LES PREPARATIFS DU SOMMET DE JOHANNESBURG DEVRONT PERMETTRE D’ETABLIR DEFINITIVEMENT LE LIEN ENTRE ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE
Communiqué de presse ENV/DEV/572 |
Commission du développement durable
constituée en Comité préparatoire
du Sommet mondial du développement durable
1e séance - matin
LES PREPARATIFS DU SOMMET DE JOHANNESBURG DEVRONT PERMETTRE D’ETABLIR DEFINITIVEMENT LE LIEN ENTRE ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE
La Commission du développement durable constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial du développement durable, qui aura lieu en 2002 en Afrique du Sud, a ouvert ce matin les travaux de sa dixième session. Cette première réunion préparatoire durera jusqu’au 2 mai et devra notamment examiner les progrès accomplis dans les activités préparatoires du Sommet menées aux niveaux local, national, sous-régional, régional et international, ainsi que par les grands groupes. Les travaux devront également définir les modalités précises des futures réunions préparatoires, établir le projet de règlement intérieur du Sommet, et en arrêter l’ordre du jour ainsi que les grands thèmes. Prévu à Johannesburg, le Sommet se tiendra 10 ans après le Sommet “Planète Terre” qui avait eu lieu à Rio en 1992.
“Nous sommes tous dans la même navette spatiale “Terre” et si cette navette venait à s’écraser, nous en payerions tous les conséquences”, c’est sur ce constat que M. Emil Salim (Indonésie), Président nouvellement élu du Comité préparatoire, a invité tous les participants à faire en sorte que les préparatifs du Sommet de Johannesburg permettent de placer le développement véritablement durable au centre des discussions et d’établir définitivement le lien entre environnement et développement. De son côté, M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté les rapports du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans les activités préparatoires du Sommet ainsi que le site Internet du Sommet mondial. Il est aussi revenu sur la neuvième session de la Commission du développement durable qui s’est achevée samedi dernier et a, selon lui, fait ressortir trois grands thèmes : l’application opérationnelle du développement au niveau international, la prise en compte des éléments nouveaux survenus depuis Rio, comme notamment la mondialisation, et l’importance d’établir le lien entre les programmes de développement durable et ceux pour l’élimination de la pauvreté. En outre, il est clairement apparu qu’il n’y aura jamais de développement durable s’il n’y a pas une responsabilité, une direction à l’échelle mondiale. C’est pourquoi, il a estimé que le Sommet de Johannesburg devrait devenir l’expression d’une éthique de la responsabilité mondiale.
Le Comité a également entendu les représentants des grands groupes (secteur industriel et entreprises, syndicats et travailleurs, autorités locales, communauté scientifique et organisations non gouvernementales) rendre compte des activités préparatoires au Sommet qu’ils ont déjà organisées et exposer les questions principales qui devraient, selon eux, être soulevées à Johannesburg. La représentante du Caucus des jeunes a ainsi souligné que toutes les actions entreprises au Sommet mondial doivent se concentrer sur l'élimination de la
pauvreté. Il faudra également reconnaître que la structure actuelle du commerce international est exploitatrice. La communauté internationale devra donc indiquer clairement que les peuples et la planète passent avant le profit. Pour ce qui est de la consommation, le Caucus des jeunes estime que l'ordre du jour du Sommet devra examiner le mode de vie occidental, qui ne saurait servir de modèle aux pays en développement car il est contraire au développement durable. Enfin, l’éducation ne devra pas être oubliée car les principes du développement durable sont encore trop souvent absents des programmes universitaires et les jeunes économistes et ingénieurs ne savent pas les intégrer à leur travail. Pour sa part, la représentante des organisations non gouvernementales d’Afrique du Sud, pays hôte du Sommet, a assuré le Comité préparatoire que les ONG sud-africaines s'engagent, entre autres, à inclure le plus grand nombre possible d'acteurs des sociétés civiles du monde entier dans leur planning et à accorder une attention particulière à celles qui représentent les groupes les plus faibles en Afrique, les populations rurales, les femmes et les communautés autochtones. Les organisations sud-africaines s'efforceront aussi de renforcer les capacités des citoyens "ordinaires" afin qu'ils puissent participer activement au développement durable local, national et mondial.
Sont intervenus: l’Organisation des femmes pour l’environnement et le développement, le Caucus des populations autochtones, la Confédération internationale des syndicats libres, le Conseil international des initiatives locales en faveur de l’environnement, la Chambre internationale de commerce et le Taproot Farm de l’Etat de Washington (Etats-Unis).
Auparavant, il avait été procédé à l’élection du Bureau du Comité préparatoire, qui sera composé de 10 membres (1 Président et 9 Vices-Présidents dont un officiant également en qualité de Rapporteur) à raison de deux représentants par groupe régional. MM. Ihab Gamaleldin (Egypte), Ositadanma Anadeu (Nigéria), Kyotaka Akasaka (Japon), Jan Kara (République tchèque), Alexandru Niculescu (Roumanie), Richard Ballhorn (Canada) et Lars-G. Engfeldt (Suède) ainsi que Mmes Maria Luiza Ribeiro Viotti (Brésil) et Diane Marie Quarless (Jamaïque).
Le Comité préparatoire a en outre autorisé les organisations intergouvernementales suivantes à participer à ses travaux en tant qu’observateurs: Centre international pour l’ingénierie génétique et la biotechnologie, Convention des marécages, (Ramsar, Iran, 1971) et Programme de l’environnement régional du Pacifique Sud.
Cet après-midi, à 15 heures, le Comité préparatoire entamera son débat général sur les différents points à l’ordre du jour, après avoir entendu une intervention du Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
Déclaration liminaire
Le Président du Comité préparatoire, M. EMIL SALIM (Indonésie), remerciant les Etats Membres pour son élection, a fait observer que la majeure préoccupation de tous porte sur la question de savoir pourquoi il faut tenir un Sommet du développement durable. La raison, c’est que la croissance a souvent assuré le développement matériel des pays aux dépens de l’environnement. Mais il n’y a pas lieu d’être pessimiste, a estimé M. Salim. Certes, le solde du bilan est que le développement tel qu’on l’a connu jusqu’à aujourd’hui n’est pas durable et ce parce que les caractéristiques principales d’Action 21 ne figurent pas au premier plan du développement. L’environnement est par exemple considéré comme un bien gratuit et les décideurs responsables du développement n’ont pas établi de lien entre le développement et l’environnement. Le rejet récent du Protocole de Kyoto en est un exemple, a affirmé M. Salim, avant d’ajouter que même les institutions financières internationales considèrent l’environnement comme un secteur ad hoc externe à leurs domaines principaux d’action.
Pourtant il existe déjà diverses manières d’améliorer les politiques du développement durable, comme les comptabilités vertes par exemple, a poursuivi
M. Salim. L’interdépendance qui caractérise le monde actuel est une force motrice du développement et impose à la communauté internationale la nécessité de relancer une application efficace des différents principes d’Action 21. Pour cela, il faut que tous, pays développés ou en développement, unissent leurs forces. “Nous sommes tous dans la même navette spatiale “Terre” et si cette navette venait à s’écraser, nous en paierions tous les conséquences”, a averti M. Salim. Sur ce constat, il a formé l’espoir que les préparatifs du Sommet de Johannesburg permettront de mettre le développement véritablement durable au centre des discussions.
Présentation des rapports du Secrétaire général
M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, est en premier lieu revenu brièvement sur les travaux de la neuvième session de la Commission du développement durable qui se sont achevés samedi dernier. Il a estimé que trois grands thèmes ressortent de cette session. Le premier consiste à savoir si l’on est vraiment à la hauteur en matière de mise en oeuvre du développement durable, et dans quelle mesure il y a un traitement efficient du développement durable au niveau international. Il faut établir un lien plus clair entre le contenu d’Action 21 et les activités plus spécifiques des entités intéressées par le développement durable, a précisé M. Desai.
Le second thème est que depuis Rio certains éléments nouveaux sont apparus, le premier d’entre eux est la mondialisation et l’incidence qu’elle a sur le développement durable au niveau local et national, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Le troisième thème est celui de l’importance d’établir le lien entre les programmes de développement durable, qui se concentrent sur les ressources, et ceux pour l’élimination de la pauvreté qui se concentrent sur l’être humain et les services sociaux. M. Desai a aussi estimé que la récente session de la Commission du développement a clairement mis en avant qu’il n’y aura jamais de développement durable s’il n’y a pas une responsabilité, une direction à l’échelle mondiale. Il faut qu’il y ait une éthique de la responsabilité mondiale, dont Johannesburg devrait devenir l’expression, a-t-il insisté.
Il faut maintenant se concentrer sur ce que l’on veut réaliser lors du Sommet de 2002 et ce, compte tenu de la grande diversité des espérances de chacun, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Pour certains, ces espérances sont plus sociales, pour d’autres, plus environnementales et pour d’autres encore, elles sont davantage de nature économique. Pour cette raison, il sera très difficile de parvenir à un accord, a prévenu M. Desai. Mais cette situation rend, selon lui, encore plus impérative la nécessité que tous les points de vue puissent s’exprimer lors du processus politique. Le but de ce processus politique doit ensuite être de trouver un terrain d’entente, un compromis. “Ce faisant, il ne faut pas oublier que nous sommes tous directement concernés par la survie de l’être humain”, a-t-il rappelé avant d’expliquer que dans la mesure où les divergences de chacun doivent être respectées et entendues, il a été jugé plus approprié d’avoir un processus politique plutôt que technique. Voilà en quoi, la structure préparatoire du Sommet de 2002 est différente des processus habituels. Un grand nombre d’activités aura ainsi lieu au niveau régional et toutes les parties prenantes tiendront également des préparatifs, a expliqué M. Desai. Le processus préparatoire général commencera, lui, en janvier 2002. Il a en outre été demandé à chaque pays d’entreprendre un processus préparatoire vigoureux associant tous les acteurs de la société, y compris par exemple les femmes et les enfants. Le premier défi pour les six mois à venir est donc d’assurer la participation politique la plus dynamique possible.
De son côté, le système des Nations Unies a déjà fourni des efforts particuliers et les rapports présentés aujourd’hui au Comité constituent une contribution de grande valeur, a indiqué le Secrétaire général adjoint. Ce qu’il faut à présent c’est échanger les informations pour que la prochaine étape de janvier 2002 soit un succès. M. Desai a ensuite présenté le site Internet du Sommet mondial du développement durable, qui a été conçu par une société californienne dont le Secrétaire général adjoint a salué la contribution. Il a rappelé que pour le Sommet de Rio en 1992, l’on ne disposait pas de cet outil extraordinaire qu’est le Web et avec ce site, l’ONU tient à veiller à ce que tous les acteurs des préparatifs du Sommet de 2002 soient en contact les uns avec les autres.
Présentations des grands groupes
Mme JUNE ZEITLIN, Directrice exécutive de l'Organisation des femmes pour l'environnement et le développement (WEDO) (s'exprimant au nom du secteur des ONG), a précisé que les mouvements de femmes et leurs partenaires viennent d'entamer leurs consultations. Sa présentation a donc porté sur des éléments préliminaires.
Mme Zeitlin a commencé par rappeler le rôle historique joué par la CNUED dans la reconnaissance du rôle crucial des femmes dans la réalisation d'un nouveau type de développement, reflétée au chapitre 24 d'Action 21. Elle a ensuite annoncé que l'organisation WEDO et ses partenaires ont l'intention de lancer un programme d'action révisé intitulé Programme d'action pour les femmes 2002 (Women's Action Agenda 2002) à Johannesburg.
Au nom des femmes, Mme Zeitlin a ensuite souligné leur engagement pour le développement durable, un engagement fondé sur une approche globale et intégrée qui inclut les aspects écologiques mais aussi sociaux et économiques et, plus particulièrement, l'égalité entre les sexes. Le grand groupe des femmes juge donc important que le Sommet de 2002 s'appuie sur les résultats des précédentes grandes conférences réunies par les Nations Unies dans les domaines des droits de l'homme (Vienne), des femmes (Beijing), du développement social (Copenhague et Genève) et des établissements humains (Istanbul). Il faut également établir des liens étroits avec le processus de préparation de la réunion de haut niveau pour le financement du développement. La représentante a appelé à une meilleure mise en lumière des liens et des préoccupations transversales que sont l'égalité entre les sexes, l'éradication de la pauvreté et la justice environnementale.
Dans le même esprit, Mme Zeitlin s'est fermement opposée à ce que les évènements gouvernementaux et non gouvernementaux se déroulent dans des espaces séparés. Quelle que soit la situation en matière de logistique, il est prévisible que des problèmes de transport entraveront la pleine participation des femmes à tous les évènements, ainsi qu'on l'a déjà observé pour les conférences de Beijing et de Rio.
Mme JULIE LARSEN, s'exprimant au nom du Caucus des jeunes, a déclaré que les jeunes s'expriment aujourd'hui au nom d'un nouveau ministère intergouvernemental, le "Ministère de l'holistique" (Ministry of Holism), un département gouvernemental essentiel au développement durable mais toujours oublié. Elle a ensuite regretté que seul un petit nombre de jeunes soient présents dans la salle.
Mme Larsen a proposé que chaque pays industrialisé ou encore "surdéveloppé" d'Europe et d'Amérique du Nord finance la participation d'une organisation de jeunes du Sud ou une réunion de préparation du Sommet de 2002, afin de garantir la participation des groupes d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, qui ne peuvent être représentés de façon satisfaisante par ceux des autres régions.
Revenant sur les discussions tenues, la semaine dernière, à la neuvième session de la Commission du développement durable, la représentante a regretté le fait que des discussions sur des questions pertinentes pour l'application d'Action 21 soient dominées par des délibérations sur des questions de vocabulaire. Quand on manque d'air pur et d'eau potable, les clarifications sémantiques peuvent paraître futiles, a-t-elle expliqué.
Mme Larsen a ensuite souligné que toutes les actions lancées au Sommet mondial devront se concentrer sur l'éradication de la pauvreté car, pour parvenir à une réelle justice sociale, il faut reconnaître le poids qu'exerce la pauvreté sur la consommation et l'environnement. Il faut que le Sommet rende possible l'annulation de la dette des pays en développement afin de leur permettre d'utiliser leurs ressources en vue du développement durable. Il faut également reconnaître que la structure actuelle du commerce international est exploitatrice. Pour parler simplement, la communauté internationale doit exprimer clairement que les peuples et la planète passent avant le profit. Dans ce contexte, les groupes de jeunes sont préoccupés par l'influence du secteur privé sur le Sommet. Il faut, au minimum, mettre au point des modèles d'évaluation de cette influence ainsi que des principes permettant de garantir la transparence et la reddition. Pour ce qui est de la consommation, l'ordre du jour du Sommet doit examiner le mode de vie occidental, qui ne saurait servir de modèle aux pays en développement car il est contraire au développement durable. Mme Larsen a également mis l'accent sur l'éducation. Elle a regretté que les principes du développement durable soient actuellement oubliés des programmes universitaires et que les jeunes économistes et ingénieurs ne sachent pas les intégrer dans leur travail.
Mme CAROL KALAFATIC, au nom du Caucus des populations autochtones, a précisé tout d’abord que son groupe, afin d’aboutir à des propositions spécifiques en vue d’améliorer les moyens d’agir en matière de développement durable, faisait en sorte d’améliorer les consultations en Asie et dans le Pacifique ainsi qu’en Amérique Centrale, du Sud et du Nord. Elle a rappelé en outre la nécessité pour le Secrétariat et les États membres de soutenir la participation des populations autochtones dans le processus de préparation local et régional de Rio+10, tel que mentionné dans la résolution 55/199 de l’Assemblée générale. En outre,
Mme Kalafatic a précisé que, malgré la marginalisation des populations autochtones, il ne fallait pas oublier que ces mêmes populations faisaient partie de celles qui contribuaient le plus au développement durable à travers notamment
l’entretien de pratiques et de connaissances traditionnelles. Cette contribution étant reconnue par le système des Nations Unies, notamment dans l’Agenda 21, la participation du groupe des populations autochtones au processus Rio+10 s’impose.
Poursuivant la même idée, la représentante a tenu à rappeler que selon un rapport récent du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), les populations autochtones ne représentent que 5% de la population mondiale mais contribuent à hauteur de 90% à la diversité culturelle mondiale. De même, 80% de la biodiversité mondiale qui subsiste dans le monde se trouve sur leurs territoires.
Mme Kalafatic a rappelé que les populations autochtones avaient encouragé la lutte contre les formes non durables de développement en dépit des actions des industries, des gouvernements et des bailleurs de fonds. De même, elle a précisé qu’il était devenu indispensable de s’insurger contre les éléments qui retardent la mise en place du développement durable tels que la mondialisation, la privatisation et l’influence croissante de l’industrie au sein des Nations Unies, fondées en 1945 en tant qu’organisation des peuples. Enfin, la représentante a conclu en marquant son souhait de voir reconnue l’interdépendance de toutes les formes de vie.
Mme MICHELLE PRESSEND, s'exprimant au nom des organisations non gouvernementales d'Afrique du Sud, a déclaré qu'après plusieurs décennies d'apartheid et des siècles de colonisation et d'oppression le peuple sud-africain s'est forgé une société civile profondément consciente du lien entre pouvoir et qualité de vie. Le groupe des ONG sud-africaines considère l'environnement comme un champs de lutte politique, une lutte pour les ressources, le logement, la justice et l'égalité; une lutte pour le droit humain fondamental à un environnement propre et sain. Les délibérations et les engagements du Sommet mondial de Johannesburg seront suivis de près par des millions de Sud-Africains dont l'avenir et le cadre de vie dépendent probablement de l'issue de cette conférence.
Mme Pressend a souligné qu'il est plus évident que jamais que les défis dans le domaine de l'environnement et du développement auxquels chaque individu, communauté et pays sont confrontés sont étroitement liés et sont une partie intégrante des défis mondiaux en général. Nous vivons dans un monde où les trois personnes les plus riches possèdent plus de richesses que les 48 pays les plus pauvres; où un quart de la population mondiale consomme les trois quarts des ressources énergétiques et minérales mondiales et mangent plus de la moitié de la nourriture mondiale. Les pays les plus pauvres payent des millions au nom du service de la dette mais l'immensité de la dette écologique des pays développés
n'est pas reconnue. La voix des peuples doit se faire entendre, a ajouté
Mme Pressend, car, à tous les niveaux, du domestique au mondial, le lien entre le manque de pouvoir et la dégradation de l'environnement ainsi que la pauvreté est évident.
Les organisations non gouvernementales du pays hôte s'engagent, entre autres, à inclure le plus grand nombre possible d'acteurs des sociétés civiles du monde entier dans leur planning et à accorder une attention particulière à celles qui représentent les groupes les plus faibles en Afrique, les populations rurales, les femmes et les communautés autochtones, a souligné Mme Pressend. Les organisations sud-africaines s'efforceront aussi de renforcer les capacités des citoyens "ordinaires" afin qu'ils puissent participer activement au développement durable local, national et mondial.
M. LUCIEN ROYER de la Confédération internationale des syndicats libres et du Conseil consultatif des syndicats auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a, au nom du secteur des travailleurs, expliqué que les syndicats auront leur propre session préparatoire en octobre prochain en Belgique. Par souci de coordination avec le pays hôte du Sommet, ils travailleront également en coopération avec trois syndicats affiliés en Afrique du Sud. Le secteur syndical estime que Johannesburg devrait être un tremplin pour un nouveau partenariat entre les décideurs, les entreprises et les syndicats, notamment afin de mettre en place des mécanismes de mise en oeuvre d’Action 21 au niveau local. Les syndicats et travailleurs peuvent en effet participer de manière créative avec les entreprises à l’application efficace d’Action 21, a insisté M. Royer. Le Sommet doit aussi envoyer un message clair aux travailleurs du monde entier et leur dire que leurs compétences et leur expérience peuvent apporter une réelle contribution. Il pourra aussi leur montrer comment ils peuvent être à terme de meilleurs consommateurs et soutenir le développement durable. L’objectif doit également être que chacun sorte gagnant de Johannesburg.
S’agissant du processus préparatoire, M. Royer a estimé que la Commission du développement durable a ouvert la voie à la participation de tous. De manière générale, c’est l’interaction entre toutes les parties prenantes qui doit être encouragée, en vue d’une “nouvelle donne mondiale”. Il faut aussi que l’application par chacun des décisions qui seront prises soit garantie. L’emploi et la sécurité alimentaire apparaissent pour les syndicats comme les deux questions clefs sur lesquelles le Sommet doit se concentrer. Un troisième thème pourrait être les barrières à la participation et aux partenariats surtout pour ce qui est de l’énergie.
M. SEAN SOUTHEY, membre du Conseil international des initiatives locales pour l'environnement (ICLE), s'exprimant au nom du secteur des autorités locales, s'est dit convaincu que le monde n'a pas tout à fait relevé les défis d'Action 21. Au niveau local, les autorités locales, les municipalités et leurs partenaires ont néanmoins fait de grands progrès qui pourront servir de référence à Johannesburg. M. Southey a ajouté qu'en dépit du ralentissement du processus de Kyoto, les autorités locales sont résolues à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en renforçant les économies. En tant qu'organisation faîtière des municipalités pour le développement durable, ICLE estime qu'il est nécessaire d'accélérer les initiatives au niveau local. Ses membres sont attachés à la viabilité et se réunissent avec des experts des différents domaines techniques afin de trouver des solutions aux problèmes de viabilité.
Comme l'a dit M. Desai, les autorités locales ont lancé une enquête globale avec le DESA et le PNUD qui révèlera notamment les meilleures stratégies d'application d'Action 21 au niveau local. M. Southey a expliqué qu’il ressort des consultations préliminaires que l'action locale a fait ses preuves mais qu'il faut un renforcement des capacités et des politiques à tous les niveaux pour créer un environnement propice. Les autorités locales encouragent les acteurs internationaux à travailler avec les municipalités pour aplanir les différents obstacles à l'application d'Action 21. M. Southey a également jugé important que des représentants des municipalités soient présents dans les délégations qui participeront au Sommet de Johannesburg.
M. JACK WHELAN, représentant de la Chambre de commerce internationale, au nom du secteur des entreprises et de l’industrie, a rappelé le rôle fondamental du monde des affaires dans les secteurs suivants: innovation, investissement et amélioration des politiques sociales, économiques et environnementales qui sont au coeur des principes du développement durable. Il a rappelé que le monde des affaires était le principal pourvoyeur de biens et de services, d’emplois, de prospérité et de nouvelles technologies. Le représentant a ensuite tenu à ajouter aux trois secteurs précédemment mentionnés celui de l’intégration. Il est en effet indispensable de s’engager vers une voie de partenariats multiples (gouvernements et autres parties prenantes) car les questions qui se posent dépassent chaque domaine individuel – personne ne peut faire cavalier seul. Selon M. Whelan, les gouvernements devaient inviter toutes les parties prenantes aux discussions aux niveaux national et international.
Le représentant a ensuite indiqué que la Chambre de commerce internationale et le Conseil mondial des affaires pour le développement durable, avaient développé un réseau entre les groupes commerciaux et la communauté des affaires dans le cadre d’un forum consultatif de préparation au sommet de 2002 afin que la place du monde des affaires soit bien reconnue. M. Whelan a en outre rappelé que l’élimination de la pauvreté, la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau potable, le problème de l’HIV/sida, la qualité de l’atmosphère, la remise de dettes, l’accès aux investissements, le transfert des technologies étaient les thèmes fondamentaux du sommet de 2002. Par conséquent, la participation de la communauté internationale et de la société civile est indispensable. Toutes ces questions doivent donc être regroupées car la ségrégation des thèmes est perçue comme un recul.
S’exprimant pour sa part au nom de la communauté scientifique et technologique, M. LARRY KOHLER de l’Union internationale de la science, a indiqué que pour la première fois lors de la neuvième session de la Commission du développement durable, la communauté scientifique a pu participer activement au dialogue sur le développement durable. Les scientifiques sont prêts à accélérer la bonne application d’Action 21 en vue du développement, a assuré M. Kohler, tout en précisant que le calendrier précis de préparatifs et d’initiatives en vue du Sommet n’était pas encore arrêté. Toutefois, des documents sur le rôle du monde de la science dans l’application des chapitres d’Action 21 seront élaborés. Une
liste des enseignements à tirer des expériences du monde scientifique depuis Rio sera également établie. En outre, la participation de savants aux préparatifs nationaux sera facilitée. La communauté scientifique est aussi prête à participer aux tables rondes d’experts qui auront lieu.
M. Kohler a également expliqué que pour la communauté scientifique les priorités du Sommet devront être les suivantes : mise à disposition de davantage de fonds pour la rercherche et le dévelopement, notamment afin de mettre en place des systèmes d’observation à long terme et fiables; et renforcement considérable de la capacité scientifique et techgnologique des pays en développement. Il faudra aussi améliorer la façon dont la communauté internationale utilise cette capacité dans les pays en développement. Il convient en outre d’accorder une plus grande priorité aux échanges complets et ouverts de l’information scientifique aux fins de la recherche et de l’éducation, a expliqué M. Kohler. Il a aussi reconnu la nécessité de renforcer le sens éthique et la responsabilité des savants qui devront être intègres et objectifs. En dernier lieu, il a fait observer que l’interprétation du public du développement durable et des aspects scientifiques laissait à désirer et a estimé que le Sommet de 2002 devra faire des efforts sur ce point, notamment afin d’assurer un véritable dialogue.
Prenant également la parole au nom du secteur des entreprises, M. TOM FORRESTER, de la Fédération Internationale des Agriculteurs Producteurs (IFAP) et de Taproot Farm de l’Etat de Washington (Etats-Unis), a tout d’abord rappelé les participations multiples de ces deux groupes à la définition des mesures à prendre en vue de s’engager sur la voie du développement durable. Ces derniers, qui représentent des familles d’agriculteurs, de paysans, d’autochtones et d’agricultrices, ont participé, dans la mesure du possible, au dialogue réussi entre toutes les parties prenantes sur les questions de la terre et de l’agriculture, notamment l’an passé lors de la huitième session du comité pour le développement durable. M. Forrester a indiqué que la sécurité alimentaire, le développement rural et l’exploitation viable étaient les principaux thèmes à considérer et ce, à l’échelle internationale. Il a notamment rappelé qu’en Afrique le problème de la sécurité alimentaire se pose avec acuité. Un des principaux thèmes du sommet de Johannesburg est la réduction de la pauvreté. Or cette dernière est à 70% concentrée dans les zones rurales. Il a donc souligné le caractère indispensable d’une volonté politique. Cependant, cette dernière doit prendre en compte le fait que sans les agriculteurs, il ne peut y avoir de développement durable, de communautés rurales ni de production alimentaire. Par conséquent, les gouvernements et les autres grands groupes doivent coopérer avec les représentants des agriculteurs.
Ensuite, M. Forrester a insisté sur la nécessité de bien répartir le travail entre les différents partenaires et de marquer davantage l’importance du capital humain et social. De même, le représentant a considéré comme étant indispensable que les petits agriculteurs bénéficient d’un accès facilité aux ressources dont ils ont besoin. L’influence des femmes et des jeunes ne doit pas être négligée.
Le représentant a fait remarquer que les problèmes récemment posés par la maladie de la vache folle et de la fièvre aphteuse ont montré que les questions de sécurité alimentaire concernaient le monde entier. M. Forrester a aussi souligné que les deux groupes qu’il représente étaient particulièrement sensibles au problème du fossé existant entre les pauvres et les riches et entre les économies des différents pays, et ce en dépit des engagements pris au Sommet mondial de l’alimentation de 1996. De plus, il a souhaité que les agriculteurs soient les premiers à prendre les décisions qui les concernent en matière d’innovation, d’investissement et d’améliorations à apporter. Enfin, M. Forrester a souligné l’importance du dialogue entre les parties prenantes (les grands groupes, les institutions et les gouvernements et ce, de façon formelle)
L’ordre du jour du Comité figure au document E/CN.17/2001/PC1. Les rapports du Secrétaire général sont présentés dans notre communiqué ENV/DEV/573.
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