En cours au Siège de l'ONU

AG/1319

L’ADOPTION D’UNE CONVENTION GLOBALE SUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME EST JUGEE URGENTE PAR DE NOMBREUSES DELEGATIONS

17/09/2002
Communiqué de presse
AG/1319


Assemblée générale

12ème séance plénière – matin


L’ADOPTION D’UNE CONVENTION GLOBALE SUR LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME EST JUGEE URGENTE PAR DE NOMBREUSES DELEGATIONS


Le Président algérien invite la communauté internationale à

éviter les amalgames tels que l’association entre Islam et activités terroristes


En acceptant le retour sur son territoire des inspecteurs des Nations Unies, l’Iraq a marqué sa disposition et son engagement à coopérer avec la communauté internationale pour qu’il soit définitivement mis fin aux accusations portées à son égard sur la question de la détention d’armes de destruction massive, a estimé ce matin le Président de la République algérienne démocratique et populaire, M. Abdelaziz Bouteflika, qui intervenait dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale.  La décision courageuse du Gouvernement iraqien doit en toute logique conduire à la levée définitive des sanctions qui ont durement frappé le peuple iraqien et ce développement positif doit faire espérer qu’à la logique de la guerre se substituera celle de la paix, a poursuivi le Chef de l’État algérien.  Au-delà du retour des inspecteurs, qui devra se faire sans condition, la Ministre des affaires étrangères de l’Espagne, Mme Ana Palacio, a pour sa part estimé que le régime iraqien devait accepter la destruction de ses armes de destruction massive sous le contrôle de la communauté internationale, ce qui est, à ses yeux, la seule solution envisageable pour la levée des sanctions qui lui ont été imposées.  La décision prise hier soir par l’Iraq d’accepter, par une lettre adressée au Secrétaire général, le retour inconditionnel des inspecteurs en désarmement des Nations Unies, absents depuis décembre 1998, a été également accueillie avec prudence par le Ministre des affaires étrangères de l’Islande qui a exhorté la communauté internationale à faire preuve de vigilance. 


A la lumière des événements tragiques du 11 septembre 2001, de nombreuses délégations ont souligné le lien étroit qui existe entre la lutte contre le terrorisme et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  A cet égard, le Ministre des affaires étrangères de la Croatie a appelé les Etats Membres à reprendre les négociations sur le projet de convention internationale sur le terrorisme et a estimé que la lutte contre ce fléau doit également passer par la recherche de solutions pacifiques aux conflits régionaux, et en premier lieu à celui du Moyen-Orient.  L’Algérie, a eu à faire face, seule et durant une décennie, au terrorisme, a rappelé son Président, qui  à son tour juge urgente l’adoption d’une convention globale sur la lutte contre le terrorisme.  Selon lui, cet instrument constituerait le cadre normatif au sein duquel viendront se conjuguer les différents accords de coopération en la matière.  Cependant, a-t-il fait observer, cette démarche exige que nous dépassions nos divergences liées à la définition même du terrorisme.  Cette définition doit être acceptable par tous et doit éviter les amalgames, en particulier la tendance à associer Islam et activités terroristes.  De même, il nous sera impossible d’assimiler à des actes terroristes les combats que mènent les peuples privés de leurs droits, a précisé M. Bouteflika. 

Rappelant que la présente session se tient dans le prolongement de la Conférence internationale sur le financement du développement et du Sommet de Johannesburg, qui sont deux étapes déterminantes pour l’avenir de la coopération internationale au service d’un développement durable, équilibré, et équitable, de nombreuses délégations ont plaidé pour un effort de solidarité internationale qui garantisse un juste partage des bénéfices de la mondialisation.  A cet égard, la notion de droit au développement a été jugée prioritaire à l’échelle internationale.  Elle doit se traduire, entre autres, par une internationalisation optimale des courants d’investissements étrangers directs et par un accroissement significatif de l’aide publique au développement, ont estimé les intervenants.  Le règlement de la question de la dette, l’ouverture des marchés des pays industrialisés aux produits des pays du Sud, la refonte de l’architecture financière internationale et le renforcement des capacités et les transferts de technologies ont également été identifiés comme domaines d’action prioritaires. 


A cet égard, le Ministre des affaires étrangères de l’Islande a fait part de la détermination de son Gouvernement à développer des partenariats pour le renforcement des capacités des pays en développement en matière de gestion des ressources biologiques marines et de développement des énergies renouvelables et propres, conformément aux dispositions du Protocole de Kyoto et des engagements pris dans le cadre du Sommet de Johannesburg.  Sur la même question, le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande a lancé un appel aux Etats Membres pour qu’ils fassent de l’Institut pour le commerce et le développement de Bangkok, créé conjointement par son pays et la Conférence internationale sur le commerce et le développement (CNUCED) après la Xème CNUCED, un outil efficace de renforcement des capacités humaines en vue d’établir un lien entre les activités de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de la CNUCED et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).


Outre les personnalités déjà citées, l’Assemblée générale a entendu les Premier Ministres du Cap-Vert et de Samoa se ainsi que les Ministres des affaires étrangères du Bhoutan, de Bélarus, de la Mauritanie et de l’Argentine.  Le représentant du Qatar est aussi intervenu. 


Le débat général se poursuivra cet après-midi, à 15 heures. 



Débat général


M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de la République algérienne démocratique et populaire, rappelant l’adoption voici deux ans de la Déclaration du Millénaire, a jugé qu’en apportant une réponse solidaire et collective aux défis qui se présentent au monde sur les fronts de la paix, de la sécurité et de l’éradication de la pauvreté, la communauté internationale avait fait preuve d’une vision responsable.  Les tragiques événements du 11 septembre 2001 ont mis en relief la nécessité d’une réponse collective à cette menace globale que constitue le terrorisme.  L’Algérie, a-t-il rappelé, a eu à faire face seule durant une décennie à ce fléau des temps modernes et elle a œuvré pour la conclusion de Conventions sur la lutte antiterroriste au sein des organisations régionales africaine, arabe et islamique auxquelles elle appartient.  Ces conventions ont grandement contribué au renforcement du cadre juridique international nécessaire à toute action de coopération internationale efficace dans la lutte contre le terrorisme.  Nous croyons qu’il est urgent d’adopter une convention globale sur la lutte contre le terrorisme qui constituerait le cadre normatif au sein duquel viendront se conjuguer les différents accords de coopération en la matière, et ceci exige que nous dépassions nos divergences en ce qui concerne une définition du terrorisme, acceptable par tous, et qui évite des amalgames.  Nous refusons en particulier toute association de l’Islam avec les activités terroristes, tout comme il nous sera impossible d’assimiler à un terrorisme les combats que mènent les peuples privés de leurs droits, a souligné M. Bouteflika. 


La communauté internationale a défini les conditions du retour d’une paix juste et durable en Palestine et au Moyen-Orient, conditions qui s’articulent autour du rejet de la violence, de la relance du processus de négociation fondé sur le principe de la paix contre la terre, et l’affirmation du droit du peuple palestinien à établir un Etat à l’intérieur de frontières reconnues et sécurisées, vivant en paix avec Israël.  M. Bouteflika a rappelé l’initiative arabe de Beyrouth qui a défini les contours d’un tel règlement, fondé sur la légalité internationale et le principe de l’échange de la terre contre la paix et a estimé que seule la satisfaction des droits nationaux légitimes du peuple palestinien permettra de restaurer la paix, la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient.  Le Président algérien a abordé ensuite la question de l’Iraq, soulignant les développements positifs qui viennent de se produire et qui permettent d’espérer qu’à la logique de la guerre se substituera la logique de la paix.  En acceptant le retour sur son territoire des inspecteurs des Nations Unies, l’Iraq a marqué sa disposition et son engagement à coopérer avec la communauté internationale pour que soit définitivement close la question des armes de destruction massive.  Cette décision courageuse du Gouvernement iraquien doit en toute logique conduire à la levée définitive des sanctions qui ont durement frappé le peuple iraquien, a jugé le Président algérien.  Evoquant ensuite la question du Sahara occidental, M. Bouteflika a estimé que la communauté internationale ne peut rester indifférente au sort du peuple sahraoui, ni accepter que la mise en œuvre loyale et intégrale du Plan de règlement et des accords de Houston ne soit constamment reportée.  L’Algérie, a-t-il précisé, souhaite que ses relations avec ses voisins ne soient pas hypothéquées par ce différend et que l’Union du Maghreb arabe puisse renouer avec ses activités et développer une relation confiante et fructueuse entre tous les pays de la région.


Abordant la question des défis posés au monde en développement par la mondialisation, M. Bouteflika a rappelé que la présente session se tient dans le prolongement de la Conférence internationale sur le financement du développement et du Sommet de Johannesburg qui ont marqué deux étapes déterminantes pour l’avenir de la coopération internationale au service d’un développement durable équilibré et équitable.  Le droit au développement doit figurer au centre de nos préoccupations et de nos efforts en matière de coopération internationale, a clamé le Président algérien, prônant des partenariats multiples et rénovés entre le Nord et le Sud basés sur le partage des responsabilités et des avantages.  M. Bouteflika a plaidé pour une internationalisation optimale des courants d’investissements étrangers directs, pour l’accroissement significatif de l’aide publique au développement, pour le traitement du lourd fardeau de l’endettement, pour l’ouverture des marchés aux pays du Sud et pour la refonte de l’architecture financière internationale afin de permettre une plus grande participation des pays en développement.


M. JOSE MARIA PEREIRA NEVES, Premier Ministre du Cap-Vert, a déclaré que l'onde de choc de la catastrophe du 11 septembre 2001 s'était étendue sous toutes les latitudes.  Elle est ressentie sur le plan économique avec la baisse de la croissance, l'accroissement des dépenses pour la défense et la sécurité et a des conséquences sur la répartition des ressources.  La sécurité internationale est désormais centrale pour les relations entre Etats et pour l'action des Nations Unies.  Un monde plus juste est un monde plus sûr.  Il est impossible de faire régner un climat de paix et de sécurité alors que plus de la moitié de la population mondiale est victime de la pauvreté, de la malnutrition, de maladies et d'ignorance.  La communauté internationale doit s'engager davantage pour réaliser les objectifs du Sommet du Millénaire, car les Sommets de Monterrey et de Johannesburg ont, pour l'instant, eu des résultats relativement modestes.  Si les décisions prises lors de ces Sommets sont mises en application, les attentes engendrées par ces Sommets seront alors comblées.


Le Cap-Vert reconnaît les efforts des Nations Unies pour aider au développement des pays les moins avancés et des petits Etats insulaires.  Mon pays a remporté quelques batailles sur la voie du développement social et économique et est placé dans une position privilégiée dans le dernier rapport des Nations Unies sur le développement humain.  Mais nous souffrons d'un déficit budgétaire permanent, le taux de chômage est élevé, et la pauvreté frappe une partie importante de la population.  En tant que petite île dotée de faibles ressources naturelles, d’une production nationale limitée et d’une forte dépendance vis-à-vis de l'extérieur pour les flux financiers, nous devons de plus faire face aujourd'hui à de très rares pluies.  L'année qui vient s'annonce difficile et le Gouvernement a pris des mesures d'urgence pour protéger de la sécheresse les plus défavorisés.  A cet égard, nous appelons à la solidarité de la communauté internationale.  En même temps, nous sommes heureux de noter des signes positifs sur le continent africain, comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), des avancées vers la paix en Angola, au Sierra Leone et dans la région des Grands Lacs, et un renforcement de la coopération des Nations Unies avec l'Afrique.


M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Samoa, a déclaré que son pays soutenait la résolution 1373 du Conseil de sécurité contre le terrorisme.  Samoa a adopté des politiques appropriées et une législation nationale favorables à la lutte contre le terrorisme, et nous allons passer en revue nos dispositions nationales, de manière à les rendre compatibles avec les travaux du Comité des Nations Unies sur le terrorisme.  L’Iraq continue de violer les résolutions du Conseil de sécurité, et nous encourageons les efforts que déploie le Secrétaire général en vue d’amener Bagdad à les respecter.  Nous pensons que ce respect des résolutions de l’ONU doit être total, sans conditions et sans délais.  Concernant les armes de destruction massive, Samoa vit dans une région où ont eu lieu de nombreux essais nucléaires.  Nous avons connu la peur nucléaire.  C’est pourquoi, le Traité de Rarotonga a déclaré le Pacifique Sud zone exempte d’armes nucléaires.  Nous lançons un appel aux Etats qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les protocoles relatifs à ce Traité.


Concernant le développement durable, l’année 2002 a vu se déployer de nombreux efforts internationaux visant à réaliser les objectifs de la Déclaration du Millénaire.  A Monterrey, nous avons pu arriver à un consensus sur le financement du développement, et à Johannesburg, nous sommes parvenus à un accord sur un plan visant à mettre en œuvre le développement durable dans tous les pays.  En tant que Président de l’Alliance des petits Etats insulaires en développement (AOSIS), Samoa note avec satisfaction que le Plan d’application de Johannesburg comprend des dispositions favorables au développement des petits Etats insulaires qui font face à une menace immédiate, celle du changement climatique.  Nous nous félicitons qu’à Johannesburg, des pays comme la Fédération de Russie, la Chine, l’Inde et le Canada aient annoncé leur intention de ratifier le Protocole de Kyoto.


M. HALLDOR ASGRIMSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l’Islande, a réaffirmé la détermination de son pays à coopérer avec les Nations Unies, les Etats Membres et les autres organisations internationales, dans la lutte contre le fléau du terrorisme.  Il a exhorté les Etats Membres à ratifier et faciliter ainsi l’entrée en vigueur des principaux instruments internationaux relatifs au terrorisme et a souhaité que cette session s’achève avec l’adoption du projet de convention internationale contre le terrorisme.  Abordant les questions de sécurité, de paix et de stabilité, le Ministre a estimé que les Etats Membres devaient se plier aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et, tout en se félicitant de la décision prise hier par le Gouvernement iraquien de coopérer pleinement avec les Nations Unies en garantissant un accès sans conditions aux inspecteurs en désarmement, il a jugé qu’il fallait demeurer vigilant dans le suivi de cet engagement.  S’agissant de la situation au Moyen-Orient, il a estimé nécessaire que la communauté internationale s’investisse davantage afin d’aider les deux parties à renouer avec le dialogue et il a salué les initiatives prises par le «Quartet» ainsi que la proposition de paix saoudienne.  Les négociations devraient reprendre en vue de parvenir à un accord qui garantisse la sécurité et la prospérité aux Israéliens et aux Palestiniens, et qui mette fin à l’occupation sur la base des résolutions 242 et 338 en garantissant en outre la coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. 


Evoquant la création récente de la Cour pénale internationale, le Ministre a appelé tous les Etats qui ne l’ont pas fait à adhérer au Statut de Rome afin de lutter contre l’impunité des crimes internationaux les plus graves.  Il faut faire preuve de vigilance constante pour garantir le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et toutes les mesures prises, y compris dans le cadre des efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, doivent se conformer au droit international.  Il a également insisté sur la protection des femmes et des enfants dans plusieurs pays de la planète, jugeant que les femmes sont les plus vulnérables en raison des conflits, de la traite, des trafics d’êtres humains et sont souvent exposées au VIH/sida.  La Déclaration et le Plan d’action de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants en mai 2002 doivent être mis en œuvre scrupuleusement par les Etats Membres, a ajouté le Ministre, jugeant également essentiel que les pays les plus pauvres puissent bénéficier d’une croissance équitable et durable, conformément à ce qui a été convenu à Monterrey et à Johannesburg.  Il nous appartient de veiller à la mise en œuvre des engagements en faveur du développement durable.  C’est dans cet esprit que l’Islande s’est engagée à Johannesburg à transférer ses technologies et à renforcer les capacités des pays en développement en matière de gestion des ressources biologiques marines et de développement des énergies renouvelables et propres, conformément aux dispositions du Protocole de Kyoto. 


M. JIGMI YOSER THINLEY, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan, a déclaré que les Nations Unies devaient continuer à jouer un rôle central et décisif en guidant nos actions pour éliminer le terrorisme.  Chacun d'entre nous doit prendre toutes les mesures possibles pour s'en protéger sur le plan national, mais c'est par une action multilatérale que nos efforts individuels, nationaux et régionaux seront payants.  La lutte contre le terrorisme doit continuer à nous unir.  Le plus grand défi des Nations Unies est de permettre l'instauration d'un nouvel ordre économique mondial, qui soit équitable, durable et qui n'exclut personne.  Car aujourd'hui, tous les pays n'ont pas les moyens de profiter de la mondialisation.  Sans une assistance adaptée pour les aider à concrétiser leurs priorités fondamentales de développement, beaucoup de pays en voie de développement continueront à souffrir de marginalisation.


Dans ce contexte, nous nous félicitons d'une avancée comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et nous espérons le soutien de la communauté internationale.  Ce programme est particulièrement important pour les pays qui viennent de subir un conflit et pour qui la restauration des structures économiques et sociales est une condition première à l'établissement d'une paix durable.  Ce n'est pas une vision qui manque dans la lutte contre les problèmes socioéconomiques qui affectent la communauté internationale.  La Déclaration du Millénaire définit très clairement les cibles et les stratégies pour réduire la pauvreté, assurer un développement durable et stopper des maladies comme le VIH/sida, la malaria et la tuberculose.  Ce qui nous manque, c'est la volonté politique.  Exprimant sa gratitude aux Nations Unies et aux pays donateurs qui ont contribué au développement de son pays, le Ministre a indiqué que le Bhoutan continue d'être guidé dans sa volonté d'augmenter son "bonheur national brut", et pas seulement son "produit national brut".  Nous pensons qu'il est de la responsabilité du Gouvernement de créer un environnement dans lequel chaque citoyen aurait une chance raisonnable de trouver le bonheur.


M. TONINO PICULA, Ministre des affaires étrangères de la Croatie, a souhaité que la résolution 1373 soit réellement mise en œuvre pour que le fléau du terrorisme soit éradiqué et pour assurer la paix et la sécurité internationales.  Il a exhorté les Etats Membres à reprendre les négociations sur le projet de convention internationale sur la lutte contre le terrorisme.  Pour lutter contre le terrorisme, il faut également mettre un terme aux conflits régionaux qui sont le terreau du terrorisme, a jugé le Ministre, et en particulier mettre un terme au conflit au Moyen-Orient.  La violation des résolutions du Conseil de sécurité ne peut être tolérée, a-t-il poursuivi, estimant que le Gouvernement iraquien doit se plier aux conditions définies dans les résolutions des Nations Unies concernant le désarmement.  Abordant les questions de maintien et de rétablissement de la paix, il a considéré que les Nations Unies doivent encourager la prévention des conflits en intervenant en amont pour éviter que les conflits ne s’aggravent.  A ce titre, il est nécessaire de procéder à une réforme du Conseil de sécurité et de poursuivre les consultations régulières établies entre le Conseil et les pays contributeurs de contingents. 


S’agissant de la mise en œuvre intégrée et coordonnée des résultats des grandes conférences et sommets des Nations Unies consacrés au développement afin de remplir les objectifs de développement du Millénaire d’ici à 2015, le Ministre a jugé nécessaire de renforcer le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC).  Les consultations entre l’ECOSOC et les institutions de Bretton Woods doivent être intensifiées, tout comme celles entreprises avec les institutions de développement des Nations Unies, a souligné le Ministre, saluant en outre la création en juillet dernier d’un mécanisme de désignation de groupes consultatifs ad hoc pour les pays africains sortant d’un conflit.  Les Nations Unies doivent s’investir pour rendre plus équitables les bénéfices de la mondialisation et pour inverser les tendances actuelles en mobilisant les ressources financières nécessaires afin de réaliser les objectifs définis à Monterrey et à Johannesburg.  Evoquant ensuite la coopération régionale, le Ministre l’a qualifiée de prioritaire pour la Croatie, notamment dans le cadre des efforts visant à assurer le retour volontaire des réfugiés et à améliorer les relations avec la République fédérale de Yougoslavie.  A cet égard, il a fait observer que le seul point de désaccord entre les deux pays demeure la délimitation des frontières maritimes et terrestres dans la région de Prevlaka mais s’est dit convaincu que cette question est sur le point d’être réglée.  Le Ministre a dès lors jugé que la présence de la Mission des Nations Unies à Prevlaka doit prendre fin à l’expiration du mandat actuel car elle a atteint ses objectifs.  Il a demandé à la communauté internationale d’arrêter et de traduire en justice Karadzic et Mladic, tout en souhaitant que la Cour pénale internationale contribue à mettre fin à l’impunité des crimes contre l’humanité. 


Mme ANA PALACIO, Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, a déclaré que le défi du XXIème siècle était de rétablir la primauté du droit dans les relations internationales.  L'Espagne est d'ailleurs candidate à un siège au Conseil de sécurité et s'engage à consacrer son mandat à ce louable objectif, si elle est élue.  Les Nations Unies sont le centre de gravité des relations internationales et doivent imposer par la force, s'il le faut, les décisions prises par la communauté internationale.  Le terrorisme montre combien nous devons réagir avec fermeté.  Chaque attentat terroriste est une attaque contre nous tous et contre les fondements mêmes des Nations Unies.  La résolution 1373 du Conseil de sécurité place la lutte contre le terrorisme sur un nouveau plan, nous

indiquant que la coopération de la communauté internationale est indispensable

pour combattre ceux qui attaquent les valeurs fondamentales de la vie, de la et de la liberté.  L'importance croissante du droit international a des effets directs

sur l'action de cette Organisation en faveur des droits de l'homme et, notamment, en ce qui concerne les violences à l’encontre des femmes.  A cet égard, la Cour pénale internationale sera un instrument très important pour s'assurer que ces crimes ne resteront pas impunis.  Dans ce souci de faire triompher le droit, nous devons faire particulièrement attention aux défis posés par les nouvelles technologies, notamment la biotechnologie.  L'Espagne a ratifié le Traité d'Oviedo qui interdit le clonage.  Il faut aller encore plus loin.


L'Espagne suit avec attention la situation en Iraq, et espère que le retour des inspecteurs pourra se faire sans condition et que les résolutions du Conseil de sécurité seront enfin appliquées.  Le régime iraquien doit détruire ses armes de destruction massive, sous le contrôle de la communauté internationale.  C'est la seule solution pour que les sanctions contre l'Iraq soient levées.  Dans cet esprit, la communauté internationale doit accepter ses responsabilités pour s'assurer que les résolutions du Conseil de sécurité sont bien appliquées.  Les habitants de nos Etats ne comprennent pas que certaines crises s'éternisent, je pense notamment à ce qui se passe au Moyen-Orient.  Les résolutions des Nations Unies établissent un cadre pour la paix.  Combien seront encore nécessaires?  Il est urgent, a souligné la Ministre, d'avancer dès maintenant dans le processus de paix.  L'Espagne est un partenaire privilégié pour les pays du Maghreb, cela signifie que le maintien d'excellentes relations avec le Maroc est très important pour l'Espagne.  Je tiens à rappeler ici que les communautés autonomes de Ceuta et Melilla font partie intégrante de l'Espagne et font donc partie de l'Union européenne.  Concernant Gibraltar, les Gouvernements d'Espagne et du Royaume-Uni ont continué leurs négociations et ont avancé sur la voie d'un accord global.  Le moment est venu de résoudre ce problème.  Les mesures prises dans l'enceinte des Nations Unies doivent être appliquées, et nous ferons tout notre possible pour que les mots se transforment en actes.


M. SURAKIART SATHIRATHAI, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a déclaré qu’il n’y a pas trace d’activités terroristes en Thaïlande.  Notre Gouvernement prend des mesures pour qu’aucun réseau terroriste ne s’implante dans notre territoire, et la Déclaration commune signée entre les Etats-Unis et les pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) témoigne de notre détermination commune et régionale à combattre le terrorisme.  La paix ne peut être considérée comme un acquis permanent.  Nous exhortons l’Iraq à se conformer aux résolutions pertinentes de l’ONU de manière inconditionnelle et sans aucune réserve, et dans le même temps, nous sommes convaincus que des efforts diplomatiques menés dans le cadre des Nations Unies constituent le meilleur moyen de parvenir à une solution au problème iraquien.  Nous sommes heureux que le Secrétaire général ait reçu hier une lettre du Gouvernement de l’Iraq sur le retour des inspecteurs.  Au niveau régional, la Thaïlande est honorée d’accueillir les pourparlers de paix qui se sont engagés entre le Gouvernement du Sri Lanka et le Mouvement de libération des Tigres de l’Eelam-Tamoul (LTTE).  Ces négociations ont lieu en ce moment même, du 16 au 18 septembre.  Le fléau de la drogue, qui prive nos peuples de liberté et les soumet à la peur, aux besoins, et à la pauvreté, et la pandémie du VIH/sida, sont des menaces graves pour la sécurité internationale.  Au cours de la 15ème Conférence internationale sur le VIH/sida qu’elle accueillera en 2004, la Thaïlande espère partager son expérience avec les autres pays sur la manière de faire face aux problèmes multidimensionnels de la pandémie, notamment la prévention, le traitement, les soins et le soutien à apporter aux séropositifs et aux malades.


Concernant les questions économiques, la communauté internationale a démontré son engagement à réaliser les objectifs du Millénaire lors des Sommets de Bruxelles, de Doha, de Monterrey et de Johannesburg.  Le Consensus de Monterrey a tracé la voie de la promotion de meilleurs partenariats et d’une meilleure cohérence dans les programmes entre gouvernements et institutions internationales, en particulier financières.  Notre pays est fier d’être cité en exemple en ce qui concerne la coordination et les partenariats dans les efforts visant le renforcement des capacités nationales.  Nous estimons que ce renforcement des capacités est indispensable aux pays en développement s’ils veulent participer efficacement aux négociations et aux accords bilatéraux et multilatéraux dans le domaine commercial.  A cet égard, nous lançons un appel à la communauté internationale pour que l’Institut international pour le commerce et le développement, créé conjointement par la Thaïlande et la CNUCED à Bangkok après la tenue de la Xème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED X), serve de lien efficace entre la CNUCED, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en matière de renforcement des capacités humaines. 


M. MIKHAIL KHVOSTOV, Ministre des affaires étrangères de la République du Bélarus, a déclaré que pour parvenir au développement durable, le Bélarus doit d’abord faire face aux conséquences de la catastrophe de Tchernobyl et les surmonter, ce désastre demeurant la plus grande catastrophe nucléaire et radiologique du siècle dernier.  Les pertes économiques que notre pays a subies à la suite de cette catastrophe s’élèvent à 235 milliards de dollars, et le Gouvernement du Bélarus a déjà investi 13 milliards de dollars dans la  restauration des régions affectées par le désastre.  La santé des populations de la région touchées par la catastrophe continue cependant de nous causer beaucoup de soucis.  Nous regrettons que les problèmes nés de l’accident de Tchernobyl reçoivent de moins en moins l’attention de la communauté internationale, et que le Bélarus soit de plus en plus contraint d’y faire face tout seul.  Nous avons à maintes reprises demandé que les programmes que nous recevons soient moins orientés vers les aspects humanitaires mais beaucoup plus axés sur la reconstruction et la promotion du développement durable des régions sinistrées.  Les orientations prises par les institutions du système de l’ONU nous encouragent à cet égard.  Nous sommes encouragés par les actions menées par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M Kenzo Oshima, et nous accueillons avec satisfaction les travaux du Groupe interinstitutions des Nations Unies sur Tchernobyl, qui visent à créer un Conseil de recherche internationale sur Tchernobyl qui sensibiliserait la communauté internationale sur les conséquences et les effets à long terme des radiations sur les êtres humains sur l’environnement au Bélarus.


La paix, la sécurité et la stabilité sont indispensables au développement durable.  Malheureusement, l’année qui s’achève a montré que ces valeurs demeurent extrêmement fragiles.  L’escalade des confrontations au Moyen-Orient risque de faire de cette région l’épicentre d’une collision entre civilisations.  La création du Quartet chargé de la question du Moyen-Orient, et le travail accompli par ce Groupe de travail inspirent cependant un certain optimisme, notamment en ce qui concerne le consensus qui existe sur la nécessité de l’existence de deux Etats, Israël et la Palestine, côte à côte à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.  Ce consensus est renforcé par la teneur des résolutions des Nations Unies, juridiquement contraignantes, qui existent sur

cette question.  Concernant l’Afghanistan, nous estimons qu’il n’y a pas

d’alternative au processus de paix qui y est actuellement en cours.  Les efforts qui y sont menés devraient faciliter la création d’un pays stable qui soit un partenaire prévisible dans le tissu des relations internationales.  Le Bélarus souhaite participer à ces efforts, et nous avons en particulier participé à l’acheminement, de l’Europe à l’Afghanistan, de l’aide humanitaire, et au transport des contingents de la Force internationale d’assistance à la sécurité.


M. DAH OULD ABDI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de Mauritanie, a souligné que le terrorisme n'est plus un phénomène marginal mais un problème essentiel qui ignore les frontières.  La Mauritanie soutient sans réserve les résolutions pertinentes de l'ONU et réaffirme sa détermination quant à leur application.  Le rôle des Nations Unies dans la recherche de la paix et de la stabilité doit être renforcé.  Personne ne doit donner l'impression que la lutte contre le terrorisme est une campagne d'une civilisation contre une autre.  Bien au contraire.  Dans ce cadre, nous soutenons les efforts répétés pour l'instauration de la paix au Moyen-Orient.  L'initiative de paix arabe adoptée au Sommet de Beyrouth constitue le cadre idéal pour une paix globale.  Nous considérons avec intérêt la vision du Président Bush de la coexistence de deux Etats indépendants: un Etat palestinien et un Etat israélien.  Nous appelons au retrait immédiat d'Israël de tous les territoires de l'Autorité palestinienne.


La Mauritanie exprime son opposition à l'utilisation de la force contre l'Iraq et son soutien à la recherche d'une solution pacifique.  Nous demandons la levée de l'embargo contre l'Iraq, imposé depuis 12 ans sur la population iraquienne.  Tout comme nous demandons la levée de l'embargo contre la Libye.  En ce qui concerne le Sahara occidental, mon pays soutient les efforts des Nations Unies en vue de trouver une solution définitive.  Nous saluons la naissance du NEPAD qui va renforcer la coopération régionale et sommes heureux de l'engagement de la communauté internationale.  La violence et l'extrémisme sont la conséquence de la pauvreté.  La communauté internationale doit donc assurer les pays du Sud de son soutien stable.  Pour sa part, la Mauritanie a avancé sur la voie du développement durable et la lutte contre la pauvreté.  Des succès en matières d'éducation, de santé et d'accès à l'eau ont été remportés.  La lutte contre l'analphabétisme a été l'un des points forts de notre action.


M. CARLOS RUCKAUF, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l’Argentine, a déclaré que son pays continuerait de fournir des troupes aux opérations de maintien de la paix décidées par le Conseil de sécurité de l’ONU : l’Argentine réaffirme son attachement à la défense des droits de l’homme et aux activités que mènent les Nations Unies dans ce domaine partout dans le monde.  Nous sommes heureux à cet égard de l’entrée en vigueur du Statut de Rome, dont nous sommes l’un des coauteurs.  Notre pays sort d’une sévère crise économique et financière, mais nous préservons notre option libérale et d’adhésion à l’économie de marché comme nous l’avons fait au cours des 12 dernières années.  Nous allons donc continuer à participer aux négociations commerciales multilatérales qui ont lieu dans le cadre de l’OMC et nous allons entreprendre des réformes visant à faire de notre économie une économie résolument tournée vers l’exportation de biens et de services.  Mais pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que nos produits aient un accès garanti aux marchés des pays développés qui, pour le moment, ne sont pas ouverts.  La Conférence de Monterrey a clairement souligné la nécessité de l’ouverture des marchés, qui est une des conditions essentielles de la réduction de la pauvreté.  Il est

indispensable que les engagements contenus dans le Consensus de Monterrey soient traduits en actes et ne restent pas de simples mots.  Nous demandons que les barrières tarifaires imposées aux produits agricoles soient abolies et que les subventions versées par les Etats du Nord à leurs agriculteurs soient éliminées.  En 2002, les subventions versées à l’agriculture se sont élevées à 325 milliards de dollars.  80% de ces subventions, qui faussent les lois du marché et de la compétition, ont été versées par l’Union européenne, les Etats-Unis et le Japon.  Les pays en développement ne demandent pas l’aide publique, qui ne fait qu’alourdir leur service de la dette, mais plutôt un commerce juste.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a souligné que la mondialisation avait confronté le monde en développement à de nombreux problèmes.  Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 ont également bouleversé la donne internationale et laissé apparaître de nouvelles tendances qui peuvent s’avérer dangereuses pour la stabilité internationale.  Il est nécessaire d’établir une distinction claire entre la lutte légitime des peuples pour leur autodétermination et le terrorisme.  Le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à travailler de façon transparente et à ne plus être sélectif en raison du droit de veto dont dispose une minorité d’Etats Membres.  Les résolutions du Conseil de sécurité doivent s’appliquer à tous sans exception et nous refusons la politique des « deux poids, deux mesures » qui encourage Israël à violer les résolutions alors que les populations arabes en Palestine et dans le Golan syrien souffrent de l’occupation, a-t-il ajouté.  Il a protesté contre la réoccupation des villes palestiniennes par les forces israéliennes qui ont procédé à des violations caractérisées du droit international humanitaire notamment à Djénine et à Gaza.  Israël doit appliquer les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale qui reconnaissent le droit du peuple palestinien à disposer d’un Etat indépendant.  Il a ensuite mis en garde contre l’arsenal nucléaire dont dispose Israël qui refuse d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et a demandé à la communauté internationale de faire pression sur Israël afin qu’il soumette ses installations aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). 


Le représentant s’est félicité de la reprise du dialogue entre l’Iraq et les Nations Unies qui doit permettre de lever les sanctions contre l’Iraq dans la mesure où ce pays s’est engagé à accueillir les inspecteurs en désarmement.  M. Al-Nasser a souligné les déséquilibres de développement causés par la faiblesse de l’aide publique au développement, par le poids de la dette et par le protectionnisme des marchés des pays riches.  Il a estimé que le processus de développement humain durable doit passer par la mobilisation de ressources financières, conformément à l’engagement pris à Monterrey. 


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