LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE PALESTINIENS ET ISRAELIENS A REPRENDRE LA VOIE DE LA NEGOCIATION
Communiqué de presse SG/SM/7755 |
LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE PALESTINIENS ET ISRAELIENS
A REPRENDRE LA VOIE DE LA NEGOCIATION
On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la réunion au sommet de la Ligue des Etats arabes à Amman, le 27 mars :
C’est pour moi un honneur de me trouver parmi vous. Je voudrais exprimer ma gratitude à S. M. le Roi Abdullah pour son hospitalité, sa direction éclairée et son appui sans faille à l’Organisation des Nations Unies.
J’aimerais également rendre hommage à M. Ahmed Esmat Abdel Meguid, ami de longue date de l’Organisation des Nations Unies, grand serviteur de la cause arabe et de son pays.
Le cycle de violence qui se poursuit entre Palestiniens et Israéliens a fait des centaines de morts et des milliers de blessés, palestiniens dans leur grande majorité. La pauvreté et le chômage sont montés en flèche. Blocus et bouclages ont paralysé l’économie palestinienne, isolé la Cisjordanie et Gaza et empêché l’acheminement de médicaments, de vivres et de carburant. Ce châtiment collectif a provoqué une vague de colère et de désespoir dans les territoires occupés où la situation était déjà tendue. Les Israéliens eux aussi ont vu de grands espoirs se transformer en peur.
Cette crise nous préoccupe tous d’autant plus que l'on avait obtenu des succès historiques, suscitant beaucoup d'espoirs. Je suis également préoccupé par le fait que les tensions et la rhétorique ont souvent occulté un aspect crucial de la question. La communauté internationale et le monde arabe sont tout à fait en droit de critiquer Israël pour la poursuite de l’occupation des territoires palestinien et syrien et pour sa réaction excessivement brutale à l’Intifada. Cependant, ces critiques seraient plus efficaces si de nombreux Israéliens n’étaient pas convaincus que leur existence est menacée. Israël a le droit, reconnu par de nombreuses résolutions de l’ONU, d’exister en toute sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues.
C’est pourquoi j’engage, une fois de plus, les deux parties à reprendre le chemin de la paix. La violence n’apportera pas de solution et il ne sert à rien de reculer la date à laquelle les deux parties retourneront à la table de négociations. Aujourd’hui plus que jamais, il nous faut nous acheminer vers un accord qui satisfasse à la fois le désir légitime des Palestiniens d’accéder à l’indépendance nationale et les exigences légitimes des Israéliens en matière de reconnaissance et de sécurité, en un mot un accord global, juste et durable sur la base des principes énoncés il y a bien longtemps déjà dans les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et du principe de l’échange de territoires contre la paix.
La situation en Iraq demeure également gravement préoccupante. Je déplore vivement les souffrances que le peuple iraquien continue d’endurer et partage l’espoir de tous ceux qui sont ici présents que les sanctions puissent être levées le plus tôt possible.
Comme je l'ai dit au Sommet de l'OCI à Doha, je suis pleinement conscient du sentiment largement répandu qu’il y a deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit d’appliquer les résolutions de l’ONU. Je crois aussi que la situation humanitaire en Iraq pose un dilemme moral à l’Organisation des Nations Unies, qui s’est toujours tenue au côté des plus vulnérables en s’efforçant d’alléger leurs souffrances.
Par ailleurs, je pense aussi que la direction iraquienne obtiendra davantage de résultats par la coopération avec la communauté internationale, y compris ses voisins, que par l’affrontement. En tant que Secrétaire général, j’ai le devoir de rappeler à tous les États les engagements pris en vertu de la Charte et l’obligation qui leur incombe de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité. Je lance un appel à l’Iraq pour qu’il revienne sur sa position et coopère avec la communauté internationale.
Comme vous le savez, j’ai eu, le mois dernier, des entretiens avec une délégation iraquienne de haut niveau. Ces entretiens marquent le début d’un processus qui, je l’espère, nous permettra de sortir de l’impasse. Nous sommes convenus de poursuivre le dialogue et j’en attends la suite avec intérêt.
Au mois de septembre dernier, lors du Sommet du Millénaire à New York, vous vous êtes, au côté d’autres dirigeants, engagés à faire en sorte que notre monde soit plus pacifique, plus démocratique et plus juste. Vos peuples, les jeunes en particulier, veulent voir ce vœu concrétisé. Près de la moitié de la population du monde arabe a moins de 18 ans. Ces jeunes ont besoin d’éducation et d’emploi. Ils veulent s’ouvrir au monde et à leurs semblables, sûrs de leurs libertés et de leurs droits. Tout doit être fait pour libérer leur énergie.
Votre mission est de faire en sorte que votre région soit au rendez-vous de ce siècle prometteur. À l’instar des autres régions, le monde arabe doit faire face aux exigences multiples du développement, résoudre le conflit entre tradition et modernité et œuvrer pour la paix, la justice et la liberté. La Ligue des États arabes a un rôle décisif à jouer à cet égard et l’Organisation des Nations Unies continuera à se tenir à ses côtés.
Je vous remercie.
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