LE PARTAGE INEQUITABLE DES GAINS DE LA MONDIALISATION EST UN TERREAU FERTILE POUR LES EXTREMISMES, ESTIMENT PLUSIEURS DELEGATIONS
Communiqué de presse AG/1315 |
Assemblée générale
9ème séance - après-midi
LE PARTAGE INEQUITABLE DES GAINS DE LA MONDIALISATION EST UN TERREAU FERTILE POUR LES EXTREMISMES, ESTIMENT PLUSIEURS DELEGATIONS
Les petits Etats insulaires en développement ont cet après-midi, dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale, dénoncé «la structure actuelle de l’économie mondiale qui récompense les puissants et punit les faibles». La mondialisation, dont «l’objectif principal devrait être de donner à tous une égalité des chances et d’instituer des mesures de confiance, de libre-échange et de développement durable», a été mise au banc des accusés par les Ministres de Saint-Kitts-et-Nevis et des Bahamas. En effet, comment affronter les vérités terribles d’un marché mondial lorsque des pays sont forcés d’adopter le libre-échange et lorsque les nations les plus riches subventionnent leurs économies nationales? a demandé le Ministre des affaires étrangères et de l'éducation de Saint-Kitts-et-Nevis. Ces Etats ont également déploré que les compagnies pharmaceutiques, qui «pourraient faire bien davantage pour favoriser la mise à disposition de médicaments à faible coût» pour le traitement du VIH/sida, ne le fassent pas. Or ce n’est que lorsque l’on répondra à ces besoins fondamentaux de l’homme, lorsque la faim sera assouvie et que les plus vulnérables seront protégés que nous pourrons disposer d’un monde libéré de la menace de l’anarchie, a estimé le Ministre. Le Ministre de la Belgique a qualifié la misère, l’injustice et l’exclusion de «terreau fertile dans lequel les extrémismes vont puiser».
Plusieurs pays ont regretté que les Sommets des Nations Unies soient impuissants à faire bouger les choses. Pour la République démocratique populaire lao, le Sommet mondial pour le développement durable a échoué dans sa mission de répondre aux aspirations des pays en développement et à relever les défis de la protection de l’environnement et du développement durable. Pour le Ministre belge, après Doha, Monterrey, Rome et Johannesburg, «quand les discours se taisent, quand les avocats de la misère arrêtent leur plaidoyer incantatoire, le malheur reste sur sa faim».
La lutte contre le terrorisme a une fois de plus rallié tous les orateurs, mais plusieurs voix se sont élevées pour souligner les dérives potentielles de ce combat, en termes d’atteintes aux droits de l’homme et d’amalgames regrettables entre terrorisme et certaines religions. Ainsi, selon le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, «la lutte contre le terrorisme ne peut nous conduire à défigurer la qualité de vie démocratique et tolérante et le respect de l’état de droit. Elle implique de garantir en toute circonstance les droits fondamentaux et la protection juridique de chaque homme et de chaque femme. Le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, appuyé en cela par son collègue de la République islamique d’Iran, a condamné certaines tendances dangereuses et pernicieuses qui consistent à lier le terrorisme à des religions ou des cultures spécifiques. La République islamique d’Iran a demandé que soit
convoqué un sommet mondial afin d’établir une définition du terrorisme qui serait acceptable par tous. L’Iran estime en particulier qu’il faut se garder de confondre les actes de terrorisme avec la lutte légitime des peuples sous occupation étrangère pour leur libération.
Les Ministres des affaires étrangères de l’Arménie, de la Grèce, de la Hongrie, de Malte, de l’Angola et d’Andorre se sont également exprimés au cours du débat.
L’Assemblée générale tiendra demain à partir de 9 heures une réunion de haut niveau pour examiner quel appui apporter au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique.
M. LOUIS MICHEL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a déclaré que la haine irrationnelle qui s’est manifestée lors des attentats du 11 septembre portait atteinte à la conception humaniste du monde et que nous ne pouvons laisser le moindre espace à ceux qui veulent briser la promesse d’un monde de justice et de progrès. Mais aujourd'hui nous devons dépasser la peur nous ne pouvons pas réduire le monde à un champs de force simpliste. La lutte contre le terrorisme doit se fonder sur des moyens efficaces mais elle ne peut nous conduire à défigurer la qualité de vie démocratique et elle implique d’assurer les droits fondamentaux et la protection juridique de chaque homme et de chaque femme. C’est une erreur de croire que la lutte contre le terrorisme se réduit à une dimension militaire. Car le terrorisme se nourrit de la misère, de l’injustice, de la pauvreté, de l’exclusion et de l’humiliation et séduit les laissés pour compte d’une société trop vite satisfaite de sa bonne conscience.
A Doha, Monterrey, Rome et Johannesburg, où nous nous sommes penchés sur les problèmes du monde, nous avons tous décelé les mêmes causes et les mêmes solutions à mettre en œuvre. Bien qu’il devrait en conséquence être facile de mettre fin à un monde coupé en deux, à chaque fois, à l’issue de ces réunions, on offre le visage banal de postures creuses et incantatoires. Il nous faut une conception plus élevée de la coopération et les objectifs du Millénaire doivent devenir la référence de toute action des Nations Unies. La Belgique réitère son engagement à élever son aide publique au développement, d’ici à 2010, pour atteindre l’objectif de 0,7% du PNB.
La Belgique est très attachée à la mise en œuvre du programme d’action de Durban, qui constitue un compromis historique sur les causes du racisme. Elle est également attachée à l’universalité du Statut de Rome et exhorte la communauté mondiale, y compris les plus grands, à donner les moyens à ce Tribunal d’exister. Engagée en faveur de la mise en place de mécanismes d’alerte afin de prévenir les conflits, la Belgique souhaite que les ressources qui alimentent les conflits soient mieux contrôlées et que les différents comités de sanction soient améliorés. Le Ministre a enfin lancé un appel aux autorités iraquiennes pour qu’elles exécutent les résolutions des Nations Unies.
M. SOMSAVAT LENGSAVAD, Vice-Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a déclaré que depuis la fin du vingtième siècle, la mondialisation est présentée comme étant source de développement et d’opportunités économiques pour les nations. Cependant, elle pose des défis à la majorité de la population mondiale, en particulier dans les pays en développement, qui sont confrontés à des problèmes de financement et au manque de ressources humaines formées aux nouvelles technologies. Même si les conférences internationales qui se sont tenues récemment offrent une lueur d’espoir, leurs résultats sont loin d’être satisfaisants. En particulier, le Sommet mondial pour le développement durable a manqué de répondre aux aspirations des pays en développement et a échoué à relever les défis de la protection de l’environnement et du développement durable.
Nous sommes réunis avec la conviction que les dirigeants du monde, sous la bannière des Nations Unies, ont la responsabilité de régler les divers différends et de prévenir de nouveaux foyers d’affrontement de même que l’ingérence dans les affaires internes des Etats indépendants.
Nous réitérons nos appels pour la levée du blocus économique et financier à l’encontre de Cuba par les Etats-Unis. En ce qui concerne la situation dans la péninsule coréenne, nous accueillons favorablement la reprise des pourparlers ministériels entre la République démocratique populaire de Corée et la République de Corée, de même que la préparation de négociations entre la République démocratique populaire de Corée, les Etats-Unis et le Japon. Alors que de nombreux pays tirent des avantages de la mondialisation, les petits pays enclavés demeurent marginalisés en raison de leur désavantage géographique qui les empêchent d’être compétitifs sur les marchés internationaux. En dépit de ces obstacles, au cours de l’année écoulée, notre pays a réalisé d’importants progrès socioéconomiques et a contribué au renforcement de la solidarité en Asie du Sud-Est.
M. VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie, a indiqué que les deux aspects du développement, économique et social, doivent être abordés de front afin de contribuer à la paix mondiale et à la sécurité. Les décennies de sommets et de forums sur les maux économiques et sociaux auxquels font face les sociétés modernes ont amplement démontré que des partenariats solides sont nécessaires si l'on veut faire des progrès sérieux. En Arménie, le Gouvernement et la société civile travaillent ensemble afin de mettre en œuvre les décisions de ces forums, mais au niveau international, ce sont les gouvernements et les agences internationales qui doivent fournir les ressources permettant la mise en œuvre des résultats de ces réunions.
L’Arménie est fière de ce que les Arméniens du Haut-Karabakh aient, en pleine lutte pour l’autodétermination, mené à bien des élections présidentielles. Il est évident que seuls des dirigeants démocratiquement élus, jouissant d’un mandat de leur peuple, pourront activement et légitimement participer aux négociations finales concernant le statut de leur peuple. L’autodétermination est un processus qui sera toujours plus légitime si elle est accompagnée par des élections. C’est pourquoi l’Arménie ne comprend pas pourquoi la communauté internationale ne promeut pas une approche sage et qui ne porte préjudice à personne. L’autodétermination et la démocratisation sont en fait inévitables et nécessaires quand de nouvelles entités naissent au sein d’Etats non démocratiques qui ne respectent ni les droits de l’homme et appliquent de façon insatisfaisante les principes de l’ONU. Le Haut-Karabakh n’a jamais été partie intégrante d’un Azerbaïdjan indépendant et que l’on considère la question d’un point de vue historique ou géographique, les habitants de ce territoire ont désormais le droit de vivre en paix sur leurs terres historiques.
M. MARWAN MUASHER, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a indiqué que l’éradication du terrorisme est la tâche commune de toutes les sociétés et de tous les Etats tout en attirant l’attention de la communauté internationale sur certaines tendances dangereuses et pernicieuses à lier le terrorisme à des religions ou des cultures spécifiques. La situation du Moyen-Orient est extrêmement dangereuse. Les mesures israéliennes visant à étrangler économiquement et politiquement le peuple palestinien ont atteint un niveau inadmissible. Il est urgent de régler la situation et nous formulons l’espoir qu’Israël mettra un terme à l’occupation des villes palestiniennes sans autre délai ainsi qu’à sa politique d’isolement et de siège. L’approche israélienne actuelle est irrationnelle. Elle alimente la haine et renforce la spirale de la violence. Le problème israélo-palestinien ne pourra être réglé que par la reprise du processus de paix et le respect des résolutions 242, 338, 425 et 1397 du Conseil de sécurité. A cet égard, la Jordanie se réjouit de l’initiative des dirigeants arabes adoptée à Beyrouth en mars dernier. La Jordanie appuie en outre les efforts déployés pour tracer la voie de l’application des engagements formulés par le Président George W. Bush et estime qu’ils supposent la définition des obligations des parties israéliennes et palestiniennes de même que l’instauration d’un calendrier précis. La création d’un mécanisme d’observation international est également indispensable. Nous formulons l’espoir que cette perspective sera analysée par le Quatuor qui se réunira dans quelques jours à New York pour adopter un plan d’action sur la question.
La Jordanie estime en outre que le meilleur moyen de régler la question iraquienne est d’assurer une application immédiate et complète des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Si ces conditions sont remplies, le peuple iraquien qui souffre depuis longtemps sera épargné d’une action militaire qui aggravera leur situation. Nous invitons également la République islamique d’Iran à répondre aux appels formulés par les Emirats arabes unis pour trouver une solution pacifique au problème des trois îles. Nous lançons aussi un appel pour un règlement pacifique du différend entre l’Inde et le Pakistan en ce qui concerne le Cachemire. Enfin, nous nous félicitons de l’entrée en vigueur du Statut de la Cour pénale internationale.
M. GEORGE PAPANDREOU, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a indiqué que le monde a plus que jamais besoin de Nations Unies fortes mais que c’est aux Etats Membres de respecter les valeurs des Nations Unies et les obligations qui en découlent. La Grèce, après avoir connu plusieurs guerres, la famine, la dictature, la division de Chypre, la désintégration de la Yougoslavie, se félicite d’avoir aujourd’hui une des démocraties les plus stables du monde. La Grèce est en faveur de l’élargissement de l’Union européenne, qui constitue le plus grand projet de paix de la région, et que la Turquie doit pouvoir rejoindre tôt ou tard. C’est grâce au partage d’un ensemble de valeurs démocratiques que l’on pourra isoler les phénomènes comme le terrorisme, et c’est précisément cette communauté de valeurs dont l’Union européenne est porteuse, au-delà de la communauté de nations. La Grèce, qui assumera en 2003 la présidence de l’Union européenne, souhaite saisir cette chance pour renforcer les liens transatlantiques ainsi que les relations avec les voisins des Balkans et de la Méditerranée.
Il y a quelques années, le rapprochement entre la Grèce et la Turquie était impensable. Aujourd’hui, Athènes et Ankara ont conclu des accords dans de nombreux domaines, dont l’énergie. Des progrès indéniables ont été accomplis même si le différend au sujet de Chypre n’est pas encore réglé. La Grèce, soulignant que la grande majorité de la population est en faveur d’un tel règlement, souhaite un règlement politique définitif de la question. De plus, Chypre est critique pour la stabilité de la Méditerranée et du Moyen-Orient, et un accord sur Chypre contribuerait à stabiliser la région. En ce qui concerne la situation en Iraq, le Ministre a demandé à ce pays de respecter les résolutions du Conseil de sécurité et s’est félicité de ce que le Président Bush ait remis la question devant le Conseil de sécurité.
M. LASZLO KOVACS, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a rappelé que son pays est non seulement un partenaire important de la coalition internationale contre le terrorisme mais qu’il a également pris au niveau interne les mesures législatives et les décrets nécessaires à la mise en œuvre des décisions de la communauté internationale. La Hongrie se félicite en outre desrésultats accomplis jusqu’à présent par le Gouvernement afghan avec l’aide de la communauté internationale et continuera d’appuyer sa tâche. En ce qui concerne l’Iraq, nous regrettons que ce pays refuse de coopérer avec les Nations Unies et continue de représenter une menace à la paix et à la sécurité dans la région et dans le monde. La communauté internationale doit répondre à ce fait de façon déterminée et nous travaillerons étroitement avec nos alliés et nos partenaires pour permettre une application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
L’humanité doit relever des défis mondiaux tels que le trafic de drogue, le blanchiment de l’argent, la corruption et le crime international organisé. Les Nations Unies jouent dans ce contexte un rôle majeur et la Hongrie est prête à remplir celui qui lui revient par tous les moyens dont elle dispose dans l’objectif de relever ces défis. L’année 2002 a marqué le début d’un nouveau cycle d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire et nous attendons des sessions annuelles du Comité préparatoire de la Conférence de 2005 qu’elles contribuent au renforcement de tous les aspects de cet instrument juridique tout en assurant son respect universel. La Hongrie regrette cependant que les désaccords sur un programme de travail global aient empêché la Conférence sur ledésarmement d’entamer ses discussions de fonds sur le lancement de négociations d’un traité sur les matières fissiles.
Les événements des douze derniers mois, et notamment l’incident lié à l’anthrax, ont montré l’importance de relever le défi des maladies propagées délibérément. A cet égard, le renforcement des capacités de défense en matière sanitaire est essentiel et la coopération internationale en la matière indispensable pour tous les pays du monde. La Hongrie a soutenu depuis le début la création de la Cour pénale internationale et, en signe de son attachement au Statut de Rome, a décidé de proposer un candidat pour la nomination au poste de juge.
M. JOE BORG, Ministre des affaires étrangères de Malte, a rappelé que son pays apporte un soutien entier à l’initiative franco-allemande contre le clonage des êtres humains à des fins de reproduction. Les débats qui ont pris place dans le cadre du Comité Ad hoc sur les questions philosophiques, médicales, juridiques et éthiques étaient nécessaires et ont souligné la nécessité de répondre aux défis posés par des scientifiques incapables ou peu désireux de reconnaître les profondes implications morales de leurs actions et les dangers que le clonage représente pour l’humanité. Maintenant que nous avons constaté des convergences manifestes, Malte souhaite que le Comité Ad hoc soit investi d’un mandat clair pour négocier une Convention, avec pour objectif de conclure les négociations avant la fin de 2003. Cependant, dans l’attente de cet instrument international, il est impératif que les Etats Membres refusent d’accueillir ces chercheurs qui défient la communauté internationale.
Malte est conscient du rôle que joue le droit international, basé sur les processus multilatéraux, dans la prévention des conflits et la lutte contre les menaces à la sécurité internationale. A cet égard, Malte se félicite de l’entrée en vigueur du Statut du tribunal pénal international, qui trouve son origine dans les atrocités perpétrées au cours du siècle dernier et dans le procès de Nuremberg. Le TPI fournit un cadre efficace, compétent et juste où ceux qui ont perpétré des crimes haineux peuvent être jugés. En ce qui concerne l’Iraq, Malte a déclaré que si ce pays ne respecte pas ses obligations, c’est au Conseil de sécurité que revient la tâche de maintenir la paix et la sécurité internationales. Le Ministre a en conclusion exprimé sa préoccupation face aux inégalités socioéconomiques grandissantes qui caractérisent la région de la Méditerranée et a apporté son soutien au programme Euro-Med mis en place entre l’Union européenne et 12 pays de la Méditerranée pour réduire ce fossé.
M. KAMAL KHARRAZI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a déclaré que, plus que jamais, on peut dire que les nations cherchent à évaluer la portée de leur participation aux affaires mondiales sur la base de leur sécurité nationale mais aussi de leurs responsabilités régionales. Le monde de la diversité nous apprend que les éléments fondamentaux que sont la paix et la justice doivent être au centre de l’attention mondiale. Coopérer dans un cadre multilatéral pour trouver des réponses aux défis communs est désormais indispensable car le monde fait face à des défis graves au premier rang desquels figurent le terrorisme et la violence. Lutter contre ces phénomènes est un impératif qui suppose de comprendre leurs causes et de déployer des efforts concertés pour les éradiquer. Sans justifier le terrorisme ni nier la sévérité des punitions que méritent leurs auteurs, il faut également explorer les problèmes, entre autres, de l’injustice, de la marginalisation, du sous-développement qui sont ses causes profondes. Il faut également convoquer un sommet mondial qui chercherait à trouver une définition complète du terrorisme acceptable par tous. L’Iran estime en particulier qu’il faut se garder de confondre les actes de terrorisme avec la lutte légitime des peuples sous occupation étrangère pour leur libération. En outre, toute campagne qui tend à relier le phénomène du terrorisme aux religions représente une transgression impardonnable contre ces dernières. L’Iran a conclu des accords bilatéraux avec plus de vingt pays pour lutter, notamment, contre le terrorisme et le trafic de drogues.
Le rejet du traité d’interdiction totale des essais nucléaires par un membre permanent du Conseil de sécurité montre la politique d’unilatéralisme de cet Etat. Or, ce n’est qu’en développant le point de vue large du multilatéralisme que des succès en matière de désarmement pourront être garantis. La mondialisation portera des fruits quand elle offrira des chances égales à tous et à la condition que tous les Etats développés s’acquittent de leurs responsabilités. Il faut pouvoir établir un système commun non discriminatoire, ouvert, équitable et reposant sur le droit pour réaliser les objectifs de croissance économique et de développement durable dans les pays. Les brutalités continues dans la Palestine occupée ne peuvent apporter une paix durable au Moyen-Orient. Le peuple palestinien a le droit de persister dans sa lutte pour le rétablissement de ses droits inaliénables. Pour arriver à une paix durable, il faut garantir son droit à l’autodétermination. A la lumière des efforts internationaux, l’ordre civil prend forme en Afghanistan. Cependant, il faudra codifier la constitution sur la base de la tradition afghane et en tenant compte des vues de tous les groupes ethniques et la communauté internationale devra tenir ses engagements pour reconstruire les infrastructures du pays. En ce qui concerne l’Iraq, l’Iran lance un appel pour le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et s’oppose à toute mesure unilatérale ou à une intervention militaire à l’encontre de ce pays. Il estime que le peuple iraquien doit lui-même décider de son avenir par des moyens démocratiques. L’Iran suit en outre la situation entre ses deux voisins, le Pakistan et l’Inde, et lance un appel à faire preuve de retenue et à maintenir le dialogue dans l’intérêt des deux nations.
M. JOAO BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des affaires étrangères de l’Angola, a noté les progrès enregistrés depuis la dernière session, notamment en matière de résolution des conflits et de lutte contre le terrorisme. C’est le signe qu’aucun pays ou région du monde n’est condamné à vivre pour toujours avec le fléau de la guerre, de la terreur ou à voir ses droits bafoués. Ceci reflète la situation de notre pays, l’Angola. Pour la première fois depuis son indépendance, l’Angola jouit d’un climat de paix authentique et irréversible. Les hostilités militaires se sont arrêtées il y a sept mois et l’accord de paix signé le 4 avril dernier a été scrupuleusement respecté. Notre défi principal aujourd’hui consiste à réinsérer dans la société des milliers de combattants, quatre millions de personnes déplacées, des réfugiés et des milliers d’handicapés, d’orphelins de guerre et de veuves.
La paix en République démocratique du Congo est au centre des préoccupations de l’Angola, qui se félicite des initiatives diplomatiques prises dans le cadre de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka. L’Angola pense que l’ordre régional de paix, de sécurité, de coopération et de développement doit être fondé sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, la non-intervention dans les affaires internes des Etats, les valeurs démocratiques et le respect des droits de l’homme. En juillet dernier, les Etats africains ont établi l’Union africaine pour trouver des solutions aux innombrables problèmes qui sont à la source du sous-développement, comme la pauvreté, la dette extérieure, le manque de compétences et les épidémies. Aujourd’hui, mettre un terme à la stagnation économique de l’Afrique est prioritaire et à cet égard l’établissement du NEPAD est symptomatique de la nouvelle détermination des gouvernements africains.
M. JULI MINOVES-TRIQUELL, Ministre des affaires étrangères d’Andorre, a fait remarquer que, plus qu’aucune autre au cours des dernières années, cette session des Nations Unies semble être coincée entre le passé et l’avenir. Un passé tragique et un avenir incertain. Au cours de cette année dernière, nous avons assisté à la guerre de l’Afghanistan, à la chute des Talibans, à l’établissement à Kaboul d’un nouveau gouvernement. Y aura-t-il une intervention en Irak ? Que nous réserve l’avenir ? Notre première ligne de défense contre la violence, et la plus forte, c’est l’empire de la loi, avec la diplomatie pour la promulguer. C’est pourquoi l’Andorre croit et soutient le droit international. Quant à l’Iraq, nous entendons soutenir une solution multilatérale au sein des Nations Unies. Le terrorisme n’est pas une guerre conventionnelle. Nous devons donc réunir tout le monde dans le pacte humain et reconnaître notre vulnérabilité individuelle. Dans l’éveil du 11 septembre nous reconnaissons, d’une part le besoin de l’empire de la loi et, d’autre part, la cause de ce besoin, la vulnérabilité de tous face à une attaque malveillante. Il est important que nous considérions, ici à l’Assemblée générale, quelles sont les racines de la violence. Nous devons extraire la violence de l’abstraction et la replacer dans le monde du dialogue entre les hommes. La base de l’avenir doit être la conscience non pas la force – des nations nucléaires, des économies puissantes- mais de la vulnérabilité de chaque nation.
M. TIMOTHY S. HARRIS, Ministre des affaires étrangères et de l’éducation de Saint-Kitts-et-Nevis, a lancé un appel pour l’établissement de partenariats dans un monde communautaire afin que chaque pays retire des bénéfices de la mondialisation. Comment affronter les vérités terribles d’un marché mondial lorsque des pays sont forcés d’adopter le libre-échange et lorsque les nations les plus riches subventionnent leurs économies nationales ? La structure actuelle de l’économie mondiale récompense les puissants et punit les faibles. La mondialisation doit comprendre la responsabilité partagée et la bonne gouvernance. Les Nations Unies doivent répondre à ce défi et évoluer en tant qu’organe représentatif pour renforcer les filets de protection sociaux. Nous devons nous engager à améliorer les existences. C’est pourquoi il est important d’améliorer la coordination entre les institutions des Nations Unies. Nous prions à cet égard les Etats Membres de faire en sorte que les trois conférences organisées cette année par les Nations Unies portent leurs fruits. Le dialogue continue et le partenariat au sein des Nations Unies en est la condition.
La lutte contre le terrorisme doit être menée dans le cadre des Nations Unies. Nous lançons en outre un appel pour l’arrêt du transport de déchets nucléaires dans notre région. Nous regrettons aussi que le peuple de la République de Chine à Taiwan soit exclu des Nations Unies. Il est regrettable que les Nations Unies n’aient pas été en mesure de créer une formule pratique permettant aux peuples chinois et taiwanais de résoudre cette impasse. Le VIH/sida est une menace énorme. Les citoyens les plus productifs sont en effet dans une situation de risque et ont besoin d’un appui médical et financier. Il est clair que les compagnies pharmaceutiques peuvent faire bien davantage pour favoriser la mise à disposition de médicaments à des faibles coûts. Saint-Kitts-et-Nevis réitère ses appels pour l’instauration de nouveaux paradigmes permettant de redresser les inégalités provoquées par la mondialisation. Nous exhortons la communauté internationale à développer des cadres d’action appropriés pour promouvoir les libertés fondamentales, non seulement en terme de droits politiques mais aussi en termes de droit de l’homme au développement économique pris comme un tout. Ce n’est que lorsque l’on répondra à ces besoins fondamentaux de l’homme, que lorsque la faim sera assouvie et que les vulnérables seront renforcés que nous pourrons disposer d’un monde libéré de la menace de l’anarchie. Un objectif principal de la mondialisation devrait être de donner à tous une égalité des chances et d’instituer des mesures de confiance, de libre-échange et de développement durables.
M. FREDERIK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et du service public des Bahamas, a réitéré l’attachement de son pays à la bonne gouvernance à tous les niveaux ainsi qu’à sa profonde tradition démocratique. Les citoyens doivent continuer de jouer un rôle majeur dans la gouvernance du pays. Les Bahamas appuient en outre les mesures visant à porter devant la justice les auteurs d’attaques terroristes. Au niveau interne, nous cherchons à nous relever des effets secondaires des attaques terroristes du 11 septembre, notamment en terme de chômage. Les Bahamas ont décidé de devenir partie à des conventions internationales pertinentes afin de renforcer leur rôle dans la lutte contre le terrorisme mais nous souhaitons que les droits et les libertés de nos citoyens ne soient pas réduits au nom de cette lutte. Nous estimons qu’il peut y avoir développement sans porter préjudice à l’environnement et nous réitérons notre préoccupation face à la menace que fait peser le changement climatique sur les petits Etats insulaires en développement ainsi que notre volonté de voir interdire le transport des déchets nucléaires. Nous lançons également un appel pour la ratification du Protocole de Kyoto.
La communauté internationale doit faire face à une gamme de problèmes économiques et sociaux. Les Bahamas sont en particulier préoccupés par le VIH/sida et les progrès lents dans la lutte contre la maladie. La question est de savoir ce que nous allons faire maintenant. Nos peuples ont besoin d’argent et d’action directe. Nous sommes déterminés à jouer le rôle qui nous revient dans ces efforts et nous déployons des programmes modèles. Cependant, nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. L’ordre économique mondial actuel est préoccupant. La mondialisation peut être un véhicule de changement. La communauté antillaise relève ce défi mais il faut faire davantage pour aider les populations à s’adapter aux changements mondiaux, notamment en modifiant la politique du Fonds monétaire international. Nous souffrons en outre du transit de la drogue sur notre territoire et du crime organisé et lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle prenne des mesures visant à faire cesser ces phénomènes.
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