LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE APPELÉE À FAIRE FACE À SES CONTRADICTIONS ET À HONORER DE FAÇON URGENTE SES PROMESSES POUR ÉVITER DE NOUVELLES CRISES
Communiqué de presse AG/1313 |
Assemblée générale
7èmeséance plénière – après-midi
LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE APPELÉE À FAIRE FACE À SES CONTRADICTIONS ET À HONORER DE FAÇON URGENTE SES PROMESSES POUR ÉVITER DE NOUVELLES CRISES
13 millions de personnes dans six pays d’Afrique australe sont
menacées par la famine, prévient le Ministre des affaires étrangères du Malawi
Faire face à ses contradictions et répondre aux engagements pris dans le cadre de la Déclaration du Millénaire, de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg, tel est le défi face auquel a été placée la communauté internationale par les Ministres des affaires étrangères, et représentants de haut niveau de pays en développement qui ont participé cet après-midi au débat général de l’Assemblée, entamé le 12 septembre dernier.
Le Ministre des affaires étrangères du Kenya, a formé le vœu que cette 57ème session de l'Assemblée générale soit l’occasion de faire le point sur les promesses faites, rappelant que le constat de l’inefficacité du cadre financier mondial pour faire face aux besoins des pays en développement a été fait. Il a été regretté que l’on mette trop l’accent sur les droits politiques, aux dépens des droits économiques et sociaux. Illustrant ce propos, le Ministre des affaires étrangères du Guyana, a rappelé que de nombreux pays en développement, malgré leurs efforts de réforme ont eu des taux de croissance inférieurs de 2% à ceux des années 1970 au moment de la crise du pétrole.
De son côté, le Ministre des affaires étrangères du Malawi a averti que 13 millions de personnes font face à une pénurie alimentaire critique dans six pays de l’Afrique australe et que cette crise va annuler tous les gains réalisés jusqu’ici en matière de développement. Le Gouverneur général de Tuvalu a attiré l’attention de la communauté internationale sur les dangers dus à la montée du niveau de la mer qui menace très sérieusement l’existence de son pays et l’a exhortée à lutter contre les égoïsmes d’une minorité dont les activités sont à l’origine du réchauffement de la planète.
Abordant aussi ces problèmes, le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a proposé le renforcement du rôle de coordination de l’ECOSOC pour la mise en œuvre des objectifs de la Déclaration du Millénaire, de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg. Il a soutenu le projet d’échanger une annulation de la dette des pays en développement contre leur engagement à développer des énergies durables. Ce serait, a-t-il ajouté, un moyen de relancer la croissance dans ces pays tout en préservant l’environnement.
Les questions du Moyen-Orient, de l’Iraq et du terrorisme ont continué de susciter l’inquiétude générale. Concernant tout particulièrement la question iraquienne, les intervenants ont insisté sur la nécessité de voir les Nations Unies rester l’articulation privilégiée d’un processus multilatéral. L’Iraq a été appelé à coopérer avec l’ONU, et à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité en acceptant le retour des inspecteurs des Nations Unies. Une attaque préventive contre l’Iraq, sans que des preuves évidentes soient fournies à la communauté internationale sur les dangers potentiels que représente ce pays, créerait une fracture entre le monde musulman et le monde occidental, a déclaré le Vice-Premier Ministre de la Malaisie. S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a souligné que la communauté internationale devrait parvenir à un consensus sur la définition du terrorisme et a appuyé l’élaboration d’une convention globale. La lutte contre le terrorisme est une lutte contre ceux qui ont perpétré de tels actes, mais passe également par une lutte contre la pauvreté, l’injustice, et l’occupation illégale qui génère haine et colère.
Outre les personnalités déjà citées, sont également intervenus les Ministres des affaires étrangères du Luxembourg, de la Nouvelle-Zélande, de l’Autriche, de la Bosnie-Herzégovine et de la Dominique.
Le représentant de l’Espagne a exercé son droit de réponse
L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain matin à 10 heures.
Débat général
M. TOMASI PUAPUA PC, Gouverneur général de Tuvalu, a déclaré que l’île de Tuvalu comme de nombreuses îles du Pacifique est vulnérable au terrorisme. C’est pourquoi Tuvalu s’associe aux déclarations du Forum des îles du Pacifique sur la question de la sécurité régionale. Nous soutenons la réforme en cours au sein des Nations Unies, notamment en direction du Conseil de sécurité dans l’espoir que sa composition puisse mieux refléter la diversité de la famille des Nations Unies. Au sujet de la question de la République de Chine à Taiwan, nous défendons les droits du peuple de ce territoire bien défini et qui jouit d’un système démocratique, de pouvoir rejoindre la famille des Nations Unies.
Nous saluons les efforts en direction du développement durable et souscrivons aux objectifs de la Déclaration du Millénaire, et au Consensus exprimé à l’occasion des conférences de Monterrey et de Johannesburg. Mais tous les efforts en direction du développement durable, de la paix, de la sécurité et de la qualité de la vie dans le monde n’ont aucun sens pour Tuvalu si des réponses concrètes ne sont pas adressées aux effets dévastateurs du réchauffement de la planète. Les petits pays comme Tuvalu ne peuvent tirer profit des occasions offertes par la mondialisation. En tant que petit pays insulaire nous ne pouvons nous passer de l’aide de la communauté internationale pour nous permettre de nous acquitter de nos obligations internationales. La mission fondamentale des Nations Unies doit rester le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Mme LYDIE POLFER, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur du Luxembourg, a déclaré que le droit international a été considérablement renforcé lors de l’entrée en vigueur du Statut de Cour pénale internationale. L’Union européenne oeuvre activement pour que la Cour ait un caractère réellement universel. Dans une même perspective multilatérale, le Sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable a tracé un plan à suivre et fixe des objectifs qui, s’ils peuvent manquer d’ambitions pour certains, ont le mérite de nous orienter. Droits de l’homme, démocratie, développement et sécurité sont étroitement liés. Le Conseil de l’Europe, que le Luxembourg préside depuis le mois de mai, a, comme l’Organisation des Nations Unies, été placé devant un défi suite aux évènements du 11 septembre. Le Conseil de l’Europe a pris des mesures concrètes en matière de lutte internationale contre le terrorisme. Il a élaboré des lignes directrices pour que cette lutte s’inscrive dans le plein respect des droits de l’homme. Nous avons l’obligation d’éviter que la législation antiterroriste ne porte atteinte, voire même ne détruise la démocratie.
Le Conseil de l’Europe s’est également engagé à poursuivre le dialogue entre cultures et religions et à intensifier la réflexion sur les civilisations. La coordination et la complémentarité entre organisations régionales et internationales font également partie des priorités du Luxembourg au cours de sa présidence. Il pourrait s’avérer utile de faire le lien entre la Cour européenne des droits de l’homme, la Commission européenne contre le racisme et le Comité de prévention contre la torture. Nous affirmons notre attachement à l’important travail réalisé par les institutions spécialisées du système des Nations Unies et notamment le Fonds des Nations Unies pour la population. Réduire les moyens à disposition des femmes en détresse ne rend justice à personne et augmente les souffrances personnelles.
Après quelque 160 années d’existence en tant qu’Etat indépendant, le Luxembourg ne perd pas de vue les limites inhérentes à sa dimension et à ses moyens. En politique étrangère, nous agissons avec l’intime conviction que le système multilatéral de coopération réserve une place et un rôle à tous. C’est la base de notre engagement au sein de l’Organisation des Nations Unies comme c’est la base de notre engagement dans le cadre du processus d’unification européenne. C’est aussi la base de notre action en faveur du développement dans le monde et à cet égard, nous voulons porter l’aide publique au développement à 1 % du PNB.
DATO’SERI ABDULLAH HAJI AHMAD BADAWI, Vice-Premier Ministre de la Malaisie, a précisé que son pays et ses partenaires de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) ont mis en place un programme de collaboration au niveau régional en matière de lutte contre le terrorisme. La Malaisie travaille également dans ce domaine en coopération avec l’Organisation de la Conférence islamique et du Commonwealth. Pour faire face à ce fléau, il est nécessaire que la communauté internationale parvienne à un consensus sur la définition du terrorisme. La lutte contre le terrorisme est une lutte contre ceux qui perpètrent de tels actes, mais passe également par une lutte contre la pauvreté, l’injustice, l’occupation illégale qui génère haine et colère. Il ne peut y avoir de victoire contre le terrorisme si ses racines ne sont éliminées. Nous demandons la réunion d’une conférence internationale sous les auspices des Nations Unies sur la question du terrorisme, afin d’examiner cette question sous toutes ses formes et manifestations et de formuler les réponses adéquates. A cet égard, le Vice-Premier Ministre a demandé qu’une attention spécifique soit accordée à la question de la Palestine et qu’une force de maintien de la paix soit envoyée dans les territoires occupés. Il faut que ce problème soir traité de façon juste et équilibrée par les Nations Unies.
Par ailleurs, en ce qui concerne l’Iraq, nous nous félicitons de la décision des Etats-Unis de travailler de concert avec les Nations Unies sur cette question et de ne pas se lancer dans une action unilatérale qui porterait atteinte à l’équilibre mondial et serait en contradiction totale avec le droit international. La crédibilité de l’Organisation des Nations Unies ne se justifiera jamais en s’associant aux desseins unilatéraux d’un de ses membres, mais en faisant l’effort de refléter la volonté collective de la communauté internationale, produit d’un processus multilatéral. En même temps, tous les efforts diplomatiques doivent être entrepris pour inciter l’Iraq à coopérer avec l’ONU, à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et à accepter le retour des inspecteurs des Nations Unies Une attaque préventive contre l’Iraq, sans que des preuves évidentes aient été fournies à la communauté internationale sur les dangers potentiels que représente ce pays, créerait une fracture entre le monde musulman et le monde occidental, alors que l’oppression des Palestiniens se poursuit, et alimenterait le radicalisme populiste.
En tant que prochain Président du Mouvement des non-alignés, la Malaisie travaillera de concert avec ses partenaires pour promouvoir les priorités de développement et les processus multilatéraux tels que défendus par le Secrétaire général des Nations Unies. Il est ironique de constater qu’à un moment où nous disposons de ressources économiques, financières et technologiques énormes et sans précédent, le monde connaît une grave crise de confiance à l’égard du multilatéralisme du fait de certains aspects négatifs du système international. Il faut que les Nations Unies jouent un rôle prépondérant dans ce domaine.
M. MOHAMED BENAISSA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Royaume du Maroc, a déclaré que les évènements du 11 septembre ont mis en évidence la solidarité et le courage du peuple américain et l’efficacité de la coopération internationale entre les Etats dans la lutte contre le terrorisme qui, comme l’a dit le Roi du Maroc, Mohammed VI, n’a ni religion, ni patrie. La disparition des frontières économiques et commerciales, l’interdépendance des marchés, les progrès des technologies des télécommunications et l’exclusion des peuples dans le monde ne fait qu’accentuer les enjeux des pays africains qui ont fait d’immenses sacrifices pour intégrer le nouvel ordre mondial. Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique donnera une nouvelle impulsion au développement économique et social du continent. Le 27 février dernier, le Maroc a organisé un Sommet des Présidents des pays membres de l’Union du fleuve MANO.
S’agissant du Sahara occidental, le Royaume du Maroc a toujours fait preuve de bonne foi et d’une volonté réelle en vue d’aboutir à une solution politique définitive à ce conflit artificiel. Le Maroc a toujours coopéré avec l’Organisation des Nations Unies et continue de faire preuve de compréhension et de responsabilité. Le Maroc réitère sa volonté de coopérer avec le Secrétaire général, son Envoyé personnel, M. James Baker et le Conseil de sécurité pour aboutir à une solution politique durable conformément à la résolution 1429 qui est de nature à créer les conditions favorables à l’instauration d’une nouvelle dynamique dans la région du Maghreb arabe. Nous avons soutenu l’option de l’accord-cadre soumis par James Baker au Conseil de sécurité comme solution politique négociée. Dans ce même contexte, nous demandons avec insistance l’application des dispositions de la résolution 1429 appelant à la libération immédiate des 1260 détenus marocains. Nous rejetons toute exploitation politique des aspects humanitaires liés au problème du Sahara occidental.
Le Royaume du Maroc est lié à l’Europe par des liens séculaires. L’approfondissement des relations avec l’ensemble des pays européens est un axe majeur de la politique extérieure du Maroc. La mise en oeuvre entre autres de l’Accord d’association reflète cette ferme volonté. Le Maroc, de par sa vocation méditerranéenne, joue un rôle positif dans la mise en place d’un espace euro-méditerranéen stratégique, économique et culturel. Le Maroc aspire à développer ses relations avec l’Espagne et souhaite que les discussions maroco-espagnoles prévues prochainement abordent l’ensemble des sujets et contentieux existants entre ces deux pays. Le Maroc n’a jamais cessé de revendiquer officiellement les villes occupées de Sebta et de Mélilia et les îles avoisinantes.
Le peuple palestinien continue de souffrir chaque jour sous les effets de la violence acharnée exercée par l’armée d’occupation. Le Maroc a salué la vision exprimée par le Président George W. Bush appelant à créer un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Nous sommes disposés à contribuer à la réactivation du processus de paix en vue de la création d’un Etat palestinien avec Al-Qods pour capitale. La question iraquienne est devenue une source de préoccupation pour la communauté internationale en raison des souffrances du peuple iraquien. Nous avons appelé à la mise en oeuvre par l’Iraq des résolutions du Conseil de sécurité. Il incombe aux Nations Unies d’agir dans le cadre de sa Charte. Nous sommes préoccupés par la question des disparus Koweïtiens et soulignons la nécessité de préserver l’intégrité territoriale du Koweït. Nous affirmons également la nécessité de préserver l’unité de l’Iraq et sa souveraineté sur tout son territoire.
M. PHIL GOFF, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, a souligné la nécessité des actions collectives pour garantir la paix dans le monde et cette nécessité se fait ressentir de façon de plus en plus forte aujourd’hui du fait du caractère mondial des fléaux qui nous frappent – terrorisme, pauvreté, maladies - et qui nécessitent des réponses à l’échelle de la planète. Il s’agit de combattre le terrorisme, mais aussi les racines de ce mal que sont la pauvreté, l’injustice et l’inégalité. Le fait que l’on n’ait pas réussi à régler le différend entre Israéliens et Palestiniens, continue de favoriser le recrutement de terroristes. En ce qui concerne l’Iraq, le Ministre a déclaré qu’aucune nation ne peut se permettre de faire fi de ses obligations internationales. Les Nations Unies doivent relever le défi que lui pose l’Iraq et, ceux qui ont de l’influence sur ce pays doivent l’inciter à respecter ses obligations. Les actions collectives peuvent sauver des vies et aider à reconstruire des nations, comme nous avons pu le voir au Timor oriental.
L’action multilatérale est essentielle dans le domaine des droits de l’homme. Nous saluons l’entrée en vigueur du Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale et dénonçons l’action du Conseil de sécurité en juillet dernier. Nous estimons qu’en vertu du Statut, le Conseil ne peut s’arroger le droit de modifier le contenu de ce cadre juridique international sans précédent. D’autre part, nous estimons que la communauté internationale n’a pas fait assez pour limiter la production de matières fissiles et pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et l’appelons à faire face à ses responsabilités en ce domaine. Nous renouvelons notre engagement à l’égard du multilatéralisme, comme le meilleur moyen de faire face aux problèmes mondiaux.
Mme BENITA FERRERO-WALDNER, Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Autriche, a fait part de la solidarité du peuple autrichien avec les victimes de l’attentat du 11 septembre. La lutte contre le terrorisme exige une approche globale qui tienne compte des volets de prévention, de protection de la sécurité des Etats et des valeurs fondamentales de liberté et des droits de l’homme. Les mesures de coercition ne doivent être invoquées qu’en dernier recours. Nous sommes satisfaits de constater que le Secrétaire général partage notre point de vue au sujet de la nécessité de renforcer la Branche de prévention du terrorisme du Secrétariat. En matière de sécurité internationale, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur les conflits régionaux comme celui du Moyen-Orient. Nous estimons que la feuille de route élaborée par l’Union européenne pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant au cours des trois prochaines années constitue la base qui permettrait de mettre un terme au conflit, tout comme l’est le Plan de paix arabe adopté à Beyrouth. L’Union européenne a exprime sa détermination à fournir le soutien nécessaire à la réforme de l’Autorité palestinienne.
L’Autriche réaffirme l’importance qu’elle attache à l’élargissement de l’Union européenne. Nous nous félicitons de pouvoir accueillir de nouveaux membres en 2004, étendant la zone européenne de paix, de stabilité, et de bien-être à tout le continent. Nous sommes engagés à finaliser le processus d’admission des nouveaux membres d’ici la fin de l’année. Nous sommes heureux de constater que l’Europe du Sud-Est a fait de grands progrès vers la stabilité. Au mois de mai de cette année, le Projet de coopération du Danube a été lancé à Vienne. Il vise à accroître le développement de cette région en connectant les 13 pays que traverse le Danube.
Depuis le mois de juillet, l’Autriche préside le Réseau pour la sécurité humaine et en ma capacité de Présidente de ce groupe, j’ai défini deux priorités, à savoir la nécessité de disposer d’un système commun d’acquisition d’une culture des droits de l’homme et la situation des enfants dans les conflits armés. Nous appuyons fermement le Protocole à la Convention contre la torture. J’ai également soulevé la question d’Amina Lawal dans une lettre adressée au Ministre des affaires étrangères du Nigéria.
M. ANATOLIY ZLENKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a précisé que l’Ukraine s’apprête à commémorer le 70ème anniversaire d’une terrible famine provoquée par un régime totalitaire qui a coûté la vie de plus de 7 millions d’Ukrainiens. A l’époque, le monde n’a pas réagi et les conséquences de cette catastrophe ont été abominables. C’est pourquoi, nous apprécions tout particulièrement aujourd’hui le succès de la coalition internationale contre le terrorisme. La nécessité d’une nouvelle philosophie se fait particulièrement pressante à un moment où le succès de la présence internationale en Afghanistan et de la mission de la paix au Timor oriental ainsi que la normalisation dans les Balkans sont en contradiction avec la résurgence de conflits au Moyen-Orient et les problèmes persistants en matière de sécurité sur le continent africain. Dans ce contexte, les Nations Unies n’ont pas le droit de se limiter à une situation d’observation passive et à une analyse sans participation. Nous devons développer une stratégie d’ensemble des Nations Unies en matière de prévention de conflit, qui contribuera à un passage réel de l’Organisation d’une culture de réaction à une culture de prévention.
Nous saluons l’entrée en vigueur du statut de la Cour pénale internationale et appelons à ce que son intégrité soit préservée. De même, nous appelons à l’élaboration d’une convention globale contre le terrorisme international. Nous sommes en faveur du renforcement du rôle de coordination de l’ECOSOC pour la mise en œuvre des objectifs de la Déclaration du Millénaire, des résultats de la conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg. Nous soutenons le projet d’échanger une annulation de la dette des pays en développement contre leur engagement à développer les énergies durables. Ce serait un moyen de relancer la croissance dans ces pays tout en préservant l’environnement. Nous soutenons également une réforme du Conseil de sécurité de façon à ce que sa composition soit plus fidèle à celle des Nations Unies.
Nous espérons que des négociations entre l’Iraq et les Nations Unies aboutiront à une solution. Par ailleurs, nous regrettons l’absence de progrès dans le conflit géorgo-abkhaze. Le manque de confiance entre les deux parties fait obstacle à la reprise du dialogue. L’Ukraine, qui a accueilli la troisième réunion des parties sur la création d’un climat de confiance est prête à prendre des mesures pratiques en coopération avec les Nations Unies et les Etats intéressés afin de renouveler l’esprit de Yalta. Elle est profondément préoccupée par les tensions entre Tbilisi et Moscou. Elle soutient fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie. Il faut, un an après les attaques terroristes du 11 septembre, que chacun réalise l’importance particulière des Nations Unies pour la protection des valeurs de notre civilisation.
M. SAMUEL R. INSANALLY, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a déclaré que le système international est maintenant caractérisé par une dangereuse instabilité qui sape - et peut même détruire – de nombreux Etats. Nous devons non seulement faire face à l’horrible violence du terrorisme mais aussi aux autres formes de terreur, à savoir la pauvreté, la faim et les maladies. L’instabilité mondiale n’a pas permis de mettre en oeuvre l’Agenda pour le développement. Après plus d’une décennie de conférences sur la question du développement, nous devons encore parvenir à saisir pleinement les implications d’un monde de plus en plus interdépendant et d’une économie mondialisée. L’action internationale est nécessaire au processus de développement. Ce qui est moins clair est la forme que doit prendre une telle relation. L’impératif de stabilité internationale, à la fois politique et économique, exige davantage de symbiose entre les Etats. De nombreux pays en développement n’ont pas vu d’améliorations de leur économie et de leur situation sociale malgré leurs efforts de réforme et de restructuration. Le taux de croissance de la plupart de ces pays est inférieur de deux pour cent à ceux des années 1970 au moment de la crise du pétrole.
Au cours des dix dernières années, les Etats de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont mis en oeuvre des programmes de réformes socioéconomiques mais les résultats dans l’ensemble ont été décevants en raison de leur petite taille, de leur situation géographique, des limites des ressources naturelles et de leur haut degré de dépendance vis-à-vis du commerce international. La situation se trouve aggravée par le taux d’incidence élevé du VIH/sida, le deuxième plus élevé au monde. Les petits Etats comme le notre dans les Caraïbes ont besoin de projets de coopération dans le domaine du développement durable qui reposent sur la confiance et les intérêts des parties. Il faudrait pour cela trouver de nouveaux moyens de parvenir à un équilibre entre l’économie et l’écologie. Tous les efforts devraient être également déployés pour garantir la mise en oeuvre de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés. Comme l’a dit notre Président lors du Sommet de Johannesburg, les partenariats entre les secteurs public et privé doivent reposer sur la justice et la transparence tout en tenant compte des lois du pays. Les partenariats avec les institutions financières doivent reposer sur la compréhension d’une situation donnée plutôt que sur une approche doctrinaire.
M ZLATKO LAGUMDZIJA, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie Herzégovine, a déclaré que nous devons être prêts à une confrontation longue et épuisante avec le terrorisme international. Nous ne devons pas oublier que les Balkans offrent un bon exemple en matière de maintien de la paix à condition que la communauté internationale continue à investir ses efforts en faveur du relèvement de cette région. Nous sommes des fervents partisans de la démocratie comme un pilier du développement, car seule une gouvernance responsable peut aboutir aux changements nécessaires. Nous regrettons que les principaux coupables des génocides en Bosnie-Herzégovine, MM. Ratko Mladic et Karadzic soient toujours en liberté et nous formons le vœu que la communauté internationale fasse le nécessaire pour qu’ils soient traduits en justice. La Mission de paix des Nations Unies qui achève son mandat à la fin de l’année a atteint un succès réel, notamment en matière de formation des agents de police et de la réforme judiciaire. Nous appuyons la modernisation des Nations Unies et notamment l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité dans le souci d’une plus grande efficacité de cette Organisation. En partenariat avec la communauté internationale nous travaillons à la reprise du développement économique dans une logique de promotion du développement durable. Emploi, justice pour tous et l’Europe sont nos priorités aujourd’hui, et nous sommes déterminés à passer à l’action.
M. MARSDEN H. MADOKA, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a formé le vœu que la 57ème session de l'Assemblée générale soit l’occasion de faire le point sur les engagements pris lors du Sommet du Millénaire alors que nous devons faire le constat de l’inefficacité du cadre financier mondial pour faire face aux besoins des pays en développement et alors que la part du continent africain ne représente que 2% du commerce mondial. Le lancement de l’Union africaine a ravivé l’espoir du continent africain et les Africains sont aujourd’hui conscients que la solution de leurs problèmes est entre leurs mains. Nous demandons un véritable partenariat pour atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg.
Nous formons le vœu que les contributions volontaires au FNUAP retrouvent le niveau qu’elles avaient et encourageons le Secrétaire général à prendre les mesures nécessaires pour que les réunions relatives aux questions environnementales aient lieu à Nairobi. Nous regrettons que l’on mette trop l’accent sur les droits politiques, aux dépens des droits économiques et sociaux et du développement. L'Assemblée générale doit jouer un rôle directeur et être le fer de lance dans l’action en faveur du développement. Nous nous félicitons de la signature d’un accord de paix entre le Gouvernement du Soudan et l’Armée de libération du Soudan et saluons les évolutions positives en Angola et en Sierra Leone. Nous appelons à une conclusion rapide des négociations sur une représentation équitable au sein du Conseil de sécurité, car il est tant que l’Afrique reçoive la place qui lui revient au sein de ce Conseil. Nous attendons un engagement plus résolu de la communauté internationale pour un monde plus juste et plus prospère, car les injustices qui règnent dans une partie du monde sont une menace pour l’autre partie.
Mme LILIAN PATEL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi, a déclaré qu’à l’heure actuelle, six pays d’Afrique australe, dont le Malawi, sont au seuil d’une famine qui affectera au moins 13 millions de personnes vivant au Lesotho, Malawi, Mozambique, Swaziland, Zambie et Zimbabwe. La pénurie alimentaire vient s’ajouter aux fardeaux des pays à faible revenu. Des ressources budgétaires ont dû être ponctionnées des secteurs d’activités sociales essentiels afin de subventionner les importations massives de semences. A l’origine, le Malawi devait faire face à une pénurie de semences estimée à 600 000 tonnes en raison de la sécheresse cumulée à des pluies torrentielles et des inondations. Nous faisons part de notre gratitude aux pays donateurs.
Les taux élevés de pauvreté, l’incidence du VIH/sida et d’autres maladies continuent de ravager les populations des pays en développement, en particulier ceux du continent africain. L’Afrique australe, qui compte le plus grand nombre de victimes de la pandémie du sida, a besoin de davantage d’attention, d’actions concrètes et de davantage de ressources. Il est à cet égard très troublant de constater que certains Etats et institutions ont adopté une approche minimaliste quant au rôle central que doivent jouer les Nations Unies, leurs fonds et leurs programmes. Je me réfère en particulier à la décision récente des Etats-Unis de se retirer du Fonds des Nations Unies pour la population. Nous appelons les institutions multilatérales et les pays industrialisés à alléger davantage le
fardeau de la dette des pays pauvres. Les organisations transnationales qui tirent d’énormes bénéfices de leurs opérations dans les pays pauvres ont la responsabilité morale d’appuyer les actions de prévention du VIH/sida. Les laboratoires pharmaceutiques devraient eux aussi faire preuve de plus de
compassion en favorisant l’accès aux antirétroviraux, y compris en acceptant de réduire leurs prix et en faisant des dons. Le Gouvernement du Malawi reconnaît le rôle important joué par les Nations Unies pour mobiliser un soutien et des ressources en faveur des pays les plus pauvres. Nous souhaitons que l’établissement de l’Office du Haut Représentant pour les pays les moins avancés au sein du Secrétariat favorisera des consultations régulières et un suivi plus précis des programmes d’action qui ont été jusqu’ici adoptés.
Les produits agricoles et autres marchandises des pays en développement doivent avoir accès aux marchés des pays développés. Il est inacceptable que ces pays déversent leurs produits sur nos marchés sans que l’inverse ne soit possible. Le mouvement des capitaux, les investissements, l’aide publique au développement sont aussi des facteurs importants. Nous avons également besoin de structures institutionnelles qui soient en mesure de traduire les investissements en bénéfices concrets pour nos peuples.
M. OSBORNE RIVIERE, Ministre des affaires étrangères du Commonwealth de la Dominique, a déclaré que la situation mondiale n’a pas été favorable à la croissance de petits Etats comme le sien qui demeurent vulnérables, et dont l’économie repose pour une grande part sur l’agriculture qui est extrêmement sensible aux chocs extérieurs. Bien que les évènement du 11 septembre soient derrière nous, les dommages causés à l’économie des Caraïbes sont irréparables, notamment l’économie du tourisme. La croissance de notre secteur financier “Off Shore” a également été touchée par l’inclusion de notre pays sur la liste des pays les moins coopératifs établie par l’OCDE. Nous sommes fermement engagés dans la lutte contre le blanchiment d’argent et sommes prêts à coopérer avec la communauté internationale. Alors que je vous parle, mon pays fait face au moment le plus critique de son histoire. Le ralentissement de l’économie, l’impact du 11 septembre, les difficultés à intégrer le système commercial international et le déclin rapide de l’Aide publique au développement ont affecté les performances de notre économie. Nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à appliquer les programmes d’ajustement structurel approuvés par le FMI.
Nous avons applaudi aux engagements pris lors de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement. Ce que nous souhaitons est une distribution équitable des fonds supplémentaires promis par les pays de l’Union européenne au titre de l’APD en mars dernier. Nous pouvons en dire autant du “Nouveau pacte pour le développement mondial” proposé par le Président Bush le 14 mars dernier aux termes duquel les Etats-Unis se sont engagés à accroître leur aide de base aux pays en développement de 50 % au cours des trois prochaines années. Le Sommet de Johannesburg a établi un lien entre la protection de l’environnement, la gestion des ressources naturelles et les questions relatives à la pauvreté, le sous-développement et la justice sociale. Nous faisons part de notre appréciation au Gouvernement de la République de Chine à Taiwan pour son engagement en faveur du développement social, économique et en matière d’infrastructures de petits pays comme le nôtre et accueillons positivement la décision de l’Organisation mondiale du commerce d’admettre la République de Chine à Taiwan. Nous souhaitons qu’elle prenne également sa place dans l’enceinte des Nations Unies.
Droit de réponse
Le représentant de l’Espagne a déclaré, en réponse à la déclaration faite par le Ministre des affaires étrangères du Maroc, que les villes de Sebta et de Mélilia font partie intégrante du territoire espagnol. Leurs citoyens sont représentés au Parlement espagnol. Ils jouissent des mêmes droits et des mêmes libertés et sont protégés par le même ordre juridique.
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