L’AGENDA POUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME NE DOIT PAS RELÉGUER AU SECOND PLAN L’ÉRADICATION DE LA PAUVRETÉ ABJECTE QUI MENACE LA VIE DES POPULATIONS DES PAYS DU SUD, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS
Communiqué de presse AG/1325 |
Assemblée générale
18ème séance plénière – matin
L’AGENDA POUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME NE DOIT PAS RELÉGUER AU SECOND PLAN L’ÉRADICATION DE LA PAUVRETÉ ABJECTE QUI MENACE LA VIE DES POPULATIONS DES PAYS DU SUD, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS
Poursuivant ce matin son débat de haut niveau, l’Assemblée générale a entendu des représentants de dix Etats Membres qui ont abordé des questions essentiellement relatives à la mondialisation et aux questions de développement, à l’Iraq, au Moyen-Orient et à d’autres questions liées à la sécurité internationale, dont le terrorisme.
Tout en exprimant leur adhésion aux orientations globales de renforcement de la sécurité au niveau mondial, et notamment à celles qui concernent la lutte antiterroriste, les Présidents de l’Equateur, M. Gustavo Noboa Bejarano, et de la République kirghize, M. Askar Akayev, et le Premier Ministre du Royaume du Swaziland, M. Barnabas Sibusiso Dlamini, ont déclaré que la communauté ne devait pas relâcher ses efforts de soutien au développement, et qu’elle devait en particulier veiller à donner aux populations des pays pauvres une vraie chance de sortir du dénuement. Parlant de la situation économique mondiale actuelle, le Président de l’Equateur a estimé que les mécanismes de la mondialisation n’ont jusqu’à présent été qu’une source de paupérisation pour les populations des pays en développement. Il est inacceptable, a-t-il estimé, que les pays industrialisés refusent de respecter les règles qu’ils imposent aux autres nations en matière de commerce international et d’investissements. Outre le fait qu’ils financent, à travers les remboursements d’une dette injuste, l’économie des pays du Nord, les pays en développement sont victimes de la politique des «deux poids deux mesures», a estimé le Président Bejarano. Il a noté que le versement de subventions aux producteurs, notamment agricoles, qui a pourtant été interdit par les institutions financières et commerciales internationales dans les pays du Sud, se poursuit sans vergogne dans les pays riches, privant de ce fait les pays en développement de compétitivité et des ressources dont ils ont besoin pour leur croissance. Pour sa part, M. Askar Akayev, Président de la République kirghize, a demandé à la communauté internationale de soutenir les pays, notamment enclavés, situés dans des régions de montagnes, et il a rappelé que le mois prochain, le monde célèbrera l’Année internationale de la montagne. Quant au Premier Ministre du Swaziland, il a souligné l’importance du financement des structures de santé et des autres institutions sociales et a souligné l’importance de la lutte contre la pandémie du VIH/sida qui est une menace grave à tout progrès dans les pays en développement, notamment en Afrique.
Concernant la lutte antiterroriste, M. Akayev a déploré les insuffisances de l’action de la coalition internationale en Afghanistan. Rappelant que son pays avait accueilli en décembre dernier une Conférence internationale organisée sous l’égide de l’ONU et de l’OSCE, il a déclaré qu’il confirmerait l’engagement de la
République kirghize dans les actions antiterroristes au Président américain George Bush, la semaine prochaine. Nous nous acquitterons de nos responsabilités en la matière en concertation avec la Fédération de Russie et nos autres partenaires, a-t-il indiqué.
Dans son intervention, le Ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis, M. Rashid Al-Naomi, a déclaré que son pays, qui est conscient de l’importance stratégique de la région du Golfe et de la place qu’elle occupe dans la paix et la sécurité internationales, attache une importance fondamentale au règlement pacifique des conflits et au respect du droit international. C’est pourquoi, nous soutenons la résolution adoptée par le Sommet de la Ligue des Etats arabes, tenu à Beyrouth en mars 2002, qui demandait le respect de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et de la souveraineté de l’Iraq, tout en rejetant toute menace ou recours à la force contre ce pays. Après que l’Iraq ait accepté le retour des inspecteurs de l’ONU, la communauté internationale devrait respecter une mise en œuvre des résolutions des Nations Unies, a estimé le Ministre en déclarant que son pays se félicitait que le Gouvernement de Bagdad ait annoncé qu’il respectait l’intégrité et la souveraineté du Koweït. Concernant la situation qui prévaut dans la région du Golfe, le Ministre a lancé un appel à l’Iran pour un règlement pacifique et négocié du contentieux territorial qui les oppose en ce qui concerne la possession et la souveraineté sur les trois îles de la Grande Taab, de la Petite Taab et d’Abou Moussa, et sur leurs plateau continental et ressources marines. Quant à la question du Moyen-Orient, le Ministre a réaffirmé leur soutien au droit des Palestiniens à l’autodétermination et à la création d’un Etat indépendant ayant pour capitale Al-Qods (Jérusalem), et ont soutenu le plan de règlement défini par le Sommet arabe de Beyrouth, ainsi que la vision de deux Etats, Israël et la Palestine, avancée par le Président des Etats-Unis, M. George Bush.
En début de séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Jan Kavan (République tchèque) a rappelé aux délégations qu’aux termes de sa résolution 55/282, adoptée à sa 55ème session, l’Assemblée générale a décidé qu’à partir de la présente session, la Journée mondiale de la paix sera célébrée chaque année le 21 septembre. Aux termes de cette résolution, a souligné le Président, l’Assemblée a déclaré le 21 septembre «Journée mondiale du cessez-le-feu et de la non violence» et elle a invité tous les pays à observer une cessation de 24 heures de toutes sortes d’hostilités tout en leur demandant de promouvoir l’éducation et la sensibilisation du public à ces questions.
Outre les intervenants déjà cités, l’Assemblée a entendu les déclarations du Président de la Sierra Leone; des Ministres des affaires étrangères de l’Estonie et de la Gambie, ainsi que les représentants de l’Erythrée, de la République de Moldova et d’Antigua-et-Barbuda. Elle poursuivra son débat général, cet après-midi à 15 heures.
Débat général
M. GUSTAVO NOBOA BEJARANO, Président de la République de l'Equateur, a souligné la nécessité urgente de mettre fin à la rhétorique stérile et de mettre de nouvelles et suffisantes ressources financières au service du développement. On demande aux pays pauvres de faire preuve d'austérité, de discipline fiscale, de respect de la liberté des marchés, de coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste et contre tous les fléaux du monde. En échange, les pays développés nous ferment leurs portes au nez lorsque nos marchandises essaient d'accéder aux marchés occidentaux. On nous demande de participer à la lutte contre le trafic des stupéfiants, mais on ne nous donne pas les ressources qui contribueraient à mettre en œuvre nos plans d'action en ce domaine. L'hypocrisie, l'inégalité, l'injustice et l'aggravation et le fait de ne pas réagir à ces fléaux, voilà les conditions source de l'instabilité dans le monde et qui forment le terreau des extrémistes et de l'instabilité. On nous reproche notre manque de transparence et notre incapacité de respecter les normes juridiques, alors que les nations développées oublient les récents scandales financiers qui ont frappé les économies des nations les plus puissantes et les plus riches.
Le Président de l'Equateur a formé le vœu que l'on cesse d'utiliser un vocabulaire économique pour décrire les avantages de la mondialisation, car elle n'a pas été assimilée par tout le monde. Les pays du Sud reçoivent les capitaux sous forme de crédits onéreux et lorsque les pays du Nord daignent regarder les pays du Sud, ils adoptent une attitude paternaliste. Lorsqu'il n'y a pas de santé, d'éducation, ni de perspective de survie, nous ne pouvons faire grand chose pour promouvoir des valeurs et idéaux chers à toutes les sociétés démocratiques. Le nouveau siècle doit devenir celui du respect de tous les pays, de la solidarité et de l'égalité. Nous devons condamner toutes les activités violentes et le terrorisme doit être combattu avec tous les mécanismes que nous offre le droit. Il faut trouver une solution définitive au problème de la dette extérieure des pays pauvres à l'égard des pays développés et faire en sorte que les richesses soient partagées de façon équitable. Il faut que cet engagement à l'égard de l'environnement, dans le contexte du développement durable, soit partagé par tous et puisse concerner tous les citoyens du monde. L'Equateur s'est engagé à respecter les causes les plus nobles de nos sociétés et a formé le vœu d'être un pont entre le Nord et le Sud, qui doivent oeuvrer ensemble en faveur du développement et ne plus être séparés par des conventions géographiques.
M. AHMAD TEJAN KABBAH, Président de la Sierra Leone, s’est réjoui de la fin de la guerre livrée par les rebelles en Sierra Leone. Tous les combattants ont été désarmés et démobilisés. Le processus de réintégration est sur la bonne voie et concerne plus de 55 000 anciens combattants. Le peuple de Sierra Leone a choisi de convoquer des élections libres. Notre objectif n’était pas seulement de gagner la guerre des rebelles mais aussi de défendre le droit de notre population à vivre. Cependant, il ne peut pas y avoir de paix réelle en Sierra Leone sans justice. L’appui que nous avons reçu jusqu’à présent pour l’établissement d’un Tribunal spécial pour traduire en justice ceux qui sont responsables de violations graves du droit international humanitaire doit être regardé comme faisant partie des dividendes de la paix. Cependant, les menaces qui persistent dans la région du fleuve Mano et en Afrique subsaharienne nous incite à lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle demeure engagée dans nos efforts nationaux en vue de consolider une paix difficilement gagnée. La nouvelle phase de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) ne doit pas remettre en cause les progrès réalisés en matière de consolidation de la paix dans la région. Comment pouvons-nous garantir que la paix soit durable? Comment contenir les hostilités actuelles au Libéria? La nécessité de poser ces questions est d’autant plus urgente que nous approchons de la fin du mandat de la MINUSIL. C’est pourquoi, dans une lettre adressée récemment au Secrétaire général, nous avons souligné les problèmes concernant, entre autres, la capacité des Forces armées de Sierra Leone et de la Police sierra léonaise de s’acquitter de leurs fonctions de façon plus efficace, les défis que nous devons relever en matière de réintégration des anciens combattants et les risques posés par la situation turbulente au Libéria qui constitue la plus grande menace à la stabilité en Sierra Leone.
La Sierra Leone est également préoccupée par les obstacles à la coopération internationale pour le développement économique et social et par les menaces posées à la paix et à la sécurité internationales par les armes nucléaires et le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Ces questions requièrent des accords multilatéraux appropriés. La Sierra Leone attache une grande importance au renforcement de la coopération multilatérale qui est la seule à offrir la possibilité de tenir compte des intérêts de tous les pays et de concevoir des stratégies communes afin de faire face aux problèmes collectifs. Les conséquences d’un contournement de cette approche multilatérale seraient un désastre pour nous tous. L’engagement pris dans la Déclaration du Millénaire en faveur de l’Afrique est très clair: il faut répondre aux besoins spéciaux des pays du continent. Les dirigeants africains sont conscients de leurs responsabilités premières qui sont de mettre en œuvre des stratégies pour améliorer les conditions de vie de leurs populations et c’est la raison d’être du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Nous nous félicitons à cet égard de l’appui apporté par les pays du G8 aux objectifs du NEPAD qui est un véritable véhicule pour atteindre le développement durable.
M. ASKAR AKAYEV, Président de la République du Kirghizistan, a déclaré que son pays accorde la plus grande importance à la célébration, cette année, de l’Année internationale des montagnes, qui a été décidée par l’adoption d’une résolution de la 53ème session de l’Assemblée générale. Grâce à l’appui des Nations Unies, des arrangements ont été faits aux niveaux régional et national pour cette célébration. Les résultats des activités qui auront lieu au cours de cette célébration seront discutés à Bishkek, notre capitale, au cours du Sommet mondial de la montagne, au mois d’octobre prochain. Le développement des régions montagneuses est de la plus grande importance pour le monde entier. Nous sommes convaincus que la démocratie est une condition indispensable pour parvenir à la prospérité et au progrès. Mais chez nous, les vestiges de l’époque autoritaire soviétique continuent de marquer la conscience des populations, notamment celle des personnes âgées. En tant que Chef d’Etat, j’ai déclaré que notre pays devait être une patrie des droits de l’homme. Nous avons l’intention de créer un code démocratique et un conseil national de la démocratie. Il est regrettable que certaines factions politiques, sous prétexte de défendre des valeurs démocratiques, en voient l’essence dans la destruction systématique des structures existantes et dans la promotion systématique de nouvelles expériences hasardeuses. Ceci pourrait conduire à une longue période de transition, de l’autoritarisme à la démocratie, qui laisserait les populations dans une longue situation d’instabilité.
Nous pensons que l’éradication de la pauvreté est étroitement liée à la promotion de la démocratie, surtout dans les conditions de la période post-soviétique actuelle. Le Président des Etats-Unis, M. George Bush, a promis la création d’un fonds pour financer les défis du millénaire. Nous soutenons les efforts de l’ONU, du PNUD et d’autres organisations internationales en la matière, de même que les pays donateurs qui viennent en aide aux pays pauvres. Mais les efforts actuels ne sont pas suffisants. Je voudrais à cet égard lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle ne relâche pas ses efforts de lutte contre la pauvreté et qu’elle trouve à ce sujet de nouvelles ressources et de nouvelles approches. Concernant la question du terrorisme, notre pays a accueilli au mois de décembre dernier une conférence internationale organisée sous l’égide de l’ONU et de l’OSCE sur le renforcement des efforts mondiaux visant à combattre ce mal. Le Programme d’action et la déclaration adoptés lors de cette rencontre sont devenus une des bases de l’action internationale. Nous pensons cependant que des problèmes continuent de se poser à la coalition antiterroriste en Afghanistan qui, jusqu’au mois de septembre dernier, a servi de principale base pour les terroristes. Dans quelques jours, je rencontrerai le Président Bush en vue, je le pense, de parler de la lutte contre le terrorisme. Je lui confirmerai que notre pays à l’intention d’assumer à cet égard ses responsabilités en concertation avec la Fédération de Russie et nos autres partenaires.
M. BARNABAS S. DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que le défi auquel nous avons à faire face en matière de lutte contre le terrorisme, est de ne pas diviser la communauté internationale autour des moyens que nous souhaitons employer. C'est pourquoi, nous privilégions toute décision visant à une action multilatérale. S'agissant de la paix sur le continent africain, nous sommes particulièrement encouragés par les évolutions positives en Angola et en République démocratique du Congo (RDC). Il a également insisté sur le problème du commerce illicite des armes légères qui est une source d'instabilité pour l’Afrique. A cet égard, il a appelé les pays producteurs à réduire leurs exportations d’armes et a appelé à l'élimination des armes de destruction massive.
Evoquant la question du développement en Afrique, le Premier Ministre s'est félicité de la naissance de l'Union africaine qu'il a définie comme un nouvel espoir, car elle se traduit par l'engagement des dirigeants africains à l'égard de la promotion de la paix, de la prospérité et du développement durable pour tous les peuples. Le succès de l'Union africaine est tributaire de la capacité des pays développés de répondre à leurs engagements et promesses. Nous sommes tous convaincus que les inégalités entre les nations ne sont pas durables et sont sources de pauvreté, d'instabilité, de mauvaise santé et de dégradation de l'environnement. Il a précisé que la lutte contre la pauvreté reste la première priorité du Swaziland en rappelant que 66% de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Malheureusement, notre classification comme pays à revenu moyen plus faible nous empêche d'avoir accès à un grand nombre d'aides et de ressources et nous souhaitons que cette classification soit modifiée. En matière de VIH/sida, nous avons créé un Comité national d’action rapide et luttons pour permettre aux orphelins du VIH/sida d'avoir une vie normale. La réalité est que nous ne disposons pas des moyens d'accéder aux médicaments antirétroviraux et comptons sur la générosité d'autres pays.
En outre, le Premier Ministre a précisé que le Royaume du Swaziland comme d'autres pays de l'Afrique australe sont touchés par une pénurie alimentaire affectant 21% de la population, essentiellement en raison de la sécheresse mais aussi en raison des conséquences d'El Nino. Nous avons apprécié les efforts de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour les crises humanitaires, M. James Morris, et remercions les membres de la communauté internationale qui nous ont fait parvenir une aide alimentaire. La révision de la Constitution se poursuit, a-t-il indiqué, précisant qu’avant son adoption finale par le Parlement, la population devra l’approuver.
Mme KRISTINA OJULAND, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a rappelé que son pays participe activement à la coalition de lutte contre le terrorisme et reconnaît pleinement la nécessité de prendre des mesures et des normes préventives en la matière. L’Estonie a ratifié toutes les conventions pertinentes des Nations et estime que la coopération visant à mettre fin à la prolifération des armes de destruction massive revêt une importance significative. Il est en outre nécessaire de faire respecter de façon inconditionnelle les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies. C’est pourquoi, nous nous félicitons des efforts déployés par la communauté internationale pour faire appliquer les résolutions concernant l’Iraq. Le retour des inspecteurs de l’ONU en Iraq n’est qu’un début, d’autres mesures plus fermes devront suivre. Une autre question importante est celle du trafic des personnes, en particulier des femmes. Récemment, l’Estonie a adhéré aux trois Protocoles additionnels à la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et a décidé de lancer une campagne d’information contre le trafic des femmes visant à sensibiliser le public aux problèmes liés à ce phénomène, notamment la position des femmes dans la société et leur participation au processus de prise de décisions. Afin de discuter de ces problèmes de manière approfondie, l’Estonie va accueillir une conférence internationale importante sur le thème «Les femmes et la démocratie», en février 2003.
La coopération internationale en faveur du développement durable est également une question qui revêt une importance majeure. Le facteur le plus important pour atteindre le développement durable est la définition d’objectifs nationaux clairs et de feuilles de route précises. L’Estonie a, à cet égard, pris des mesures pour préserver l’environnement et a ratifié le Protocole de Kyoto. L’application effective des décisions internationales récentes dépendra non seulement des actions concertées des parties concernées mais également de la capacité des pays à accéder aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est pourquoi, il est indispensable de réduire le fossé numérique entre les riches et les pauvres. La création d’une Académie sur la gouvernance électronique en Estonie est une mesure significative pour combler le fossé numérique avec les autres pays du Caucase.
M. RASHID ABDULLAH AL-NAOMI, Ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis, a déclaré que son pays est conscient de l’importance stratégique de la région du Golfe et de sa place dans la situation de paix et de sécurité internationales. Notre pays croît en la résolution pacifique des conflits et au droit international. C’est pourquoi, nous lançons un appel à l’Iran pour un règlement négocié de la question des trois îles de la Grande Taab, de la Petite Taab et d’Abou Moussa, qu’il occupe, par le biais de négociations bilatérales ou par l’intermédiaire de la Cour internationale de Justice. Concernant la question de l’Iraq, nous nous félicitons que le Gouvernement iraquien ait accepté le retour des inspecteurs de l’ONU, obéissant ainsi aux résolutions du Conseil de sécurité, ce qui évitera à l’Iraq de subir la guerre et ses conséquences dévastatrices. Nous appelons la communauté internationale à accepter la démarche de l’Iraq et à déployer plus d’efforts pour résoudre les problèmes qui existent entre l’Iraq et l’ONU par des moyens pacifiques, et pour ensuite lever les sanctions auxquelles est soumis le peuple de ce pays depuis 12 ans. Nous nous félicitons d’autre part de l’attitude positive de l’Iraq concernant le retour des prisonniers et des biens du Koweït et des autres pays, de même que de l’engagement de Bagdad à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du Koweït. Notre pays réitère en outre son attachement à la résolution adoptée par le Sommet de la Ligue des Etats arabes, tenu à Beyrouth en mars 2002, qui rejette la menace ou le recours à la force contre l’Iraq. Nous insistons sur la nécessité de respecter l’unité nationale et la souveraineté régionale de ce pays.
Les Emirats arabes unis sont inquiets des évènements graves qui ont cours dans les territoires palestiniens occupés, et nous dénonçons les agressions par les forces d’occupation israéliennes tout en demandant à la communauté internationale, et notamment aux Etats-Unis et à l’Union européenne, d’obliger Israël à cesser ses agressions, ses assassinats ciblés, les bouclages des zones palestiniennes et les déportations des civils palestiniens. Nous réitérons notre soutien au droit des Palestiniens à l’autodétermination et à la création d’un Etat indépendant ayant pour capitale Al-Qods (Jérusalem). Nous soutenons d’autre part le plan de règlement défini par le Sommet de Beyrouth, ainsi que la vision de deux Etats, Israël et la Palestine, avancée par le Président américain, M. George Bush.
M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la Gambie, a souligné que l'année 2002 a été particulièrement active pour les Nations Unies comme en témoigne la tenue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants, de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement et du Sommet de Johannesburg pour le développement durable. Ces rencontres ont été l'occasion de réaffirmer nos engagements en faveur des objectifs de la Déclaration du Millénaire. Le Ministre a évoqué les efforts de son pays en matière de bonne gouvernance, l'élection présidentielle d’octobre 2001, les élections législatives de janvier 2002 et les élections municipales du 25 avril dernier. La Gambie a adopté un programme et une politique nationale de bonne gouvernance dont les éléments clefs sont la révision constitutionnelle et la réforme du processus électoral; le renforcement des structures parlementaires, l'éducation civique; la réforme du cadre juridique et constitutionnel; la réforme administrative et de la gestion du secteur public; la décentralisation et la réforme du système des gouvernements locaux.
Regrettant que le fossé se soit creusé entre riches et pauvres malgré les efforts des Nations Unies pour lutter contre la pauvreté et malgré les engagements du G-8 en faveur du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), le Secrétaire d’Etat gambien a souligné que le manque à recevoir est énorme et que les pays africains ne doivent pas se laisser décourager par la communauté internationale. Il a salué la décision de l'Assemblée générale d'établir un bureau du Haut Représentant du Secrétaire général pour les pays les moins avancés (PMA) et a appelé la communauté internationale à faire preuve d'un effort en faveur de ces pays. Le véritable esprit de la solidarité nous fait espérer que l’on peut compter sur l'aide de la communauté internationale pour soutenir et mettre en œuvre notre programme national d'action pour l'élimination de la pauvreté.
Le Secrétaire d'État de la Gambie a en outre formé le vœu de pouvoir obtenir une assistance des Etats Membres pour améliorer la police maritime dans le souci de lutter contre les pêcheries illégales et mettre fin au pillage des ressources halieutiques. Il a soutenu le projet de mise en place d'un mécanisme de réaction rapide d'une force multinationale des Nations Unies qui peut être amenée à réagir partout dans le monde. En matière de maintien de la paix, il s'est félicité des efforts déployés en Angola, au Sierra Leone et en République démocratique du Congo. En tant que membre du Groupe de coordination pour le relèvement de la Guinée-Bissau, il a appelé la communauté internationale à apporter une assistance plus soutenue à ce pays frère. En ce qui concerne le Moyen-Orient, il a appelé le Conseil de sécurité à prendre une part plus active pour le règlement du conflit israélo-palestinien, mais aussi pour favoriser le retour des prisonniers de guerre et archives koweïtiens toujours aux mains de l’Iraq. Il s'est fait le défenseur de la Cour pénale internationale et a dénoncé l’impact négatif des sanctions, notamment celles qui frappent Cuba. Il a émis l’espoir que les deux Corée parviendront à une unification pacifique. En conclusion, le Secrétaire d’Etat a cité que la crédibilité du Conseil de sécurité dépendra des réformes que nous appelons de tous de nos vœux et a demandé deux sièges permanents pour le continent africain.
M. AHMED TAHIR BADURI (Erythrée) a rappelé que le terrorisme n’est malheureusement pas un phénomène nouveau dans son pays. Il a accompagné notre Etat depuis son indépendance officielle en 1993. Les forces érythréennes ont intercepté en 1994 un groupe de terroristes composé de ressortissants de plusieurs pays entraînés par Al-Qaïda. Ces groupes bénéficient toujours de sanctuaires et de l’assistance financière de certains pays. Alors que la lutte contre le terrorisme requiert des actions concertées, nous demandons une pleine coopération et des actions communes des pays où des éléments terroristes vivent, planifient et lancent leurs opérations. Nous regrettons que l’Afrique continue d’être en proie à de nombreux conflits récurrents qui ont fait des centaines de milliers de morts. Le conflit interne au Soudan est maintenant l’un des plus longs d’Afrique et l’Erythrée fait son possible pour y mettre un terme, notamment en tentant d’amener les parties concernées au dialogue. Tout en reconnaissant que des progrès ont été accomplis, nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette un terme à la souffrance de nos frères et sœurs du Soudan. De même, la communauté internationale ne peut pas ignorer le problème de la Somalie. La dureté du conflit en Somalie aurait des conséquences humanitaires catastrophiques et à long terme si la communauté internationale venait à abandonner ce pays. En ce qui concerne la situation dans notre pays, le 13 avril 2002, la Commission de délimitation des frontières entre l’Erythrée et l’Ethiopie a publié une décision relative à la totalité des mille kilomètres de frontière qui séparent les deux pays; cette mesure représente une solution juridique à ce conflit que nous n’avons jamais choisi. La Commission procède actuellement à la définition matérielle de la frontière. Selon les Accords d’Alger que les deux parties ont signés, la décision de la Commission est sans appel et obligatoire et l’Erythrée considère que toute revendication territoriale a pris un terme ce jour-là. En termes juridiques, le conflit est terminé.
En dépit des promesses de la mondialisation et des nombreuses initiatives prises pour aider le continent, la croissance économique africaine est toujours en retard. Le succès du développement des pays africains dépendra de la volonté politique des pays riches de les aider financièrement et de la mise en œuvre efficace des programmes de développement nationaux par les pays africains eux-mêmes. Les cinq principes de la stratégie de développement de l’Erythrée sont le développement des capacités de la population, l’établissement d’un partenariat solide entre les secteurs public et privé, la recherche de l’autosuffisance, la protection de l’environnement et la création de partenariats multilatéraux. Les faibles pluies ont exposé la population de notre pays à des risques et la famine est proche si la communauté des donateurs ne vient pas en aide au peuple érythréen.
M. ION BOTNARU (République de Moldova) a réitéré l’engagement de son pays à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et a indiqué que des mesures ont été prises au niveau national pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes des Nations Unies. Nous lançons un appel à tous les Etats afin de conclure la convention des Nations Unies sur le terrorisme le plus rapidement possible. Le processus de stabilisation de l’Afghanistan est une véritable épreuve et nous félicitons les membres de la coalition de lutte contre le terrorisme pour les progrès accomplis. En ce qui concerne la nécessité de mettre un terme au conflit au Moyen-Orient, nous appuyons les efforts du Quartet visant la coexistence pacifique entre Israël et la Palestine. Nous exhortons en outre l’Iraq à respecter toutes les résolutions pertinentes des Nations Unies.
En tant que pays à économie en transition, nous attachons une grande importance à la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire des Nations Unies. Cependant, nous reconnaissons que le fardeau de la dette, le manque de ressource, les catastrophes naturelles et la sécheresse, entre autres, sapent les efforts réalisés par nos gouvernements et rendent malheureusement les recommandations des sommets et des conférences internationales inefficaces. Il est de la responsabilité première des gouvernements de réaliser les objectifs du développement durable mais un grand nombre d’entre eux attendent toujours les ressources promises.
L’amélioration de la situation dans les Balkans ne doit pas faire oublier qu’il existe toujours des «conflits gelés» dans la région. En dépit de nombreuses années de négociations, le régime séparatiste de Transnistrie continue d’ignorer les efforts déployés par le Gouvernement de Moldova et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en opprimant la population locale et en violant les droits de l’homme fondamentaux. Ce régime séparatiste met en danger la décision de l’OSCE réaffirmée par des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale relatives au retrait de toutes les forces et armements étrangers du territoire d’ici à la fin de l’année. Les changements significatifs intervenus sur la scène internationale ont souligné le rôle de plus en plus important que doivent jouer les Nations Unies. Cela impose une réforme du Conseil afin de faire en sorte que cet organe soit plus équitable et conforme à l’élargissement de la communauté internationale.
M. PATRICK ALBERT LEWIS(Antigua-et-Barbuda) s'est fait le défenseur de la Cour pénale internationale à laquelle son pays a adhérée le 18 juin 2001. Il s'est dit convaincu que cette institution s'imposera comme un système judiciaire équitable et saura dissiper les craintes de certains Etats à son égard. Il a évoqué les attentes des pays en développement face aux engagements pris dans le cadre des trois sommets de Doha, de Monterrey et de Johannesburg. A Doha, les attentes des pays en développement ont été déçues en ce qui concerne l'écoulement de leurs produits agricoles. A Monterrey, un consensus a été arrêté avant que les débats n’aient eu lieu. L'objectif de réduire de moitié d'ici à 2015 la proportion des gens qui vivent avec moins d'un dollar par jour, d'accélérer l’accès à l'eau potable, l'égalité des sexes, notamment en matière d'éducation, ne trouvera des réponses adéquates si on se limite à dire que l'aide au développement doit passer de 50 milliards à 100 milliards de dollars. Car, il faut rappeler que seulement un tiers des 50 milliards d'aide est dépensé dans les pays les plus pauvres et que les conditions qui y sont attachées rendent difficile son utilisation efficace. En outre, les conditions d'utilisation de ces aides ont une incidence sur le respect de la souveraineté des pays en développement.
Le représentant s'est dit heureux que les pays en développement aient pu faire l'objet de plus de considération lors du Sommet de Johannesburg qui représente l'engagement le plus fort en faveur de la promotion d'un développement durable dans le souci d'améliorer la vie des plus pauvres et d'inverser la dégradation de l'environnement au niveau mondial. En tant que petit Etat insulaire en développement, Antigua-et-Barbuda salue l'intérêt manifesté à Johannesburg pour tenir compte des besoins spécifiques des petits Etats insulaires en matière de lutte contre la pauvreté, la protection de l'environnement, l'accès à l'eau potable, l'assainissement et sources d'énergie, l'amélioration de la santé et de l'agriculture, la protection des écosystèmes et de la biodiversité. Le représentant a précisé que l'incapacité du Sommet de Johannesburg de convenir d'une date butoir en ce qui concerne les objectifs en matière de développement durable a été une grande déception pour tous les petits Etats insulaires en développement. Le véritable succès du Sommet résidera dans notre capacité de le traduire en action. Pour ce faire, des partenariats attendent encore d'être adoptés et les ressources financières d'être accrues.
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