L’ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT GENERAL DOMINE PAR LE TERRORISME, LA QUESTION IRAQUIENNE, LE MOYEN-ORIENT ET L’AFRIQUE
Communiqué de presse AG/1326 |
Assemblée générale
19ème séance plénière – après midi
L’ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT GENERAL DOMINE PAR LE TERRORISME,
LA QUESTION IRAQUIENNE, LE MOYEN-ORIENT ET L’AFRIQUE
188 intervenants ont participé au débat
général, dont 33 chefs d’Etat et 14 chefs de gouvernement
L’Assemblée générale a achevé ce soir son débat général consacré traditionnellement à la présentation par les Etats Membres de l’Organisation, soit 190 depuis l’admission de la Suisse le 13 septembre dernier, des grandes lignes de leur politique étrangère.
Entamé le 12 septembre au lendemain de la commémoration des attentats terroristes qui ont ébranlé, il y a un an, l’ensemble de la communauté internationale, le débat général a permis à 188 hauts responsables dont 33 chefs d’Etat, 14 chefs de gouvernement, deux Vice-Présidents, 14 Vice-Premiers Ministres, et plus de 100 Ministres des affaires étrangères de mesurer le degré de cohésion de la coalition internationale et de faire acte de foi dans le multilatéralisme. C’est cette voie à suivre qu’a préconisée dès l’ouverture des débats M. Kofi Annan, le Secrétaire général des Nations Unies, pour lutter efficacement et durablement contre le terrorisme international.
L’Iraq a également occupé le devant de la scène tandis que les questions de développement et le suivi des grandes conférences des Nations Unies ont également pris du relief au lendemain de la tenue du Sommet mondial sur le financement du développement qui s’est tenu cette année à Monterrey au Mexique et du Sommet mondial pour le développement durable organisé à Johannesburg au mois d’août. L’Assemblée a interrompu son débat général le 16 septembre pour faire part de son soutien au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), initiative africaine conçue et mise en oeuvre pour et par les Africains et présentés à la tribune par les chefs d’Etat de l’Algérie, de l’Afrique du Sud, du Nigéria et du Sénégal. Les hauts responsables ont fait part de leur engagement dans une déclaration adoptée par consensus.
Le Président de l’Assemblée, M. Jan Kavan (République tchèque), dans des remarques de clôture a souligné que le débat avait permis de rappeler « à quel point il était crucial de maintenir l’unité de la coalition internationale contre le terrorisme et qu’il avait eu un impact majeur sur l’état des relations internationales. Je souhaite que l’appel lancé avec éloquence dans cette enceinte en faveur du multilatéralisme et du respect des résolutions du Conseil de sécurité façonne les politiques futures au sujet de l’Iraq », a-t-il ajouté.
Ces thèmes ont été dans l’ensemble largement partagés par les Ministres, Vice-Ministres et représentants des pays suivants qui ont pris la parole cet après-midi: République des Palaos, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Albanie, Grenade, Chypre, Guinée-Bissau, Libéria, Somalie, République tchèque, Suriname, Iles Marshall et Cameroun. Le représentant de la République islamique d'Iran et celui des Emirats arabes unis ont exercé leur droit de réponse.
L’Assemblée générale a adopté son ordre du jour* aux termes duquel elle devrait suspendre sa cinquante-septième session au plus tard le mercredi 11 décembre. La Première Commission devrait achever ses travaux au plus tard le vendredi 1er novembre; la Sixième Commission le jeudi 7 novembre; la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation le vendredi 8 novembre au plus tard; la Troisième Commission le 22 novembre au plus tard; et les Deuxième et Cinquième Commissions le 6 décembre au plus tard.
L’Assemblée générale a également décidé d’inscrire à l’ordre du jour de la cinquante-septième session au titre du point 17 intitulé “nominations aux sièges devenus vacants dans les organes subsidiaires et autres nominations” un point additionnel intitulé “nomination d’un membre du Comité des pensions du personnel des Nations Unies »** qui sera renvoyé à la Cinquième Commission.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale aura lieu vendredi 27 septembre. Elle procèdera à l’admission de la République démocratique du Timor leste et à l’élection de cinq membres non permanents du Conseil de sécurité.
* A/57/250
**A/57/231
Débat général
Mme SANDRA SUMANG PIERANTOZZI, Vice-Présidente des Palaos, a déclaré que la solidarité si évidente l'année dernière à la précédente Assemblée générale était à nouveau présente. La République des Palaos, en dépit de sa petite taille et de sa vulnérabilité économique, fait tous les efforts possibles pour contribuer à la lutte contre le terrorisme. Nous avons révisé nos lois et nous sommes engagés à partager nos informations avec des juridictions voisines. Toutefois, malgré notre bonne volonté, nous ne pouvons vraiment participer à cette campagne sans l'assistance des pays développés. Nous leur demandons leur aide. Elle est d'autant plus urgente que les raisons de rester préoccupés ne manquent pas: certaines nations paraissent réticentes, d'autres n'ont pas l'air de comprendre l'urgence de la situation. Les terroristes doivent se réjouir de nous entendre débattre ici au lieu de mettre en place des actions concertées. La République des Palaos appuie totalement les Etats-Unis dans leur volonté d'agir à titre préventif. Il ne faut pas laisser les terroristes agir les premiers.
Le Sommet mondial pou le développement durable a montré qu'il n'y a pas de volonté réelle des pays développés de mettre un terme à la misère. Le point de vue des pays développés vis-à-vis du monde en développement, qu'ils considèrent comme un pion, est intolérable. Il est temps de prendre des mesures concrètes pour permettre aux pays en développement de sortir de la marginalisation. La position de certains membres de cette Assemblée sur l'écologie montre qu’ils ne s'intéressent qu'aux questions qui les concernent directement. Des petites îles comme la nôtre sont menacées par les émissions de gaz et tous les pays développés ne le reconnaissent pas. Il est temps de ratifier le Protocole de Kyoto. C'est le premier pas pour aborder la question des conséquences des changements climatiques. Nous demandons aux Nations Unies d'accueillir la République de Chine à Taiwan. Je demande le soutien de tous à la lutte contre le tabac qui menace la santé de chacun. Le Conseil de sécurité doit s'adapter au monde actuel, il faut lui permettre de mieux représenter le monde actuel et aussi lui donner les moyens de réagir efficacement aux menaces à la paix et à la stabilité mondiales.
M. LOUIS STRAKER, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a indiqué qu’en ce qui concerne la crise iraquienne, son pays préfère le jugement collectif des Nations Unies à l’action unilatérale et hâtive de l’un ou de deux des Etats Membres. Il est par ailleurs conscient des liens qui existent entre le terrorisme et les activités criminelles internationales telles que le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et le crime organisé et promet de faire tout ce qui est en ses pouvoirs pour combattre ces menaces. Saint-Vincent-et-les Grenadines, comme beaucoup des nations les plus pauvres de ce monde, est paralysée par la dette externe; en conséquence, des domaines prioritaires tels que l’éducation et le développement social sont privés de ressources. Le pays avait nourri de grands espoirs à l’égard des Conférences de Monterrey et de Johannesburg. Aujourd’hui, même si certains résultats ont été atteints, Saint-Vincent-et-les Grenadines ne peut que regretter les réticences de certains pays développés à concrétiser leurs engagements. Car la simple reconnaissance des problèmes ne suffit pas, il y a désormais besoin d’actes pour faire bouger les choses, notamment en matière d’engagements financiers, a déclaré M. Straker avant de rappeler aux pays donateurs la promesse de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement.
Six ans après la fin des négociations commerciales de l’Uruguay Round et la naissance de l’Organisation mondiale du commerce, Saint-Vincent-et-les Grenadines est encore victime des déséquilibres économiques profonds qui règnent dans le monde. Notre petite taille et notre vulnérabilité constituent autant de contraintes qui pèsent sur notre développement. Alors que nous mobilisons nos ressources humaines, qui sont par définition limitées, pour négocier dans le cadre de trois instances internationales différentes, l’OMC, l’Union européenne et la zone de libre-échange des Amériques, Saint-Vincent-et-les Grenadines demande que davantage de flexibilité et un traitement différencié lui soient accordés dans les arrangements commerciaux. Il en va de notre survie même, a indiqué le Vice-Premier Ministre. M. Straker s’est prononcé en faveur d’une convention des Nations Unies de lutte contre la corruption et a déclaré attendre avec impatience la mise en œuvre du Programme d’action des Barbades, dans la perspective de la Conférence de Maurice en 2004.
M. ILIR META, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Albanie, a indiqué que récemment son pays a lancé un plan de lutte contre la traite des êtres humains, la corruption, et l’abus de pouvoir et tente parallèlement d’identifier les causes de ces fléaux. Situé au carrefour de l’Europe de l’Est et de l’Ouest, le territoire de l’Albanie attire en effet les activités criminelles. La stabilité politique que connaît le pays a mené cependant à des développements positifs comme la tenue de la récente élection présidentielle qui s’est déroulée pour la première fois avec l’assentiment de tous les partis représentés au Parlement. Notre réforme générale prend pour modèle les normes de la plupart des pays développés d’Europe de l’Ouest, le but ultime étant l’intégration aux structures euroatlantiques. La tenue cet automne de négociations sur l’Accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne sera un encouragement. Notre aspiration à devenir membre de l’OTAN est en accord avec la stratégie de l’organisation transatlantique visant à renforcer la stabilité de l’Europe du Sud-Est.
Malheureusement, les manifestations de nationalisme et de xénophobie nous rappellent que nous sommes encore loin de la démocratisation de la région. Nous sommes convaincus de la nécessité de renforcer la coopération régionale sur la base de relations de bon voisinage, le respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale, ainsi que la protection des droits de l’homme et des libertés. L’Albanie a déployé d’importants efforts en vue de son intégration régionale sur la base du modèle de l’Union européenne que devraient adopter les pays des Balkans afin de laisser derrière eux des conflits interethniques sanglants. Le Kosovo a connu des transformations qui auraient été impensables il y a deux ans. L’édification des institutions démocratiques autonomes a constitué une réalisation importante pour le peuple du Kosovo et nous sommes persuadés que les élections prévues pour le mois d’octobre prochain se dérouleront dans le respect des normes internationales, et donc contribueront à l’« européanisation du Kosovo”. Nous considérons le statut du Kosovo dans la perspective du processus d’intégration régionale européenne ce qui exige que le Kosovo se dote de normes démocratiques. Le statut futur du Kosovo doit permettre notamment à tous les citoyens de s’exprimer librement. Nous sommes disposés à promouvoir les relations diplomatiques avec la République fédérale de Yougoslavie et à passer des accords bilatéraux avec elle.
Nous sommes également disposés à développer des relations de coopération avec l’Ex-République yougoslave de Macédoine et souhaitons qu’un gouvernement stable soit mis en place en ayant pour objectif principal la mise en oeuvre de l’Accord Ohrid, ce qui est une précondition à la stabilité, la paix, la démocratie dans la région et à la poursuite des réformes dans ce pays voisin. Le processus d’intégration européenne a permis d’accroître la prise de conscience des pays de la région quant au rôle des organisations régionales. L’Albanie a conclu en mars sa présidence du Processus de coopération de l’Europe du Sud-Est et elle assumera en avril la présidence du Processus de coopération économique de la Mer noire.
M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de la Grenade, a rappelé que la Grenade soutient la résolution 1373 du Conseil de sécurité et utilise ses maigres ressources financières pour aider à lutter contre le terrorisme. Nous demandons l'aide de nos partenaires dans cette lutte ainsi que dans la lutte contre le trafic de drogue. Nos pays en développement sont frappés par les conséquences du 11 septembre, notamment dans le secteur du tourisme dont nous sommes très dépendants. Les pertes du tourisme affectent l'économie tout entière. Le commerce lui-même a été touché. Beaucoup de nos produits se heurtent à des barrières infranchissables pour atteindre les marchés développés. La volonté des pays riches de mettre fin à la pauvreté sera visible si les barrières douanières sont levées. Cela est une nécessité pour les pays en voie de développement. Un traitement différent dans le commerce nous est nécessaire.
Le 11 septembre a encore exacerbé les inégalités entre les pays riches et les autres. A Grenade, nos importations ont baissé de 10,9% en 2001, nos exportations ont été encore plus malmenées avec une baisse de 24% et les effets sur notre croissance ont été immédiats. LE VIH/sida est devenu une menace pour le développement. Pas un pays au monde n'est à l'abri et 420 000 personnes sont touchées dans les Caraïbes. Nos petits pays n'ont pas les moyens de faire face sans l'aide des pays développés. En outre, le manque de médicaments est un problème majeur. Au Sommet du Millénaire, il a été rappelé que notre objectif à tous est de lutter contre la pauvreté. Ce qu'il nous faut aujourd'hui, ce ne sont pas de grandes phrases, mais des actions. Nous souhaitons que la République de Chine à Taiwan soit admise à l'ONU car elle réunit les conditions nécessaires. Le NEPAD est une idée qui doit être mise en application. Nous soutenons sans réserve l'Organisation des Nations Unies, mais nous demandons que les décisions prises lors des grandes conférences soient mises en application.
M. IOANNIS KASOULIDES, Ministre des affaires étrangères de Chypre, a réitéré l’attachement de son pays au multilatéralisme et à la coopération internationale; il a souhaité que la communauté internationale agisse conformément à la Charte des Nations Unies et que toutes les résolutions des Nations Unies soient respectées. C’est la seule voie possible vers un renforcement de la crédibilité des Nations Unies et vers la mise en œuvre de solutions permanentes basées sur l’objectivité, la justice et la légalité internationale. Mais dans le cas de Chypre, de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité doivent encore être mises en œuvre car, en violation de ses obligations découlant de la Charte des Nations Unies, la Turquie continue d’occuper 37% du territoire de Chypre. Vingt-huit ans se sont écoulés depuis le tragique été 1974 mais la terrible réalité de l’invasion turque reste une réalité quotidienne pour le peuple chypriote. Chypre souhaite dépasser cette confrontation et trouver un règlement juste à ce différend, sur la base des résolutions des Nations Unies. Elle demande à la Turquie d’abandonner son inacceptable politique de division et de ségrégation et de respecter la vision du Conseil de sécurité, celle d’un Etat fédéré bizonal, bicommunal avec une seule souveraineté, une seule citoyenneté et seule personnalité internationale. En matière de lutte contre le terrorisme, Chypre est en faveur d’une mobilisation mondiale et de mesures collectives prises sous l’égide des Nations Unies. Il est devenu évident que chaque Etat a une contribution essentielle à apporter, indépendamment de sa taille et de sa position géographique. C’est pourquoi Chypre a ratifié les 12 conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme.
Mme FILOMENA M. TIPOTE, Ministre des affaires étrangères, de la coopération internationale et des communautés de la Guinée-Bissau, a indiqué que, pour son pays, le meilleur moyen de combattre l'infamie du terrorisme était de se rassembler sous les auspices des Nations Unies. La volonté d'œuvrer pour la paix est très forte en Guinée-Bissau, mais les conflits internes de nos voisins nous obligent à sacrifier des budgets prioritaires comme l'éducation et la santé pour augmenter celui de la défense. Nous sommes en train de conclure des partenariats avec le système des Nations Unies pour combattre la pauvreté dans mon pays. Le dernier conflit de 1998 a détruit des structures déjà précaires et nous craignons la contagion de conflits voisins. Depuis plusieurs années, nous cherchons des solutions consensuelles pour mettre fin au conflit de la région de Casamance au Sénégal.
Les difficultés économiques et financières de la Guinée-Bissau ont déjà attiré l'attention du Conseil de sécurité. Les efforts de maintien de la paix ne peuvent être dissociés de la stabilité économique et sociale. La paix et le développement de la Guinée-Bissau sont indissociables. Le NEPAD doit être soutenu concrètement par les Nations Unies. Le dialogue est l'instrument adéquat pour la restauration de la paix et nous soulignons les progrès accomplis en Angola, au Sénégal, en République démocratique du Congo, au Burundi, au Soudan et aux Comores. Nous espérons que les acteurs du conflit israélo-palestinien se joindront aux efforts de recherche de solutions acceptables. Le suivi des résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité sera l'unique réponse acceptable. Nous demandons aux dirigeants de l'Iraq de respecter les résolutions du Conseil de sécurité. Mon pays estime qu'il est nécessaire d'assurer une participation plus large au Conseil de sécurité. La réduction de la pauvreté dans les pays comme le nôtre est le meilleur garant de la paix, de la sécurité et de la prospérité de notre planète.
M. MONIE CAPTAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria, a réaffirmé le soutien de son pays à la résolution 1373 du Conseil de sécurité, et aux conventions et protocoles des Nations Unies qui visent à combattre le terrorisme. Cette lutte demande que les législations nationales soient adaptées et interdisent le financement des activités terroristes, renforcent les douanes et les services de l'immigration, contrôlent le trafic d'armes et permettent l'extradition des personnes suspectées de terrorisme. Mais dans notre combat, nous devons aussi nous attaquer aux racines du terrorisme, à savoir la pauvreté. La plupart des conflits étudiés par le Conseil de sécurité sont situés en Afrique et malgré cela, la place du continent dans le
Conseil est limitée à une représentation non permanente, sans droit de veto. L'Afrique n'a donc pas de voix, même sur les sujets qui la concernent directement. Cela doit changer. De plus, beaucoup d'Etats africains, dont le Libéria, ont fourni des soldats pour les missions de maintien de la paix. Nous demandons que l'Afrique ait un siège permanent au Conseil de sécurité.
Mon pays considère que les sanctions qui lui sont imposées par les résolutions 1343 (2001) et 1408 (2001) sont injustes et ont créé une grave crise humanitaire. Le Gouvernement du Libéria respecte les demandes des paragraphes 2a) et d) de la résolution 1343 et pourtant les sanctions n'ont toujours pas été levées. Personne ne peut contester que la paix a été rétablie en Sierra Leone. Le Libéria reconnaît le Gouvernement de la Sierra Leone, et a accueilli beaucoup de réfugiés de ce pays. Notre politique est d'encourager leur retour. Depuis février, 12 500 réfugiés sont rentrés chez eux. Ils sont 25 000 à être encore au Libéria. Comment le Libéria peut-il encore être sanctionné? Il y a une conspiration du silence contre la guerre menée par des agents extérieurs au Libéria. L'embargo sur les armes imposé au Libéria a provoqué le déplacement d'un tiers de la population. Les pays qui fournissent des armes et des munitions aux agents extérieurs violent l'embargo et le Conseil de sécurité ne réagit pas à leur égard.
Les conséquences de la guerre et des sanctions se ressentent dans la vie quotidienne du Libéria. Le taux de chômage, selon le PNUD est de 85% et 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. L'espérance de vie a décru et la mortalité infantile a augmenté. Les sanctions ne sont pas sélectives car tous les Libériens sont touchés. Je demande au Conseil de sécurité de mettre un terme aux souffrances de mon pays. Pour rétablir la paix dans mon pays, il faut envoyer un message clair aux agents extérieurs et les désarmer. Mon Gouvernement estime que la République de Chine à Taiwan doit être admise à l'ONU.
M. YUSUF HASSAN IBRAHIM, Ministre des affaires étrangères de la Somalie, a annoncé que son pays a signé la Convention pour la répression du financement du terrorisme et est déterminé à coopérer pleinement avec d’autres pays sur une base bilatérale pour identifier des domaines de coopération et lutter contre le terrorisme. Cette décision n’est pas dictée par des considérations tactiques de court terme mais repose sans équivoque sur des principes solides.
En Somalie, une guerre civile désastreuse fomentée par des seigneurs de la guerre a provoqué la destruction de toutes les institutions étatiques, des souffrances indicibles pour les populations, la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de millions de Somaliens. Ce conflit semblait impossible à régler. Ce n’est qu’en août 2000 que la conférence d’Arta, qui s’est tenue à Djibouti et a réuni plus de 3 000 Somaliens, dont des dirigeants traditionnels, des intellectuels, des hommes et des femmes d’affaires, a porté ses premiers fruits: un Gouvernement transitoire national et un Parlement transitoire ont été constitués. Aujourd’hui, le Gouvernement transitoire souhaite engager des négociations avec ceux qui sont restés en dehors du processus d’Arta, afin qu’ils renoncent à la guerre. La Somalie est heureuse que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) apporte un soutien précieux au processus d’Arta, en établissant un calendrier et des modalités pratiques d’établissement de la paix. L’IGAD a annoncé qu’une conférence de réconciliation nationale aurait lieu le 15 octobre au Kenya et le Ministre a indiqué que son Gouvernement ne ménagera aucun effort pour faire de cette Conférence un succès. Il a remercié la communauté internationale de considérer le processus d’Arta comme la base la plus viable pour la paix et la réconciliation nationale en Somalie et lui a demandé de s’assurer de la légalité du résultat de la conférence au Kenya. Les garanties internationales et régionales doivent spécifier clairement que des sanctions seront imposées à tout groupe somalien refusant le résultat de la conférence.
Une fois qu’un cadre de paix aura été élaboré au Kenya, il y aura un besoin urgent de personnes pour assurer le maintien de la paix. Il y aura aussi un besoin urgent de désarmer les combattants et de reconstruire les institutions nationales de la Somalie. C’est pourquoi la Somalie prie les Nations Unies de se préparer afin de pouvoir répondre aux besoins qui surgiront en matière de désarmement, de démobilisation des milices et de reconstruction.
M. JAN KOHOUT, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a confirmé la poursuite de la politique étrangère de son pays qui reste tournée vers la dimension euroatlantique et la coopération multilatérale. La lutte contre le terrorisme international et celle contre la prolifération des armes de destruction massive constituent les priorités de la République tchèque. En novembre prochain, Prague accueillera le Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et la République tchèque soutiendra à cette occasion l’élargissement de l’Organisation aux pays de l’Europe de l’Est et d’Europe centrale. Nous sommes également conscients de l’importance des relations entre l’OTAN, l’Union européenne et la Fédération de Russie, l’Ukraine et les pays de la Méditerranée. Le Sommet de Prague constituera une étape historique dans l’histoire de l’OTAN si l’on considère les transformations nécessaires qu’elle devra subir pour répondre aux défis en matière de terrorisme international et autres menaces.
Nous attachons une attention particulière à la situation en Iraq et estimons que la lettre du Ministre des affaires étrangères est le résultat des pressions de la communauté internationale. Les pressions exercées sur le régime iraquien doivent se poursuivre tant qu’il ne sera pas donné satisfaction aux exigences du Conseil de sécurité. Au sujet du Moyen-Orient, nous sommes en faveur d’une résolution pacifique et juste. Nous partageons la vision de deux Etats coexistant pacifiquement. En Afghanistan, nous encourageons la communauté internationale à accroître ses efforts pour stabiliser la situation sécuritaire et favoriser le renouveau économique du pays, y compris en mettant un terme à la dépendance à l’égard de la culture du pavot.
Par ailleurs, nous soutenons le processus de réduction graduelle des armes nucléaires et leur destruction dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de la mise en oeuvre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). Nous aimerions également que la Conférence du désarmement lance des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.
Nous soutenons le renforcement et l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité, la revitalisation de l’Assemblée générale, et les efforts dans le domaine du maintien de la paix pour passer “d’une culture de réaction” à une “culture de prévention”. Nous soutenons également les modifications au sein du Conseil économique et social qui devraient nous permettre de relever les objectifs définis dans la Déclaration du Millénaire et par les grandes conférences des Nations Unies comme celles de Monterrey et de Johannesburg.
Mme IRMA LOEMBAN TOBING-KLEIN (Suriname) a déclaré que le Suriname était un fervent partisan du dialogue. Pour promouvoir l'unité dans nos sociétés, nous avons introduit des valeurs de paix et de respect de l'autre dans nos programmes scolaires dès le plus jeune âge. Une éducation aux droits de l'homme est tout aussi importante. Mais la pauvreté de nos peuples est une atteinte à leurs droits en tant qu'être humain: chaque être humain a droit à des conditions de vie décentes, à un accès aux soins, à l'éducation, à la nourriture, au logement et aux services sociaux. Si nous voulons que les Nations Unies maintiennent la paix et la stabilité, nous ne pouvons qu'être inquiets des menaces que quelques pays posent à la sécurité mondiale. Notre première priorité doit être d'atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, et non d'augmenter nos dépenses militaires. Nous accueillons avec plaisir la décision de l'Iraq d'accepter le retour des inspecteurs et nous applaudissons le récent plan de paix au Moyen-Orient. L'éradication de la pauvreté doit être une des priorités de nos pays, comme l'éducation. Dans la région des Caraïbes, la pandémie du VIH/sida est d'une grande importance et menace le développement du Suriname.
M. ALFRED CAPELLE (Iles Marshall) a indiqué que dans les années 90 son pays a entrepris, à la demande des bailleurs de fonds internationaux, un processus d’ajustement structurel et que des réformes coûteuses en termes sociaux ont été mises en œuvre dans l’espoir qu’une forme de récompense viendrait. Toutefois, trop peu nombreux sont ceux qui veulent bien nous aider. C’est pourquoi M. Capelle s’est fait l’avocat d’un nouveau paradigme international qui reconnaîtrait les spécificités des petits Etats insulaires en développement et leurs ressources uniques. Il ne sera possible de profiter de ces ressources que si des partenariats avec la communauté internationale sont conclus. Il est temps de modifier notre approche des relations entre les donateurs et les Etats récipiendaires, afin que les Iles Marshall puissent partager, avec la communauté internationale, leurs ressources intellectuelles, environnementales et culturelles.
En matière de partenariats, les Iles Marshall sont d’avis que les plus appropriés sont ceux qui ont des suites pratiques et qui permettent d’apporter des solutions pragmatiques aux problèmes de la dégradation de l’environnement et de la pollution. Il est par ailleurs essentiel que la communauté internationale reconnaisse le défi que représente le réchauffement climatique; ce risque est ressenti de façon particulièrement aiguë par les Iles Marshall qui pourraient purement et simplement être effacées de la carte si rien n’est fait. Louant le Plan d’action de la Barbade, les Iles Marshall demandent aux Etats qui ne l’ont pas encore fait de ratifier le Protocole de Kyoto, faisant observer que la disparition de nombreux petits Etats insulaires en développement pourrait avoir de graves conséquences en termes d’immigration pour le monde entier.
Les Iles Marshall souhaitent par ailleurs que la question des déchets nucléaires, qui dépasse ses capacités financières et scientifiques, trouve une solution. En effet, ces déchets affectent la chaîne alimentaire et rendent certaines terres cultivables inutilisables. Enfin, en tant que nation dont l’économie repose sur les ressources maritimes, les Iles Marshall ont réitéré leur attachement sans faille au Régime de gestion du droit de la mer.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a indiqué que le combat contre le mal destructeur, aveugle et persistant qu’est le terrorisme doit s’inscrire dans la durée à l’intérieur de chacun de nos pays et à travers des décisions concertées à l’échelon international: c’est dans cet esprit que le Cameroun appuie pleinement le projet de conférence de haut niveau sur une riposte commune de la communauté internationale au terrorisme. Mais cette lutte ne peut se cantonner à la riposte mécanique, elle suppose également une approche globale qui prenne en compte l’ensemble des facteurs de déséquilibre et d’injustice qui favorisent ces menées criminelles. L’offensive commune contre le terrorisme relève autant des dispositifs sécuritaires et juridiques acceptés par tous les Etats que, et surtout, de la mise en œuvre effective des engagements pris dans la Déclaration du Millénaire visant à instaurer davantage de solidarité et à réduire le fossé entre pays riches et pays pauvres.
En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, le Cameroun indique qu’il faut coûte que coûte trouver une solution aux conflits et aux tensions qui, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, continuent à engendrer des lignes de fracture dans les relations internationales. Le Cameroun est particulièrement préoccupé par la question sensible des sanctions qui frappent un certain nombre de pays. Les sanctions doivent être ciblées, épargner les populations civiles innocentes et prendre en compte les préoccupations des Etats tiers indirectement victimes. De l’avis du Cameroun, le Conseil gagnerait à améliorer la perception des sanctions en leur conférant une légitimité supplémentaire, qui leur permettrait d’avoir la crédibilité indispensable à leur efficience. M. Belinga-Eboutou a plaidé en faveur de l’élargissement du Conseil.
Remarques de clôture du Président de l’Assemblée générale
M. JAN KAVAN a rappelé que l’ouverture du débat général s’est tenue au lendemain de la commémoration des attentats du 11 septembre. Au cours du débat, nous avons rappelé à quel point il était crucial de maintenir l’unité de la coalition internationale contre le terrorisme et de poursuivre la lutte contre le terrorisme. Le débat mené cette année a eu un impact majeur sur l’état des relations internationales, comme l’a clairement démontré le développement de la situation en Iraq. Le temps et des actions concrètes nous diront si l’offre iraquienne est crédible. Je souhaite que l’appel lancé avec éloquence dans cette enceinte en faveur du multilatéralisme et du respect des résolutions du Conseil de sécurité façonne les politiques futures au sujet de l’Iraq.
La nécessité de trouver une solution urgente au conflit israélo-palestinien est plus pressante que jamais et cette préoccupation a été partagée par la plupart des orateurs. Les négociations récentes menées par le Quartet ont donné lieu à l’élaboration d’une feuille de route en trois étapes menant à la vision de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. La reconnaissance de la dimension économique, sécuritaire, humanitaire, institutionnelle et politique fait partie intégrante de ce plan. Lors de la dernière session de l’Assemblée générale l’Afghanistan était ravagé par la guerre. Les changements qu’a connus le pays n’ont pas de précédent et le premier jour de notre débat, un président élu démocratiquement est venu parler à cette tribune. Mais malgré les progrès accomplis, l’Afghanistan fait face à de sérieux défis humanitaires et sécuritaires. La communauté internationale et les donateurs doivent continuer à jouer leur rôle.
Il ne peut pas y avoir de développement et de prospérité sans paix et stabilité. Nous devons pour cela au cours de cette session nous engager à faire face au défi que constituent l’élimination de la pauvreté, la lutte contre le VIH/sida, la redistribution juste des dividendes de la mondialisation et la protection de l’environnement. Il est temps pour cela de mettre en oeuvre les engagements pris à Monterrey et à Johannesburg. Au cours de notre débat, une attention particulière a été accordée au développement de l’Afrique, y compris le soutien à fournir au Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Cette question sera en bonne place de notre ordre du jour. Au cours du débat, de nombreuses délégations ont fait part de leur appui au processus de réforme des Nations Unies pour notamment la revitalisation de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil pour y assurer une représentation plus équitable.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que le Ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis a ce matin formulé des plaintes inacceptables portant atteinte à l’intégrité territoriale de son pays. Il a précisé que la République islamique d’Iran respecte ses engagements internationaux, y compris ceux découlant de l’Accord de 1971 et que les désaccords résultant de son application peuvent être réglés amicalement. Il s’est déclaré convaincu que le dialogue avec les Emirats arabes unis permettrait de lever les malentendus.
Lui répondant, le représentant des Emirats arabes unis a indiqué que l’occupation militaire des trois îles en question depuis 1971 par la République islamique d’Iran est contraire au droit international. Il a déclaré être d’accord pour que le problème soit réglé dans le cadre de négociations bilatérales et pacifiques.
* *** *