LES NATIONS UNIES ET LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE APPELEES A SOUTENIR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE ET LE NEPAD
Communiqué de presse AG/1346 |
Assemblée générale
33ème et 34ème séances – matin et après midi
LES NATIONS UNIES ET LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE APPELEES A
SOUTENIR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE ET LE NEPAD
Le développement de l'Afrique n'est pas l'affaire des seuls Africains et nécessitera l'aide et le soutien des Nations Unies, des grandes institutions internationales et de la communauté internationale tout entière: de nombreux délégués ont fait valoir aujourd'hui l'intérêt pour le monde entier d'un continent africain stable et prospère, lors du débat de l'Assemblée générale consacré aux Causes des conflits et à la promotion de la paix et d'un développement durables en Afrique*, à l'Examen et évaluation finals de l'application du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90** et à l'Application du programme de la deuxième Décennie du développement industriel de l'Afrique***.
Les délégations se sont unanimement félicitées du regroupement en un seul débat de ces trois points à l'ordre du jour, tant paix, sécurité et développement durables sont étroitement liés; les causes profondes des conflits sont le sous-développement et le manque de démocratie, a fait valoir le représentant de l'Iran, celui du Japon rappelant justement que la résolution des conflits devait être le point de départ au développement. Souvent, les causes sous-jacentes des conflits subsistent après les conflits eux-mêmes et entraînent les pays dans une spirale infernale, a-t-il expliqué en plaidant pour une approche globale, politique, économique, sociale et humanitaire.
Constatant à l'unisson l'échec du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF), les délégués ont également salué la recommandation du Secrétaire général de le remplacer par la promotion et le soutien au Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Beaucoup ont souligné la nécessité de tirer les leçons de l'échec de l'UN-NADAF pour ne pas répéter les mêmes erreurs. L'avènement du NEPAD devrait en revanche susciter une nouvelle dynamique dans les rapports Nord-Sud, où les choix stratégiques librement identifiés par les dirigeants africains seront en adéquation avec les initiatives des Nations Unies, a estimé le représentant du Sénégal.
Avec celui du Mali, le représentant du Sénégal a souhaité la définition d'un mécanisme unique de suivi du NEPAD entre les Nations Unies et les autres partenaires en développement, doté de moyens substantiels et à la hauteur des ambitions qui lui seront confiées. Car pour la majorité des délégations, la complexité de la tâche et l'ampleur des défis supposent un engagement accru de l'ONU, des institutions financières internationales et de tous les partenaires de l'Afrique: cette dernière compte certes sur ses propres capacités et potentialités naturelles et humaines, mais dans cet élan elle a besoin d'un apport extérieur, a souligné le représentant de la Tunisie. Et pour la représentante sud-africaine, il convient aussi de réfléchir ensemble aux meilleurs moyens de traduire ce Nouveau Partenariat en gains concrets pour les populations.
L'Afrique n'a pas besoin de leçons ou de recettes et encore moins de programmes d'ajustement, a jugé pour sa part le délégué de Cuba, mais plutôt de ressources financières, d'aide au développement et d'un allègement de la dette, également réclamé par le délégué égyptien qui s'exprimait au nom du Groupe des Etats africains. Le délégué cubain a d'ailleurs rappelé que son pays avait déployé plus de 200 000 de ses ressortissants dans une dizaine de pays africains au titre de coopérations bilatérales.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont également pris la parole: Algérie, Arabie saoudite, Chine, Namibie, Bangladesh, Philippines, Inde, Jamaïque, Mexique, Colombie, Nigéria, Jamahiriya arabe libyenne, Indonésie, Kenya, Bhoutan, Malaisie, Maroc, Danemark (au nom de l'Union européenne), Israël, Myanmar, Venezuela et Pakistan.
L'Assemblée générale reprendra ses travaux en séance plénière lundi 21 octobre à 10 heures.
*A/57/172
**A/57/156 et A/57/156/Corr.1
***A/57/175
LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DEVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE
Application des recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique (A/57/172)
Le rapport du Secrétaire général, dans sa section II décrit les mesures de suivis spécifiques, dans les domaines de la paix et de la sécurité; la section III présente les faits nouveaux survenus dans les domaines de la bonne gouvernance et du développement durable en Afrique; la section IV les observations finales qui soulignent la nécessité pour la communauté internationale d'appuyer les efforts des pays africains visant à poursuivre la réforme de leurs systèmes économiques et politiques.
Le rétablissement de la paix nécessite de nommer des médiateurs spéciaux ou de créer des commissions spéciales afin d'examiner les sources des différends, de renforcer la confiance et de recommander des solutions concrètes. S'il faut éviter la multiplication des efforts de médiation, il est important de mobiliser un appui international en faveur des efforts de paix et d'améliorer l'efficacité des sanctions en responsabilisant les pays exportateurs d'armes légères afin d'empêcher les marchés illicites dans la région. Il faut également ramener les dépenses consacrées aux armes et aux munitions au-dessous de 1,5% du PIB tout en maintenant à zéro la croissance des budgets militaires.
Dans le domaine du maintien de la paix, le Secrétariat souhaitera peut-être demander à l'OUA de partager son expérience avec les organisations régionales et sous-régionales. Il faut également soutenir les initiatives africaines de règlement des conflits et protéger les civils de ces situations. De même, la protection des réfugiés et les questions de sécurité les concernant doivent être au centre des préoccupations.
L'effort de consolidation de la paix au lendemain des conflits passe par une aide d'urgence à la reconstruction et au développement: cela suppose de créer un environnement propice aux investissements et à la croissance économique, investir dans les ressources humaines, définir des priorités en matière de santé publique et restructurer l'aide internationale. Sur ce dernier point, le Secrétaire général souhaite inciter la communauté des donateurs à doubler le montant de l'aide publique proposée à l'Afrique. L'instauration de la bonne gouvernance est aussi à considérer à travers un accroissement de la transparence et de la responsabilité dans l'administration publique. L'allègement de la dette est aussi au cœur des préoccupations régionales comme l'ouverture aux marchés internationaux.
Le Secrétaire général a clairement établi dans son rapport au Conseil de sécurité le lien qui existe entre la paix et le développement durable en Afrique. A cet égard, des progrès ont été constatés dans plusieurs régions d'Afrique. Le plan d'action pour l'Afrique, adopté par le Groupe des Huit à Kananasakis, constitue le cadre de la coopération future et de l'engagement des pays industriels en direction de l'Afrique concernant la mise en œuvre du NEPAD. Il est à espérer que le renforcement de cette coopération aboutira à de nouveaux résultats concrets dans le domaine du développement durable en Afrique.
Evaluation indépendante de l'application du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (A/57/156)
Dans le cadre des préparatifs de l'examen et de l'évaluation finals de l'application du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, l'Assemblée générale a demandé qu'il soit procédé à une évaluation indépendante de l'application du Nouvel Ordre du jour. Le Secrétaire général a désigné un groupe de 12 personnalités éminentes pour s'acquitter de cette tâche. Le rapport du Secrétaire général donne suite à la demande faite par l'Assemblée générale au Secrétaire général.
L'évaluation indépendante contenant une analyse détaillée des succès obtenus et des problèmes rencontrés dans l'application du Nouvel Ordre, le rapport commence par appeler l'attention sur les enseignements tirés de l'application du Nouvel Ordre du jour. Des propositions sont ensuite formulées sur les modalités du futur engagement des Nations Unies dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique qui est recommandé comme nouveau cadre de politique générale pour le développement de l'Afrique. Le rapport s'achève sur un certain nombre de recommandations pour appuyer l'application du Nouveau Partenariat, l'accent étant mis sur un ensemble de mesures soigneusement ciblées que prendront les pays africains ainsi que la communauté internationale.
Concernant les enseignements tirés de l'application du Nouvel Ordre du Jour, les auteurs de l'évaluation indépendante avaient retenu cinq points principaux à savoir que la paix et la sécurité sont essentiels pour le développement; la coopération pour le développement avec l'Afrique exige une nouvelle orientation; les engagements doivent être tenus; il reste essentiel de plaider sans relâche en faveur du développement de l'Afrique et il convient d'améliorer la coordination et la collaboration entre les organismes des Nations Unies. Dans son rapport, le Secrétaire général fait part de ses observations sur chacun de ces cinq points. Pour ce qui est des modalités du futur engagement des Nations Unies dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, le rapport rappelle d'une part les prémisses sur lesquels se fonde cet engagement, et d'autre part comment il se traduit sur les plans national, régional et mondial.
Dans la partie relative aux recommandations, sont présentées les conclusions qui se basent sur une série d'actions soigneusement ciblées prise par les pays africains et par la communauté internationale. Le rapport présente dans un premier temps les recommandations ayant trait aux pays africains. La première tâche des pays africains est d'intégrer les priorités du Nouveau Partenariat dans leurs cadres de planification du développement national. Il est également nécessaire d'établir un organe de coordination du Nouveau Partenariat au sein des structures gouvernementales africaines. Cet organe de coordination appuiera le processus d'intégration des priorités du Partenariat dans les plans ou stratégies nationaux de développement et assurera le suivi de la mise en œuvre du Partenariat, servira de dépositaire de l'information et des données sur les activités du Partenariat, aidera à faire connaître le Partenariat et encouragera la réponse coordonnée des différents gouvernements au Partenariat. Les gouvernements africains devront allouer des ressources financières considérables aux programmes du Partenariat, en puisant dans leur budget d'équipement. Cette allocation sera à la fois la preuve de leur engagement et de leur maîtrise du Partenariat, en même temps qu'elle en assurera la mise en œuvre. Les partenaires de développement de l'Afrique peuvent aider à résoudre le problème en réduisant les conditions imposées par les donateurs. D'autre part, les pays africains doivent consentir un effort particulier pour renforcer leur capacité de négociation et de gestion de l'aide. Par ailleurs, ces pays doivent engager des ressources pour bâtir le type d'institutions et développer les compétences techniques nécessaires pour gérer efficacement le processus d'examen par des pairs aux niveaux national et régional. Bien que l’importance de la diversification a été soulignée dans le Nouvel Ordre du jour et soit entièrement reconnue par les gouvernements africains, il n'y a guère eu de progrès dans ce domaine, comme l'illustrent les chiffres. Les pays africains doivent consentir un plus gros effort de diversification dans le cadre du Partenariat, en particulier en instaurant un environnement favorable au développement industriel.
Dans les recommandations ayant trait à la communauté internationale, le Secrétaire général appelle les pays développés à éliminer les obstacles à l’exportation des produits africains traités, semi-traités et agricoles qui pourraient bénéficier de la mise en œuvre du Nouveau Partenariat, estimant également que l’élimination des contraintes du côté de l’offre aiderait l’Afrique à mieux tirer parti des possibilités existantes d’accès aux marchés. Il faudrait également doubler l’aide à l’Afrique pour accroître l’investissement dans l’éducation, la santé et les infrastructures de façon à stimuler la productivité et la croissance économique, facteurs cruciaux de réduction de la pauvreté. En ce qui concerne la dette extérieure, le Secrétaire général insiste sur la nécessité d’efforts concertés des donateurs et des pays pauvres très endettés eux-mêmes, notamment un allégement de la dette plus rapide, plus profond et plus large, estimant que l’analyse de la gestion viable de la dette des pays pauvres très endettés devrait se fonder sur des projections plus réalistes des recettes d’exportation des pays bénéficiaires.
Le rapport conclu en insistant sur le tournant décisif dans lequel se trouve l’Afrique aujourd’hui. A l’heure où l’Organisation africaine entre en vigueur, où certains pays abordent une transition vers la démocratie après un conflit, le lancement du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique renforce la détermination de l’Afrique à diriger elle-même le cours de son développement. L’appui de la communauté internationale en faveur du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et l’engagement pris par le système des Nations Unies à répondre aux besoins du Partenariat impriment une nouvelle dynamique au développement de l’Afrique, conclut le rapport.
Application du programme de la deuxième Décennie du développement industriel de l’Afrique (A/57/175)
Ce rapport est soumis en application de la résolution 56/187 que l’Assemblée a adoptée le 21 décembre 2001 et dans laquelle elle demandait l’examen de la mise en œuvre du programme de la Décennie et le recensement des enseignements qui en avaient été tirés. L’objectif étant d’incorporer ces enseignements dans l’examen du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique dans les années 90, le rapport ne porte que sur les activités entreprises dans le cadre du Programme de la Décennie: y sont principalement passés en revue les progrès faits en 2001 et en 2002.
Dans ses conclusions et recommandations, le Secrétaire général estime que, pour que la mondialisation profite à tous, et afin d’atteindre les objectifs de développement fixés dans la Déclaration du Millénaire, il faut mettre l’accent sur la promotion du développement industriel durable grâce à la création de capacités industrielles concurrentielles. Sinon, la mondialisation conduira à la marginalisation, prévient-il. Il ne peut y avoir de progrès durable sur la voie du développement économique sans industrialisation, ajoute M. Kofi Annan: elle est le ressort du dynamisme technologique et de l’augmentation de la productivité; le cours des exportations de produits manufacturés est en outre moins volatile et moins sujet à dépréciation à long terme que celui des exportations des produits de base, observe-t-il.
Par conséquent, le Secrétaire général préconise que stratégies et politiques soient adaptées aux besoins d’une économie en développement: mettre l’accent sur les petites et moyennes entreprises et industries ainsi que sur les micro-entreprises et micro-industries et les aider à établir des liens avec l’économie mondiale. Enfin, il prévient que les pays africains devront abandonner peu à peu la structure traditionnelle des échanges, marquée par une dépendance excessive envers les exportations de matières premières et de produits semi-transformés.
Déclarations
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a salué la qualité des rapports du Secrétaire général. Il s’est tout particulièrement félicité de l’attention accordée par le Secrétaire général au règlement des conflits en Afrique, en nommant des envoyés ou des représentants spéciaux dans plusieurs régions. Sur les aspects liés au développement, le représentant a rappelé que le comité plénier de l’Assemblée générale, a conclu à l’échec sans appel de l’UN-NADAF. L’une des raisons en est l’incompatibilité entre conflits et développement, la paix et la sécurité ne pouvant être que le préalable au développement. Le NEPAD, consacré par l’Assemblée générale comme le cadre politique du développement de l’Afrique, a clairement reconnu le règlement des conflits et la promotion de la paix et de la sécurité comme une condition sine qua non à toute œuvre de développement ou de progrès. L’adoption du NEPAD par les dirigeants africains constitue la prise de conscience de la nécessité d’entreprendre une action multilatérale. La réussite de ce programme incombe toutefois aux Africains, même si une aide effective et efficace de l’ONU est indispensable. Seule une approche intégrée parviendra à résoudre les conflits qui inhibent les efforts de développement de l’Afrique. La délégation algérienne estime toutefois qu’une collaboration entre le Groupe de travail spécial pour la prévention et le règlement des conflits en Afrique, qui dépend du Conseil de sécurité, du Groupe spécial pour les pays qui sortent d’un conflit, créé au sein du Conseil économique et social en juillet dernier, et du Conseil de la paix et de la sécurité que l’Union africaine vient de créer, s’avère indispensable dans la recherche d’une stabilité politique dans la région. M. Baali a enfin conclu en soulignant que le soutien financier de la communauté internationale devenait incontournable pour éviter au NEPAD de connaître le sort de l’UN-NADAF.
M. MOHAMMED AL TAYEB (Arabie saoudite) a insisté sur la nécessité d’œuvrer en continu pour soutenir la paix et la stabilité en Afrique, saluant à ce titre les efforts constants de l'Organisation des Nations Unies et du Secrétaire général pour mettre un terme aux conflits sur le continent et insistant sur le lien fondamental entre paix, développement et sécurité. Il s’est par ailleurs réjoui de voir la paix et la stabilité revenir dans certaines zones du continent, notamment entre l’Erythrée et l’Ethiopie, ainsi qu’en Angola, après des années de guerre civile. A l’inverse, il s’est dit préoccupé par la poursuite des conflits dans le sud du Soudan ainsi qu’en Somalie.
Le représentant a par ailleurs rappelé combien les peuples d’Afrique avaient besoin du développement durable. Il s’est dit conscient de la nécessité de soutenir l’aide au développement, rappelant que la contribution de l’Arabie saoudite aux pays en développement représente 4% du PNB national. En ce qui concerne la question de l’eau, notre pays consacre 180 millions de dollars pour soutenir un programme spécial d’accès à l’eau au Sahel, a-t-il également fait valoir, affirmant que l’Arabie saoudite continuerait à œuvrer pour la promotion du développement durable afin que la paix et la prospérité puissent régner en Afrique.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a souligné les efforts des pays africains pour renforcer leurs capacités de prévention des conflits et de maintien de la paix et pour la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique: ces efforts ont permis de renforcer la confiance de la communauté internationale dans la relance de l'Afrique, a-t-il estimé. Mais il n'y a pas eu de changements fondamentaux dans la situation difficile du continent et un travail considérable reste à faire: la route sera longue pour réaliser la paix et les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Pour le délégué, il ne peut pourtant y avoir de prospérité et de stabilité dans le monde sans prospérité et stabilité en Afrique. La communauté internationale doit donc relever les défis avec trois priorités, a-t-il déclaré: rappelant que cette année, les Nations Unies ont organisé la Conférence internationale sur le financement du développement et le Sommet sur le développement durable, il a jugé que ces deux conférences avaient eu une importance particulière pour l'Afrique. La session sur le NEPAD a également montré que la communauté internationale appuiera vigoureusement les efforts de l'Afrique. Il faut donc profiter de cette dynamique pour mettre en œuvre les programmes d'action, a-t-il recommandé.
Pour le représentant, il faut aussi mettre en place un partenariat mondial de coopération en faveur de l'Afrique, grâce aux efforts conjugués du Conseil de sécurité, de l'ECOSOC, de l'Assemblée générale et du Secrétariat, mais il faut aussi un engagement du FMI, de la Banque mondiale et autres institutions internationales. Il est également important de renforcer l'apport de ressources en insistant sur la participation active et l'engagement propre de l'Afrique. Enfin, les pays africains doivent poursuivre leur lutte contre la pauvreté et la maladie et les pays développés doivent les aider à renforcer leurs capacités. Il a espéré à cet égard que les pays développés témoigneront de la volonté politique indispensable pour que leurs déclarations d'engagements deviennent réalité, car le NEPAD devrait aussi leur offrir de nouveaux marchés en Afrique, a-t-il fait valoir. En conclusion, il a rappelé que la Chine avait pris des engagements avec 31 pays africains pour alléger leurs dettes dans un délai de deux ans.
S’exprimant au nom du Groupe des Etats d’Afrique, M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a salué la qualité des rapports du Secrétaire général. Répondant aux besoins de la communauté internationale d’appuyer le développement en faveur de l’Afrique, le NEPAD constitue aussi un programme défini par l’Afrique elle-même, et reconnaît de fait que l’effort de coopération doit être mené en tirant les leçons du passé. La communauté internationale est aujourd’hui convaincue que l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement durable sont nécessaires pour que l’Afrique puisse se conformer aux résolutions de la Déclaration du Millénaire. L’unité continentale est également essentielle en vue d’atteindre ces objectifs, qui sont encore lointains si l’on considère la faible croissance économique régionale. Cela exige au préalable d’alléger la dette extérieure des pays africains. Il faudrait également favoriser l’accès aux marchés internationaux et accroître le montant de l’aide internationale. A cet égard, le Groupe des pays d’Afrique pense que les récentes conférences de Monterrey et de Johannesburg ont été un excellent point de départ pour préciser les priorités dans ces domaines.
Multipliant le nombre de ses partenaires, l’Afrique a entrepris une action coordonnée avec l’ONU et des acteurs issus de la société civile, dans le but de pacifier la région, préliminaire indispensable au développement durable. Les Etats étant égaux en droit, et leurs problèmes d’une gravité équivalente, la communauté internationale doit donc témoigner d’une volonté comparable dans le règlement de chaque conflit. Les succès de l’Angola ou de l’Ethiopie-Erythrée ne doivent pas faire oublier d’autres conflits, plus négligés. D’autant que la communauté internationale a fait la preuve de sa capacité à pacifier des régions comme celle des Grands Lacs, où la situation est complexe parce que s’y imbriquent des volets ethniques, politiques, économiques, humanitaires. Le Conseil de sécurité doit prendre en compte l’ensemble des réalités sur place et accorder assez de moyens aux opérations de maintien de la paix, sans hésiter à faire pression en cas de besoin. Le rôle à jouer au Burundi reste important pour permettre d’atteindre la réconciliation. La communauté internationale est donc encouragée à poursuivre ses efforts pour créer les conditions de la bonne gouvernance en tenant compte des valeurs spécifiques de l’Afrique et du droit de ses nations à définir ses propres politiques.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a remarqué qu'il avait fallu du temps pour établir le lien entre paix et développement: la prévention des conflits est indispensable à une paix durable, mais il faut du temps et des moyens pour que les efforts de paix se concrétisent, a-t-il poursuivi: or l'expérience a montré que les ressources mises en œuvre pour établir les mécanismes de paix ont souvent dépassé de loin les résultats escomptés. Dans le domaine de la bonne gouvernance et de sa promotion, a-t-il poursuivi, beaucoup reste à faire mais les pays africains ont établi des normes claires de responsabilité et de gouvernement participatif, au plan national comme régional. Ainsi, M. Andjaba a cité la Charte du service public pour l'Afrique, adoptée en Namibie en février dernier.
Le délégué a ensuite remarqué que les armes légères posaient une véritable menace à la sécurité du continent et pouvaient potentiellement faire dérailler les efforts de consolidation de la paix. Soulignant que pour proliférer les armes devaient d'abord être fabriquées, il a estimé que le problème devrait être une préoccupation mutuelle et collective. Aucun autre continent ne compte autant d'opérations de maintien de la paix, a-t-il reconnu: à cet égard, il a relevé qu'une mission déployée avec un mandat clair et une dimension appropriée pouvait vraiment faire la différence. En revanche, sur la question du VIH/sida, le représentant a indiqué que les pays les plus touchés avaient besoin d'une aide supplémentaire, en ressources et renforcement des capacités pour faire face à la pandémie.
En conclusion, il a rappelé que le continent abrite le plus grand nombre de pays les moins développés, et que l'Afrique reçoit aussi la plus faible part de l'investissement direct étranger; en outre, l'environnement naturel, difficile, affecte la sécurité alimentaire de beaucoup d'entre eux. Et à l'instar du Secrétaire général, il a appelé les donateurs à prendre tous ces facteurs en compte quand ils envisagent une aide au continent.
M. BRUNO R. PARRILA (Cuba), a affirmé qu'il est injuste et inadmissible que le nouvel ordre économique mondial continue de confier à l'Afrique un rôle peu important, faisant de ce continent une source primordiale de richesse privée de développement économique. Il a par ailleurs affirmé que pour résoudre ses conflits, l'Afrique n'a pas besoin de leçons, de recettes et encore moins de programmes d'ajustement, mais plutôt de ressources financières, d'aide officielle au développement, d'allègement de la dette et de l'appui des Nations Unies et de la communauté internationale tout ensemble. Le représentant a également rappelé qu'en tant que pays du tiers monde, Cuba accorde une grande importance à la coopération Sud-Sud et mène une politique sincère de solidarité avec les pays frères de l'Afrique. En dépit du blocus économique, plus de 200 000 Cubains se sont déployés dans une dizaine de pays africains afin d'œuvrer dans des secteurs tels que la santé, l'agriculture et l'éducation. De même que près de 30 000 jeunes issus de pays africains ont poursuivi des études à Cuba. Pour conclure, le représentant a réitéré l'offre faite par son pays en vue d'envoyer en Afrique plus de 4 000 médecins et autre personnel médical afin de créer l'infrastructure médicale requise dans la lutte contre le sida.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a affirmé que l’Afrique d’aujourd’hui présentait un visage bien différent qu’il y a 5 ans, à l’époque du premier rapport du Secrétaire général sur les conflits en Afrique. La plupart des conflits armés ont été résolus, et plusieurs missions des Nations Unies sont en train de passer d’opérations de maintient de la paix à celles de consolidation de la paix. Nous devons cependant redoubler d’efforts pour continuer à progresser en ce sens a-t-il dit, en soulignant l’attention constante du Conseil de sécurité portée aux conflits africains et en rappelant que le Bangladesh a participé à plusieurs opérations de paix sur le continent. Le lien entre les causes profondes de conflit et le sous-développement n’est nulle part ailleurs aussi prononcé qu’en Afrique, a poursuivi le représentant, souhaitant que l’Assemblée générale approuve prochainement un mandat plus élargi en ce qui concerne la prévention des conflits armés.
Le représentant a par ailleurs salué la création du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, initiative purement africaine, a-t-il rappelé. Soulignant les leçons à tirer de l’expérience de l’UN-NADAF, il a appelé les Etats Membres à renforcer la notion de partenariat avec les Etats africains, à honorer davantage leurs engagements, à éliminer les barrières commerciales aux exportations africaines et à soulager la dette d’au moins 22 pays d’Afrique, entre autre. Il a également insisté sur la nécessité de respecter les engagements de la Déclaration et du Programme d’actions adoptés à Bruxelles, qui proposait une liste d’actions de la part de la communauté internationale pour venir en aide aux 49 pays les plus pauvres de la planète, parmi lesquels 34 pays africains. En outre, le représentant a fait valoir l’importance de la coopération Sud-Sud pour le continent africain, rappelant que le Bangladesh avait déjà pris des initiatives en matière de développement, par exemple les microcrédits.
M. NOURREDINE MEJDOUB (Tunisie) a affirmé que son pays se félicite du soutien accordé à l'ONU aux initiatives africaines de règlement des conflits. Nous estimons, a-t-il ajouté, qu'il est hautement important de renforcer davantage la coordination et la concertation entre l'ONU et les organisations régionales et sous régionales telles que la CEDEAO, l'IGAD, la SADC et la CENSAD. La délégation tunisienne, tout en se réjouissant du retrait des troupes étrangères du territoire de la RDC, exprime sa préoccupation face au vide sécuritaire créé par le retrait et appelle la MONUC à se déployer le plus rapidement possible pour combler ce vide. M. Mejdoub s’est félicité de l'intérêt accordé par les Nations Unies à l'action préventive et de la création au sein du Conseil de sécurité d'un groupe de travail spécial sur la prévention et le règlement des conflits en Afrique. A propos de la prolifération des armes y compris des armes légères, le représentant a souligné que l'établissement des filières d'approvisionnement illicites et de traçage des armes légères pourrait constituer une solution efficace contre ce commerce destructeur. Il a en outre souligné la nécessité du renforcement du programme de démobilisation, du désarmement et de réinsertion des anciens combattants dans le cadre des mandats des opérations de maintien de la paix dans les pays sortant d'un conflit.
Au sujet des sanctions, M. Mejdoub a fait observer que sa délégation estime que celles-ci doivent être mieux ciblées, et décidées seulement en dernier recours et après épuisement de tous les moyens de règlement pacifique. Constatant que peu de progrès ont été accomplis dans de nombreux domaines tels que l'élimination de la pauvreté, la prévention, et le traitement des maladies infectieuses, la sécurité alimentaire, il s'est félicité en revanche de la nouvelle page de l'histoire de l'Afrique qui s'ouvre avec la naissance de l'Union africaine. Cette dernière compte certes sur ses propres capacités et ses potentialités naturelles et humaines, mais dans cet élan, elle a besoin d'un apport extérieur. Il y va de son intérêt comme il y va de l'intérêt de la communauté internationale dans son ensemble a-t-il conclu.
M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines), a affirmé que son pays se joint aux autres délégations pour accueillir avec satisfaction la résolution sur l'examen final et l'évaluation de la mise en œuvre du Nouvel Agenda pour le développement de l'Afrique (UN-NADAF) et le soutien du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Nous sommes confiants, a-t-il poursuivi, que cette résolution offre un plan de route réaliste en vue de s'attaquer de manière efficace aux problèmes que connaît l'Afrique. Soulignant la nécessité d'un "partenariat" actif entre les différents acteurs de la communauté internationale, M. Manalo a affirmé que son pays jouera le rôle qui lui revient dans ce domaine. Mais les pays développés, a-t-il précisé, devraient également fournir aux pays africains toute l'aide possible afin de renforcer les institutions clefs telles que le service civil, le service judiciaire, le secteur des affaires, et la société civile. Dans le cadre de la coopération Sud-Sud qui devrait être vigoureusement promue, les Philippines pourraient être en mesure de partager leur expérience en matière de renforcement de capacités humaines.
Le représentant a par ailleurs affirmé qu'il est impératif que l'aide fournie au continent africain soit stable et prévisible. Par conséquent, son pays exhorte de nouveau tous les partenaires des pays développés, notamment ceux qui ne l'ont pas encore fait, à apporter leur aide dans le cadre de l'objectif de 0,7% du produit national brut et permettre aux produits africains un plus large accès aux marchés mondiaux. De plus, la communauté internationale devrait rester engagée envers l'allègement de la dette. A cet égard, il a affirmé l'appui de son pays à l'initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).
M. SUSHIL KUMAR SHINDE (Inde) a félicité le Secrétaire général pour les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations contenues dans son rapport sur les causes des conflits et la promotion du développement durable en Afrique. Il a souligné le rôle bénéfique que joue la démocratie en ce domaine et salué diverses initiatives comme la réduction du commerce illicite des armes légères, responsables de la plupart des victimes civiles dans les conflits régionaux. Dans son rapport, le Secrétaire général a également présenté des initiatives importantes, comme le NEPAD, qui doit devenir pour la communauté internationale le cadre politique de développement en Afrique. Il est essentiel que les bailleurs de fondS se conforment à ce cadre, une évaluation indépendante ayant montré que l’Afrique doit déterminer elle-même ses politiques et priorités.
La qualité des relations entre l’Inde et l’Afrique nous a encouragé à mettre en place plusieurs actions concrètes en faveur de ce continent. Notre Ministre du commerce et de l’industrie a lancé un programme visant à faciliter le commerce avec l’Afrique subsaharienne et l’Institut indien du commerce extérieur a proposé des solutions pour augmenter le volume des échanges commerciaux avec le continent africain. Deux cents millions de dollars américains seront mis l’an prochain à disposition des institutions régionales et nationales en Afrique. L’Inde a également noté combien il était important de promouvoir le secteur privé et d’aider au développement des entreprises, prenant des mesures à cet égard. Dans le domaine de la santé, le représentant a fait savoir que l’Inde souhaitait faciliter l’accès des pays africains aux médicaments bon marché dont elle est productrice, de même que la création d’entreprises conjointes dans ce secteur. Le représentant a enfin annoncé que l’Inde comptait s’engager dans des initiatives concrètes concernant le volet du NEPAD qui propose de constituer un groupe de jeunes diplômés formés aux hautes technologies, rappelant en conclusion que le partenariat avec l’Afrique devait faire du développement des ressources humaines une priorité pour cette région.
M. NASROLLAH KAZEMI-KAMYAB (République islamique d'Iran) a remarqué que malgré les initiatives très variées du passé, la situation du continent africain reste troublante pour le moins. Les nouvelles initiatives, dont le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UNADAF), n'ont pas vraiment donné les résultats attendus. C'est la raison pour laquelle l'Iran se réjouit que le Secrétaire général ait recommandé de mettre un terme à l'UNADAF pour laisser la place au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD): cette initiative montre que les pays d'Afrique ont pris conscience que la responsabilité du développement de leur continent leur incombe au premier chef. A cet effet, le délégué a appelé le Secrétaire général à prendre les mesures nécessaires pour assurer la coopération des Nations Unies dans la mise en œuvre du NEPAD. Pour lui, ces mesures doivent tenir compte de l'évaluation finale de l'UNADAF: ceci permettra de dresser un bilan des dix dernières années et de modifier les politiques en fonction des enseignements tirés de l'expérience acquise.
Pour le délégué, il est temps que les gouvernements africains mettent fin aux activités des sociétés et des gouvernements qui ne font qu'envenimer les conflits; mais leurs causes profondes sont le sous-développement et le manque de démocratie. C'est pourquoi si l’on assure une croissance économique et la prévention de la pauvreté, on pourra agir efficacement pour prévenir les confits. Il faut une approche prudente et prendre des mesures en ce qui concerne les armements et la reconstruction des infrastructures. Il faut enfin commencer par intégrer les activités d'aide aux activités liées au développement.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a rappelé que dix ans plus tôt, l’Afrique avait été reconnue comme l’une des priorités des Nations Unies. Le lancement d’une nouvelle initiative en faveur de l’Afrique peut susciter quelque scepticisme après les échecs successifs de plusieurs autres qui l’ont précédée. L’évaluation indépendante du nouvel ordre du jour en faveur du développement en Afrique a montré qu’une combinaison de plusieurs facteurs a empêché la majorité des peuples africains de jouir de leurs droits fondamentaux à un niveau de vie acceptable. Le climat international défavorable pendant la durée d’application du Programme pour l’économie africaine, dans les années 80, n’a pas permis un développement du commerce international. En même temps que la pauvreté augmentait, l’éducation, la santé, la nutrition et l’emploi, ont reculé. Il faudrait revenir à une croissance d’au moins 6 %, a souligné le représentant. Si dans les années 90, les engagements des partenaires n’ont pas été suffisants pour atteindre ces objectifs, la forte instabilité politique du continent n’a pas aidé. M. Neil a affirmé qu’il fallait donc coordonner une approche qui tiendra compte des réalités régionales, et le NEPAD l’incarne mieux que les précédentes.
M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a souligné que des progrès tangibles avaient été réalisés dans le renforcement des mesures de confiance, la réalisation et l'instauration d'un esprit de paix et de réconciliation, le processus de coopération et d'intégration en Afrique, la promotion et la protection des droits de l'homme, notamment. Cependant, quels que soient ces progrès, la paix tarde à s'installer dans de nombreuses zones du continent et la circulation de nombreuses armes légères fragilise la sécurité des populations. Aussi, les Etats de la CEDEAO (Communauté économique de développement de l'Afrique de l'Ouest) ont-ils décidé du moratoire sur l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères. Mais l'assistance de la communauté internationale reste indispensable pour sa mise en œuvre et la faire respecter. En outre, le sida affecte le développement des pays africains: c'est à dire que les difficultés sont de plusieurs ordres et seule une approche holistique et concertée pourra y mettre un terme.
Le Sénégal fait donc sienne la recommandation du Secrétaire général concernant la traduction de l'intérêt manifesté au NEPAD par des actions tangibles, notamment pour les points suivants: combattre de manière énergique la pauvreté qui obère tous les efforts de développement; développer l'agriculture et l'industrie; favoriser l'intégration économique régionale; protéger l'environnement; promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l'homme; instaurer un code de bonne gouvernance politique et économique et développer, à l'échelon continental, les technologies de l'information et de la communication. Voilà pourquoi l'avènement du NEPAD qui demeure un programme conçu par les Africains et pour les Africains devrait susciter une nouvelle dynamique dans les rapports Nord-Sud, où les choix stratégiques librement identifiés par les dirigeants africains seront en adéquation avec les initiatives de l'ONU. Le délégué a souhaité, enfin, que le soutien des Nations Unies et des autres composantes de la communauté internationale se traduise à travers une structure unique, dotée de moyens et à la hauteur de la diversité et des ambitions qui lui seront confiées. Le développement de l'Afrique ne saurait être de la seule responsabilité des fils et filles du continent, a-t-il conclu: à l'heure de la mondialisation, le village planétaire a tout à gagner de la pleine participation de tous à promouvoir la paix et la solidarité.
Mme ANGUIANO RODRIGUEZ (Mexique) s’est félicitée des progrès réalisés dans la gestion des conflits en Sierra Leone, entre l’Erythrée et l’Ethiopie, en République démocratique du Congo et à Madagascar, soulignant à ce titre l’aide des médiateurs de l'Organisation des Nations Unies, des organisations africaines et la coopération efficace entre les deux. L’appui de la communauté internationale est essentielle pour prévenir les conflit, maintenir et consolider la paix, a-t-elle poursuivi, mettant en garde contre le danger des retraits prématurés de opérations de maintien de la paix lorsqu’un pays est encore instable.
Rappelant que la population civile est de plus en plus utilisée comme cible lors des conflits, la représentante a insisté sur la question de la consolidation de la paix, donnant en exemple l’importance d’un mécanisme de réconciliation en Sierra Léone. La consolidation de la paix est primordiale lorsqu’un conflit peu avoir des répercussions sur la stabilité de la région dans son ensemble, comme par exemple en République démocratique du Congo, a-t-elle poursuivi. Dans le même sens, la représentante a insisté sur la nécessité de réintégrer les anciens combattants pour établir une paix solide dans un pays qui sort de conflit.
M. MAHAMANE MAIGA (Mali) a rappelé que le Mali à travers ses initiatives et actions et les dirigeants africains ont toujours placé au centre de leurs préoccupations le maintien de la paix et de la sécurité ainsi que la création des conditions d’un développement intégré et endogène à l’échelle du continent. Il a également rappelé que les organisations sous régionales africaines sont des instruments essentiels dans la prévention des conflits, la préservation de la paix et de la sécurité et de la mise en œuvre des programmes du développement.
Le Nouvel Ordre du jour pour le développement de l’Afrique au cours des années 90 avait suscité des espoirs légitimes dont l’attente a malheureusement été déçue: les actions vigoureuses entreprises en matière de réforme de politiques économiques et d’ajustements structurels n’ont pas été suffisantes et le rapport d’évaluation indépendant a conclu que l’UN-NADAF a été un échec. Le nouveau programme, le NEPAD, devra être accompagné à cet égard par un mécanisme de suivi au niveau du système des Nations Unies. Au niveau gouvernemental, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social auront un rôle fondamental à jouer. Le mécanisme de suivi au niveau du système des Nations Unies mérite d’être renforcé en vue de coordonner et de canaliser les efforts des différents acteurs en direction de l’Afrique. De même, les structures du Secrétariat des Nations Unies doivent être dotées de ressources financières et humaines suffisantes en vue du suivi de la mise en œuvre du NEPAD, a conclu le représentant.
Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) s'est félicitée de ce que le rapport du Secrétaire général, comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), qui remplacera bientôt le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 à l'ordre du jour de l'Assemblée générale, mettent en évidence le lien évident entre la paix, la sécurité et le développement durable. Inspirés par le NEPAD, a-t-elle rappelé, les dirigeants africains, lors du sommet inaugural de l’Union africaine, en juillet 2002, ont pris la décision historique de renforcer les mécanismes de prévention, gestion et résolution des conflits en Afrique. Un point important de cette décision est la reconnaissance du fait que les pays africains, collectivement, doivent renforcer leur capacité à intervenir dans les conflits dans l'optique d'y mettre fin. Ceci est lié aux réticences de certains, dans la communauté internationale, quand il s'agit d'intervenir dans les conflits africains. Mais la complexité de la tâche suppose une série de partenariats entre les pays africains et le reste du monde. Concernant les opérations de maintien de la paix, Mme Ndhlovu a insisté sur la nécessité de prévoir les ressources et le soutien logistique indispensable à leur succès. Sur ce point, les Nations Unies sont les mieux placées pour jouer un rôle leader dans ces partenariats.
Pour la représentante, la reconstruction d'après-guerre et le développement sont de dividendes importants de la paix à répartir rapidement: non seulement ils permettent de lancer un développement durable mais évitent aussi les phénomènes de marginalisation, générateurs de nouveaux conflits. Les points soulevés par le Secrétaire général dans son rapport et ses priorités coïncident pleinement avec ceux du NEPAD, a-t-elle poursuivi. Notamment ceux relatifs au plein financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Car si l'Afrique a pris le contrôle de son propre ordre du jour sur le développement avec le NEPAD, ce dernier est aussi une invitation à la communauté internationale à forger de nouveaux partenariats en vue de mettre en œuvre les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Enfin, pour Mme Ndhlovu, il s'agit, dans les débats sur le NEPAD, de réfléchir à la meilleure façon de transformer en faits concrets ce Nouveau Partenariat, de se demander comment traduire les gains macroéconomiques pour les fermiers, les petits boutiquiers, les artisans, comment aider les mères à élever des enfants en bonne santé, qui pourront tirer avantage d'écoles bien gérées.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré partager le point de vue selon lequel le NEPAD doit définir à l’avenir la nature des relations entre les Nations Unies et les pays africains, ce qui doit permettre à ces derniers d’intégrer le NEPAD dans leur propre stratégie de planification du développement en coopération avec les Nations Unies et les pays partenaires de l’Afrique.
Il est du ressort des Nations Unies d’aider les pays africains à atteindre les objectifs de paix, de sécurité, de démocratie et de bonne gouvernance aussi bien que de développement économique et social, d’intégration et de coopération régionale dans la région. Mais il est crucial d’ajuster ces efforts aux besoins particuliers de l’Afrique et d’harmoniser l’ensemble des actions entreprises à l’ONU. Le représentant a par ailleurs salué la volonté du NEPAD d’enrayer l’exclusion des pays africains de la mondialisation. Enfin la Colombie s’intéresse tout particulièrement aux objectifs de paix et de sécurité relatifs au développement de l’Afrique, a ajouté le représentant, se référant à la participation de la Colombie au Conseil de sécurité pendant presque deux ans. Il a rappelé qu’une des conclusions essentielles de l’évaluation du UN-NADAF, c’est que conflit et développement sont des ennemis mortels. Le délégué a signalé à ce propos les trois tendances à l’œuvre au sein de l’ONU sur ces sujets: renforcer la relation avec les organisations régionales dans le domaine de la prévention des conflits, des opérations du maintien de la paix et de la reconstruction au lendemain des conflits; la prise en compte du caractère régional des conflits et l’envoi à cet effet de représentants spéciaux, notamment dans la région des Grands Lacs; enfin l’excellent travail accompli par le Groupe de travail sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique, créé au sein du Conseil de Sécurité, qui a rapproché l’ECOSOC du Conseil sur l’effort de consolidation de la paix dans les pays sortant d’un conflit.
M. OLUFEMI GEORGE (Nigéria) saluant l’engagement du Secrétaire général dans la résolution des conflits et l’établissement d’une paix durable en Afrique, a rappelé les multiples origines de ces conflits, liés à l’histoire de l’Afrique, son passé colonial, et le défi de mettre en place les structures d’un Etat moderne. Les conflits sont parfois aussi motivés par l’appât du gain, a-t-il affirmé, rappelant que le trafic d’armes, du sang, de diamants, de pétrole etc., serait moins développé s’il n’était pas si rentable pour les trafiquants. Affirmant que le coût humain et matériel des conflits en Afrique était incalculable, le représentant a appelé les Nations Unies à faire de la promotion de la paix en Afrique une priorité absolue.
Par ailleurs, soulignant combien conflit et développement étaient des ennemis mortels, le représentant a rappelé que le Nigéria, après 15 ans de pouvoir militaire, avait dû reconstruire une nation. Le retour à un pouvoir civil a nécessité de prendre un nouveau départ dans le processus de démocratisation, en intégrant la population aux objectifs de bonne gouvernance, et en soutenant la culture de la démocratie, a-t-il poursuivi. Notre gouvernement a fait de la réduction de la pauvreté, de l’éducation, de l’agriculture et de la question de l’eau potable des priorités afin de soutenir efficacement le développement de notre pays, a-t-il fait valoir. Invitant par ailleurs les Etats Membres à tirer les enseignements du manque de performance de l’UN-NADAF, le représentant a estimé que les Nations Unies devaient apporter leur soutien inconditionnel, quantitatif et visible au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique. Le représentant a également appelé les Etats Membres à revoir la question de la dette et du fonctionnement du programme HIPC, rappelant que sur 33 pays postulants seuls six pays avaient pu voir leur dette annulée. En outre, le représentant a souligné la nécessité urgente de se préoccuper du développement humain, notamment en traitant simultanément du VIH/sida et de la question du sous-développement. Pour que le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique soit réellement efficace, les annonces de contributions devront être réalisées sans retard, a-t-il insisté, soulignant que le Nouveau Partenariat pourrait ainsi être l’outil adéquat pour sortir le continent africain des affres du sous-développement.
M. JUMA AMER (Jamahirya arabe libyenne) a fait valoir les efforts de paix en Afrique, dus aux initiatives africaines, ce qui prouve que seuls les Africains peuvent faire la différence sur le continent, même si les Nations Unies ont engagé elles-aussi de nombreux efforts. Mais la croissance ne permet pas d'atteindre la totalité de la population; la pandémie du sida empêche des millions de gens de profiter des progrès; la dette extérieure et le service de la dette détournent l'essentiel des ressources. Mais l'Afrique a montré qu'elle voulait la paix, d'où la création de l'Union africaine. Tout en appréciant les efforts des Nations Unies en faveur de l'Afrique, le représentant a demandé l'aide des autres partenaires en développement qui se sont engagés à apporter la leur: il faut des investissements accrus, pour que l'Afrique puisse accroître sa participation au commerce mondial. Les partenaires devraient se rendre compte qu'en contribuant à ces programmes, ils servent leurs intérêts: il faut accorder la priorité aux infrastructures, aux communications et aux ressources hydrauliques pour favoriser l'agriculture et abolir toute restriction dans le transfert des technologies. Enfin, il a conclu que si l’on n'aidait pas l'Afrique à prévenir les conflits, ce sont toutes les régions du monde qui en pâtiront.
Mme PERWITORINI WIJONO (Indonésie) a encouragé les efforts de plusieurs pays africains à réduire leurs dépenses militaires. L’Indonésie attache par ailleurs une importance particulière à l’aide d’urgence de la communauté internationale en vue de la reconstruction au lendemain des conflits et au développement en Afrique. A cet égard, la création du processus d’appel consolidé comme stratégie concertée pour la promotion de l’aide au développement est bienvenue. L’Indonésie a aussi approuvé la suggestion du Secrétaire Général de faire prendre aux institutions de Bretton Woods les mesures qui s’imposent pour favoriser la compétitivité économique. Mais il y a d’autres questions relatives au développement durable en Afrique que le lancement du NEPAD devrait contribuer à résoudre, en favorisant sur place les conditions de paix, de sécurité, de bonne gouvernance, de respect des droits humains, comme préalables au développement durable.
Mme Wijono a souligné que les échecs de l’UN-NADAF doivent servir de leçon au nouveau programme d’action des Nations, qui coordonnerait dans une approche intégrée la volonté des Etats africains et celle de l’Organisation. La privatisation et la libéralisation à tout prix qui caractérisaient les stratégies précédentes étaient inadaptées aux réalités économiques de l’Afrique. Ses partenaires avaient également failli à leurs engagements tandis que l’Aide publique au développement avait décliné au cours de la même période. L’absence de résultats quantifiables nécessite aujourd’hui l’adoption d’un mécanisme de suivi, a préconisé L’Indonésie. En conclusion de son intervention, la représentante a souligné l’isolement, notamment sur le plan économique, qui découlait de la faible implantation de l’Internet sur le continent africain.
M. MASASHI MIZUKAMI (Japon) s’est félicité de la création du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, expression de l’appropriation par l’Afrique de son développement. L’appropriation par les pays d’Afrique joue un rôle essentiel dans leur développement a-t-il ajouté, se félicitant à ce titre de la reconnaissance par les pays africains de l’importance de la prévention et la résolution des conflits, du maintien et de la consolidation de la paix, de la réconciliation postconflit, de la réhabilitation, de la reconstruction et du principe de démobilisation désarmement réinsertion (DDR) comme condition préalable au développement.
Par ailleurs, le représentant a insisté sur la résolution des conflits comme point de départ au développement. Dans bien des cas les causes sous-jacentes des conflits, notamment la pauvreté, subsistent après les conflits eux-mêmes et entraînent le pays dans une spirale infernale. C’est pourquoi, a insisté le représentant, il est essentiel d’avoir une approche compréhensive, qui intègre des mesures politiques, économiques, sociales et humanitaires pour construire une paix et un développement durables dans les pays du continent. Enfin, le représentant a rappelé l’engagement sans faille du Japon à l’égard de l’Afrique ainsi que son soutien à l’Initiative du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique.
M. BOB F. JALANG'O (Kenya) a regretté que le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, en dix ans, n'ait pas permis d'atteindre les objectifs de développement fixés. Une bonne part de cet échec, selon lui, est imputable à la réduction de l'aide publique au développement, passée de 28,62 milliards de dollars en 1990 à 16,38 milliards en 2000. Dans le même temps, les espoirs fondés sur les échanges commerciaux n'ont pas apporté les recettes escomptées en raison de la détérioration des termes de l'échange. Les gouvernements africains, a-t-il fait valoir, ont pourtant pris des mesures, amorcé des réformes politiques et économiques qui ont permis dans les années 90 d'améliorer la situation macroéconomique de leurs pays. Le continent a prouvé sa volonté de coopération et d'intégration à travers ses grandes organisations régionales et le lancement récent de l'Union africaine (UA), à Durban, en est un nouveau témoignage.
Le délégué a ensuite souligné que conflits et développement sont mortellement ennemis: il a donc rappelé que la Conférence d'Eldoret (Kenya) sur la Somalie avait débuté mardi entre tous les dirigeants somaliens et salué la conclusion d'une trêve au Soudan entre le gouvernement et les rebelles armés du Mouvement pour la libération des peuples du Soudan (MPLA). Pour le représentant, le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) apporte un cadre global à l'Afrique et il s'est félicité de ce que son adoption ait été recommandée à l'ONU et à la communauté internationale. Le système des Nations Unies, ainsi que les autres partenaires de développement et les institutions financières internationales doivent mieux coordonner leurs initiatives d'aide au développement pour s'assurer qu'elles auront un impact tangible sur les pays auxquelles elles sont destinées, a-t-il conclu.
M. OM PRADHAN (Bhoutan), a affirmé que dans le cadre des objectifs fixés par le NEPAD, les pays africains doivent bénéficier de la pleine coopération de la communauté internationale dont ils ont besoin. L'initiative du NEPAD est un cadre pertinent qui garantit la poursuite des objectifs du développement du Millénaire, a-t-il ajouté. Le représentant a par ailleurs précisé que les projets de développement sont la propriété des gouvernements et des peuples à qui ils sont destinés. C'est une approche qui fait partie intégrante des principes du NEPAD et nous devrions la respecter, a-t-il affirmé. Pour ce qui est du financement, des projets de développement, nous devons nous acquitter le plus tôt possible des obligations énoncées à Monterrey. L'esprit de Monterrey doit être respecté afin de réaliser les objectifs du Sommet du Millénaire, a-t-il fait observer. Les fonds doivent être disponibles afin de mettre en œuvre les décisions prises par la communauté internationale, et c'est exactement ce dont le NEPAD a besoin actuellement.
M. CHEAH SAM KIP (Malaisie), a affirmé que son pays se réjouit des efforts de maintien de la paix déployés par le Soudan et la Somalie et espère par ailleurs que les conflits déclenchés le 19 septembre dernier en Côte d’Ivoire ne s'éterniseront pas au détriment des populations du pays et de la région de l'Afrique de l'Ouest. Le représentant a souligné le lien qui existe entre la paix et le développement et fait remarquer que le continent est encore loin de l'objectif de croissance de 6 % par an du produit national brut. Pour que l'Afrique puisse se frayer sa propre voie vers le développement, la coopération et l'aide internationales sont impératives à cet égard. Par conséquent, nous nous félicitons des efforts déployés actuellement dans le cadre d'un allègement global de la dette, y compris à travers l'initiative d'allègement de la dette des pays lourdement endettés. Il est encourageant de constater que 23 pays africains bénéficient actuellement de cette dernière initiative. En revanche, les gouvernements africains doivent prendre dûment en compte la réduction du budget de la défense, notamment pour ce qui est de l'achat d'armements. Pour sa part, la Malaisie, malgré ses ressources limitées, continuera de jouer un rôle modeste dans le renforcement de la coopération avec les pays africains. Dans l'esprit de coopération Sud-Sud, le représentant a évoqué, entre autres, l'élargissement aux pays africains du programme malaisien de coopération technique, établi en 1981.
M. MOHAMMED BENNOUNA (Maroc) s’est félicité des succès de l’Organisation dans plusieurs régions en Afrique, notamment en Angola, en Erythrée-Ethiopie, et dans la région du fleuve Mano qui s’oriente progressivement vers le rétablissement de la confiance et de la paix entre les trois pays qui le composent: L’histoire des conflits dans le monde montre que chaque fois que le facteur ethnique est utilisé à bon escient pour féconder une coopération transfrontalière, ceci a permis d’asseoir une stabilité et une coopération régionales durables. Le Maroc s’emploie d’ailleurs à réunir un deuxième Sommet des Chefs d’Etat de la région.
L’interaction entre le respect des droits de l’homme y compris ceux des minorités et le développement régional, mérite une attention spéciale au regard de tout effort de stabilisation, de règlement des conflits et de leur prévention. Le Maroc est persuadé que le développement de la coopération régionale et sous-régionale constitue le principal atout pour éviter l’exacerbation des rivalités ethniques. Les progrès déjà obtenus dans le domaine du rétablissement de la paix dans certaines régions de l’Afrique même si leurs effets ne se sont pas encore fait sentir, témoignent de l’efficacité de l’approche suivi par l’Organisation. En effet la nomination par le Secrétaire général de médiateurs spéciaux et la création de Commissions spéciales chargées d’examiner les sources des différends sont des mesures qui méritent d’être appuyées. De même, le délégué a salué l’ouverture du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’adoption par le Conseil économique et social de la résolution prévoyant l’établissement du Comité ad hoc pour les pays africains émergeant des conflits. Le Maroc s’est dit par ailleurs prêt à appuyer l’action du Comité ad hoc pour la Guinée-Bissau, conformément à la résolution de l’ECOSOC. Toutes ces initiatives doivent toutefois être soutenues par une aide internationale à tous les niveaux.
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé que la naissance de l’Union africaine, la consolidation du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, ainsi que les progrès dans la résolution des conflits en Angola, en République démocratique du Congo, entre l’Ethiopie et l’Erythrée, en Sierra Leone et au Soudan étaient autant de signes positifs pour l’avenir du continent africain et de sa population. Estimant que les leçons avaient été tirées de l’échec de l’UN-NADAF, la représentante a souhaité que le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique devienne le cadre dans lequel la communauté internationale et le système des Nations Unies concentrent leurs efforts sur le développement en Afrique.
Par ailleurs, la représentante a rappelé l’engagement de l’Union européenne à travailler de concert avec les pays africains afin de renforcer les capacités régionales et locales de prévention, gestion et résolution des conflits, ainsi qu’à renforcer les opérations de maintien de la paix de l'Organisation des Nations Unies et les efforts de reconstruction de la paix. Rappelant l’engagement de l’Union européenne dans la prévention de la prolifération des armes en Afrique, la représentante a insisté sur la nécessité absolue de mettre au point des mécanismes plus efficaces de contrôle des armes sur le continent, avec l’aide de l’Union africaine et des organisations sous-régionales. La bataille pour le contrôle des ressources naturelles est également source de conflit, a-t-elle poursuivi, encourageant à ce titre la poursuite du processus de Kimberley, qui joue un rôle important dans la prévention des conflits en Afrique.
Pour M. YEHUDA LANCRY (Israël), il a souvent été dit que le développement, surtout durable, constituait la meilleure assurance contre la guerre et que la paix et la sécurité étaient les meilleures garanties de poursuivre une politique de développement: en témoignent aujourd'hui la naissance de l'Union africaine et le lancement du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Pour M. Lancry, il n'y a pas de meilleurs moyens de protéger les enfants des guerres de demain qu'en empêchant celles d'aujourd'hui.
En ce qui concerne la coopération avec l'Afrique, a-t-il poursuivi, depuis la fin des années 50, Israël a partagé avec les nouveaux Etats de l'Afrique subsaharienne les leçons durement tirées de sa propre construction. C'est ainsi qu'est né MASHAV, le Centre israélien pour le développement de la coopération internationale et depuis 50 ans, cette coopération est devenue une tradition et un engagement plutôt qu'une simple expérience. Aujourd'hui, la coopération au niveau régional que préconise le NEPAD pour optimiser les faibles ressources et leur distribution est louable et constitue un pas en avant. En outre l'élargissement du processus de développement à ceux qui étaient auparavant marginalisés est fondamental, a-t-il conclu.
M. U WIN MRA (Myanmar) s’est félicité des progrès réalisés dans plusieurs régions du continent dans la résolution des conflits, saluant également l’initiative du NEPAD, qui permettra d’améliorer la gestion économique du continent, ainsi que la naissance de l’Union africaine. Il a souligné la nécessité d’une approche diversifiée et globale dans l’élimination de la pauvreté, le traitement du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose. Réduire le nombre de personnes vivant dans la pauvreté d’ici à 2015 est un objectif du Millénaire qui nécessite une croissance économique de 7 % par an en Afrique, ce dont nous sommes encore très loin, a déploré le représentant.
Il s’est par ailleurs félicité de la décision des pays industrialisés d’augmenter l’aide publique au développement à hauteur de 12 milliards d’ici à l’an 2006. En matière de dette, le représentant a salué l’initiative de la Banque mondiale de réduire la dette africaine, estimant cependant que cette réduction à elle seule ne suffirait pas à garantir le développement durable, et qu’une solution à long terme ne pouvait être efficace que si la bonne gouvernance ainsi qu’un financement responsable par les créanciers entre autres, étaient respectés. Le représentant a également tenu à souligner les conséquences sociales considérables du VIH/sida. A ce titre, il s’est félicité du fait que toutes les institutions de l’ONU intègrent le sida dans tous leurs projets et programmes en Afrique, ainsi que de l’engagement de la Banque mondiale qui a fourni récemment un milliard de dollars pour un programme d’aide aux pays africains touchés par le virus, notamment dans la zone subsaharienne. Le représentant a également salué les efforts du Secrétaire général pour renforcer le Fonds global de lutte contre le VIH/sida, estimant qu’augmenter ce fonds à hauteur de 7 à 10 milliards de dollars permettrait de combattre plus efficacement le virus, notamment dans la région subsaharienne.
Mme ADRIANA PULIDO SANTANA (Venezuela) a rappelé que pour parvenir aux objectifs du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, la communauté internationale s'était engagée à lui apporter un appui total et avait reconnu que le continent avait besoin d'une croissance moyenne annuelle de 6 % au moins de son produit national brut pour parvenir à un développement économique durable. Pourtant, pendant la majeure partie de la décennie, ce taux n'a guère excédé les 3 %, trop peu pour réduire la pauvreté. Ceci peut s'expliquer, selon la déléguée, par le manque d'appui de la communauté internationale, mais aussi par le faible niveau du commerce africain, l'incapacité à saisir les concessions sur l'accès au marché, une dépendance croissante envers l'aide et la dette, qui s'est alourdie à la suite de la baisse des exportations.
Les dirigeants de l’Afrique ont construit le NEPAD sur la nécessité d'amener leur continent au développement durable, tout en participant activement à l'économie mondiale. C'est la vision d'une Afrique unie et forte, a jugé Mme Santana, c'est la volonté des Africains de se libérer eux-mêmes. La déléguée a ensuite rappelé que le Président Chavez avait proposé à Monterrey la création d'un fonds humanitaire international auquel seraient consacrés 10 % de la dette extérieure du monde en développement, 10 % des dépenses militaires, un pourcentage des sommes confisquées aux narcotrafiquants et des ressources ponctionnées sur les transactions internationales à visée spéculatives. Ce fonds, qui assurerait la promotion d'une paix durable et d'un développement durable, doit être crée.
M. MUHAMMAD HASSAN (Pakistan) a rappelé que le problème majeur du continent africain, duquel découlait tous les autres, était la pauvreté. Or, malgré quelques succès de l’Organisation dans les domaines de la paix et de la sécurité comme du développement social et économique, la situation n’a guère évolué au cours de la décennie précédente. Face aux énormes défis qu’elle doit relever, l’Afrique ne peut agir seule et c’est pourquoi la communauté internationale doit apporter un soutien complet aux efforts régionaux et nationaux pour atteindre les objectifs jumeaux de la paix et du développement en Afrique, et ce à deux niveaux. En premier lieu, il faut se concentrer sur la question de la stabilité politique de la région; ensuite prendre les mesures appropriées à traiter les problèmes économiques et sociaux en se fixant un programme d’aide global bénéficiant des ressources suffisantes. Le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) sera peut-être ce programme.
Dans le cadre de ce dernier, le Pakistan encourage la communauté internationale à élargir l’accès des pays africains aux marchés des pays développés, à accélérer et augmenter l’allègement de la dette des pays pauvres, à améliorer les performances de l’agriculture et la sécurité alimentaire, à augmenter l’investissement en ressources humaines, à mobiliser davantage de ressources financières, l’Afrique ayant besoin chaque année de 20 à 30 milliards de dollars supplémentaires pour résoudre le problème de la pauvreté. Pour sa part, le Pakistan a constamment appuyé les aspirations économiques et politiques de l’Afrique en participant aux opérations de maintien de la paix dans plusieurs de ses pays et continuera de le faire à l’avenir, a ajouté le représentant.
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