SG/SM/8017

IL NE SUFFIT PAS D’ELIMINER LES OBSTACLES AU COMMERCE, LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DOIVENT POUVOIR EXPLOITER LEURS DEBOUCHES COMMERCIAUX

26/11/2001
Communiqué de presse
SG/SM/8017


IL NE SUFFIT PAS D’ELIMINER LES OBSTACLES AU COMMERCE, LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DOIVENT POUVOIR EXPLOITER LEURS DEBOUCHES COMMERCIAUX


On trouvera ci-après le texte du message adressé par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la quatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce organisée à Doha (Qatar) du 9 au 13 novembre, devant être prononcé en son nom par M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED):


L’issue de cette conférence peut avoir des répercussions décisives sur l’avenir du système commercial multilatéral, sur l’économie mondiale dans son ensemble et, par-là même, sur les attentes de millions d’hommes.


La croissance de l’économie mondiale est à son niveau le plus faible en 10 ans, et le spectre d’une récession de dimension planétaire se fait aujourd’hui menaçant. Cette conjoncture aura des conséquences catastrophiques sur les pays les plus pauvres, dont les efforts de lutte contre la pauvreté sont déjà contrariés par la chute des cours des matières premières, le déclin des exportations et le recul des investissements étrangers, mais aussi, dans bien des cas, par les guerres. Selon les prévisions de la Banque mondiale, au moins 15 millions d’hommes en plus pourraient tomber dans la misère en 2002 en raison du ralentissement de l’économie, dont 5 millions probablement en Afrique.


Pour inverser cette tendance, il faut rétablir la confiance dans les marchés, ouvrir de nouveaux débouchés aux exportations et renouer avec la croissance. Plus que jamais, il faut résister à la tentation du protectionnisme et rechercher des solutions multilatérales aux problèmes.


Le commerce est l’un des principaux moteurs de la croissance. C’est pourquoi les pays en développement et les pays en transition doivent, plus encore que les autres pays, s’engager à poursuivre l’ouverture de leur marché. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs pris la décision, de manière unilatérale, de libéraliser leur politique commerciale au cours des 10 dernières années, sans condition de réciprocité. Pourtant, nous sommes encore loin d’une véritable ouverture des marchés. Les échanges agricoles, en particulier, sont faussés par les subventions, qui s’élèvent à plus de 300 milliards de dollars par an dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – soit un montant à peu près équivalent au produit intérieur brut de l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne.


                                                       SG/SM/8017

                                                       26 novembre 2001


Le nouveau cycle de négociations que vous vous apprêtez à lancer doit être un véritable «cycle pour le développement». Il doit prendre en compte les principales préoccupations des pays en développement et contribuer à améliorer leur compétitivité. J’engage instamment les négociateurs à se demander toujours: «Comment trouver une solution à ce problème qui permette aux pays de se développer et aux populations de sortir de la pauvreté?».


L’élimination des obstacles au commerce apparaît comme une condition nécessaire, mais non suffisante, à la réalisation de ces objectifs. En effet, il est tout aussi important que les pays en développement se dotent des capacités techniques, sociales et économiques leur permettant de tirer parti des débouchés commerciaux. Ces pays doivent investir dans le secteur de l’éducation, créer les équipements nécessaires et consolider leurs institutions. La communauté internationale peut, et doit, les aider en ce sens.


La tenue de cette conférence vient à point nommé à au moins un égard : elle coïncide avec la conclusion réussie des négociations relatives à l’adhésion de la Chine à l’OMC, qui constitue un événement majeur dans l’histoire du système commercial mondial. Une trentaine d’autres pays en développement et pays en transition souhaitent ardemment la rejoindre. J’espère que leur demande sera bientôt satisfaite et que le processus de décision concernant leur candidature se déroulera de manière transparente et sans exclusion.


Je me réjouis également de la coopération renforcée entre l’OMC et l’ONU, qui s’est manifestée lors des préparatifs de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Monterrey (Mexique) en mars prochain. Ces préparatifs offrent l’occasion d’une collaboration plus étroite que jamais entre les États Membres, les organismes des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l’OMC. Je vous encourage à préserver cet esprit de partenariat novateur, en particulier dans les efforts que vous déployez pour que les pays en développement reçoivent l’assistance technique dont ils ont besoin pour la négociation. De son côté, l’ONU est déterminée à continuer d’offrir une assistance de ce type par le biais de ses commissions régionales et de la CNUCED, avec le concours du Programme des Nations Unies pour le développement.


Au lendemain des événements tragiques du 11 septembre, le monde doit choisir son avenir: on assistera soit à un conflit entre ce que l’on appelle les « civilisations», qui entraînerait leur destruction mutuelle, soit à l’édification d’une économie mondiale fondée sur des valeurs universelles. C’est cette dernière voie que nous devons choisir – mais cela n’est possible qu’à condition que le marché mondial soit ouvert à tous et offre un véritable espoir à tous ceux qui souffrent actuellement de la pauvreté.


Il apparaît plus que jamais essentiel que les pays riches comme les pays pauvres s’accordent sur les règles devant régir le système commercial international.


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