LES PRESIDENTS DU NIGERIA, DE L’AFRIQUE DU SUD, DE L’ALGERIE, DU SENEGAL ET LE MINISTRE EGYPTIEN DES AFFAIRES ETRANGERES PARTICIPENT A UNE TABLE RONDE SUR LE NEPAD
Communiqué de presse AG/1318 |
Réunion plénière de haut niveau de
l’Assemblée générale pour examiner
quel appui apporter au Nouveau Partenariat
pour le développement de l’Afrique
Table ronde informelle
LES PRESIDENTS DU NIGERIA, DE L’AFRIQUE DU SUD, DE L’ALGERIE, DU SENEGAL ET LE MINISTRE EGYPTIEN DES AFFAIRES ETRANGERES PARTICIPENT A UNE TABLE RONDE SUR LE NEPAD
Le NEPAD invité à mettre en œuvre ses programmes
politiques et à définir le cadre de ses institutions régionales
MM. Olusegun Obasanjo, Président de la République du Nigéria, Thabo Mbeki, Président de la République sud-africaine, Abdelaziz Bouteflika, Président de la République démocratique populaire d’Algérie, Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal, et Ahmed Maher El Sayed, Ministre des affaires étrangères de l’Egypte, ont abordé cet après-midi la question du partenariat de la communauté internationale avec le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dans le cadre d’une table ronde de haut niveau de l'Assemblée générale -modérée par M. Mark Malloch Brown, Administrateur du PNUD et Président du Groupe des Nations Unies pour le développement- pour examiner le type d’appui qui peut être apporté au NEPAD.
Introduisant les débats, M. Malloch Brown a souligné qu’ils avaient pour objectif de nous aider à passer de l’appui à une coordination cohérente à une véritable exécution et mise en oeuvre. Le Président nigérian a rappelé que le mot clef de NEPAD était le partenariat, et qu’en ce domaine, bien que les dirigeants africains soient conscients qu’il s’agit d’un programme africain destiné à des problèmes africains, jamais nous n’aurons assez de partenaires pour permettre la mise en ouvre de ce programme. Pour sa part, le Président sud-africain s’est dit heureux de constater que, dans un certain nombre de domaines thématiques, les institutions spécialisées des Nations Unies ont déjà trouvé des terrains de coopération entre elles. Le Président du Sénégal a insisté sur la nécessité d’avoir la bonne et même interprétation du NEPAD. Il nous faut un effort de communication de sorte que ceux qui veulent coopérer avec l’Afrique sachent mieux ce qu’est le NEPAD. Tout est une question d’organisation, cela veut dire qu’au niveau des Africains et des partenaires, il faudra mobiliser toutes nos ressources humaines en créant des commissions locales pour traiter les problèmes à l’échelon régional. Il faut d’abord avoir des projets, nous verrons ensuite comment les financer avec nos partenaires. De l’avis du Ministre des affaires étrangères égyptien, l’Afrique doit prendre en charge son propre destin et établir elle-même ses grandes orientations. L’Afrique demande au monde de lui apporter son concours, sachant que les problèmes qui lui sont propres ne peuvent être réglés que par le partenariat.
Parmi les autres intervenants, le Vice-Ministre italien des affaires étrangères, la Ministre de la coopération du Royaume-Uni et les représentants de la France et des Etats-Unis se sont félicités de la crédibilité du NEPAD comme programme de développement de l’Union africaine capable de donner une impulsion à toute initiative dans ce domaine, à condition qu’il sache respecter les principes de la bonne gouvernance, des libertés politiques et économiques et encourager la participation de la société civile et du secteur privé. Ils ont évoqué les motivations du programme d’action du G-8 pour soutenir le NEPAD et la nécessité d’aboutir à une description des outils et instruments que l’on souhaite utiliser.
Le représentant italien s’est plus particulièrement engagé à promouvoir le concept du NEPAD auprès du secteur privé italien et d’atteindre l’objectif européen en matière d’aide publique au développement (APD de 0,39% de son PIB d’ici à 2006. Il a évoqué un projet de taxe italienne qui mettrait au service du développement de nouvelles ressources. Le représentant de la France a, quant à lui, mis l’accent sur la nécessité urgente de définir ce que l’on entend par bonne gestion économique et financière, transparence et lutte contre la corruption, ainsi que par le développement de l’état de droit la promotion des droits et libertés individuelles. La Ministre britannique de la coopération a précisé que son pays dépensera 1 milliard de livres d’ici à 2006 en faveur du développement et que des consultations vont être organisées avec les pays africains pour voir comment cet argent peut-être dépensé. Le NEPAD est un instrument politique et non un instrument financier, a tenu à préciser la Ministre allemande de la coopération, tout en soulignant la nécessité d’informer les parlementaires africains sur les réalités du NEPAD et de les y impliquer. La représentante du Danemark a formé le vœu que le NEPAD se consolide en commençant à mettre en œuvre ses programmes politiques et à investir dans des programmes de développement aux niveaux sous-régional et régional.
En ce qui concerne la contribution des représentants d’institutions spécialisées des Nations Unies, le Haut Commissaire pour les réfugiés a déclaré que la première condition de réussite était la paix et la sécurité. Il s’est demandé comment les réfugiés pouvaient être inclus dans les programmes de développement nationaux compte tenu de l’importance de ce phénomène sur le continent africain. La Directrice exécutive de l’UNICEF a rappelé que l’Afrique à elle seule connaît un taux de mortalité maternelle de 50% et le nombre le plus élevé des cas de VIH/sida. Elle s’est demandée comment coordonner nos compétences afin d’éviter les chevauchements et les doubles-emplois pour gagner en efficacité dans la lutte contre la pandémie du VIH/sida et dans la promotion de l’éducation des filles. Soulignant la nécessité de disposer d’un véritable capital humain, laDirectrice exécutive du FNUAP a estimé qu’il serait utile pour le NEPAD de développer les compétences nationales. A cet égard, elle a demandé des précisions sur les orientations sociales du NEPAD. Le Directeur régional pour l’Afrique de l’OMS a déclaré que l’Organisation mondiale de la santé ne demande qu’à être guidée par les dirigeants africains pour gagner en efficacité.
Répondant à une question sur les moyens de mieux associer la société civile, les dirigeants africains ont regretté les faibles capacités de la société africaine qui n’a pas les moyens de s’organiser de façon à ce qu’elle puisse intervenir efficacement. La capacité à soutenir la participation est limitée et témoigne de l’insuffisance en Afrique dans ce domaine. Au sujet de la mise en œuvre, ils ont souligné qu’il est nécessaire que des initiatives soient prises au niveau régional. Mais il faut définir l’interaction, trouver les moyens de coordination au niveau africain, désigner une institution chargée de la coordination pour une meilleure efficacité de la mise en oeuvre des programmes. En ce qui concerne l’examen par les pairs, il faut un mécanisme crédible qui ne soit pas soumis à des pressions politiques. De l’avis des dirigeants africains, la Commission pour le développement de l’Afrique ou la Banque africaine de développement présentent les compétences requises. Nous sommes en train d’identifier les personnes qui pourraient faire partie du groupe de personnalités éminentes. Ils ont précisé que la définition de bonne gouvernance adoptée par le NEPAD s’appuie sur la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais, a ajouté le Président Bouteflika, vous ne pouvez nous demander de réaliser en quelques semaines ce que vous avez mis des siècles à réaliser. Sur les moyens d’appliquer le NEPAD aux niveaux régional, sous-régional et national, il a cité la mise en place du mécanisme de revue par les pairs, la réforme des mécanismes de paix et de sécurité, la reforme des systèmes d’éducation et de santé, la réforme de la justice en tant que pouvoir autonome, renforcement de la société civile, et intégration des initiatives dans des normes régionales.
Répondant à une question sur la mobilisation et l’organisation des systèmes des Nations Unies, les membres de la table ronde ont souligné la nécessité de veiller à adapter les programmes des Nations Unies à l’approche du NEPAD, à favoriser la cohérence intersectorielle, et à partager les tâches pour éviter les doubles-emplois.
Le Premier Ministre du Lesotho s’est dit heureux de constater l’accent mis sur la question d’un partenariat entre personnes égales et non entre professeur et élèves. Le représentant de la Banque mondiale a souligné l’importance de la coordination entre les pays africains pour s’assurer que les capacités existent au plan sectoriel. La Directrice-adjointe de la Commission économique pour l’Afrique a précisé que les Nations Unies étaient demandeur d’une meilleure coordination pour mieux répondre aux besoins du NEPAD. La prochaine réunion régionale des institutions du système des Nations Unies se tiendra à Addis-Abeba en octobre prochain, notamment pour répondre à certaines faiblesses et insuffisances en matière de coordination. Le représentant du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) a dit que tout le monde convient que l’agriculture est en crise en Afrique et ne progresse pas assez vite pour atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire d’une part du fait du manque d’attention des politiques nationales et d’autre part de l’insuffisance de l’aide des donateurs. Il faut que l’agriculture retrouve la place qu’elle mérite en matière de lutte contre la pauvreté et la promotion d’une croissance à large base. A cet égard, le Président sénégalais a formé le vœu que l’on trouve un moyen de compenser les pertes de revenus des agriculteurs des pays en développement en raison de la baisse des cours mondiaux.
En conclusion, M. Malloch Brown a précisé qu’il incombe en premier lieu au NEPAD d’investir en matière d’infrastructure. Pour ce faire, il est nécessaire que les pays développés augmentent l’aide publique au développent et les investissements directs.
Dans son discours de clôture, le Président sud-africain et Secrétaire de l’Union africaine a rappelé la nécessité de renforcer les capacités de nos communautés de façon à ce qu’elles puissent être à la hauteur de la tâche qui les attend. Il ne faut pas perdre patience, car nous savons où nous voulons aller. Nous continuerons à nous battre, a-t-il ajouté, pour faire tomber les barrières institutionnelles qui nous isolent. Les victoires doivent être collectives et non plus individuelles. Nous sommes résolus à faire avancer ce processus et nous sommes conscients de la nécessité de communiquer en direction de la communauté internationale pour la guider dans ses engagements et objectifs en faveur du développement.
* *** *