FEM/1137

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME POURSUIT SON DEBAT SOUS DEUX ANGLES PARTICULIERS, CELUI DE LA PANDEMIE DE VIH/SIDA ET CELUI DE LA DISCRIMINATION RACIALE

08/03/2001
Communiqué de presse
FEM/1137


Commission de la condition de la femme

5ème séance - matin


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME POURSUIT SON DEBAT SOUS DEUX ANGLES PARTICULIERS, CELUI DE LA PANDEMIE DE VIH/SIDA ET CELUI DE LA DISCRIMINATION RACIALE


Au troisième jour de son débat général, la Commission de la condition de la femme a pris connaissance des initiatives prises dans de nombreux pays en développement et pays à économie en transition pour traduire dans les faits les engagements pris lors de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing.  Le Programme d’action de Beijing adopté en 1995 identifiait 12 domaines d’action prioritaire représentatifs des obstacles principaux à la promotion de la femme, à savoir les femmes et la pauvreté, l’éducation et la formation, la santé, la violence, les conflits armés, les femmes et l’économie, le pouvoir et la prise de décision, les mécanismes institutionnels de promotion des femmes, les droits humains des femmes, les médias, l’environnement et les fillettes.  Les délégations ont également évoqué de quelle manière leur pays avait introduit la dimension sexospécifique dans toutes leurs institutions, politiques et prises de décision, engagement auquel ils avaient souscrit en adoptant le Programme d’action de Beijing.


La présentation des initiatives nationales s’est faite dans le contexte plus précis de l’examen de deux thèmes spécifiques à savoir la pandémie du VIH/sida et toutes les formes de discrimination, en particulier la discrimination raciale à l’égard des femmes.  Un sentiment d’urgence s’est exprimé devant l’ampleur de la pandémie du VIH/sida qui a été identifiée comme l’un des principaux obstacles à la pleine application de la Déclaration et du programme d’action de Beijing lors de la 23ème session extraordinaire que l’Assemblée générale a tenue en juin dernier.  Une table ronde d’experts aura lieu cet après-midi.  Faisant référence au deuxième thème, les délégations ont insisté sur la convergence entre discrimination fondée sur le sexe et la discrimination raciale.  La représentante de l’Afrique du sud, dont le pays accueillera du 31 août au 7 septembre la Conférence mondiale contre le racisme, a fait observer que cette manifestation devrait permettre d’élaborer un plan de lutte contre les discriminations multiples. 


Les Ministres des affaires de la femme du Nigéria et de l’Ethiopie ont pris la parole.  Les représentants des pays suivants ont également fait des déclarations: Mexico, Australie, Turquie, Nouvelle-Zélande, Vanuatu, Kirghizistan, Kazakhstan, Indonésie, Mongolie, Thaïlande, Iraq, Afrique du Sud, Bangladesh, Mali, Botswana.  La Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ainsi que les représentants de l’Institut national de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont également pris la parole.


La Commission a désigné Mme Bettina Cadenbach (Allemagne) comme membre du Groupe de travail sur les communications.


La Commission se réunira cet après-midi, à partir de 15 heures.


SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE "LES FEMMES EN L'AN 2000 : ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIÈME SIÈCLE"


Débat général


M. JORGE EDUARDO NAVARRETE (Mexique) a souligné l’heureuse coïncidence de la réunion d’aujourd’hui avec la Journée internationale de la femme.  Il a mentionné le niveau élevé de participation des femmes mexicaines aux dernières élections tenues dans le pays en juillet passé, ce qui témoigne de leur rôle actif dans la société mexicaine.  Le Mexique dispose d’un organe décentralisé autonome chargé de la promotion des femmes.  L’Institut national des femmes a pour mandat d’instaurer l’égalité des femmes et d'oeuvrer pour éliminer des discriminations.  Il doit en particulier promouvoir l’égalité des chances.  La pleine participation des femmes à la vie politique, économique, sociale et culturelle est également un objectif prioritaire de l’Institut.  Il a pour objectif l’intégration systématique de perspectives sexospécifiques.  Le Mexique partage l’inquiétude internationale face à la pandémie de VIH/sida dont les conséquences dépassent de loin la capacité d’un gouvernement national.  C’est pourquoi, la coopération internationale doit s’intensifier à l’égard des pays les plus touchés et des pays en développement.  Le Mexique a, pour sa part, mis en oeuvre un programme de prévention, en particulier des personnes les plus à risque.  Le programme de travail pluriannuel de la Commission doit continuer à être centré essentiellement sur l’application du Programme de Beijing sur les réponses aux nouveaux défis identifiés lors de la vingt-troisième session extraordinaire de l'Assemblée générale.


Mme PENNY WENSLEY (Australie) a décrit les activités mises en oeuvre par son Gouvernement pour donner effet aux engagements pris lors de la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing.  Les priorités de l’Australie visent à éliminer la violence domestique et sexuelle, promouvoir l’autonomie économique de la femme et lutter contre les stéréotypes.  Le Programme d’action australien reconnaît que tous les acteurs de la société partagent la responsabilité de parvenir à la parité entre les sexes.  Les développement positifs se sont traduits par une augmentation inégalée du taux de femmes dans le monde du travail, y compris dans des secteurs non traditionnels.  Un quart du Parlement fédéral est composé de femmes.  En l’an 2000, l’Australie a lancé la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ainsi que le Réseau de femmes remarquables qui reconnaît les contributions de certaines femmes au développement économique et des communautés.  A la fin de cette année, l’Australie accueillera une conférence nationale sur les femmes.  S’agissant du rôle de la Commission, la représentante a souhaité que celle-ci  élabore des stratégies de mise en oeuvre des objectifs du Document final de la 23ème session de l’Assemblée générale, y compris des mécanismes institutionnels.  Elle devrait jouer un rôle de catalyseur dans le cadre notamment de la campagne de lutte contre la violence à l’égard des femmes, de l’élaboration d’un consensus international sur des indicateurs et des moyens permettant de mesurer la violence, du développement de mécanismes permettant le partage de l’information  au sujet de modèles à suivre et de la promotion d’une plus grande coordination entre les sommets et conférences des Nations Unies.    Pour ce qui est du VIH/sida, elle a souhaité que la Commission fasse entendre une voix vigoureuse pour que les sexospécificités soient intégrées à la lutte contre la pandémie.


Mme AISHA ISMAIL, Ministre des affaires de la femme du Nigéria, a indiqué qu’en juillet dernier son Gouvernement a adopté une Politique nationale pour la femme. sur la base des douze domaines critiques du Programme de Beijing tenant compte des besoins spécifiques des femmes nigérianes.  Il a également ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et son Protocole facultatif ainsi que la Charte des droits de l’homme et des peuples de l'Afrique.  Le Nigéria, en coopération avec l’UNICEF et l’UNIFEM, a organisé des programmes de sensibilisation à l'intention des médias, des institutions chargées de l’application de la loi et des institutions judiciaires, à la protection des femmes contre la violence.  Des efforts, notamment d'ordre législatif, politique et institutionnel ont été déployés pour s’attaquer à toutes les formes de violence à l’égard des femmes, et en particulier reconnaître le trafic des femmes et des enfants comme un crime.  A cet égard, la Ministre a souligné l’importance que revêt le renforcement de la coopération internationale dans la lutte contre le trafic des femmes et des enfants.  Par ailleurs, le Gouvernement mène un programme d’élimination de la pauvreté visant plus particulièrement les groupes les plus vulnérables, les femmes et les enfants.  Les coopératives sont encouragées par le biais de microcrédits afin d’encourager la création de revenus.  Le Gouvernement a également augmenté le pourcentage de représentation des femmes au niveau de la prise de décisions et au niveau politique à 30% et encourage la présentation de candidates féminines à toutes les élections.  La féminisation de la pauvreté est un facteur empêchant l’émancipation des femmes.  Le problème de la dette, dont les femmes sont les premières victimes compte tenu de leur vulnérabilité aux restructurations économiques entrave ces efforts.  Il est urgent d’apporter une solution à ce problème.  La mondialisation a conduit à la marginalisation des plus vulnérables et a aggravé les inégalités entre les sexes. 


Le Nigéria se félicite que la Déclaration du millénaire ait posé comme objectif de diminuer de moitié la propagation du sida, de la malaria et de la tuberculose.  Il a accueilli la Conférence mondiale sur l’élimination de la malaria, maladie qui est responsable de la mort de millions de personnes en Afrique.  Cette année, s’est tenu un atelier sur l’élaboration d’une stratégie pour la vaccination contre la malaria.  Le Nigéria est le premier pays ayant une population importante a avoir passé le seuil du taux de prévalence au virus du sida de 5%.  Dans ce contexte, les options pour contrôler la propagation du virus, notamment chez les femmes et les filles sont étudiées.  Enfin, des ressources supplémentaires ont été allouées au Programme national contre le sida pour mener des campagnes médiatiques d’information à travers le pays. 


Mme NEVIN SENOL (Turquie) a indiqué que la pandémie du VIH/sida dans son pays touche un millier de personnes.  Malgré le fait que ce chiffre est beaucoup plus bas que dans d’autres pays du monde, nous sommes conscients du fait que la pandémie exige une attention particulière.  La Turquie a ainsi adopté une approche qui repose sur 4 éléments à savoir l’amélioration des mécanismes d’enregistrement des informations, le renforcement des mesures de prévention, la fourniture de services sociaux, et la collaboration intersectorielle.  Le mécanisme national pour la femme prend activement part à ces efforts, gardant à l’esprit que la pandémie perdra de l’ampleur si les femmes sont en mesure de choisir d’avoir des relations sexuelles en toute sécurité et ont la liberté de dire non. 


La représentante a également précisé qu’une nouvelle compréhension des droits de la femme qui souligne l’importance des droits de facto ainsi que de jure et de l’égalité dans la vie privée et publique a guidé les efforts de parité entre les sexes en Turquie.  La discrimination qui fait obstacle à la participation des femmes à la vie politique, économique, à la prise de décisions dans le domaine social, à l’accès à l’éducation, aux services de santé et aux ressources constitue l’un des défis les plus sérieux que doit relever la Turquie.  Parmi les progrès, la représentante a signalé que l’enseignement de base obligatoire a été porté à

8 ans et que l’adoption de la Loi sur la famille de 1998 comprend des dispositions pour lutter contre la violence domestique.. 


Mme SARAH PATERSON (Nouvelle-Zélande) a fait observer que la tragédie du sida a des conséquences particulièrement néfastes sur les femmes et les filles.  Des programmes d’éducation sexuelle en vue de promouvoir des rapports sexuels protégés ont été lancés par le Gouvernement ciblant les jeunes.  L’émancipation des femmes est un facteur important dans la lutte contre le sida compte tenu de leur vulnérabilité dû notamment à la pauvreté et au manque d’accès aux soins de santé et à l’éducation.  Il faut également faire des efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination, en particulier la discrimination double fondée sur la race et le sexe.  A cet égard, la Nouvelle-Zélande s’attache à améliorer la situation des femmes et du peuple Maoris.  Des études ont montré que des défauts existent dans notre système, notamment dans le système judiciaire où il y a une sorte d’insensibilité culturelle à l’égard des femmes maories. 


La Nouvelle-Zélande s’associe au Canada et à l’Australie pour la présentation de la résolution visant à ce qu'une perspective sexospécifique soit intégrée dans tous les programmes du système des Nations Unies.  La Nouvelle-Zélande cherche à prendre en compte ce que font tous les organes gouvernementaux dans le domaine de l’égalité entre les homme et les femmes afin d’atteindre cet objectif.  La Nouvelle-Zélande demande à tous les Etats de devenir partie au Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Un atelier de sensibilisation à la problématique de la parité a été organisé récemment, par la Nouvelle-Zélande, pour les Etats insulaires du Pacifique.


M. ALFRED CARLOT (Vanuatu), a relevé, au nom du Forum du Pacifique Sud, les progrès accomplis depuis Beijing + 5 et notamment le débat historique du Conseil de sécurité sur le thème "les femmes, la paix et la sécurité" qui au cours duquel les membres ont reconnu le rôle critique des femmes dans la parution de la sécurité.  Il a approuvé  l’inclusion de ce thème dans le programme de travail pluriannuel de la Commission.  Le représentant a appuyé les changements structurels et opérationnels proposés dans le cadre du projet de programme de travail dans la mesure où il  renforceront les activités de la Commission tout en tenant compte des préoccupations qui animent les pays de la région du Pacifique ainsi que des priorités qui sont contenues dans le Programme d’action national du Vanuatu en faveur de la femme.  S’agissant de l’améliorations des méthodes de travail de la Commission, le représentant a estimé que cette réflexion devrait mener au renforcement des synergies entre celle-ci et les autres organes des Nations Unies.


Mme ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a indiqué que le Président de son pays a créé un Conseil national pour la famille et les femmes dont la priorité est de veiller à l’intégration d'une perspective sexospécifique dans tous les domaines d’action du Gouvernement.  Des indicateurs sexospécifiques ont été créés pour mieux évaluer la situation des femmes. La situation des femmes dans le domaine juridique est également examinée.  Le Gouvernement a été à l’origine d’un sommet  regroupant des organisations de femmes auquel ont participé quelque 150 ONG de la Communauté des Etats indépendants.  Deux partis politiques féminins sont actifs sur la scène politique kirghize.  Un programme national est en cours d’adoption au Parlement.  Il définit les orientations pour améliorer la situation des femmes et prévoit notamment des mesures dans les domaines de la santé et de l’éducation.


Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a souligné qu’il faut mobiliser les ressources adéquates à tous les niveaux et notamment en faveur des pays en développement et des pays à économies en transition en vue de permettre une réelle mise en oeuvre des objectifs de Beijing et de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale.  Elle a appuyé le fait que  le Conseil économique et social, lors de sa dernière session, a pour la première fois procédé à une évaluation des processus de suivi des conférences, ce qui permet de mettre en oeuvre les objectifs agréés d’une manière plus intégrée et coordonnée aux niveaux national et international.  Elle a également soutenu les efforts du Conseil économique et social pour renforcer la nature intersectorielle des processus d’examen.  La représentante a attiré l’attention sur les travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes auprès duquel son pays a présenté son premier rapport d’Etat partie.  Conformément à la stratégie à long terme du Kazakhstan, des mécanismes effectifs sont en cours d’élaboration pour accroître l’intégration sociale et politique des femmes ainsi que leur participation aux prises de décisions.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a estimé qu’il est décourageant que la perspective sexospécifique n’ait pas été intégrée de manière systématique dans tous les processus d’examen du suivi des grandes Conférences.  La question de l’inégalité des femmes doit être étudiée en priorité dans la lutte contre le sida.  Des efforts doivent être déployés pour informer les femmes.  En Indonésie, en 1997, seulement 51% des femmes jeunes mariées avaient connaissance de l’existence du sida.  Ce taux est passé récemment à 62%.  L’explication est que les femmes souffrent d'une carence globale, notamment en ce qui concerne l’éducation, ce qui les rend vulnérables et les empêchent de se protéger contre le sida. 


Le représentant a appuyé les conclusions de la Conférence préparatoire pour l’Asie qui s'est tenue à Téhéran à la prochaine Conférence mondiale contre le racisme.  L’Indonésie a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et son Protocole facultatif et un programme d’intégration de la problématique de la parité a été intégré au plan national de développement.  L’Indonésie s’engage à contribuer, aux niveaux national et régional, à éliminer la double discrimination fondée sur le sexe et sur la race.  L’Indonésie se félicite de l’intégration du thème du développement de la capacité institutionnelle dans le programme de travail pluriannuel de la Commission.  Le représentant a souhaité que les perspectives sexospécifiques aient une place prioritaire dans les délibérations des grandes Conférences qui vont se tenir ces deux prochaines années.


Mme TSOGT NYAMSUREN (Mongolie) a décrit les activités mises en oeuvre par son pays pour parvenir à l’égalité entre les sexes.  Le Gouvernement de la Mongolie a adopté un Programme d’action national pour la promotion de la femme qui est en cours de mise en oeuvre.  Ce programme identifie 10 domaines d’action prioritaire à savoir les femmes et le développement économique, la pauvreté, la santé, l’éducation, les femmes rurales, les familles et la prise de décision, la violence à l’égard des femmes, les droits de l’homme, l’environnement et les médias.  Le Programme national de lutte contre la pauvreté intègre également une dimension sexospécifique.  En 1999, la Mongolie et Le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) ont signé un mémorandum d’accord visant la promotion économique et politique des femmes mongoles au XXIème siècle.  Elle permet de comprendre les effets positifs et négatifs des économies en transition sur le statut économique, social et politique des femmes. 


La représentante a également rappelé que la Division de la promotion de la femme organisera en Mongolie en juin 2001 la réunion d’un groupe d’experts sur le thème "La modification des stratégies de survie des femmes rurales dans le contexte de la mondialisation".  Les résultats de cette réunion seront intégrés au rapport du Secrétaire général sur l’amélioration de la situation de la femme dans les zones rurales.  La représentante a rappelé que son pays a signé le Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et que le processus de ratification est en cours.  Elle a précisé que le Parlement mongol a établi une Commission sur les droits de l’homme.


M. KULKUMUT SINGHARA NA AYUDHAYA (Thaïlande) a fait observer qu’il est impératif d’intégrer une démarche sexospécifique dans la lutte contre le sida, et ce aussi bien au niveau de la prévention que du contrôle.  Pour limiter les conséquences socioéconomiques de la pandémie, il faut accorder une attention particulière aux femmes et aux filles, aux veuves et orphelins du sida, en particulier dans les milieux ruraux.  En Thaïlande, l'égalité entre les sexes est désormais consacrée par la loi et la Constitution.  Le Plan national de développement économique et social accorde une place importance à l’intégration de la perspective sexospécifique.  Le Plan pour les femmes à moyen terme de 2002-2006 souligne 6 stratégies dont l’accès à l’éducation, à la santé au travail, la promotion de l’égalité, la participation des femmes à la prise de décisions, la mise en place d’un filet de protection, le renforcement de la capacité institutionnelle et la mise en place d’un réseau d’information sur la promotion de la femme.  L’Office national des affaires de la femme mène un projet global pendant deux années pour renforcer la capacité institutionnelle et veiller à l’application du plan.  Le réseau existant ONG-agences gouvernementales sera renforcé.  Des séminaires sont organisées pour informer la population sur les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes et sur le Programme d’action de Beijing.  Un programme visant au développement de programmes d’enseignement sur la problématique de la parité a été élaboré et le premier Master sur les femmes a été lancé à l’Université d’Etat en 2000.


A la suite des élections de l’année dernière les femmes sont représentées à hauteur de 10,5% au Sénat et 9% à la Chambre, soit une augmentation de 5,6% par rapport à 1996.  Des programmes de lutte et de prévention contre la violence, de même que des programmes de réhabilitation des femmes ayant subi des violences sont développés en mettant l’accent sur le rôle de la famille.  Des dispositions législatives visant à une meilleure reconnaissance du rôle et de la condition des femmes dans la société ont été introduites et les partenariats avec la société civile sont encouragés.


Mme WAJEHA FADHIL (Iraq) expliqué que dans son pays, la proportion de femmes a atteint 50,3% de la population ce qui signifie que toute marginalisation de la femme affecte le développement du pays.  L’Iraq a pris une série de mesures pour assurer le respect de ses droits des femmes dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la lutte contre la violence ou encore de la participation à la vie publique.  L’Iraq a adhéré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Nous avons également adopté une stratégie de mise en oeuvre des stratégies de Beijing, a ajouté la représentante.  Les conséquences des sanctions et l’agression militaire que connaît le pays ont néanmoins mené à l’affaiblissement des droits de l’homme en Iraq qui bénéficiait auparavant d’une infrastructure moderne et d’un système comparable aux pays les plus avancés.  La femme vit désormais dans des conditions extrêmement difficiles.  Le taux de mortalité infantile et maternelle est élevé en raison de la malnutrition et des irradiations résultant des bombardement indiscriminés menés par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.  La levée de l’embargo à l’encontre de l’Iraq serait un premier pas pour que la femme recouvre ses droits.


Mme JEANNETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a déclaré que la vie des femmes sud-africaines est caractérisé par l’accès inéquitable à l’éducation, à la santé et au travail.  Elle sont victimes de violences sexuelles et du trafic.  Les femmes ont joué un rôle important dans le processus de démocratisation.  Neuf ministres sont des femmes et elles sont représentées à hauteur de 29,8% au Parlement.  Les femmes enceintes bénéficient de services gratuits.  Les soins de santé primaires sont également fournis gratuitement.  Le sida est une priorité nationale et des partenariats très solides avec la société civile sont élaborés, notamment dans le domaine de la prévention et le Gouvernement intègre la problématique du sida dans tous ces programmes.  Un plan stratégique sur 5 ans a été adopté pour s’attaquer aux causes profondes de ce fléau.  Il faut que les traitements soient mis à disposition à un prix abordable. 


L’Afrique du Sud prend très au sérieux la Conférence mondiale contre le racisme, a poursuivi la représentante.  Le Projet de plan d’action et de déclaration de Durban ont pour objectif de mettre fin au racisme et de ne plus permettre qu'un groupe en domine un autre.  La Conférence devrait permettre d’élaborer un plan de lutte contre les discriminations multiples.  La Constitution sud-africaine contient des dispositions visant à corriger ses discriminations.  Elle interdit les discriminations, notamment à l’égard des femmes, dans le cadre du travail.  Le nouveau siècle doit être le siècle des femmes africaines.  


M. MUHAMMED ENAYET MOWLA (Bangladesh) a rappelé que le Bangladesh figure parmi les dix pays dont la ratification a permis la mise en oeuvre du Protocole à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Le Bangladesh a également ratifié les deux Protocoles facultatifs à la Convention sur les droits de l’enfant et il procède actuellement aux formalités nécessaires à la ratification du Statut de la Cour pénale internationale.  S’agissant des thèmes à examen, en particulier de la pandémie du VIH/sida, il a souligné que l’absence de développement socioéconomique, les inégalités entre les sexes et une vulnérabilité généralisée sont au rang des facteurs clés qui contribuent à la propagation du virus chez la femme.  La pandémie est bien plus qu’une simple question de santé.   Dans ce contexte, nous attendons de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera en juin consacrée au VIH/sida qu’elle développe un ensemble de mesures pour lutter contre ce phénomène.  Il revient à cette Commission de souligner le caractère sexospécifique de la pandémie du VIH/sida. 


S’agissant du deuxième thème relatif à la discrimination, en particulier la discrimination raciale, le représentant a reconnu que de nouvelle formes subtiles de discrimination et d’intolérance avaient vu le jour.  Les modifications apportées à l’économie et à la nature du travail, les phénomènes migratoires, la révolution de l’information et des technologies des communications sont parmi les facteurs qui malheureusement ont une incidence sur la propagation de la discrimination.  Abordant la célébration de la Journée internationale de la femme, le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité a reconnu non seulement la vulnérabilité des femmes dans les conflits mais également leur contribution à la résolution des différends.


Mme TADELECH MICHAEL, Ministre des affaires de la femme de l’Ethiopie, a fait observer que l’intégration des droits des femmes exige des indicateurs pour chaque secteur de la société.  En Ethiopie, un manuel de sensibilisation à la problématique sexospécifique a été publié.  Plus de 27 dispositions discriminatoires ont été éliminées du Code de la famille et la révision du Code pénal est en cours.  L’Ethiopie estime que la Commission a un grand rôle à jouer dans l’application du Programme d’action de Beijing, notamment par le biais du mécanisme interinstitutions. 


Le problème que pose le sida, qui utilise toutes les ressources dont dispose le Gouvernement éthiopien, gêne le développement social du pays.  Un Conseil national contre le sida a été créé pour veiller à une approche multidimensionnelle de la politique nationale contre le sida.  Nous avons besoin de l’appui international pour lutter efficacement contre ce fléau.  La pauvreté oblige les femmes à quitter le pays à la recherche de conditions meilleures.  Cependant, leurs attentes sont souvent déçues car elles sont soumises à la torture, réduites à l'esclavage, ou encore soumises à des violences sexuelles.  Un Comité national a été créé sous l’égide du Ministère des affaires étrangères pour veiller au respect des droits des femmes éthiopiennes et à la légalité de leur emploi partout où un Consulat de l’Ethiopie est présent.  Dans la lutte contre le sida, le Gouvernement et la société civile partagent des responsabilités égales.  


Mme SISSOKO NAMITA DEMBELE (Mali) a fait part de l’adoption en 1996 du Programme d’action national du Mali en faveur de la femme.  Un document faisant le point sur la situation de la femme malienne a également été élaboré.  Malgré cela, les indicateurs traduisent toujours un écart entre les hommes et les femmes à tous les niveaux.  Le Ministère de la promotion de la femme et de la famille a mené une étude en vue d’asseoir la politique en faveur de la femme  qui repose sur les priorités suivantes: la lutte contre la violence à l’égard des femmes, les femmes et les médias, la formation des femmes, l’accès aux services de santé, la création de centres de traitement au virus du VIH/sida.  Nous sommes convaincus que l’appui institutionnel reste le support indispensable à la mise en oeuvre de tous projets, a conclu la représentante. 


M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a expliqué que les domaines prioritaires du Programme national d’action pour la promotion de la femme botswanaise sont le renforcement de la capacité institutionnelle pour intégrer la perspective sexospécifique dans la société civile, le renforcement de l’émancipation économique des femmes et de leur participation à la prise de décisions et la lutte contre la violence à l’égard des enfants et des femmes.  Cette stratégie s'applique dans un premier temps au secteur public mais sera suivie par la suite dans le secteur privé et la société civile.  Ont été créés le Conseil national pour les femmes et la coalition des ONG féminines.  Un Groupe de travail a entrepris une réflexion sur l’application du Programme de Beijing et a également établi un rapport d’examen des lois touchant la condition des femmes au Botswana. 


L’accès égal à l’éducation est un domaine prioritaire.  On constate d’ailleurs un accroissement de la représentation des filles dans l’enseignement des sciences et des technologies, domaines traditionnellement dominés par les garçons.  Un atelier a été organisé pour élaborer une approche intégrée de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des enfants.  Le Botswana a insisté sur le lien entre la pauvreté, l’inégalité entre les sexes et l’infection au sida dans son rapport sur le développement humain.  Des efforts sont déployés pour encourager les hommes à oeuvrer pour la parité et à lutter contre le sida.  


Mme CHARLOTTE ABAKA, en sa qualité de Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué qu’avec l’accession à de la République populaire démocratique de Corée le 27 février dernier, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes compte désormais 167 Etats parties.  Son Protocole facultatif est entré en vigueur le 22 décembre 2000.  Les membres du Groupe de travail chargé du Protocole ont été nommés et ils se réuniront pour la première fois après la 25ème session du Comité en juillet.  Le Comité est conscient du rôle qu’il joue en parallèle à celui qui revient à la Commission de la condition de la femme et du fait que les deux organes partagent les mêmes objectifs.  Nous attirons l’attention sur le fait que les membres du Comité sont disposés à assumer un rôle d’expert lors des réunions des groupes d’experts lors des préparatifs de la Commission et lors de ses tables rondes.


La Présidente a expliqué que la soumission des rapports des Etats parties à la Convention a permis de comprendre que les femmes dans le monde continuent de subir toutes sortes de discriminations en raison de leur sexe et d’autres facteurs comme l’exclusion sociale.  Les femmes migrantes, les demandeurs d’asile et les femmes issues de diverses ethnies, races ou religions souffrent du phénomène de discrimination multiple.  Les recommandations que le Comité a formulée dans le

cadre des préparatifs de la Conférence mondiale contre le racisme comprennent des mesures spécifiques de lutte contre la violence, le viol dans les situations de conflit, la traite des femmes et la violence contre les travailleuses migrantes, de renforcement du droit humanitaire et de la résolution des conflits par des voies pacifiques.  L’examen des rapports des Etats parties a également permis au Comité de mieux comprendre l’impact du sida sur les femmes et les enfants.  Le Comité avait dans ses observations formulées en 1990 appelé instamment les Etats à déployer des efforts en vue d’une meilleure information du public, de tenir comptes des besoins spécifiques des femmes et des enfants.  Il avait aussi traité de la santé reproductive de la femme et de son rôle subordonné dans la société.  


Mme ELENI STAMIRIS, Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme(INSTRAW) s’est félicitée que l’Assemblée générale ait décidé de donner à l’INSTRAW la possibilité de recouvrer la stabilité financière.  Elle a expliqué qu’après sa réforme, l’INSTRAW est un centre dynamique de création et de diffusion de la connaissance sur la promotion de la femme.  L’objectif principal de l’Institut est d’intégrer les femmes à l’économie de l’information, de combler le fossé numérique et d’assurer l’utilisation des nouvelles technologies au bénéfice de la famille et en particulier des enfants.  Les secteurs stratégiques d’activités de l’Institut sont la création de partenariats entre les hommes et les femmes, l’étude des répercussions de la mondialisation sur la condition des femmes et le rôle des hommes dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes.  A cet égard, elle a indiqué qu’un panel d’experts se réunira demain, vendredi 11 mars, à 11 heures, sur le thème "Race, classe et masculinité: la dimension mondiale de la violence fondée sur le sexe" dans le cadre duquel seront examinées les options visant à éliminer la violence à l’égard des femmes  Elle a rappelé que l’INSTRAW fait tout ce qui est possible pour mener des projets innovants et diversifier ses sources de financement, mais que l’Institut a cependant besoin du soutien financier de tous les Etats Membres. 


Mme MARIE RANDRIAMAMONJY, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, a indiqué que la FAO met le cap sur l’institutionnalisation des sexospécificités dans ses programmes et activités estimant qu'il s'agit de la clé permettant d’ouvrir la porte au développement juste et durable.  Nous savons que les hommes et les femmes jouent un rôle différent et complémentaire pour ce qui est de la sécurité alimentaire.  Il est nécessaire dans ce contexte de documenter la contribution de la femme par le biais de données ventilées par sexe.  La représentante a également expliqué que le Programme d’action de la FAO pour la parité entre les sexes et le développement, 2002-2007 a été élaboré en collaboration avec la Division de la promotion de la femme.  Il constitue le suivi du Programme d’action de Beijing ainsi que du Programme d’action du Sommet mondial pour l’alimentation dans une perspective sexospécifique.  Il permettra également à la FAO d’intégrer de façon interne une démarche soucieuse de l’égalité entre les sexes.  La représentante a également mentionné des ouvrages de référence de l’Organisation comme notamment FAO Strategic Framework 2000-2015 qui explique comment les objectifs de parité peuvent être atteints dans les domaines de l’alimentation , des ressources naturelles, du soutien aux systèmes agricoles et de la planification des politiques agricoles.  La représentante a souligné que la pandémie du VIH/sida est l’un des problèmes majeurs que doit affronter la FAO dans la mesure où ce phénomène touche plus particulièrement les pauvres du milieu rural et en particulier les femmes et les enfants.


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