LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE ESTIME QUE LA DECISION DE L'UNION EUROPEENNE D'ACCUEILLIR LA CONFERENCE SUR LES PMA EST UN GAGE DE SON ENGAGEMENT EN FAVEUR DE CES PAYS
Communiqué de presse PMA/107 |
Comité préparatoire intergouvernemental de
la Troisième Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
2e séance – après-midi
LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE ESTIME QUE LA DECISION DE L'UNION EUROPEENNE D'ACCUEILLIR LA CONFERENCE SUR LES PMA EST UN GAGE DE SON ENGAGEMENT EN FAVEUR DE CES PAYS
Le Comité préparatoire de la Conférence entame
une première lecture du projet de programme d'action qui sera adopté à Bruxelles
Le Comité préparatoire de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA a poursuivi, cet après-midi, les travaux de sa deuxième session, qui doit se terminer le 9 février. Le Comité a ainsi entendu les représentants des pays et des différentes organisations faire part de ce qui, pour eux, doit figurer dans le programme d'action qui sera adopté à l'issue de la Conférence sur les PMA qui doit se tenir á Bruxelles du 14 au 20 mai 2001, sous les auspices de l'Union européenne.
Ouvrant la réunion, le Président de l'Assemblée générale, M. Harri Holkeri a constaté que tout comme la Déclaration du millénaire, le projet de Programme d'action reconnaît les trois domaines critiques pour le développement des PMA, à savoir le commerce, l'aide publique au développement et la dette. S'il a appelé les PMA à assumer la première responsabilité de leur développement, il a néanmoins exhorté la communauté internationale, le système des Nations Unies et les Etats membres à apporter la contribution requise. A cet égard, il a interprété le geste de l'Union européenne d'accueillir la troisième Conférence sur les PMA comme un témoignage "des partenaires du développement" de demeurer engagés en faveur des PMA. Le Président de l'Assemblée générale a voulu que le développement des PMA soit l'affaire de tous, de la société civile, du secteur privé, des médias, des parlementaires et des universitaires et des ONG. Il a vu dans le système des Nations Unies un élément important des mécanismes de suivi de la mise en oeuvre des décisions qui seront prises à Bruxelles.
Le nombre de PMA a presque doublé depuis 1971, date à laquelle les Nations Unies ont établi ce groupe. Cette catégorie de pays est constituée sur la base de critères tels que le bas revenu national, le faible niveau de développement du capital humain et la vulnérabilité économique. A ces critères, s'ajoute un plafond de population. La situation des PMA s'étant détériorée au cours de cette décennie malgré le programme d'action adopté en 1990 lors de la deuxième conférence à Paris, l'Assemblée générale a décidé, en 1997, de charger la Troisième Conférence sur les PMA d'évaluer les résultats du Programme d'action pour les années 90; d'examiner la mise en oeuvre de mesures internationales d'appui; et d'adopter aux niveaux national et international, des politiques et mesures appropriées en vue du développement durable des PMA et de leur intégration progressive à l'économie mondiale.
Partant, le Comité préparatoire a décidé de consacrer la majeure partie de sa deuxième et avant-dernière session de fond, à une première lecture du projet de programme d'action qui sera adopté à Bruxelles pour les années 2001-2010. Les engagements préconisés dans le projet de programme d'action visent à encourager une action axée sur la population, à promouvoir une bonne gouvernance, et à renforcer les moyens humains, renforcer les capacités de production, aider les PMA à tirer parti de la mondialisation, réduire la vulnérabilité et préserver l'environnement; et mobiliser les ressources financières. A cette fin, le projet de programme d'action promeut un partenariat renforcé fondé sur une action conjointe entre les PMA et leurs partenaires de développement.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole : République de Corée; Mauritanie; Algérie; et Maldives. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI); de l'Organisation mondiale du commerce (OMC); l'Organisation internationale du travail (OIT); du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), de l'Union postale universelle (UPU), du Centre international des communications (ITC) et de l'Organisation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture (FAO) se sont également exprimés.
La prochaine réunion formelle du Comité préparatoire sera annoncée dans le Journal.
Le Président de l'Assemblée générale, M. HARRI HOLKERI, a estimé que la troisième Conférence sur les PMA, qui est la première conférence importante après le Sommet du Millénaire, représente un mécanisme dont disposera l'Assemblée générale pour mettre en oeuvre les engagements contenus dans la Déclaration du millénaire. Cette Déclaration, a rappelé M. Holkeri, s'articule autour de trois domaines critiques concernant le développement des PMA, à savoir le commerce, l'aide publique au développement et la dette. Il s'est ainsi dit heureux que le projet de Programme d'action tienne compte de toutes les dimensions de la Déclaration du millénaire en suivant une approche holistique et participative. En effet, la Déclaration du millénaire insiste sur la nécessité d'une approche intégrée et coordonnée au sein des Nations Unies dans la mise en oeuvre des engagements.
Il est urgent de prendre des actions concrètes en faveur des PMA, a dit
M. Holkeri en soulignant la responsabilité première des gouvernements des PMA. Ces derniers doivent, de l'avis de M. Holkeri, renforcer leur politique nationale en plaçant l'homme au centre des préoccupations, en améliorant la gouvernance et en impliquant tous les acteurs concernés. D’autre part, il revient à la communauté internationale, au système des Nations Unies et aux Etats membres de se préparer à apporter leur contribution. Insistant sur la participation de tous,
M. Holkeri a considéré que le développement ne peut plus être perçu comme l'affaire des gouvernements. Il s'agit d'une action collective des "peuples des Nations Unies " comme le stipule la Charte de l'Organisation. Il ne faut en aucun cas se passer de la contribution réelle de la société civile, du secteur privé, des médias, des parlementaires et des universitaires. Les acteurs non gouvernementaux ont également un potentiel énorme. Un dialogue participatif entre tous les concernés offrira une base solide au résultat et donnera à tous un plus grand sens d'appropriation, a insisté M. Holkeri.
Le fait qu'il s'agisse de la première conférence des Nations Unies qu'accueille l'Union européenne témoigne de la volonté des partenaires du développement de demeurer collectivement engagés dans le développement des PMA. De nombreuses recommandations du projet de Programme d'action découlent des résultats des conférences et sommets des Nations Unies, a rappelé M. Holkeri pour souligner que tous ces liens fournissent l'occasion d'une approche intégrée. Concluant sur l'importance qu'il y a à mettre en place des mécanismes de suivi,
M. Holkeri a jugé que le système des Nations Unies aura un rôle important à jouer en la matière. Ce rôle exigera que l'on insiste sur la nécessité de mobiliser les efforts de l'ensemble du système aux niveaux mondial, régional et national, a encore dit M. Holkeri.
M. JOERGEN ESTRUP, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a considéré qu'éradiquer la pauvreté et faire en sorte que les pauvres tirent profit de la mondialisation sont des objectifs très importants. Il a estimé qu'élargir l'accès aux technologies, aux biens et aux services permet de créer les conditions nécessaires à un développement durable. Le représentant a expliqué que l'ONUDI tente de favoriser un essor de la capacité de production industrielle, facteur indispensable du développement. Selon lui, l'aspect production de la mondialisation n'est pas suffisamment couvert. En conclusion, le représentant a félicité la CNUCED du rôle qu'elle joue dans ce processus multidimensionnel ainsi que du partenariat qu'elle a instauré dans ce processus vital pour les PMA.
M. KIM BYUNG YUN(République de Corée) a estimé que le développement des PMA est une priorité pour la croissance mondiale à long terme. Il a estimé que les principes de la responsabilité partagée et du renforcement des partenariats sont des éléments pertinents pour traiter des défis qui se posent aux PMA. Ces derniers, a dit le représentant, devraient jouer leur rôle en prenant les mesures microéconomiques et de réformes structurelles nécessaires. Pour sa part, la communauté internationale doit mettre tout en oeuvre pour appuyer ces efforts. Soulignant les difficultés que rencontrent les PMA dans leurs efforts pour mobiliser des ressources aux fins du développement, le représentant a estimé que l'investissement étranger direct (IED) et l'aide publique au développement (APD) demeurent nécessaires pour réaliser les objectifs de développement. Il a aussi souligné l'importance des questions du renforcement des capacités et de la mise en place des infrastructures, en invitant les PMA à leur donner la priorité ainsi qu'aux questions liées aux réformes institutionnelles. A l'ère des techniques de l'information, le représentant a également jugé important que la communauté internationale n'épargne aucun effort pour combler le fossé numérique.
M. ALI REDJEL (Algérie) a déclaré que sa délégation soutient l'adoption d'un programme d'action basé sur un partenariat dynamique, l'élimination de la pauvreté et l'"arrimage" des pays pauvres à l'économie mondiale. Le représentant s'est également prononcé pour une annulation totale de la dette des PMA. Il s'est réjoui du fait que le projet de programme d'action ait été élaboré en tenant compte des objectifs fixés lors des grandes conférences passées, en particulier en ce qui concerne l'initiative renforcée en faveur pays pauvres très endettés. Le représentant a souligné la nécessité d'assurer un accès aux marchés du nord des produits des pays en développement, ce qui permettrait de mettre fin à leur isolement économique. Il a également mis l'accent sur les mesures favorisant les investissements directs. S'agissant de la question du suivi et de la mise en oeuvre, la délégation algérienne a appuyé l'idée de la création d’un mécanisme chargé du suivi aux niveaux national, régional et international.
M. OULD MOHAMED LEMINE (Mauritanie) a constaté que la marginalisation des PMA s'est accentuée durant les années 90 malgré le Programme d'action adopté à la deuxième Conférence qui leur a été consacrée. Le représentant a expliqué cette réalité par le fait que le succès des réformes mises en place par les PMA dépend d'abord et surtout d'un environnement international favorable. Or on constate aujourd'hui que le déclin de l'aide publique au développement, les difficultés d'accès aux marchés, la détérioration des termes de l'échange, le fardeau grandissant de la dette et la faiblesse des flux de l'investissement étranger direct demeurent les principales contraintes au développement des PMA. La Conférence doit donc relever ces défis en prenant des engagements réalistes, concrets et pratiques assortis d'un mécanisme de suivi efficace. Le projet de programme d'action est une bonne base de départ, a estimé le représentant en souhaitant toutefois que l'ordre des priorités soit revu pour mieux refléter les priorités des PMA eux-mêmes.
M. SAMIR RADWAN, Organisation internationale du Travail (OIT), a appuyé le processus préparatoire de la troisième Conférence sur les PMA et a fait part de son sentiment que la Conférence à venir doit changer véritablement les choses en se gardant d'établir de longues listes de voeux pieux mais en établissant un réel programme d'action. Le projet de Programme d'action soumis aujourd'hui a une lacune, a estimé le représentant, il passe sous silence le rôle de l'emploi dans l'élimination de la pauvreté. Or, a-t-il rappelé, 500 millions de personnes issues de 80% des pays en développement entreront, au cours de la prochaine décennie, dans le marché du travail. De plus, un tiers de la population active des pays en développement vit avec moins d'un dollar par jour. Il a été prouvé, a insisté le représentant, que pour renforcer la croissance, il faut agir sur les questions relatives à l'emploi dont la formation de la main-d'oeuvre, en particulier en cette ère numérique. La croissance est importante mais sa durabilité dépend d'une prise en compte des questions de l'emploi, a conclu le représentant en faisant part de son intention de faire des propositions précises à inclure dans le projet de programme d'action.
M. BJORN SKOGMO (Norvège) a estimé que le processus préparatoire de la Troisième Conférence sur les PMA doit toucher l'ensemble du système des Nations Unies et donner lieu à de nombreux échanges, ainsi qu'à un suivi interinstitutions. La Norvège est fermement convaincue que la responsabilité première en ce qui concerne le développement national revient à chaque Etat, notamment à travers une bonne gouvernance et des politiques macroéconomiques sûres. La Norvège est prête à financer la table ronde sur le rôle du monde des affaires. En ce qui concerne le programme d'action, l'engagement concernant les personnes est satisfaisant mais les sous-engagements dans ce cadre doivent être plus précis. En outre, les engagements devraient être pris autant par les PMA que par la communauté internationale. L'aide au développement doit absolument se diriger aussi sur le secteur de la santé. Le représentant a suggéré que le projet de programme d'action insiste sur la lutte contre le VIH/Sida qui est devenue une question fondamentale en matière de développement autant qu'en matière de santé. Nous devons considérer la stratégie de lutte contre ce virus comme une partie intégrante de la politique de développement, a-t-il insisté. Le représentant a ajouté que l'APD ne représente qu'une partie des fonds nécessaires mais qu'elle est d'une importance fondamentale pour les PMA, notamment pour catalyser les partenariats.
M. S.L.N. RAO, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s'est engagé à incorporer les recommandations du programme d'action, qui sera adopté à Bruxelles, dans les activités du FNUAP. Il a jugé important que ce futur programme tienne compte de l'impact des questions de population sur le développement. La croissance démographique des PMA est de 2,4% par an soit 1% de plus que dans les autres pays en développement, a-t-il dit en soulignant que dans les PMA, les taux de fécondité et de mortalité maternelle sont extrêmement élevés. Les femmes ne peuvent donc exercer leurs droits de reproduction, et en raison d'un manque d'informations et de services, elles connaissent un nombre élevé de grossesses non prévues qui les empêchent de participer sur un pied d’égalité au développement.
M. AYNUL HASAN, Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), a fait part des travaux et réunions menés par la CESAP dans le cadre du processus préparatoire de la Troisième conférence sur les PMA. Poursuivant, il a indiqué que la CESAP a préparé des commentaires sur le projet de programme d'action qui seront remis au Président du Comité préparatoire. Il a estimé que le projet de programme d'action est bien ciblé, couvre les questions essentielles concernant le développement des PMA et fournit des objectifs dans un nombre de domaines très importants dans lesquels les PMA et leurs partenaires devraient parvenir à un accord. Le représentant a noté le manque de précision des modalités citées pour parvenir aux objectifs, dont certains sont inscrits sous forme de variables. Ces modalités ne précisent pas combien de ressources sont nécessaires ni si l'APD sera suffisante pour les concrétiser.
M. HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a dit accorder une grande importance au projet de Programme d'action dont est saisi le Comité préparatoire. Mettant l'accent sur les questions des échanges, des produits de base, de la protection de l'environnement et de la mobilisation des ressources nationales, le représentant a souhaité que sur ces domaines, le Programme d'action soit plus précis et qu'il donne les détails des objectifs finaux. Il a aussi souhaité que le Programme d'action institue un partenariat véritable entre les PMA et leurs partenaires de développement. Il a dit espérer, à cet égard, que cette fois-ci, les pays développés s'acquitteront de leur responsabilité et travailleront en véritable partenariat pour renverser les tendances socioéconomiques qui affectent quelque 600 millions de personnes qui vivent dans les PMA.
M. RU DELU, Union postale universelle, a regretté que le rôle de la poste soit souvent négligé dans les plans de développement. La poste demeure pourtant parfois le seul réseau effectivement présent, surtout dans les zones rurales. L'UPU souhaiterait donc que le rôle de la poste et le développement des services postaux soient pris en compte dans le projet de programme d'action. L'UPU a réalisé une étude sur le niveau de développement des services postaux dans les PMA, en se fondant sur le taux annuel d'utilisation des services postaux, taux qui se mesure en fonction du nombre d'objets déposés chaque année dans une poste. Selon cette étude, la moyenne d'utilisation mondiale est de 73 objets par an, dans les PMA elle est d'un objet par an et, dans les pays industrialisés, de 400 objets par an. En conclusion, le représentant a annoncé que le Directeur général de l'UPU participera à la prochaine conférence organisée par la CNUCED.
M. ANANT VIJAY, Centre international des communications, a rappelé que le Centre a joué un rôle actif dans l'élaboration du projet de programme d'action. Il a annoncé, dans ce cadre, l'intention du Centre d'organiser un dialogue avec des personnalités des secteurs public et privé pour identifier les problèmes particuliers des PMA. Il a aussi souligné qu'en coopération avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale, le Centre a mis au point un projet pour renforcer les capacités commerciales des PMA. Le représentant a donc souhaité que le projet de programme d'action traite de l'ouverture de nouveaux marchés par une plus grande participation du secteur privé et du renforcement des stratégies d'exportation qui doivent être conformes au cadre structurel des différents PMA.
M. NASREDIN HAGELAMIN, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que le projet de programme d'action constitue une excellente base pour élaborer un cadre mondial permettant aux PMA d'accélérer leur croissance et leur développement ainsi que de réduire la pauvreté. Toutefois, selon la FAO, le projet devrait se préoccuper davantage du développement rural et traiter cette question de concert avec les questions concernant la sécurité alimentaire. L'agriculture ne constitue que l'un des deux piliers du développement rural. Un secteur non agricole prospère est également nécessaire au bien-être des communautés rurales. Le représentant a également jugé nécessaire de mentionner le renforcement des capacités productives des industries agroalimentaires. Il a ajouté qu'étant donné l'importance de l'agriculture pour la croissance économique, la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire, il faudrait que ce secteur reçoive des investissements extérieurs et une aide internationale accrus.
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