DES DELEGATIONS APPELLENT L’ONU A FAIRE APPLIQUER PLUS FERMEMENT LES RESOLUTIONS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ EN MATIÈRE DE CONFLITS
Communiqué de presse AG/1324 |
Assemblée générale
17ème séance plénière – après midi
DES DELEGATIONS APPELLENT L’ONU A FAIRE APPLIQUER PLUS FERMEMENT LES RESOLUTIONS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ EN MATIÈRE DE CONFLITS
Le Ministre des affaires étrangères de la Géorgie demande à
l’ONU de s’engager plus avant dans le processus de paix en Abkhazie (Géorgie)
Si les Nations Unies ont été saluées cet après-midi dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale pour le rôle qu’elles jouent en matière de prévention et de règlement des conflits, plusieurs voix se sont élevées pour que ce rôle soit encore renforcé et pour que les résolutions adoptées soient effectivement appliquées, sans discrimination.
L’incapacité de la communauté internationale à trouver une solution juste aux conditions d’oppression dont souffrent des peuples occupés et à faire appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité peut être source de violence et de terrorisme, a estimé le Prince Saud Al Faisal, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite. Soulignant l’indispensable poursuite de solutions justes et équitables pour toutes les parties, il a appelé les Nations Unies à mettre un terme à la politique de deux poids deux mesures pratiquée au Moyen-Orient en imposant à Israël les mêmes obligations que celles auxquelles l’Autorité palestinienne doit satisfaire.
La sécurité internationale dépend de la manière dont l’autorité des Nations Unies sera respectée et de sa capacité à demeurer l’enceinte privilégiée de la gestion des conflits au détriment de l’unilatéralisme, ont estimé plusieurs intervenants. A cet égard, la question iraquienne a de nouveau fait l’objet de remarques de la part des délégations. Tout en manifestant leur satisfaction face à la décision de l’Iraq d’autoriser le retour inconditionnel des inspecteurs en armement des Nations Unies sur le territoire, elles ont dans leur grande majorité appelé au respect des résolutions du Conseil de sécurité.
Ainsi, si les Nations Unies veulent voir leur autorité respectée, elles doivent prendre des mesures adéquates pour l’application effective des résolutions relatives aux conflits. Dans ce sens, regrettant que la partie abkhaze n’ait respecté aucune des 28 résolutions du Conseil de sécurité depuis 1993 et qu’elle ait catégoriquement refusé de considérer le document traitant du statut politique de l’Abkhazie, à l’intérieur de la Géorgie, le Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, M. Irakli Menagarishvili, a demandé aux Nations Unies de s’engager plus avant dans le règlement de ce conflit. De même, il a dénoncé les « attaques agressives » de la part des autorités et des médias de la Fédération de Russie « visant explicitement la souveraineté de la Géorgie », regrettant que cette attitude menace, selon lui, la paix et la sécurité dans la région et « mine les efforts de la coalition antiterroriste mondiale ».
Tout en se félicitant du retour progressif de la paix en Sierra Leone, en Angola, dans la région des Grands Lacs, entre l’Ethiopie et l’Erythrée ainsi qu’au Soudan et en République démocratique du Congo, plusieurs responsables africains ont lancé un appel aux Nations Unies pour qu’elles poursuivent leurs efforts de restauration de la paix dans les régions où cette dernière reste inexistante ou précaire. M. André Bumaya, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Rwanda ; a en particulier demandé aux Nations Unies qu’elles prennent les mesures qui s’imposent pour aider à traquer et à arrêter tous les responsables du génocide rwandais et à « condamner formellement les pays qui financent, hébergent et apportent de l’appui moral, matériel et logistique à l’armée de libération du Rwanda » qu’il a qualifiée « d’organisation terroriste ».
A la fin du débat, les représentants de l’Arménie et de la Turquie ont exercé leur droit de réponse.
En raison de la célébration de la Journée internationale de la paix, l’Assemblée générale ne poursuivra son débat général qu’à partir de 10h30 demain vendredi 20 septembre 2002.
Outre les intervenants cités, les représentants des pays suivants ont également pris la parole : Mali, Maldives, Népal, Djibouti, Burkina Faso, Ouzbékistan, République centrafricaine et El Salvador.
Débat général
M. LASSANA TRAORE, Ministre des affaires étrangères du Mali, a plaidé pour une action globale, intégrée et soutenue contre le terrorisme, dans laquelle les Nations Unies devraient jouer le premier rôle. Le Mali réitère l’appel de l’Afrique, du Mouvement des non-alignés et de l’Organisation de la Conférence islamique pour la tenue d’une conférence internationale, sous les auspices de l’ONU, afin de parvenir à la conclusion rapide d’un instrument juridique universellement accepté sur le terrorisme international.
Le Ministre a indiqué que le renforcement de la bonne gouvernance, la consolidation du processus démocratique, la sécurité internationale, l’amélioration du système éducatif, du système de santé, l’organisation et le fonctionnement efficace de la justice, la lutte contre la pauvreté et la corruption constituent, entre autres, les défis que le nouveau Gouvernement du Mali s’est engagé à relever. La stabilité, la paix et la sécurité sont indispensables pour l’amorce d’un véritable développement de l’Afrique. Malgré les avancées significatives constatées dans la résolution de certains conflits africains, notre continent continue de faire face à des questions récurrentes telles que la dette, la baisse constante du prix des matières premières, le déficit démocratique, la pandémie du VIH/sida, le paludisme ainsi que les difficultés liées à l’assistance humanitaire. La naissance de l’Union africaine constitue certainement le fait politique et historique le plus marquant de cette année sur le continent africain. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) mérite à cet égard un intérêt soutenu de la part de la communauté internationale.
La globalisation de l’économie a contribué fortement à la création de déséquilibres profonds dont les premières victimes sont les pays en développement. Elle a entraîné en particulier une paupérisation de masse d’une grande ampleur, des atteintes à l’environnement planétaire et d’importants mouvements migratoires. A cet égard, il est souhaitable que les pays développés et les institutions financières internationales envisagent des mesures susceptibles de permettre aux pays en développement d’emprunter la voie d’un développement durable. Il est en outre urgent d’augmenter l’aide publique au développement.
M. FATHULLA JAMEEL, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a réitéré la conviction de son Gouvernement que les Nations Unies, en tant qu’organisation mondiale responsable en premier lieu du maintien de la paix et de la sécurité internationales, doit jouer un rôle pivot dans la lutte contre le terrorisme. Il a aussi souligné la nécessité de renforcer les cadres juridiques nationaux, régionaux et internationaux contre le terrorisme et, à cet égard, il a formé l’espoir que la convention globale sur le terrorisme international et celle sur l’élimination des actes terroristes à caractère nucléaire seront finalisées le plus rapidement possible. Les événements du 11 septembre ont aussi eu des ramifications économiques immenses, notamment sur les petits Etats insulaires en développement, qui n’en ont toujours pas pleinement recouvré. C’est pourquoi, il est impératif que les pays développés remplissent leurs engagements formulés lors des récentes grandes conférences internationales. Elles-mêmes en situation difficile, les Maldives ont fourni la preuve de l’efficacité de l’APD, mais la mondialisation et la libéralisation du commerce ont imposé de nouvelles contraintes au pays et rendent indispensables une plus grande ouverture et un
accès préférentiel des marchés développés pour les produits des pays en développement. La situation est simple, les pays les moins avancés comme les Maldives ne peuvent pas mener à bien les efforts de développement sans un traitement spécial, a insisté M. Jameel, avant d’exposer sa ferme résistance à l’idée de voir les Maldives retirées de la liste des PMA.
Le Ministre s’est ensuite dit déçu et quelque peu découragé par les résultats du Sommet de Johannesburg pour le développement durable. Très peu a en fait été réalisé depuis le premier sommet du genre à Rio, il y a 10 ans. Or il est indispensable de mener des actions urgentes pour freiner la dégradation de l’environnement. Menacées directement par le changement climatique, les Maldives sont inquiètes de la persistance de l’inaction et de l’indifférence dans la mise en œuvre des programmes d’action pour la protection environnementale et le développement durable. M. Jameel a aussi plaidé en faveur d’un renforcement des efforts de désarmement et de contrôle des armes, notamment grâce à la multiplication des zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde. Il a aussi demandé à ce que de nouvelles initiatives vigoureuses soient prises en vue de débarrasser le monde des armes biologiques et chimiques, reposant sur des approches bilatérales, régionales et multilatérales.
M. IRAKLI MENAGARISHVILI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a indiqué que son pays est victime d’attaques agressives de la part des autorités et des médias de la Fédération de Russie, visant explicitement la souveraineté de la Géorgie. Quotidiennement, la Géorgie est accusée d’accueillir des terroristes et d’apporter aide et soutien aux combattants de Tchétchénie. Or cela est absurde; la Fédération de Russie utilise ces accusations pour cacher son échec en Tchétchénie. La vérité c’est que les événements tragiques ont commencé quand des combattants tchétchènes, citoyens russes, ont été envoyés par la Russie en Abkhazie. Mais la situation a connu un revirement quand les Tchétchènes ont retourné leurs armes contre leurs patrons. Du fait des deux guerres en Tchétchénie, des milliers de réfugiés tchétchènes sont arrivés en Géorgie, dont certains ont formé des gangs de criminels. La Fédération de Russie insiste pour pouvoir mener des opérations militaires contre eux sur le territoire de la Géorgie. Bien qu’il soit évident que le problème de la gorge de Pankisi en Géorgie est dû à la guerre en Tchétchénie, et non l’inverse, les violations de notre espace aérien par des jets et des hélicoptères russes ont acquis un caractère permanent. La dernière en date du 23 août 2002 a fait des victimes. En dépit de preuves irréfutables, la Fédération de Russie nie les événements et menace la Géorgie d’une agression militaire. Cette attitude ne met pas seulement gravement en danger la paix et la sécurité dans la région, mais mine également les efforts de la coalition antiterroriste mondiale.
Le Ministre s’est félicité qu’en matière de maintien de la paix l’Organisation ait récemment enregistré des succès, ce qui permet d’espérer pour la région caucasienne. En effet, la Géorgie n’a toujours pas réussi à régler le conflit en Abkhazie (Géorgie). La plus grande erreur des organisations internationales a été de donner la possibilité aux soi-disant « autorités abkhazes » de s’engager avec elle dans des disputes sans fin. La Géorgie rappelle que le territoire de la Géorgie, membre à part entière de la communauté internationale, est violé par le « pseudo » régime non légitime d’Abkhazie, fondé sur l’hostilité et le nettoyage ethnique. De plus, le processus de paix est rendu plus difficile par le sort des 300 000 réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières, qui ont été expulsées de leur terre natale, dont les droits fondamentaux sont bafoués, et dont les perspectives de retour n’ont pas dépassé le stade des discussions stériles. La Géorgie regrette que la dernière résolution du Conseil de sécurité sur cette question soit trop conciliante. La tragédie qui se déroule en Abkhazie (Georgie) a été qualifiée de « nettoyage ethnique » par l’OSCE, et nous sommes extrêmement étonnés que les Nations Unies soient si réticentes à faire de même, d’autant que la partie abkhaze n’a respecté aucune des 28 résolutions du Conseil de sécurité depuis 1993. Cette incohérence ne fait que renforcer la confiance des séparatistes et accroître leur sentiment d’impunité. La Géorgie remercie les Nations Unies et le Groupe des amis du Secrétaire général pour les efforts qu’ils ont déployés en faveur de la paix et souhaite que les Nations Unies s’engagent plus avant dans la résolution de ce conflit.
M. ARJUN JUNG BAHADUR SINGH, Ministre des affaires étrangères du Népal, a indiqué que lui-même victime du terrorisme, le Népal comprend parfaitement les souffrances et les dangers engendrés par les actes terroristes. La mondialisation et les progrès technologiques ayant permis aux terroristes de faire circuler facilement argent et partisans dans le monde entier, il est indispensable que les nations concertent leurs efforts pour éliminer ce fléau. C’est pourquoi le Népal appuie non seulement l’actuelle « guerre contre le terrorisme » mais aussi le renforcement du droit international et la conclusion d’une convention globale en la matière. Au Népal, les exactions de soi-disant terroristes maoïstes, opposés à la démocratie et à la liberté, ont déjà coûté de nombreuses vies humaines. C’est pourquoi le Gouvernement a décidé de lancer une campagne pour protéger la population et ses biens. Il regrette malheureusement que certains comparent les obligations inhérentes à la protection de la population aux actes couards commis par les terroristes.
Le monde ne parviendra pas à la paix durable sans une prévention efficace des conflits et sans la résolution pacifique des différends. Le maintien de la paix, le désarmement et les mesures de renforcement de la confiance sont des piliers fondamentaux à l’édification d’une culture de paix, de même que le sont l’élimination de la pauvreté, le développement durable et la justice pour tous. Convaincu de la validité de ces principes, le Népal participe activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, auxquelles il a déjà fourni plus de 40 000 militaires et policiers. Son ambition est de fournir des troupes totalement équipées, ce qui toutefois, pour un pays comme le sien, pose souvent des difficultés, a expliqué M. Singh. C’est pourquoi, il a demandé à l’ONU de continuer à combler le manque des ressources en trouvant des solutions novatrices en la matière. Le Népal estime que l’élimination complète des armes nucléaires selon un calendrier contraignant doit constituer la pierre angulaire des efforts de désarmement. L’établissement de zones dénucléarisées, la garantie du non-recours aux armes nucléaires contre des Etats non nucléaires et d’autres mesures de renforcement de la confiance contribueront aussi au processus de désarmement. Il ne faut pas oublier ce faisant que les petites armes ont fait plus de victimes qu’aucun autre type d’armement et il est donc nécessaire de mettre en place des contrôles plus stricts en matière de possession de ces armes par les acteurs non étatiques. Faisant observer que les centres régionaux pour la paix et le désarmement sont des instruments importants pour les mesures de renforcement de la confiance, le Ministre a déploré que le centre régional pour l’Asie n’ait toujours pas été installé à Katmandou, malgré l’engagement de son pays à honorer toutes ses obligations. Il a donc instamment demandé à l’ONU d’agir dans ce sens et de ne pas poser des conditions nulle part ailleurs demandées.
M. ALI ABDI FARAH, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Djibouti, a rappelé qu’afin d’éradiquer le terrorisme, pratiquement tous les pays ont convergé vers une réorientation complète de leurs politiques et plus particulièrement des politiques étrangères. Nous avons, à cet égard, été témoins de politiques de certains pays voulant se rapprocher les uns des autres, des raffermissements des liens, de pays cherchant à forger de nouvelles alliances stratégiques. Il ne faut donc pas s’étonner que les événements du 11 septembre aient généré davantage de stricts contrôles sur les mouvements de populations, notamment sur ceux de certaines origines, selon le teint ou les régions. Nous formons le vœu de faire prévaloir la raison sur la peur, les préjugés et la haine.
Evoquant le conflit israélo-palestinien, le Ministre a déploré l’impasse politique, les destructions économiques qui résultent des insurmontables points de passage, des barrières, des incursions répétées, de la destruction des bâtiments et des réseaux d’approvisionnement. Le peuple palestinien est en danger, une nation tout entière vit virtuellement dans une prison. Une crise humanitaire sans précédent se profile.
En s’appuyant sur les résultats de la Conférence de paix et de réconciliation d’Arta, notre organisation sous-régionale prépare une conférence afin de réunir le Gouvernement national de transition et les autres parties de la Somalie, à savoir les administrations régionales, les factions et les groupes qui avaient opté de rester en dehors de cette réunion historique. Les Etats de front que sont l’Ethiopie, le Kenya et Djibouti ont été mandatés par le Sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) de janvier 2002 pour réunir toutes ces composantes afin de compléter le processus d’Arta et dégager ainsi la voie pour l’émergence d’un Gouvernement avec une base élargie. La majorité des points de vue de la communauté internationale est que « le processus de paix d’Arta demeure la base la plus viable pour la paix et la réconciliation en Somalie ». Ce sont ces principes qui doivent nous guider sur la bonne voie.
Si les guerres ne sont pas toutes le produit de la pauvreté, il faut bien reconnaître que la misère et le désespoir peuvent aisément servir les desseins des personnes malveillantes, a expliqué M. Farah. C’est pourquoi, réduire la pauvreté et parvenir au développement durable sont inséparables de la lutte contre les conflits et le terrorisme. Les problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement sont si grands qu’il est impératif que les pays développés honorent pleinement les engagements pris lors des récentes grandes conférences sur le développement et le commerce. Ils doivent aussi s’attacher à sortir le monde de la récession économique dans laquelle il se trouve actuellement et réformer les structures financières internationales, a estimé le Ministre, avant d’ajouter qu’ils devraient aussi prévoir une aide particulière et appropriée pour les pays enclavés. En conclusion, M. Farah a fait observer qu’il y avait actuellement près de 20 millions de personnes réfugiées ou déplacées dans le monde. Son pays, à lui seul, accueille plus de 100 000 réfugiés venus du Bhoutan, qui fuient le manque de respect des droits de l’homme dans ce pays voisin. Dans l’espoir de trouver une solution durable à cette question, il a indiqué que son pays a engagé des négociations bilatérales avec les autorités du Bhoutan voilà bientôt 10 ans et qu’il renouvelle aujourd’hui son appel pour que ce pays accorde à ce problème toute l’urgence qu’il mérite.
M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, a estimé que si la lutte contre le terrorisme occupe désormais le devant de la scène, elle ne doit pas occulter l’impérieuse nécessité de trouver les solutions justes et durables aux crises internationales, notamment les conflits régionaux qui très souvent alimentent et entretiennent ces fléaux. Nous nous félicitons du retour progressif de la paix en Sierra Leone, en Angola, dans la région des Grands Lacs, entre l’Ethiopie et l’Erythrée ainsi qu’au Soudan.
Les atrocités commises au quotidien sur les populations civiles palestiniennes désarmées troublent nos consciences. Le Burkina Faso réaffirme son soutien à la création d’un Etat palestinien indépendant à côté d’Israël et exhorte le Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses résolutions pertinentes. S’agissant plus particulièrement de l’Iraq, le Burkina Faso est convaincu qu’une intervention préventive unilatérale, en dehors de celle autorisée par le Conseil de sécurité aurait eu des conséquences incalculables pour la paix mondiale. A cet effet, il convient de saluer le geste courageux du Gouvernement iraquien qui vient d’accepter le retour des inspecteurs des Nations Unies à Bagdad.
En raison même des objectifs de la globalisation, le droit au développement est devenu pour nos pays le plus impérieux des devoirs. C’est pourquoi nous fondons beaucoup d’espoir sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Cependant, la communauté internationale a une responsabilité majeure en ce qui concerne l’accroissement de l’aide publique au développement, la problématique de l’accès des produits africains aux marchés des pays industrialisés et l’arrêt des subventions anticoncurrentielles. Le meilleur développement est celui qui prend en compte les exigences de la démocratie et des droits de l’homme. A cet égard, le Burkina Faso poursuit résolument l’ancrage de la démocratie dans la vie politique et institutionnelle du pays et nous sommes fermement résolus à améliorer sensiblement les conditions de la femme et celles de l’enfant.
M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a estimé que la tragédie du 11 septembre a rappelé à chacun de manière catégorique que 20 années de guerre ont transformé l’Afghanistan en véritable terreau du terrorisme international qui ne menace pas seulement les pays voisins mais l’humanité tout entière. L’Ouzbékistan se félicite du succès de la Loya Jirga et de la mise en place du gouvernement de transition dirigé par le Président Karzaï. Toutefois ces premières avancées ne doivent pas céder la place à la complaisance. Des masses énormes d’armes, accumulées tout au long des années de guerre, demeurent encore aux mains des groupes militants. De plus, les bouleversements survenus depuis la fin de la guerre, la situation économique désastreuse et le manque de ressources pour reconstruire le pays risquent de cristalliser l’instabilité sociale pouvant entraîner l’Afghanistan dans une nouvelle spirale de violence militaire. A tous ces facteurs s’ajoutent le fait que de nombreux seigneurs de guerre locaux continuent de s’affronter et que rien ou presque n’a changé dans le domaine du trafic des stupéfiants. Sur ce dernier point, le Ministre a fait remarquer qu’il est beaucoup plus facile et efficace de lutter contre ce trafic au moment où les cargaisons sont envoyées, c’est-à-dire aux frontières des Etats d’Asie centrale, que par petites saisies à travers l’Europe et dans les autres pays développés.
Se tournant ensuite vers le problème de l’Iraq, le Ministre a appuyé pleinement la déclaration prononcée à cette même tribune par le Président des Etats-Unis. Il a estimé que les mesures proposées par M. Bush méritent un examen approfondi et fournissent une bonne base à l’élaboration de la position du Conseil de sécurité. L’Ouzbékistan, a-t-il encore déclaré, attache une grande importance au renforcement des efforts internationaux en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive. Il a indiqué que son pays se proposait de signer le projet d’accord sur la consécration de l’Asie centrale comme zone exempte d’armes nucléaires lors de la prochaine visite du Secrétaire général dans la région.
M. ANDRE BUMAYA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Rwanda, a rappelé qu’avec l’effondrement du mur de Berlin et la fin de la guerre idéologique dite souvent froide, le monde vit une ère nouvelle avec un ordre économique mondial nouveau. Il y a lieu de se réjouir et d’encourager des initiatives visant au règlement de tensions qui ont été créées dans le contexte de la guerre froide. Cependant, le Rwanda vit depuis 1994 sous la menace perpétuelle des groupes terroristes ayant leurs bases en République démocratique du Congo, dont le plus actif est ALIR, Armée de Libération du Rwanda. ALIR est une organisation composée d’éléments des anciennes Forces armées rwandaises (ex-FAR) et des miliciens Interahamwe qui ont perpétré le génocide de 1994. Depuis 1994, ces éléments ont attaqué le Rwanda à plusieurs reprises, en tuant de façon ciblée des populations innocentes et en détruisant des infrastructures socioéconomiques d’intérêt national et international. Aujourd’hui, les membres de l’ALIR tentent de s’organiser en formations politiques sous diverses étiquettes. Le Gouvernement rwandais demande aux Nations Unies et aux Etats Membres de prendre les mesures qui s’imposent pour aider à traquer et à arrêter tous les responsables du génocide rwandais; de condamner formellement les pays qui financent, hébergent et apportent de l’appui moral, matériel et logistique à cette organisation terroriste ALIR.
S’agissant des poursuites des suspects du génocide rwandais, le Ministre a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle rende efficace et crédible le Tribunal pénal international pour le Rwanda. En outre, le moment est venu pour la communauté internationale de se pencher sur la mise en application des recommandations pertinentes du rapport Carlsson. Le Ministre a plaidé en faveur de l’application des accords de Lusaka et de Prétoria, qui prévoient le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et le rapatriement des forces oeuvrant en République démocratique du Congo et a demandé aux Nations Unies d’appuyer résolument la mise en application de ces accords. Le Ministre a annoncé que son Gouvernement a démarré ce 17 septembre 2002 le retrait de ses troupes de la République démocratique du Congo conformément à l’Accord de Prétoria. Le Rwanda reste convaincu que la mise en œuvre de ces Accords conduira non seulement à la restauration de la sécurité et de la stabilité au niveau de la sous-région, mais aussi à l’instauration d’un climat de confiance et de bonnes relations de coopération qui permettront de mener des actions communes en matière de lutte contre le terrorisme, qu’il soit orchestré par l’ALIR ou par tout autre organisation terroriste.
M. AGBA OTIKPO MEZODE, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a estimé que les travaux de l’Assemblée générale s’ouvrent dans un contexte particulier de l’histoire des relations internationales, car jamais l’humanité n’a autant pris conscience de la nécessité d’asseoir sa cohésion pour assurer un monde de concorde, de solidarité et de paix. Il y a deux ans, le constat dressé à l’occasion du Sommet du Millénaire a révélé de profonds manquements quant à la volonté de satisfaire collectivement aux idéaux des pères fondateurs de l’ONU. Malheureusement, la révolution de l’information et des communications, le progrès de la science et de la technique, la libéralisation des échanges, la disparition des frontières étatiques ainsi que le phénomène de la mondialisation n’ont fait que rendre l’avenir tout aussi incertain qu’imprévisible.
Dans ce contexte, les Etats devraient pleinement explorer les ressorts qu’offre la coopération multilatérale, dans le cadre des Nations Unies, pour faire échec aux menaces qui sont essentiellement de quatre ordres. Tout d’abord, celle du terrorisme, face à laquelle la communauté internationale doit répondre aussi bien par l’adhésion aux résolutions condamnant fermement ces actes que par l’attitude à observer devant les pays et institutions qui sont complaisants avec leurs auteurs. La deuxième menace est liée à la destruction de l’environnement, qui hypothèque chaque jour notre avenir. A cet égard, le Ministre a remercié les Etats-Unis pour leur initiative en faveur de la protection du Bassin du Congo. La troisième menace est bien entendu celle de la pauvreté, et la communauté internationale doit soutenir la mise en œuvre du NEPAD pour enfin la faire reculer. Mais la menace à éliminer en premier lieu, car le succès de la lutte contre les trois autres en dépend largement, est celle de l’absence de paix et de stabilité, celle des conflits.
En conclusion, le Ministre a déploré fermement l’ostracisme dont son pays est victime. Comment comprendre le silence de la communauté internationale et des institutions financières internationales, seule réponse apportée aux appels à l’intervention de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, depuis le 20 mai 2000. Pourtant la République centrafricaine a parcouru un long chemin en matière de bonne gouvernance, a affirmé M. Mezode, avant de préciser que depuis le début de l’année, la réduction de la corruption n’est plus une vue de l’esprit mais une réalité dans son pays.
PRINCE SAUD AL FAISAL, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, tout en présentant ses condoléances au peuple américain suite aux attaques terroristes du 11 septembre, a regretté que nombre de jeunes ressortissants de l’Arabie saoudite qui étaient en mesure d’apporter une contribution au développement de leur pays aient commis une grave infraction contre leur patrie et leur religion en devenant victimes de ceux qui les ont menés sur la voie de l’erreur. Nous appuyons toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernant le terrorisme et les autorités saoudiennes pertinentes ont pris les mesures nécessaires pour appliquer la résolution 1373. Cependant, les efforts internationaux en matière de lutte contre le terrorisme ne pourront éradiquer totalement ce phénomène sans tenir compte des causes qui le sous-tendent et des conditions économiques, politiques et sociales qui en constituent le terreau fertile. La détérioration de la situation des peuples opprimés, qu’ils souffrent d’injustice ou d’occupation, et l’incapacité des Nations Unies à trouver des solutions justes à ces problèmes mèneront à une situation où des jeunes hommes naïfs seront entraînés sur la voie de la violence et du terrorisme, en pensant que c’est le seul moyen de mettre un terme à l’injustice qui les afflige.
Le cycle de la violence dans les territoires occupés ne diminuera jamais si les droits du peuple palestinien ne sont pas respectés. Il n’y aura pas de sécurité aussi longtemps que le Gouvernement israélien ignore le dialogue et les négociations. Israël doit mesurer l’importance de l’existence d’un Etat palestinien fondé sur une constitution légitime. A cet égard, il est nécessaire que la communauté internationale fasse un pas dans cette direction afin de mettre un terme à la catastrophe humanitaire à laquelle doit faire face le peuple palestinien. Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle impose au gouvernement israélien les mêmes obligations que celles dont doit s’acquitter l’autorité palestinienne. L’initiative de paix arabe historique adoptée au Sommet de Beyrouth comprend tous les éléments d’une paix juste et permanente au Moyen-Orient appuyée par tous les Etats arabes.
En ce qui concerne la question iraquienne, le Président Bush a mentionné dans son discours la nécessité de la renvoyer au Conseil de sécurité des Nations Unies pour que celui-ci prenne les résolutions appropriées. Cela représente une approche nouvelle et positive. Sans aucun doute, cela a ouvert la voie à un nouveau climat duquel a résulté la décision du Gouvernement iraquien d’autoriser un retour inconditionnel des inspecteurs. Ce récent développement, qui permet d’éviter la confrontation au profit de la voie diplomatique, est une étape positive. Il est à présent de la responsabilité des Nations Unies de déployer des efforts pour mettre un terme à la souffrance du peuple iraquien.
Mme MARIA EUGENIA BRIZUELA DE AVILA, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a indiqué que 10 ans après la signature des accords de paix qui ont mis un terme au conflit armé et ouvert la voie de l’espoir, de la paix et de la démocratie, la société salvadorienne s’est affirmée comme une société véritablement démocratique, enregistrant notamment des progrès significatifs en matière de développement humain. Dix ans après la signature des accords de paix, el Salvador est reconnaissant à la communauté internationale et aux Nations Unies pour l’appui apporté. En ce qui concerne l’Amérique centrale, el Salvador est engagé en faveur de l’intégration et accorde la plus haute priorité aux relations de bon voisinage. Nous, pays d’Amérique latine, sommes complémentaires et ensemble nous pouvons consolider nos positions dans l’économie globalisée, a indiqué la Ministre. Les Présidents de l’Amérique centrale se sont mis d’accord sur un plan d’action de l’intégration économique et une union douanière qui devrait être instaurée l’année prochaine. El Salvador travaille en outre à la mise en œuvre du Plan Puebla-Panama, qui se concrétise par huit grands projets d’intégration méso-américains et entend profiter du potentiel de l’Amérique centrale comme corridor naturel entre les deux océans.
El Salvador, en tant que pays en développement, espère que les promesses de financement faites à Monterrey se concrétiseront. Il souscrit à l’idée que la coopération internationale avec les pays intermédiaires ne devrait pas se cantonner à la coopération technique mais devrait aussi comprendre une aide financière. Ne nous en tenons pas aux limitations imposées par les frontières et les statistiques pour circonscrire la lutte contre la pauvreté, a déclaré la Ministre, car les moyennes nationales masquent parfois la dure réalité de la pauvreté dans certaines régions. Les pays qui viennent de renouer avec la démocratie ont besoin d’aide.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Arménie a réagi à l’intervention faite en fin de séance hier après-midi par la délégation turque. Il a exprimé sa gratitude envers les pays et les organisations qui ont déjà reconnu le génocide arménien. L’objectif est ainsi d’éviter d’autres génocides et le représentant a remercié le Président turc d’avoir reconnu ce besoin. Le génocide arménien est un fait indéniable et incontestable et il n’y a en fait rien de nouveau dans les documents « falsifiés » que tente de présenter le Gouvernement turc. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que ce crime inhumain peut être commis à nouveau et les Nations Unies ont à cet égard un rôle important à jouer. Il est frustrant que la Turquie continue de nier l’existence du génocide. Toutefois cette position ne remet pas en cause sa reconnaissance par la communauté internationale. Il faut faire face au passé douloureux et faire face à la vérité, ce qui ne ferait qu’honneur à la Turquie.
Lui répondant, le représentant de la Turquie s’est dit fort peu surpris de constater que son collègue arménien n’est toujours pas prêt à remettre en question certains de ses arguments. Il a fait remarquer que durant la seconde Guerre mondiale, les Arméniens n’avaient pas hésité à combattre auprès des troupes russes. En fait, ce qui s’est passé au début du siècle est le résultat d’une vaste rébellion contre l’empire ottoman. S’agissant du processus de reconnaissance internationale, il a fait valoir que le Gouvernement du Royaume-Uni, sur la base des informations obtenues, n’a pas jugé possible de qualifier les massacres de génocide.
Reprenant la parole, le représentant de l’Arménie a, quant à lui fait valoir des documents allemands faisant état d’une volonté délibérée des Turcs de se débarrasser du peuple arménien. Si la Turquie entend avoir des relations normales avec ses voisins, elle ferait mieux de revoir sa vision de l’histoire, complètement incompatible avec celle du reste du monde. Le Gouvernement devrait faire acte de contrition.
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