LE CONSEIL DE SECURITE DEVRAIT S'ELARGIR AUX REGIONS SOUS REPRESENTEES POUR TENIR COMPTE DES REALITES DU MONDE ACTUEL, ESTIMENT DE NOMBREUX DELEGUES
Communiqué de presse AG/1345 |
Assemblée générale
32ème séance – après midi
LE CONSEIL DE SECURITE DEVRAIT S'ELARGIR AUX REGIONS SOUS REPRESENTEES POUR
TENIR COMPTE DES REALITES DU MONDE ACTUEL, ESTIMENT DE NOMBREUX DELEGUES
Une meilleure représentation au Conseil de sécurité de l'Asie, de l'Amérique latine et des Caraïbes et surtout de l'Afrique, continent qui compte le plus grand nombre d'Etats Membres, est apparue comme l'une des revendications principales des délégations qui se sont exprimées aujourd'hui devant l'Assemblée générale, au troisième et dernier jour de débat sur la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l'augmentation du nombre de ses membres.
Il s'agit d'élargir le Conseil pour qu'il reflète au mieux les réalités du monde contemporain, notamment le poids croissant des pays en développement au sein de l'Organisation ou encore le rôle que joue le Japon dans les relations internationales et économiques, comme l'a souligné le représentant de la Pologne. C'est à ce prix que le Conseil de sécurité renforcera sa légitimité, sa crédibilité, son efficacité et rendrait son fonctionnement plus démocratique, ainsi que l'a remarqué le représentant chypriote.
L'élargissement du Conseil doit concerner les membres permanents comme les non permanents et, dans les deux catégories, intégrer des pays développés et des pays en développement pour parvenir à un nombre total de membres autour de 25, a suggéré le représentant du Brésil. Plusieurs pays africains ont eux fait valoir que bien que comptant le plus d'Etats Membres, l’Afrique n’était pas représentée du tout parmi les membres permanents: les représentants de la Tanzanie et du Malawi, reprenant la revendication de l’Union africaine au Sommet d'Harare, ont réclamé deux sièges dans la catégorie des membres permanents - assignés à une région et non à un pays - et cinq sièges dans celle des membres non permanents. Le correspondant du Sénégal, a souhaité un Conseil composé de 26 membres qui octroierait à l’Afrique un minimum de deux sièges permanents et deux sièges non permanents.
Sur ce point, les représentants de l'Irlande et de Maurice, dont les pays achèvent à la fin de l'année leur terme de deux ans au sein du Conseil de sécurité, ont tiré de cette expérience la conviction que les membres élus pouvaient y jouer un rôle vraiment constructif, apporter une bouffée d'air frais. Pour le représentant de Maurice les membres élus ont pu susciter des changements positifs dans les méthodes de travail et les procédures du Conseil. Leur rôle devrait être renforcé, a-t-il plaidé, en suggérant la création d'un mécanisme approprié qui fonctionnerait comme une mémoire institutionnelle et fournirait les informations essentielles à une participation constructive aux délibérations du Conseil.
Il convient cependant de préserver un format compact, a mis en garde le représentant de la Fédération de Russie, car un gonflement excessif de ses membres affecterait négativement la qualité et l'efficacité des travaux du Conseil de sécurité. L'important, pour lui, est aussi d'élargir le Conseil aux pays développés comme aux pays en développement, qui devraient se voir conférer les mêmes droits et obligations. En revanche, le représentant russe a jugé que l'idée de restreindre les prérogatives et pouvoirs du Conseil, tel le droit de veto, était contre-productive: voyons d'abord quelle sera la composition d'un Conseil réformé avant de décider d’octroyer de nouveaux droits de veto, a-t-il dit en substance.
Cette question du droit de veto a pourtant été de nouveau fréquemment soulevée, aujourd'hui comme lors des deux premiers jours de débat: de nombreuses délégations ont plaidé, si ce n'est pour sa suppression, du moins pour sa restriction aux seules décisions prises en vertu du Chapitre VII de la Charte. Le Maroc a fait valoir pour sa part son souci d'éviter un abus de l'usage du droit de veto.
Au terme du débat, l'Assemblée générale a formellement pris note du rapport que lui avait soumis le Conseil de sécurité*.
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole cet après-midi: Botswana, Mozambique, Emirats arabes unis, Belgique, Mongolie, Hongrie, Slovaquie, Uruguay, El Salvador, Népal et Liechtenstein.
L'Assemblée générale reprendra ses travaux jeudi 17 octobre à 10 heures.
* (A/57/2)
RAPPORT DU CONSEIL DE SECURITE; QUESTION DE LA REPRESENTATION EQUITABLE AU CONSEIL DE SECURITE ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE SES MEMBRES ET QUESTIONS CONNEXES
Déclarations
M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a affirmé sa satisfaction devant la forme du rapport du Conseil de sécurité sur la question de son élargissement, du droit de veto et des méthodes de travail du Conseil, tout en déplorant qu’après tant d’années il n’ait pas été possible de dégager un consensus sur ces questions. Il a regretté que ceux qui considèrent le Conseil comme un club où siègent exclusivement quelques Etats privilégiés n’aient pas tenu leurs engagements, alors que la nature des relations internationales à notre époque exige de revoir sa représentativité. Le Botswana soutient le Groupe du Mouvement des non alignés dans sa volonté d’augmenter de 15 à 26 le nombre d’Etats Membres permanents et non permanents. Quant au droit de veto, il devrait être accordé aux nouveaux membres permanents, avant d’être remplacé à terme par un mode de décision plus démocratique. Il est important de rappeler que le droit de veto ne saurait être utilisé pour la préservation d’intérêts souverains. Par ailleurs, aucune de nos délégations ne peut se satisfaire d’une augmentation du seul nombre des membres non permanents.
Si le représentant s’est félicité du nombre de réunions ouvertes auxquelles ont pu participer les Etats non membres du Conseil de sécurité, il a toutefois regretté que ces débats ne soient pas davantage associés au processus de prise de décisions. Il faut contribuer par ailleurs au maintien des bonnes relations entre les membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité. En conclusion, M. Mmualefe a réaffirmé que sa délégation continue de militer en faveur de ce projet de réforme, afin que tous les Etats Membres assurent la responsabilité collective pour maintenir la paix et la sécurité internationales.
M. ISAAC MURARGY (Mozambique), a affirmé que son pays se réjouit des progrès accomplis quant à la situation du rapport du Conseil de sécurité. Toutefois, nous aimerions voir davantage d’améliorations dans la section analytique de ce rapport, a-t-il ajouté. Nous estimons que la création du Site Web du Conseil de sécurité et l’augmentation du nombre de conférences, de consultations et de débats publics avec les pays fournisseurs de contingents ont joué un rôle important pour rassembler les différents éléments du système des Nations Unies. Si le Conseil a fait preuve d’efficacité en matière de lutte contre le terrorisme, ainsi que dans le cadre des conflits au Timor oriental, en Afghanistan, et au Sierra Leone, il a été moins efficace en Afrique et au Moyen-Orient, a souligné M. Murargy. Le représentant a estimé que la raison principale de « l’échec » du Conseil de sécurité dans ces régions était le manque de volonté politique de la part des acteurs principaux du Conseil. Evoquant les divisions au sujet de la composition de cet organe, le représentant a affirmé qu’il ne devrait pas y avoir de membres de première et de deuxième catégorie. En outre, les consultations entre les membres du Conseil devraient s’effectuer de manière ouverte, inclusive et transparente. Enfin, le réexamen de la composition du Conseil devrait reposer sur le critère d’une représentativité géographique équitable, et sur l’autorité morale des candidats, a-t-il déclaré. Pour conclure, il a réitéré la position africaine qui demande à ce que deux sièges permanents, ainsi que deux sièges non permanents supplémentaires, soient accordés à la représentation du continent africain.
M. Isaac C. LAMBA (Malawi) a rappelé que depuis la fin des années 80, lorsque l’idée de réformer le Conseil de sécurité a commencé à gagner du terrain, de nombreux événements se sont déroulés sur la scène internationale. Soulignant à cet égard le rôle joué par le Conseil, il a affirmé que l’élargissement du nombre de membres de cet organe a été reconnu comme étant l’une des questions les plus cruciales dans le cadre du processus de réforme. Evoquant les progrès accomplis par le Conseil de sécurité, le représentant a souligné en particulier l’importance des débats publics ouverts à tous les Etats Membres; une interaction qui devrait être encouragée et institutionnalisée afin de renforcer la transparence et la responsabilité, a-t-il ajouté. Le Malawi, a-t-il déclaré, réitère la position de l’Union africaine, énoncée dans la Déclaration d’Harare. Dans cette dernière, l’Union africaine plaide en faveur de l’augmentation du nombre des membres du Conseil de 15 à 26 sur la base d’une représentation géographique équitable. Le Malawi réitère et appuie pleinement la proposition formulée par l’Union africaine d’un minimum de deux nouveaux sièges permanents et d’un total de 5 sièges non permanents représentant le continent africain au Conseil de sécurité. Pour conclure, le représentant a déclaré qu’un réexamen du pouvoir que revêt le droit au veto, mérite qu’on lui accorde une place particulière dans la réforme du Conseil en vue de défendre le système démocratique et l’égalité entre les Etats souverains.
M. GELSON FONSECA (Brésil) a d'abord réaffirmé que pour son pays, les mesures coercitives ne devraient être appliquées qu'avec l'autorisation explicite du Conseil de sécurité, en vertu du chapitre VII. Il a donc appelé le Conseil à agir conformément aux vœux de la communauté internationale, qui sont de voir au plus vite les inspecteurs reprendre leurs travaux en Iraq. Il a également souhaité davantage de transparence de la part du Conseil sur les implications financières et les coûts de ses décisions, souhaitant qu'il soumette une estimation des dépenses à engager et la part couverte par les contributions obligatoires. Il a par ailleurs déploré la marginalisation des membres non permanents lors des discussions au sein du Conseil, dont celles ayant trait à une éventuelle résolution sur les inspections en Iraq.
Le Conseil de sécurité étant un organe dont la crédibilité et la légitimité ne devraient pas pouvoir être questionnées, M. Fonseca a estimé que sa composition actuelle ne reflétait pas suffisamment les réalités du monde contemporain, l’accroissement du nombre des Etats Membres et la part importante des pays en développement dans les affaires du monde. Pour lui, l'élargissement du Conseil doit s'adresser aux membres permanents comme aux non permanents et, dans les deux catégories, intégrer des pays développés et des pays en développement, pour parvenir à un nombre total de membres autour de 25. Il a également indiqué que le Brésil était favorable à un usage restreint du droit de veto dans la perspective de son élimination par étapes. Mais sur la méthode à suivre, le délégué a souhaité que l'Assemblée générale évite de se lancer dans une nouvelle année de discussions: il est plus que temps de tirer les conclusions de ces dix années de débat, a-t-il souligné en appelant à parvenir rapidement à un accord sur la taille future d'un Conseil réformé.
M. ABDUL AZIZ BIN NASIR AL SHAMSI (Emirats arabes unis) a approuvé le contenu du rapport du Conseil de sécurité concernant les progrès accomplis dans l’amélioration de ses méthodes de travail, notamment par la tenue de réunions publiques plus nombreuses, qui permettent aux Etats non membres de participer aux activités du Conseil. Il s’est également félicité des succès obtenus dans les domaines des opérations du maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. En dépit de ces avancées, il est regrettable que le Conseil de sécurité ait échoué à mettre un terme à l’agression et à l’occupation étrangère à cause de la politique de deux poids deux mesures.
La réforme du Conseil de sécurité passe par plus de transparence et par le renforcement de son rôle dans le maintien de la paix et la sécurité internationales. Il faut également élargir sa composition, car le nombre d’Etats Membres a triplé depuis ses origines sans que la représentation du Conseil ait évolué en conséquence. Le groupe de travail a été incapable de parvenir à un accord sur la nature des changements à introduire sur les questions du nombre d’Etats et des méthodes de travail. Les Emirats arabes unis soutiennent l’augmentation du nombre de membres dans les catégories des permanents comme des non-permanents, dans une proportion qui permettrait d’accroître l’efficacité du Conseil de sécurité. Une telle augmentation serait conforme au principe de répartition géographique équitable. Par ailleurs, une restructuration du Conseil doit permettre de rétablir l’équilibre entre pays développés et pays en développement; d’attribuer un siège permanent au groupe des pays arabes, dont l’occupation serait soumise à une rotation; d’exiger, en cas d’accord sur l’élargissement, des nouveaux Etats admis d’avoir fait la preuve de leur implication dams les domaines qui relèvent de la mission des Nations Unies; enfin de limiter l’exercice du droit de veto.
Le représentant s’est dit en conclusion déçue que les résolutions successives n’aient pas permis de régler la situation au Moyen-Orient, où Israël continue de perpétrer des actes de génocides au mépris des lois internationales. Il est du ressort du Conseil de sécurité de faire en sorte de mettre en œuvre ses résolutions, tout particulièrement au Moyen-Orient.
M. STEPHANE DE LOECKER (Belgique) a estimé que le Conseil de sécurité avait relevé avec rapidité et efficacité les défis auxquels il a été confronté, en particulier celui de la lutte contre le terrorisme, se félicitant de voir que dans le même temps, les différents conflits en Afrique avaient continué à faire l’objet de la plus grande attention du Conseil. Par ailleurs, le représentant a souligné la nécessité d’améliorer le fonctionnement des divers mécanismes de suivi des régimes de sanctions existants, espérant que le Groupe de travail chargé de ce dossier formulerait des recommandations concrètes à cet égard. En outre, il s’est réjouit des progrès effectués en ce qui concerne les méthodes de travail du Conseil, estimant opportun de codifier les nouvelles pratiques ainsi développées et appelant par ailleurs à renforcer la concertation avec les pays fournisseurs de troupes.
Le représentant s’est également prononcé en faveur d’un élargissement des deux catégories de membres du Conseil ainsi qu’à une limitation de l’exercice du droit de veto, ingrédients nécessaire à une réforme équilibrée et réaliste appelée par une majorité des Etats Membres. Ce qui nous fait défaut, a-t-il affirmé, c’est la volonté politique d’aller de l’avant, de faire les pas nécessaires pour rapprocher les positions. Il n’est pas de divergence qui ne puisse être dépassée si nous avons réellement la volonté d’arriver à un résultat, a-t-il affirmé, expliquant qu’à ce stade, c’est une approche politique qui s’imposait.
M. P. GANSUKH (Mongolie) s'est félicité de ce que le Conseil de sécurité, tout en étant confronté à une série de situations urgentes, ait réussi à améliorer sensiblement ses méthodes de travail. Enumérant plusieurs points, il a noté que les activités du Conseil étaient devenues plus transparentes et permettaient davantage d'associer les pays non membres à cet organe et que les sessions mensuelles de fin de travaux étaient un bon moyen de renforcer l'interaction entre membres et non membres du Conseil. Il a salué la fréquence accrue des séances publiques et des réunions d'information et jugé enfin que les travaux du Groupe de travail de l'Assemblée générale sur la réforme du Conseil avaient déjà positivement influencé les travaux du Conseil.
Néanmoins, a-t-il poursuivi, davantage doit être fait pour renforcer la transparence et l'efficacité des méthodes de travail du Conseil. Le délégué a ainsi exprimé la frustration de son pays face au manque de progrès tangibles sur la question d'une représentation équitable et de l'élargissement du Conseil. Il a voulu attribuer ces difficultés à la nature politique sensible de la question. Enfin, il a conclu en rappelant que la Mongolie était favorable à l'augmentation des deux catégories de membres du Conseil, les permanents et les élus.
M. LAZLO MOLNAR (Hongrie) a déploré que la pratique de séances privées ouvertes à la participation des délégations qui ont émis une requête par écrit semble être de moins en moins retenue par le Conseil de sécurité et a insisté sur la nécessité pour les Etats Membres d’avoir accès aux informations relatives au travail en cours en temps voulu, même en cas de consultations informelles au Conseil de sécurité.
Par ailleurs, le représentant a déploré le manque de progrès en ce qui concerne la réforme fondamentale de la composition du Conseil de sécurité, estimant essentiel que le Conseil soit à l’avenir plus représentatif, plus démocratique, reflétant les nouvelles réalités politiques et économiques du monde et gagnant ainsi en légitimité aux yeux de la communauté internationale. La Hongrie, a-t-il poursuivi, soutient l’élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents. Elle est convaincue que la présence de l’Allemagne, du Japon ainsi que de certains pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine et des Caraïbes comme membres permanents renforcerait la crédibilité du Conseil. Le représentant a également souligné la nécessité d’élargir le nombre de sièges des membres non permanents, tout en déplorant que la réforme semble si difficile à mettre en œuvre. Se félicitant des améliorations réalisées en ce qui concerne la méthode de travail, la transparence, et les mécanismes de consultation avec les pays fournisseurs de troupes, le représentant a regretté qu’un accord n’ait toujours pas été trouvé après presque dix années. Nous sommes conscients qu’il est difficile de trouver le dénominateur commun à ce sujet parmi les membres du Conseil de sécurité, c’est pourquoi il ne faut pas relâcher nos efforts, a-t-il conclu.
Mme KLARA NOVOTNA (Slovaquie), citant les propos du Secrétaire général, a rappelé qu’“aucune réforme n’était complète sans réforme du Conseil de sécurité”. Notre pays, a-t-elle affirmé, est en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité qui améliorerait sa représentativité, ses méthodes de travail, sa transparence, tout en préservant sa capacité à agir rapidement. Le Conseil de sécurité n’est plus représentatif de la réalité du monde d’aujourd’hui, c’est pourquoi la Slovaquie soutient l’élargissement du Conseil dans les deux catégories, membres permanents et non permanents. Des sièges de membres permanents devraient être attribués à des pays du continent africain, d’Asie et d’Amérique latine, a-t-elle estimé, ajoutant que le groupe des Etats d’Europe de l’Est, dont le nombre de membres a plus que doublé en dix ans, ne devrait pas être oublié dans la catégorie des Etats non membres du Conseil de sécurité. Concrètement, nous pensons que le nombre de membres du Conseil devrait passer de 15 à 25, a-t-elle expliqué. Il est parfaitement réaliste que s’attendre à un consensus à ce sujet, tout comme il est réaliste de s’attendre à un consensus sur un usage limité du droit de veto, plutôt qu’à son abolition a-t-elle conclu.
M. FELIPE H. PAOLILLO (Uruguay) a approuvé la forme du rapport du Conseil de sécurité, qui témoigne de sa volonté de réforme pour devenir un organe plus efficace, transparent et participatif. Le nombre en hausse des séances publiques, la tenue de réunions de synthèse et la consultation des pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix, en tête desquels figure l’Uruguay depuis plus de cinquante ans, lui ont paru être des progrès incontestables. Il a déploré en revanche le nombre croissant de séances à huis clos, comme le fait que les négociations aboutissant à l’adoption des résolutions restent secrètes, cette exclusion des Etats non membres du Conseil de sécurité entretenant l’opacité de cet organe. C’est pourquoi sa délégation a souhaité que le prochain rapport soit plus analytique, mais aussi plus complet sur la situation des problèmes internationaux qui figurent à l’ordre du jour du Conseil. Il devrait comprendre en particulier une évaluation critique de la manière dont les sanctions sont effectivement appliquées par les Etats, surtout lorsqu’ils sont parties d’un conflit. L’Uruguay pense notamment à renforcer les mécanismes de surveillance pour faire respecter les résolutions du Conseil, et tenir informée l’Assemblée Générale des Etats membres qui ne se soumettent pas à l’autorité du Conseil, cette dernière ayant d’ailleurs compétence pour formuler des remarques sur des situations de controverse.
L’activité du Conseil a été particulièrement importante cette année, et plusieurs de ses succès ont montré que les Nations Unies étaient le seul organe capable de contribuer à maintenir la paix et la sécurité internationales. S’agissant des consultations à propos d’une réforme du Conseil, le délégué a déclaré avoir peu d’espoir sur les possibilités de changement après dix ans de tergiversations. Il faudrait pour ce faire se concentrer sur le problème crucial de la composition du Conseil et de son élargissement. Il est pour le moins paradoxal, a fait remarquer le représentant, qu’un consensus ayant été dégagé sur la nécessité d’augmenter le nombre d’Etats Membres non permanents, cette mesure n’ait pas été suivie de faits. La crédibilité du Conseil passe pourtant par plus de représentativité et de démocratie. Si dès la première année où s’est réuni le
groupe de travail, le nombre d’Etats Membres non permanents avait été porté à dix, cinquante membres de cette Assemblée auraient pu occuper un siège au Conseil, ce qui n’aurait pas empêché de réfléchir plus avant à cette question. De même, améliorer le caractère représentatif et démocratique du Conseil ne peut s’accorder avec son élargissement à de nouveaux membres permanents éventuels bénéficiant à leur tour du droit de veto, à l’heure où de nombreux pays parlent de le supprimer. Le représentant a ajouté en conclusion qu’il fallait s’appuyer sur une nouvelle base de travail pour trouver des formes institutionnelles susceptibles de satisfaire les Etats Membres.
M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) s’est félicité du nouveau format du rapport annuel du Conseil de sécurité, de même que des nouvelles méthodes de travail, tout en faisant valoir que plus de transparence s'impose. Il a souligné que, en dépit des progrès réalisés cette année sur un certain nombre de questions, la situation est plus menaçante que jamais pour d'autres questions, notamment pour ce qui est du terrorisme international. Il a estimé que le Conseil a réagi rapidement et de manière prudente en adoptant deux résolutions historiques contre le terrorisme et en créant le Comité antiterroriste. Chypre regrette toutefois qu' un certain nombre de problèmes soit toujours inscrit à l'ordre du jour du Conseil, et impute cela au manque de volonté politique et au refus de mettre en vigueur des résolutions et décisions exécutoires, rappelant à cet égard que tous les Etats Membres sont tenus de se soumettre aux résolutions du Conseil de sécurité. M. Moushoutas considère que le prestige et l'efficacité du Conseil sont entamés lorsqu'il n'applique pas ses propres résolutions, de même que lorsqu'il applique une politique de deux poids deux mesures. Pour pouvoir réellement atteindre ses objectifs, le Conseil doit avant tout être véritablement représentatif et refléter en nombre et en substance les réalités actuelles. L'augmentation du nombre des membres permanents et non permanents, sur la base d'une représentation géographique équitable, donnerait plus de légitimité au Conseil, rendrait son fonctionnement plus démocratique et renforcerait son efficacité estime le délégué. A cet égard, il réaffirme sa position qui consiste à dire qu'il faut faire preuve de la volonté politique et de la flexibilité requise pour pouvoir parvenir à un accord largement accepté. D'autre part, l'Organisation des Nations Unies doit disposer des ressources financières et humaines nécessaires pour ne pas décevoir ceux qui ont placé leur foi en elle ce qui se traduit notamment par sa capacité de mettre en œuvre ses propres décisions. Dans le cadre de la réforme du Conseil, Chypre encourage la coopération de ce dernier avec l'Assemblée générale et avec les organisations régionales et d'autres organisations.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a souhaité tout d'abord que l'Inde occupe un siège permanent au Conseil. Par ailleurs, le représentant, dont le pays achève à la fin de l'année son terme de deux ans au sein du Conseil de sécurité, a tiré de cette expérience la conviction que les membres élus pouvaient y jouer un rôle vraiment constructif : ils peuvent rendre les travaux du Conseil plus transparents et plus démocratiques, apportant une bouffée d'air frais dans l'approche des questions, non seulement en soumettant de nouvelles questions d'intérêt collectif à l'examen du Conseil mais aussi en offrant à davantage d'Etats Membres la possibilité de faire valoir leurs vues sur ces questions. Les membres élus ont aussi pu apporter des changements positifs dans les méthodes de travail et les procédures du Conseil, a-t-il poursuivi. Par conséquent leur rôle devrait être renforcé et, à cet égard, il a suggéré la création d'un mécanisme approprié qui fonctionnerait comme une mémoire institutionnelle et fournirait les informations de base, essentielles à une participation constructive aux délibérations du Conseil.
M. Koonjul a ensuite défendu la prééminence et la prépondérance du multilatéralisme sur toute approche unilatérale des questions internationales. Comme d'autres pays, il a donc regretté que les membres élus du Conseil soient écartés des discussions préliminaires concernant toute action potentielle de cet organe. Ceci n'est pas productif et crée une atmosphère de secret et de suspicion malsaine. Le représentant a évoqué un consensus universel sur le besoin de promouvoir transparence et ouverture dans tous les processus de prise de décisions et les activités des Nations Unies, et le Conseil de sécurité en fait partie. Préserver l'unité devrait être le principe directeur que tous les membres du Conseil devraient s'efforcer d'atteindre et les intérêts particuliers ne devraient pas l'emporter sur les intérêts collectifs.
Mme PHILOMENA MURNAGHAN (Irlande) s’est félicitée du “nouveau visage” du rapport sur l’activité du Conseil de sécurité cette année, ainsi que des innovations dans les méthodes de travail du Conseil, auxquelles l’Irlande a été associée au cours de son mandat au sein du Conseil. Soulignant la richesse de l’activité du Conseil de sécurité cette année, la représentante a salué les progrès réalisés dans de nombreuses zones de conflit, estimant que les défis demeuraient colossaux, en Angola notamment, saluant à ce titre l’efficacité du Groupe de travail sur la prévention et la résolution des conflits en Afrique. Elle s’est également félicité de la façon dont le Conseil s’est saisi de la question de la situation au Proche-Orient, ainsi que de la tenue de réunions d’informations mensuelles sur le sujet, estimant cependant que le Conseil de sécurité devait redoubler d’efforts pour que soient respectées ses résolutions.
Par ailleurs, la représentante à appelé le Conseil de sécurité à ouvrir plus fréquemment ses séances à un nombre élargi d’Etats Membres comme il a commencé à le faire récemment, et d’une manière générale à rendre ses délibérations plus transparentes. Elle a insisté sur la nécessité pour le Conseil de compléter le travail des autres organes des Nations Unies plutôt que de le saper. Elle a également exprimé sa vive déception quant au manque de progrès effectués en ce qui concerne l’élargissement du Conseil de sécurité. Nous devons œuvrer collectivement afin de réaliser la réforme du Conseil de sécurité appelée dans la Déclaration du Millénaire, a-t-elle affirmé, permettant ainsi de renforcer le Conseil, sa légitimité ainsi que son efficacité. Nous pensons à ce titre que les solutions intérimaires ne sont que des pis-allers contraires à l’engagement explicité dans la Déclaration du Millénaire.
M. GUILLERMO A. MELENDEZ-BARAHONA (El Salvador) a estimé que la vision du rapport du Conseil de sécurité était pertinente, et que les résultats obtenus dans le domaine des méthodes de travail sont globalement satisfaisants. Il a estimé que l’octroi de privilèges particuliers à quelques Etats exerçant une influence prépondérante contrevient à l’efficacité, comme à la représentativité, de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le défi de la mondialisation exige une action multilatérale que seules des Nations Unies réformées sauront mettre en œuvre. A cet égard, il est important de rappeler que les chefs d’Etat ont reconnu lors de différentes réunions la nécessité d’apporter des changements au fonctionnement de l’ONU, notamment au système multilatéral de sécurité collective. Il est donc indispensable de conserver au Conseil de sécurité son caractère décisionnaire collégial, et d’éviter qu’il ne soit soumis à la menace du droit de veto. Le processus de réforme du Conseil devrait être réévalué à la lumière des changements survenus dans les relations internationales, a déclaré le délégué, afin de ne pas réitérer l’échec de la Société des Nations minée par les actions unilatérales.
M. DURGA P. BHATTARAI (Népal) a salué le nouveau format du rapport du Conseil de sécurité mais a indiqué que le besoin d'une plus grande transparence du Conseil n'avait pas diminué. Il a réclamé une participation accrue des non membres aux délibérations du Conseil, jugeant sur ce point que l'augmentation du nombre de séances publiques pouvait parfois être perçue comme une volonté du Conseil de camoufler ses faiblesses. Néanmoins, comme pays fournisseur de contingents, le Népal a apprécié le rôle positif du Conseil pour renforcer la coopération avec eux, a souligné le représentant. De même, l'innovation du Conseil en envoyant des missions sur le terrain a contribué à rapprocher ses travaux des vraies réalités.
Pour le représentant, les questions de la réforme des structures du Conseil et du droit de veto ont été récurrentes ces dernières années: en tant que membre des non alignés, le Népal est favorable à un élargissement consensuel du Conseil, de même qu'à tout ce qui rendra le Conseil plus démocratique, plus transparent, plus représentatif et plus responsable envers la communauté internationale. En conclusion, le représentant a remarqué que le processus de réforme était engagé et que le Conseil avait montré qu'il allait tenir compte des recommandations utiles des Etats Membres.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a relevé l'attention portée par le Conseil de sécurité aux questions humanitaires, qu'il s'agisse de la volonté de réduire l'impact des sanctions économiques sur les populations civiles, au travers du concept de "sanctions intelligentes"; des secours et de l'assistance qui sont fournis aux populations dans les pays en conflit ou enfin de la nécessité d'alléger le sort des réfugiés, de leur rendre leur liberté de s'installer dans les lieux de leur choix et de l'obligation qui s'impose aux parties à un différend de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine et de libérer sans délai tous les prisonniers qu'ils détiennent. Les aspects humanitaires du maintien de la paix sont essentiels aux yeux du représentant qui se félicite de l'importance que le Conseil leur accorde désormais. Il souhaite que la communauté internationale apporte un fort soutien à l'Angola pour lui permettre de faire face aux problèmes humanitaires qui ont été mis à jour après le règlement durable du conflit.
Le Maroc estime qu'il est important qu'à l'occasion de l'examen du rapport du Conseil un dialogue s'engage entre l'Assemblée et le Conseil de sécurité, mais il importe aussi que la répartition des compétences de ces deux organes soit respectée. Le Maroc souligne également la volonté de transparence du Conseil et les efforts qui ont été faits pour associer les pays contributeurs de troupe au processus de prise de décisions. En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, M. Bennouna s'est contenté de rappeler que le Maroc n'est pas favorable à une extension du droit de veto, soulignant que l'essentiel consiste à éviter un abus de l'usage du veto. Il propose également de revoir la liste des membres élus pour tenir compte de l'évolution intervenue dans le nombre et la structure des pays membres des Nations Unies. M. Bennouna a ajouté qu'il ne lui semble pas qu'une réforme du Conseil puisse intervenir sans qu'elle s'insère dans une vision d'ensemble de la nouvelle architecture des Nations Unies.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a noté que le Conseil de sécurité est largement perçu à l’extérieur comme étant les Nations Unies, ce qui le pousse à insister sur la nécessité de redonner de l'importance aux travaux de l'Assemblée générale et de veiller également à ce que les travaux du Conseil de sécurité soient largement soutenus par la communauté internationale. C'est le seul moyen, d'après lui, de garantir à long terme une légitimité politique et une crédibilité au Conseil. Il a ajouté que cette légitimité trouve précisément racine dans l'Assemblée générale où tous les Etats Membres se réunissent pour réaliser les objectifs de la Charte. En outre, la légitimité et la crédibilité du Conseil se fondent sur la responsabilité du Conseil à l'endroit de l'ensemble des Etats Membres, ce qui suppose une interaction constante entre les membres du Conseil et le reste des Etats Membres. Dans ce contexte, le Liechtenstein se félicite du débat public actuellement en cours au Conseil sur la question iraquienne, partant du principe que toute action des Nations Unies sur cette question ne saurait être crédible que si elle a un appui le plus large possible de l'ensemble des Etats Membres. M. Wenaweser a estimé par conséquent que ce type de débats est important, et se demande si des formats encore plus interactifs sont envisageables de manière à impliquer le plus grand nombre d'Etats Membres possible. Il affirme que la compétition amicale entre l'Assemblée et le Conseil est dans ce cas bienvenue, mais qu'elle doit refléter le fait que ces deux organes ont besoin l'un de l'autre. A la veille du dixième anniversaire de la création du Groupe de travail à composition non limitée sur la réforme du Conseil, il n'y a pas grand chose à fêter, a déclaré M. Wenaweser, reconnaissant toutefois que les travaux de ce Groupe sont à l'origine des améliorations des méthodes de travail du Conseil. Ces changements préparent la voie à une réforme globale, compte tenu du fait que tout le monde reconnaît que le Conseil ne représente plus les réalités actuelles. Si sa composition continue à être le reflet des temps passés, la crédibilité du Conseil en sera inévitablement entamé. D'après M. Wenaweser, la question se résume au droit de veto qui se trouve au centre de toute réforme. Tout progrès dépendra par conséquent de la volonté politique nécessaire pour renforcer la légitimité du Conseil.
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