LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME DOIT S’ACCOMPAGNER DU RESPECT DE LA NOTION DE SECURITE HUMAINE
Communiqué de presse AG/1335 |
Assemblée générale
24ème et 25ème séance – matin et après midi
LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME DOIT S’ACCOMPAGNER DU RESPECT
DE LA NOTION DE SECURITE HUMAINE
Les délégations insistent également sur
la poursuite des objectifs de développement du Millénaire
Nous devons poursuivre la lutte contre le terrorisme pour garantir la paix et la sécurité internationale a déclaré aujourd’hui la représentante des États-Unis en invitant les Etats Membres à poursuivre leurs efforts dans la mise en œuvre de la résolution 1373. Elle leur a notamment demandé de continuer d’adapter leurs législations, leurs procédures d’extradition et d’immigration, ainsi que leurs mécanismes de contrôle des flux financiers et des transferts d’armes pour les rendre conformes aux orientations définies dans la résolution afin de combattre le fléau du terrorisme. Toutefois, malgré les résultats encourageants obtenus en Afghanistan, les États-Unis considèrent que l’Iraq, par le défi posé au Conseil de sécurité depuis maintenant douze ans, constitue une autre menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationale qui ne peut être minimisée. Leur représentante a dès lors invité le régime iraquien à respecter les engagements pris en matière de désarmement et à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité. Pour sa part, le représentant de la Tunisie a plaidé pour un règlement diplomatique de ce conflit en jugeant que l’Iraq avait répondu positivement à l’appel de la communauté internationale avec l’acceptation du retour des inspecteurs en désarmement des Nations Unies.
Étroitement liée à la lutte contre le terrorisme, l’éradication de la pauvreté extrême a été présentée comme un des piliers du concept de “sécurité humaine” par le représentant de la Mongolie. En effet, rappelant que les objectifs de développement définis lors du Sommet du Millénaire, de septembre 2000, consistaient à réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes vivant avec moins de un dollar par jour, nombreux observateurs ont souligné au cours du débat que la communauté internationale devait redoubler d’efforts afin de parvenir à des résultats tangibles dans les treize prochaines années. Aussi, le multilatéralisme qui a présidé à la lutte contre le terrorisme au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 devrait également être encouragé au service du développement durable afin de permettre aux Nations Unies de relever les défis de l’extrême pauvreté, de la pandémie du VIH/sida, du manque d’assainissement, de l’absence de structures de santé et d’éducation, comme l’a souligné le représentant du Bangladesh. Son homologue du Maroc a mis l’accent sur l’insuffisante mobilisation des ressources par la communauté internationale, évaluée à près de 50 milliards de dollars supplémentaires par an, afin de réduire de moitié la part de la population vivant dans la pauvreté extrême qui atteint 47% pour le seul continent africain. A ce titre, la mise en œuvre d’un mécanisme de suivi des objectifs de développement du Millénaire et des grandes conférences sur le développement a été recommandé par de nombreuses délégations.
La coopération internationale doit être renforcée pour permettre aux pays en développement d’affronter les défis considérables qui se posent à eux, a estimé en conséquence le représentant de l’Inde, invitant les pays développés à respecter l’objectif de 0,7% du PNB consacré à l’aide publique au développement (APD), à ouvrir leurs marchés aux produits des pays pauvres et à lever les subventions consacrées à l’agriculture, conformément aux engagements pris à Doha, Monterrey et Johannesburg. Certes l’aide des bailleurs de fonds est essentielle pour soutenir le développement durable, a reconnu le représentant du Japon, mais il importe également de garder à l’esprit que le miracle du développement asiatique, tant vanté, n’a été possible que grâce à l’investissement dans un capital humain hautement qualifié et à la mobilisation de l’épargne nationale. Il a en outre rappelé qu’en 1960, les PNB par habitant des pays africains et de ceux de l’Asie du Sud-Est étaient équivalents. Le Japon a proposé qu’une Décennie internationale de l’éducation pour le développement durable soit décrétée à partir de 2005 et a invité les pays en développement à investir dans la formation. Les pays en développement ont par ailleurs été invités à poursuivre leurs efforts en matière de bonne gouvernance et de transparence, afin d’encourager les flux d’investissements, et à promouvoir les droits de l’homme qui constituent également un des piliers du concept de sécurité humaine.
L’Assemblée générale a décidé en début de séance d’inclure un point additionnel intitulé “Coopération entre les Nations Unies et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est” à l’ordre du jour de la présente session.
Les délégations des pays suivants ont pris la parole au cours du débat: Japon, Croatie, République de Corée, Nauru, Kenya, Tunisie, Inde, Botswana, Chypre, Jamahiriya arabe libyenne, Guinée, Venezuela, Koweït, Madagascar, Arabie-Saoudite, États-Unis, Bangladesh, Fidji, Suisse, Costa Rica, Guatemala, Malaisie, Maroc, Kazakhstan, Ukraine (au nom de la Georgie, de l’Ouzbékistan, de l’Azerbaïdjan et de la République de Moldova), Myanmar, Mongolie, Jamaïque, Uruguay, Lesotho et Colombie.
L’Assemblée générale achèvera son débat sur ce point demain, mardi 8 octobre, à 10 heures.
SUITE A DONNER AUX RESULTATS DU SOMMET DU MILLENAIRE
Déclarations
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a plaidé pour des mesures urgentes en matière de prévention de la prolifération des armes de destruction massive afin de renforcer le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Estimant que la question iraquienne est préoccupante pour la communauté internationale, il a invité les autorités de l’Iraq à autoriser sans conditions les inspections de ses installations et à se soumettre aux résolutions du Conseil de sécurité. Il s'est félicité de la diminution de la tension dans la péninsule coréenne et a assuré que le Japon jouera un rôle clé dans la normalisation des relations entre les deux Corée. Il s'est inquiété de la tension de ces derniers mois entre le Pakistan et l'Inde et a appelé à la désescalade. S'agissant de l'Afghanistan, le représentant a annoncé qu'un programme appelé "registre pour la paix" avait été lancé par le Japon pour financer la démobilisation, le désarmement et la réintégration des anciens combattants. Un autre programme de développement régional a été financé pour assurer la réinstallation des réfugiés en Afghanistan. Le Japon est attaché à la vision de deux États, Israël et la Palestine, vivant en coexistence et dans des frontières pacifiées et reconnues au Moyen Orient-Orient, a poursuivi M. Haraguchi, appelant Israël à mettre un terme à l'occupation et aux bouclages, et demandant aux Palestiniens de faire cesser les attentas suicides.
Abordant la question de l'Afrique, il a salué certains progrès récents sur le chemin de la paix, notamment en Angola et en République démocratique du Congo, avant de souligné que la question du développement est liée étroitement au renforcement de la sécurité humaine. A cet égard, le Japon attend avec impatience le rapport de la Commission sur la sécurité humaine co-présidée par Mme Sadako Ogata et le professeur Amartya Sen, a-t-il dit. Il a ensuite rappelé qu'en 1960, le PNB par habitant était équivalent dans les pays d'Asie du Sud-Est et d'Afrique et a explicité les raisons pour lesquelles les pays asiatiques avaient connu le "miracle" tant vanté. La Banque mondiale a estimé que cette croissance avait été rendue possible grâce à la disponibilité d'un capital humain hautement qualifié et d'une épargne nationale importante, a-t-il dit. Il nous faut garder cela à l'esprit lorsqu'on parle de développement africain, a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que les bailleurs de fonds ont joué un rôle complémentaire important. L'assistance des donateurs est importante pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire, a-t-il poursuivi, saluant l'initiative prometteuse du NEPAD qui devra être soutenue notamment lors de la Troisième Conférence internationale de Tokyo sur le développement (TICADIII) en octobre 2003.
Dans le prolongement du Sommet de Johannesburg, il a lancé un appel aux pays développés afin qu'ils contribuent à la réalisation des principales orientations de Johannesburg et proposé que des mesures soient prises pour lancer en 2005 la Décennie de l'éducation pour le développement durable. Pour sa part, a-t-il indiqué, le Japon accueillera la Conférence ministérielle sur l'eau en mars 2003. Il nous faut adopter à l'échelle mondiale une démarche bien coordonnée dans la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, notamment en apportant un soutien accru au Fonds mondial créé par le Secrétaire général de Nations Unies. Le représentant a abordé la question de la réforme des Nations Unies et estimé que le Secrétariat devait formuler un programme de travail et proposer un budget à cette fin. Cependant, il a jugé prioritaire la réforme du Conseil de sécurité, soulignant que seul un Conseil élargi pouvait refléter le nouvel équilibre international. Il a plaidé par ailleurs pour une utilisation rationnelle des capacités renforcées du Secrétariat en matière d'opérations de maintien de la paix et pour la poursuite des efforts dans la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi.
M.IVAN SIMONOVIC (Croatie), s’est dit convaincu que les récents succès de l’Organisation au Timor-Leste et en Afghanistan devraient encourager à la coopération multilatérale, particulièrement en ce qui concerne la situation en Iraq et au Moyen-Orient. En conséquence, les activités de l’ONU devraient être réorientées en vue d’atteindre les buts de la Déclaration du Millénaire, qui devraient être évalués à l’aune des résultats obtenus sur le terrain, auprès des populations directement concernées par l’application concrètes des résolutions votées. Vus sous cet angle, les progrès accomplis depuis l’entrée en vigueur de cette même Déclaration pêchent par leur disparité dans certaines régions du monde, spécialement l’Afrique Subsaharienne. La réalisation des objectifs que se sont fixés les Etats Membres passent par une meilleure coordination des différents organes de l’ONU. Une attention toute particulière devrait être accordée aux pays qui sortent d’un conflit. Dans un contexte de répression du terrorisme, le représentant a insisté sur la nécessité de promouvoir les Droits de l’Homme à travers un renforcement des institutions censées les protéger, comme la Cour pénale internationale, qui démontre la volonté des Etats signataires du Statut de Rome, parmi lesquels la Croatie, de punir les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocides sans égard pour leur nationalité. C’est pourquoi il faut sans tarder réfléchir à la recherche d’un compromis à propos des questions de juridiction de la Cour que soulèvent les Etats qui ont pour l’heure refusé d’y adhérer.
M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a estimé que les objectifs de la Déclaration du Millénaire étaient loin d’être atteints. Néanmoins, il a salué les réussites de l'Organisation des Nations Unies au Timor Oriental, en Afghanistan et en Sierra Léone. A l’heure où les tensions se multiplient dans le monde, la prévention des conflits doit être aujourd’hui une priorité. A ce titre, le représentant s’est félicité des efforts du Secrétaire général visant à établir une réconciliation intercoréenne.
Le représentant a par ailleurs souligné le rôle crucial du Conseil de sécurité dans le combat contre le terrorisme, à travers le Comité sur la lutte contre le terrorisme et celui sur les sanctions en Afghanistan. Il a par ailleurs déploré le manque de résultats dans le domaine du désarmement. Nous pensons que des efforts régionaux, qui prennent en compte les spécificités de la région, joints à une volonté internationale peuvent amener à plus de résultats dans ce domaine.
En outre, le représentant a insisté sur la relation entre conflits, pauvreté et développement. Dans ce domaine, les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer mais il faut aboutir à des résultats tangibles. A ce titre, nous sommes heureux de constater que des mesures concrètes ont été prises en Afrique, avec notamment la création du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique. En outre, les pays, les institutions internationales et le secteur privé, ont tous un rôle à jouer pour combler le fossé numérique.
Le représentant a insisté sur l’importance de la promotion et de la protection des droits de l’homme, l’aide aux réfugiés, ainsi que de la lutte contre le VIH/sida. Les résultats des objectifs du Millénaire ne seront tangibles que si les Etats Membres se mobilisent pour un effort collectif, a-t-il conclu.
M. VINCI CLODUMAR (Nauru) a expliqué que son pays avait œuvré avec le Forum des Iles du Pacifique, les organisations régionales et ses partenaires, à développer des stratégies régionales et des cadres qui leur permettront de prendre les mesures collectives et individuelles pour remplir les engagements de la Déclaration du Millénaire. Notant que Nauru et les autres Etats insulaires du Pacifique avaient pris les mesures nécessaires pour préserver la sous-région des armes nucléaires et de destruction massive, il a regretté que leurs nombreux appels aux Etats dotés du nucléaire à faire de même soient restés lettre morte. Certains de ces Etats, a-t-il estimé, se considèrent comme les "bons" qui n'ont pas à s'embarrasser de ces engagements, à l'inverse des "mauvais" ou des pays du "mal". En outre, certains de ces Etats font de la sécurité de leur pays et de leur peuple une priorité aux dépends des peuples et pays voisins.
Le représentant a par ailleurs rappelé que Nauru avait contribué au fonds mondial de lutte contre le SIDA et déploré que les donateurs limitent leur apport au point que le fonds accuse encore un trou de sept milliards de dollars. Considérant enfin que le Rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation ne rendait pas suffisamment compte des changements profonds intervenus au sein de l'Organisation, il a appelé à poursuivre les réformes pour renforcer le rôle des Nations Unies, notamment en restructurant le Conseil de sécurité, l'ECOSOC et même les groupes régionaux pour mieux prendre en compte les réalités géopolitiques.
M. BOB F. JALANGO (Kenya) a proposé de dresser une évaluation régulière des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire. Il s'est dit préoccupé par le recul constaté dans les domaines clés du développement en Afrique, au premier rang desquels la lutte contre la pauvreté. Au Kenya, une stratégie nationale a été mise en place conjointement par le Ministère des finances et du plan, et les agences du système des Nations Unies. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié de la population vit en deçà du seuil de pauvreté, a-t-il regretté, avant de souligner l'impact dévastateur de la pandémie du VIH/sida sur le développement. En effet, a-t-il regretté, le VIH/sida a conduit à un recul du développement qui affecte les ressources humaines des pays en développement et leurs structures socioéconomiques sont largement touchées. Il a plaidé pour une aide accrue par le biais du Fonds mondial contre le sida, le paludisme et la tuberculose et pour une annulation de la dette des pays pauvres afin de leur permettre des dégager des ressources pour financer les secteurs de la santé et de l'éducation. Il a regretté que la mondialisation ait causé plus de torts que de bénéfices aux pays en développement en raison de leur marginalisation sur le marché international. M. Jalango a demandé une ouverture des marchés des pays riches et la levée des subventions agricoles afin de permettre aux pays du Sud de garantir la croissance de leurs économies, seul levier de la lutte contre la pauvreté. Il a lancé un appel également au soutien international dans la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Abordant les questions de sécurité en Afrique, M. Jalango a plaidé pour la poursuite des efforts de diplomatie préventive par le biais du renforcement des organisations régionales telles que l'Union africaine, la CEDEAO, la SADC ou l'IGAD. Il s'est félicité des progrès enregistrés ces derniers mois dans la recherche de la paix au Soudan, en Érythrée, en Angola et en République démocratique du Congo. Il a souhaité que la communauté internationale mette en œuvre scrupuleusement les engagements pris en matière de lutte contre le commerce illicite des armes légères, en juillet 2001. Il a plaidé pour le respect des engagements pris lors des conférences de Doha, de Monterrey et de Johannesburg.
M. NOURREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a souhaité rappeler les “résultats mitigés”, “progrès limités” ou “progrès insuffisants” soulignés dans le rapport du Secrétaire général. Nous, Etats membres, sommes tous responsables de cet état des lieux à des degrés différents et nous devons les assumer collectivement, a-t-il estimé. Le représentant s’est par ailleurs félicité du lancement de la « campagne du Millénaire » ainsi que de la nomination de Mme Eveline Herfkens, coordinatrice exécutive pour cette campagne. La question de la paix et de la sécurité est un objectif de la Déclaration du Millénaire auquel nous attachons une importance particulière. S’agissant de la question iraquienne, nous considérons que Bagdad a répondu positivement à l’appel de la communauté internationale avec l’acceptation du retour des inspecteurs de l'Organisation des Nations Unies. Il y a donc aujourd’hui la place pour un règlement diplomatique du conflit. Les conflits comme ceux du Moyen-Orient, de la Somalie ou du Libéria, entre autres, doivent être traités à titre égalitaire et avec la diligence requise par le Conseil de sécurité, qui ne doit pas être guidé par l’intérêt exclusivement national de ses pays membres a réclamé le représentant. En outre, le recours aux sanctions doit être amélioré et réglementé. Par ailleurs, le représentant a réclamé l’élaboration d’une stratégie de lutte contre le terrorisme qui prendrait davantage en compte les causes profondes de ce phénomène, notamment économiques et sociales. A ce titre, il a exhorté les Nations Unies à établir au plus vite une convention globale sur le terrorisme qui contiendrait une définition de ce concept acceptable pour tous.
Par ailleurs, le représentant a souligné les faibles résultats dans le domaine du développement et de l’éradication de la pauvreté, alors même que ce thème a dominé l’ordre du jour de la communauté internationale pendant deux ans. Il faut honorer les engagements pris à Doha, Monterrey, Bali ou Johannesburg dans ce domaine hautement prioritaire, il suffit de concentrer l’effort dans des actions concrètes.
En outre, le représentant a exhorté les pays membres à répondre aux besoins spécifiques de l’Afrique, qui demeure le continent le plus instable, le plus pauvre et le plus ravagé. Ce n’est pas parce que les Africains se sont eux même pris en charge, en lançant notamment le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique et l’Unité africaine, que la responsabilité de la communauté internationale s’en trouve réduite, a-t-il affirmé. Nous estimons que la communauté internationale doit aider l’Afrique à se relever avant qu’il ne soit trop tard, et ce, sans pré-conditions qui ne correspondraient pas à la réalité africaine. Ce débat doit être l’occasion d’une véritable auto-critique en vue de dégager un élan véritable, a-t-il conclu.
M. V. K. NAMBIAR (Inde) a estimé que la crédibilité de l'Organisation repose sur sa capacité à insuffler du dynamisme aux processus de paix dans les régions de tension ou de conflit potentiel, comme elle l'a fait avec l'Afghanistan en convoquant la Conférence de Bonn, en 2001; celle-ci avait permis la mise en place de l'Autorité transitoire. A propos de la situation en Asie du Sud, le représentant a souligné qu'elle restait périlleuse et que les causes profondes de cette tension devaient être traitées. Il a rappelé que le Secrétaire général avait exhorté les parties en présence à renouer le dialogue bilatéral et à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques et noté, à cet égard, que l'Inde avait répondu avec retenue aux actes de terrorisme qui ont visé d'importants symboles de la démocratie indienne.
Le représentant a fait valoir que son pays restait totalement engagé dans les opérations de maintien de la paix auxquelles il avait contribué en envoyant 60 000 hommes, restant ainsi parmi les principaux pays fournisseurs de contingents. Tout en reconnaissant que certains progrès avaient été accomplis dans la gestion de ces opérations, il s'est aussi référé au rapport du Secrétaire général déplorant le manque de contingents disponibles: ceci reflète la faiblesse des engagements pris par ceux qui ont une responsabilité particulière dans le maintien de la paix et la sécurité internationale. Le manque de volonté politique de certains Etats déroge au caractère universel des opérations de maintien de la paix, a-t-il estimé. Il s'est, à l'inverse, félicité de l'attention accordée par le Secrétaire général au terrorisme dans son rapport sur les suites à donner à la Déclaration du Millénaire, notant que son pays était lui-même la cible d'un terrorisme d'Etat depuis deux décennies.
Il est temps, a poursuivi le représentant de l'Inde, de passer à la mise en œuvre effective de la Déclaration du Millénaire. Si l'on se réfère aux deux années écoulées, on est encore loin d'en avoir atteint les objectifs. Il est indispensable de renforcer la coopération internationale pour permettre aux pays en développement d'affronter les défis considérables qui se posent à eux. Il n'y a d'autres solutions que d'accroître les ressources, de se rapprocher de l'objectif des 0,7 % (du PNB des pays les plus riches) et d'ouvrir les marchés aux produits des plus pauvres. M. Nambiar a souligné que l'Inde, comme les autres pays en développement attachait une importance particulière à la réalisation des Objectifs du Millénaire. Cependant il a déploré que la partie du rapport du Secrétaire général consacrée aux droits de l’homme propose une série de solutions visant à renforcer l'état de droit pour promouvoir les droits de l'homme mais sans que ceci contribue à mettre en place une véritable culture de ces droits. Il a également regretté que le rapport n'évoque pas les cas d'usurpation du pouvoir par les militaires puis leur maintien par une voie légale.
M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a salué la démarche du Secrétaire général qui a présenté un rapport détaillé sur les résultats obtenus et les enjeux qui demeurent afin d'atteindre les objectifs de développement du Millénaire. Toutefois, il a insisté sur ce qui doit encore être fait pour parvenir à des avancées concrètes et a appelé la communauté internationale à coopérer au sein des Nations Unies pour engager des partenariats multilatéraux en faveur du développement. Signifiant que l’environnement économique est peu propice au développement et qu’il est de plus aggravé par la pandémie du VIH/sida qui compromet les efforts du continent africain en matière de lutte contre la pauvreté, il a plaidé pour la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. A cet égard, il a demandé aux Nations Unies de s'investir afin que les objectifs définis à Monterrey, à savoir la mobilisation de ressources nationales et d'investissements étrangers directs, les transferts de technologies et règlement de la question de la dette soit atteints. Il a plaidé pour un soutien sans faille à l'Union africaine et au NEPAD qui sont des initiatives de nature à promouvoir la croissance économique au service du développement. Abordant la question du VIH/sida, il a souligné ses conséquences graves pour l'Afrique subsaharienne, plaidant pour des mesures de grande ampleur afin d'inverser la tendance actuelle à la propagation rapide du fléau. Ces mesures, a-t-il poursuivi, vont du traitement à la prévention, en passant par la prise en charge sociale des malades, mais au regard des ressources disponibles, aucun progrès ne peut être enregistré dans les prochaines années, a-t-il dit. Pour faire face à la propagation du VIH/sida et du paludisme d'ici 2015, et investir dans la recherche, M. Mmualefe a lancé un appel aux États membres afin qu'ils contribuent au Fonds mondial créé par le Secrétaire général. S'agissant des conflits, il a fait valoir qu'ils ont des racines et des implications multiples et a exhorté les Nations Unies à déployer tous les efforts pour faire respecter le droit international humanitaire et la protection des civils. Les causes des conflits sont étroitement liées au développement durable, a-t-il ajouté, et il a appuyé un renforcement des capacités régionales dans les domaines du maintien de la paix et de la prévention des conflits. Les capacités financières des pays en développement doivent en outre être prises en compte dans la mise en œuvre de la résolution 1373 et dans la lutte contre le terrorisme, a conclu le représentant.
M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) s’est félicité des changements importants survenus depuis 1997, date de la refonte des objectifs de l’Organisation, et 2000, qui signalait l’entrée en vigueur de l’Application de la Déclaration du Millénaire. Le besoin d’une institution multilatérale telle que l’ONU ne s’est jamais fait ressentir avec autant d’acuité, comme la nécessité d’en élargir les moyens d’action et d’améliorer la qualité de ses relations publiques dans la ville de New York et le pays hôte, comme en conviendront particulièrement ceux qui siègent au Comité du pays hôte. Dans ce contexte, M. MUSHATAS a rappelé, citant le Secrétaire Géneral, que ”l’ONU avait une histoire à raconter”. S’il a salué les progrès accomplis dans la transparence des méthodes de travail du Conseil de Sécurité, il a déploré en revanche la somme de réunions, rapports et documents officiels qui accablent les membres des Nations Unies, les petites délégations au premier chef, d’où l’urgence de rationaliser le fonctionnement de l’Assemblée Générale en regard des intérêts de la communauté internationale. Une coopération efficace entre les Etats membres et les multiples partenaires des secteurs privé et public, sous la direction de l’Organisation, est seule à même de permettre d’atteindre en temps voulu les priorités énoncées dans la Déclaration du Millénaire. Le représentant a donc affirmé l’idée d’un Bureau chargé d’un partenariat qui pourrait guider et encadrer les différentes activités envisagées.
M. JUMA AMER (République Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que le rapport du Secrétaire général indiquait qu’il restait des possibilités prometteuses de parvenir à la paix dans certaines régions troublées. Nous partageons également la détermination du Secrétaire général à traiter, entre autres, les problèmes liés au développement, aux maladies, dont le VIH/sida, ainsi qu’aux questions d’occupation de territoires, a-t-il fait valoir.
S’agissant du terrorisme, le représentant a appelé les Nations Unies à s’attacher à traiter les causes profondes. Il a encouragé tous les Etats à accéder aux conventions contre le terrorisme, que la République Jamahiriya arabe libyenne a par ailleurs signées, a-t-il fait remarquer. Mettre un terme au terrorisme nécessite de le déraciner, a-t-il estimé. Le terrorisme ne pourra pas être éliminé par un effort unilatéral inacceptable. A ce titre, le représentant a exhorté l'Organisation des Nations Unies à convenir d’une définition claire du terrorisme, qui le distinguerait d’une lutte légitime pour l’indépendance.
En outre, le représentant a noté le manque de progrès en matière de désarmement. S’agissant de l’Afrique, qui doit s’acheminer vers le développement, le représentant s’est réjouit de la création du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Il a également exhorté les puissances coloniales à ne plus piller les richesses du continent africain. A propos des sanctions, il a estimé qu’elles ne devraient pas être utilisées avant que ne soit trouvé un règlement pacifique au conflit, ou comme punition. Le Conseil de sécurité ne doit pas servir les intérêts des puissants, en leur permettant d’atteindre leurs propres objectifs politiques, a estimé le représentant.
M. MAMADY TRAORE (Guinée) a salué les efforts louables déployés par les Nations Unies dans l'apaisement de plusieurs foyers de tension à travers le monde, citant les avancées notables accomplies en Afghanistan, au Timor leste et en Sierra Leone. Il a souhaité que les perspectives de paix apparues récemment dans des pays dévastés par des conflits de longue date puissent déboucher sur des sorties de crise définitives et durables, notamment en Angola, en Ethiopie et Erythrée, au Soudan et dans la région des Grands Lacs. Pour ce faire, a-t-il estimé, il est essentiel d'adopter une approche globale et intégrée du processus de paix en agissant à la fois sur les plans politique, militaire, humanitaire, économique et autres. Force est de constater, a-t-il ajouté, que de nombreux défis restent à relever comme au Moyen Orient, au Libéria, au Sahara occidental, en Somalie et en Iraq. Le délégué a également fait sienne la préoccupation exprimée par le Secrétaire général quant à la pénurie d'effectifs à laquelle sont confrontées les activités de maintien de la paix.
L'ampleur des problèmes humanitaires exige en outre le renforcement des moyens disponibles en vue d'assurer efficacement les secours d'urgence, a-t-il poursuivi, en mentionnant les 50 millions de civils déplacés à travers le monde du fait des conflits. Il a sur ce point fait valoir l'appui concret que le groupe inter institutions des déplacements internes, créé en janvier 2002, avait fourni à de nombreux pays dont le sien. Mais l'autre défi à relever, a ajouté le représentant, est l'éradication de la pauvreté, très souvent à la base de l'instabilité. L'attention portée par l'Organisation au règlement des crises à travers le monde doit aller de pair avec la lutte contre la pauvreté. Plus que jamais, les engagements pris lors des conférence organisées ces douze derniers mois doivent être honorés afin d'aboutir à des solutions concrètes aux problèmes de développement, en Afrique notamment. Le représentant a conclu en appelant à la mobilisation de la communauté internationale pour qu'elle apporte son appui ferme au Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).
Mme PEREZ CONTRERAS(Venezuela) a réaffirmé l'engagement de son pays à déployer tous les efforts pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire. Elle a exhorté les États membres à se consacrer aux priorités de la paix, de la sécurité et du développement économique dans le monde afin d'éradiquer la pauvreté, d'éliminer la faim et le paludisme, et d'inverser la progression du VIH/sida. Pour cela, a-t-elle souligné, il importe de renforcer les liens de coordination entre les organes principaux des Nations Unies, les agences et institutions spécialisées de l'Organisation et les institutions financières internationales. Il nous faut créer un climat international propice à la coopération sud-sud, a-t-elle dit, et mettre en œuvre les engagements pris lors des rencontres de Doha, de Monterrey et de Johannesburg. Mme Contreras a plaidé pour des alliances stratégiques multilatérales afin de mettre en œuvre des partenariats nationaux, régionaux et internationaux en faveur du développement durable. A ce titre, elle a insisté sur la nécessaire libéralisation du commerce international, l'ouverture des marchés des pays riches et la levée des subventions agricoles. S'agissant du Sommet de Johannesburg, la représentante a réitéré l'appel du Venezuela pour la création d'un Fonds humanitaire international qui serait financé par une réduction des dépenses militaires. Se tournant vers l'Afrique, elle a souhaité que le NEPAD ouvre de nouvelles voies à la coopération sud-sud et aux échanges nord-sud afin de permettre au continent de renouer avec la croissance économique et de mener à bien ses programmes de lutte contre la pauvreté. Elle a souhaité que les Nations Unies soient renforcées pour assumer au niveau multilatéral le rôle de coordination des efforts visant à relever les défis posés à la sécurité internationale par le terrorisme et les conflits, et que les réalités économiques des pays pauvres soient prises en compte dans la lutte contre le terrorisme.
M. MOHAMMAD A. ABULHASAN (Koweit) a rendu hommage à l’initiative de l’Assemblée Générale consitant à fusionner les deux débats relatifs aux deux rapports. Neamnoins, il a regretté que la rationnalisation n’ait pas eté pleinement effectuée, dépslorant que l’on n’ait pas regroupé les deux rapports étudiés aujourd’hui en un seul. Cette démarche aurait eu le mérite de réduire le fardeau de travail pour les délegations, a-t-il estimé.
Notre délégation approuve ce que nous dit le Secrétaire général dans son rapport a-t-il affirmé, ainsi que le point de vue pessimiste qu’adopte le Secrétaire général quant aux résultats de la réalisation des objectifs du Millénaire. Le représentant a par ailleurs souligné « les pratiques sauvages et regrettables » auquel le peuple palestinien est soumis. En outre, le représentant a approuvé le contenu des paragraphes du rapport sur les prisonniers de guerres et les biens koweïtiens. Il s’est interrogé sur l’utilisation par le Secrétaire général du terme « manquant ». Ces prisonniers sont des ressortissants Koweïtiens, a-t-il affirmé.
En outre, le représentant a regretté que le rapport du Secrétaire général n’ait pas mentionné l’UNICOM et son rôle entre l’Iraq et le Koweït. Il a également regretté que le rapport n’évoque pas les problèmes de la région.
Par ailleurs, le représentant a souhaité que l’utilisation de la langue arabe soit au sein du département de l’information des Nations Unies. Il a exprimé le souhait que les questions complexes ne soient pas examinées trop rapidement au cours de cette session, et que la cinquante-septième session soit couronnée de succès.
Mme LEA RAHOLINIRINA (Madagascar)a estimé que la réalisation des objectifs du Millénaire dépendait de la prise de conscience par tous les Etats de leur interdépendance et de la communauté de leur destin. Tout en rendant hommage aux actions de l'Organisation des Nations Unies pour faire progresser la paix dans le monde, la représentante a souligné les nombreux efforts restant à entreprendre, s’agissant notamment de la prévention des conflits, toujours préférable à la gestion de leurs tragiques conséquences. Elle a estimé par ailleurs qu’il revenait à la communauté internationale de créer un environnement mondial plus juste qui réduirait les inégalités entre les Etats et au sein des Etats.
Par ailleurs, la représentante a rappelé que, selon la CNUCED, le nombre de personnes extrêmement pauvres augmentera de 113 millions dans les pays les moins avancés d’ici 2015 si les tendances actuelles, aggravées par les événements du 11 septembre, venaient à se poursuivre. Le dernier rapport du PNUD sur le développement humain a pourtant mis en évidence qu’il suffirait de rallonger le budget de l’Aide publique au développement d’une fraction des dépenses militaires actuelles pour permettre d’atteindre les objectifs du Millénaire.
Comme la Conférence Ministérielle de l’OMC, et les conférences de Monterrey et Johannesburg l’avaient déjà établi, l’application de la Déclaration du Millénaire dépend de la capacité des pays industrialisés à se montrer solidaires des pays en voie de développement. Il faut pour cela s’en donner les moyens, notamment en réaffectant une partie des dépenses annuelles en armement vers le développement économique et social. Enfin, le représentant a souligné le cas de l’Afrique, qui reste le continent le plus affecté par la pauvreté et les fléaux qui en découlent, dont la pandémie du VIH/sida, et qui a besoin plus que jamais de l’appui et de la considération internationale. Les efforts de l’Afrique de prendre en charge elle-même et de parvenir à l’autosuffisance reflétés dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) méritent d’être reconnus et d’être soutenus par la communauté internationale.
M. AL TAIBEEB (Arabie Saoudite) a salué les efforts déployés par les Nations Unies pour réunir les conditions nécessaires afin d'atteindre les objectifs de développement du Millénaire. Il s'est inquiété toutefois du sentiment d'insécurité éprouvé par les peuples de la planète du fait de certains pays qui ont renoncé à respecter la Charte des Nations Unies et les résolutions du Conseil. Les Nations Unies ne sont pas parvenues à faire respecter le droit international comme le prouve ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés où le terrorisme d'État israélien qui détruit, occupe, bafoue les droits des plus faibles, constitue un défi posé à la légalité internationale. Israël a refusé d'accueillir une mission d'information pour donner suite à la résolution 1405 du Conseil concernant l'enquête sur les massacres commis dans le camp de Djénine, a-t-il rappelé, tout comme Israël ne respecte pas les résolutions 242, 338 depuis leur adoption. Il a souhaité que le Conseil de sécurité oblige Israël à se conformer à la résolution 1435 par laquelle il le prie de retirer ses forces aux positions occupées avant septembre 2000, et l'a exhorté à mettre un terme aux souffrances du peuple palestinien qui vit dans l'insécurité et dans l'horreur quotidienne. L'Arabie saoudite a été l'un des premiers pays arabes à s'engager dès 1999 dans la lutte contre le terrorisme et on ne peut mettre en doute la détermination de notre pays à lutter contre ce phénomène qui contredit notre doctrine religieuse, a-t-il dit. Nous avons par ailleurs collaboré à la mise en œuvre de la résolution 1373, a-t-il fait valoir, avant de soulever un point inquiétant pour l'Arabie saoudite, à savoir la haine à l'égard des arabes et des musulmans qui sont accusés par une campagne médiatique mensongère d'être liés au terrorisme. L'Islam interdit de tuer un être humain et c’est une religion fondée sur le respect de la vie humaine et de l'égalité, a-t-il fait observer, ajoutant que jamais auparavant tous les Juifs ou tous les Chrétiens avaient pu être accusés collectivement d'actes commis par des individus au nom de leur religion. Nous mettons en garde contre ces campagnes qui pourraient encourager certaines personnes à poursuivre de tels actes en raison de la marginalisation dont ils font l'objet depuis septembre 2001, a-t-il poursuivi. S'agissant de la question du désarmement, il a jugé prioritaire le désarmement complet dans le domaine des armes de destruction massive. Il a également souligné l'urgence de faire du Moyen Orient une zone exempte d'armes de destruction massive mais a regretté que malgré les résolutions de l'Assemblée générale, Israël refuse toujours d'adhérer au TNP et de soumettre ses installations à l’inspection l'AIEA.
Mme JOAN PLAISTED (Etats-Unis) a rappelé que sous la conduite des États-Unis, la communauté internationale avait engagé une lutte contre le terrorisme qui a conduit à la chute du régime des Taliban et permis de commencer à reconstruire l’Afghanistan. Nous devons néanmoins poursuivre le combat contre le terrorisme pour garantir la sécurité internationale et éliminer cette menace à la paix, a-t-elle observé. A cet égard, elle a invité les Etats membres à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre de la résolution 1373 notamment en continuant d’adapter leurs législations nationales, leurs procédures d’extradition et d’immigration, ainsi que leurs mécanismes de contrôle des échanges financiers et des flux d’armes. Les douze conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme devraient être ratifiées par tous les États membres, a jugé Mme Plaisted, et les États-Unis y sont désormais partie.
Par ailleurs, les Nations Unies doivent également se pencher sur une autre menace à la paix et à la sécurité internationale, qui résulte du défi posé au Conseil de sécurité par l’Iraq depuis près de douze ans, et il est clair pour notre pays que l’Iraq doit respecter ses engagements en matière de désarmement. Au Moyen-Orient, a poursuivi la représentante, les États-Unis sont engagés aux côtés des trois autres membres du Quartet dans la recherche d’une solution de nature à ramener la paix durable dans la région et à mettre fin au cycle de violence. Cette démarche associe Israéliens, Palestiniens et dirigeants de la région, a-t-elle souligné, avant de rappeler que le Président Bush avait clairement fait part de sa vision de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte et en paix au sein de frontières sûres et reconnues.
Cette année est également marquée par l’engagement de la communauté internationale en faveur de la lutte contre la pauvreté, a dit Mme Plaisted, rappelant ensuite les propos du Président Bush qui, lors du lancement du “Millenium Challenge Account”, avait plaidé pour un cycle de développement élargi qui n’exclue aucune région du monde. L’ordre du jour du développement de Doha et le Consensus de Monterrey traduisent bien cet engagement de la communauté internationale, a-t-elle souligné, ajoutant que pour combattre la pauvreté, les pays en développement devaient avant tout mettre en œuvre des programmes de bonne gouvernance et d’investissement dans les domaines sociaux. Il importe désormais, comme le soulignait le Secrétaire d’État américain Colin Powell lors du Sommet de Johannesburg, d’associer tous les exclus dans le cycle de développement, a-t-elle dit. S’agissant de la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, elle a réitéré le soutien des États-Unis au Fonds mondial lancé par le Secrétaire général des Nations Unies et mentionné les efforts de son pays pour aider les programmes de prévention de la transmission mère-enfant. La représentante a en outre jugé que dans le domaine de la sécurité alimentaire, la biotechnologie pouvait faciliter une augmentation de la productivité et être un facteur clé pour lutter contre la faim et la pauvreté, notamment en Afrique. Elle a ensuite invité les Etats membres à ratifier les deux Protocoles facultatifs à la Convention sur les droits de l’enfant que les États-Unis viennent de ratifier.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné la qualité des deux rapports à l’examen. Il a appelé l'Organisation des Nations Unies à s’adapter en permanence aux nouveaux défis du monde actuel. Par ailleurs, il a regretté que le rapport n’ait pas pu être publié six semaines en avance pour que les délégations aient le temps de l’étudier plus profondément.
Le représentant a rappelé la nécessité d’édifier un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste. Nous avons le devoir collectif de veiller à atteindre nos objectifs, a-t-il affirmé, mais ces objectifs ne pourront être atteints qu’à condition que l’on donne à l'Organisation les moyens techniques et financiers d’y faire face. A ce titre, c’est aux Etats les plus forts de redoubler d’efforts et de dépasser leurs intérêts nationaux à court terme, pour servir une vision à plus long terme.
Le représentant a par ailleurs souligné les réussites de l’Organisation telles que les progrès réalisés dams le maintien de la paix, les sommets sur le développement, la création du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, entre autres. Nous devons maintenir cette dynamique pour progresser vers les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Le représentant a souligné la politique de développement innovante et vigoureuse mise en œuvre au Bengladesh. Le pays produit désormais 26 millions de tonnes de biens alimentaires, a amélioré la qualité de l’enseignement, et a progressé dans le domaine des droits de l’homme a-t-il affirmé. Mais si les initiatives des pays sont essentielles, la communauté internationale doit créer la toile de fond propice aux initiatives de chaque pays pour faire progresser le développement.
En outre, le représentant s’est dit préoccupé par le manque de résultats en ce qui concerne l’accroissement de l’écart entre les riches et les pauvres, la fracture numérique, les régimes oppressifs, ou le fléau des stupéfiants et des maladies. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de moderniser l’instrument que constitue l'Organisation des Nations Unies pour lutter contre tous ces maux. Son fonctionnement même, au quotidien, doit également être amélioré, a-t-il estimé, appelant à revitaliser le modus operandi de l’Assemblée générale.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) a présenté la Déclaration du Millénaire comme la feuille de route du programme de développement pour le 21ème siècle. Si les attentats du 11 septembre ont révélé les menaces qui pèsent sur la sécurité internationale dans un contexte de mondialisation, ces menaces ne sont pas seulement confinées aux domaines des conflits ou des crises, comme en témoigne la pandémie du VIH/sida, qui relève aussi de la compétence du Conseil de sécurité. La recherche d’une solution diplomatique et politique mérite aussi d’être prise en compte dans les réponses à apporter au terrorisme international, à travers la création d’un organe tel que le Comité contre le terrorisme. Par ailleurs, atteindre les buts énoncés dans la Déclaration du Millénaire constitue le moyen d’éliminer les conditions sociales, économiques et humanitaires défavorables qui font naître les tentations terroristes.
Les réussites de l’ONU à Bougainville, au Timor-Leste, en Sierra Leone, en Afghanistan ou au Kosovo, amènent à réfléchir cependant aux réformes à apporter aux opérations de maintien de la paix, qui demandent d’abord davantage de moyens.
A la suite des engagements pris lors du récent Sommet pour le développement durable de Johannesburg, il apparaît essentiel de renforcer le partenariat entre pays industrialisés et pays en voie développement, afin d’aider ces derniers à prendre les initiatives locales en matière de développement.
Fidji, qui a apprécié la contribution de l’Aide publique au Développement à son propre développement considère que le NEPAD, qui coordonne les stratégies locales en matière de développement, constitue un pas en avant important dans la mise en œuvre d’une politique susceptible d’aider les pays concernés à prendre en charge leur propre développement. Sa mise en place dépend d’une culture nouvelle de bonne gouvernance démocratique. La récente déclaration de Nasonini incarne ces principes et confirme nos efforts de construction de la paix dans la région dans le cadre de la Déclaration du Forum Biketawa de 2000. De même, nous renouvelons nos engagements en matière de désarmement et reconnaissons la juridiction de la Cour pénale internationale, dont nous avons ratifié le statut de Rome, a rappelé le représentant.
M. JENÖ STAEHELIN (Suisse) a affirmé que les objectifs de la Déclaration du Millénaire représentent un outil de travail aujourd'hui très largement reconnu et utilisé par la communauté internationale. Il a cependant estimé que restaient ouvertes les questions relatives à la mise en place d'un système fiable de monitoring. Nous réalisons, a poursuivi le représentant, que nous ne parviendrons à la réalisation des objectifs du Millénaire que de manière partielle et ponctuelle si nous ne nous forçons pas le pas. Il faudra pour cela renforcer à tous les niveaux (national, régional et global) la coordination et la collaboration entre tous les acteurs concernés: gouvernements, organisations internationales, société civile et économie privée. Dans ce contexte, il a appelé à accorder une importance particulière au renforcement de l'interaction entre l'ONU, les Institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce, suite notamment aux conférences de Doha, Monterrey et Johannesburg.
Néanmoins, a prévenu le représentant, la réalisation des objectifs du Millénaire dépend en premier lieu de la volonté des pays d'entreprendre, notamment pour assurer la protection des droits humains, la bonne gestion des affaires publiques et l'état de droit, l'éradication de la pauvreté et la sauvegarde des ressources naturelles. Convaincue qu'une communauté ne peut pas être plus forte que le plus faible de ses membres, la Suisse partage l'avis qu'il vaut mieux concentrer les efforts sur la suppression des causes des conflits et sur leur prévention, plutôt que de devoir affronter leurs conséquences, a-t-il souligné. Seule la stabilité économique, sociale et politique permet à chacun de se développer et de progresser, a-t-il conclu.
M. BRUNO STAGNO (Costa Rica) a jugé que l'action de la communauté internationale était restée jusqu'à présent insuffisante, rappelant que 23 pour cent de la population mondiale continue de vivre avec moins d'un dollar par jour. Le fossé entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de se creuser. En certains points d'Afrique et d'Asie, on est en train de perdre la bataille contre la grande pauvreté. En Amérique Latine, les progrès sont très lents. Si nous continuons au rythme actuel, a prévenu le délégué, nous n'aurons, en 2015, réduit la mortalité infantile que de 25 %. Le représentant a souligné qu'en 2001, plus de 5 millions de personnes avaient été infectées par le virus du VIH/sida et que plus de trois millions avaient succombé. La majorité des malades dans les pays pauvres n'avaient pas accès aux traitements, et la situation est la même pour le paludisme ou la tuberculose.
Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, il convient de redoubler d'efforts pour réaliser les objectifs du Millénaire. Au plan national, il est indispensable de renforcer et consolider les institutions démocratiques; la démocratie incite en effet les gouvernements à adopter de meilleures politiques publiques et à protéger les groupes les plus vulnérables. Parallèlement, il faut lutter contre la corruption et garantir la bonne gouvernance; il est indispensable de sanctionner les dirigeants qui s'enrichissent grâce à la corruption et appauvrissent leurs peuples, a insisté le délégué. Il faut absolument créer une instance à juridiction universelle pour juger les corrompus. IL est scandaleux de voir les pays développés encouragés la corruption hors de leurs frontières, a estimé le délégué en appelant de ses vœux la conclusion rapide d'une Convention internationale contre la corruption, en marge des réunions du Comité spécial réuni à Vienne.
Le représentant a fait valoir que, selon la Banque mondiale, il faudrait pour réaliser les objectifs du Millénaire 40 à 60 milliards de dollars supplémentaires d'aide internationale; à l'inverse, le pourcentage que l'aide au développement représente sur le Produit intérieur brut est chaque fois plus réduit. Il a donc plaidé pour un système financier et commercial ouvert, équitable et qui favorise la croissance des pays en développement. Aujourd'hui, a-t-il dénoncé, les obstacles structurels, les déséquilibres financiers, la fuite des capitaux, le manque de capital, les restrictions d'accès aux marchés internationaux brident la croissance des pays en développement. En conclusion, il a cité trois recommandations de la Banque mondiale: en premier lieu, les pays en développement doivent améliorer leurs politiques et institutions publiques; de leur côté, les pays développés doivent lever les barrières douanières et coordonner une meilleure aide au développement; enfin, les pays donateurs doivent apporter chaque année 60 milliards de dollars d'aide supplémentaire au développement.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a estimé que le bilan mitigé que reflètent les deux rapports du Secrétaire général résulte essentiellement de la complexité de l’Organisation des Nations Unies. La grande diversité des domaines d’activité et les procédures complexes de gestion quotidienne font que les résultats ne peuvent jamais être véritablement évalués et que le lien de cause à effet entre les décisions prises et leur impact réel sur le monde est difficile à établir. A ce titre, a poursuivi M. Rosenthal, si nous devions évaluer les progrès réalisés dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, de la protection de l’environnement, du désarmement, des violations des droits de l’homme et des tensions entre les États, nous serions probablement frustrés. En effet, le regain de violence au Moyen-Orient et les risques de conflit dans le Golfe persique sont inquiétants, a-t-il dit, tout comme la récession économique mondiale qui plonge les pays d’Amérique latine et des Caraïbes dans une troisième année de stagnation, rendant par conséquent incertains les objectifs de développement du Millénaire qui doivent être atteints d’ici 2015.
Cependant, M. Rosenthal a insisté sur les réalisations marquantes auxquelles ont contribué les Nations Unies récemment, notamment l’indépendance et la création de la République démocratique de Timor-Leste ou encore la création du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il a également salué le rôle des Nations Unies dans la résolution ou l’atténuation de certains conflits qui ravageaient le continent africain et dans la création des conditions de nature à permettre l’émergence du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Par ailleurs, il s’est félicité du fait que le développement ait été placé au cœur des préoccupations internationales ces derniers mois et ait conduit à l’adoption du Plan d’action de Johannesburg et au Consensus de Monterrey. A cet égard, M. Rosenthal a salué le renforcement des liens entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Il s’est en outre félicité de la création de la Cour pénale internationale et de la mobilisation rapide de la communauté internationale au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 pour la lutte contre le terrorisme.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a salué le courage et la détermination du Secrétaire général à faire face aux nouveaux défis des Nations Unies, ainsi que son engagement pour que le multilatéralisme prévale dans la résolution des questions qui concernent toutes les nations.
Le représentant s’est par ailleurs félicité de la tenue d’un débat commun sur les deux rapports à l’examen, qui marque le début d’un processus de changement interne aux organes des Nations Unies. A ce titre, il a appelé les Etats membres à renforcer l’Assemblée générale, à dynamiser le Conseil économique et social, à réformer et à élargir le Conseil de sécurité, ainsi qu’à réduire le nombre de réunions et de rapports publiés.
S’agissant des questions de paix et de sécurité, le représentant a estimé qu’au Proche-Orient, Israël continue d’occuper brutalement les territoires palestiniens, de démanteler systématique les institutions palestiniennes et d’humilier le peuple palestinien. Il a souhaité que les négociations diplomatiques reprennent le plus vite possible.
Concernant le terrorisme international, le représentant a demandé aux Etats membres de comprendre les causes profondes et sous-jacentes de ce mal. Il s’est dit préoccupé par la menace d’une attaque contre l’Iraq. Toutes les voies diplomatiques doivent être étudiées, et on doit tenir compte de tous les risques que représente une guerre, a-t-il estimé. A ce titre, nous exhortons le Conseil de sécurité à permettre à tous les membres des Nations Unies de faire valoir leur point de vue sur la question iraquienne avant qu’une décision soit prise. Il ne faut pas oublier que les Nations Unies sont le dernier espoir d’une solution pacifique a un conflit, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le représentant s’est dit préoccupé par les effets négatifs d’un régime de sanctions et ses conséquences humanitaires et psychologiques sur la population. Il a demandé une évaluation régulière de l’efficacité d’un régime de sanctions, et de ses conséquences politiques.
Dans le domaine du désarmement, le représentant s’est inquiété de la possibilité de l’existence d’une nouvelle génération d’armes nucléaires, qui pourrait tomber dans de mauvaises mains. Il a manifesté sa déception face au non respect du Traité de non prolifération des armes nucléaires par certains pays, assurant que son pays continuerait tout au long de cette cession à mobiliser tous ses efforts pour lutter contre cette menace.
En outre, le représentant a souligné l’importance de la transformation en cours de la culture de management des Nations Unies: son pays appuie d’ailleurs les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général sur ce sujet. Il s’est félicité de l’introduction d’un outil de recrutement international électronique, le système Galaxy, qui permettra d’ouvrir les Nations Unies à de nombreuses recrues jeunes et motivées.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a relevé, avec satisfaction, l'effort particulier entrepris en matière de prévention des conflits, visant principalement à obtenir une meilleure coopération de la part des gouvernements et à apporter un appui plus soutenu aux initiatives régionales en faveur de la paix. Il a salué le travail accompli par l'ONU pour améliorer la gestion des opérations de maintien de la paix, notamment grâce à la mise en œuvre des recommandations du Groupe d'études sur la question, tout en déplorant le cruel manque d'effectifs pour ces opérations. Il a également noté que les attentats du 11 septembre 2001 avaient conduit les Nations Unies à mener un combat sans précédent contre le terrorisme, en appelant à une réponse collective fondée sur un effort accru de coopération.
Pour le représentant, l'examen du rapport sur l'activité de l'Organisation montre que l'édification d'un monde plus stable et plus sûr passe indubitablement par un combat accru pour le développement et contre la pauvreté. Ainsi, l'Afrique a montré à la communauté internationale sa ferme intention de prendre en main son destin avec l'initiative du NEPAD; il a également relevé avec satisfaction le rôle du Conseil économique et social en matière de consolidation de la paix en Afrique qui a décidé de la création d'un Groupe consultatif spécial, à la demande de tout pays africain sortant d'un conflit et qui en fera la demande.
Mais si l'importance du travail accompli peut inciter à l'optimisme, M. Bennouna a partagé l'inquiétude du Secrétaire général quant aux chances d'atteindre les objectifs du Millénaire: les résultats sont en effet contrastés selon les régions et au sein même de celles-ci. Si certains progrès ont été relevés en Asie de l'Est et du Sud, la proportion de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour en Afrique oscille toujours autour de 47 %. On ne peut donc que regretter l'insuffisante mobilisation de la communauté internationale en faveur des objectifs du Millénaire. Après les sommets de Monterrey et de Johannesburg, le Maroc souhaite la mise au point d'un mécanisme de suivi des grandes conférences des Nations Unies, qui ne doit pas ajouter une nouvelle bureaucratie a précisé le représentant; il s'agira surtout, dans le cadre de l'Assemblée générale ou de l'ECOSOC, de déterminer les questions qui méritent plus particulièrement un suivi et de les confier à un Groupe de travail. Enfin, le délégué s'est interrogé sur l'opportunité de réclamer au Secrétaire général un pré-rapport semestriel qui autoriserait l'Assemblée générale à se prononcer en juin sur les priorités de la session à venir.
Mme MADINA B. JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a rappelé que le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la promotion du développement socio-économique et durable sont étroitement liés. Nous partageons les préoccupations du Secrétaire général sur le niveau actuel de négociations internationales en matière de désarmement et de contrôle des armements, même si des avancées notables ont été constatées dans ce domaine. Parmi elles, il faut noter l’accord obtenu par le groupe d’experts de Samarkand, Ouzbékistan, sur le texte d’un Traité visant à établir une zone libre d’armements nucléaires en Asie centrale, Traité qu’ils s’engagent à signer dans l’année. Le Kazakhstan, qui a subi par le passé la puissance destructrice des armes nucléaires, s’est félicité d’une telle décision qui profite aussi aux Nations Unies, impliquées dans ce processus depuis 1997. La représentante a ajouté que les opérations de maintien de la paix continuant d’être l’instrument-clé des Nations Unies, et que leur capacité d’action devait être renforcée.
Mme Jarbussynova partage également le point de vue du Secrétaire Général concernant la nécessité d’atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, et pour ce faire, d’élaborer un programme d’action coordonnée qui associe Etats Membres, institutions et agences internationales, secteur privé, et les différents acteurs de la société civile. En matière de terrorisme, la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité doit être appliquée de façon concrète. Le Kazakhstan s’est sur ce point engagé dans le développement d’un système pour combattre le terrorisme aux niveaux international et régional. Notre gouvernement s’est également attaché à promouvoir les besoins particuliers des pays géographiquement enclavés. Nous estimons que la Déclaration du Millénaire est devenue la base d’une politique économique et sociale vers laquelle doivent s’efforcer de tendre les Nations Unies, a-t-elle ajouté.
M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine), s’exprimant au nom de la Georgie, de l’Ouzbékistan, de l’Azerbaïdjan et de la République de Moldova, a salué le rôle clé des Nations Unies dans la mise en œuvre d’un cadre d’action mondial de lutte contre le terrorisme qui couvre les aspects économiques, politiques, sociaux, humanitaires, juridiques et sécuritaires de la question. Les États au nom desquels je m’exprime sont partie aux douze conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a précisé le représentant, ajoutant que les États membres du GUUAM (Géorgie, Ouzbékistan, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldova) ont signé récemment à Yalta une Déclaration sur les efforts conjoints pour assurer la sécurité et la stabilité dans la région. Les membres du GUUAM ont signé un accord de coopération sur la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et les autres formes de crimes, a-t-il ajouté. Il a mis en relief le lien entre lutte contre le terrorisme et prévention des conflits, qui résultent le plus souvent de l’exacerbation de l’intolérance et de la haine, et a mis en garde contre l’absence de progrès dans la recherche de solution à des conflits dit “gelés” comme ceux qui déstabilisent l’Abkhazie, la Georgie, la région du Nagorny-Karabakh, l’Azerbaïdjan. Il a lancé un appel à l’OSCE et aux Nations Unies afin qu’elles s’investissent dans la recherche d’une solution à ces crises et insistent pour que les principes de souveraineté et d’intégrité territoriales soient respectés.
Il a invité ensuite la partie abkhaze à se conformer au document préparé sous la conduite des Nations Unies qui établit clairement que l’Abkhazie fait partie intégrante de la Géorgie. Il a mis en garde la partie abkhaze contre toute escalade de la violence dans la Vallée de Kodory et souhaité la mise en œuvre du document final de la rencontre de Yalta de mars 2001 sur les mesures de confiance. De même, concernant la République de Moldova, M. Kuchinsky a demandé aux parties de poursuivre les efforts de paix sur la base des conclusions de la réunion tenue à Kiev en juillet dernier. Il a salué ensuite les efforts déployés par les Nations Unies en faveur du développement d’une culture de prévention des conflits et a estimé que ce concept ne peut être dissocié du développement, des droits de l’homme, de la sécurité et de la protection de l’environnement humain. A ce titre, il a plaidé pour un respect des engagements pris lors du Sommet de Johannesburg pour le développement durable et pour la mise en œuvre de mesures efficaces dans la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Il a ensuite réitéré l’engagement pris par les États membres du GUUAM pour le respect de la bonne gouvernance et la promotion des droits de l’homme.
M. U KYAW TINT SWE (Myanmar) a estimé que l'Organisation des Nations Unies avait démontré le rôle crucial du multilatéralisme dans le combat contre le terrorisme. Il constitue le moyen le plus efficace de maintenir la paix et la sécurité internationales, a-t-il affirmé. A ce titre, le représentant a souligné la nécessité pour les Nations Unies de respecter les principes de la Charte, en préservant la souveraineté et l’égalité des Etats.
Il a par ailleurs déploré le manque de coopération internationale en matière de désarmement, et s’est dit affligé qu’à ce sujet les négociations multilatérales soient dans l’impasse sur presque tous les fronts. Il a invité la Conférence du désarmement à créer un comité qui lancerait des négociations à ce sujet en vue d’aboutir à un programme de désarmement nucléaire.
En outre, le représentant s’est dit préoccupé par le manque de résultats en matière de développement. Un milliard 200 million de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour, et la moitié de la population mondiale avec moins de deux dollars par jour, a-t-il rappelé, estimant que l’élimination de la pauvreté devait être l’une des priorités de l'Organisation des Nations Unies. Le représentant s’est également félicité de la création du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique et a appelé à soutenir et encourager cette initiative. Il s’est par ailleurs dit préoccupé par les fléaux du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme, rappelant que Myanmar en avait fait des préoccupations nationales.
Enfin, le représentant a rappelé que le rapport du Secrétaire général mentionnait la contribution de l'Organisation des Nations Unies à la stabilité de Myanmar. Notre pays est en train d’édifier une nation où la paix, la prospérité et la justice progressent, a-t-il affirmé. C’est un processus qui nous appartient vraiment et qui consiste à susciter l’unité nationale et à promouvoir la paix.
M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a constaté que les Nations Unies avaient effectué des pas concrets, l'an dernier, dans le règlement de certains conflits régionaux parmi lesquels Timor-Leste, le Kosovo ou l'Afghanistan post-Taliban. Il a estimé que la mise en œuvre des recommandations du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés avait été à l'origine de ces résultats, les Nations Unies ayant notamment pris garde de coopérer davantage avec les organismes régionaux. Grâce aux principes et à la pratique du multilatéralisme, a-t-il souligné, l'ONU a été capable de faire face aux extraordinaires défis à la sécurité qui lui étaient lancés. Elle a ainsi mobilisé l'ensemble de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme.
Mais les objectifs principaux de la Déclaration du Millénaire sont d'amener les dirigeants du monde à libérer leurs peuples des conditions abjectes et déshumanisantes liées à l'extrême pauvreté, a poursuivi le délégué. Et sur ce point, les résultats varient d'une région à l'autre. Aussi a-t-il appelé les Etats membres à traduire en actes les engagements solennels qu'ils ont pris, collectivement et individuellement. La Mongolie, a-t-il expliqué, souscrit entièrement au concept de sécurité humaine comme facteur important du développement durable. La Mongolie pour sa part applique actuellement son programme de réduction de la pauvreté qui doit lui permettre d'ici à 2005 de réduire d'au moins un quart le nombre des personnes vivant en état d'extrême pauvreté, et de moitié d'ici à 2015, a-t-il expliqué. La Mongolie soutient pleinement la stratégie de développement des Nations Unies visant à éliminer la pauvreté, à promouvoir la croissance économique et le développement durable. En tant que pays privé d'accès à la mer, elle attache aussi une importance particulière aux activités de l'ONU visant à une plus juste répartition des bénéfices de la mondialisation; à un accès équitable au commerce international et aux marchés; et aux sources de financement du développement économique.
M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque) a constaté que l'année dernière avait été difficile en raison du terrorisme et de la recrudescence de la violence au Moyen-Orient; des progrès significatifs ont été réalisés dans plusieurs domaines à travers des mécanismes de prévention des conflits, a-t-il noté, se félicitant également du grand nombre d'activités conduites dans le cadre des urgences humanitaires notamment. Il faut néanmoins redoubler d'efforts dans la promotion de la paix et de l'équité dans les échanges internationaux. Les conférences de Doha sur le commerce, puis celles de Monterrey et de Johannesburg ont permis de dégager des consensus sur les engagements de la communauté internationale; mais le véritable enjeu sera désormais le suivi de ces conférences, selon le délégué qui a souhaité la mise en place de mécanismes spéciaux.
Le commerce, la finance et le développement durable sont des questions étroitement liées, a-t-il poursuivi: il est donc nécessaire que l'ONU mette en place un mécanisme qui permettra à tous ces éléments d'être pris en compte; il faut que les principaux acteurs travaillent ensemble de façon à ce que les décisions qui seront prises soient des décisions informées et le fruit d'une réelle collaboration internationale. Il serait enfin souhaitable d'affiner le dialogue sur le développement, a-t-il plaidé.
Pour les objectifs du Millénaire, a ajouté le délégué, il ne fait aucun doute qu'ils seront difficiles à atteindre; le rapport du Secrétaire général montre que les résultats sont encore mitigés et cela devrait encourager à mener des actions concrètes visant à créer de meilleures conditions de développement et à mobiliser les ressources financières pour répondre aux besoins existants. La Jamaïque, a assuré son représentant, souscrit à la mise en place de partenariats associant la société civile et les milieux d'affaires dans la promotion du développement durable et du respect des droits de l'homme; des directives devraient exister sur ce point, a-t-il estimé, qui seraient conformes aux principes régissant la coopération économique internationale.
M. FELIPE H. PAOLILLO (Uruguay) s’est félicité des réalisations de la communauté internationale qui, par le biais des Nations Unies, a canalisé ses efforts dans la bonne direction pour surmonter les défis contemporains. Il a toutefois souligné le manque de progrès dans certains domaines tels que la pauvreté ou le sous-développement, qui se sont même aggravés dans certains cas, et a estimé que les objectifs de développement du Millénaire étaient loin d’être atteints. A qui incombe la responsabilité de ces retards, s’est interrogé M. Paolillo, soulignant que si les Nations Unies doivent en effet réformer leur fonctionnement, les États Membres doivent aussi assumer leurs responsabilités. Notre responsabilité première, a-t-il poursuivi, réside dans la poursuite d’objectifs communs et dans une mise en œuvre coordonnée des décisions arrêtées. En effet, a-t-il observé, ce ne sont pas davantage de résolutions et de décisions qu’il nous faut mais la mise en place de mécanismes qui permettront de réaliser les objectifs que nous nous sommes assignés. Quoi que nous fassions ou décidions, tâchons de le faire ensemble, a souhaité le représentant, plaidant pour un multilatéralisme renforcé. Il a ensuite abordé la réforme du système des Nations Unies et recommandé que
toute réforme du Conseil de sécurité soit conduite sans porter préjudice à l’efficacité de cet organe. En effet, a-t-il expliqué, en augmentant le nombre de membres permanents et en les dotant du droit de veto, on risquerait de réduire l’efficacité et le fonctionnement démocratique du Conseil de sécurité. Il a encouragé ensuite les États Membres à mettre en œuvre les politiques socioéconomiques de nature à atteindre les objectifs de développement du Millénaire et a exhorté les pays développés à inverser la tendance actuelle à la diminution des contributions aux fonds et programmes de développement des Nations Unies et à l’assistance humanitaire. Il a jugé regrettable que les fonds alloués à la lutte contre la malnutrition, à la lutte contre les maladies infectieuses et à l’assainissement diminuent alors que les dépenses militaires atteignent chaque année 800 milliards de dollars.
M. LEBOHANG K. MOLEKO (Lesotho) a souligné les vertus du multilatéralisme, un principe qui est au cœur même de l'Organisation des Nations Unies. La seule solution a tous les problèmes mondiaux tels que le réchauffement de la planète, la pauvreté et l’extension du VIH/sida, passe par la mise en commun des efforts. En outre, aucune nation, quelle que soit sa taille ne pourra combattre le terrorisme en faisant cavalier seul. Le représentant a appelé les Etats Membres à décourager l’unilatéralisme et l’hégémonie d’un pays. A ce titre, il souligné la nécessité de renforcer l’Assemblée générale, seul pilier de l’Organisation où toutes les nations ont une voix, et de réformer le Conseil de sécurité afin qu’il agisse avec plus de transparence et de réactivité.
Par ailleurs, le représentant a appelé la communauté internationale à déployer d’énormes efforts pour atteindre les objectifs du Millénaire, parmi lesquels la lutte contre le paludisme et contre le VIH/sida. En outre, il a souligné les initiatives prises par le continent africain en coopération avec l’Union africaine et le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. L’Afrique n’a pas besoin que de bonne volonté pour mettre en œuvre les objectifs du NEPAD, elle a surtout besoin de ressources financières concrètes, a-t-il affirmé. Nous souhaitons à ce titre que l’ONU soit plus active dans la prévention des conflits sur le continent africain, en supportant activement et concrètement les efforts entrepris au niveau régional. L'Organisation doit traiter les conflits africains avec la même efficacité que partout ailleurs, a réclamé le représentant.
Le représentant a par ailleurs évoqué les initiatives du Lesotho dans le domaine de l’éducation, parmi lesquels l’accès gratuit à l’enseignement primaire, soulignant la réussite de cette réforme. Il s’est en revanche dit préoccupé par l’impact du VIH/sida parmi le corps enseignant, appelant la communauté internationale à se mobiliser davantage pour lutter contre ce fléau.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que le multilatéralisme constituait la seule réponse viable aux problèmes du monde. La Colombie soutient les efforts du Secrétaire Général pour faire des Nations Unies une organisation mieux orientée vers la prévention des conflits. Dans le cas de celui qui secoue mon pays, a dit M. Valdivieso, des années de négociations ont abouti à un compromis avec les groupes en marge de la loi. Au cours de ces recherches d’une solution pacifique au conflit, L’Etat colombien a démontré son respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international. En témoigne la destruction systématique des mines anti-personnel et le traitement des prisonniers des groupes en marge de la loi. C’est pourquoi je dois exprimer le désaccord de notre délégation avec le Secrétaire Général quand il affirme, se référant au conflit colombien, que “de fréquentes infractions aux droits de l’homme et au droit humanitaire international sont commises par toutes les parties”. Par ailleurs, le représentant a exprimé son attachement au concept de “responsabilité de protéger” tel qu’énoncé dans le rapport du Secrétaire général au sujet des problèmes crées par la juxtaposition de l’ingérence humanitaire et de la souveraineté nationale.
Par ailleurs, l’Organisation des Nations Unies doit mettre en œuvre ses engagements dans l’application de la Déclaration du Millénaire, particulièrement en matière de pauvreté et de propagation des maladies infectieuses. Pour ce faire, l’Assemblée générale doit s’intéresser aux mesures de suivis afin d’évaluer les progrès accomplis dans l’avenir. En conclusion, le représentant a attiré l’attention sur deux menaces qui pèsent sur la sécurité humaine en Colombie: les formes de crime transnational organisé que sont le trafic d’armes légères et celui des stupéfiants.
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