risque ou porteuses du virus, de même qu’avec celle des églises et des organisations humanitaires.  Dans ce cadre, le Gouvernement chilien a augmenté la part de son budget alloué à la lutte contre le sida, porté à 80% la couverture médicale des malades, et mobilisé les efforts dans les domaines de la prévention de la transmission du VIH, grâce à des campagnes d’éducation et de communication.  Par ailleurs, une loi a été promulguée en décembre 2001 par le Président Lagos pour garantir la protection psychosociale des malades et lutter contre la discrimination.  En outre, le budget alloué aux tests de dépistage et aux soins de trithérapie a été augmenté de 30% cette année, a dit M. Valdés, tandis que la gratuité des soins a été accordée à 3 000 patients supplémentaires, notamment des femmes enceintes et des enfants.  Le représentant a également évoqué la démarche consistant à décentraliser la lutte contre le VIH/sida au Chili qui, grâce au financement du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, est effective depuis mars 2002 et permettra de couvrir, à terme, 100% des besoins. 


Mme HANA SEVCIKOVA (République tchèque) s'est félicitée de ce que son pays figure parmi les pays ayant les plus faibles taux de prévalence au monde: en août 2002, a-t-elle expliqué, 585 cas d'infection par le virus HIV avaient été recensés sur une population de plus de dix millions d'habitants; seules 161 personnes avaient développé la maladie et 99 autres étaient décédées.  La transmission par l'injection de drogue a été limitée par la distribution et le remplacement à grande échelle d'aiguilles et de seringues; seuls trois cas de transmission du virus mère/enfant avaient été enregistrés et aucun dû à la transfusion sanguine.  Enfin, a insisté la déléguée, les antirétroviraux sont accessibles à toute personne en ayant besoin et leur coût est couvert par le système national d'assurance santé et le budget du programme national de lutte contre le sida.  Toutefois, a assuré la représentante, la République tchèque se sent solidaire et responsable de tous les pays où les populations sont particulièrement affectées par le VIH/sida et la tuberculose.  A cet égard, elle a salué la définition d'indicateurs par l'ONUDISA permettant de surveiller la progression de l'épidémie à l'échelle nationale et mondiale.


M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a jugé essentiel que la Déclaration d'engagement sur le sida soit perçue comme partie intégrante du processus visant à parvenir aux objectifs de la Déclaration du Millénaire et que la question du VIH/sida soit intégrée à toutes les politiques de développement durable et de réduction de la pauvreté.  Rappelant que, selon le rapport du Secrétaire général, l'Asie centrale et l'Europe orientale sont les deux régions où l'épidémie croît le plus vite actuellement, le représentant a souligné que son pays faisait partie de ceux de cette deuxième région les plus touchés, notamment sur les dix dernières années.  Ainsi, 48 000 personnes sont officiellement infectées mais, a-t-il déploré, ceci n'est que le sommet émergé de l'iceberg, et les estimations portent sur quelque 400 000 personnes infectées par le virus en Ukraine, soit un pour cent de la population adulte.  Actuellement, a-t-il poursuivi, 71 % des personnes officiellement recensées comme infectées par le VIH/sida l'ont contracté en s'injectant des drogues, mais l'épidémie se transmet désormais par voie sexuelle. 


L'année 2002 a été proclamée Année de lutte contre le sida en Ukraine, a-t-il poursuivi, ce qui montre que l'Etat en a fait sa priorité.  Le Programme national pour 2001/2003 a reçu le plein soutien des diverses agences des Nations Unies, a expliqué M. Kulyk.  Il donne la priorité à la prévention et vise également à améliorer l'accès des malades aux soins et traitements.  M. Kulyk s'est félicité des mesures concrètes prises par les divers agences, fonds, programmes de l'ONU, ainsi que par la Banque mondiale, l'Organisation internationale du Travail (OIT), l'UNESCO, l'OMS, le PNUD ou l'UNICEF pour renforcer les capacités nationales de lutte contre le sida.


M. AHMED TAHIR BADURI (Erythrée) a expliqué qu'avec sa petite population de 3,5 millions d'habitants, malgré son manqué d'experts, de ressources dédiées à la santé, à l'éducation et à l'emploi, son pays avait fait de la lutte contre le sida sa priorité absolue.  A cette fin, le Gouvernement a créé le Programme national de contrôle du sida, sous les auspices du Ministère de la santé, à travers lequel il a initié une réponse multisectorielle efficace à la pandémie.  Selon ce Programme, l'Erythrée compte 60 000 à 70 000 infectés.  Mais surtout, le rythme auquel le virus se répand est alarmant, a dit le représentant, en rapportant que de 8 cas en 1988, le pays en comptait plus de 13 500 en 2001.  Au cours de l'année 2001 seule, 2 759 nouveaux cas ont été signalés au Ministère de la santé.  Le nombre de cas recensés double tous les dix-huit mois environ.  Dixième cause de décès dans les hôpitaux et dispensaires du pays en 1996, le sida était la deuxième en 2000. 


Surtout, a poursuivi le représentant, la majorité des personnes interrogées ont une faible perception des risques qu'elles encourent de contracter le virus ou d'autres maladies sexuellement transmissibles.  Le plan stratégique de lutte contre le sida adopté par l'Erythrée pour la période 1997/2002 soulignait la nécessité d'une approche multisectorielle et multilatérale de la maladie et le Ministère de la santé a lancé des partenariats avec d'autres ministères, ainsi qu'avec des ONG, des organisations religieuses, communautaires, le secteur privé et la société civile.  Mais on n'a pas fait assez pour contrer l'ampleur de la menace que le VIH/sida pose à l'Etat érythréen, a estimé le représentant en faisant valoir que des ressources supplémentaires étaient nécessaires.  L'Erythrée, a-t-il prévenu, est à la veille d'une épidémie généralisée de VIH/sida, avec la prochaine démobilisation et le retour dans leurs familles des militaires actuellement stationnés sur les lignes de front et hautement infectés par le virus.


Mme ADRIANA PULIDO (Venezuela) a souligné que l’une des avancées les plus significatives de la session extraordinaire de l’Assemblée générale réside dans le traitement intégral de tous les aspects de l’épidémie du VIH/sida.  La prévention, la réduction de la vulnérabilité des groupes spécifiques, le soutien aux personnes qui vivent avec la maladie et le respect des droits de ces mêmes personnes sont autant d’éléments qui, en conformité avec la Déclaration d’engagement, doivent retenir l’attention au moment d’affronter le VIH/sida. 


Pour sa part, le Venezuela a abordé le thème du VIH/sida selon une conception fondée sur les droits de l’homme, qui garantit le droit aux soins comme partie intégrante des droits sociaux.  Ceux-ci incluent le respect de la dignité des droits humains des personnes qui vivent avec le VIH/sida, reconnue par les tribunaux dans les domaines professionnel, familial, éducatif, médical, comme en ce qui concerne l’accès aux traitements, la liberté, la sécurité, et la vie privé.  En effet, comme l’a indiqué Mme Pulido, le Venezuela accorde beaucoup d’attention à l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination qui restent associées au VIH/sida.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré qu’il était de la plus haute importance de se montrer conscient que le VIH/sida n’était pas seulement un problème social et sanitaire, mais bien plutôt un problème ayant d’énormes répercussions dans les domaines économiques et du développement.  Par ailleurs, les conséquences du VIH/sida, comme son éradication, sont inextricablement liées aux droits de l’homme, les victimes du VIH/sida souffrant d’une discrimination au sein de leurs sociétés, de leurs gouvernements et parfois même au sein de leur propre famille, discrimination qui facilite la propagation de la maladie en renforçant l’isolement des personnes infectées.  Le représentant a également déploré le fléau des enfants à qui leur mère ont transmis le VIH/sida au cours de leur grossesse.  Fournir aux gens qui vivent avec le VIH/sida les traitements adéquats pour les soigner à la fois contre le virus lui-même et contre les infections opportunistes, doit devenir une priorité dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.  M. Wenaweser a rappelé que la protection de la propriété intellectuelle, si elle a pour fin d’encourager le développement de médicaments plus efficaces, ne doit pas pour autant, à l’inverse, devenir un frein à leur production.


M. RANI ISMAIL HADI ALI (Malaisie) a déploré le fait que chaque jour, 15 000 personnes environ soient infectées par le VIH/sida dans le monde, 95% d’entre elles vivant dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.  Le VIH/sida est la quatrième cause de décès dans le monde, a-t-il poursuivi, et il est regrettable de laisser ruiner des décennies d’investissement dans les domaines de l’éducation et du développement humain en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique subsaharienne.  Les pays les plus touchés par le VIH/sida pourraient perdre environ 20% de leur PIB au cours des prochaines années, a-t-il ajouté, soulignant les inégalités dans l’accès aux traitements entre pays riches et pays pauvres ou à revenu intermédiaire qui ne disposent même pas de programme de prévention et d’infrastructure de santé publique adéquats pendant que les plus riches ont accès à des soins avancés.  Pourtant, les pays développés doivent bien admettre que le VIH/sida ne connaît pas de frontières et il faut aider les pays les plus affectés en mettant à leur disposition les ressources financières, l’assistance technique et les traitements adéquats. 


M. Hadi Ali a également plaidé en faveur de moyens financiers supplémentaires alloués à la recherche, notamment dans les pays en développement, afin de parvenir à terme à la mise au point d’un vaccin préventif.  Il a ensuite souligné la responsabilité des gouvernements dans la mise en œuvre de programmes de lutte contre le sida qui doivent s’intégrer dans les stratégies de lutte contre la pauvreté.  En outre, des mesures doivent être prises pour venir en aide aux malades et aux orphelins du sida, notamment grâce à des partenariats entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile, les associations de malades et de population à risque.  Un Comité intersectoriel a été mis en place au niveau de la Malaisie chargé de définir et de coordonner les actions menées dans le cadre du Programme national de prévention et de contrôle sur le sida.  Le Gouvernement a mis en place dans ce contexte un mécanisme de suivi et de contrôle reposant sur la collecte de données, un procédé de dépistage gratuit et confidentiel, un dépistage systématique des collectes de sang et des produits sanguins, une prévention reposant sur la communication et l’éducation du public, une collaboration interagences ainsi qu’une prise en charge des soins et un soutien aux malades. 


M. BOB JALANG’O (Kenya) s’est dit préoccupé par un passage du rapport du Secrétaire général qui mentionne le fait que “l’épidémie ne saurait être inversée sans une mobilisation substantielle à l’échelle mondiale.”  Pour sa part, le Kenya a soumis une demande d’aide au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, pour un total de plus de 173 422 de dollars, dont 129 054 dollars seraient affectés à la lutte contre le VIH/sida.  Par ailleurs, le gouvernement kényen a pris des mesures à l’échelle nationale, au nombre desquelles le renforcement des systèmes de surveillance et d’évaluation ainsi que l’amendement de la loi sur la propriété industrielle, afin de permettre l’importation d’antirétroviraux génériques.  Le Kenya a également développé des stratégies pour venir en aide aux nombreux orphelins que fait le VIH/sida et protéger les droits des personnes qui vivent avec cette maladie, et subissent rejet et stigmatisation.  Le représentant a enfin souligné les initiatives prises par son gouvernement en partenariat avec le secteur privé en matière de prévention sur les lieux de travail, comme de financement des soins.


M. ISMAEL GASPAR MARTINS (Angola), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe, a rappelé que l’Afrique subsaharienne comptait 28 millions de personnes infectées par le virus sur un total de 40 millions de malades dans le monde.  A ce titre, il a appelé à harmoniser et coordonner les politiques régionales pour être plus efficace face à ce fléau.  La pandémie décime progressivement un large pourcentage de la population active de la région, ce qui a des graves conséquences sur la croissance économique et freine tous les efforts pour éradiquer la pauvreté.  Au Botswana, au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, de 24 à 36% de la population âgée de 15 à 49 ans vit avec le sida, l’espérance de vie dans la région ayant ainsi considérablement diminuée.  Les 15/24 ans constituent aujourd’hui la population la plus touchée.


A ce titre, le représentant a affirmé que la Communauté de développement de l’Afrique australe avait mis en place un plan de travail et un programme d’action pour 2002/2004 relatif au développement des partenariats et des ressources, estimant que seule une direction politique forte permettrait de remporter la bataille contre la pandémie.  Ce programme a permis la mise en place, entre autres, des initiatives en ce qui concerne la transmission mère-enfant, la disponibilité des traitements antirétroviraux et la coordination scientifique pour l’élaboration d’un vaccin.  Le plan de travail de la Communauté insiste sur la nécessité d’impliquer d’autres secteurs économiques dans la lutte contre la pandémie, comme le sport et l’information, l’emploi et le travail, la santé, les ressources humaines, le commerce, les finances et l’agriculture, entre autres.  Par ailleurs, le représentant a estimé que la société civile et les ONG avaient un rôle essentiel à jouer en ce qui concerne la question préoccupante des orphelins.  A ce titre, il a déclaré qu’une réunion sur les orphelins et les enfants vulnérables aurait lieu en Namibie du 25 au 30 novembre prochain.  Enfin, il a appelé l’ONUSIDA à soutenir les actions des différents gouvernements qui font face à la pandémie et aux problèmes qui en découlent.


Mme IRMA LOEMBAN TOBING-KLEIN (Suriname) a jugé difficile d’admettre que, dans un monde où la science connaît des niveaux d’excellence sans précédent, il soit si difficile de trouver un vaccin contre le VIH/sida et que les traitements soient si coûteux.  Au Suriname, une trop grande partie de la population active et de la jeunesse est infectée ou touchée de près par le virus, a-t-elle poursuivi, indiquant que la réaction conjointe du Gouvernement et de la société civile avait permis de mettre au point une stratégie de lutte contre le VIH/sida.  La première mesure a consisté dans la mise en place d’un Programme national de lutte contre le sida, sous la tutelle du Ministère de la santé, et la création du Mamio Namen Project, créé par une ONG, pour sensibiliser l’opinion sur les risques posés par la pandémie et prendre en charge les malades et les familles en fabriquant des patchworks artisanaux vendus au profit des victimes et de leurs familles.  PEPSUR, une ONG animée par des jeunes, a mis en œuvre des programmes de sensibilisation de la jeunesse, notamment dans les écoles, a ajouté Mme Tobing-Klein, tandis que d’autres organisations, comme la Maxi Linder Foundation, se penchent sur la sensibilisation des travailleurs du sexe et la prise en charge de leurs familles, et la fondation Parel prend en charge les orphelins du sida.  Le Gouvernement et le Programme national de lutte contre le VIH/sida examinent en ce moment les moyens de renforcer la législation pour intégrer le VIH/sida dans les maladies sexuellement transmissibles.  Cette loi exigerait que les partenaires d’une personne porteuse du virus se soumettent aux tests de dépistage et prévoirait des poursuite contre toute personne qui aurait infecté délibérément son ou sa partenaire.  En outre, les employeurs ne seraient pas en droit de licencier une personne en raison de la maladie et toute forme de discrimination à l’endroit d’un porteur du VIH/sida serait passible de poursuites.


M. ENCHO GOSPODINOV (Observateur permanent de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a indiqué que dans une cinquantaine de pays parmi les plus touchés par le VIH/sida, parmi lesquels la Chine, l'Inde et l'Indonésie, les sociétés avaient lancé de nouveaux programmes de lutte, renforcé ceux qui existaient déjà et incorporé un volet sida aux activités sanitaires existantes.  L'observateur a par ailleurs énuméré ce qu'il a appelé des "poches de succès": ainsi, en Ouganda, les sociétés de la Fédération ont promu la récolte de sang non contaminé, parvenant à 70 000 unités en 2000 contre 7 000 en 1999; l'objectif est d'atteindre 100 000 unités par an.  En Afrique australe, elles ont formé des éducateurs de base sur le virus, destinés principalement à la jeunesse comme au Botswana où 480 formateurs ont été entraînés.  M. Gospodionov a rappelé que le Secrétaire général avait récemment rendu hommage dans un discours devant l'université chinoise de Hangzou au travail de formation et de sensibilisation mené par la Croix-Rouge chinoise avec la jeunesse, et indiqué que des programmes d'éducation similaires avaient été lancés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. 


Afin de participer à la mise en œuvre de la Déclaration d'engagement et pour contribuer aux objectifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au sida, la Fédération a lancé une campagne mondiale intitulée «The truth about AIDS: Pass it on» (La vérité sur le sida: faites passer), qui constitue un effort sur le long terme pour prévenir, réduire et, à terme, éliminer les risques de discrimination et de stigmatisation liés au VIH/sida.  L'observateur a estimé que les partenariats entre pays, comme celui initié entre les Croix-Rouge thaïlandaise et laotienne devaient permettre de dépasser les frontières géographique et psychologique et aider les personnes isolées à ne pas se sentir oubliées.  Enfin, il a signalé que le secteur des entreprises privées, comme Nestlé ou Unilever, avait rejoint la Fédération dans ses initiatives de lutte contre le sida.


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