LE DEBAT QUI S’OUVRIRA DEMAIN A L’ONU DEVRA MARQUER LE SOUTIEN DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE AU NEPAD, DECLARE LE PRESIDENT DU NIGERIA
Communiqué de presse AG/1314 |
Assemblée générale
8ème séance – matin
LE DEBAT QUI S’OUVRIRA DEMAIN A L’ONU DEVRA MARQUER LE SOUTIEN DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE AU NEPAD, DECLARE LE PRESIDENT DU NIGERIA
La Syrie estime que l’Iraq ne devrait pas être seul sur le banc des accusés et propose la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient si Israël y participe
La poursuite du débat de haut niveau de l’Assemblée générale a été marquée ce matin par une série de déclarations mettant l’accent sur les problèmes politiques, sociaux et économiques auxquels fait face le continent africain. Dans sa déclaration, le Président et Commandant en chef de la République fédérale du Nigéria, M. Olesegun Obasanjo, a, après avoir affirmé le soutien de son pays à la lutte contre le terrorisme international pour laquelle le Nigéria demande l’adoption rapide d’une convention internationale, fait remarquer qu’un autre fléau, celui des confits armés, continue d’endeuiller le monde.
Ces conflits, qui prévalent surtout dans les pays en développement et notamment en Afrique, ont souvent leurs racines dans la pauvreté, et sont favorisés par les nombreux trafics illicites d’armes légères, a déclaré M. Obasanjo en lançant un appel aux pays producteurs d’armes légères et de petit calibre pour qu’ils en contrôlent mieux le commerce, et à la communauté internationale pour qu’elle mette en place un instrument international juridiquement contraignant qui devra interdire la fourniture de ces armes aux groupes et acteurs non étatiques.
Concernant les questions économiques, le Président du Nigéria et les Ministres des affaires étrangères du Togo et du Gabon, soutenus par ceux du Portugal et des Pays-Bas, ont évoqué les conditions difficiles que l’Afrique subit dans le cadre de la mondialisation de l’économie dont les promesses n’ont pas été tenues pour ce continent. Les pays africains, a fait remarquer le Ministre togolais des affaires étrangères, font face à la dépréciation continue des prix de leurs matières premières et au protectionnisme des pays industrialisés qui, dans le même temps, faussent les règles de compétitivité en versant de substantielles subventions à leurs producteurs, tout en élevant des barrières douanières excessives devant les exportations des produits des pays en développement. L’Afrique place à beaucoup d’espoirs dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), a dit M. Olesegun Obasanjo, Président du Nigéria, en lançant un appel pour que cette initiative africaine, récemment endossée au mois de juin par le Sommet des pays du G8 réuni à Kananaskis au Canada, reçoive tout l’appui de la communauté internationale au cours du débat spécial de haut niveau que l’ONU tiendra demain sur la question. Concernant la question de la corruption, qui handicape le développement des pays du Sud, le Président Obasanjo a demandé que soit adoptée dans les meilleurs délais une convention internationale contre ce fléau qui touche à la fois les pays riches et les pays pauvres.
La pandémie du VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et les autres maladies infectueuses étant devenus un frein majeur au développement et menaçant de décimer toute une génération et sa force de production, les délégations du Nigéria et du Gabon ont demandé un renforcement de l’action internationale contre ces maux, notamment par le démarrage effectif d’initiatives financées par le Fonds mondial contre le VIH/sida créé sous l’impulsion du Secrétaire général, M. Kofi Annan.
Revenant pour sa part sur les questions qui ont occupé les devants du débat général depuis son ouverture jeudi dernier, en l’occurrence les questions du Moyen-Orient et de l’Iraq, M. Farouk Al-Shara, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Syrie, a fait remarquer que l’Iraq ne devait pas être le seul Etat à être mis sur le banc des accusés en ce qui concerne la question des armes de destruction massive. Israël, a dit M. Al-Shara, détient des armes nucléaires. Les pays arabes et musulmans de la région, a annoncé le Vice-Premier Ministre syrien, appellent à la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive, si Israël l’accepte et place ses installations atomiques sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Quant à la question palestinienne, M. Al-Shara a rappelé que, lors de leur réunion de Beyrouth, les pays de la Ligue des Etats arabes avaient, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, proposé un plan de paix qu’Israël avait aussitôt torpillé en lançant des attaques d’envergure contre les camps de réfugiés et les villes palestiniennes de Cisjordanie.
Le Premier Ministre et Ministre de la défense du Lesotho; et les Ministres des affaires étrangères de Bahreïn, de la Pologne, de la Mongolie, de l’Azerbaïdjan et de Trinité-et-Tobago ont également pris la parole.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général, cet après-midi à 15 heures.
Débat général
M. OLUSEGUN OBASANJO, Président et Commandant en chef de la République fédérale du Nigéria, a déclaré que le Nigéria soutenait pleinement la lutte contre le terrorisme et qu’il est engagé en faveur de la rapide adoption d’une convention internationale contre ce fléau. Malgré les efforts de la communauté internationale, un autre fléau, celui des confits armés, continue d’endeuiller le monde. La communauté internationale doit chercher à résoudre les vraies causes de ces conflits afin de leur trouver des solutions durables. Il est vrai que ces conflits ont souvent leurs racines dans la pauvreté, et sont favorisés par les nombreux trafics d’armes légères, notamment en Afrique. Nous sommes inquiets que les pays producteurs n’aient encore fait que très peu d’efforts pour contrôler les flux d’armes légères, et nous lançons un appel pour l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant, qui devra interdire la fourniture des armes légères aux acteurs non étatiques.
Concernant le Moyen-Orient, le Nigéria est en faveur de la création d’un Etat palestinien souverain et de l’existence d’Israël dans des frontières sûres et internationalement reconnues. Quant à l’Iraq, nous sommes inquiets par la situation qui y prévaut en ce moment et par la menace que fait planer l’Iraq sur la sécurité internationale. Nous espérons que les tensions ne vont pas aller croissantes dans cette région et exhortons les parties à faire preuve de retenue, de façon à ce que les questions qui se posent soient résolues à travers les Nations Unies.
S’agissant des questions économiques, il est urgent que des actions concrètes soient lancées en vue de faire du monde un endroit meilleur, conformément aux objectifs et aux engagements de la Déclaration du Millénaire. De nombreux pays en développement ont besoin d’assistance sous la forme d’aide publique au développement (APD) et d’investissements étrangers directs (IED). Concernant l’Afrique, elle reste attachée aux buts définis dans la Déclaration du Millénaire et à cet égard, elle cherche à sortir de sa situation actuelle à travers la réalisation du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui a été conçu pour faire face aux différents problèmes créés par le sous-développement. Nous sommes encouragés par le soutien que le NEPAD a reçu de la part des pays du G8 lors du Sommet de Kananaskis (Canada) et espérons que le débat de haut niveau que l’ONU organisera sur la question réussira à faire approuver cette initiative par la communauté internationale tout entière. D’autres questions qui nous préoccupent sont celle du VIH/sida qui, en Afrique, menace toute une génération de la population, et celle de la corruption. Le Nigéria ne ménagera aucun effort pour faire face à la pandémie du VIH/sida, et nous contribuons à cet égard, à la gestion du Fonds mondial créé pour la lutte contre cette pandémie. Concernant la corruption, nous tenons à réaffirmer notre volonté de la combattre tout en faisant remarquer qu’il y a toujours un corrupteur et un corrompu. Aussi, sommes-nous fermement d’avis que des efforts doivent être rapidement déployés pour élaborer une convention internationale de lutte contre la corruption.
M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho, a fait observer qu’actuellement son pays ainsi que d’autres situés dans la sous-région de l’Afrique australe sont confrontés à une crise alimentaire sans précédent, qui est le résultat d’inondations, de vagues de froid et de la sécheresse découlant des changements climatiques affectant la région. Dès le 19 avril dernier, le Lesotho a dû déclarer un état de famine : un quart de la population nationale, soit un demi million de personnes, a été touché. Dans le même temps, le pays continue d’être confronté au VIH/sida. Une majorité des personnes infectées par le virus se situe dans la tranche des 15-45 ans, les individus qui constituent la force vive du pays. Outre la main-d’œuvre, ce sont aussi les structures familiales et le tissu social du pays qui sont touchés par le VIH/sida. Le nombre des orphelins va croissant et les malades n’ont toujours pas un accès satisfaisant aux médicaments et aux soins. Le Premier Ministre a donc lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle fournisse un appui financier approprié aux pays d’Afrique afin qu’ils puissent stopper l’expansion du VIH/sida. Il a aussi insisté sur le lien étroit qui existe entre la pauvreté et le VIH/sida. Dans ce contexte, il a souhaité que les engagements, pris à Doha, à Monterrey et à Johannesburg, soient pleinement honorés et soient traduits en actions concrètes, afin d’éliminer tous les obstacles à la croissance économique et au développement durable des pays en développement, en particulier les moins avancés.
De son côté, l’Afrique a pris des initiatives décisives, notamment en créant l’Union Africaine, a fait observer M. Mosisili. Même si la route est riche en obstacles, on peut enfin espérer voir le bout du tunnel. L’Afrique est désormais fermement engagée en faveur de la démocratie, de la stabilité, de la paix, de la bonne gouvernance, et de l’état de droit. Elle est par-dessus tout engagée en faveur de la bonne gestion économique, dont l’absence a souvent résulté, par le passé, dans les conflits qui ont ravagé le continent. Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, le NEPAD, est une autre initiative purement africaine en vue de parvenir au développement durable et le Lesotho demande instamment à la communauté internationale et à l’ONU de lui apporter leur entier soutien.
Se réjouissant de la fin du conflit en Angola, M. Mosisili s’est néanmoins dit très préoccupé par la gravité de la situation sociale et économique de ce pays ainsi que par le nombre des réfugiés qui doivent encore retrouver le chemin de leurs foyers. Si l’ONU a déjà fourni des efforts louables, beaucoup demeure néanmoins à faire et il est notamment encore besoin de ressources importantes. La situation en République démocratique du Congo (RDC)est bien entendu une autre source de préoccupation pour le Lesotho. Le Premier Ministre a estimé que les récents accords signés entre la RDC et le Rwanda et l’Ouganda devraient permettre de prendre aussi en considération les préoccupations légitimes des pays voisins, tout en créant les conditions propices à une paix durable pour la population congolaise. Il a ensuite qualifié d’historique l’accord conclu entre les Nations Unies et la Sierra Leone en vue d’établir un Tribunal spécial indépendant pour juger les responsables des crimes horribles qui ont été commis dans ce pays pendant plus de 10 ans. Il a émis l’espoir que cet organe judiciaire contribuera activement au processus de réconciliation nationale. Sur un plan plus large, le Lesotho se félicite de l’entrée en fonctions de la Cour pénale internationale et a demandé instamment aux pays qui ne l’ont pas encore fait de ratifier le Statut de Rome.
M. KOFFI PANOU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République togolaise, a déclaré que la démocratie, le respect des libertés fondamentales et des droits de l’homme, facteurs de développement et de paix sont des valeurs auxquelles le Togo a adhéré. La priorité des réformes engagées au Togo a été donnée aux réformes politiques en veillant à ce qu’elles se déroulent dans un climat de sérénité retrouvée et de concertation permanente entre l’ensemble des forces politiques du pays. A l’initiative du Président Gnassingbe Eyadema, nous avons engagé le dialogue intertogolais qui, réunissant les principaux acteurs politiques du pays, a abouti à la signature d’un Accord-cadre en juillet 1999. La mise en œuvre de cet Accord a permis l’instauration d’un dialogue entre le Gouvernement et l’opposition sur des questions politiques essentielles, notamment les modalités d’organisation des élections législatives anticipées. C’est le vœu du Président du Togo et du Gouvernement que ces élections soient ouvertes à toutes les formations politiques et se déroulent dans la paix et qu’à leur terme, le pays soit doté d’une nouvelle Assemblée nationale. Ces avancées méritent que le Togo soit soutenu et encouragé par ses partenaires, notamment européens, dans l’optique d’une normalisation de ses relations de coopération. L’imposition de sanctions comme instrument de pression politique a des limites, et nous lançons un appel pressant en faveur de la reprise de la coopération que le Togo est en droit d’attendre de la communauté internationale.
Le 12 juillet 2000, les pays africains ont adopté, à Lomé au Togo, l’Acte constitutif de l’Union africaine, et à Durban, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont solennellement lancé la nouvelle organisation régionale, traduisant ainsi leur volonté de forger un nouveau destin pour l’Afrique. L’Afrique reste la grande victime d’un ordre économique déséquilibré et injuste qui la prive des justes fruits de son labeur. L’instabilité des prix des produits de base, l’alourdissement des factures nécessaires à l’équipement des pays africains, la dette, l’accès limité aux marchés des pays industrialisés de nos produits finis et semi-finis, et les subventions versées par les pays riches à leurs entreprises, paralysent gravement le développement de l’Afrique. Nous devons renverser la situation actuelle tout en étant conscients que l’Afrique ne pourra relever le défi de la croissance et du développement que si elle s’organise pour mobiliser et exploiter au mieux de ses capacités toutes ses ressources en n’utilisant l’aide extérieure que comme un appoint à ses propres efforts.
SHAIKH MOHAMED BIN MUBARAK AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a insisté sur l’importance que son pays attache à la sécurité et à la stabilité régionales. C’est pourquoi, il s’efforce d’entretenir des relations cordiales avec ses voisins. Le Sommet de la Ligue des Etats arabes, tenu à Beyrouth en mars dernier, a d’ailleurs réaffirmé la nécessité et l’importance de la stabilité de la région du Golfe. A cette occasion, les pays arabes ont demandé à l’Iraq de satisfaire aux résolutions du Conseil de sécurité relatives à la situation entre l’Iraq et le Koweït, et notamment les prisonniers de guerre. Ils lui ont demandé aussi de coopérer pleinement avec l’ONU, en vue de soulager les souffrances de la population iraquienne, et d’éviter toute confrontation pouvant menacer les Etats et les populations de la région. Le Moyen-Orient est actuellement exposé à de grands risques du fait de la politique menée par Israël dans le Territoire palestinien occupé, a poursuivi M. Al-Khalifa. Quotidiennement, la population palestinienne est victime d’agression et de violations du droit international, Israël refusant de faire la paix et d’honorer les engagements pris aux termes des accords internationaux qu’il a signés. Le Bahreïn soutient pleinement l’initiative de paix lancée à cet égard lors du Sommet de Beyrouth, sous l’impulsion du Prince Abdullah d’Arabie Saoudite. L’état de la situation au Moyen-Orient exige l’intervention immédiate du Conseil de sécurité et de la communauté internationale en vue de stopper les pratiques israéliennes et de donner sa chance à l’initiative de paix qui représente une base viable pour un règlement juste et global dans la région, à savoir la cohabitation de deux Etats vivant au sein de frontières internationalement reconnues. Bahreïn accueille aussi positivement l’appel du Secrétaire d’Etat américain à la tenue d’une conférence internationale pour la paix au Moyen-Orient. M. Al-Khalifa a aussi réaffirmé la ferme condamnation par son pays du terrorisme sous toutes ses formes et ce faisant, il s’est réjoui de la tenue d’une conférence internationale sur le
terrorisme, qui se tiendrait sous les auspices des Nations Unies. L’un des objectifs doit être de parvenir à une définition globale du terrorisme, faisant la différence entre le terrorisme inacceptable et la lutte légitime des peuples pour leur droit à l’autodétermination.
Le Ministre a estimé que le récent Sommet pour le développement durable, tenu à Johannesburg, a fourni une occasion positive d’identifier les obstacles et les défis au développement et d’élaborer de nouvelles stratégies et priorités. Il faut maintenant que tous les Etats appliquent le Plan de mise en œuvre et la Déclaration politique qui y ont été adoptés. Mais le Bahreïn en appelle aussi à la mise en œuvre pratique et efficace des mesures fixées dans la Déclaration du Millénaire, surtout concernant le rôle de la communauté et des organisations internationales dans l’appui aux efforts nationaux. Bahreïn est convaincu que l’ONU, armée de la volonté politique des Etats Membres, est en mesure de faire progresser le monde vers la paix, la prospérité économique et la justice sociale. Il est de l’intérêt de tous de coopérer et de se montrer solidaires afin que l’Organisation devienne le principal moteur des activités de paix et de développement pour tous les peuples du monde.
M. FAROUK AL-SHARA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a déclaré que la confusion, l’ambiguïté et les tensions qui dominent aujourd’hui la scène internationale sont essentiellement le résultat d’une tendance et de pratiques croissantes caractérisées par l’unilatéralisme et un appétit d’hégémonie et de monopole de la part de certains sur les biens et le destin des autres peuples. Le Moyen-Orient est un exemple de ce genre de situation. Après les décennies de lutte que les peuples de cette région ont menée pour se libérer du colonialisme, de la domination étrangère et de l’injustice qu’ils ont subies, à travers notamment la délimitation arbitraire des frontières, ils font aujourd’hui face à des attaques plus vicieuses et porteuses de conséquences plus dévastatrices que celles qu’ils ont connues sous la colonisation. Les pays arabes ont condamné les attaques du 11 septembre, mais le monde se demande pourquoi certaines accusations sont portées contre eux et pourquoi certains pays arabes sont menacés alors qu’ils n’ont rien à voir avec ces attaques. De même, alors que les pays arabes ont de façon unanime proposé une initiative de paix à Beyrouth au mois de mars dernier, Israël a répondu en lançant des attaques militaires d’envergure contre les camps, les villages et les villes palestiniens de Cisjordanie. Sans entrer dans le détail des attaques israéliennes et des violations dans lesquelles les armes américaines ont été utilisées, nous pensons que la seule voie de sortie de la crise à laquelle font face les peuples de la région réside dans l’obligation qui doit être faite à Israël de respecter les 28 résolutions du Conseil de sécurité sur la question du Moyen-Orient. Il est légitime de demander aux Etats-Unis de prendre une certaine distance par rapport à Israël et de lui faire appliquer les lois qui interdisent l’emploi d’armes américaines contre une tierce partie.
On parle beaucoup du danger lié à la prolifération des armes de destruction massive et à la possibilité que des terroristes s’en procurent. Il est regrettable que seuls des pays arabes ou musulmans soient montrés du doigt quand on parle de ce problème, alors que l’on fait semblant d’ignorer qu’Israël possède des armes nucléaires. Tous les pays du Moyen-Orient ont exprimé leur souhait d’en faire une zone exempte d’armes de destruction massive, et nous lançons aujourd’hui plus que jamais un appel à l’ONU pour qu’elle travaille à cette fin. Nous annonçons aussi aujourd’hui que tous les pays arabes sont prêts à créer cette zone, si Israël l’accepte, et s’il place aussi ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique comme l’ont fait les pays arabes et musulmans de la région. Nous ne voyons aucune justification à une nouvelle guerre au Moyen-Orient et estimons que frapper l’Iraq, qui n’occupe le territoire d’aucun autre Etat, alors que l’on garde le silence sur l’occupation par Israël des territoires palestiniens depuis 1967, représente une vue partisane et biaisée de la réalité de la situation au Moyen-Orient. Nous estimons qu’il appartient au seul peuple de l’Iraq de décider de son avenir sans ingérence extérieure. La Syrie soutient une reprise du dialogue entre l’Iraq et le Secrétaire général de l’ONU en vue de parvenir à une solution politique qui réponde aux demandes du Conseil de sécurité. Ce dialogue doit donner à l’Iraq un espoir de voir lever les sanctions et de connaître la paix et la sécurité, surtout que l’Iraq a officiellement reconnu l’Etat du Koweït et ses frontières internationalement reconnues.
Pour M. JAAP DE HOOP SCHEFFER, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, les religions, les races et les traditions rendent notre monde coloré et varié, mais nous partageons toutefois la même peau, celle des principes fondamentaux auxquels nous adhérons ou devrions tous adhérer : le respect mutuel, l’état de droit, la liberté d’expression et de croyance. Aujourd’hui, nous ne pouvons nous contenter de réaffirmer encore et encore ces principes et il est impératif de concrétiser nos engagements, a-t-il averti. Pour leur part, les Pays-Bas honorent les leurs et ce dévouement part du constat qu’aucun pays ne peut espérer réussir isolément. C’est pourquoi, les Pays-Bas se réjouissent de la décision américaine de rejoindre à nouveau les rangs de l’UNESCO. Mon pays ne se sent pas seulement responsable, mais partage une responsabilité commune, a poursuivi le Ministre. Ainsi, face à l’Afrique, nous avons tous la responsabilité d’éliminer la pauvreté qui y règne et d’améliorer le niveau d’intégration de ce continent dans le monde, d’autant que la récente création de l’Union africaine et l’adoption du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique montrent la détermination des dirigeants de ce continent. L’aide au développement ne se limite pas à envoyer des fonds, a expliqué M. Scheffer, elle passe aussi par des politiques de promotion de la bonne gouvernance, de la sécurité et de la stabilité. Le secteur privé doit parallèlement se montrer responsable, notamment lorsqu’il s’agit de lutter contre les épidémies qui sapent le développement, comme le VIH/sida. La lutte contre le VIH/sida pour réussir doit néanmoins être pleinement approuvée par les gouvernements africains, qui doivent reconnaître le problème et ses causes, discuter ouvertement des stratégies possibles et se pencher sur ses conséquences pour la société.
Le Ministre a aussi expliqué que les problèmes de l’Afrique nous concernent tous également en raison des migrations qu’ils entraînent. Les migrations massives privent en effet les pays d’origine d’importantes ressources humaines alors qu’elles peuvent devenir une source de déstabilisation pour les pays d’accueil. C’est pourquoi, là encore, il faut régler la question de manière intégrée, la sécurité est primordiale à cet égard. Les personnes doivent être en mesure de rentrer chez elles en toute sécurité, a-t-il insisté. Depuis le 11 septembre 2001, la communauté internationale a pris ses responsabilités de manière efficace. Elle a joint ses efforts pour rendre l’Afghanistan plus sûr et plus stable. L’on ne peut tolérer en effet que des pays rejettent les valeurs universelles et la communauté internationale doit être prête, le cas échéant, à agir contre les plus retors d’entre eux. Si les actes terroristes du 11 septembre ont malheureusement montré que la religion peut être une source d’inspiration du mal, il ne faut pas toutefois que les détournements d’avion se traduisent en détournement de toute une religion, a averti M. Scheffer. A ses yeux, par une
éducation adéquate, par la protection de la liberté d’opinion et par la promotion de gouvernements séculaires ou représentatifs, on peut effectivement contenir l’extrémisme religieux. Là encore, l’engagement de la communauté tout entière est indispensable, y compris pour s’attaquer aux causes profondes de cet extrémisme.
Un niveau d’engagement similaire est nécessaire en vue de réaliser la paix au Moyen-Orient, a poursuivi le Ministre. Les pays de la région ont la responsabilité première de garantir liberté, tolérance et respect à leurs citoyens. Mais la communauté internationale a aussi un rôle à jouer. Dans ce contexte, les Pays-Bas attendent du Conseil de sécurité qu’il prenne ses responsabilités pour mettre fin au refus systématique du régime iraquien de respecter ses résolutions. C’est hier plutôt que demain que les inspecteurs des Nations Unies devaient retourner sur le territoire iraquien : il en va de la crédibilité du système des Nations Unies, a prévenu M. Scheffer. Il a aussi estimé que le conflit israélo-palestinien ne pouvait être envisagé du seul point de vue de la lutte contre le terrorisme. Certes, le terrorisme doit s’arrêter en raison des souffrances humaines qu’il engendre, mais aussi parce qu’il est tout simplement contre-productif. Mais les parties doivent avant tout s’engager pleinement dans un dialogue large et ceci nous concerne tous.
M. JEAN PING, Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la Francophonie de la République gabonaise, a déclaré que l’évolution positive de la situation du continent africain est un indicateur du retour progressif du continent sur le chemin de la paix, de la stabilité et de l’unité. Les conflits fratricides cèdent de plus en plus le pas à l’émergence d’une conscience africaine marquée par la volonté de faire triompher les idéaux de paix et de se consacrer au développement. Cette vague d’espérance se trouve justifiée par les dernières évolutions enregistrées entre autres au Soudan, et dans la région des Grands Lacs. Le moment est sans doute venu de convoquer une conférence internationale en vue de discuter des problèmes de cette région. Nous ne devons cependant pas oublier la situation qui prévaut en Angola, où nous devons consolider le processus de paix et de réconciliation nationale.
Concernant la situation économique, la mondialisation, dont on pensait qu’elle allait permettre l’intégration des pays à l’économie internationale grâce à la libéralisation des échanges commerciaux, n’a pas atteint les résultats escomptés. Nous constatons au contraire une recrudescence des inégalités sociales, et un fossé grandissant entre les pays industrialisés et les pays en développement. La multiplication des conditionnalités et autres barrières risquent de maintenir les pays en développement dans une stagnation économique et sociale permanente. Parmi les éléments qui contribuent à cet état de fait, figure le lourd fardeau de la dette. Nous avons la ferme conviction qu’en ramenant l’endettement de nos pays à un niveau soutenable, nous pourrions allouer plus de ressources aux priorités que sont l’éducation, la santé pour tous, l’habitat, la réduction de la pauvreté, et la gestion de l’environnement. Nous souhaitons voir se concrétiser rapidement l’élargissement des mécanismes actuels d’allègement de la dette, comme l’a promis la Banque mondiale. Pour répondre à ses préoccupations économiques, l’Afrique a mis en place le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Cette initiative constitue un véritable programme de développement axé sur la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, le renforcement de la démocratie, et la paix et la sécurité, qui sont les conditions indispensables au redressement économique du continent. Le paludisme et le VIH/sida étant d’autre part des obstacles majeurs au développement de l’Afrique,
nous souhaitons la mise en place effective du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, que les Chefs d’Etat et de gouvernement ont entériné en juin 2001 à New York lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le VIH/sida.
M. ANTONIO MARTINS DA CRUZ, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a estimé que l’ordre du jour international a été modifié à jamais par les événements du 11 septembre 2001. La lutte contre le terrorisme est en conséquence devenue une priorité absolue, une lutte ne visant pas seulement des individus mais surtout une lutte pour faire triompher le respect de la vie et de la dignité humaines, des valeurs de liberté, de tolérance et de démocratie ainsi que le principe du règlement pacifique des différends. Le Portugal préside actuellement l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et, à ce titre, il travaille actuellement à l’élaboration d’une Charte européenne pour la prévention et la lutte contre le terrorisme, qui devrait être adoptée en décembre prochain. Mais c’est avant tout l’ONU qui a un rôle fondamental à jouer dans la coordination de la réponse internationale dans ce domaine, a estimé le Ministre. Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale doivent s’acquitter de leurs responsabilités et, dans le cas contraire, la crédibilité de l’Organisation serait sérieusement compromise. S’agissant de l’Iraq, il faut absolument parvenir au plein respect des résolutions du Conseil et au retour sans conditions des inspecteurs des Nations Unies. M. Da Cruz a néanmoins estimé que le problème iraquien est dans une large mesure présenté sous le mauvais angle. Certes, l’Iraq représente une menace à la sécurité internationale et c’est sur ce pays qu’il faut exercer des pressions, non sur l’ONU. La communauté internationale doit définir le meilleur moyen de régler la question, notamment s’agissant de faire taire la menace des armes de destruction massive. L’ONU doit fixer un calendrier à l’Iraq pour respecter les résolutions du Conseil et dans le cas où il n’en serait pas tenu compte, alors la communauté internationale ne devrait exclure aucune option.
Le Ministre portugais s’est ensuite réjoui des succès obtenus au cours de l’année passée par la communauté internationale en Angola et au Timor oriental. Dans les deux cas, il a prévenu que pour asseoir la durabilité des résultats, il ne fallait pas relâcher l’attention et l’aide internationales de manière précoce. Evoquant ensuite la Cour pénale internationale, M. Da Cruz a fait observer que la tenue des élections de la première équipe de juges marquera un pas fondamental vers le fonctionnement efficace et crédible de cet organe, qui doit devenir un édifice incontournable sur la scène internationale. La sécurité ne peut plus être uniquement pensée en termes militaires, a-t-il expliqué en conclusion. Il faut désormais tenir compte de facteurs tels que le développement d’armes de destruction massive, la prolifération de menaces d’un genre nouveau, comme la dégradation de l’environnement, les maladies, la faim et les migrations, et les éléments freinant la capacité de nombreux Etats à relever les défis de la mondialisation. Aucune nation, aussi puissante soit-elle, peut dans ces conditions se suffire à elle-même, et le multilatéralisme est plus que jamais la clef d’un futur meilleur.
M. WLODZIMIERZ CIMOSZEWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que la Pologne soutient l’assertion du Secrétaire général quand il dit que « nous ne pouvons réussir en matière de paix et de sécurité internationales qu’en utilisant tous les instruments multilatéraux à notre disposition ». Nous sommes convaincus que le Conseil de sécurité doit trouver les moyens de donner aux Nations Unies des voies pour mener des actions concrètes en matière de sécurité internationale. La Pologne soutient l’esprit des réformes de l’ONU contenues dans le rapport du Millénaire publié par le Secrétaire général. Seule l’ONU donne de la légitimité à l’action internationale et s’il fallait les créer aujourd’hui, les Nations Unies auraient une forme différente de ce qu’elles sont. Les Etats Membres doivent eux-mêmes revoir la structure de l’ONU. Nous devrions considérer l’élaboration d’un document qui ne serait ni une simple révision de la Charte, ni un simple additif à celle-ci. La Pologne pense que la communauté internationale devrait reconnaître l’existence de nouvelles réalités internationales et adapter le mandat de l’Organisation à ces nouveaux besoins sans cependant remettre complètement en cause ses fondations qui ont été éprouvées. Nous pensons qu’une révision de la Charte des Nations Unies devrait concerner le Conseil de sécurité, sa composition, et ses instruments, les attaques du 11 septembre ayant clairement montré certaines de leurs insuffisances. Cette révision devrait aussi s’attaquer à la question de la pauvreté, et à celles des maladies, des pandémies, du manque d’éducation, des droits de l’homme, de la bonne gouvernance. Elle devrait aussi prendre en compte les questions liées au développement durable qui affectent de nombreuses parties du monde ou sont indispensables à son évolution. La révision de la Charte doit amener à élargir les principes de l’ONU dans les domaines du multilatéralisme, de la cohésion de l’action de l’Organisation et des arrangements régionaux, et de l’inclusion des ONG et de la société civile dans les missions des Nations Unies.
M. LUVSAN ERDENECHULUUN, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a fait observer que les Nations Unies ont été un instrument pivot dans l’intensification des efforts de la communauté mondiale pour répondre collectivement à la terreur, sceller la réconciliation nationale et construire le processus de paix en Afghanistan et au Timor oriental ainsi que pour assurer l’entrée en vigueur du Statut de Rome, instituant la Cour pénale internationale. L’Organisation a aussi tenu un rôle fondamental de Doha à Monterrey et de Rome à Johannesburg pour prendre les mesures permettant d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire. Beaucoup reste à faire cependant et les événements tragiques du 11 septembre 2001 ont montré qu’il est besoin d’insuffler un changement radical quant à notre perception de la sécurité. La course à l’armement et l’augmentation des dépenses militaires ne signifient pas nécessairement une sécurité accrue et le caractère indivisible de la sécurité mondiale souligne la nécessité du multilatéralisme. En Afghanistan, les objectifs de reconstruction et de développement ne pourront être atteints que si le Gouvernement du Président Karzaï exerce véritablement un contrôle sur l’ensemble du pays. Au Moyen-Orient, l’extrême volatilité de la situation exige des efforts soutenus en vue d’un règlement juste et global de la question. C’est pourquoi, la Mongolie soutient les efforts du Quatuor et la proposition de convoquer une conférence internationale pour la paix. La Mongolie estime par ailleurs que le Conseil de sécurité devrait mettre tout en œuvre pour forcer l’Iraq à respecter ses résolutions et, en premier lieu, le retour sans condition des inspecteurs des Nations Unies. Le monde ne peut pas se permettre de demeurer les bras croisés face au mépris des résolutions contraignantes du Conseil, a souligné le Ministre.
La sécurité mondiale n’a pas seulement été mise en péril par la montée des tensions dans diverses régions, mais aussi pour l’insécurité humaine croissante, résultat du non-respect des engagements pris dans les années 90. La communauté mondiale ne peut pas se permettre de ne pas atteindre les objectifs ambitieux mais atteignables fixés dans la Déclaration du Millénaire, a insisté M. Erdenechuluun, avant de prévenir que l’inertie ne fera que servir de justification aux actes meurtriers qui menacent la paix, la stabilité et le progrès social. Il est d’autant plus urgent de réagir que le rapport sur le développement humain pour 2002 indique qu’un nombre de plus en plus important de pays ne seront pas en mesure d’atteindre les objectifs de développement du Sommet du Millénaire. Malgré la douzaine de conférences internationales tenues depuis les années 90, la réalisation des objectifs fixés n’en est qu’à ses balbutiements et la Mongolie estime qu’en conséquence, il faut examiner en détail la question du déséquilibre de la gouvernance mondiale, notamment dans les domaines économique et social. Impartiale et universelle, l’ONU est mieux que quiconque en mesure de rétablir l’équilibre garantissant la participation du Sud à la prise de décisions et son accès aux marchés. Pays en développement enclavé, la Mongolie attache une grande importance à l’amélioration de la coopération internationale pour relever les obstacles particuliers auxquels fait face ce groupe de pays, a poursuivi le Ministre.
M. Erdenechuluun a également rappelé qu’il y a dix ans, son pays s’est proclamé zone exempte d’armes nucléaires. Il mène désormais des consultations avec ses voisins immédiats en vue d’étendre cette zone et de la faire reconnaître internationalement. Dévouée au renforcement des institutions, à la démocratie et à la protection des droits de l’homme, la Mongolie accueillera en juin 2003 la cinquième Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou restaurées. Cet événement donnera à la communauté internationale une bonne occasion d’envisager les moyens pratiques de promouvoir la démocratie aux niveaux national et international. C’est dans la même veine que la Mongolie a été l’un des membres fondateurs de la Cour pénale internationale. Elle estime que la compétence de cet organe judiciaire devrait être aussi étendue que possible, afin de mettre un terme à l’impunité en matière de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. A cet égard, le Ministre a conclu son allocution en soulignant que la Cour devrait à terme avoir également compétence en matière de crime d’agression.
M. VILAYAT GULIYEV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a estimé que l’ONU est appelée à jouer un rôle de premier plan dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pour ce faire, il faut sérieusement examiner la capacité de ses membres à unir leurs efforts et à établir une coopération internationale efficace pour affronter les menaces et les risques qui ont atteint aujourd’hui une dimension mondiale. Les événements du 11 septembre nous ont tous fait prendre conscience de l’interdépendance des défis de notre nouvelle ère. Il nous faut notamment reconnaître que nous avons nous-mêmes nourri le monstre du terrorisme en ignorant les problèmes, les violations des normes du droit international, en tolérant les actes d’agression et en ignorant les menaces entraînées par les actions illégales de certains Etats, le séparatisme et la prolifération des armes. Dans cette approche universelle, il faut éviter toute politique des « deux poids, deux mesures » et l’adoption de la convention sur la lutte contre le terrorisme devrait fournir la base juridique de toute action, qui doit aussi prendre en considération les causes profondes du terrorisme. A l’évidence, le terrorisme se nourrit sur le terreau de la dégradation sociale et économique, des conflits armés, de la pauvreté, de l’analphabétisme et de l’isolationisme. C’est pourquoi, il faut étendre les programmes d’aide aux pays en développement et aux pays les moins avancés. Il faut aussi encourager la compréhension mutuelle et la tolérance. Dans la lutte contre le terrorisme, la priorité devrait être donnée à ses manifestations tels que le nationalisme militant et le séparatisme violent, a précisé le Ministre.
Son pays est confronté depuis dix ans à un problème celui du Nagorno-Karabakh, territoire de l’Azerbaïdjan occupé par l’Arménie. L’Arménie, a-t-il dénoncé, s’efforce de camoufler sa politique d’annexion sous les principes du droit des peuples à l’autodétermination. Mais dans tous les cas, les normes du droit international exigent un règlement pacifique de ce genre de différend qui respecte les principes de l’intégrité territoriale. La sécession unilatérale ne saurait être tolérée, a insisté M. Guliyev, avant de déplorer que toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité à ce jour soient demeurées lettres mortes. Toujours engagé en faveur d’un règlement pacifique et favorable à la médiation de l’OSCE et du Groupe de Minsk, l’Azerbaïdjan estime urgent que le Conseil de sécurité renouvelle son implication et intervienne de manière résolue dans ce problème. La situation est en effet explosive, a prévenu le Ministre, ajoutant que son pays n’acceptera jamais la légalisation des territoires saisis et exercera son droit de prendre, conformément à la Charte des Nations Unies, toutes les mesures nécessaires pour protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale. Ce conflit ne met pas seulement en péril la sécurité dans le sud du Caucase, mais constitue aussi un obstacle majeur à la coopération bilatérale et régionale. Le flux de réfugiés résultant de plus de ce non-conflit, plus d’un million en Azerbaïdjan, fait en outre que la situation humanitaire est très préoccupante. En conclusion, le Ministre s’est prononcé en faveur de la poursuite des réformes au sein de l’Organisation des Nations Unies, et notamment de son Conseil de sécurité, afin de lui donner les moyens d’assurer son rôle en matière de maintien de la paix et de la sécurité, de prévention des conflits régionaux et de lui permettre de relever les menaces et les défis posés par la mondialisation.
Pour M. PHILIP SEALY, Représentant permanent de Trinité-et-Tobago auprès des Nations Unies, le maintien de la paix et de la sécurité internationales est une condition sine qua non pour atteindre les objectifs de développement économique et social. C’est dans ce contexte et, en tant que petit Etat insulaire en développement, que Trinité-et-Tobago appuie tous les efforts entrepris dans le cadre des conférences internationales et sommets mondiaux qui se sont tenus récemment. Ces événements ont permis non seulement d’identifier les groupes les plus vulnérables à l’intérieur de nos sociétés, mais aussi de proposer des politiques alternatives pour aborder les problèmes. Aucun développement réel n’aura lieu, tant que d’importants groupes de populations demeurent dans une situation de vulnérabilité accrue, a averti M. Sealy. Le VIH/sida étant l’un des plus grands défis auxquels ces pays, et notamment ceux des Caraïbes, doivent faire face, il est besoin d’une aide renforcée. A cet égard, Trinité-et-Tobago espère que les gouvernements se montreront généreux et alimenteront le Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, créé par le Secrétaire général.
Le représentant a ensuite attiré l’attention de l’Assemblée sur les conditions de vulnérabilité particulière qui affectent les petits Etats insulaires en développement. Les maigres résultats obtenus, notamment en matière de protection de l’environnement et de développement économique sain, depuis le Sommet de Rio, doivent éveiller la prudence. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’accroître l’ampleur des changements climatiques, auxquels les petits Etats insulaires sont particulièrement sensibles. Trinité-et-Tobago demande donc instamment que des mesures décisives soient prises en vue de l’entrée en vigueur rapide du Protocole de Kyoto et du respect de tous les autres instruments existants dans ce domaine. M. Sealy a reconnu que les résultats avaient aussi été limités en raison du manque de ressources financières et de capacités au niveau national. C’est pourquoi, il s’est réjoui des initiatives lancées, dans le cadre du Sommet de Johannesburg, concernant notamment l’eau potable, la santé, la protection de la biodiversité, la restauration des stocks de pêcheries et le contrôle des produits chimiques. Toutefois, c’est seulement en fonction de la concrétisation des engagements pris que l’on pourra mesurer le succès de Johannesburg, a averti M. Sealy. Il a également demandé à l’Assemblée générale de décider, en priorité, de la convocation d’une conférence internationale sur l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade, en 2004.
Parallèlement aux circonstances naturelles et écologiques, le développement des petits Etats insulaires en développement est aussi freiné par le fardeau de la dette et l’absence d’accès à toute nouvelle source de financement, ainsi que les obstacles posés à la pénétration des marchés non traditionnels. C’est pourquoi, Trinité-et-Tobago attache une grande importance au développement de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). M. Sealy a fait observer, en conclusion, que toutes les questions qu’il a soulevées ce matin soulignent clairement le besoin de parvenir à un engagement mondial véritable en faveur de la résolution des problèmes. Il faut pour cela une confiance renouvelée des Etats Membres dans les objectifs fondamentaux et les principes des Nations Unies.
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