En cours au Siège de l'ONU

AG/1334

LE SECRETAIRE GENERAL PRESENTE A L'ASSEMBLEE GENERAL SON RAPPORT SUR LE SUIVI DE LA DECLARATION DU MILLENAIRE

04/10/02
Communiqué de presse
AG/1334


Assemblée générale

22ème et 23ème séance – matin et après midi


LE SECRETAIRE GENERAL PRESENTE A L'ASSEMBLEE GENERAL SON RAPPORT

SUR LE SUIVI DE LA DECLARATION DU MILLENAIRE


Il exhorte les Etats à ne pas en renvoyer les objectifs à plus tard


Le Secrétaire général, venu ce matin devant l'Assemblée générale présenter son premier rapport annuel sur la "Suite à donner à la Déclaration du Millénaire", (1) a appelé la communauté internationale à ne pas renvoyer cette Déclaration à plus tard, même si des décisions importantes en terme de sécurité et de paix s'imposent aujourd'hui.  Les gouvernements l'ont adoptée à titre de programme urgent, elle concerne des choses à changer d'urgence pour que ce nouveau siècle soit meilleur que le dernier, a-t-il souligné.  Rappelant la conclusion de son rapport qui juge le bilan de ces deux premières années "pour le moins mitigé", M. Kofi Annan a demandé aux Etats Membres de faire davantage de progrès d'ici 2015.  Sinon, a-t-il ajouté, les termes de la Déclaration ne feront que nous rappeler tristement les besoins négligés de l'humanité et les promesses non tenues.  Le Secrétaire général a par ailleurs sollicité les pays développés, les appelant à veiller à ce qu'aucune catégorie de leur population ne reste en deçà des objectifs du Millénaire et à fournir, dans le même temps, une assistance au développement plus généreuse.  Ce n'est pas ici, aux Nations Unies, que ces objectifs peuvent être réalisés mais dans chacun de vos pays, a-t-il indiqué. 


La mise en œuvre de ces objectifs doit rester notre priorité, a assuré pour sa part le Président de l'Assemblée générale, M. Jan Kavan (République Tchèque), plaidant pour l'efficacité des mécanismes de suivi.  Il en va de la crédibilité de notre Organisation, et de sa capacité à mobiliser la volonté politique pour atteindre ces objectifs.  A l'Assemblée générale, saisie aussi du rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation (2), son Président a également demandé de concentrer ses efforts sur la prévention des conflits avant même qu’ils se matérialisent. 


Lors du débat qui a suivi, plusieurs intervenants ont exposé leurs difficultés dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, faisant valoir, comme le Brésil ou l'Argentine, les efforts engagés par les pays en développement dans un contexte économique international hostile, avec un accès difficile aux marchés.  Le délégué de l'Argentine a ainsi expliqué que plus de 1000 millions de dollars étaient quotidiennement dépensés en subventions agricoles alors que les agricultures des pays en développement étaient laissées de côté.  La Chine a souhaité que les capacités d'autodéveloppement des pays les plus pauvres soient renforcées et soutenues.


Mais les questions d'actualité - lutte contre le terrorisme, situation au Moyen-Orient et perspectives d'une guerre en Iraq - ont également retenu l'attention des délégations.  Sur le premier point, la représentante du Danemark, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a rappelé que la lutte contre le terrorisme devait être menée dans le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et dans la primauté du droit.  Le rôle du Conseil de sécurité a été également relevé au fil des déclarations: le représentant du Liechtenstein s'est ainsi soucié de voir le Conseil de sécurité garder le contrôle de ses prérogatives en termes de paix et de sécurité.  La légitimité offerte par les décisions du Conseil est unique, a-t-il insisté, elle est nécessaire pour veiller à ce qu'une intervention armée, si elle s'avère inévitable, bénéficie du soutien de toute la communauté internationale.  A l'inverse, le délégué de la Fédération de Russie a exhorté le Conseil à ne pas surestimer son autorité en décidant de l'usage de la force au nom du reste de la communauté internationale.


Outre les délégations déjà mentionnées, les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat : Soudan, Pérou, Algérie, Nouvelle-Zélande, Mexique, Singapour, Norvège, Philippines, Nigeria, Namibie, Égypte, Cuba, République islamique d’Iran, Indonésie, Pakistan, Sri Lanka et Thaïlande. 


L’Assemblée générale poursuivra son débat général lundi 7 octobre à 10 heures. 


(1)            A/57/270

(2)            A/57/1



SUITE A DONNER AUX RESULTATS DU SOMMET DU MILLENAIRE


Application de la Déclaration du Millénaire adoptée par l’Organisation des Nations Unies


Le rapport du Secrétaire général (A/57/270), qui est aussi son premier rapport annuel sur la question, porte principalement sur les engagements pris dans tous les chapitres de la Déclaration du Millénaire, adoptée en septembre 2000, et sur les problèmes particulièrement marquants de l’année écoulée, en faisant ressortir les points qui leur sont communs.  Il contient une annexe statistique qui mesure les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du Millénaire en matière de développement à partir de données de départ communes, et dresse également le bilan dans les domaines suivants: paix, sécurité et désarmement; protection de l’environnement; droits de l’homme, démocratie et bonne gouvernance; protection des personnes vulnérables; réponses aux besoins particuliers de l’Afrique et renforcement de l’ONU.  Le rapport met également en relief les deux thèmes retenus pour l’année en cours: la prévention des maladies, notamment le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose.


Dans le domaine de la paix, de la sécurité et du désarmement, les événements du 11 septembre ont relancé l’application de mesures concertées de nature à prévenir et réprimer le terrorisme international, telles qu’exposées dans la Déclaration du Millénaire, car, au-delà du nombre des victimes, ces attentats contredisent les valeurs fondamentales défendues par les Nations Unies, souligne le rapport.  Ce renforcement doit toutefois ne pas être mis en œuvre au détriment de certains droits de l’homme, qui demandent absolument à être protégés.  Dans le domaine du maintien de la paix, les succès remportés par l’Organisation dans des pays comme le Timor oriental, la Yougoslavie, la Sierra Leone ou l’Afghanistan encouragent l’ONU à persévérer dans ses efforts pour assurer la transition démocratique et fournir un appui logistique aux pays en crise.  Enfin, le regain de tension entre Inde et Pakistan a rappelé l’importance de parvenir à un désarmement multilatéral comme moyen de prévenir efficacement les conflits en gestation, considère le Secrétaire Général.


Une autre priorité énoncée par la Déclaration du Millénaire est l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes, et la lutte contre les maladies infectieuses, qui continuent d’annuler partout dans le monde les acquis du développement, précise le rapport.  La pandémie du VIH/sida exige quant à elle une approche participative élargie reposant sur la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida comme cadre d’action et de responsabilité. Il incombe notamment de renforcer les interventions menées au niveau national, de promouvoir les droits de l’homme et de réduire la réprobation sociale et la discrimination; de placer les jeunes au centre des préoccupations à tous les stades de l’épidémie; et de mobiliser les ressources indispensables pour atteindre ces objectifs.


En matière de protection de l'environnement, Les Etats Membres ont encore des mesures à prendre pour mettre en œuvre les engagements pris lors du Sommet de la Terre de 1992, a constaté le Secrétaire Général.  Dans la perspective du Sommet mondial du développement durable de Johannesburg, le Secrétaire général exhortait les États Membres à prêter une attention particulière aux cinq domaines prioritaires suivants pour assurer un développement durable, à savoir l’eau et l’assainissement, l’énergie, la santé, l’agriculture et la diversité biologique.


Si la protection des Droits de l’homme a été renforcée par l’entrée en vigueur du Statut de Rome de la Cour pénale internationale le 1er juillet 2002, son universalité s’est vue en revanche contestée pour des questions de juridiction, précise le Secrétaire Général: 75 Etats l’avaient ratifié, mais six grands pays, dont la population cumulée représente 3 milliards de personnes, ne l’ont ni signé ni ratifié.  Par ailleurs, les efforts déployés en vue de renforcer la démocratie devraient se référer aux droits de l’homme et à la bonne gouvernance, qui constitue le fondement de la démocratie; la lutte contre la corruption étant une condition préalable à la bonne gouvernance, ajoute le Secrétaire Général.  L’Afrique polarise tout spécialement les attentes exprimées dans la Déclaration du Millénaire, aussi bien sur le plan du développement durable que sur celui de la stabilité politique.


L’évolution du monde contemporain exige de l’ONU une constante adaptation. Les innovations que l’Assemblée générale a approuvées conformément aux recommandations figurant dans le rapport de 1997 du Secrétaire Général sur la rénovation de l’Organisation (A/51/950) et dans le rapport Brahimi, portant sur les opérations du maintien de la paix, ont permis à celle-ci d’adopter une vision commune et d’agir avec plus de cohérence et de souplesse.  C’est pourquoi le Secrétaire Général a l’intention de soumettre cet automne un rapport qui proposera de nouvelles améliorations concernant les programmes, les modes d’organisation et les méthodes de travail, afin d’établir un programme d’action réalisable à partir de l’ambitieux canevas que constitue la Déclaration du Millénaire.  Les progrès déjà accomplis dans les domaines précédemment examinés montrent que cet objectif n’est pas inaccessible.


Rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation


Dans son rapport (A/57/1), le Secrétaire général rappelle qu’au lendemain des attentats terroristes commis le 11 septembre 2001 aux États-Unis, les Nations Unies n’ont pas attendu pour assumer un rôle important en mobilisant les énergies des différents pays dans la lutte mondiale contre le terrorisme.  Tout en soulignant qu’il importe d’étouffer la menace terroriste, le Secrétaire général estime que les États doivent veiller à ce que les mesures antiterroristes n’aillent pas à l’encontre du respect des droits de l’homme.  Au lendemain des attentats du 11 septembre, poursuit-il, la communauté internationale s’est concentrée sur la nécessité de rebâtir les États affaiblis ou en débâcle, tels que l’Afghanistan, et qui peuvent servir de pépinière au terrorisme.  Parallèlement, l’année écoulée a vu une forte montée de la violence et de la tension au Moyen-Orient, en Asie du Sud et en Afrique centrale précise le rapport avant de mentionner le tour favorable pris par l’actualité internationale au Timor oriental, qui a accédé à l’indépendance, ou en Sierra Leone, où ont eu lieu des élections présidentielles et législatives.


Le Secrétaire général insiste par ailleurs sur les avancées réalisées lors des conférences de Doha sur le commerce, de Monterrey sur le financement du développement et de Johannesburg sur le développement durable, qui ont permis de définir des mesures susceptibles d’aider les États à atteindre les objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire, adoptée en septembre 2000.  Une des constatations fondamentales que nous impose notre époque, souligne le Secrétaire général, est qu’aucun pays n’a les moyens à lui tout seul de relever les défis politiques, économiques, environnementaux et technologiques auxquels se heurte un monde caractérisé par l’interdépendance, évoquant notamment la gestion de problèmes tels que le terrorisme, les flux de réfugiés, le VIH/sida, la surpopulation ou la dégradation de l’environnement. 

Toutes les nations ont à gagner aux changements positifs que le multilatéralisme rend possibles, aux possibilités qu’il ouvre et aux solutions qu’il offre, fait observer le Secrétaire général, ajoutant que les Nations Unies offrent au monde un outil irremplaçable pour faire face aux problèmes mondiaux d’importance critique qui ne peuvent être réglés qu’en faisant appel aux ressources collectives et à la coopération de tous les États.  L’ONU est une institution imparfaite qui a ses limites, souligne le rapport, mais il est dans l’intérêt de chaque État membre qu’elle continue de s’employer à accomplir sa mission.  L’alternative qui s’offre à nous est claire, met en garde le Secrétaire général, nous pouvons soit continuer de redoubler d’efforts pour établir la justice et l’ordre internationaux par la négociation et en rapprochant les points de vue, soit régresser vers une époque où l’on avait recours à d’autres moyens pour régler les problèmes posés par les intérêts contradictoires des États.


Le rapport couvre les questions de paix et de sécurité, entre autres la prévention des conflits, le rétablissement de la paix, la lutte contre le terrorisme et le désarmement, mais aussi les questions relatives à l’assistance humanitaire, notamment la difficulté de protéger et d’aider les populations réfugiées et déplacées.  Il aborde par ailleurs la coopération pour le développement axée essentiellement sur l’éradication de la pauvreté, le développement durable et le soutien à l’Afrique, ainsi que le droit international et la protection des droits de l’homme, avec un accent mis sur l’entrée en vigueur de la Cour pénale internationale.  Enfin, le rapport souligne les mesures prises en matière de renforcement de la gestion et dans le domaine des partenariats avec la société civile, le monde des affaires et les autres institutions. 


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a tout d'abord repris les termes de la conclusion de son premier rapport annuel sur les progrès réalisés par les Nations Unie et les Etats membres dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, à savoir que pour les deux premières années, la communauté internationale a connu sur ce point, au mieux, des résultats mitigés.  Au cours des treize années restantes, des progrès devront être faits sur un front bien plus large, sinon les mots de la Déclaration ne feront que nous rappeler tristement les besoins négligés de l'humanité et les promesses non tenues.  Au moment où des décisions graves doivent être prises concernant les menaces à la paix et à la sécurité internationale, certains pourraient être tentés de rejeter à l'arrière-plan la Déclaration du Millénaire, a prévenu M. Annan en implorant chacun de n'en rien faire.  Les Nations Unies doivent être en mesure de faire face à la paix et à la sécurité sans relâcher leurs efforts au profit de ceux qui vivent avec moins d'un dollar par jour, sans eau potable et avec la faim au ventre.  La Déclaration du Millénaire, a-t-il insisté, ne doit pas être renvoyée à plus tard.  Les gouvernements l'ont adoptée à titre de programme urgent, elle concerne des choses à changer d'urgence pour que ce nouveau siècle soit meilleur que le dernier.


Mais à l'heure actuelle, a poursuivi M. Annan, nous sommes loin du compte; si nous continuons ainsi, la plupart des engagements ne seront pas tenus.  Dans les domaines des droits de l'homme, de la bonne gouvernance, de la résolution des conflits, des besoins spéciaux de l'Afrique, nous avançons trop lentement.  A ce rythme, en 2015, nous nous rendrons compte que les mots de la Déclaration sonnent creux.  Pour les objectifs de développement, la Déclaration tient compte des différences entre les régions.  Ainsi, au cours de la décennie écoulée, l'Asie de l'Est a déjà réduit de 28 % à moins de 14 % le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour; l'Asie du Sud, de 44 % à 37 %.  En Afrique, il est passé de 48 % à 47 %.  Il faudra un changement spectaculaire pour que d'ici à 2015 cette proportion soit, comme promis, réduite de 50 %, a averti le Secrétaire général.  Le premier grand test de notre engagement viendra en 2005, dans un peu plus de deux ans.  Par exemple, les Etats Membres ont souhaité qu'à cette date la parité entre filles et garçons dans les écoles secondaires soit atteinte, mais il est peu probable que cet objectif soit rempli.


Les objectifs du Millénaire sont mondiaux, mais ce qui se passera dans chaque pays sera déterminant et il n'y a pas de formule magique: chaque pays doit trouver le juste mélange de politique qui corresponde aux besoins des populations locales; personne ne doit penser que seuls les pays en développement sont concernés.  Les pays développés doivent aussi veiller à ce qu'aucune catégorie de leur population ne reste en deçà des objectifs du Millénaire; ils doivent aussi ouvrir leur économie aux pays en développement et fournir une assistance au développement plus généreuse, sinon beaucoup d'entre eux ne seront pas en mesure d'assurer les objectifs du Millénaire.  Ce n'est pas ici, aux Nations Unies, que ces objectifs peuvent être réalisés mais dans chacun de vos pays, a expliqué le Secrétaire général: c'est pourquoi j'ai commencé une campagne du Millénaire pour mobiliser l'opinion publique Outre le rapport mondial annuel qu'il présentera chaque année, le Secrétaire général a espéré que les pays en développement produiront également le leur, de façon à ce que les peuples suivront l’évolution de la question.  Car dans cette ère de démocratie, quand les gens seront au courant des objectifs, ils insisteront pour qu'il y ait des actions engagées.


Avec les Déclarations de Monterrey et Johannesburg, a conclu M. Annan,  nous avons un nombre impressionnant d'engagements internationaux regroupant une vision globale, qui peut devenir réalité si tous ceux qui y participent font ce qu'ils doivent faire.  Des mesures résolues doivent être prises par chaque Etat membre; la communauté internationale en général, dont les Nations Unies, doit faire son possible pour mettre en œuvre ce qui est nécessaire.  Cette Assemblée à un rôle particulièrement important à jouer et une décision de procédure à prendre, a également souligné le Secrétaire général.  Estimant que la Déclaration du Millénaire avait donné un vaste cadre, il a demandé que ce cadre ne soit pas fragmenté entre différentes commissions et que nous puissions garder l'ensemble du tableau devant nos yeux.


M. JAN KAVAN, Président de l’Assemblée générale a estimé que, plus que jamais, l’appel pour le multilatéralisme dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde trouve un écho de l’Organisation.  Pour être plus efficace dans le domaine du maintien de la paix, l'Organisation des Nations Unies doit augmenter ses capacités rapides de déploiement, en agissant en fonction des leçons retenues, et en générant les ressources suffisantes, entre autres.  Malgré des développements positifs, nous avons cette année été témoins de multiples conflits dans le monde.  A ce titre, nos efforts doivent se concentrer sur la prévention des conflits avant même qu’ils se matérialisent, aidés par des outils efficaces comme la médiation ou le déploiement et le désarmement préventif.


Par ailleurs, nous devons accorder une attention particulière aux questions de bonne gouvernance, de développement et d’éradication de la pauvreté, a ajouté M. Kavan.  Je suis résolu à accorder, au cours de cette cinquante-septième session, une attention spéciale aux résultats des grandes conférences de ces dernières années, particulièrement des Sommets du Millénaire de Monterrey et de Johannesburg.  Le rapport sur la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire conclut à des résultats mitigés.  La mise en œuvre de ces objectifs doit donc rester notre priorité et nous devons chercher l’approche la plus efficace dans le mécanisme de suivi des résultats: il en va de la crédibilité de notre Organisation.  Cette crédibilité ne dépend pas seulement de sa capacité à établir des objectifs politiques, mais de sa capacité à mobiliser la volonté politique pour atteindre ces objectifs.


M. OMER BASHIR MOHAMED MANIS (Soudan) a souligné l’événement historique que constituait l’adoption de la Déclaration du Millénaire et l’importance des questions internationales  contenues dans la Déclaration ainsi que des questions relatives à la réforme de l’Organisation. Bien que les réformes déjà accomplies aient été efficaces, nous n’avons cependant pas progressé dans un domaine, celui de la réforme du Conseil de sécurité, de sa composition, qui doit être élargie, et de ses méthodes de travail, qui doivent être améliorées, a-t-il déploré.


S’agissant de la mondialisation le représentant s’est dit préoccupé par le fossé numérique qui se creuse.  A ce titre, il est urgent d’établir un système international plus démocratique et plus juste. Par ailleurs, il s’est félicité de la création du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, initiative purement africaine, ainsi que du soutien apporté par l'Organisation des Nations Unies a cette organisation.  Nous souhaitons, à ce titre, la mise en œuvre du programme d’action de Bruxelles. Nous rendons hommage aux opérations du maintien de la paix des Nations Unies réussies dans le monde.


Dans tous ces domaines, la déclaration du Millénaire doit devenir un thème facile à appliquer, avec des objectifs quantifiables. Le représentant a, par ailleurs, rejeté toue politisation des questions liées aux droits de l’homme. S’agissant du terrorisme, nous distinguons, a-t-il précisé, le terrorisme de la légitime défense de certains peuples. A ce titre, nous attendons une définition clair du terrorisme, que nous avons par ailleurs toujours combattu.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a rappelé tout le travail qui reste à accomplir pour réduire la profonde disparité qui continue de prévaloir entre la logique du désarmement et celle du développement, alors qu’une réduction de seulement 10% des dépenses militaires annuelles à travers le monde suffirait à couvrir le déficit de 70 milliards de dollars qui manque au financement des objectifs du développement du Millénaire, à atteindre en 2015. Cette situation est aberrante alors que les plus grandes menaces qui pèsent aujourd’hui sur la sécurité internationale sont le terrorisme international, la délinquance transnationale et le trafic de stupéfiants, a-t-il ajouté.  La stabilité mondiale est également menacée par l’extrême pauvreté, la dégradation de l’environnement, le réchauffement planétaire et les difficultés économiques de beaucoup de pays en voie de développement, qui ne peuvent se montrer compétitifs dans une économie mondialisée en raison d’un faible niveau technologique et scientifique et à cause des asymétries dans les règles du commerce international et de la finance. Ce représentant a souligné que, face à un tel constat, la course aux armements en vue de conflits pratiquement inexistants semble totalement irréelle.  C’est pourquoi le Pérou a décidé de promouvoir des initiatives concrètes afin de consolider une zone de paix et de coopération sud-américaine, au sein de laquelle les pays signataires s’engagent à réaffecter une partie de leurs dépenses militaires à la lutte contre la pauvreté et au développement social, et à renforcer les mécanismes de transparence et de gouvernance démocratique, seule condition pour réduire la pauvreté.  M. de Rivero a conclu en encourageant le Secrétaire général à persévérer dans ses efforts pour renforcer les stratégies du multilatéralisme, mais aussi à continuer d’améliorer les instruments de l’ONU afin d’atteindre les objectifs définis dans la Charte.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a regretté que la communion sans précédent dans laquelle la communauté internationale s'est retrouvée et a agi après les attaques du 11 septembre ait depuis fait place à la confrontation et à l'action unilatérale.  L'ONU et le Conseil de sécurité en particulier se sont vus défiés dans leur rôle de gardien de l'état de droit.  Evoquant la controverse à propos de la Cour internationale de Justice, dont la résolution 1422 (2002) du Conseil, le délégué a rappelé que les fonctions et pouvoirs du Conseil de sécurité ne lui conféraient pas le droit d'altérer ou d'interpréter des traités internationaux.  Une telle attitude, a-t-il estimé, affaiblit la crédibilité politique du Conseil.  L'état de droit au niveau international est particulièrement en cause quand il s'agit de recours à la force.  Tandis que les discussions de ces dernières semaines ont suscité des inquiétudes, il est clair que la légitimité offerte par les décisions du Conseil est unique, a-t-il insisté.  Elle est nécessaire pour veiller à ce qu'une intervention armée, si elle s'avère inévitable, bénéficie du soutien de toute la communauté internationale.  Les résolutions du Conseil sont juridiquement contraignantes pour tous les Etats membres et leur mise en œuvre doit être assurée.  Le recours à la force armée, lui, a rappelé le représentant, doit être envisagé en dernier ressort, en cas de menace à la paix et à la sécurité.


Toujours à propos du Conseil de sécurité, M. Wenaweser a estimé que la résolution 1373 (2001) était l'élément central de la réponse des Nations Unies au terrorisme internationale.  Pour lui, le travail du Comité sur le contre-terrorisme montre comment l'ONU travaille quand elle travaille le mieux; ce même état de droit doit régner quand on traite avec des personnes soupçonnées de terrorisme, a-t-il poursuivi.  Aussi les normes des droits de l'homme doivent-elles être observées à tout moment; les droits de l'homme, a-t-il mis en garde, ne peuvent être traités comme un luxe dont nous pouvons nous nous passer en temps de crise.  Mais l'Assemblée générale a un rôle encore plus important à jouer que le Conseil, a-t-il ajouté en saluant les propositions de réforme du Secrétaire général en faveur d'une Assemblée générale plus vigoureuse.  Pour M. Wenaweser, la Déclaration du Millénaire est une occasion pour l'Assemblée générale d'affirmer sa place comme organe central de l'ONU.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie), rappelant que les événements tragiques du 11 septembre 2001 avaient imprimé un nouvel élan à l’action de l’Organisation dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, a estimé qu’en dépit des mesures prises par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, beaucoup reste à faire pour parvenir à éradiquer le fléau dévastateur du terrorisme.  L’ONU se doit d’abord de poursuivre ses efforts visant à exhorter les États Membres à ratifier les douze conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme et à finaliser la négociation des deux conventions en suspens, notamment celle contre le terrorisme, a jugé M. Baali.  Il a souhaité que la coopération sous-régionale, régionale et internationale en matière de lutte contre le terrorisme devienne une réalité intangible et que les États qui font face au terrorisme puissent disposer des moyens nécessaires dans leur lutte contre ce fléau. 


L’ONU a plus que jamais besoin de capacités et de moyens accrus pour réaliser son potentiel dans la prévention des conflits, a fait valoir le représentant, l’expérience ayant montré qu’une prévention effective et rapide est nettement plus efficace et moins coûteuse humainement et financièrement pour l’Organisation que les opérations de maintien ou de consolidation de la paix.  A ce titre, tout en reconnaissant que dans le domaine du maintien de la paix, les Nations Unies avaient bénéficié ces deux dernières années d’un apport extrêmement important en ressources financières, humaines et logistiques, M. Baali a considéré que la mise en œuvre harmonieuse et ordonnée des recommandations du rapport “Brahimi” et du Comité spécial des opérations de maintien de la paix passe essentiellement par une meilleure coordination, une meilleure planification et une meilleure gestion des opérations sur le terrain.  Il est également essentiel de renforcer l’assistance de l’ONU aux organismes régionaux dans le domaine de la prévention des conflits et du maintien de la paix, a-t-il ajouté, insistant sur la collaboration entre Nations Unies et Union africaine. 


En Afrique, a-t-il poursuivi, des crises humanitaires persistantes liées aux conflits, à la famine, aux catastrophes naturelles ou aux maladies infectieuses telles que le VIH/sida exigent que des mesures efficaces soient prises à l’échelle des Nations Unies pour leur trouver une solution durable.  Mais pour pouvoir jouer pleinement son rôle dans le domaine humanitaire, l’ONU doit mettre en place des mécanismes de coordination de l’aide entre les différents organismes et institutions humanitaires, a jugé M. Baali.  Il a mis l’accent ensuite sur la nécessité de créer un mécanisme chargé de la prise en charge des déplacés dans le monde qui étaient plus de 50 millions en 2001.  Il s’est également inquiété de la situation des 5 millions de réfugiés enregistrés sur le continent africain et des allégations graves selon lesquelles des femmes et des enfants auraient été victimes d’actes de violence et d’exploitation sexuelle de la part du personnel humanitaire ou de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine et en Afrique de l’Ouest.  M. Baali a ensuite plaidé pour l’élimination par la communauté internationale des obstacles à la croissance économique et au développement durable des pays en développement en respectant les engagements pris à Doha, à Monterrey puis à Johannesburg.  Il a ensuite jugé plus que nécessaire l’appui des Nations Unies et du reste de la communauté internationale à la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et prôné à cet égard une meilleure coordination entre les organisations et agences du système des Nations Unies.


M. TIM MCIVOR (Nouvelle-Zélande) a regretté que le droit de veto au sein du Conseil de sécurité continue d’affaiblir la capacité de l’Organisation des Nations Unies à assumer son rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale et dans la gestion des crises humanitaires.  Saluant le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de l’Organisation, le représentant a mis l’accent sur l’approche multilatérale comme seul moyen de faire face aux menaces contemporaines, de combattre la pauvreté, et de promouvoir un développement durable.  Chaque nation doit pouvoir bénéficier des progrès résultants du multilatéralisme, a jugé M. Mcivor, demandant au Secrétaire général de faire de son rapport annuel sur le renforcement de l’Organisation un véritable cadre stratégique s’inspirant des réalisations et des expériences et définissant la voie optimale à suivre dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire.  Il a en outre proposé que les deux rapports à l’examen aujourd’hui soient à l’avenir regroupés en un seul rapport analytique afin de rationaliser les coûts et de privilégier une démarche intégrée.


Commentant le rapport du Secrétaire général, le représentant de la Nouvelle-Zélande a souligné le rôle décisif joué par les Nations Unies au Timor Oriental et a souhaité que le soutien à cette nouvelle nation se poursuive par le biais de la Mission des Nations Unies au Timor-Oriental (MINUTO).  S’agissant du processus de paix à Bougainville, il a souhaité que le nouveau gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dirigé par Sir Michael Somare continue de soutenir activement ce processus et a lancé un appel à M. Francis Ona, leader du Me’ekamui Defence Force, afin qu’il saisisse l’occasion de le consolider, ce qui pourrait conduire à l’élection d’un gouvernement autonome dans les douze prochain mois.  La Nouvelle-Zélande a en outre salué les efforts des Nations Unies et de la communauté internationale pour stabiliser l’Afghanistan ainsi que les mesures prises par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) pour assurer un déploiement rapide du personnel sur le terrain, notamment grâce au système des forces en attente des Nations Unies.  A cet égard, M. Mcivor a précisé que le Premier Ministre néo-zélandais avait signé un mémorandum d’accord et a encouragé les autres États membres à soutenir les efforts des Nations Unies dans la mise en place de capacités opérationnelles de maintien de la paix.  S’agissant de la question du développement, le représentant a plaidé pour le respect des engagements pris à Monterrey mais aussi à Johannesburg concernant les mesures à prendre en termes de durabilité dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie, de la gestion des océans, et des changements climatiques qui sont des questions essentielles pour les petits États insulaires.


M. WANG YINGFAN (Chine) a jugé qu'alors que l'humanité était entrée dans le 21ème siècle, elle restait toujours face à des défis graves pour préserver la paix.  Il a cité le conflit au Moyen Orient, estimant que le danger de guerre en Irak risquait de rendre la situation dans la région encore plus complexe.  En Asie du Sud, la situation reste là aussi inquiétante et la paix et la stabilité, malgré les progrès, ne l'ont pas emporté en Afrique.  Pour le délégué, la communauté internationale devrait comprendre clairement les menaces actuelles en matière de paix et il a souhaité que des idées et des moyens nouveaux soient mis en œuvre pour y faire face, en attachant toujours de l'importance au fait que les Nations Unies devaient garder un rôle central.

Pour empêcher la prolifération des armes de destruction massive et les éliminer, il a jugé indispensable que tous les Etats joignent leurs efforts.  Il a ainsi expliqué que, récemment, le Gouvernement chinois avait promulgué un règlement sur l'exportation des missiles et technologies connexes et qu'il s'apprêtait à adopter des règles similaires pour les produits chimiques et technologies connexes.  La Chine entend ainsi établir un système complet de contrôle des exportations dans les domaines délicats tels le nucléaire ou les produits chimiques et biologiques.  Il a également salué la conclusion récente d'un nouveau traité ente les Etats-Unis et la Fédération de Russie et espéré que ces deux pays, qui représentent les plus grands arsenaux nucléaires du monde, continueront de réduire leurs armes nucléaires de façon irréversible.  Il a appelé par ailleurs à la conclusion rapide d'un traité empêchant que l'espace extra-atmosphérique devienne un nouveau champ de bataille.


Après les Sommets de Monterrey et Johannesburg, les efforts dans la mise en œuvre des objectifs du Millénaire restent très inégaux, a-t-il poursuivi.  L'Afrique australe est en retard et une partie de l'Amérique latine avance lentement.  Pour réaliser les objectifs de développement du Millénaire, M. Wang Yingfan a appelé à l'adoption de mesures plus actives.  Les pays développés doivent notamment ouvrir leur marché aux pays en développement; accélérer la réduction de la dette; atteindre rapidement l'objectif de 0,7 % de leur PNB en faveur du développement, pour résoudre de façon pratique les problèmes de technologies et de communication qui se posent; et enfin, promouvoir le développement régulier et renforcer la gestion du processus de mondialisation.  Il faut, aussi, renforcer les capacités des pays en développement en matière d'auto-développement: la communauté internationale doit respecter qu'ils choisissent leur voie de développement propre.  Il faut par ailleurs persister sur la voie du développement durable, de façon à parvenir à une intégration organique du développement, du bien-être social et de la protection de l'environnement.


Le Secrétaire général a récemment soumis un rapport sur le renforcement des Nations Unies, présentant un programme de changement qui mérite d'être étudié avec sérieux par tous les Etats membres.


M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique), s’il s’est félicité des progrès accomplis en l’espace de deux ans dans l’application de la Déclaration du Millénaire, s’est montré préoccupé par ce qui reste à faire en matière de maintien de la paix et de la sécurité, de désarmement, de droits de l’homme, de démocratie et de bonne gouvernance. En ce qui concerne le développement, les statistiques générales dissimulent au sein d’une même région une réalité parfois très disparate selon les pays.  De même, la récession économique, si elle pèse sur l’ensemble de l’économie mondiale, affecte en premier lieu les pays en voie de développement, particulièrement ceux qui sont desservis par une situation géographique isolée et l’absence de littoral.  Le consensus de Monterrey a établi que le développement économique de ces pays, qui dépend de la maîtrise de la relation entre les économies locales et le phénomène de la mondialisation, requiert des stratégies multilatérales et coordonnées. Le représentant a également estimé que la préservation de l’environnement, des ressources naturelles et des énergies était un facteur à considérer dans le cadre du développement durable.  Une stratégie de coopération entre les pays les plus exposés à des problèmes climatiques et ceux qui en souffrent le moins est à envisager.  Dans le domaine de la sécurité internationale, il faut s’attaquer aux causes profondes du terrorisme sans toutefois négliger de faire respecter le respect des Droits de l’Homme.  Nous sommes également préoccupés par les résultats ambigus en matière de démocratie, de bonne gouvernance et de droits de l’homme, a précisé le représentant réaffirmant en outre au passage le lien qui existe entre démocratie et développement.  Il a enfin mis en garde sur le fait que la démocratie pouvait être mise en péril si tout n’était pas mis en œuvre dans les pays en voie de développement pour contrer les effets négatifs de la mondialisation.


MME TAN YEE WOAN (Singapour) a fait valoir que le prestige des Nations Unies reposait sur un trépied composé de l'Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Secrétariat général.  En ce sens, la remise du Prix Nobel de la Paix au Secrétaire général, l'an passé, a constitué une reconnaissance claire de ce que l'ONU peut faire de bien.  La représentante a également salué le processus de réformes du Secrétariat initié en 1997.  Mais bien d'autres choses encore pourraient être faites au Conseil de sécurité en faveur de davantage de transparence, de responsabilité, de volonté et de capacité à agir rapidement dans les situations affectant la paix et la sécurité internationales.  Toutefois, Mme Tan a reconnu que des progrès significatifs ont été enregistrés dans les méthodes de travail.


En comparaison, a-t-elle poursuivi, l'Assemblée générale est de plus en plus perçue comme le pied le plus faible du trépied.  La perception extérieure est qu'elle ne cesse d'allonger la liste des questions dont elle est saisie, certaines répétitives depuis des années.  En outre, de plus en plus souvent, des questions qui concernent l'Assemblée sont traitées au Conseil, comme le VIH/sida ou la protection des femmes et des enfants.  C'est une situation paradoxale.  De nombreuses résolutions ont pourtant été adoptées par l'Assemblée et il faut les appliquer.  Ceci ne signifie pas qu'il n'y ait pas eu de progrès, mais il faut en faire davantage, a-t-elle souligné.  Il y a vingt ans, l'Assemblée était au cœur des activités de l'ONU, a-t-elle rappelé en dénonçant la somnolence profonde qui caractérise les débats aujourd'hui et qui n'est pas souhaitable.  Mme Tan a appelé à changer les méthodes de travail: l'énergie que nous y consacrons n'est pas à la hauteur des résultats obtenus, a-t-elle estimé. 


La Déclaration du Millénaire a établi des objectifs précis et un calendrier, mais le Secrétaire général a souligné que le monde n'avait pas encore réalisé ces objectifs dans les délais définis.  Il est donc important que l'Assemblée générale aligne ses objectifs sur ceux du Millénaire, selon Mme Tan.  Il faut intensifier nos efforts pour rationaliser les travaux de l'Assemblée générale et son ordre du jour, de façon à ce qu'elle puisse jouer pleinement son rôle au sein des Nations Unies, a-t-elle conclu.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a exhorté les Etats membres à définir les stratégies qui leur permettront d’atteindre les buts de la Déclaration du Millénaire dans la limite des délais convenus.  La communauté internationale et les donateurs multilatéraux et bilatéraux doivent s’employer à ce que leurs efforts en ce sens se basent sur des stratégies nationales de réduction de la pauvreté, afin de mettre en œuvre une approche à la fois nationale et coordonnée.  Dans son rapport, le Secrétaire Général a rappelé les progrès qui restent à accomplir, notamment dans les domaines tels que les droits de l’homme, la démocratie et la bonne gouvernance, la résolution des conflits et les besoins particuliers de l’Afrique.  Le représentant a déclaré que son gouvernement était convaincu de l’existence d’une interrelation entre ces différents sujets.  Il incombe aux Etats de créer les conditions souhaitables d’une juste démocratie.  Mais cette solidarité à l’échelle nationale a son corollaire dans la sphère internationale: l’Aide publique au développement, dont il faudrait au moins doubler la capacité financière pour lui permettre d’atteindre les objectifs du Développement du Millénaire.  Répondre aux besoins particuliers de l’Afrique est un défi que l’initiative de partenariat du NEPAD a contribué à relever, et qui devrait en susciter d’autres du même type.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité d’accorder une priorité à la prévention des conflits armés et à la pandémie du VIH/sida sur ce continent. 


M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines) a estimé que les questions comme le terrorisme, les mouvements de réfugiés, le VIH/sida, les armes de destruction massives et les questions de pollution et d’environnement devaient rester prioritaires dans l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  S’agissant de la question de la prévention des conflits, nous soutenons les efforts du Secrétaire général pour privilégier la prévention à la réaction.  Le maintien de la paix est l’une des tâches prioritaires de l’Organisation.  A ce titre, l’année passée a été marquée par un certain nombre de succès.  En tant que voisin de la région du Sud-Est asiatique, nous nous félicitons de l’émergence de la République démocratique


du Timor-Leste, d’autant plus que nous avions activement participé aux initiatives de maintien de la paix de l'Organisation des Nations Unies.  S’agissant du  combat contre le terrorisme, nous continuons à soutenir les efforts des Nations Unies dans ce domaine et nous encourageons le Secrétaire général à aider les Etats membres à respecter la résolution 1373 du Conseil de Sécurité.  Dans le domaine du désarmement, le représentant a rappelé que les Philippines avaient accueilli un séminaire auquel ont participé les pays de l’ASEAN sur le programme des Nations Unies sur les armes légères et de petits calibres.


M. Manalo s’est par ailleurs dit préoccupé par le nombre alarmant de civils déplacés dans le monde à cause de désastres naturels, de conflits armés, de conflits potentiels ou de crises humanitaires.  Nous encourageons les Etats membres à faire partie de la Convention des Nations Unies pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et membres de leurs familles.  Il est temps pour nous d’examiner plus profondément les multiples dimensions que prennent les questions de migrations, a-t-il affirmé.  S’agissant de la coopération pour le développement, il est urgent de transformer les décisions de Monterrey en actions concrètes.  Le Sommet sur le développement durable nous a mis sur la voix de l’éradication de la pauvreté qui doit également rester une priorité.  Le représentant a ajouté qu’il partageait les vues du Secrétaire général sur l’importance à accorder au développement durable, à la bataille contre le VIH/sida et au soutien des Nations Unies envers le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique.  A ce titre, il a rappelé que les Philippines avaient tenu des discussions préliminaires avec des pays donateurs pour apporter une aide technique en Afrique. 


Concernant la question de la réforme de l'Organisation des Nations Unies, le représentant a estimé que la revitalisation de l’Assemblée générale devait être une priorité.  Pour renforcer l’Assemblée, nous souhaitons la convocation de débats plus informels et plus interactifs sur certains sujets comme celui de la réforme de l’Organisation.  Nous appelons à une approche plus cohérente, qui pourrait se faire entre autres, en alignant l’ordre du jour sur les priorités de la Déclaration du Millénaire, a-t-il ajouté.


M. ARNOLDO M. LISTRE (Argentine) a fait remarquer que les deux documents dont l'Assemblée générale était aujourd'hui saisie réaffirmaient que le multilatéralisme est l'outil adéquat pour garantir la paix.  Il a à cet égard rappelé que le Secrétaire général a fait constater que la situation dans nombre de régions relève toujours plus de l'anarchie qu'elle ne correspond aux objectifs nobles de la Déclaration du Millénaire.  Construire un ordre mondial qui garantira la paix dépendra toujours de la volonté politique des Etats et de leur disposition à se soumettre aux règles définies en commun, a-t-il souligné.  Dans ces conditions, prévenir les conflits reste un aspect essentiel de la question.  Il faut pour cela parvenir à une volonté générale d'y consacrer les ressources humaines et matérielles nécessaires.  Dans un passé récent, il a été possible d'établir des missions de prévention en Macédoine ou en République centrafricaine.  Le rôle des organisations régionales et leur coopération avec les Nations Unies s'est également avéré décisif.  On nous a exposé le travail des différentes missions de maintien de la paix et nous avons des raisons d'être satisfaits, a-t-il poursuivi en citant l'intégration de Timor-Leste à l'Organisation ou les progrès enregistrés en Sierra Leone.


Il ne fait aucun doute, a-t-il ajouté, qu'après l'agression terroriste contre les Etats-Unis le 11 septembre de l'année passée, la communauté internationale a agi de façon concertée pour réprimer le terrorisme et établir des instruments juridiques contraignants.  Il ne peut être question de relativiser le terrorisme au nom de quelque idéologie que ce soit.  Les Etats faibles tombés dans l'anarchie et la désintégration sont une menace à la sécurité internationale, a-t-il fait valoir, en relevant l'importance de ne pas négliger les conflits oubliés, comme le fut l'Afghanistan sous la domination des Talibans.  Appliquer la Déclaration du Millénaire constitue donc une priorité.  Le monde étant plus que jamais divisé entre riches et pauvres, il faut plus que jamais consacrer les ressources nécessaires au développement, a poursuivi M. Listre.  Après Monterrey et Johannesburg, les promesses d'aide nous rapprochent des objectifs du Millénaire, de même que s'ouvre l'accès aux marchés.  Malgré tout, cet accès aux marchés n'est toujours pas garanti: en exemple, le représentant a déploré qu'on continue de dépenser 1000 millions de dollars par jour en subventions agricoles tout en laissant de côté parallèlement les agricultures des pays en développement.  Le prix d'un échec serait très élevé, a-t-il mis en garde, en soulignant que la confiance affaiblie dans le multilatéralisme serait une nouvelle source de tensions et de conflits.


M. OLUSEGUN AKINSANYA (Nigeria) a fait observer que bien que des progrès aient été enregistrés dans la résolution de certains conflits sur la planète, de nombreux efforts doivent encore être déployés pour parvenir à une paix durable et stable.  C’est pourquoi le Nigeria appuie sans réserve les efforts du Secrétaire général qui développe des mécanismes de diplomatie silencieuse, de missions d’établissement des faits, de médiation et d’arbitrage, ainsi que des réseaux de personnalités éminentes.  Le nombre de conflits dans le monde diminue et un certain nombre d’accords de paix ont été conclus récemment en Afrique grâce, entre autres, à cette doctrine, a-t-il fait valoir.  Mentionnant les efforts sous-régionaux dans le domaine du renforcement des capacités de maintien de la paix et de la sécurité internationale, M. Akinsanya a pris l’exemple du Mécanisme de gestion, de résolution et de prévention des conflits mis en place au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore du Conseil des sages ou du Réseau des femmes pour la paix dans la région du Fleuve Mano.  La CEDEAO a ainsi pu apporter des solutions aux conflits et aux problèmes sécuritaires et humanitaires qui ont affecté le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée, a-t-il ajouté. 


Le Nigeria s’est félicité de la création du Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest qui traduit la volonté de l’Organisation de travailler étroitement avec les organisations régionales et les États pour rationaliser et rendre plus efficaces les opérations.  M. Akinsanya a ensuite réaffirmé le plein appui du Nigeria aux efforts de la communauté internationale visant à éradiquer le fléau du terrorisme et a insisté par ailleurs sur la nécessité de poursuivre les efforts dans le domaine de l’élimination des armes de destruction massive et dans la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  La fourniture de ce type d’armes à des entités non-étatiques doit être étroitement contrôlée par la communauté internationale, a-t-il souligné, saluant les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.  Le représentant a également plaidé pour un appui financier accru de la communauté internationale au Fonds mondial contre le


sida, la malaria et la tuberculose auquel son pays a alloué 10 millions de dollars, et a prôné une campagne en faveur du développement pour tous.  A ce titre, M. Akinsanya a demandé que des efforts soient consentis dans les domaines de l’aide publique au développement, de l’ouverture des marchés, des flux d’investissements étrangers directs, et de mies en œuvre des engagements pris à Johannesburg et Monterrey.  Il a lancé un appel en faveur d’un appui de la communauté internationale au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déploré que le monde dans lequel nous vivons ne soit pas porteur d’espoir pour une plus grande partie de la population, lançant un appel à la communauté internationale et aux Nations Unies afin qu’ils s’investissent en faveur de plus de justice et de prospérité.  Les efforts déployés dans la lutte contre le terrorisme, au lendemain des événements tragiques du 11 septembre, doivent avant tout prendre en compte le besoin de sécurité des populations à travers le monde, a dit M. Andjaba, avant d’insister sur les difficultés rencontrées par les pays en développement dans la mise en œuvre de la résolution 1373.  Face à la pandémie du VIH/sida qui affecte déjà 26 millions de personnes en Afrique et progresse très rapidement, il importe de déployer des moyens considérables, a jugé le représentant, soulignant que, alors que l’on ne peut réunir les 10 milliards de dollars qui sont nécessaire chaque année afin d’inverser la progression du sida, 800 milliards de dollars sont engagés dans les dépenses militaires chaque année.  Il a prôné un accès facilité et à moindre coût aux traitements et des efforts en matière de recherche d’un vaccin préventif contre le VIH/sida.  Rappelant le lien entre prévention du sida et sécurité alimentaire, il a plaidé pour une approche intégrée entre la FAO, le FIDA et le PAM en Afrique subsaharienne. 


M. Andjaba a ensuite fait valoir que les pays en développement ne pouvaient sortir seuls du carcan de la pauvreté et du sous-développement et a mis l’accent sur la féminisation de la pauvreté.  Réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015 supposerait que les programmes d’actions agréés lors des grandes rencontres internationales soient déjà mis en œuvre.  Il a lancé un appel en faveur de contributions à l’appel consolidé des Nations Unies pour faire face aux risques de famine en Afrique australe et porter assistance à l’Angola, et il a insisté sur la relation entre sécurité alimentaire et lutte contre la désertification en Afrique.  S’agissant des questions humanitaires et de la prévention des conflits, M. Andjaba a plaidé en faveur du renforcement des capacités de l’Organisation et des structures régionales.  Il a exhorté les agences de développement des Nations Unies à déployer des moyens pour les programmes de réintégration et de reconstruction des États touchés par les conflits afin d’éviter leur récurrence et a également plaidé pour un contrôle accru des flux d’armes légères et de petit calibre pour stopper leur prolifération.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) s’est félicité de l’importance accordée par les Nations Unies à la lutte contre le terrorisme international, qui ne connaît ni religion ni frontière, a-t-il mis en garde.  A ce titre, l'Organisation, du fait de son caractère international, reste l’un des moyens les plus efficaces pour lutter contre le terrorisme.  Par ailleurs, le représentant a exhorté les pays membres à appliquer les décisions du Sommet du Millénaire concernant les objectifs de développement, qui ne doivent pas rester au stade des bonnes intentions.  Il a également souligné la nécessité de suivre la mise en œuvre des engagements des pays en voix de développement en tenant compte des efforts que ces pays font eux-mêmes.


En outre, il s’est montré préoccupé par le nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté, et a rappelé que pour atteindre l’objectif de la déclaration du Millénaire de réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015, l’économie africaine devait se développer de 7 % par an, et que ceci ne serait pas réalisable sans une aide importante de la communauté internationale. L'ONU doit donc jouer un rôle primordial dans ce domaine, a-t-il estimé.  Une partie importante des fonds alloués au développement international ont été dépensés pour soigner des maladies infectieuses, notamment le VIH/sida, a-t-il rappelé. Il s’est dit préoccupé par le fait que la majorité des malades ne peuvent pas se fournir en médicaments, non pas parce que ces médicaments n’existent pas mais parce qu’ils coûtent trop cher.  Jugeant cette situation intolérable, il a exhorté l'Organisation à renforcer son aide envers les populations qui font face à la maladie.


Le représentant s’est par ailleurs dit préoccupé par l’augmentation des conflits armés et des  mouvements de réfugiés dans le monde. Il a exhorté tous les Etats en situation de conflits à respecter les droits des civils, et notamment le droit humanitaire international.  A ce titre, la communauté internationale doit faire face à la situation humanitaire préoccupante du peuple palestinien, qui doit être protégé, a-t-il affirmé.


M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a jugé que seule une Organisation des Nations Unies forte et efficace pouvait jouer un rôle clé dans la gestion des affaires internationales et dans l’édification d’un ordre multipolaire stable, respectueux des dispositions de la Charte des Nations Unies et du droit international.  A cet égard, il a plaidé pour la poursuite du renforcement des Nations Unies et la définition d’un échéancier pour la mise en œuvre des réformes prioritaires prévues dans la Déclaration du Millénaire.  M. Lavrov a par ailleurs annoncé que sa délégation compte soumettre un projet de résolution à la présente session de l’Assemblée générale relatif à la promotion de démarches collectives et interdépendantes pour atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire.  Il est important que les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme se conforment aux objectifs fixés par le Conseil de sécurité et les Nations Unies, a-t-il poursuivi, appelant la coalition internationale contre le terrorisme à respecter les dispositions des résolutions 1373 et 1377.  Il a rendu hommage au rôle joué par les Nations Unies dans le règlement de la question du Timor-oriental, dans la mise en place d’une administration autonome au Kosovo, et dans le soutien à l’Administration intérimaire en Afghanistan. 


Par ailleurs, M. Lavrov s’est félicité des progrès intervenus dans le domaine du maintien de la paix et notamment du déploiement rapide des missions sur le terrain, et a exhorté le Conseil de sécurité à observer strictement ses obligations relevant de la Charte et à ne pas surestimer son autorité en décidant de l’usage de la force au nom du reste de la communauté internationale.  Il a exhorté les États membres à intensifier leurs efforts en appui aux opérations de maintien de la paix et de joindre leurs efforts aux échelons national, régional et international afin d’améliorer les capacités d’intervention.  A ce titre, M. Lavrov a insisté sur la nécessité pour les États membres d’inverser la tendance fâcheuse à la réduction du soutien logistique et humain apporté aux opérations de maintien de la paix.  S’agissant du développement, le représentant a prôné des mesures efficaces en matière de lutte contre la pauvreté, de soutien à la croissance économique et de promotion du développement durable.  Les conférences de Doha, de Monterrey et de Johannesburg ont posé des jalons dans le processus de redistribution équitable des bénéfices de la mondialisation, a-t-il souligné, se félicitant de l’interaction entre les Nations Unies, la Banque mondiale, le FMI et l’Organisation mondiale du commerce.


M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a estimé que l’examen des activités des Nations Unies constituait un moment crucial pour l’organisation, une opportunité pour une mise en œuvre d’ajustements.  Le suivi des résultats de la Déclaration du Millénaire peut être l’occasion de marquer le point de départ de la création d’un ordre mondial juste et équilibré a-t-il affirmé.  Le représentant a, par ailleurs, estimé que la Déclaration du Millénaire était relativement équilibrée.  Il a insisté sur la nécessité de réaffirmer l’adhésion des Etats membres aux principes contenus dans la Charte des Nations Unies.


Le représentant a également insisté sur la nécessité de faire de la prévention des conflits armés et du respect de l’intégrité territoriale des Etats une priorité.  L’ordre international actuel, injuste et inégal, ne saurait être remplacé par un ordre plus primitif, basé sur la réinterprétation unilatérale de la Charte, a-t-il affirmé.  Il n’est pas question pour nous de légitimer le neointerventionisme sous couvert de prétexte humanitaire.  L’intervention est une violation grossière de la souveraineté d’un pays mais aussi du droit international.  La manipulation politique des droits de l’homme, la sélectivité et la partialité doivent cesser.  Le représentant a par ailleurs mis en garde l'Organisation contre le danger de donner trop de pouvoir aux plus puissants.

Les Nations Unies ont un rôle à jouer dans la coopération internationale pour le développement, a par ailleurs affirmé le représentant.  La mondialisation néolibérale a imposé un monde avec des déséquilibres marqués.  Pour les pays en développement le droit au développement est une vieille espérance, peu soutenue par les pays développés.  Ma délégation ne partage pas le point de vue exposé dans le chapitre consacré aux droits de l’homme dans le rapport, a par ailleurs affirmé le représentant.  Ce chapitre affirme que seuls les droits civils et politiques sont pertinents dans l’exercice de la démocratie, alors que nous considérons qu’il faut accorder la même importance aux droits sociaux, économiques et culturels.  Un changement d’ordre économique et politique, qui permettrait l’insertion des pays en voix de développement dans l’économie mondiale de manière sensible s’impose sur le plan mondial.  Les pays en voix de développement ne peuvent rester des acteurs passifs en marge des processus de prise de décisions globales.


S’agissant du VIH/sida, le représentant a souligné la dégradation de la situation actuelle.  Les pays en développement ont besoin de l’appui immédiat de la communauté internationale.  L’Afrique consacre quatre fois plus d’argent au règlement de sa dette extérieure qu’aux domaines de l’éducation et de la santé réunis: nous devons inverser cette tendance.  Ce n’est que lorsque les pays en voix de développement recevront un traitement spécial et différencié, en augmentant l’aide publique au développement, en réduisant la dette et en permettant l’accès aux nouvelles technologies que l’on pourra réaliser les objectifs tant désirés de la Déclaration du Millénaire.


M. JAVAD ZARIF (Iran) a exprimé la satisfaction de sa délégation au Secrétaire général avoir expliqué que le multilatéralisme rend possible des changements constructifs.  Il a en revanche déploré la tendance croissante, depuis un an ou deux, à l’unilatéralisme qui entre en contradiction avec les desseins de la communauté internationale, dans la mesure où elle n’est pas compatible avec la dynamique du système international.  Il a à ce propos réaffirmé le rôle de leader que doit continuer de jouer l’ONU dans la promotion d’une action de coordination et de coopération mondiale.  S’il a salué la manière dont a été traité le problème du terrorisme, envisagé à partir de ses causes profondes, depuis les événements du 11 septembre 2001, et l’assistance prêtée à l’Afghanistan dans le cadre de la MANUA pour mettre en place un processus de transition démocratique, il a déploré en revanche le travail de sape effectué selon lui par Israël en dépit des efforts du Secrétaire général pour soulager la douleur du peuple palestinien.  La proposition de création d’une force internationale et d’une commission d’enquête, propositions qui n’ont finalement pas été adoptées par le Conseil de sécurité, ont montré l’urgence d’une meilleure coordination entre le Secrétariat général et le Conseil de sécurité.  Le représentant s’est également inquiété que les objectifs en matière de désarmement se heurte à une tendance vers un unilatéralisme dangereuse pour la paix et la sécurité internationale.


En matière de développement durable, il ressort des différentes conférences qui se sont tenues à Doha, Monterey et Johannesburg que l’ONU, comme institution coordinatrice, doit améliorer sa capacité d’implantation régionale dans les pays en voie de développement.  Enfin, le représentant a invité l’Organisation à se montrer plus exigeante que jamais dans le recrutement de candidats aux postes de haute responsabilité afin d’améliorer la qualité d’action du Secrétariat.


MME ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark), qui s'exprimait au nom de l'Union européenne et des pays associés, a assuré que l'Union européenne faisait de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire une de ses priorités.  Ce texte présente de manière unique, exigeante, concrète et en les liant, les objectifs de paix, de sécurité et de développement à atteindre tout en renforçant le rôle de l'Organisation.  Depuis son adoption, a-t-elle estimé, un certain nombre de mesures ont été prises pour la mettre en œuvre.  Ces engagements doivent être poursuivis avec persévérance.  Le développement économique, social et la protection de l'environnement sont des éléments interconnectés du développement durable, a-t-elle fait valoir.  Et l'Union européenne se tient prête à soutenir les efforts de développement, tant au plan national, régional qu'international.  Mme Loj a également considéré qu'un renforcement des Nations Unies en tant qu'organisation, aussi bien au niveau du Secrétariat général qu'au niveau intergouvernemental ou national, était une condition préalable à la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire. 


Dans le domaine de la prévention des conflits armés, la représentante s'est félicitée que les Nations Unies soient passées d'une culture de réaction à une culture de prévention.  Elle a souhaité que les Etats membres endossent les recommandations du Secrétaire général assurant que l'Union européenne participerait activement à leur mise en œuvre.  A cet égard, elle a fait valoir que la capacité à apporter une assistance humanitaire à des millions de personnes en détresse du fait de conflits était partie intégrante du retour à la paix et de son maintien.  Il existe de toute évidence des relations étroites entre la paix, la sécurité, la prévention des conflits, le développement durable et les droits de l'homme et les libertés fondamentales, a-t-elle constaté, appelant à traiter tous les aspects d'un même problème. 


Enfin, rappelant que la lutte contre le terrorisme avait figuré en tête de l'ordre du jour international, l'an passé, elle a jugé que cette lutte devait être menée dans le respect des droits et des libertés fondamentales et dans la primauté du droit.  Reconnaissant le rôle central de l'ONU dans ce domaine, elle a souhaité la ratification urgente des douze Conventions sur le terrorisme, particulièrement celle concernant le financement du terrorisme.


MME LUCIA H. RUSTAM (Indonésie) a souligné le rôle joué par les Nations Unies dans la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la lutte contre la menace terroriste au lendemain des attaques du 11 septembre 2001.  Le terrorisme a des racines sociales, politiques et économiques profondes, a-t-elle observé, et les États doivent faire de sorte que leurs politiques ne favorisent pas l’émergence du terrorisme.  Tout en se félicitant des mesures prises aux échelons national, régional et mondial dans la lutte contre ce fléau au cours de l’année écoulée, Mme Rustam a exhorté les États membres à aller plus loin et à sortir les populations les plus vulnérables des conditions extrêmes de pauvreté dans lesquelles elles vivent.  La question du développement relève de l’urgence et elle est prioritaire aux yeux de l’Indonésie, a-t-elle poursuivi, et il est regrettable que le Secrétaire général constate dans son rapport que les progrès sont trop lents et les résultats mitigés.  Il ne nous reste que 13 années avant l’échéance que nous nous sommes fixée dans la Déclaration du Millénaire, a-t-elle mis en garde, et l’on ne peut se permettre d’échouer si l’on entend par ailleurs lutter avec succès contre le terrorisme.  A cet égard mon pays, qui a présidé le Comité préparatoire du Sommet mondial de Johannesburg pour le développement durable, insiste sur l’urgence pour les différents acteurs, gouvernements, monde des affaires et société civile, à mettre en œuvre les recommandations adoptées.  


A ce titre, Mme Rustam a exhorté les pays développés et les institutions financières internationales à consentir des ressources additionnelles en matière d’aide publique au développement et à lever les mesures protectionnistes au niveau des échanges commerciaux.  Abordant les questions de prévention des conflits et de maintien de la paix, la représentante a salué les efforts déployés au sein des Nations Unies pour promouvoir et soutenir les approches régionales et introduire le lien entre prévention des conflits et développement durable dans la définition de stratégies nationales de développement.  Elle a encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts en matière de diplomatie préventive et silencieuse, inspirés de l’expérience de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) avant de lancer un appel en faveur du déploiement d’une force de protection internationale dans le Moyen-Orient afin de venir en aide aux civils innocents.  Mme Rustam a ensuite apporté le soutien de sa délégation aux mesures prises par les Nations Unies pour renforcer leurs capacités opérationnelles en matière d’assistance humanitaire et de secours d’urgence, mais elle a déploré le manque de ressources disponibles et la réticence des États membres à contribuer aux appels consolidés. 


Pour M. CORDEIRO (Brésil) l'option aujourd'hui est claire: pouvons nous continuer d'investir en faveur de la paix, de l'ordre et de la justice, rechercher le consensus et la négociation, ou voulons nous revenir aux temps où les conflits d'intérêt se résolvaient par d'autres moyens?  Il n'est pas de retour en arrière possible, a-t-il répondu.  Le représentant a ensuite évoqué la lutte contre le terrorisme estimant que les efforts dans ce domaine devaient être poursuivis avec détermination.  Mais il ne faut pas pour autant perdre de vue les causes profondes du terrorisme que sont les situations de conflit, la pauvreté extrême, l'exclusion sociale, l'humiliation collective et le désespoir, a-t-il estimé. 


En second lieu, il a estimé que les conférences et sommets de Doha, Monterrey et Johannesburg avaient permis de maintenir les questions de développement en tête de l'agenda international, mais qu'il fallait désormais une volonté politique de mettre en œuvre les mécanismes qui permettront de traduire le consensus issu de ces conférences.  Ceci est vrai pour le commerce, la promotion du développement durable, la lutte contre le SIDA.  Les pays en développement font un grand effort pour réaliser les objectifs du Millénaire, a souligné le délégué, mais il leur manque un environnement économique international favorable: le protectionnisme est toujours là; les ressources pour le financement du développement restent insuffisantes; les institutions financières internationales n'arrivent pas à donner une réponse efficace à la crise des liquidités; les fonds pour combattre le VIH s'effritent rapidement, a-t-il énuméré.  Ainsi, a-t-il résumé, nous vivons une situation ambivalente, avec des progrès conceptuels importants que nous n'arrivons pas à mettre en pratique.


Evoquant enfin la situation au Moyen Orient, le représentant du Brésil a jugé que l'absence de consensus politique permettant de rétablir le processus de paix entraînait une inaction insoutenable.  Il est fondamental sur ce point que le Conseil de sécurité ne se limite pas à la rhétorique et qu'il assume pleinement ses responsabilités, y compris par des mécanismes assurant que ses décisions seront mises en œuvre.  A propos de l'Iraq, il a rappelé qu'en vertu du Chapitre 7 de la Charte, aucune action coercitive ne pouvait être engagée sans l'autorisation explicite du Conseil.  Ce moment est crucial pour les Nations Unies et leur crédibilité, a-t-il conclu, demandant que le Conseil de sécurité débatte au plus vite de cette question de façon à ce que la position de chacun de ses membres soit clairement exposée.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a d’abord rappelé la nécessité de promouvoir le multilatéralisme à l’heure où la situation internationale est assombrie par les deux conflits majeurs qui se déroulent en ce moment même au Moyen-Orient et dans le Sud de l’Asie, où l’Inde occupe illégalement le Cachemire et multiplie les provocations.  Il a salué par ailleurs le succès de la communauté internationale en Afghanistan sous la direction du Secrétaire Général mais croit fermement qu’il faut renforcer sa présence sur place notamment en déployant des forces supplémentaires dans les centres régionaux. 


En dépit de propositions comme le principe de terre contre paix et des résolutions du Conseil de Sécurité, la situation au Moyen-Orient, qu’elle concerne le conflit israelo-palestinien aussi bien que la menace d’une guerre avec l’Irak, s’est détériorée et justifie plus que jamais, selon nous, une mise en œuvre totale des résolutions du Conseil de sécurité.  Le représentant a rappelé la participation de son pays aux opérations de maintien de la paix et a souligné la nécessité d’engager une réflexion sur le désarmement, notamment nucléaire.  En matière de développement, il a dit l’attachement de son pays à l’Afrique, région pour laquelle cette question est prioritaire, et il s’est réjoui du lancement du NEPAD.  Il a souligné en outre que la mondialisation avait créé des opportunités dont les pays les plus pauvres ne retiraient pas le bénéfice escompté.  En conclusion il a préconisé de rationaliser le fonctionnement du Secrétariat et de ses moyens d’action, car les résultats obtenus dans l’application des mesures contenues dans la Déclaration du Millénaire, sont au mieux, mitigés.


M. C. MAHENDRAN (Sri Lanka) a noté les nombreux sujets importants inscrits à l’ordre du jour, comme la paix et la sécurité, la promotion du développement et l’éradication de la pauvreté.  Il s’est félicité de la réussite des opérations de paix menées par l'Organisation des Nations Unies au Timor-Leste, au Kosovo, en Afghanistan et en Sierra Léone entre autres.  Il a par ailleurs appelé les pays membres à améliorer la capacité de l'Organisation des Nations Unies dans la consolidation de la paix.


Le représentant s’est également dit alarmé par le manque de moyens des agences des Nations Unies attachées aux questions des réfugiés et des personnes déplacées et a appelé les pays donateurs à leur fournir les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des opérations humanitaires.  Dans notre pays, a rappelé le représentant, l'Organisation des Nations Unies nous a aidé à mettre en place une assistance pour soutenir le processus de paix en cours, qui a commencé par la signature d’un cessé le feu, après sept ans de situation conflictuelle.  Sans volonté politique nous ne parviendrons pas a nos objectifs a affirmé le représentant.  A ce titre, nous partageons le point de vue du Secrétaire général, particulièrement en ce qui concerne les objectifs du Millénaire.  Il s’est par ailleurs dit préoccupé par l’aggravation de la situation des plus pauvres et des défavorisés, et a insisté sur la nécessité de poursuivre le combat contre le VIH/sida.


Dans le domaine du désarmement, le représentant a déploré le manque de coopération internationale au long de cette année.  Il a par ailleurs remercié le Secrétaire général d’avoir envoyé une mission au Sri Lanka sur la prolifération illicite des petites armes.  Enfin, il a souligné la nécessité de mettre en œuvre la réforme de l'Organisation des Nations Unies, au sein du Secrétariat, de l’Assemblée générale et de ses principaux organes.


M. KULKUMUT SINGHARA NA AYUDHAYA (Thaïlande) a jugé que depuis le 11 septembre 2001 des efforts considérables avaient été déployés dans le domaine de la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme mais que malgré tout il reste beaucoup à faire pour répondre aux objectifs définis dans la résolution 1373.  Il a souligné que les efforts que de nombreux États membres seront en mesure de déployer en matière de contre-terrorisme seront fonction de l’assistance de la communauté internationale.  La Thaïlande a pour sa part adapté ses lois et renforcé sa coopération sous-régionale et inter-régionale dans la lutte contre le terrorisme.  Il s’est inquiété des nombreuses mesures unilatérales prises par les États membres et qui vont à l’encontre de l’esprit de multilatéralisme essentiel au succès de la lutte contre le terrorisme.  A ce titre, il a mis l’accent sur le manque de progrès dans le domaine de l’élimination des armes de destruction massive et a mis en garde contre le risque pour les organisations terroristes de se procurer de telles armes.  Soulignant les efforts de son pays en faveur du retour de la paix au Sri Lanka, il a réitéré l’engagement se son gouvernement à faire aboutir les négociations entre le Gouvernement et le Mouvement des Tigres de l’Eelam Tamoul.  Le représentant a également assuré que la Thaïlande resterait engagée en faveur de la reconstruction du Timor-Leste après avoir contribué au maintien de la paix dans ce territoire.  Liant à son tour la lutte contre le terrorisme à la lutte contre l’extrême pauvreté, il a insisté sur la nécessité et l’urgence de mettre en œuvre les engagements pris successivement à Doha, Monterrey et Johannesburg par la communauté internationale.  En outre il a annoncé que son pays accueillera en 2004 la 15ème Conférence internationale sur le VIH/sida qui aura pour objectif de traiter des différents aspects de la pandémie, à savoir la prévention, le traitement, et le soutien à la recherche.  Enfin, il a fait état des efforts de son Gouvernement dans la lutte contre le trafic illicite des drogues et mentionné la coopération avec la Chine, le Laos et le Myanmar dans ce domaine.


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