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AG/1337

DERNIER JOUR DU DEBAT SUR LES RESULTATS DU SOMMET DU MILLENAIRE: L’ASSEMBLEE GENERALE SE PENCHE SUR LES CAUSES PROFONDES DU TERRORISME

08/10/2002
Communiqué de presse
AG/1337


Assemblée générale

26e séance – matin


DERNIER JOUR DU DEBAT SUR LES RESULTATS DU SOMMET DU MILLENAIRE: L’ASSEMBLEE GENERALE SE PENCHE SUR LES CAUSES PROFONDES DU TERRORISME


Saluant le multilatéralisme qui a été au cœur de la réaction de la communauté internationale au lendemain des événements du 11 septembre 2001, les délégations qui sont intervenues ce matin devant l’Assemblée générale ont dans leur ensemble regretté que la lutte contre le terrorisme ait occulté la mise en œuvre des objectifs de développement du Millénaire, définis en septembre 2000 par les chefs d’Etat et de Gouvernement de la planète.  Pourtant les conditions d’extrême pauvreté, la pandémie du VIH/sida, et le fossé croissant entre pays riches et pays pauvres constituent des menaces potentielles à la paix et à la sécurité internationales que la communauté internationale ne peut ignorer dans sa lutte contre le terrorisme.  Face à ce consensus, le représentant d’Israël a quant à lui estimé, s’agissant des causes profondes du terrorisme, que la terreur engendre la pauvreté davantage que la pauvreté n'engendre la terreur.  Il a par conséquent invité la communauté internationale à rester vigilante dans la lutte contre toutes les formes de terrorisme et à tenir les Etats pour responsables du soutien qu'ils apportent aux groupes terroristes. 


Le représentant du Yémen a quant à lui souhaité que la communauté internationale aborde la question du terrorisme dans son ensemble, sans ignorer le terrorisme d’Etat qui est aussi déstabilisateur.  A l’inverse, il a refusé que la résistance contre l'occupation étrangère puisse être assimilée à une forme de terrorisme et a mis en garde contre la sélectivité des Nations Unies dans l'application des résolutions du Conseil de sécurité qui diffère qu’il s’agisse du Moyen-Orient ou de l’Iraq.  A son tour, le représentant de la République populaire et démocratique de Corée a dénoncé la doctrine émergente de la suprématie de la force qui porte atteinte à la notion de souveraineté et a jugé que cette suprématie pouvait, à terme, constituer une menace à la paix et à la sécurité internationale.  Cette vision a été partagée par le représentant de l’Iraq qui a mis en garde contre le risque de marginalisation des Nations Unies si elles suivent la doctrine américaine de recours systématique à la force, qui pose en outre un grave précédent pour la sécurité et la stabilité internationales, au lieu de privilégier la voie de la négociation diplomatique. 


Reconnaissant que le Conseil de sécurité est le garant du maintien de la paix et de la sécurité internationale, le représentant iraquien a plaidé pour des stratégies concertées avec les autres Etats et a appelé la communauté internationale à renoncer à la politique du «deux poids, deux mesures».  Rappelant que l’Iraq s’était soumis à ses obligations en autorisant le retour des inspecteurs dont les modalités ont été définies conjointement avec les Nations Unies le 1er octobre dernier à Vienne, le représentant a exhorté les Etats membres à renforcer le rôle primordial des Nations Unies.  Dans un autre domaine, le représentant du Canada a également mis en garde contre les tentations unilatéralistes qui ont conduit les

Etats-Unis à faire adopter la résolution 1422 par le Conseil de sécurité afin d’obtenir des immunités globales de la juridiction de la Cour pénale internationale qui sont incompatibles avec le Statut de Rome.  La Cour est la première instance internationale permanente habilitée à enquêter sur les actes de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, et à poursuivre leurs auteurs, a rappelé le représentant canadien.  Nul gouvernement, nulle armée ne devrait se considérer au-dessus des lois,

a-t-il dit en appelant les Etats membres à résister aux pressions exercées par certains Etats et qui saperaient les fondements de la Cour pénale internationale. 


Les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat: Israël, Sénégal, Ethiopie, Iraq, Népal, Suriname, République démocratique populaire de Corée, Yémen, Angola, Saint-Marin, Canada, Equateur, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Malawi. 


La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu lundi 14 octobre à 10 heures.


Débat général


M. YEHUDA LANCRY (Israël) a estimé que le Prix Nobel de la paix accordé l'an dernier à la fois au Secrétaire général et à l'Organisation des Nations Unies est à la fois un hommage et un défi.  Un hommage car le rôle joué par les Nations Unies a été déterminant dans la mobilisation et la coordination des efforts de la communauté internationale pour faire face aux grands défis du 21ème siècle, à savoir la paix, la stabilité, le développement durable, la lutte contre le VIH/sida.  Un défi aussi car il incombe aux Nations Unies de traiter de façon cohérente le rapport entre la mondialisation et l'interdépendance, et de faire en sorte que les bénéfices de la mondialisation soient plus équitablement répartis.  Les spectres qui ont hanté le 20ème siècle continuent de nous menacer à l'aube du 21ème siècle a poursuivi M. Lancry, soulignant que la menace des guerres traditionnelles a diminué au profit de la menace terroriste.  Ce danger menace Israël depuis sa création, a-t-il dit, estimant en outre, s'agissant des causes profondes du terrorisme, que la terreur engendre la pauvreté davantage que la pauvreté n'engendre la terreur.  Aussi la communauté internationale doit elle demeurer vigilante dans la lutte contre toutes les formes de terrorisme et tenir les États pour responsables du soutien qu'ils apportent aux mécanismes qui permettent de semer le mal. 


M. Lancry a estimé ensuite que la communauté internationale doit également poursuivre ses efforts pour répondre aux défis du développement durable et éliminer la pauvreté qui nourrit le ressentiment et le terrorisme.  Il a dès lors recommandé que les objectifs définis à Doha, Monterrey et Johannesburg soient mis en œuvre au plus vite et a donné l'exemple de la coopération israélienne qui, par le biais du MASHAV, contribue depuis 1957 à la coopération au développement.  Il a mis en avant les programmes de coopération israélienne dans le domaine du renforcement des capacités et de la durabilité du développement, notamment dans les domaines de l'eau, de l'énergie et de l'environnement.  8000 personnes ont participé ces dernières années à plus de 230 formations en Israël, a-t-il dit, ajoutant que cette coopération est principalement axée sur le développement de l'initiative féminine et vers le renforcement de leurs capacités.  Il a mis en avant la contribution apportée par la coopération israélienne dans le domaine du renforcement des cadres multilatéraux de lutte contre la sécheresse, la désertification et pour la préservation de la diversité biologique.  Il a assuré qu'Israël demeure attaché à la coopération avec l'Afrique et poursuivra ses efforts en appui au nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), dans le cadre de partenariats.


M. PAPA LOUIS FALL (Sénégal) a estimé que l’action multilatérale était la raison d’être des Nations Unies et le seul moyen de combattre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée qui en découle.  Il a affirmé sa conviction que seule une action concertée pouvait venir à bout de la pandémie du VIH/sida, de la dégradation de l’environnement, de la prolifération des conflits, du fossé numérique, du commerce illicite des armes légères et de petit calibre comme du trafic des êtres humains, autant de fléaux qui accablent tout particulièrement l’Afrique. 


Notre continent souffre d’une absence de résultats tangibles comme en témoigne l’évaluation indépendante de l’UNU-NADAF.  Tirant leçon des insuccès, pour ne pas dire échecs, des innombrables plans et stratégies pour l’Afrique, les dirigeants africains ont lancé, en même temps que l’Union africaine, le nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD).  L’enthousiasme et le soutien massif dont bénéficie déjà ce Programme sans précédent, parce que conçu par et pour les Africains, devraient engendrer des actions résolues, concrètes et suivies de la Communauté internationale, en particulier des pays développés et institutions partenaires.  Dans cette optique, il ne paraît point dépourvu d’intérêt de rappeler que les objectifs spécifiques pour l’Afrique, incorporés dans la Déclaration du Millénaire, portent sur l’appui aux mécanismes régionaux et sous-régionaux de prévention des conflits et de promotion de la stabilité politique, dont participe le Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine, couplé avec le mécanisme Peer Review du NEPAD. 


Ces objectifs tardant à se faire jour, le Sénégal considère que la mise en œuvre de la Déclaration, qui demeure notre bréviaire et notre feuille de route, doit être une priorité absolue pour les Nations Unies, un impératif catégorique, a exhorté le représentant.  Elle ne saurait être retardée, différée ou occultée, fût-ce sous l’empire ou l’emprise d’événements d’une actualité farouchement brûlante.  Il importe dans cette perspective, de renforcer la coordination entre Nations Unies et organisations régionales et sous-régionales afin de se donner les moyens d’évaluer les progrès accomplis, notamment en matière de prévention et de gestion des conflits.  La création d’un bureau des Nations Unies en Afrique de l’ouest, basé à Dakar, et qui bénéficie de l’appui total de notre gouvernement, constitue une étape importante en ce sens, s’est félicité le représentant. 


Sous l’écume des pesanteurs, des rigidités et procédures onusiennes, qui déterminent, hélas trop souvent, notre incapacité ou notre inaction collective, un seul leitmotiv, une seule cause, doivent nous émouvoir et nous faire mouvoir, a ajouté M. Fall: le vouloir politique de concrétiser les engagements citoyens souscrits solidairement dans la Déclaration du Millénaire, pour l’édification d’un commun vouloir de vie commune dans une planète commune.


M. TERUNEH ZENNA (Ethiopie) a salué les réussites de l'Organisation des Nations Unies notamment sur le continent africain.  Plusieurs conflits entre Etats et à l’intérieur de ceux-ci, ont ainsi été résolus grâce à une collaboration efficace entre l'Organisation des Nations Unies et l’OUA, ce dont nous nous félicitons, à l’heure où l’OUA devient l’Union africaine.  Le représentant a par ailleurs rappelé que l’Ethiopie, pays attaché à la paix et à la sécurité, avait accepté les règles de la Commission de la frontière éthio-érithréenne.  En outre, le représentant a estimé que les conflits ne pouvaient être résolus si l’on ne s’attachait pas à résoudre leurs causes profondes.  Il a rappelé qu’en Afrique, l’aide publique au développement accusait un fort déclin depuis deux décennies, atteignant son niveau le plus bas, 0,22% en 2001.  La division accrue entre riches et pauvres dans le monde


compromet l’avenir de la paix dans le monde, a-t-il affirmé.  Par ailleurs, le représentant a affirmé que la sécheresse s’est intensifiée en Afrique orientale et australe et avait créé une disette chronique dans la région, accentuée par la désertification et le manque d’investissement en matière d’agriculture, entre autres.  Il s’est dit préoccupé par la menace d’une famine imminente dans la région, soulignant la nécessité d’augmenter la productivité de l’agriculture.


Il a également appelé la communauté internationale à améliorer la lutte contre le VIH/sida en Afrique.  Ce n’est qu’avec un effort concerté du peuple éthiopien et de la communauté internationale que nous pourrons venir à bout de ces fléaux que sont la pauvreté et la maladie, a-t-il conclu.


M. ABDUL-DAYEN MUBAREZ (Yémen) a déclaré que le rapport du Secrétaire général permettra aux Nations Unies et aux États membres de rectifier certains résultats négatifs constatés après évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire.  Les Nations Unies ont accordé au terrorisme l'intérêt qui lui revient au lendemain des attaques terroristes du

11 septembre, a reconnu le représentant, mais nous devons aussi redoubler d'efforts pour lutter contre les racines du terrorisme et contre la pauvreté extrême et les injustices.  A cet égard, et condamnant toutes les formes de terrorisme, y compris le terrorisme d'Etat, le représentant a refusé que la résistance contre l'occupation étrangère soit assimilée au terrorisme.  Il a estimé ensuite que la sélectivité dans l'application des résolutions du Conseil suscite des questions et il a pris l'exemple des résolutions adoptées sur la question du Moyen-Orient qui affectent la crédibilité de l'Organisation. 


En dépit des efforts déployés pour éliminer le fossé entre les pays riches et les plus pauvres, très peu a été fait ces dernières années, a regretté le représentant, estimant que les décisions prises à Doha et à Monterrey doivent être mises en œuvre pour alléger les conditions de pauvreté.  La lutte contre le terrorisme ne doit pas être un prétexte pour violer les droits de l'homme et affaiblir la démocratie et la justice sociale a également indiqué le représentant, qui a recommandé d'éviter la politisation des droits de l'homme et la politique du «deux poids, deux mesures».  L'interdépendance et les préoccupations communes à tous les Etats supposent le renforcement du rôle des Nations Unies, a-t-il dit, saluant les changements intervenus au sein des Nations Unies pour leur permettre de faire face aux nouveaux défis.  Le représentant a toutefois regretté que l'élargissement du Conseil de sécurité, y compris dans le nombre de ses membres permanents n'ait toujours pas été envisagé.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a exprimé son accord avec la vision présentée par le Secrétaire général dans son rapport.  Les événements du 11 septembre ont fait, en particulier, prendre conscience à la communauté internationale de la menace terroriste, qui s’exerce depuis six ans sur le Népal à travers la violence maoïste.  Notre pays a besoin d’un soutien extérieur pour chasser l’oppresseur, aussi bien que pour pourvoir aux besoins urgents de notre peuple, a-t-il demandé.  A cet égard, nous notons avec appréciation la proposition du Secrétaire général d’offrir ses bons offices pour résoudre cette situation. Mais nous déplorons toute insinuation visant à confondre l’action du Gouvernement en faveur de ses citoyens et les actes


inconsidérés de violence commis par les Maoïstes.  Si la guerre contre le terrorisme a libéré l’Afghanistan des Talibans, lui permettant de rejoindre le rang des nations libres, beaucoup de conflits, au Moyen-Orient, en Asie du Sud, ou dans la région des Grands Lacs, restent sans solution.  A cet égard, les efforts en faveur du désarmement n’ont pas été concluants.  Les Etats membres doivent promouvoir la paix durable, qui passe par le désarmement et le développement. 


La pauvreté est une source de misère humaine et de conflits que la Déclaration du Millénaire engage à combattre.  Le mot clé de cette action doit être la mise en œuvre.  Un rapport récent a conclu que le Népal ne pourrait atteindre complètement les dix objectifs de la Déclaration dans les délais impartis, particulièrement en ce qui concerne la mortalité infantile et l’eau potable.  Tant d’autres pays se trouvent dans cette situation qu’il faut définir un partenariat en matière d’aide au développement, spécialement pour les pays enclavés.  L’assistance humanitaire et la promotion des droits de l’homme restant un des principes des Nations Unies, le représentant a appelé la communauté internationale, y compris le système des Nations Unies à continuer leur soutien aux réfugiés bhoutanais au Népal jusqu’à ce soit trouvée une solution durable et à encourager le Bhutan à accélérer les négociations bilatérales.  Enfin, la réforme structurelle reste une des priorités des Nations Unies afin de l’aider à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés.


Mme IRMA LOEMBAN TOBING (Suriname) a exhorté les Etats membres à passer à l’action.  Nous n’avons pas besoin de longs discours ou d’explications sur les objectifs du Millénaire, a-t-elle affirmé, nous voulons des actes concrets afin d’améliorer les conditions de vie, réduire le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, établir une éducation primaire universelle, protéger tous les droits de l’homme, réduire la mortalité infantile et combattre le VIH/sida.  Elle a rappelé qu’à ce jour, 60 millions de personnes dans le monde sont touchées par le virus, et 20 millions en sont déjà mortes.


Par ailleurs, la représentante a réclamé l’établissement d’un partenariat international pour le développement.  L’aide publique au développement doit être doublée pour que les pays en développement puissent atteindre leurs objectifs de croissance.  Ces pays ne sont en aucun cas capable de répondre à leurs besoins à l’aide de leurs seules ressources financières, ils ont besoin d’être aidés, c’est une réalité, a-t-elle affirmé.  La représentante a également rappelé combien la pauvreté, la paix et la sécurité étaient interdépendantes.  Le combat contre le terrorisme doit être mené dans le respect des droits de l’homme et guidé par une démarche multilatérale pour être efficace, a-t-elle estimé.  S’agissant du développement, la représentante s’est félicitée de la mobilisation de l’opinion publique autour de la campagne du Millénaire, tout en reconnaissant que le chemin était encore long pour atteindre ses objectifs.


M. KIM CHANG GUK (République populaire et démocratique de Corée) a souligné les nombreux défis qui menacent la paix et la sécurité internationale.  A cet égard, il a évoqué la menace nucléaire, l’atteinte à la souveraineté, la pauvreté, le fardeau de la dette ou encore le fossé grandissant entre pauvres et riches.  Il a dénoncé la doctrine émergente de la suprématie de la force qui porte atteinte à la souveraineté.  Il a défini cette doctrine comme une menace à la paix et aux principes et normes du droit international.  Dans le même ordre d’idées, il a regretté l’arrogance de propos qualifiant certains pays de membres de «l’axe du mal.» 


Le représentant a déclaré qu’il est urgent de renforcer le rôle de leader des Nations Unies pour garantir la sécurité mondiale et le développement durable.  Les problèmes auxquels nous avons à faire face ne pourrons être réglés que dans le strict respect de la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté.  Il a formé le vœu que les fonctions de l'Assemblée générale soient renforcées, le Conseil de sécurité réformé, de même que le Conseil économique et social, de manière à ce qu’il soit en mesure de corriger les inégalités du système économique mondial.


M. MOHAMMED A. ALDOURI (Iraq) a estimé que les rapports du Secrétaire général font la part belle à la lutte contre le terrorisme au détriment d'autres questions essentielles.  Il a mis en garde contre l'influence des Etats-Unis et de leur Président qui, à terme, risque de conduire à la marginalisation de l'Organisation des Nations Unies.  Les Etats-Unis, en recourant à la menace systématique, posent un grave précédent et sont responsables de la détérioration de la sécurité et de la stabilité internationales, notamment parce qu'ils massacrent les populations arabes.  Le langage de la guerre préventive aura des conséquences graves et il importe que les Etats membres fassent preuve de réalisme pour chercher à résoudre les problèmes de sécurité internationale par la voix de la négociation et de la diplomatie, a dit M. Aldouri.  Reconnaissant que le Conseil de sécurité est le garant du maintien de la paix et de la sécurité internationale, le représentant a toutefois plaidé en faveur de stratégies concertées pour faire face aux défis posés à la sécurité et a appelé la communauté internationale à opter pour la justice et l'impartialité, et à renoncer à la politique du «deux poids, deux mesures».  Il nous faut renforcer le rôle primordial des Nations Unies, a-t-il poursuivi, rappelant que le gouvernement iraquien avait repris le dialogue constructif avec les Nations Unies qui a abouti à la décision d'accepter le retour sans conditions des inspecteurs. 


Il a expliqué que son gouvernement avait pris cette décision dans l'objectif de normaliser ses relations avec la communauté internationale, de mettre fin à l'ingérence étrangère et de mettre un terme aux sanctions et au blocus aérien.  Il a regretté toutefois que, malgré les négociations de Vienne qui se sont achevées le 1er octobre par un accord, l'administration américaine et le gouvernement britannique entendent condamner à l'échec cette tentative de normalisation et empêcher le retour des inspecteurs.  A cette fin, a-t-il expliqué, les deux gouvernements préparent une résolution encore plus contraignante et prévoyant le recours à la force, mais qui vise en réalité à mettre les réserves pétrolières de l'Iraq sous coupe réglée.  La communauté internationale ne peut être complice de cette injustice et elle doit prendre conscience des souffrances endurées par les civils iraquiens depuis plus de dix ans, a déclaré M. Aldouri. 


La résolution 1409 adoptée récemment visait à alléger le fardeau de l'embargo et à faciliter l'accès des produits à utilité humanitaire dans le pays, a-t-il dit, mais ses effets ont été contraires sur le terrain.  La période pour traiter les contrats avec le Bureau chargé du programme "pétrole contre nourriture" qui était de 2 jours auparavant est passée à 10 jours ouvrables.  Aucun contrat ne peut être passé et bénéficier en réalité du feu vert sous moins de 20 jours, a-t-il dit, délai qui peut parfois atteindre 6 mois si l'AIEA ou l'UNMOVIC ont besoin de plus de temps pour se prononcer sur le contenu des contrats.  Aujourd'hui, a-t-il ajouté, plus de 1200 contrats sont en suspens pour un montant de 3,3 milliards de dollars.  La crise humanitaire de l'Iraq discrédite les Nations Unies et a coûté la vie à plus de 1,7 millions d'Iraquiens a dénoncé le représentant.  Nous aurions voulu également que le rapport du Secrétaire général fasse mention des zones d'interdiction aérienne décrétées unilatéralement par le Royaume-Uni et les Etats-Unis sans autorisation des Nations Unies et grâce auxquelles ils bombardent quotidiennement des cibles civiles iraquiennes.  De même, a-t-il dit, l'Iraq s'est engagé à reprendre les négociations trilatérales avec le Koweït, sous la coordination du Comité international de la Croix-Rouge, pour régler la question des disparus, regrettant que le Secrétaire général n'ait jamais fait mention de cette décision officielle iraquienne.  M. Aldouri a condamné les activités terroristes israéliennes dans les territoires arabes occupés, masquées sous le prétexte fallacieux de la légitime défense, et a appelé les Nations Unies à mettre un terme à la politique du «deux poids, deux mesures» et faire cesser l'agression dont est victime le peuple palestinien.  Le Président américain qui accuse l'Iraq de ne pas respecter les résolutions a signé de fait un décret reconnaissant Jérusalem comme la capitale d'Israël, ce en violation de toutes les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il observé.


M. ISMAËL A. GASPAR MARTINS (Angola) s’est félicité que l’ONU soit l’instrument d’une action collective au service des nations.  Notre implication dans la promotion de la paix dans le monde vient de ce que notre pays a tant souffert de la guerre, la bonne gouvernance étant la condition préalable au développement durable.  Les personnes qui vivent dans un état de pauvreté extrême ont des attentes envers l’Organisation qu’il est urgent de satisfaire.  L’an dernier, l’Organisation a continué à développer ses opérations de maintien de la paix, ce qui a permis d’atteindre quelques succès, au Timor-Leste, au Kosovo et au Sierra Leone, qui ne doivent pas faire oublier cependant la situation dans certains pays du Moyen-Orient, en Iraq ou au Sahara occidental.  La crise humanitaire nécessite également une action collective qui excède les seules possibilités d’un gouvernement.  Des avancées notables ont été faites sur la question du terrorisme, l’Organisation ayant démontré sur ce point son efficacité avec l’adoption de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  Le représentant a regretté en revanche l’absence de progrès dans le domaine du désarmement.  Seule une action concertée dans le cadre des Nations Unies permettra d’atteindre les objectifs du Millénaire, a-t-il rappelé.  Il a aussi apporté son soutien au projet de réforme de l’Organisation.


M. GIAN NICOLA FILIPPI BALESTRA (San Marin) s’est félicité de la complémentarité des deux rapports examinés par l’Assemblée générale.  Si certains de leurs éléments quant à la réalisation des objectifs du Millénaire, on ne peut nier que la situation mondiale est loin d’être satisfaisante, notamment en ce qui concerne le développement, la pauvreté, la santé, les droits de l’homme, la sécurité internationale et la protection de l’environnement, a-t-il souligné.  Cette situation n’est pas seulement due aux lacunes des mécanismes des institutions internationales, elle est aussi due au manque de volonté politique des gouvernements qui ne respectent pas leurs obligations et leurs engagements internationaux.  En outre, le représentant a souligné qu’alors que les dépenses militaires mondiales dépassent les 800 milliards de dollars, des millions d’enfants meurent chaque année par manque de soin.  Par ailleurs, le représentant a déploré que les négociations relatives aux questions de désarmement et à la Convention sur les armes biologiques soient dans l’impasse.  Il s’est prononcé en faveur du multilatéralisme, seul moyen efficace de combattre le terrorisme, et de venir à bout des problèmes que confronte le monde, a-t-il estimé.


S’agissant du renforcement de l’Organisation, le représentant a insisté sur la nécessité de revitaliser l’Assemblée générale, notamment en rationalisant son ordre du jour et en prêtant plus d’attention à l’application des résolutions, afin de renouer avec l’efficacité que les pays membres sont en droit d’attendre d’une telle structure.  Le représentant a également appelé l'Organisation des Nations Unies à établir une feuille de route évaluant les progrès effectués en ce qui concerne les objectifs du Millénaire.


M. PAUL HEINBECKER (Canada) a indiqué que dans le courant de l'année écoulée, les États membres avaient été invités à réaffirmer leur attachement aux principes du multilatéralisme.  Nous devons tout faire pour nous parer face aux menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité, a reconnu le représentant, tout en estimant que les Etats membres doivent tout faire pour que les engagements pris dans la Déclaration du Millénaire soient tenus. 

Le représentant a insisté sur l'élimination de la pauvreté, la prévention des conflits, la protection des civils pendant les conflits armés, le développement durable, le VIH/sida ou encore les migrations.  Il a toutefois souligné certains progrès réels accomplis depuis l'adoption, en 2000, de la Déclaration du Millénaire, et a notamment mentionné la création de la Cour pénale internationale dont le statut de Rome est entré en vigueur au 1er juillet 2002.  La Cour est la première instance internationale permanente habilitée à enquêter sur les actes de génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, et à poursuivre leurs auteurs, a rappelé le représentant, avant d'aborder la question de l'adoption de la résolution 1422 du Conseil de sécurité qui fait partie, selon le Canada, des efforts que déploient les Etats-Unis pour obtenir des immunités globales de la juridiction de la Cour pénale internationale incompatible avec le Statut de Rome.  Nul gouvernement, nulle armée, personne ne devrait être au-dessus des lois a dit M. Heinbecker, avant d'appeler les Etats membres à résister aux pressions exercées qui saperaient les fondements de la Cour pénale internationale. 


Autre réalisation saluée par le représentant, le renforcement de la protection des civils dans les situations d'urgence complexes devrait faire l'objet d'un suivi rigoureux de la part des Etats membres, a-t-il estimé.  Le Canada a pour sa part créé la Commission internationale de l'intervention et de la souveraineté des Etats, a indiqué le représentant, Commission qui a produit un rapport faisant date intitulé "La responsabilité de protéger".  Il a recommandé un examen plus approfondi au sein des Nations Unies des idées et principes contenus dans ce rapport et qui touchent notamment à la responsabilité de protéger, à la responsabilité d'agir et à la responsabilité de reconstruire.  Il a annoncé que le Canada soumettrait prochainement un projet de résolution sur ce thème et proposerait la convocation d'un débat sur le même thème.  Le représentant a ensuite abordé la question des besoins particuliers de l'Afrique où en dix ans, la part de la population vivant dans des conditions d'extrême pauvreté est passée de 48% à 47%.  Pour atteindre notre objectif qui est de réduire de moitié ce chiffre d'ici 2015, a-t-il poursuivi, il nous faudra faire beaucoup plus, a-t-il dit, mentionnant l'adoption par le G8 du Plan d'action pour l'Afrique sous la présidence du Canada.  Ce plan d'action comprend plus de 100 engagements, a-t-il indiqué, dont un grand nombre concerne des domaines essentiels au développement tels que la mobilisation des ressources, la paix, la sécurité, la gouvernance, l'éducation, la santé, la croissance économique, l'agriculture et l'eau.  Il a estimé que la responsabilité des États membres des Nations Unies est de faire en sorte que les principes et priorités du NEPAD soient intégrés au travail de l'Organisation sur l'Afrique.


M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Equateur) a souligné le fossé qui existe entre la vision du Secrétaire général exprimé dans son rapport et la réalité des faits.  Il a déclaré que l’action unilatérale est devenue inconcevable dans un contexte mondialisé.  La déclaration du Millénaire, et les Conférences de Monterey et Johannesburg qui ont suivi, ont clairement montré tout le chemin qui reste à parcourir pour vivre dans un monde plus juste et équitable, comme l’obligation de mettre en œuvre une action de coopération pour y parvenir.  Une meilleure réglementation du commerce international en fonction de l’objectif du développement devrait permettre de mettre un terme aux pratiques protectionnistes et discriminatoires qui desservent les pays en voie développement.  Dans le cas particulier de l’Afrique, une initiative positive, le NEPAD, a fixé le cadre d’une action concertée sur ce continent.  Plus largement, il faut envisager de réformer le système multilatéral afin de combattre efficacement des problèmes tels que le terrorisme, le trafic de stupéfiants, et le crime transnational organisé.  Enfin, le représentant considère comme indispensable la réforme de l’Assemblée générale en vue d’atteindre les objectifs du Millénaire.


M. ROBERT G. AISI (Papouasie Nouvelle Guinée) a souligné les progrès observés en matière de paix et de sécurité par l'Organisation des

Nations Unies en Afghanistan, en Angola, au Burundi, au Kosovo, en Sierra Léone et au Congo.  Il a également rappelé le rôle les Nations Unies en Papouasie Nouvelle Guinée, dans le processus de pacification de la province de Bougainville, à travers un programme de désarmement en cours.  A ce titre, le représentant s’est félicité de la création du Bureau politique des

Nations Unies à Bougainville.


En dépit d’un certain nombre de réussite, il a noté le manque de progrès dans la mise en œuvre des objectifs du Millénaire, déplorant la faiblesse des ressources financières disponibles.  Le représentant a, par ailleurs, souligné les difficultés pour un petit pays insulaire comme la Nouvelle Guinée à atteindre les objectifs de développement.  Il a donc insisté sur l’efficacité de la coopération régionale pour aider les pays insulaires du Pacifique à s’acquitter de ces objectifs et a souligné la nécessité d’établir de bonnes relations de travail avec le Secrétariat de l’ONU, afin qu’il puisse évaluer les défis auxquels la région fait face en matière de développement.


M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a défini la Déclaration du Millénaire comme le cadre de réflexion des nations dans leurs efforts de promotion de la paix, la justice et la prospérité pour tous.  Il a formé le vœu que la mise en œuvre de ces objectifs puisse s’accélérer.  S’agissant des questions de la paix et de la sécurité, il a salué les résultats encourageants observés en République démocratique du Congo, en Sierra Leone et en Angola.


Par ailleurs, le représentant du Malawi a appelé les Institutions de Bretton Woods à promouvoir un cadre plus ouvert à la liberté de commerce de façon à permettre l’accès aux marchés internationaux des produits des pays en développement.  Il a exhorté les pays développés à répondre à leurs engagements en matière d’investissement étranger direct et d’aide publique au développement et a salué l’initiative prise en faveur des pays pauvres très endettés.  Il a appelé le monde développé à soutenir les efforts du nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique de façon à permettre au continent africain d’atteindre ses objectifs en matière de promotion du développement et de lutte contre la pauvreté.


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