En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/569

LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE PASSENT PAR UNE GESTION CONCERTEEE AU NIVEAU INTERNATIONAL

20/04/2001
Communiqué de presse
ENV/DEV/569


Commission du développement durable

11e séance – après-midi


LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE PASSENT

PAR UNE GESTION CONCERTÉE AU NIVEAU INTERNATIONAL


Clôture du débat général sur la nécessité de reconnaître que les modes de production et de consommation énergétiques actuels ne sont pas durables


"Il faut prendre conscience du coût de la non-gouvernance internationale en matière d'environnement" a déclaré, cet après-midi, la Ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement de la France, en soulignant la pauvreté et les problèmes d'environnement qui en découlent.  Elle s'exprimait devant la Commission du développement durable qui achevait le débat général de sa réunion de haut niveau, ouverte le mercredi 18 avril.  Déplorant également les "insuffisances" des règles de fonctionnement globales dans le domaine de l'environnement, la Ministre a réaffirmé l’importance du Protocole de Kyoto qui est « le seul compromis pour aboutir à une réelle réduction globale des émissions de gaz à effet de serre sans compromettre la croissance économique mondiale ni le développement des pays du Sud. »  Le débat s'est ensuite concentré sur le rôle prépondérant des pays industrialisés dans le domaine énergétique et les difficultés que rencontrent les pays en développement dans leurs efforts pour établir un développement durable. 


Les problèmes qui ont empêché les progrès dans la réalisation des objectifs fixés à Rio, comme les ressources financières inadaptées et l’absence d’un véritable transfert de technologies demeurent, ont regretté plusieurs représentants, parmi lesquels le Ministre de l’environnement, de la science et de la technologie du Ghana.  La communauté internationale doit reconnaître une fois pour toutes que ses modes actuels de production et de consommation ne sont pas durables, a reconnu pour sa part le Ministre de l’environnement de l’Italie.  Quant au représentant du Népal, il a estimé que l'environnement est la victime à la fois de la pauvreté et de la prospérité, car les riches ne veulent pas changer de mode de vie alors que les pauvres ne peuvent pas se le permettre.  Par ailleurs, le Directeur général adjoint et coordonnateur du Conseil pour le développement durable des Philippines, a souligné l'importance pour les pays en développement d'avoir accès à une information fiable et pertinente afin de pouvoir prendre, en connaissance de cause, des décisions allant dans le sens du développement durable.


      A l’issue du débat de haut niveau, le Président de la neuvième session de la Commission du développement durable, M. Bedrich Moldan (République tchèque), a noté l’accent mis au cours des débats sur l’importance du financement public et privé pour le développement durable, y compris par le biais du microcrédit.  Le débat général a fait apparaître que le défi principal demeure la fourniture d’énergie aux deux milliards d’individus qui n’y ont toujours pas accès, sans


(à suivre – 1a)


perdre de vue que l’objectif ultime du développement durable dans le secteur de l’énergie doit être l’élimination de la pauvreté, a-t-il ajouté.  S’agissant du Sommet de 2002, le Président a suggéré que la coopération et l’aide des pays développés vers les pays en développement et la volonté de surmonter les défis que représentent la mondialisation et la pauvreté devront y soient réaffirmés.  Il a également espéré que l’accent serait davantage mis sur l’exécution d’Action 21 et que le Sommet serait l'occasion de fixer des objectifs concrets et ciblés.


Les ministres et représentants des pays suivants sont intervenus: Angola; Slovénie; Kenya; Lituanie; Cuba; Croatie; Philippines; Ex-République yougoslave de Macédoine; Italie; Pakistan; Burkina Faso; France; Nigéria; Tunisie; Ghana; République populaire démocratique de Corée; Maroc; Népal; Iraq; Malaisie; Pérou; Bénin et Venezuela.


En début de séance, la Commission a complété son Bureau en élisant par acclamation comme quatrième Vice-Président, Mme Margarida Rosa da Silva Izata de l’Angola, qui siègera au nom du Groupe des Etats d’Afrique.


La semaine prochaine, la Commission du développement durable se réunira en groupe de rédaction afin de préparer les conclusions et recommandations finales de cette neuvième session.  La séance de clôture des travaux aura lieu vendredi

27 avril, à 15 heures.


REUNION DE HAUT NIVEAU


Fin du débat général


M. LUIS FILIPE DA SILVA, Ministre de l’énergie et de l’eau de l’Angola, a jugé particulièrement nécessaire de réfléchir à la satisfaction des besoins énergétiques des populations les plus pauvres.  Celles-ci doivent se voir améliorer l’accès aux sources d’énergie moins coûteuses et plus propres.  Parmi les obstacles à cet accès, il a cité l’absence de capitaux, la détérioration ou l’absence d’infrastructures, la manque de capacité technique et d’entretien.  La mobilisation de moyens financiers pour le développement de nouvelles énergies n’est pas seulement cruciale pour l’environnement mais aussi pour étendre à tous la croissance économique et le développement.  Le Ministre a également mis l’accent sur l’importance de faire participer les femmes dans les efforts de développement durable car elles sont les principales consommatrices de l’énergie tout au long des tâches quotidiennes qu’elles remplissent pour le bien-être de leur foyer.  L’efficacité des activités énergétiques est étroitement liée aux institutions et l’organisation de ce secteur.  Les gouvernements doivent donc encourager la création d’un environnement propice aux investissements et aux initiatives.  Le niveau de retour en capital pour les entreprises privées doit être équivalent dans le secteur de l’énergie et dans les autres secteurs.  Une politique en matière de prix doit avoir pour objectif de garantir une utilisation efficace de l’énergie tout en assurant un flux d’investissement suffisant pour entretenir et développer les installations existantes, a suggéré M. da Silva, avant d’ajouter que dans la mesure où le secteur de l’énergie est à la base de toutes les autres activités économiques, les investissements publics doivent eux aussi se situer à un niveau suffisant.


Le Ministre a ensuite expliqué que pour les pays qui ont été victimes d’un conflit, les investissements nécessaires pour remettre le secteur de l’énergie à flots sont énormes.  Citant l’Angola en exemple, il a indiqué que les infrastructures, en particulier celles énergétiques, ont été très largement détruites et que pour les reconstruire le Gouvernement manque de capitaux.  Les pays ravagés par la guerre voient en effet leur capacité de production grandement détruite et un engagement et une aide particulière de la communauté internationale, bailleurs de fonds et institutions financières, sont nécessaires.  Il a ajouté que lorsque comme l’Angola, le pays en question est bien doté en ressources pouvant produire de l’énergie, cette aide pourrait tout particulièrement prendre la forme d’une coopération technique dans laquelle technologie et savoir-faire seraient transmis.


M. JANEZ KOPAC, Ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire de la République de Slovénie, a rappelé que la consommation et la production d’énergie sont une des causes principales des problèmes liés à l’environnement.  Par conséquent, si des mesures ne sont pas prises pour un engagement à un développement durable et l’utilisation d’énergies de substitution, la situation ne pourra que s’aggraver.  Il a donc souligné qu’un des éléments les plus importants pour un développement durable était de réduire la consommation d’énergies fossiles au profit de sources d’énergie renouvelables.  Dans ce contexte, en Slovénie, la part d’utilisation d’énergies renouvelables représente 10% dont la moitié est issue des centrales hydrauliques.  Cependant, le potentiel d’énergie hydraulique étant atteint, il faut à présent développer l’énergie éolienne, solaire et géothermique.


M. Kopac a posé la question du coût de l'installation de techniques permettant le développement des sources d’énergie renouvelables et, à ce sujet, il a rappelé que la Slovénie avait mis en place une taxe sur l’utilisation d’énergies fossiles permettant de rendre l’utilisation des sources d’énergie renouvelables moins coûteuse et de dégager des crédits pour le développement d’investissements dans ce domaine.  Il a souligné que les différents secteurs économiques devraient être au fait des problèmes de développement durable et que des mesures gouvernementales devraient accompagner ces efforts, ce qui est un des principaux objectifs du Gouvernement slovène dans les prochaines années.  Il a rappelé qu’une coopération aux niveaux régional et international était indispensable à la bonne mise en œuvre des objectifs de l’Agenda 21.  Le Gouvernement slovène marque à ce sujet son appui aux initiatives de coopération entreprises à ce sujet comme, par exemple, les actions de la Commission méditerranéenne sur le développement durable.


      M. Y.F.O. MASAKHALIA, Ministre de l'énergie du Kenya, a reflété les points de vue des ministres de l'environnement réunis à Nairobi le 10 janvier 2001, à l'occasion de la Réunion régionale sur l'énergie et le développement durable en Afrique.  Il a déclaré que l'énergie n'est pas une fin en soi mais un élément crucial pour réaliser les objectifs socio-économiques et environnementaux liés au développement durable.  Pour résoudre les grandes difficultés dans le domaine de l'énergie pour le développement durable auxquel les les pays africains sont confrontés, il faut garder à l'esprit que la consommation par habitant en énergie commerciale y est très faiblebasse et que cela reflète le faible niveau limité de développement de la région.  Le représentant a souligné l'importance pour l'Afrique des questions de l'accès à des sources d'énergie modernes ,; l'efficacité énergétique ,; le développement des énergies renouvelables ,; l'application des technologies propres pour la production de combustibles fossiles ,; la réponse aux besoins énergétiques des zones rurales ,; et des rapports entre énergie et transports. 

      Les ministres africains de l'environnement s e sont entendusont tombés d'accord   sur un Programme d'action apellant appelant à une accélération de la Commission africaine de l'énergie et favorisantpromeuvant, entre autres points, un dialogue politique sur les politiques et stratégies énergétiques et une harmonisation des normes et procédures dans ce domaine.  Le Programme d'action aborde également la recherche et le développement dans le secteur énergétique et souligne la nécessité d'intensifier la prospection et l'exploitation du gaz naturel. 

      Selon le Ministre, le rôle des gouvernements est notamment de développer et mettre en oeuvre des politiques et stratégies énergétiques adéquates et de créer un environnement favorable aux investissements privés.  La communauté internationale devrait fournir une aide ciblée au développement et à la mise en oeuvre de politiques énergétiques pour le développement durable et favoriser la coordination entre les donateurs.  Quant aux organisations non gouvernementales, le Ministre a déclaré qu'elles peuvent transmettre et aider à appliquer à échelle réduite les mesures de conservation et d'efficacité énergétique dans les communautés.  Il a également souligné le rôle de la coopération régionale qui permet notamment de développer des régulations communes.  

      M. NERIJUS EIDUKEVICIUS, Vice-Ministre de l'économie de la Lituanie, a exposé son expérience nationale en expli qau ant que son pays a hérité d'un système énmergétique important et bien organisé mais dont la modernisation prendra du temps et des investissements considérables.  La Lituanie arrive au terme d'une période de transition d'une économie centrale planifiée à une économie de marché.  L'ensemble de l'industrie lituanienne, y compris le secteur énergétique , traverse diverses phases de restructuration et de privatisation.  Pour améliorer l'efficacité de l'e nsenbm ble de ce secteur, a estimé le représentant, des investissements constants sont nécessaires mais la seule manière de les encourager est d'évaluer tous les coûts liés à la production éenergétique, à la distribution et à la protection de l'environnement, et de refléter ses résultats dans les tarifs.  En outre, toutes les mesures juridiques nécessaire s pour stimuler les investissements du côté de la demande doivent être déterminées afin d'encourager le recours aux technologies les plus efficaces du côté de la production.  Il faut aussi stimuler les investissements dans les sources d'énergie renouvelables. 

      M. Eidukevicius a souscrit pleinement à une approche de développement reposant sur les trois pilliers de l'économie, la société et l'environnement.  Mais certains éléments influent sur ce processus, en particulier le bien-être social, la croissance du revenu par habitant et iIl s'agit de questions très sensibles au niveau politique.  Dans ce contexte, la Lituanie estimepense qu'elle devrait adopter une approche globale et pragmatique, s'appuyant sur les expériences d'autres pays mais tenant compte des particularités nationales et régionales. 

M. FRANCISCO REYES, Vice-Ministre des transports de Cuba, a estimé qu’en dépit de tous les efforts déployés, peu de progrès ont été faits dans la recherche de solutions aux problèmes de développement durable affectant l’humanité.  Le déséquilibre croissant dans la répartition des ressources, l’accentuation  du fossé entre riches et pauvres, la destruction et le pillage de la nature, et la dégradation de l’air et de l’atmosphère n’en sont que quelques-unes des preuves.  Jamais autant qu’aujourd’hui l’énergie n’a été aussi cruciale pour l’humanité.  Nous sommes en fait confrontés au paradoxe d’un développement des pays industrialisés fondé sur l’usage intensif et irrationnel de l’énergie, alors que dans le même temps plus de 2 milliards d’individus n’ont même pas accès à une source d’énergie.  Cuba reconnaît que l’énergie et les transports sont indispensables au développement économique et social et à l’élimination de la pauvreté, notamment extrême.  En ce qu’ils sont les principaux responsables de la dégradation de l’environnement, les pays industrialisés ont la responsabilité première de mener les efforts de protection et de conservation de la planète, a estimé M. Reyes.  Pour cela, ils doivent notamment encourager les transferts de technologies modernes et respectueuses de l’environnement, ainsi que garantir le financement nécessaire au développement durable, et ce sans imposer de conditionnalités ou de clauses exclusives.  Le Vice-Ministre a reconnu que dans le même temps les pays en développement doivent se donner pour priorité et stratégie d’établir des politiques qui leur permettent de relever les défis technologiques du futur.  A cet effet, ils doivent renforcer leurs institutions afin notamment qu’elles puissent encourager le développement de sources énergétiques moins dommageables pour l’environnement. 


M. Reyes a indiqué ensuite qu’en dépit du blocus économique et financier qui est imposé à son pays par les Etats-Unis depuis plus de 40 ans, les autorités publiques ont été en mesure d’assurer que 95% de la population ont accès à l’électricité.  Le Gouvernement cubain s’attache désormais à faire en sorte que les moyens de transports du pays soient moins polluants.  La réduction des émissions de gaz à effet de serre est en effet l’une des priorités pour Cuba qui participe activement aux efforts pour l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto.  C’est pourquoi le Vice-Ministre a exhorté tous les pays, sans exception, à ratifier ce document.  Il a dénoncé la décision des Etats-Unis de se soustraire aux engagements pris alors même que ce pays est le premier émetteur de ce type de gaz.  “La position américaine va clairement à l’encontre de l’intérêt de l’humanité”, a affirmé le Vice-Ministre.  Il a également précisé que Cuba n’accepterait aucune tentative de renégocier Action 21 lors du prochain sommet mondial sur le développement durable.


M. BOZO KOVACEVIC, Ministre de la protection de l’environnement et de l’aménagement du territoire de la Croatie, a déclaré que, depuis dix ans, le développement socioéconomique de son pays est caractérisé par une économie en transition, une situation politique instable et les conséquences de la guerre.  Il a ajouté que, de 1995 à 2000, la consommation d'énergie a augmenté de 3,3%, la production d'énergie électrique a progressé de 3,4% tandis que le produit intérieur brut (PIB) augmentait de 4% pour la même période.  Il a déclaré que les émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre par la Croatie sont négligeables mais que qu’avec 1200 km de cotes et plus de 1 100 îles, son pays est particulièrement sensible au débat sur le changement climatique.  Il a rappelé que la Croatie s'était engagée, à Kyoto, à réduire ses émissions de gaz carbonique. Cet engagement correspond à une diminution de 5% des émissions de gaz à effet de serre.  Le représentant a ensuite déclaré que le développement du secteur énergétique était une composante de la stratégie de développement de la Croatie mais que le gouvernement souhaite rendre son marché énergétique conforme aux standards européens.  M. Kovacevic a informé les participants du fait que son pays a mis en place dix programmes nationaux sur la gestion des ressources énergétiques et œuvre à la promotion des énergies renouvelables et alternatives. 


M. RAPHAEL P.M. LOTILLA, Directeur général adjoint et Coordonnateur du Conseil pour le développement durable des Philippines, a déclaré qu'il faut déterminer le type d'information dont les pays ont besoin et la façon dont elle doit être utilisée pour parvenir à une décision éclairée allant dans le sens du développement durable.  Il a ajouté que, dans ce domaine, les décisions sont politiques.  Il existe des asymétries dans l'accès à l'information et dans la qualité de l'information que nous obtenons.  Le représentant a noté qu'au cours des débats des jours précédents, les interventions des institutions financières ont mis l'accent sur le recours aux marchés pour trouver une solution au financement des secteurs clés, des pays en développement en particulier, alors que les intervenants issus de la société civile ont sincèrement estimé que les marchés n'arrivent pas à fournir cette aide.


Dans les années 60, a expliqué le représentant, les Philippines ont connu une crise énergétique majeure qui n'a pu être résolue qu'avec le concours du secteur privé.  Cependant, la crise asiatique a rendu la capacité énergétique nationale excédentaire de 40% et a fini par représenter une charge financière s'exerçant aux dépens des autres secteurs.  Une privatisation a été lancée pour libérer des ressources économiques à l'intention des secteurs qui en ont besoin, notamment les îles isolées qui n'ont pas accès à l'énergie. 


M. Lotilla a ensuite estimé que l'accès à l'information est également indispensable pour effectuer ses choix en connaissance de cause.  Il s'est réjoui qu'un examen de l'application d'Action 21 au niveau national ait montré que les Philippines se sont rapprochées des objectifs qu'elles se sont fixées dans le cadre du Sommet du millénaire mais aussi des grandes conférences précédentes.  Ce qui manque, a-t-il estimé, ce sont de "grands engagements" qui permettraient d'atteindre les objectifs sociaux nécessaires au développement durable.  Ce manque se fait particulièrement ressentir en ce qui concerne l'aide publique au développement. 


M. MARJAN DODOVSKI, Ministre de l'environnement de l'ex-République yougoslave de Macédoine, a considéré qu'il fallait soutenir davantage les travaux de la Commission du développement durable dont la contribution aux questions de développement économique et social est essentielle.  Il a ajouté que l'énergie est un des défis cruciaux pour le monde, car elle contribue à la croissance économique mais, dans le même temps, sa production a des effets nuisibles sur l'environnement.  M. Dodovski a expliqué que son pays avait mis en place un Programme national pour l'utilisation des ressources énergétiques jusqu'en 2020 qui repose sur les directives et recommandations de l'Union européenne. Il a estimé que les questions d'efficacité dans la gestion énergétique sont indissociables d'efforts concernant la stratégie, l'organisation, la gestion économiques, la régulation ainsi que l'innovation technologique.  Il a recommandé que des mesures de gestion intégrées de la production et de la consommation d'énergie soient mises en œuvre, que les structures de production et d'exploitation soient modernisées, que le secteur privé soit associé aux dépenses énergétiques, que des programmes de sensibilisation soient développés concernant les économies d'énergie et enfin, que le Gouvernement prenne des mesures de nature à réguler la production et la consommation énergétiques et la protection de l'environnement.  Il a plaidé pour une approche concertée des pays développés et des pays en développement qui tienne compte de l'impact environnemental de la composante énergétique dans le développement durable.


M. WILLER BORDON, Ministre de l’environnement de l’Italie, a, pour sa part, souligné l’interdépendance étroite des thèmes à l’ordre du jour de la session.  Les transports et l’énergie ont, par exemple, des répercussions directes sur l’atmosphère et le changement climatique, a-t-il expliqué, avant d’ajouter que, de même, les efforts déployés actuellement aussi bien pour atteindre les objectifs du développement durable que pour protéger l’environnement, sont eux aussi très imbriqués.  Partant, il a souhaité que les négociations de la Commission permettent de montrer clairement la voie à suivre, notamment dans la perspective du Sommet mondial de 2002.  Parmi les recommandations à formuler devrait figurer la reconnaissance du droit à un air propre, a estimé M. Bordon.  S’agissant de la production d’énergie, il a préconisé une approche plus déterminée à l’égard des énergies renouvelables et la reconnaissance que l’énergie nucléaire n’est pas une source compatible avec le développement durable.  Le Ministre a également reconnu que les politiques de transport peuvent avoir une importance stratégique dans la lutte pour la réduction des émissions nocives dans l’atmosphère.  Forte de ce constat, l’Italie a récemment cherché à augmenter l’efficacité de ses centrales thermoélectriques, la réduction de la consommation d’énergie dans les secteurs des transports, de l’industrie, des services et des ménages, l’accroissement de la production d’énergie à partir de sources renouvelables, le développement des zones forestières en tant que “poumon vert” ainsi que la réduction des émissions carboniques par les autres secteurs que celui de l’énergie. 


Abordant la question de la coopération avec les pays en développement et de la lutte contre la pauvreté, le Ministre a estimé que l’aide au développement devrait s’appuyer sur les 4 piliers suivants : allègement de la dette, accès accru aux marchés pour les pays en développement, promotion de l’investissement étranger direct, et aide publique au développement davantage ciblée sur la santé et l’éducation.  Il a également souhaité que les politiques en faveur de l’environnement deviennent une partie intégrante des politiques mises en place par tous les gouvernements.  La communauté internationale doit reconnaître une fois pour toutes que ses modes actuels de production et de consommation ne sont pas durables.  Elle doit aussi affirmer davantage les mécanismes permettant à l’opinion publique de participer activement à la prise de décisions en matière d’environnement.  C’est dans cette optique que l’Italie a ratifié récemment la Convention d’Aarhus sur l’information, la participation et l’accès du public à la justice.  Rappelant que le changement climatique et la pollution de l’air ne connaissent pas de frontières, il a souligné la nécessité d’une action au niveau international, à  laquelle chaque pays apporterait une contribution.  Cette approche doit néanmoins, selon lui, s’accompagner de la reconnaissance qu’à moyen terme, les attentes légitimes en matière de croissance et d’expansion industrielle peuvent engendrer des pressions accrues sur l’environnement.


M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a rappelé qu'en 1992, la communauté internationale s'était engagée à renforcer les trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, le développement social et la protection de l'environnement mais que, lors de la Conférence de Rio, les pays s'étaient engagés à ne pas privilégier les politiques environnementales au détriment du développement économique et social durable.  Pourtant, au cours des neuf dernières années, le concept du développement durable s'est réduit à la seule protection de l'environnement, a noté avec regret le représentant, ajoutant que les deux autres piliers que sont la croissance économique et le développement social ont été mis de côté.  Il a dénoncé des conditions environnementales encore plus dégradées qu'il y a dix ans et fait observer que le monde était toujours le théâtre d'une extrême pauvreté alors que l'APD stagne à 0,2% au lieu d'atteindre l'objectif de 0,7% du PNB, faisant ainsi reculer le montant de l'APD en termes réels.  Le représentant a poursuivi en regrettant l'abondance de conditionnalités telles que la bonne gouvernance avant de dénoncer le fardeau de la dette et la contrainte que posent les barrières douanières.  Il a déclaré ensuite qu'il est temps d'inverser la tendance, ajoutant qu'un accès garanti aux ressources énergétiques est une des conditions du développement économique durable.  Il a mis en avant le Plan d'action national pour la conservation de l'énergie qui vise à promouvoir la recherche de sources d'énergie renouvelables et à développer des programmes efficaces de rationalisation des dépenses énergétiques. 


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a rappelé que les pays en voie de développement, face à un faible niveau de développement du secteur énergétique, devaient revoir en profondeur leurs politiques nationales. Ainsi, il a souligné que le Burkina Aso, afin de favoriser un accès équitable et à moindre coût à l’énergie moderne, s’est engagé vers les voies de la réduction des coûts de l’électricité; de la réglementation du sous-secteur des énergies traditionnelles pour une protection de l’environnement; de la sécurisation de l’approvisionnement en hydrocarbures et une meilleure distribution des produits pétroliers; du développement de l’électrification des zones rurales par l’édification de barrages hydroéléctriques et l’expérimentation de l’énergie solaire.


M. Kafando a ensuite insisté sur l’importance de la coopération internationale dans le secteur du financement des infrastructures énergétiques pour pallier le peu d’intérêt des investisseurs privés dans ce domaine. En outre, a-il précisé, énergie et transport sont intimement liés, d’où la nécessité d’un partenariat entre les secteurs publics et privés et d’une planification de la gestion durable des transports. Un soutien financier international est donc indispensable et doit être accompagné de mesures nationales telles que le Burkina Faso l’a entrepris en s’efforçant de développer la compétitivité des produits nationaux et en améliorant l’accessibilité des zones enclavées. Enfin, il a rappelé l’engagement du Burkina Faso en matière de lutte contre la pollution par la tenue en décembre 2000 de la Conférence des parties au Protocole de Montréal sur la couche d’ozone.


Mme DOMINIQUE VOYNET, Ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement de la France, a déclaré qu'en matière d'environnement, les enjeux sont de plus en plus globaux.  Selon la Ministre, la structure institutionnelle actuelle dans ce domaine n'est pas satisfaisante, elle joue au détriment des accords multilatéraux sur l'environnement, elle n'est pas satisfaisante par rapport à la montée en puissance d'autres organisations internationales comme l'OMC, qui ne disposent pas d'un interlocuteur ayant la même visibilité et la même autorité.


Les réflexions présentées par Klaus Töpfer, les analyses menées par l'Union européenne rejoignent celles menées dans d'autres enceintes, qui concluent à la nécessité d'une réforme de l'architecture institutionnelle mondiale issue de Bretton Woods.  Car dans ce débat du coût de la non-gouvernance globale, deux facteurs ne sont pas assumés, l'environnement et la pauvreté.  Certains sujets sont quasiment orphelins, c'est le cas du sujet commerce-développement.  Un renforcement des structures existantes, au premier rang desquelles le PNUE, pourrait aboutir à terme à la création d'une organisation mondiale, comme il en existe dans le domaine de la santé ou du travail.


Abordant le problème du changement climatique, Mme Voynet a insisté sur le fait que le Protocole de Kyoto est le fruit d'un long travail qui a associé les experts et les responsables politiques de l'ensemble des parties.  Il est, a-t-elle dit, le seul compromis pour aboutir à une réelle réduction globale des émissions de gaz à effet de serre sans compromettre la croissance économique mondiale ni le développement des pays du Sud.  La France a pour sa part conduit à terme son processus interne de ratification.  Nous encourageons tous les pays et tous les gouvernements responsables à nous rejoindre dans cette démarche.  Notre ambition reste intacte: mettre en oeuvre le Protocole de Kyoto, le ratifier et le faire entrer en vigueur dans la perspective du Sommet de Johannesburg.  Le message doit être clair : nous ne nous laisserons pas déstabiliser, ni intimider par un Etat, le plus gros émetteur de dioxyde de carbone, et qui nous l’espérons reviendra rapidement à la table de négociations, a-t-elle insisté.


La Ministre a d'autre part estimé qu'une attention particulière doit être accordée aux choix d'urbanisme, aux infrastructures de transport dans les grandes villes en croissance rapide.  « La ville dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est l’illustration parfaire de cette nécessité ».  Elle a invité les pays développés à aider ceux en développement à réaliser des « sauts technologiques » dans ce domaine.  Le principal défi auquel nous sommes confrontés est d'assurer l'accès aux services énergétiques indispensables au progrès social et économique de toutes les populations du monde, a-t-elle déclaré.  Or, l'accès équitable à l'énergie est non seulement gage de développement, mais condition de leur santé, et même de leur survie.  Pour relever, ce défi, il nous faut construire un partenariat pour le développement durable de la filière énergétique.  Ce partenariat entre les pays industrialisés et les pays en développement doit articuler tous les moyens à notre disposition: coopération multilatérale et bilatérale, investissement privé, mobilisation des Etats et des citoyens.


En ce qui concerne la préparation du Sommet de Johannesburg, outre le renforcement de la gouvernance internationale de l'environnement, la France considère que trois sujets doivent être traités en priorités : l'eau, l'énergie et la santé.


ALHAJI MOHAMMED KABIR SAI’D, Ministre de l'environnement du Nigéria, a affirmé que l'énergie est le moteur de la croissance et du développement des économies de tous les pays.  Pour remplir l'objectif de l'élimination de la pauvreté, il faut assurer l'accès à l'énergie de presque 2 milliards de personnes.  Il a noté que la surexploitation des ressources en énergie et la dégradation de l'environnent qui en découle sont, de façon écrasante, le fait des pays développés.  Rappelant que la maîtrise des ressources énergétiques nécessite un renforcement des capacités des pays dans lesquels justement les investissements sont entravés par des ressources limitées et le fardeau de la dette, le Ministre a demandé des mesures d'allègement des créances.  Il a insisté sur l'obstacle au développement que représentent, pour les pays en développement, le manque de ressources et le fardeau de la dette.


Le Ministre a ensuite fait part des mesures prises par le Nigéria pour mettre en place une infrastructure propice à une utilisation durable de l'énergie.  En tant que pays producteur de pétrole mais dont la majorité de la population vit dans des zones rurales, le Nigéria est pleinement conscient du rôle vital de l'énergie.  Un programme d'action complet a également été lancé dans le domaine des transports.


Le Ministre de l'environnement a également mis l'accent sur la nécessité d'améliorer l'accès à l'Internet des habitants du monde en développement.  Il a ensuite estimé que les efforts de renforcement des indicateurs de développement durable devraient être poursuivis grâce à une coopération intergouvernementale.  La coopération entre Etats est devenue absolument nécessaire pour traiter du développement durable, a insisté le Ministre, en appelant les pays développés à apporter une forme d'assistance novatrice aux pays en développement. 


M. MOHAMED EZZEDINE, Directeur général de l’agence nationale des énergies renouvelables de la Tunisie, a rappelé que le bilan énergétique de son pays a évolué d’une situation excédentaire vers un équilibre entre l’offre et la demande et risque de devenir déficitaire dès le début de la prochaine décennie. Dans ce contexte, M. Ezzedine a signalé que la Tunisie avait adopté une politique énergétique basée sur une utilisation rationnelle de l’énergie et sur le développement des énergies renouvelables, notamment dans le domaine des transports. La Tunisie s’engage en outre sur la voie de l’introduction de carburants propres pour les véhicules de transports en commun.


Rappelant ensuite que la Tunisie a ratifié la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) et qu’un Comité national sur les changements climatiques a été instauré, M. Ezzedine a mentionné également la participation de son pays au projet régional maghrébin qui devrait aboutir à la constitution d’un Centre d’information sur l’énergie durable et l’environnement. Ce dernier devrait s’intéresser aux questions climatiques et veiller à la mise en place du Protocole de Kyoto. Le représentant de la Tunisie a fait état ensuite de la création de la Commission nationale du développement durable chargée de la résolution des problèmes afférents à l’énergie, à l’environnement en lien avec les problèmes économiques et sociaux. Enfin, M. Ezzedine a souligné l’importance de l’implication des institutions financières internationales et régionales telles que la Banque mondiale, la Banque islamique de développement et le Fonds pour l’environnement mondial pour le financement des moyens à mettre en oeuvre pour un développement durable.


      M. DOMINIC FOBIH, Ministre de l’environnement, de la science et de la technologie du Ghana, a fait remarquer qu’une approche intégrée de l’examen des questions de développement durable ne peut à â elle seule atteindre les objectifs de développement durable.  Les problèmes qui ont empêché les progrès dans la réalisation des objectifs fixés à Rio, comme les ressources financières inadaptées pour la mise en oeuvre d’Action 21 et autres instruments adoptés à Rio et l’absence d’engagement en faveur du transfert de technologies, se posent encore, a-t-il noté.  Il a émis l’espoir que la présente session de la Commission du développement durable s’achèvera de façon plus optimiste.  Il a indiqué que les besoins en énergie du Ghana ont augmenté.  Les tentatives de fournir celle-ci à un moindre coût et sans nuire à l’environnement se heurtent à des contraintes liées au conflit d’intérêts entre la prudence fiscale et les besoins sociaux et commerciaux, a-t-il précisé.  Abordant la question de la désertification, il a expliqué que, si les conditions actuelles subsistent, 50% du territoire ghanéen deviendra désertique au cours des 50 prochaines années.  Actuellement, le Ghana procède à la commercialisation et à l’expansion des sources d’énergie renouvelables, grâce à un programme national d’électrification rurale.  Dans les programmes de fourniture et de distribution d’énergie, le représentant a estimé que le secteur privé doit rester un partenaire actif.  Il a aussi souligné que les problèmes du coût de l’énergie continueront à se poser.  A ce propos, il a souhaité que les pays en développement accèdent davantage aux technologies permettant de fournir de l’énergie bon marché.  En ce qui concerne les transports, le Ghana est confronté à la nécessité de changer les habitudes en matière de transport pour passer de la voiture privée au transport public, ce qui requiert particulièrement un partenariat avec le secteur privé, a indiqué M. Fobih.  Enfin, il a affirmé que la Convention sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto représentent une base solide pour permettre à la communauté mondiale de mener des actions.  Il nous faut pouvoir compter sur la bonne volonté des Etats Membres, a-t-il conclu.

De l’avis de M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée), les efforts mondiaux en faveur du développement durable et de la protection de l’environnement doivent encore relever un certain nombre d’obstacles importants.  Les conditions économiques et sociales dans diverses régions du monde continuent de se détériorer en raison des pressions exercées par les systèmes de sanction et les interventions militaires résultant de politiques hégémonistes.  Les effets néfastes de la mondialisation dans les domaines sociaux et environnementaux créent de nouvelles préoccupations.  Enfin, les transferts de technologies et l’aide financière continuent d’être insuffisants, notamment dans le secteur de la production et de l’utilisation de l’énergie.  Le défi actuel de la réduction des émissions de gaz à effet de serre illustre combien il est urgent de surmonter tous ces obstacles, a affirmé le représentant.  C’est pourquoi, la présente session de la Commission devrait être l’occasion pour la communauté internationale de rechercher des solutions pratiques et concrètes sur une base consensuelle.  “C’est la seule manière de contribuer réellement au Sommet mondial sur le développement durable qui se tiendra l’année prochaine”, s’est déclaré convaincu M. Guk.


Insistant plus particulièrement sur la question de l’énergie, le représentant a estimé que compte tenu des modes de production et de consommation actuels et de la croissance de la demande qui est attendue, il est fondamental de parvenir au développement durable dans le domaine de l’énergie, notamment pour les pays en développement.  Pour ce faire, la priorité devrait être donnée à la production de l’énergie.  L’accès à la production devrait être amélioré afin que les services énergétiques soient disponibles de manière plus fiable, plus abordable, économiquement et socialement viable et afin qu’ils soient plus respectueux de l’environnement.  Chaque gouvernement doit renforcer ses arrangements nationaux en vue de promouvoir l’accès de l’énergie sur l’ensemble de son territoire.  Le développement au niveau local des ressources énergétiques disponibles peut constituer une bonne solution, a estimé le représentant.  Un autre élément très important est le développement et l’utilisation des technologies d’énergies renouvelables.  Malheureusement dans ce domaine, les contraintes et les obstacles demeurent nombreux.  Les gouvernements devraient notamment partager davantage les expériences réussies en la matière.  En l’état actuel, la République populaire démocratique de Corée estime néanmoins que c’est le développement et l’utilisation de l’énergie nucléaire pacifique qui constituent le moyen le plus raisonnable de résoudre les problèmes énergétiques tout en respectant l’environnement.  Il demande aux pays industrialisés et aux institutions financières internationales de fournir toute l’aide financière et technique nécessaire aux pays en développement pour mettre en place un système de production d’énergie nucléaire fiable.  En conclusion, le représentant a évoqué la récente décision des Etats-Unis de ne pas ratifier le Protocole de Kyoto.  Il a estimé que cela témoigne une fois de plus du caractère arbitraire des relations internationales actuelles et que cela était un véritable défi lancé aux efforts internationaux de préservation de l’environnement.  Il a espéré que le pays le plus industrialisé au monde prendra rapidement des mesures pour protéger la couche d’ozone.


M. AHMED BOUHAOULI ((Maroc) a déclaré qu'au Maroc, les impacts désastreux des aléas climatiques sur l'environnement et sur l'économie se sont perpétues depuis plus d'une vingtaine d'années pendant lesquelles se sont succédées sécheresse et inondations destructrices.  Il a rappelé que, par sa ratification de la Convention-cadre sur les changements climatiques en 1995, le Maroc entendait prendre part à l'action de la communauté internationale visant la limitation des impacts éventuels des activités anthropiques sur les systèmes climatiques et renforcer ses capacités d'adaptation à ces impacts en tant que pays particulièrement vulnérable.  Il a ajouté que le Maroc a déjà établi un inventaire national des sources d'émission et des puits concernant les gaz à effet de serre et que les émissions de son pays ne dépassent pas 1,3 tonne de CO2 par habitant et par an avant de souligner que la contribution du Maroc aux émissions mondiales est très modeste.


M. Bouhaouli a poursuivi en recommandant l'application effective des engagements pris par les parties dans le respect de l'esprit de la Convention et du Protocole de Kyoto en termes de limitation des gaz à effet de serre.  Il a demandé la mise en application immédiate des obligations des parties en matière de transfert de ressources financières, de transfert de savoir-faire, de technologies sobres en émission de carbone et de technologies d'adaptation dans le cadre d'un partenariat Nord-Sud.  Il a ensuite recommandé l'élaboration d'un plan adapté pour le renforcement des capacités humaines et institutionnelles des pays en développement ainsi que la mise en place d'un programme africain de surveillance et d'évaluation facilitant notamment l'échange d'information et de données scientifiques.  Il a enfin recommandé la mise en place de systèmes régionaux d'observation du climat.


Concernant l'énergie, le représentant a déclaré que le Maroc encourage toutes les initiatives permettant d'ériger un marché intégré de l'énergie et de développement des réseaux électriques et ceux du gaz en vue d'atteindre des niveaux satisfaisants en matière de production et de distribution de l'énergie au niveau régional.  Il a ajouté que son gouvernement entend préserver son environnement par l'encouragement de l'utilisation des énergies renouvelables.  S'agissant des nuisances engendrées par l'activité du transport, le représentant a déclaré que ce secteur qui utilise 34% de la consommation énergétique nationale reste le premier responsable de la pollution atmosphérique urbaine.  Pour réduire la pollution causée par les carburants, des conventions avec les raffineries de pétrole sont en cours de préparation pour améliorer la qualité des carburants.  Par ailleurs, un décret visant la réglementation de la pollution due aux gaz d'échappement des véhicules et fixant les valeurs limites de rejets a été adopté.


Le représentant a ensuite déclaré que, face aux défis de plus en plus contraignants de la mondialisation, les pays en développement sont amenés à mieux structurer leur économie dont la compétitivité passe incontestablement par l'amélioration de la qualité des services et des produits qui doivent répondre aux nouvelles exigences incontournables des normes de qualité, de traçabilité et de respect de l'environnement.  Il a fait appel à une coopération qui devrait privilégier la mobilisation des bonnes volontés et le consentement de sacrifices basés sur une nouvelle éthique et sur un changement fondamental dans les rapports entre Etats avant de plaider en faveur d'une reconversion de la dette extérieure en projets environnementaux au profit de la population des pays en développement.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) s'est félicité du fait que les dirigeants réunis lors du Sommet du millénaire aient réaffirmé leur engagement en faveur des objectifs identifiés à l'issue du Sommet de Rio et appelé les Etats à continuer de progresser dans ce domaine.  Il a ensuite déclaré que l'environnement est devenu la victime à la fois de la pauvreté et de la prospérité.  Le paradoxe, a-t-il ajouté, c'est que les riches ne veulent pas changer de mode de vie alors que les pauvres ne peuvent pas se le permettre.  Le défi posé à tous est de trouver la solution pour sortir de cette impasse.


Le représentant a indiqué que le Népal a pris des mesures de protection de l'environnement.  Des mesures ont également été prises pour offrir des avantages à la population dans les domaines de la santé, l'éducation et l'économie.  Par ailleurs, l'existence de sites protégés et l'application de programmes de reboisement contribuent à protéger l'habitant naturel boisé et à conserver la richesse biologique.  Dans les milieux ruraux et urbains, les incitations en vue d’augmenter le recours à l'énergie solaire et d’utiliser des véhicules au gaz ou à l'électricité contribuent de manière modeste au développement durable.  Le potentiel hydroélectrique du Népal est un trésor à peine entamé.  C'est l'emplacement géographique de ce pays et le manque de transports qui font que ce gain n'a pas encore été réalisé, a encore expliqué le représentant.  M. Sharma s'est inquiété des conséquences des changements climatiques sur les zones montagneuses et des préjudices que ce phénomène entraîne pour les populations en aval.  Nous devons chercher des solutions collectives à ces problèmes et les principaux responsables doivent en assurer le coût, a-t-il conclu.


M. MOHAMMED ALDOURI (Iraq) a déclaré que les plans à moyen et à long terme dans les domaines de l’énergie, des transports et de l’environnement ne pourront atteindre les résultats escomptés sans la participation de tous.  Les pays industrialisés sont les principaux responsables du changement climatique et de la destruction de la couche d’ozone.  La Commission doit donc revoir ses recommandations en fonction de cette donnée.  Il y a aujourd’hui plus de deux milliards d’individus dans le monde n’ayant pas accès aux services d’énergie.  En outre, le fossé de consommation entre les pays en développement et ceux développés va grandissant.  Les modèles de production et de consommation ne peuvent donc pas continuer en l’état.  Les pays industrialisés doivent faire en sorte que les pays en développement aient accès aux transferts de technologies.  Jusqu’à ce qu’un embargo sévère lui ait été imposé, l’Iraq s’était efforcé de tout mettre en oeuvre pour parvenir au développement durable, tout en préservant l’environnement, a poursuivi le représentant.  Ce développement intégral a davantage été stoppé par la destruction systématique des infrastructures existantes que par la seule imposition de l’embargo lui-même.  Aujourd’hui les contrats de production et de fourniture d’électricité suspendus du fait de la mauvaise volonté de membres du Conseil de sécurité s’élèvent à plus de 750 millions de dollars et se traduisent concrètement par le fait que des régions entières du pays sont privées d’électricité en moyenne 18 heures par jour.  “L’impact humain et social de cet état de faits est difficilement descriptible”, a affirmé le représentant.  Il a regretté que la Commission ne prête pas plus d’attention aux opérations préméditées de destruction des efforts de développement commises par certains Etats développés.  Il est temps, selon lui, que la Commission sauvegarde également les réalisations déjà enregistrées et mette immédiatement fin aux mesures qui visent à tuer le développement des Etats, à savoir les régimes d’embargo.


M HASMY AGAM (Malaisie) a déclaré que les pays en développement sont aujourd'hui confrontés aux défis de la mondialisation et ne peuvent plus choisir le repli autarcique alors qu'ils sont exposés aux conséquences de l'intégration économique.  Il a ajouté que les sujets traités à la présente session de la Commission sont essentiels et il a recommandé que les pays renoncent aux pratiques anciennes pour réfléchir à des stratégies intégrées de gestion des ressources énergétiques qui tiennent compte des questions environnementales.  Il a, à ce titre, proposé que la gestion des ressources énergétiques et de l'équipement industriel en milieu urbain soit révisée afin de promouvoir des mesures préventives pour l'environnement.  Il a mis en avant la nécessité, pour les pays en développement, de bénéficier des ressources nécessaires à la mise en œuvre de plans d'équipements adéquats, notamment en matière de transports.  M. Agam a ajouté que la Malaisie avait fait le choix de privilégier un meilleur équilibre de la répartition des ressources énergétiques entre zones urbaines et zones rurales ainsi que le développement des transports multimodaux.  Enfin, il a défendu le principe de la maîtrise des coûts énergétiques ainsi que la promotion des énergies renouvelables telles que la biomasse.


M. JORGE LUIS VALDES CARRILLO (Pérou) a estimé que l'utilisation de sources d'énergie renouvelables est indispensable pour jeter les bases du développement durable.  C'est pourquoi le Pérou, avec l'aide du PNUD, de la Banque interaméricaine de développement (BID), de la Banque mondiale et d'autres Etats, a intensifié son utilisation des énergies hydraulique, solaire, éolienne et de la biomasse.  Le représentant a cependant insisté sur la pénurie de ressources financières, les carences dans le domaine technique et le manque de connaissances en matière de technologies propres qui entravent les efforts du Pérou pour développer une politique et une infrastructure énergétiques s'appuyant sur des ressources renouvelables. 


Presque le tiers de la population péruvienne n'a pas accès à l'électricité et sa majorité vit dans des zones rurales.  Le Pérou a de ce fait décidé de mettre l'accent sur les mesures de décentralisation et d'électrification des zones rurales grâce à des installations hydroélectriques de petite taille.  Ces mesures doivent également permettre de lutter contre l'exode rural vers les zones côtières.  Le Pérou a également développé l'utilisation de l'énergie photovoltaïque afin de favoriser le développement économique et social des communautés autochtones des zones andines. 


Le représentant a souligné que l'utilisation de sources d'énergie plus propre et renouvelables suppose des coûts initiaux très élevés et qu’un soutien de la part de la communauté internationale est indispensable.  Il a ajouté que le Pérou favorise l'exploitation de l'énergie hydroélectrique ainsi que du gaz naturel.  


M. JOEL W. ADECHI (Bénin) a rappelé que son pays devait relever les défis suivants : la gestion des ordures, la pollution atmosphérique, la perte de la diversité biologique, l’érosion côtière, le commerce de biens usagers ne répondant plus aux normes en matière de gestion saine de l’environnement.  Il a affirmé que ces problèmes persistent en raison de l’état de dénuement de certaines couches de la population. Par conséquent, le Bénin a adopté une politique visant à faire passer la croissance de 5,4 à au moins 8%, à assurer un développement social vers une meilleure répartition des fruits de la croissance et enfin à assurer une bonne gouvernance de l’environnement et des ressources naturelles.


Le représentant a précisé d’ailleurs que son pays avait promulgué une loi-cadre sur l’environnement et que des lois connexes et des décrets d’application étaient en cours d’adoption. Une Agence pour l’environnement et une Commission nationale du développement durable ont été créées. En outre, le représentant a mentionné l’organisation de journées mensuelles de l’environnement dont l’objectif est de sensibiliser les populations, notamment aux problèmes liés à la pollution atmosphérique.  Des dispositifs d’électrification de centres sociaux communautaires et en milieu rural sont aussi mis en place. Enfin, le représentant a insisté sur les faibles moyens dont dispose son pays et a lancé un appel pour une attention plus soutenue de la communauté internationale.


M. MILOS ALCALAY (Venezuela) a expliqué que son pays entame le XXIè siècle fort d’une nouvelle constitution qui consacre le développement durable comme un droit fondamental.  A ce texte s’ajoute l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement et le tissu social et culturel pour toutes les activités susceptibles de causer des dommages aux écosystèmes.  Les questions à l’ordre du jour de la présente session représentent de véritables défis pour le développement durable, a poursuivi le représentant.  L’énergie, en particulier, est un élément clef et le moteur du développement durable.  C’est pourquoi le Venezuela demande à la Commission d’adopter des décisions qui garantissent le développement durable des ressources énergétiques, facilitent les flux d’aide au développement, encouragent les transferts de technologie vers les pays en développement en faveur de l’utilisation durable de leurs ressources. 


Le représentant a également plaidé en faveur de la défense de prix justes et équilibrés pour la vente du pétrole brut et ses produits dérivés.  Pour cela, il faut réduire les distorsions actuelles du marché en éliminant surtout les obstacles aux échanges, les pratiques discriminatoires et en promouvant l’utilisation durable de cette ressource énergétique.  Le fait que les combustibles fossiles fournissent 80% de l’énergie mondiale montre bien qu’il est impératif de développer un mode d’utilisation durable de ces énergies.  Les transferts des technologies “propres” sont à cet égard indispensables, a indiqué M. Alcalay.  De son côté, le Venezuela a déjà adopté certaines pratiques plus respectueuses de l’environnement dans le transport et le traitement du pétrole.  En outre, un programme national encourage l’utilisation du gaz naturel comme carburant pour les transports publics et un plan d’action pour la gestion intégrée de la pollution  produite par le parc automobile a été mis sur pied.  En dépit de ces efforts, des carences subsistent et elles pourraient aisément être surmontées

par une coopération internationale accrue et se concentrant  sur l’accès aux technologies et aux moyens financiers.  S’agissant du prochain Sommet mondial sur le développement durable, le Venezuela estime qu’il devra être l’occasion de renforcer les principes de justice, de paix et de durabilité, établis à Rio.


Commentaires de conclusion du Président de la Commission


      Formulant des remarques de conclusion à l’issue de ces deux jours de débat de haut niveau, le Président de la neuvième session de la Commission du développement durable, M. BEDRICH MOLDAN (République tchèque), a indiqué que tant les déclarations que les dialogues interactifs ont mis l’accent sur l’importance du financement public et privé pour le développement durable, y compris par le biais du microcrédit.  Le débat général a fait apparaître que le défi principal demeure la fourniture de services énergétiques aux deux milliards d’individus qui n’y ont toujours pas accès.  Ce faisant, l’objectif ultime du développement durable dans le secteur de l’énergie doit être l’élimination de la pauvreté.  Le développement sur une large échelle des énergies renouvelables est apparu comme une clef du développement durable du secteur de l’énergie.  Les énergies renouvelables sont en effet les mieux appropriées pour la décentralisation et l’électrification des zones rurales et elles devraient être promues comme le moyen d’encourager le développement économique des zones rurales et d’accéder à l’équité sociale.


M. Moldan a rappelé que presque toutes les délégations ont exprimé leur conviction que le Protocole de Kyoto doit demeurer la base des efforts de la communauté internationale s’agissant du problème du changement climatique, et ce malgré l’échec des négociations de La Haye pour la mise en oeuvre de ce texte.  Nombreux ont été ceux à espérer que la reprise des négociations en juillet prochain à Bonn soient un succès et qu’elles se traduisent par un consensus universel sur la voie à suivre pour toutes les nations, a précisé le Président.  L’épuisement de la couche d’ozone est apparu comme une autre source de préoccupation et c’est pourquoi les ressources destinées à la mise en oeuvre du Protocole de Montréal doivent être renforcées, notamment pour aider les pays en développement à réduire leur utilisation des chlorofluorocarbones. 


Les intervenants ont également clairement estimé qu’il était nécessaire de répondre aux besoins en matière de transport des plus pauvres si l’on veut contribuer à l’élimination de la pauvreté.  La mondialisation requiert des systèmes de transport modernes et efficaces.  Les pays qui n’en sont pas dotés auront du mal à attirer les investissements directs venus de l’étranger et à diffuser leurs produits.  La croissance urbaine rapide est un autre défi à relever, notamment pour les pays en développement.  Un aménagement du territoire efficace est l’un des moyens de remplir plusieurs des objectifs du développement durable dans le secteur des transports.  Une attention particulière doit être accordée, dans ce domaine, aux besoins des femmes et des groupes vulnérables, qui devraient être associés activement à la prise de décisions. 


M. Moldan a également noté que les efforts de renforcement des capacités doivent viser à aider les pays à combler le fossé numérique.  Il a également relevé que plusieurs pays ont aussi souligné l’importance des indicateurs du développement durable.  D’autres ont demandé que l’aide accrue pour mettre en place les programmes nationaux qu’ils ont choisis intervienne sur la base de leur consentement et tienne compte des priorités et des objectifs qu’ils ont eux-mêmes


fixés.  S’agissant des préparations du Sommet de 2002, il a rappelé que les participants ont souligné que les travaux de la présente session apporteront une contribution de valeur.  Le Sommet doit, quant à lui,  permettre de renouveler l’engagement et la mobilisation internationale en faveur du développement durable.  La coopération et l’aide des pays développés vers les pays en développement et la volonté de surmonter les défis que représentent la mondialisation et la pauvreté devront y être réaffirmés.  L’accent devra également être davantage mis sur l’exécution d’Action 21 et des objectifs concrets et ciblés devront être fixés.  M. Moldan a également indiqué que les délégations ont insisté sur l’importance d’une participation active et efficace de toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile, à tout le processus préparatoire et au Sommet lui-même.


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