LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME MISE AU DEFI D’INFLUER SUR LES PROCHAINES CONFERENCES MONDIALES ET REUNIONS DE HAUT NIVEAU
Communiqué de presse FEM/1133 |
Commission de la condition de la femme
1ère séance - matin
LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME MISE AU DEFI D’INFLUER SUR LES PROCHAINES CONFERENCES MONDIALES ET REUNIONS DE HAUT NIVEAU
La Commission ouvre les travaux de sa quarante-cinquième session
La Commission de la condition de la femme a ouvert ce matin les travaux de sa quarante-cinquième session. Jusqu’au 16 mars, ses membres tenteront, entre autres de trouver des réponses aux défis que posent la propagation du virus du VHI/sida et la discrimination raciale sur la situation de la femme dans le monde. Ces débats thématiques interviennent au moment où la communauté internationale s’apprête à convoquer du 25 au 27 juin prochaine la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au VIH/sida ainsi que la Conférence mondiale contre le racisme qui aura lieu du 31 août au 7 septembre en Afrique du Sud. La Commission examinera également son projet de programme de travail pluriannuel pour 2002-2005 ainsi que les moyens d’améliorer ses méthodes de travail pour qu’elle soit en mesure de mieux remplir le mandat que lui a confié le Conseil économique et social, à savoir le suivi du Programme d’action de Beijing et des mesures adoptés lors de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale et un rôle de catalyseur des perspectives sexospécifiques dans les programmes et activités du système des Nations Unies.
La Commission devra, au cours de cette session, influer sur les résultats des futures manifestations au plus haut niveau de prise de décision intergouvernementale, notamment la session extraordinaire consacrée au sida, la Conférence mondiale sur le racisme ainsi que le prochain segment de haut niveau de l’ECOSOC sur le rôle du système des Nations Unies pour soutenir les efforts des Etats africains en vue du développement durable, a relevé Mme Angela King, Sous-Secrétaire générale, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme. L’autre défi, a ajouté la Présidente de la Commission, Mme Dubravka Simonovic (Croatie) sera d’intégrer le Document final de la 23ème session dans le cadre de son segment de suivi. Pour cela, la Commission devra procéder rapidement à des améliorations, de ses méthodes de travail.
Les Ministres des pays suivants ont pris la parole dans le cadre du débat général: Suède au nom de l’Union européenne et des pays associés et Allemagne. Les représentants des pays et institutions suivants ont également fait des déclarations: République islamique d’Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Chili au nom du Groupe de Rio, Namibie au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), Sénégal, Pakistan, Cuba et Fonds de développement des Nations Unis pour la femme (UNIFEM). Les représentantes des organisations non gouvernementales suivantes ont également pris la parole: Union des mères et Coalition Five-0.
La Commission a également élu à sa Vice-Présidence Mme Atsuko Nishimura (Japon) pour le Groupe des Etats d’Asie qui assume également les fonctions de Rapporteur. Elle remplace Mme Misako Kaji (Japon) qui n’est plus en mesure de reprendre ses fonctions. Les autres Vice-Présidents de la Commission, qui avaient été élus lors de la quarante-quatrième session pour une période de deux ans sont les suivants: Mme Kirsten Geelan (Danemark), Mme Loreto Leyton (Chili) et
M. Mankeur Ndiaye (Sénégal). La Commission a aussi désigné M. Yu Wenz He (Chine) et Mme Audra Plepyte (Lituanie) comme membres du Groupe de travail sur les communications. Les trois autres membres seront désignés à une date ultérieure. La Commission a également adopté son ordre du jour et son programme de travail.
La Commission poursuivra son débat général à 15 heures.
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE "LES FEMMES EN L'AN 2000 : ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIÈME SIÈCLE"
Déclarations liminaires
La Présidente de la Commission, Mme DUBRAVKA SIMONOVIC, (Croatie), a fait état de certaines réalisations des Nations Unies au cours de l’année 2000, relevant notamment la tenue en juin dernier de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale et l’adoption d’un document final qui identifie d’autres mesures et initiatives pour la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing. L’accent y est mis sur l’identification d’objectifs mesurables sur le long terme comme par exemple l’accès des femmes à la vie publique. La Déclaration du millénaire adoptée en septembre dernier a permis aux dirigeants du monde de s’engager en faveur de la parité entre les sexes tandis que la réunion du Conseil de sécurité qui s’est tenue en octobre 2000 a reconnu la nécessité d’intégrer pleinement les femmes aux opérations de maintien de la paix. Le rôle de la Commission de la condition de la femme, a relevé la Présidente, sera de veiller à la participation sur un pied d’égalité des femmes à la résolution des conflits, au maintien de la paix et à la consolidation de la paix après les conflits. Le Protocole à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est entré en vigueur le 22 décembre 2000, a–t-elle ajouté. Il consiste en un outil puissant supplémentaire à l’usage des femmes et devrait inciter les Gouvernements à revoir les législations en vigueur. Le rôle de la Commission sera d’encourager la ratification de ce nouvel instrument.
La Présidente a toutefois souligné que la tâche la plus importante qui revient au système des Nations Unies est de veiller à l’intégration d’une perspective sexospécifique dans les activités de fond du système. Le défi qui se pose à la Commission au cours de cette session est d’intégrer le Document final de la 23ème session dans le cadre de son segment de suivi. Pour cela, la Commission devra procéder rapidement à des améliorations, notamment de ses méthodes de travail. Le programme de travail pluriannuel que la Commission devra adopter au cours de cette session devrait fournir un cadre permettant d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme d’action de Beijing et les résultats de la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale. Il devrait suivre l’esprit des processus de suivi coordonnés des Conférences et Sommets des Nations Unies qui permettrait à la Commission de développer des stratégies d’intégration des sexospécificités plus cohérentes et intégrées. La Commission devra également au cours de cette session formuler des commentaires sur le Plan à moyen terme à l’échelle du système des Nations Unies pour la promotion de la femme. Une fois adopté, ce Plan sera un outil de coordination et de contrôle de l’intégration des sexospécificités dans les organisations placées sous l’égide des nations Unies.
Mme ANGELA KING, Sous-Secrétaire générale, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a noté qu'il n'y avait pas eu de retour en arrière sur les engagements pris à Beijing lors de Beijing + 5. En outre, la session extraordinaire a permis de renforcer et de mettre à jour le Programme d’action dans les domaines de la violence à l’égard des femmes, de la traite, de l’émancipation, de la santé, de l’éducation, des droits de l’homme, de la pauvreté, de l’allègement de la dette, de la mondialisation, des conflits armés et de la participation à la vie politique. La Commission doit désormais plus que jamais se concentrer sur l’application effective du Programme d’action, notamment dans le contexte de l’adoption de son programme pluriannuel.
Il est nécessaire aujourd’hui de trouver des stratégies permettant d’intégrer une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans les activités de l’Organisation et de ses Etats Membres. Et ce, en liant la parité aux principales manifestations intergouvernementales et réunions d’experts. La Commission doit influencer les résultats des manifestations au plus haut niveau de la prise de décision intergouvernementale, notamment lors des réunions Habitat + 5, la session extraordinaire consacrée au sida, celle consacrée aux enfants, la Conférence mondiale sur le racisme, le prochain segment de haut niveau de l’ECOSOC sur le rôle du système des Nations Unies pour soutenir les efforts des Etats africains en vue du développement durable ainsi que la conférence sur le financement du développement. Il convient également d’intégrer la parité dans les thèmes prioritaires dont l’Organisation des Nations Unies s’occupe, tels que le développement, la mondialisation, la pauvreté, le VIH/sida et la paix.
Assurer que les femmes ne subissent pas les conséquences négatives de la mondialisation doit être l’objectif principal de la Commission pour l’application de Beijing + 5. La majorité de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté sont des femmes. Un des facteurs critiques dans les obstacles au développement est la pandémie de VIH/sida. En 2000, 36,1 millions de personnes vivaient avec le VIH ou le sida, dont la grande majorité en Afrique. Le sida met en péril la survie de nations entières et a un impact disproportionné sur les femmes et les filles. Les recommandations du Groupe d’expert qui s’est réuni sur le thème de la perspective sexospécifique du sida a fait une série de recommandations pour lutter contre cette maladie. La violence à l’égard des femmes est également un facteur influençant le progrès mondial et le Document final propose des stratégies pour lutter contre la violence et incriminer cette pratique. L’impact de la discrimination fondée sur le sexe et les multiples formes de discrimination et en particulier l’impact de la discrimination raciale et sexiste ont fait l’objet de la réunion d’experts qui s’est tenue en Croatie en novembre dernier. Le constat a été fait selon lequel les femmes subissent des désavantages multiples qui sont un obstacle à l’égalité entre les sexes. Une autre question importante est l’amélioration de la participation et de l’émancipation politique des femmes.
La situation des femmes au Secrétariat s’est sensiblement améliorée. Le pourcentage de recrutement des femmes est passé de 38,8% à 40% durant l’année 2000, y compris au niveau décisionnel (D-1). Une des plus grandes percées concerne les femmes et la paix. Le Conseil de sécurité a reconnu le rôle des femmes dans la résolution des conflits et l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles. Un aspect négatif est la situation des femmes en Afghanistan. Il y a un manque de financement et une lassitude des donateurs ainsi qu’une intransigeance croissante des autorités.
En ce qui concerne les droits de la femme, des progrès ont été faits. A ce jour, 166 Etats ont ratifié la Convention contre la discrimination et 16 Etats ont ratifié le Protocole facultatif de la Convention. Mme King a exhorté les membres de la Commission à se concentrer sur le programme de travail pluriannuel.
Mme NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a relevé que l’angle sous lequel la Commission examinera le thème "les femmes, les filles et le sida" se distingue de celui avec lequel ont été abordées les discussions intergouvernementales passées sur ce sujet. La Commission de la condition de la femme, en effet, abordera cette question à la lumière de l’égalité entre les sexes , une perspective qui a cruellement fait défaut dans les politiques publiques, les programmes de lutte contre le VIH/sida et les traitements contre la maladie. La réalité, a souligné la Directrice de l’UNIFEM, est que cette épidémie est alimentée par les inégalités entre les sexes. Il s’agit en effet d’une question de sexospécificité. Les femmes se trouvent au centre de cette épidémie. Sur les 34,7 millions d’adultes qui vivent avec le VIH/sida, 47% sont des femmes, soit 16,4 millions de femmes. Il y a trois ans, le pourcentage de femmes infectées par le VIH/sida était de 41%. En Afrique sub-saharienne, les femmes représentent 55% des personnes infectées et le taux d’adolescentes infectées est de 5 à 6 fois plus élevé que celui des adolescents. Les gouvernements doivent également comprendre que les femmes sont les seuls filets de sécurité sociale pour les membres infectés de leur famille.
La Directrice a rappelé que l’UNIFEM a lancé de nombreux projets pilotes . Nous avons maintenant besoin de la volonté politique afin que les leçons que nous avons tirées viennent à l’appui de toutes les stratégies et de nos politiques. Il nous faut également faire en sorte que les femmes soient au centre des programmes de prévention et de traitement ainsi que des projets de lutte contre la pandémie du VIH/sida. L’UNIFEM lance actuellement une nouvelle initiative qui repose sur un soutien important accordé aux communautés qui sont disposées à développer une démarche soucieuse de l’égalité entre les sexes. Mme Heyzer a ajouté que la pandémie du VIH/sida et la discrimination qui s’exerce sur la base du sexe et de la race sont des caractéristiques de la fragmentation des pays et des communautés qui mènent à la guerre et aux conflits armés. Mais les activités de plaidoyer des femmes ont permis de créer de nouvelles opportunités, a-t-elle indiqué. Il a deux semaines, le Tribunal pour l’ex-Yougoslavie à la Haye a défini pour la première fois les crimes sexuels comme des crimes contre l’humanité. En octobre dernier, le Conseil de sécurité a tenu un débat historique sur le rôle des femmes dans le maintien de la paix.
Débat général
M. BAGHER ASADI (République islamique d’Iran), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que la 23ème session extraordinaire de l’Assemblée générale et son Document final ont fourni un cadre pratique permettant à tous les acteurs concernés de poursuivre leurs efforts d’élaboration et de coordination des politiques. Le Conseil économique et social, l’Assemblée générale et cette Commission sont désormais responsables de l’application du Programme d’action de Beijing et de l’intégration des nouveaux défis identifiés en juin dernier tout en tenant compte des nouvelles tendances affectant les femmes dans le monde entier. Leur tâche principale sera d’élaborer un cadre de fond conceptuel et pratique qui serve de fil directeur à la formulation des stratégies et des politiques en faveur des femmes.
La lutte contre la pandémie du VIH/sida est devenue l’un des grands défis que doit relever l’humanité tout entière dans la mesure où elle revêt plusieurs aspects comme l’absence de développement socioéconomique, l’inégalité entre les sexes et l’aggravation des vulnérabilités. Ces facteurs expliquent pourquoi les femmes sont plus exposées à cette pandémie. Le représentant a par ailleurs évoqué le phénomène du racisme et de la discrimination raciale, seconde question thématique à l'examen de la Commission. Le racisme continue d’exister sous des formes contemporaines nouvelles. Nous devons être conscients du fait que ce phénomène prend un aspect subtil lorsqu’il s’agit des femmes. Le représentant a évoqué dans ce contexte une forme spécifique de discrimination en cours dans certaines sociétés qui repose sur la race, la couleur, les origines et la religion et qui devrait bénéficier d’une attention particulière de la part de la communauté internationale.
S’agissant du programme de travail pluriannuel de la Commission, le représentant a souhaité que le thème de l’élimination de la pauvreté et les questions connexes reçoivent un rang de priorité à l’avenir. Il a plaidé en faveur d’une approche intersectorielle, coordonnée et intégrée et de la mobilisation de ressources en appui des programmes régionaux et nationaux et des activités internationales, ainsi que du renforcement de l’aide au développement et de la participation active des ONG. Il a indiqué que le Groupe des 77 et de la Chine est disposé à participer au processus de révision des méthodes de travail de la Commission, insistant sur la nécessité que toute modification soit conforme aux règles en vigueur.
Mme MARGARETA WINDBERG, Ministre des affaires de parité entre les sexes de la Suède, s’exprimant au nom de l’Union européenne, et des pays associés, des pays de l’AELE et de l’Islande, s’est félicitée de l’élan donné par la session extraordinaire aux efforts pour l'égalité entre les sexes et de l’intégration d'une perspective sexospécifique dans la Déclaration du millénaire. Elle s’est aussi félicitée de l’adoption par le Conseil de sécurité d’une résolution sur la perspective sexospécifique de la gestion des conflits. L’Union européenne se félicite de l’adoption du Statut de la Cour pénale internationale dans lequel il est reconnu que les actes de violence sexuelle sont des crimes de guerre lorsqu’ils sont commis dans le cadre d’un conflit et appelle instamment tous les Etats à le ratifier. Elle se félicite également de la décision récente du Tribunal internationale pour la Yougoslavie condamnant les auteurs de violences sexuelles pendant la guerre dans les Balkans. Les questions de la violence à l’égard des femmes, de la traite, de la violence conjugale ou encore les pratiques coutumières et traditionnelles qui menacent la vie des femmes doivent être examinées. Il faut absolument que les femmes disposent de leurs droits. Les femmes ne naissent pas vulnérables mais le deviennent. Les droits fondamentaux des femmes sont inaliénables.
La présente session est une occasion unique d’améliorer les méthodes de travail de la Commission pour la rendre plus dynamique dans l’intégration des perspectives sexospécifiques dans tous les programmes des Nations Unies. Les ONG ont un rôle important à jouer. Une coordination avec les autres organes de l’ECOSOC est cruciale. Le programme de travail pluriannuel doit avoir un lien direct avec les autres programmes et thèmes prioritaires de l’Organisation des Nations Unies et viser à l’intégration systématique d’une démarche soucieuse d’égalité entre les sexes dans tous les programmes et politiques. Un des thèmes principaux de cette session est la pandémie de sida. L’objectif est de mettre les questions de parité au centre de la lutte contre le sida. Il faut renforcer les capacités des femmes et leur accorder leurs droits en matière de reproduction.
L’Union européenne souhaite mettre l’accent sur le rôle des ONG, en particulier des ONG féminines. L’Union européenne lance un appel pour une ratification universelle de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, demande la levée de toutes les réserves qui y ont été apportées par les Etats parties. L’Union européenne se réjouit de l’adoption et de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif. Le principe d’égalité entre les hommes et les femmes est une valeur fondamentale de l’Union européenne inscrite dans ses traités. Le cinquième programme pour le cadre communautaire pour la parité est une stratégie communautaire pour atteindre la parité. Une proposition est faite pour créer une institution chargée de la parité. Un processus de modernisation de la protection sociale est également en cours. Il faut une participation active des hommes pour atteindre la parité.
A cet égard, une conférence sur le thème "les hommes et la parité" se tiendra en Suède le 16 mars prochain. L’Union européenne, qui condamne la traite des femmes et le trafic des migrants, se félicite de l'ouverture à la signature de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.
A cet égard, elle estime que l’implication des pays d’origine dans la lutte contre la traite des personnes est indispensable. Enfin, l’Union européenne exhorte les gouvernements à aider les femmes et les jeunes dans le domaine de l’éducation et du renforcement des capacités des femmes pour éliminer les stéréotypes sexistes.
M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), au nom du Groupe de Rio, a indiqué que la Conférence régionale sur les femmes en Amérique latine et les Caraïbes est chargée du suivi de l’application du Document final de Beijing + 5. L’examen auquel il a été procédé l’année dernière à l’occasion de la session extraordinaire a permis de constater que les discriminations à l’égard des femmes persistent et que les droits fondamentaux des femmes sont souvent violés. A l’avenir, il convient d’intégrer à nos discussions les nouveaux défis identifiés. Il faut continuer à intégrer la perspective sexospécifique dans toutes les politiques et tous les programmes et autres activités de planification de l’Organisation et s’assurer que les ressources adéquates sont allouées.
Le Document final reconnaît que le VIH/sida est un des obstacles les plus sérieux à la pleine application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, a poursuivi le représentant. La pandémie est désormais une question de politique étrangère qui a des implications en termes économiques et de développement. Ce problème est un défi lancé aux Etats et à la communauté internationale. Aujourd’hui plus que jamais le besoin d’une aide au développement et de ressources supplémentaires pour appliquer les politiques de lutte contre
la maladie se fait sentir. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à la maladie et la situation de pauvreté dans laquelle nombre d’entre elles vivent les rend encore plus démunies. Dans les pays du Groupe de Rio, la question des femmes, des filles et du sida bénéficie d’une approche complète prenant pleinement en compte le fait que cette question ne touche pas seulement la santé mais bien d’autres aspects des droits de l’homme. A cet égard, la Conférence préparatoire de la Conférence mondiale contre le racisme, a demandé de renforcer les mécanismes de protection des droits de l’homme des personnes atteintes du sida et de prendre toutes les mesures nécessaires, à savoir dans les domaines de l’éducation, de la prévention, de la formation et de la diffusion d’information, afin d’assurer que ces personnes ne subissent pas de discriminations. Le Groupe de Rio est engagé à intégrer une perspective sexospécifique dans ses discussions sur le racisme. La Conférence préparatoire des Amériques a reconnu que certains groupes de personnes subissent diverses formes de discrimination ou des doubles discriminations fondées sur le sexe, l’âge, l’handicap, la religion, l’orientation sexuelle. De plus, elle a constaté que, dans le cas des femmes, la discrimination raciale et la xénophobie résultaient en une aggravation de la situation des femmes et à des cas de violence ou de déni des droits fondamentaux. Pour répondre au besoin de combattre la discrimination et le racisme à l’égard des populations autochtones et/ou noires et des nouvelles formes de discrimination à l’égard des femmes migrantes, le Groupe de Rio reconnaît pleinement les droits légitimes des autochtones dans le respect du principe de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des Etats. Il convient de réexaminer les politiques d’immigration pour éliminer les dispositions discriminatoires à l’égard des migrants, en particulier des femmes. Les pays du Groupe de Rio oeuvrent à l’intégration systématique de la parité dans les politiques de lutte contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie qui touchent particulièrement les populations autochtones et noires, les femmes et les autres groupes vulnérables.
M. MARTIN ADJABA (Namibie), au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a rappelé que les pays de la SADC sont les plus largement touchés par la pandémie du VIH/sida et qu’ils subissent les conséquences des politiques de discrimination raciale. Le représentant a expliqué , en particulier au sujet de la pandémie du VIH/sida, que le statut subalterne des femmes les placent dans des situations où le prix à payer dépasse l’entendement. Sur dix personnes infectées, a-t-il précisé, 7 sont des femmes. Ce sont les personnes âgées entre 15 et 40, c’est-à-dire celles qui sont les plus productives, qui sont les premières victimes de la pandémie. L’Afrique compte maintenant 12,2 millions d’orphelins dont la majorité se trouve dans notre région. Les recherches médicales on montré qu’un enfant sans son père et sans sa mère meurt souvent d’autres causes. Le rapport du Secrétaire général montre la dynamique sexospécifique de l’épidémie a dans la mesure où la femme ne dispose pas de moyens suffisants lui permettant de refuser d’avoir des relations sexuelles en toute sécurité et où elle jouit d’un statut social et économique inférieur. Le rapport relève également que les femmes sont celles qui prennent soin des personnes infectées par la VIH/sida. Le représentant a insisté sur la nécessité d’adopter une approche globale. La marginalisation socioéconomique et politique des femmes accroît la vulnérabilité des femmes à la pandémie du VIH/sida. La violence à l’égard des femmes et des filles augmente le risque d’exposition au virus. Il est nécessaire donc d’accorder un rang de priorité élevé aux relations entre les personnes de sexe différents.
S’agissant du thème des femmes et de la discrimination raciale, le représentant a évoqué les conséquences destructrices de l’apartheid dans la région de l’Afrique australe. Lorsqu’il s’agit de discrimination raciale, a-t-il précisé, les dispositions d’ordre juridique ne suffisent pas à elles seules. L’élimination de ces pratiques devrait passer par la redistribution et la distribution égalitaire des ressources sociales, économiques et culturelles, en particulier pour les femmes. La prochaine Conférence mondiale des Nations Unies contre la racisme offre l’occasion unique de réfléchir aux réussites et aux échecs de la communauté internationale. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que le monde est toujours confronté à diverses formes d’intolérance comme les conflits ethniques, y compris les actes de génocide, l’intolérance religieuse et l’occupation étrangère. Les pays qui ont souffert de l’esclavage et du colonialisme et qui continuent d’en payer le prix devraient recevoir des compensations de la part des pays responsables. La communauté internationale doit reconnaître pleinement l’esclavage, le colonialisme et l’apartheid comme étant des formes institutionnalisées et parmi les plus graves des violations des droits de l’homme.
La représentante de l’ONG "Union des mères", a déclaré que les dirigeants ont la responsabilité d’oeuvrer pour que les victimes du VIH/sida ne soient pas systématisés et de diffuser l’information sur le virus. A cet égard, les pratiques traditionnelles aggravant la vulnérabilité des femmes doivent être éliminées. Les pères doivent être encouragés à participer à la lutte contre le sida. La diffusion d’informations sur le sida, la prévention et l’éducation sexuelle sont prioritaires. L’Union des mères, consciente que le VIH/sida est lié à la pauvreté, exhorte les gouvernements à lutter contre la pauvreté.
Mme MARION THIELENHAUS, Ministre des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, s'est félicitée de l’élan impulsé par la session extraordinaire sur la voie de l’égalité entre les sexes. En Allemagne, cette intégration est un élément central des politiques développées. Un Groupe interministériel suit l’intégration de la parité dans tous les ministères fédéraux. L’intégration de la parité ne peut cependant pas remplacer les actions positives à l’égard des femmes. L’émancipation des femmes et la parité font partie d’une double stratégie visant à l’égalité entre les sexes dans tous les domaines de la société. Pour l’Allemagne, l’égalité est la condition préalable à la lutte contre la pauvreté de par le monde. Des mesures ciblées et législatives doivent être prises. Le taux d’accès des femmes allemandes à l’Internet doit être relevé à 40% d’ici à 2005 et le taux de formation aux nouvelles technologies de l’information devra être augmenté substantiellement d’ici à 2003. La conception traditionnelle de la famille empêche la pleine émancipation des femmes. La législation allemande vise donc à renforcer le rôle du père dans la famille, notamment en ce qui concerne les congés parentaux et le travail à temps partiel. Une campagne de sensibilisation au rôle moderne des hommes dans la société et la famille est organisée. L’Expo 2000 qui s’est tenue à Hanovre a été l’occasion de tenir une conférence internationale des femmes sur le thème "Les femmes changent le pouvoir". L’Allemagne travaille aussi à la lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Elle a signé le Protocole facultatif à la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en décembre 1999. Concernant la traite des personnes, elle a signé le Protocole complétant la Convention contre la criminalité organisée en décembre.
M. DEGENE Ka (Sénégal) a fait part des progrès réalisés dans son pays en faveur de la promotion de la femme. Il a évoqué notamment l’adoption de la Constitution révisée qui institutionnalise les droits de la femme et de l’enfant, conférant désormais aux femmes la propriété foncière. Dans le cadre de son Plan d’action pour la femme pour 1997-2001, le Gouvernement s’efforce de renforcer l’autonomie économique des femmes ainsi que leur participation aux prises de décisions politiques. Un accent tout particulier est mis sur la formation professionnelle des femmes et la scolarisation des petites filles. Le Sénégal s’attèle à la mise en place d’un observatoire des droits des femmes et des petites filles. Un rang de priorité élevé est accordé à la lutte contre la pauvreté.
S’agissant de cette session de la Commission, le représentant a estimé que le projet du prochain programme de travail et les recommandations visant à améliorer les méthodes de travail sont pertinents. Le rôle de la Commission devrait être renforcé notamment pour ce qui est du suivi de la mise en oeuvre
des résolutions, décisions et recommandations qui méritent un examen intergouvernemental sérieux. Elle doit être appelée à mieux jouer son rôle de catalyseur de l'intégration des sexospécificités dans les politiques et les programmes du système des Nations Unies.
Mme ROSHAN KHURSHEED BHARUCHA (Pakistan), s’est félicitée qu’un nouveau jalon ait été posé dans la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes du fait que le Tribunal pour la Yougoslavie ait condamné les auteurs de violences sexuelles à l’égard des femmes durant la guerre dans les Balkans. Elle a émis l’espoir que cela dissuadera les forces militaires dans la province de Jammu-et-Cachemire occupée par l’Inde, d'infliger des sévices sexuels aux femmes. Le Document final de la session extraordinaire Beijing + 5 offre des raisons d’être optimiste pour l’avenir mais nous avons de nouveaux défis à relever. Les femmes sont particulièrement vulnérables dans le contexte de la mondialisation. L’exploitation sexuelle de la femme est un véritable problème pour la communauté internationale. Il faut commencer par éradiquer la pauvreté. Le Pakistan souhaite que la parité devienne une réalité sur son territoire. La Constitution reconnaît l’égalité entre les sexes. Sur la base de cette Constitution, le Pakistan oeuvre, dans un contexte de pauvreté, pour l’égalité entre les sexes. Il faut que la femme soit reconnue comme un partenaire égale du développement. Les institutions nationales et la société civile sont associées à cet objectif. Un groupe spécial est chargé de suivre l’application du Plan d’action pakistanais d’application du Programme d’action de Beijing dans toutes les provinces. Dans le cadre du Plan d’action, une Commission de la condition de la femme a été créée, étant habituée à examiner les politiques du Gouvernement et à vérifier si les engagements sont concrétisés dans les faits. Elle est chargée de proposer des amendements aux lois pour y intégrer une perspective sexospécifique.
Mme MERCEDES DAUSA (Cuba) a évoqué les mesures de promotion de l’égalité entre les sexes miseS en oeuvre par son pays. Elle a mentionné la présentation du Quatrième rapport de Cuba au CEDAW qui a convenu que le blocus imposé à l’encontre de Cuba constituait l’obstacle principal à la réalisation des dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Les femmes à Cuba constituent 43% de la force active et 33% d’entre elles occupent des postes de direction. La représentante a convenu par ailleurs de la nécessité de revoir les méthodes de travail de la Commission pour qu’elle puisse remplir plus efficacement son mandat. Il s’agit d’un organe technique chargé de la promotion de la femme et de l’intégration des sexospécificités dans les organes des Nations Unies. Il faut éviter toute politisation des débats au cours du processus de révision de ses méthodes de travail.
Mme JANE ZIMERMAN, représentante de "Five-0 Coalition" a souligné l’importance des technologies de l’information dans la promotion des femmes. Ces technologies sont importantes pour atteindre l’égalité entre les sexes, dans le contexte de la mondialisation et de la culture du savoir. Il est essentiel que le fossé numérique entre les hommes et les femmes soit reconnu et éliminé.
Documentation
L'ordre du jour provisoire et le calendrier des travaux de cette session figurent au document E/CN.6/2000/1.
Les rapports dont la Commission est saisie sont présentés dans notre communiqué FEM/1132.
Les informations de base de cette session figurent dans notre communiqué FEM/1131
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