COOPERATION INTERNATIONALE, DEVELOPPEMENT DES ENERGIES PROPRES ET AIDE FINANCIERE PRESENTES COMME LES PILIERS DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Communiqué de presse ENV/DEV/567 |
Commission du développement durable
9e séance - après-midi
COOPERATION INTERNATIONALE, DEVELOPPEMENT DES ENERGIES PROPRES ET AIDE FINANCIERE PRESENTES COMME LES PILIERS DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Un environnement juridique et politique propice
est indispensable pour attirer les investisseurs privés
La Commission du développement durable a poursuivi, cet après-midi, son débat général en entendant une trentaine d’intervenants pour la plupart des ministres de l’environnement ou de l’énergie venus de toutes les régions du monde. Le développement des sources d’énergie renouvelables et propres, la nécessité d’une approche coordonnée au niveau mondial et l’aide particulière à apporter aux pays en développement ont été le leitmotiv qui a ponctué l’ensemble des discours. Répondre à ces exigences est clairement apparu comme la seule manière de parvenir au développement durable pour tous.
Comme lors de la réunion de ce matin, nombreux ont aussi été les participants à évoquer la crise actuelle du processus de négociations pour la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Tout en reconnaissant que cet instrument n’était pas parfait et faisait l’objet de divergences entre les pays, ils ont néanmoins jugé, à l’instar par exemple des petits Etats insulaires, qu’il représentait un premier pas vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre que la communauté internationale se devait de prendre. Le changement climatique constitue actuellement le problème le plus important pour l’humanité et touche les plus pauvres encore plus durement, a en effet estimé le Ministre fédéral pour l’environnement, la conservation de la nature et la sécurité nucléaire de l’Allemagne. Il a ajouté que tous les pays ont une responsabilité particulière dans la recherche d’un accord sur la base du Protocole de Kyoto, notamment ceux qui ont des fortes émissions de dioxyde de carbone (CO2).
Pour sa part, le représentant des Etats-Unis a appelé la Commission à reconnaître le rôle central du marché dans les questions d'énergie, étant donné que le secteur privé est la première source de ressources financières destinées à moderniser les infrastructures existantes et à construire de nouvelles installations générant de l'énergie. Dans ce contexte, la création d'un environnement propice au développement durable est cruciale pour les pays en développement car, avant de décider d'investir, les milliers de décideurs qui forment le secteur privé évaluent la force et la justice des contrôles, le degré d'existence de l'état de droit et la transparence et l'ampleur de la corruption, a expliqué le représentant. Evoquant certaines des mesures prises dans ce sens, la représentante de la Barbade a indiqué que, dans son pays, l'utilisation de l'énergie solaire a permis d'économiser 6,5 millions de dollars annuels en carburants et plus de 16 millions de dollars sur la consommation énergétique annuelle. S’exprimant également au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM),
(à suivre – 1a)
elle a regretté que la mondialisation et la libéralisation du commerce aggravent les risques de marginalisation de ces Etats et les empêchent de fournir les investissements nécessaires à la recherche et au développement de sources d'énergie propres. Les petits Etats insulaires ont déjà subi de plein fouet les conséquences du réchauffement de la planète et de la hausse du niveau des océans, a insisté le représentant de Samoa s'exprimant au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires.
Les pays suivants sont intervenus, cet après-midi, dans le débat général : Samoa (au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires), Etats-Unis, Allemagne, République de Corée, Afrique du sud, Suisse, Pologne, Chypre, Japon, Canada, Mongolie, Guatemala, Kiribati (au nom du Forum du Pacifique Sud), Fédération de Russie, Egypte, Indonésie, Norvège, Nauru, Chine, Bangladesh, Nouvelle-Zélande, Monaco, Bélarus, Espagne, Sri Lanka, Bolivie, Brésil, Maurice, Barbade (au nom de la CARICOM), Côte d’Ivoire, et Mozambique.
La séance s’est ouverte sur un dialogue interactif au cours duquel les questions de la participation de toutes les parties prenantes, de l’accessibilité aux énergies et aux technologies nouvelles et de la nécessité d’un consensus sur les schémas de transition vers des modes de production et de consommation durables ont été mises en avant. Mais c’est surtout la manière de stimuler les investissements, autant publics que privés, qui a retenu l’attention. Le représentant du Japon a ainsi insisté sur l’importance pour les Etats de mettre en place des politiques d’investissement à long terme qui doivent clairement indiquer la voie qu’ils ont choisie en matière de développement durable. Elaborant plus avant sur le rôle des systèmes fiscaux, sa collègue de la Finlande a cité l’exemple de son pays qui, depuis qu’il a instauré une taxe sur l’énergie, a réduit ses émissions de gaz carbonique tout en voyant sa croissance économique s’accélérer. Plusieurs participants, venus de pays du Sud mais aussi du Nord, ont également demandé la suppression des subventions accordées aux combustibles fossiles.
L’énergie nucléaire a de nouveau retenu l’attention de plusieurs intervenants. Au représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique qui estimait que l’on ne pouvait pas éliminer l’énergie nucléaire des options possibles pour parvenir au développement durable et que l’on devait laisser les Etats choisir, le responsable de la politique énergétique de la Belgique a objecté que le traitement des déchets et les risques d’accident nucléaire étaient des incertitudes qui ne permettent pas, à l’heure actuelle, d’envisager le nucléaire comme une solution durable. Pendant le débat général, le représentant de Samoa a ensuite expliqué que les Etats insulaires ont été fortement traumatisés par les essais nucléaires qui ont été effectués dans leur région et sont tout aussi préoccupés par le risque lié aux transports des déchets radioactifs, qu'ils ne jugent pas compatibles avec les objectifs du développement durable.
Demain, à 11 heures, la Commission tiendra un second dialogue interactif.
REUNION DE HAUT NIVEAU
Dialogue interactif
Le représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a demandé à ce que l’énergie nucléaire soit jugée en fonction de sa valeur propre ni plus, ni moins. Réagissant aux propositions tendant à éliminer l’énergie nucléaire qui ont été formulées plus tôt, il a estimé qu’il fallait plutôt établir des limites sur les sujets importants, laisser les pays s’acquitter de leurs obligations et non leur dire ce qu’il faut ou ne faut pas faire. L’énergie nucléaire élargit la base des ressources possibles et accroît le capital technologique de l’humanité. Elle permet d’internaliser tous les coûts extérieurs, y compris pour le traitement des déchets. Le fait est que l’énergie nucléaire produit beaucoup moins de gaz carbonique que les autres sources d’énergie. C’est pourquoi, notamment pour les pauvres des grandes villes, l’énergie fournie doit provenir de plusieurs sources, y compris le nucléaire, a affirmé le représentant, avant de faire remarquer que le développement durable est la recherche du plus grand nombre d’options possibles et non l’exclusion de certaines. En réponse, le représentant de la Belgique a fait part de son expérience de responsable de la politique énergétique d’un pays où 60% de l’énergie est fournie par le nucléaire. Il a rappelé que le principal problème qui reste encore à résoudre est le traitement des déchets. Aujourd’hui, l’on ne peut pas dire avec certitude que l’on sait ce que l’on va faire des déchets dans les prochains siècles. La deuxième source de perplexité est liée au risque d’accident nucléaire. Si la communauté internationale faisait le choix d’utiliser plus largement l’énergie nucléaire, ce risque ne ferait qu’augmenter en raison tout simplement de la multiplication des centrales qui serait nécessaire. Un autre problème que l’on oublie trop souvent est la question de la durée de vie des centrales et, sur ce point, il s’est dit satisfait de la décision de son Gouvernement d’éliminer progressivement les centrales actuellement en service.
Un représentant du Caucus des Jeunes a insisté pour que les préoccupations de la jeunesse soient véritablement prises en compte. Il s’est dit inquiet que les discussions portent essentiellement sur la production plus que sur la demande en matière d’énergie. Le temps manque et le Protocole de Kyoto doit impérativement être ratifié, car la communauté internationale ne peut pas s’offrir le luxe d’une nouvelle série de longs débats. Selon lui, le moment n’est plus aux discours mais à l’action.
Le représentant de l’Organisation internationale du Travail a estimé que l’optique du monde du travail peut rendre les efforts actuels en faveur du développement durable plus fructueux. Il a indiqué que l’OIT travaille actuellement à un cadre général pour l’emploi et le développement durable. L’un des principaux défis est d’adapter les modes de production et d’emploi aux exigences de la protection environnementale qui seront fixées à Johannesburg. Une stratégie intégrée, à cet égard, est non seulement souhaitable mais réalisable. Pour être crédible, le Sommet mondial sur le développement durable devra préconiser des actions concrètes, a-t-il prévenu.
La représentante de l’Islande a expliqué que l’on est confronté à deux problèmes en matière d’énergie et de développement. D’une part, le fait que les 2/3 de la population mondiale n’ont pas accès à l’énergie et d’autre part, le fait que l’on doit répondre à ces besoins sans détériorer davantage l’environnement. Avec 4 ou 5 % de la consommation énergétique actuelle, les énergies renouvelables sont encore trop faiblement utilisées. Or des solutions sont possibles et l’on peut remplacer les combustibles fossiles. Par exemple, la majorité de l’énergie en Islande est produite à partir de sources renouvelables. L’un des principaux obstacles à l’expansion des énergies renouvelables est le manque d’accès à des techniques qui ont pourtant fait leurs preuves, a estimé la représentante. Ainsi pour l’énergie géothermique ce qui manque ce n’est pas tant les sources de cette énergie que les connaissances et les compétences techniques pour l’exploiter. C’est pourquoi l’Islande a, avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), mis sur pied des stages de formation en la matière, notamment en Afrique.
Un représentant du secteur de l’industrie et des entreprises a expliqué que le secteur privé et les gouvernements, ensemble, peuvent stimuler des programmes d’investissement qui pourraient permettre d’atteindre les objectifs de développement durable en matière d’énergie et de transports. Il a précisé qu’une étude récente du Conseil mondial de l’énergie a posé les trois grands objectifs en matière d’énergie comme devant être l’accès, la disponibilité et l’acceptabilité. S’agissant des transports, ces trois objectifs devraient être innovations, incitations et intégration.
Sur la manière de promouvoir les investissements dans les secteurs de l’énergie et des transports, le représentant du Japon a attiré l’attention sur un élément quelque peu négligé à ce jour, à savoir les politiques étatiques d’investissement à long terme. Les incitations à l’investissement sont un facteur clef et elles doivent s’inscrire dans une politique à long terme, a-t-il déclaré. Le secteur des transports par exemple fait clairement apparaître qu’il est de plus en plus difficile de compter sur les investissements publics et l’aide publique au développement. Pour renverser cette tendance, les Etats doivent améliorer l’environnement dans lequel interviennent ces investissements. Cela demande stabilité et transparence, un système juridique précis et des directives politiques cohérentes de la part des gouvernements. Pour ce qui est de l’accroissement des investissements dans le domaine de l’énergie, une politique libérale, passant notamment par la privatisation, est l’élément moteur, a affirmé le représentant. La politique des Etats doit donc indiquer clairement aux secteurs public et privé la voie qu’a choisie le pays et elle doit être largement diffusée pour que toutes les parties prenantes, y compris la société civile, en aient pleine connaissance. Ces politiques doivent reposer sur une analyse des besoins du pays et de la viabilité des systèmes envisagés.
Le représentant de la Pologne a estimé que la disponibilité de l’énergie et la sécurité énergétique sont les questions clefs en matière de développement durable. Il a appuyé l’idée de supprimer les barrières au processus de décentralisation de la production d’énergie. L’efficacité énergétique est aussi très importante et la recherche et le développement de technologies plus efficaces doivent être encouragés. Faisant écho à de précédentes interventions, il a précisé que la Pologne objecte à la construction de nouvelles centrales nucléaires, mais estime que la coopération existante sur la sûreté nucléaire et le traitement des déchets doit se poursuivre.
Un représentant des syndicats a expliqué que l’un des défis est aussi d’instituer un consensus dans le grand public en faveur des schémas de transition vers la production et la consommation durables tant pour l’énergie que les transports. Les consommateurs sont en effet au centre des enjeux. De son côté, le monde syndical entend favoriser l’apparition d’un tel consensus en développant des partenariats employés/employeurs sur le lieu de travail.
Revenant sur la nécessité de partenariats dans le domaine des transports, la représentante des Etats-Unis a expliqué que son pays a développé tout un ensemble d’aide au financement pour les initiatives de transport. Dans sa démarche, son Gouvernement s’est efforcé de faire le lien entre la planification des transports, la planification de la croissance, de l’utilisation des sols, de la sécurité et du développement économique et de la qualité de la vie. En matière de transparence, les Etats-Unis ont opté pour la recherche du consensus entre toutes les parties prenantes.
Le représentant de la Suède a plaidé en faveur de l’interaction dans le domaine de l’énergie renouvelable. Compte tenu de l’explosion de la demande des pays en développement qui est attendue, le monde ne peut pas continuer à dépendre comme il le fait de l’énergie fossile. Il faut donc trouver les moyens d’intensifier les efforts de diffusion des énergies renouvelables. L’un des moyens est selon lui d’éliminer les subventions ayant encore cours en faveur des combustibles fossiles. Une dernière position dont le représentant de l’Arabie saoudite s’est largement fait l’écho. Il a expliqué que ces subventions sont particulièrement dommageables aux exportations des pays en développement. Il a particulièrement dénoncé les distorsions nées du fait que le pétrole est imposé jusqu’à 80% dans certains pays développés alors que le charbon, produit par ces même pays et tout aussi polluant, est lui subventionné. Il a également estimé que l’énergie nucléaire ne correspond pas aux objectifs de développement durable.
Le représentant de la communauté scientifique a insisté sur la question de la recherche et du développement et a regretté que ces dernières années les fonds qui y sont destinés ont diminué. Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des systèmes d’observation à l’échelle mondiale afin que les Gouvernements aient des informations plus fiables sur lesquelles fonder leurs décisions. La formation des chercheurs dans les pays en développement est un autre point auquel il faut s’atteler.
C’est sur l’importance des régimes fiscaux que la représentante de la Finlande a centré son intervention. Elle a fait remarquer que les taxes sur l’énergie peuvent orienter le marché vers le développement durable. Elle a cité en exemple l’expérience de son pays qui dès 1993 a créé une taxe sur l’énergie, qui s’élève aujourd’hui à environ 20 dollars par tonne de CO2. Au lieu de réduire la compétitivité de l’industrie, cette taxe a permis à l’économie nationale de connaître une croissance très rapide sans alourdir le fardeau fiscal sur les citoyens car une partie des recettes qu’elle a générées a été utilisée pour réduire l’impôt sur le revenu. Dans le même temps, la Finlande a inversé ses émissions de gaz carbonique.
Concluant le dialogue, la représentante du secteur des ONG a déclaré qu’il est temps de payer le prix de la situation que la communauté internationale a créée. Des mécanismes internationaux doivent être instaurés: Ils doivent être financés par les pays développés compte tenu de la “dette écologique” qu’ils ont à l’égard des pays en développement, a-t-elle affirmé. Des efforts devraient aussi être entrepris pour financer les programmes mettant particulièrement l’accent sur l’élimination de la pauvreté au moyen de programmes conformes au développement durable. La représentante a également plaidé pour la création d’une agence internationale sur la production durable de l’énergie.
Suite du débat général
M. TUILOMA NERONI SLADE (Samoa), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires (qui représente 37 Etats Membres des Nations Unies), a rappelé que l’énergie est l’un des piliers du Programme d’action de la Barbade sur les petits Etats insulaires qui a été l’une des premières concrétisations des engagements de Rio. Les Etats insulaires sont généralement isolés et vulnérables et il est urgent de se pencher sur leur situation, a-t-il expliqué. Pour eux, les énergies renouvelables sont particulièrement souhaitables et il est important de renforcer l’aide financière qui leur est apportée à cet effet. Ces pays dépendent encore trop largement des importations des produits pétroliers notamment. Or, les problèmes de sécurité qui accompagnent cette dépendance sont une raison supplémentaire de les encourager à recourir aux énergies renouvelables. Les institutions financières internationales et le secteur des affaires doivent impérativement appuyer les efforts de ces petits Etats souvent largement dotés de la matière première indispensable à ces énergies renouvelables, à savoir l’eau, le soleil, ou encore le vent. De leur côté, les petits Etats insulaires doivent trouver le moyen d’attirer les investissements. La coopération et la collaboration au niveau régional entre Etats insulaires est une stratégie possible et efficace, à cette fin, a précisé M. Slade.
Poursuivant sur la question de l’énergie nucléaire, le représentant a expliqué que les Etats insulaires ont été fortement traumatisés par les essais nucléaires qui ont été effectués dans leur région. Ils sont tout aussi préoccupés par le risque lié aux transports des déchets radioactifs. C’est pourquoi, ils jugent que l’énergie nucléaire n’est pas compatible avec les objectifs du développement durable. Un autre sujet de préoccupation particulier pour les petits Etats insulaires est la question des changements climatiques. Ces pays sont en effet extrêmement vulnérables à ces changements et ce faisant ils pâtissent en fait de la consommation excessive de combustibles fossiles de la part des pays industrialisés. Cette situation est injuste et c’est pourquoi même s’ils estiment qu’il n’est pas la panacée, les petits Etats insulaires soutiennent le Protocole de Kyoto. Ce texte est en effet le premier pas vers la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui importe plus que tout, c’est qu’il établit, pour la première fois, des objectifs contraignants à atteindre selon certains délais. “Ceux-ci n’ont pas été imposés de force mais négociés en fonction notamment de la responsabilité particulière qui incombe en la matière aux pays industrialisés”, a fait remarquer M. Slade, avant de demander à la communauté internationale de déployer tous les efforts possibles pour que le Protocole de Kyoto soit mis en oeuvre.
M. MARK HAMBLEY (Etats-Unis) a souligné l'importance du montant des investissements nécessaires dans le secteur énergétique des pays en développement, soit 15 à 55 trillions de dollars au cours des cinquante prochaines années. Les Etats-Unis ne font pas exception. Même si l’intensité énergétique des Etats-Unis faiblit, la consommation américaine d’énergie devrait augmenter de plus de 30% au cours des 20 prochaines années. Reconnaissant l’importance de l’énergie, le Président Bush a confié à son Vice-Président, M. Dick Cheney, la révision de la politique en matière d’énergie. M. Hambley a estimé que les discussions de la Commission doivent reconnaître le rôle central du marché dans les questions d'énergie. Le secteur privé est la première source de ressources financières destinées à moderniser les infrastructures existantes et à construire de nouvelles installations générant de l'énergie.
Le représentant a également souligné la nécessité de reconnaître les particularités de chaque pays. Les pays devront choisir entre différentes sources d'énergie et différents types de politiques. Il n'existe pas de solution unique mais les Etats-Unis estiment que les solutions choisies devraient comprendre l'efficacité énergétique, des technologies avancées et des sources d'énergie conventionnelles.
Pour ce qui est de l'atmosphère et des transports, le représentant a estimé que la communauté internationale a fait des progrès positifs sur la question de l'ozone. Presque la moitié des Etats parties au Protocole de Montréal sont engagés dans une application et une production accélérées des accords signés par les pays produisant le plus de chlorofluorocarbones (CFC). En ce qui concerne l'information destinée à la prise de décision, les Etats-Unis estiment qu'elle doit avoir des fondements scientifiques. Pour ce qui est de la participation, les Etats-Unis s'efforcent de faire en sorte que les principaux groupes et parties prenantes, ainsi que le public, participent à la prise de décisions nationales dans le domaine de l'environnement. Les Etats-Unis oeuvrent en étroite coopération avec des organisations intergouvernementales et d'autres Etats pour favoriser le partage d'informations.
Le représentant a ensuite déclaré que la création d'un environnement propice au développement durable est peut-être l'un des points les plus importants. Comprenant que des ressources supplémentaires seront nécessaires à la promotion d'un développement durable, et reconnaissant que l'aide publique au développement (ADP) doit faire partie des mesures envisagées, il a également insisté sur l'importance de l'allègement de la dette. Les efforts déployés par les Etats-Unis pour alléger la dette se chiffrent déjà à 14 milliards de dollars en dix ans auxquels 6 autres millions s'ajouteront cette année. Le représentant a indiqué que le volume des importations des Etats-Unis en provenance des pays en développement se sont élevées à 500 milliards de dollars en 1999, soit la moitié du total des importations. Le secteur privé fournira la somme de ressources nécessaires, a-t-il estimé. Avant de prendre leur décision, les milliers de décideurs qui forment le secteur privé jugent de la force et de la justice des contrôles, du degré d'existence de l'état de droit et de la transparence et de l'ampleur de la corruption, a expliqué le représentant.
M. JURGEN TRITTIN, Ministre fédéral pour l’environnement, la conservation de la nature et la sécurité nucléaire de l’Allemagne, a considéré qu’il est grand temps de donner une nouvelle direction à la politique de l’énergie, rappelant le gaspillage irresponsable des ressources dans le monde. Il a souligné que l’énergie fournie aujourd’hui est surtout une énergie à haut risque, comme le nucléaire. Un système orienté vers l’avenir doit, selon lui, être basé sur l’efficacité de l’énergie, l’économie d’énergie et les substituts de carburants. Il a aussi considéré qu’une des principales raisons pour lesquelles il faut agir dès maintenant, c’est le changement climatique, qui constitue actuellement le problème le plus important pour l’humanité. En outre, les plus pauvres sont les plus vulnérables par rapport à ces changements, a-t-il fait remarquer. De l’avis de sa délégation, tous les pays ont une responsabilité particulière dans la recherche d’un accord sur la base du Protocole de Kyoto, notamment ceux qui ont des fortes émissions de dioxyde de carbone (CO2). Il est normal que les pays en développement ne veuillent pas prendre de nouvel engagement avant que les pays développés aient montré qu’ils engageaient des actions au niveau national, a-t-il estimé. Il a donné l’exemple de l’Allemagne qui est en bonne voie pour atteindre son objectif de réduction de 25% des émissions de CO2 en 2005, par rapport aux émissions de 1990.
Pour ce qui est des préparatifs du Sommet de Johannesburg en 2002, le représentant a estimé qu’il s’agit d’une occasion unique pour réaliser des progrès significatifs en matière d’environnement mondial et de développement durable. Il faudra prendre des décisions orientées vers l’action en ce qui concerne l’énergie durable, l’eau, la pauvreté et l’environnement. S’agissant des questions relatives à la pauvreté, elles sont liées à celles de l’énergie durable, selon M. Trittin. Il a cité le cas de l’Allemagne qui a décidé de mettre davantage l’accent sur la question de la pauvreté en matière de développement et qui a engagé un nouveau débat sur l’allègement de la dette. Enfin, il a considéré que tous les groupes importants et la société civile en général devraient s’investir dans le processus préparatoire du Sommet et dans le Sommet lui-même.
Mme MYUNG-JA KIM, Ministre de l’environnement de la République de Corée, a indiqué que son Gouvernement a créé une commission nationale préparatoire dans l’objectif de Rio+10. Le Gouvernement a également mis en place un ministère pour l’égalité des sexes dont l’une des missions est de renforcer les rôles joués par les femmes dans leur contribution au développement durable. Rappelant que le Sommet intercoréen s’est tenu en juin l’année dernière, elle a expliqué qu’à cette occasion, les deux Corées se sont mises d’accord sur un projet qui prévoit de rétablir la liaison des réseaux ferroviaires entre le Nord et le Sud. Elles ont également convenu que tout effort doit être accompli pour assurer la protection des écosystèmes dans la zone démilitarisée qui était inhabitée pendant plus de 50 ans et est maintenant florissante en flore et en faune, a-t-elle ajouté. Ces accords entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, a estimé la représentante, sont des indications prometteuses de leur détermination de garantir une préservation de la nature et des transports durables sur la péninsule coréenne. En ce qui concerne la protection atmosphérique, elle a indiqué que son pays procède actuellement à la restructuration de son système d’imposition pour le rendre plus favorable à l’environnement. La République de Corée promeut aussi la coopération entre les pays asiatiques pour gérer la pollution transfrontière. S’agissant du problème de sable jaune, il n’est plus confiné à l’Asie du Nord-Est, a-t-elle expliqué, et il doit donc être traité d’une façon globale. Par ailleurs, la République de Corée non seulement encourage le développement d’autres sources d’énergie, mais aussi utilise des mécanismes de marchés pour fixer les prix. Elle a aussi cité le Protocole de Kyoto, insistant sur la nécessité de poursuivre les efforts visant à résoudre les divergences d’intérêts et de priorités. Enfin, elle a estimé que la pauvreté était l’une des questions les plus difficiles du XXe siècle qui continue malheureusement à se poser au XXIe siècle. Cette réalité persistante souligne de nombreux problèmes sociaux et environnementaux qu’il faut confronter dans le monde, tels que la santé et les maladies, la croissance démographique, la guerre, la déforestation et l’accès restreint à l’information qui pourraient contribuer à améliorer le bien-être humain. En concluant, elle a souhaité que les indicateurs de développement durable soient finalisés aussitôt que possible et que soit ensuite créée une base de données générale sur l’environnement.
M. V. MOOSA, Ministre des affaires environnementales et du tourisme d’Afrique du Sud, a noté, d’une part, que la diversification des sources d'approvisionnement d’énergie est une question cruciale pour le monde développé. D’autre part, dans le monde en développement, il nous faut assurer un accès à l’énergie pour des millions de personnes vivant dans les zones urbaines et rurales pauvres, a-t-il ajouté. Selon lui, pour atteindre ce deuxième objectif, il faut arriver à un engagement plus important et à un partenariat orienté vers l’action entre le Nord et le Sud. Il n’en reste pas moins un devoir des pays développés de
lutter contre la pollution atmosphérique, sur la base du principe des responsabilités communes mais différentes. Il a appelé les pays à l’origine des émissions de gaz à effets de serre les plus fortes à prendre leurs responsabilités en adoptant des mesures très efficaces.
M. Moosa a reconnu la nécessité de bien planifier et d’intégrer le système des transports, en particulier en promouvant le chemin de fer. Par ailleurs, il considère qu’il faut examiner de façon urgente l’architecture financière internationale, en vue d’aider les pays en développement à participer à la mondialisation et à en bénéficier. A ce propos, il a noté que le monde développé a manqué aux engagements pris à Rio en 1992 et a espéré plus de soutien de la part de la communauté internationale à l’avenir, ainsi qu’un accès plus grand aux marchés du monde développé. Enfin, il a remercié les membres des Nations Unies d’avoir accepté de voir le Sommet mondial sur le développement durable se dérouler en Afrique du Sud en 2002.
M. DAVID SYZ, Directeur général du Secrétariat d’Etat à l’économie de la Suisse, a tout d’abord souligné que l’énergie, même si elle est le bien le plus représentatif des synergies, est aussi une source de conflits potentiels entre les trois piliers du développement durable. Par conséquent, a-t-il ajouté, la communauté des Etats, en collaboration avec le monde économique et la société civile, doit mettre en oeuvre des mesures qui permettent de relever les défis posés par les problèmes du développement durable, et ce, dans le cadre de la Commission du développement durable qui doit agir aussi sur le plan politique. Il a par ailleurs fait remarquer qu’afin que 2 milliards de personnes puissent avoir accès à l’électricité, il faut développer l’utilisation des ressources locales d’énergie renouvelable ainsi que promouvoir la mobilité durable. Il a souligné, à ce titre, l’importance de l’application du principe du pollueur-payeur pour une meilleure transparence des coûts dans les transports. En outre, les investissements nécessaires au développement des énergies renouvelables doivent venir en premier lieu du secteur privé. Dans ce contexte, les gouvernements doivent pallier les défaillances du marché avec des instruments économiques et une coordination des actions à l’échelle internationale.
M. Syz a, par ailleurs, souligné que les pays en voie de développement ou en transition ont besoin d’un soutien technique et financier pour atteindre les objectifs du développement. C’est dans ce cadre que la Suisse a mis l’accent sur la mobilisation de ressources tierces et sur le transfert de technologies propices à l’environnement par la mise sur pied de “Cleaner Production”, la mise en oeuvre des projets d’efficacité énergétiques en Europe de l’Est et par le soutien au Programme d’études des stratégies nationales de la Banque mondiale. Il a en outre souligné l’importance de la lutte contre les changements climatiques dans un contexte économique où il peut paraître difficile de réduire les coûts. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il faudra viser un bon rapport entre efficacité et coût. A cet égard, le respect du processus de Kyoto est indispensable et la Suisse a l’intention, par le biais de la loi fédérale sur la réduction des effets de CO2, d’appliquer le processus à l’échelle nationale, et serait inquiète que d’autres pays s’y soustraient. Enfin, le représentant de la Suisse a tenu à réaffirmer l’engagement de son pays en faveur du succès de la Commission du développement afin d’éviter les écueils de Rio+5.
M. ANTONI TOKARCZUK, Ministre de l'environnement de la Pologne, a déclaré que le principal défi qui se pose à la communauté internationale est la prévention de la pollution de l'atmosphère. Il a indiqué que la Pologne a réalisé des progrès en matière de développement économique et de protection de l'environnement. Elle a notamment réduit l'émission par rapport au PND de gaz à effet de serre de 40% et la consommation de substances appauvrissant l'ozone de 95%. Elle soutient les projets de décisions appelant à la finalisation des négociations sur l'application du Protocole de Kyoto et encourageant les Etats à adhérer au Protocole de Montréal et à signer et à ratifier une nouvelle convention sur les polluants organiques persistants. La Pologne, a poursuivi M. Tokarczuk, a mis en application le prince de précaution défini dans la Déclaration de Rio et dissocié la croissance économique de la pression sur l'environnement, en particulier dans le secteur de l'énergie. La Pologne n'accepte aucune référence à la production d'énergie nucléaire comme une énergie "propre" et donne la priorité aux sources d'énergies renouvelables et aux mesures pour améliorer l'efficacité énergétique.
La Pologne appuie le projet de décision qui appelle à promouvoir le développement de transports durables et souhaite attirer l'attention sur les directives de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de transport et d'environnement durable.
L'examen auquel procèderont les délégations en 2002 devrait être orienté vers le renversement des tendances de consommation et de production, y compris l'amélioration de l'efficacité des ressources en prolongeant leur durée de vie, l'amélioration de la qualité de la vie, l'amélioration de l'information en vue de la prise de décisions et enfin l'amélioration de la participation du public. A cet égard, M. Tokarczuk a fait valoir la question de la "démocratie environnementale" - entendu comme la transparence des comportements des gouvernements et la participation publique - pour la réalisation de laquelle la Pologne propose l'élaboration et l'adoption d'une série d'indicateurs de développement tenant compte des variantes nationales, en tant qu’instruments de l'évaluation, de la prévision et de la prise de décisions. Enfin, la Pologne propose l'extension à l'échelle mondiale, et sous l'égide des Nations Unies, des dispositions de la Convention Aarhus de l'Union européenne introduisant des garanties internationales pour la participation publique.
M. SOTOS ZACKHEOS (Chypre) a estimé qu’il faut dans le cadre de l'examen du développement durable insister sur la question de l'énergie renouvelable. Chypre a mis en place un programme dont les objectifs sont une utilisation rationnelle de l'énergie et une exploitation maximale des sources d'énergie renouvelables. Plus de 92% des foyers et 50% des hôtels utilisent l'énergie solaire. En outre, Chypre est en train de mettre en place deux programmes d'exploitation des sources d'énergie renouvelables, axés sur l'énergie photovoltaïque et sur l'énergie éolienne. Le représentant a ensuite loué l'importante valeur ajoutée que représente la contribution de partenaires privés aux politiques nationales. Il a regretté que le climat actuel d'incertitude économique nuise à la participation de l'industrie.
M. KIYOTAKA AKASAKA (Japon) a décrit les mesures prises par son pays pour intégrer le développement durable dans ses politiques. Il a insisté sur les mesures prises pour rendre durables les schémas de production et de consommation, la mise en place de partenariats entre les secteurs public et privé et l'échange d'informations entre les parties prenantes. Le Gouvernement, les autorités locales, les secteurs industriels et commerciaux ainsi que les organisations non gouvernementales s'efforcent tous de parvenir à des modes de production et de consommation durables. Dans le cadre de cet effort, le Japon a notamment promulgué une loi sur le recyclage. En outre, un centre mondial d'information sur l'environnement a été créé au Japon, grâce à un partenariat avec l'Université des Nations Unies, pour promouvoir les échanges d'information entre acteurs publics et privés et faciliter les partenariats.
Le représentant a ajouté que tout plan d'action visant une intégration du développement durable dans les politiques nationales doit s'assurer de la participation active et du soutien du secteur des affaires et du public en général et promouvoir un développement technologique tenant compte des principes du développement durable. Il est également admis que la croissance économique contribue au développement durable dans les pays en développement, à condition que les politiques sociales et environnementales en place permettent de gérer les conséquences indésirables de cette croissance sur la société. En même temps, il ne faut pas perdre de vue le fait que nombre de pays en développement peuvent uniquement s'attaquer aux problèmes d'importance critique comme la gestion de l'eau, la croissance démographique, la lutte contre le VIH/sida ou le "fossé numérique" avec l'aide de la communauté internationale en matière de renforcement des capacités.
M. DAVID ANDERSON, Ministre de l’environnement du Canada, a rappelé la nécessité de prendre en compte les dimensions économiques, sociales et environnementales pour les questions ayant trait au développement durable, notamment pour ce qui concerne l’énergie, le transport et la protection de l’atmosphère. La communauté internationale a pour défi de se pencher sur les problèmes communs et d’adopter des solutions novatrices afin que d’autres puissent profiter de son expérience. Il faut rechercher des moyens constructifs qui permettent d’assurer un équilibre entre les très réels besoins en matière d’énergie et de transport, d’une part, et l’impératif de protection de l’atmosphère et de la santé des populations, d’autre part.
Le Ministre canadien de l’environnement, soulignant que la mise en place d’un système de transport durable est une condition incontournable du développement durable, a estimé que les gouvernements devraient faciliter la création d’un environnement favorable ouvrant la voie à l’innovation et à l’application de nouvelles technologies. En attendant l’apparition de ces nouvelles technologies, le Ministre a reconnu que l’utilisation des combustibles fossiles devrait encore dominer. Cependant, il est important de minimiser les répercussions de leur utilisation au moyen de normes rigoureuses sur les carburants et les émissions de véhicules, de l’élimination de l’essence au plomb, de l’entretien et de l’exploitation avisée des véhicules et d’une meilleure planification régionale et urbaine.
M. Anderson a ensuite souligné l’importance des mécanismes multilatéraux dans la poursuite des objectifs de développement durable tels que la Convention mondiale des polluants organiques persistants (POP) et le Protocole de Montréal. Il a d’ailleurs rappelé que le Canada s’était engagé financièrement à hauteur de 20 millions de dollars canadiens alloués au bénéfice du POP et qu’il encourageait tous les autres pays à faire de même. L’information est également un élément essentiel dans la poursuite d’un développement durable et les bailleurs de fonds devraient intervenir dans ce domaine au profit des pays en voie de développement.
M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a déclaré que la question de l'efficacité et de l'accès aux transports est toujours d'une grande importance pour les pays en développement tels que la Mongolie - qui ont une grande population éparse et des ressources nationales limitées pour développer les systèmes de transport - et se doivent de trouver le meilleur moyen d'utiliser l'infrastructure à sa pleine capacité. A cet égard, il a donné l'exemple du projet "Millenium road" dont l'objectif est non seulement de lier les cinq régions économiques du pays mais aussi d'améliorer les opportunités de coopération économique avec les pays voisins et la région dans son ensemble. M. Enkhsaikhan a en outre souligné l'importance d'accorder une attention particulière, dans l'esprit de la Déclaration du millénaire, à la nécessité d'accroître l'aide internationale en vue du renforcement des capacités des pays en développement enclavés et de leur participation, dans les meilleurs délais, à l'économie mondialisée. La Mongolie souligne l'importance que revêt la coopération internationale, dans le cadre de l'Agenda 21, pour créer un environnement propice au développement durable. Dans ce contexte, elle attache une grande importance aux activités du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) en tant que mécanisme de financement des éléments environnementaux du développement durable. Le représentant de la Mongolie a également évoqué la question du financement de la Convention des Nations Unies pour lutter contre la désertification qui constitue le seul instrument qui ne soit pas doté d'un mécanisme de financement prévisible. A cet égard, il a appuyé la proposition visant à ce que le FEM soit institué comme mécanisme financier de la Convention ce qui permettrait à plus de 110 pays représentant une population de plus d'un milliard de personnes de s'attaquer au problème de la désertification.
M. Enkhsaikhan a en outre émis l'espoir de voir la Conférence sur le financement du développement apporter une contribution substantielle à la réalisation des objectifs de développement durable, en particulier en termes de croissance économique, d'élimination de la pauvreté et de protection de l'environnement durable.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a fait part des progrès réalisés par le Guatemala dans le domaine des institutions et dans l’élaboration de politiques en matière de développement durable. Il a indiqué qu'au mois de janvier dernier, l'ancien Secrétariat à l'environnement du Cabinet présidentiel a été promu au rang de Ministère. Le représentant a également évoqué les efforts déployés par son pays pour résister au fait que l'immense pression de la croissance démographique fait reculer la frontière agricole. Plus de 15 % du territoire national sont protégés par leur statut privé, leur statut de parc national ou municipal ou encore de réserve écologique. Avec ses voisins d'Amérique centrale, le Guatemala a également créé un "couloir biologique méso-américain" afin de préserver ses ressources naturelles. A cet égard, le Guatemala et la région qui l'entoure aident à stabiliser le climat mondial. En espérant que les principaux émetteurs de pollution et de gaz à effet de serre tiendront leurs engagements conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Protocole de Kyoto. Pour sa part, le Guatemala remplit son rôle modeste en menant à bien un inventaire national des gaz et en appliquant des politiques de réduction des émissions.
Reconnaissant que tout n'est pas positif, le représentant a expliqué que la nécessité de l'augmentation de la demande d'énergie de diverses sources de la population nationale a parfois créé de graves problèmes sur l'environnement. Au nombre de ces problèmes, il a cité le fait que de lourds investissements initiaux et des considérations liées à l'emplacement de certains projets aient poussé le Guatemala à opter pour les ressources non renouvelables, en dépit d'un important potentiel hydroélectrique. Ainsi, l'utilisation du pétrole comporte un risque de marée noire et l'exploitation du bois entraîne une déforestation trop rapide, a-t-il notamment admis. Le Guatemala est partagé entre un objectif d'indépendance énergétique et le fait que cela implique la destruction d'écosystèmes fragiles. M. Rosenthal a insisté sur la responsabilité collective dans la gestion des changements climatiques et appelé à une aide internationale en vue de lutter contre la déforestation au Guatemala.
M. TERIEV, Ministre du travail et de l’environnement de Kiribati, s’exprimant au nom du Forum du Pacifique Sud, a rappelé l’importance cruciale que revêt l’énergie pour les îles du Pacifique. Ces petits pays insulaires dépendent encore pour beaucoup des importations de combustibles fossiles. Ce faisant, ils sont vulnérables aux variations des prix sur les marchés. Ils sont aussi particulièrement vulnérables aux émissions de gaz carbonique que ces types d’énergie engendrent. Or les moyens actuels de réduire les émissions polluantes ne sont pas appropriés pour ces Etats, principalement parce qu’ils coûtent trop chers et qu’ils demandent un savoir-faire dont ils ne disposent pas. Il faut donc impérativement trouver des technologies plus abordables, a insisté le représentant.
Un autre élément auquel les petits Etats insulaires sont particulièrement vulnérables sont les changements climatiques. Des efforts doivent absolument être déployés pour lutter contre ces changements. Le Protocole de Kyoto est un pas important pour une initiative au plan mondial. La crise à laquelle font face les petites îles du pacifique est accrue par leur isolement géographique. Cette situation exige également de régler les différentes questions liées aux transports. Le représentant s’est dit en outre très inquiet du transit important de matières toxiques et radioactives qui s’effectue dans le Pacifique. Il a insisté pour que dans ce domaine également, les normes internationales existantes soient respectées. De manière générale, il a estimé que parvenir au développement durable exige que la coopération internationale soit efficace, et ce surtout dans les domaines de la finance, des transferts de technologie et du commerce. Il a reconnu cependant que chaque pays a le devoir de créer un environnement national propice
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a expliqué que son Gouvernement accorde une grande importance à l’intégration de paramètres de bien-être environnemental et social dans les stratégies de développement durable qu’il développe. C’est ainsi qu’une nouvelle stratégie en matière d’énergie et s’étendant jusqu’en 2020 a été préparée. Conformément à cette nouvelle approche, l’environnement sera moins sollicité. La Fédération de Russie a aussi réduit de 25% ses émissions de gaz à effet de serre. Compte tenu de sa taille, la préservation des richesses naturelles en Russie a une grande importance pour le reste de la planète, a poursuivi le représentant. Sur ce constat, il a proposé que lors du prochain Sommet mondial sur le développement durable, on réfléchisse sérieusement à la situation des Etats qui “rendent des services`” à la protection de l’écosystème.
Se tournant vers la question de l’énergie pour le développement durable,
M. Lavrov a déclaré qu’il fallait avant tout évaluer les possibilités véritables de chaque pays. Il faut tenir compte du coût de l’accessibilité aux technologies nouvelles. Pour sa part, la Fédération de Russie estime que le développement de l’énergie nucléaire est une composante importante de sa stratégie énergétique. “C’est une source d’énergie propre, économiquement justifiée et sûre”, a insisté le représentant. Il a fait remarquer que les pays qui ont opté pour cette forme d’énergie ont désormais une grande expérience et qu’un renforcement de la coopération internationale scientifique et technique dans ce domaine pourrait permettre de créer des réacteurs et des centrales encore plus sûrs. Il ne faut pas miser sur une stratégie énergétique mondiale, universelle et unique pour tout le monde, a-t-il averti, avec de réaffirmer que c’est la prise en compte des spécificités des pays et des régions qui doit primer.
Mme NADIA MAKRAM EBEID, Ministre délégué pour les affaires environnementales de l’Egypte, a évoqué le programme de développement durable mené par son gouvernement qui encourage les initiatives orientées vers les résultats et fondées sur le partenariat. Le principal défi est d’arriver à un équilibre entre le développement économique et social accéléré et la protection de l’environnement, a-t-elle précisé. Elle a aussi expliqué que le plan de développement égyptien sur cinq ans prévoit que le secteur privé assumera 70% des investissements requis. Les représentants du secteur privé sont en effet actuellement impliqués dans les prises de décisions, la politique de développement et sa mise en oeuvre.
La représentante a réaffirmé que la volonté de réaliser le développement durable doit être guidée par le principe de responsabilité commune, mais de responsabilité différenciée. Selon elle, les décisions prises par la présente session de la Commission devraient traiter de façon séparée les questions des ressources financières, du transfert de technologies et du renforcement des capacités, mais être reliées à tous les types de sources d’énergie qui sont examinés par la Commission. En ce qui concerne l’Egypte et la plupart des pays en développement, il est important, a-t-elle souligné, d’assurer un développement durable basé sur les priorités nationales et les besoins à long terme. Dans un même temps, elle a attiré l’attention sur l’intégration régionale de l’Egypte au sein des régions arabe et africaine, ainsi que sur son partenariat avec l’Union européenne. Enfin, Mme Ebeid a espéré que Rio+10 donnera un nouvel élan à l’engagement collectif envers un développement durable.
M. TUPUK SUTRISNO (Indonésie) a abordé la question de l’énergie en rappelant la réunion de haut niveau Asie-Pacifique qui a été organisée à Bali en novembre 2000. Cette réunion a défini huit zones prioritaires et mis l’accent sur l’importance de l’énergie pour le développement économique et social de la région. Il a relevé que la réunion a aussi reconnu l’importance d’un partenariat effectif. La Déclaration de Bali et le Programme régional d’action constituent une plate-forme commune des pays de la région afin de régler la question critique de l’énergie, a-t-il remarqué.
Le représentant a fait part de sa préoccupation quant au manque d’accès aux services d’énergie appropriés et abordables dans les pays en développement, ce qui contribue à la pauvreté, au sous-développement, à l’analphabétisme, à la diminution de l’espérance de vie et à la dégradation de l’environnement. Dans l’optique du développement durable, il faudrait, à son avis, prendre en compte les différents degrés de développement de chaque pays, conformément au principe de responsabilité commune et de responsabilités différenciées. Enfin, le représentant a noté que la plupart des pays en développement n’ont pas de structure institutionnelle pour faire face de manière satisfaisante aux risques associés avec l’ampleur des investissements dans le secteur énergétique. Il a souhaité que cette session parvienne à des recommandations sur les moyens de mobiliser des investissements pour que les pays en développement puisse résoudre leurs problèmes dans le secteur de l’énergie. Il a donc proposé d’examiner le renforcement des mécanismes existants ou d’en proposer de nouveaux, afin d’identifier les risques et d’assurer la transparence de la gestion, ainsi que l’établissement d’un partenariat efficace et équitable entre les investisseurs et les pays.
M. Sutrisno a ensuite abordé les questions relatives aux transports et à la protection de l’atmosphère, qui sont intimement liées. Il a espéré que soient identifiés les moyens d’améliorer le développement des systèmes de transport pour assurer la qualité de la vie et de l’environnement, particulièrement dans les pays en développement. Il a aussi fait remarquer que le Gouvernement indonésien a adopté des politiques et des règles visant à réduire les émissions.
Mme SIRI BJERKE, Ministre de l'environnement de la Norvège, rappelant que les ministres se sont d'ores et déjà réunis pendant neuf fois pour discuter des engagements pris en faveur d'Action 2 1 faitsà Rio, a déclaré que ces neuf années de pénible réexamen démontrent que le monde n'avance pas grâce à un accord sur un texte mais plutôtbien grâce au processus par lequel il est mis en oeuvre. Elle a estimé qu'aujourd'hui, de nombreux poin ts ont été éclaircis, mais les problèmes sont plus profonds et la nécessité de trouver des solutions plus urgentes. Il faut prendre la bonne orientation dès à présent, même si la neuvième session de la Commission du développement durable n'est qu'une étape vers le Sommet mondial du développement durable. La Norvège est fermement convaincue qu'en ce qui concerne le changement climatique, la coopération mondiale doit s'appuyer sur le Protocole de Kyoto. AElle estime donc avec l'Union européenne , elle estime donc que notre défi immédiat est de faire fonctionner cet instrument.
De l’avis dePoursuivant, Mme Bjerke ,a déclaré que la lutte contre la pauvreté est la principale préoccupation de la majorité des Etats Mmembres des Nations Unies. Le défi est de réduire la pauvreté tout en protégeant les ressources environnementales qui constituentsont le socle de toute prospérité à venir. Il faudrait également rendre plus efficaces les accords internationaux existants et déterminer lessur quels points sur lesquels une coopération peut aider les pays à obtenir de meilleurs résultats. En matière de transports et d'énergie, le défi le plus immédiat est de rendre moins polluante et plus efficace la consommation de combustibles fossiles. Nous devons en même temps rendre le développement énergétique durable en modifiant le profil de l'utilisation de l'énergie, renforçant l'efficacité énergétique et développant les sources d'énergie renouvelables. Pour que les deux2 milliards de personnes qui sont privées d'accès aux sources d'énergie moderne bénéficient de ces mesures, des actions doivent êÊtre entreprises au x niveau x national et international, sans perdre de vue qu'il existe autant de solutions que d'Etats Mmembres des Nations Unies. La Commission devrait donc dresser un inventaire des politiques possibles et de leurs différents impacts.
La Ministrereprésentante a fait remarquerajouté que, comme toujours, ce sont les décisions des gouvernements en matière d'impôts et de subventions qui établiront les limites de ce qui est économiquement viable. Les investissements privés ne se ront effectuésmanifesteront que lorsqu'il leur sera garantis auront trouvé un environnement propice. Les choix politiques doivent aussi dépasser la sphère économique et les décisions nationales en matière de santé et de protection des ressources doivent guider celles prises en matière desur le contrôle de la pollution. Evoquant ensuite les travaux de l'AIEA, la Ministre norvégienne de l’environnementreprésentante a souhaité un renforcement des règles de responsabilité en matière de transport de matières radioactives. Elle a soutenu la proposition s'inspirant des résultats de la conférence générale de 2000 de l'AIEA qui est présentée à la Commission. Mme BjerkeLa représentante a ajouté que les négociations devraient envisager, au minimum, une norme internationale exigeant que tout transport soit notifié à l'avance à chaque pays don t’t le territoire peut être affecté en cas d'accident. Par ailleurs, elle a souligné le besoin d’établir desd'indicateurs de durabilité et la nécessité de renforcer la capacité du P rogramme des Nations Unies pour l’environnement (PNU E)e.
M. VINCI CLODUMAR (Nauru) a estimé que l’on ne peut pas trop souligner l’importance que revêt l’énergie durable pour son pays et pour sa région. Aujourd’hui, presqu’exclusivement dépendante des importations de combustibles fossiles, sa région n’a d’autre espoir que d’être un jour en mesure de les remplacer, du moins en partie, par des sources d’énergie renouvelables. Le problème est que ces sources d’énergie sont encore très coûteuses et que la très petite taille des pays de la région constitue un obstacle important aux investissements du secteur privé. A l’image des interlocuteurs des petits Etats insulaires qui l’ont précédés, le représentant a exprimé ses fortes réticences à l’égard de l’énergie nucléaire. Pour son pays, cette forme d’énergie n’est pas compatible avec le développement durable dans la mesure où il ne s’agit nullement d’une énergie propre et que ses coûts sont disproportionnés. La communauté internationale devrait avant tout s’efforcer de trouver des sources d’énergie à la fois efficaces, respectueuses de l’environnement et bon marché, comme par exemple l’énergie solaire. Le seul moyen d’y parvenir est de garantir la coopération et la collaboration de tous, à savoir tous les pays et tous les secteurs de la société.
Le deuxième point de préoccupation pour Nauru est la quasi-absence de débat sur les changements climatiques. Le Ministre s’est dit surpris que la Commission du développement durable ait ignoré certaines questions, pourtant fondamentales, abordées par l’instrument “historique” que représente le Protocole de Kyoto. Selon lui, il faut impérativement accomplir dans ce domaine un effort mondial concerté. Chacun doit reconnaître sa part de responsabilité, a-t-il insisté.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a rappelé que la présente session est la dernière session de fond de la Commission du développement durable avant la tenue du Sommet mondial sur le développement durable de 2002. Le partage inéquitable des bienfaits de la mondialisation devra à cette occasion retenir toute l’attention. La forte baisse de l’aide publique au développement devra aussi être adressée à cette occasion. Les flux financiers doivent être développés conformément aux besoins du développement durable, pour cela les institutions financières internationales devront être réformées. De son côté, le secteur privé doit être encouragé à participer activement aux activités du développement durable. A l’échelle globale, la communauté internationale doit s’efforcer de favoriser le commerce des pays en développement. Or, les barrières non tarifaires que les pays industrialisés imposent aux pays en développement vont à l’encontre du développement durable. La réalité de l’écart technologique entre le Nord et le Sud doit aussi être directement confrontée. Les pays développés doivent aider les pays en développement à construire leurs capacités nationales.
Tout en relevant les divergences profondes qui existent entre les pays en matière de changements climatiques, M. Guofang a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts sur la base du Protocole de Kyoto. Il a qualifié d’irresponsable la décision des Etats-Unis de ne pas ratifier ce Protocole.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a plaidé en faveur de l’utilisation accrue des sources d’énergie renouvelables et du recours aux énergies propres. De son côté, le Gouvernement du Bangladesh a fourni des efforts sincères pour tenir compte des exigences de la protection de l’environnement, a-t-il indiqué. Le Bangladesh est favorable à une approche globale du développement donnant une importance égale à ses aspects environnementaux, sociaux et économiques. Le Bangladesh est aussi favorable à la ratification du Protocole de Kyoto.
Les difficultés économiques des pays comme le Bangladesh sont davantage aggravées par la détérioration de l’environnement, a poursuivi le représentant. Tout en reconnaissant la nécessité de prendre des mesures, les pays les moins avancés ont une capacité très limitée à les mettre en oeuvre, a-t-il expliqué. C’est pourquoi, il a exhorté vivement les pays développés à apporter toute l’aide financière et technique nécessaire. A ce jour, les résultats ne sont pas à la hauteur des promesses faites par les Etats tant individuellement que collectivement dans le cadre des grandes conférences des Nations Unies tenues ces dix dernières années, a déploré M. Chowdhury en conclusion.
M. PETE HODGSON (Nouvelle-Zélande) a reconnu que, par manque d'attention aux questions d'efficacité énergétique, l'utilisation de l'énergie en Nouvelle-Zélande a été marquée par le gaspillage, la pollution et des coûts élevés. Pour mettre un frein aux dépenses inutiles, le gouvernement a lancé le mois dernier un projet de stratégie d'efficacité énergétique et de conservation de l’énergie qui devrait être mis en place en octobre et, à long terme, produire des bénéfices économiques équivalant à quasiment 1% du produit national brut.
Le changement climatique est un problème mondial qui exige des solutions mondiales, a ajouté le représentant. Des actions s'imposent au niveau national mais elles doivent s'inscrire dans le contexte d'une action internationale plus vaste car les pays ne peuvent être efficaces s'ils sont isolés. Les négociations sur le Protocole de Kyoto ont donc une importance vitale pour l'environnement mondial et la Nouvelle-Zélande soutient cet instrument. Elle souhaite qu’il soit achevé afin que les pays développés puissent le ratifier. Il devrait entrer en vigueur sous la forme d'un ensemble comprenant un système viable de commerce international des émissions, la reconnaissance des réservoirs forestiers et des mécanismes d'application forts. Le représentant a été d'avis que la récente annonce par les Etats-Unis qu'ils ne soutiendraient pas le Protocole est un développement très grave dont les implications ne deviendront claires que lorsque nous saurons ce que propose Washington. Par ailleurs, la Nouvelle-Zelande ne veut pas que les accords réalisés dans d’autres forums, notamment l'AIEA, soient affaiblis par les décisions sur l'énergie et les transports de cette session, en particulier sur la question du transport de matières radioactives.
M. BERNARD FAUTRIER, Ministre plénipotentiaire chargé de la coopération internationale pour l’environnement et le développement de la principauté de Monaco, a souhaité faire des commentaires sur les thèmes sectoriels en liant les questions d’énergie et d’atmosphère. Il a souligné que les questions de développement d’énergie propre et durable doivent être appréhendées par des accords et organismes régionaux. D’ailleurs, la communauté internationale l’a bien compris et souhaite voir freiné l’accroissement des problèmes environnementaux afin de protéger la vie sur la planète et pallier les effets négatifs de notre industrialisation sur les climats. A cet égard, M. Fautrier s’est ému de la désinvolture affichée par certains pays riches et puissants qui pour des raisons économiques ont refusé la démarche du Protocole de Kyoto.
M. Fautrier a ensuite abordé la question de la coopération internationale au regard de la question du développement durable en faisant remarquer que Monaco avait mis sur place un programme de coopération avec les pays du bassin de la méditerranée et de la mer noire. Il a outre précisé que l’engagement de Monaco s’étendait au-delà de ces zones par un engagement avec le PNUD et la Convention de la lutte contre la désertification. M. Fautrier a voulu mettre un accent tout particulier sur l’engagement de Monaco au sein de la Commission méditerranéenne du développement durable. Cette commission, que Monaco préside cette année, a-t-il en outre précisé, va prochainement débattre des thèmes relatifs aux questions de libre-échange et d’environnement, de gestion urbaine, de coopération internationale, tout cela au regard du problème du développement durable.
M. SERGEI LING (Bélarus) a souligné l'importance de la préparation du Sommet mondial du développement durable au sein des commissions régionales des Nations Unies. Il a ajouté que les questions liées à l'environnement durable ont toujours retenu l'attention du Bélarus dont la Commission nationale du développement durable s'apprête à analyser l'application des dispositions de la Stratégie nationale pour le développement durable en vue de les améliorer. La société civile, y compris les organisations non gouvernementales et la communauté scientifique, joue un rôle actif et coopère avec les agences gouvernementales au développement et à la mise en oeuvre de projets ayant trait au développement durable du Bélarus.
Au Bélarus, la poursuite des objectifs de développement doit tenir compte de la transition vers une économie de marché et des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Le développement de l'économie, l'environnement et la société biélorusses continuent de souffrir de cette catastrophe. Les zones touchées sont caractérisées par une distorsion de leur structure démographique car, après la réinstallation de 135 000 personnes et le départ de près de 200 000 autres, les personnes âgées représentent 70% de la population. Du point de vue économique, de grandes étendues de terres arables ont été perdues et 340 industries ont dû quitter les zones contaminées. Dans ce contexte, le gouvernement doit à la fois réhabiliter les zones touchées et favoriser leur développement durable. Le représentant a souligné l'importance de l'aide que la communauté internationale peut fournir à son pays en matière de technologies propres, de développement des capacités humaines et d'assistance technique.
M. MAHINDA VIJESEKERA, Ministre de la foresterie et de l'environnement du Sri Lanka, a présenté les mesures prises par son pays en faveur d'un développement durable en estimant que ses ancêtres en appliquaient déjà les principes il y a plusieurs siècles. Il a ensuite déclaré que l'éradication de la pauvreté est le plus grand défi que doit affronter son pays. L'économie du Sri Lanka est passée d'une structure traditionnelle agricole et rurale à une économie commerciale plus diversifiée afin de lutter contre les problèmes de pauvreté et de chômage croissants des dernières décennies. Bien que le gouvernement accorde une grande importance à la protection de l'environnement, il tient également à répondre aux besoins fondamentaux de sa population dont 50% n'a pas l'électricité.
Le représentant a attiré l’attention sur l’interaction entre l’énergie, les transports et la préservation de l’atmosphère, trois secteurs qui influent directement sur le bien-être humain. Il a estimé que la Commission devrait examiner les aspects de ces questions qui sont liés à l'équité. Le représentant a estimé qu'entre autres mesures, il faut assurer un accès équitable à l'énergie,
l'eau et les installations sanitaires; réduire la vulnérabilité des pays en développement à l’égard des importations d’énergie; assurer un accès égal de tous les humains aux moyens de transport; et ne pas mettre en oeuvre des mesures de protection atmosphérique au détriment des pays ou communautés vulnérables.
M. JAUME MATAS, Ministre de l'environnement de l'Espagne, a souligné l'importance que le Gouvernement espagnol attache à la ratification du Protocole de Kyoto, à son intégrité et à la responsabilité partagée. Il a indiqué qu'un Bureau pour leschangements climatiques a été créé en avril dernier et qu'en matière d'énergie, la politique espagnole se définit par la nécessité de prendre en compte l'impact sur l'environnement de la demande croissante en énergie, le besoin de moins utiliser les sources contaminatrices d'énergie et de prendre en compte les préoccupations de la dérégulation du secteur de l'énergie. Cette politique a par ailleurs pour objectif de réconcilier la croissance économique, la compétitivité, la sécurité des approvisionnements et de l'emploi avec la protection de l'environnement. L'Espagne vise à diversifier les sources d'énergie et leurs origines, à améliorer leur efficacité et leur conservation, à encourager la recherche et le développement de nouvelles technologies, de même que la coopération internationale.
Il est nécessaire d'assurer que la réduction de l'impact de l'énergie sur l'environnement ne constitue pas un fardeau supplémentaire pour le développement économique mais plutôt un stimulant pour la compétitivité et l'amélioration de la qualité de la vie. Alors que le développement des transports est un élément clef de la prospérité économique et le développement social équitable, il est aussi un consommateur considérable de ressources naturelles et le secteur le plus polluant en termes de pollution atmosphérique. Dans ce contexte, il faut combiner la demande de mobilité et un système de transport durable. Il est important d'intensifier la recherche d'alternatives aux modèles existants de planification urbaine dans les pays industrialisés. Nous avons aujourd'hui les moyens d'éliminer l'association qui est faite entre le développement économique et la détérioration de la qualité de l'air, a déclaré M. Matas en ajoutant que la session de la CDD se doit d'exprimer son soutien aux différents processus multilatéraux en cours et encourage toutes les parties à renouveler leurs efforts dans ce domaine, et en particulier en matière de protection de la couche d'ozone dans le cadre du Protocole de Montréal.
La transparence et la participation du public aux décisions sont essentielles, et dans ce cadre, le rôle des médias en tant que convoyeur d'informations et d'éducateurs n'est pas à minimiser. L'Espagne prépare une Stratégie nationale de son développement durable pour 2002, année où elle assurera au premier trimestre la Présidence de l'Union européenne pendant laquelle elle accordera une attention particulière à la nécessité pour les gouvernements de coopérer avec la société civile et les Nations Unies afin d'établir des objectifs clairs pour les questions préoccupant toutes les sociétés du monde et auxquelles les gouvernements se doivent de répondre.
Mme NEISA ROCA HURTADO, Vice-Ministre de l’environnement, des ressources naturelles et du développement forestier de la Bolivie, a fait observer que la présente session de la Commission intervient à un moment particulier, important pour son pays, mais également pour l’ensemble de la communauté internationale. La Bolivie, pour sa part, aborde avec un intérêt renouvelé la question du développement durable. Elle est consciente qu’elle doit relever le défi énorme d’envisager sa relation avec l’environnement selon une approche intégrée. C’est pourquoi, le Gouvernement bolivien s’efforce d’adopter des politiques économiques, environnementales et sociales harmonisées. Mais face au processus de la mondialisation, les pays pauvres, comme la Bolivie, courent le risque de se voir marginalisés encore plus. Ce risque ne peut être prévenu que si les pays développés font preuve d’une volonté politique forte et aident les pays en développement à mieux gérer leurs ressources naturelles. La Bolivie a un grand potentiel en matière de ressources énergétiques, a expliqué ensuite la Vice-Ministre, ajoutant que son pays souhaite devenir l’un des principaux fournisseurs d’énergie de la pointe australe de l’Amérique du Sud. Ces richesses énergétiques, notamment en gaz naturel, peuvent devenir pour mon pays un instrument de la lutte contre la pauvreté, a-t-elle encore indiqué.
Elle a jugé extrêmement important que la Commission prenne des décisions qui garantissent le développement durable des ressources énergétiques et des transports. Celles-ci ne doivent pas se limiter aux aspects environnementaux mais se traduire également en politiques internationales facilitant le flux des ressources financières et les transferts de technologies propres. A cet égard, la Vice-Ministre a mis l’accent sur l’importance de la disponibilité des informations pour la prise de décisions et la participation ainsi que sur la définition d’indicateurs clairs du développement qui correspondent à la réalité des pays en développement. M. Hurtado a reconnu que pour parvenir au développement durable, les pays doivent étendre leurs capacités nationales, mais parallèlement les politiques et mécanismes de coopération doivent être renforcés au niveau mondial, a-t-elle averti.
M. GELSON FONSECA (Brésil) a qualifié de fondamentales les thèmes à l’ordre du jour de la session de la Commission. Au niveau national, le Brésil accorde une grande importance à ses ressources naturelles qui lui permettent de bénéficier d’une sécurité énergétique, renouvelable et propre. Des investissements en faveur des énergies renouvelables vont s’efforcer de minimiser les émissions de gaz à effet de serre et de gaz carbonique. C’est par l’intermédiaire d’une vaste coopération entre le secteur privé et le secteur public que le développement de ces énergies propres est promu. Dans un avenir proche, le Gouvernement entend que 20% de sa consommation d’énergie provienne de l’énergie éolienne. Un vaste programme d’électrification des zones rurales a également été entrepris et il repose sur la promotion de l’utilisation de sources énergétiques propres en remplacement notamment du bois de chauffage. Cette initiative a aussi pour avantage de freiner l’exode rural.
De l’avis du Brésil, l’un des problèmes qu’il convient de résoudre est la situation de quasi-monopole qui existe au niveau international concernant certains sources d’énergie. Il importe aussi de mettre l’accent sur la distribution et l’accès équitable à l’énergie dans le monde entier. La coopération internationale est fondamentale à cet égard. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra répondre aux besoins croissants en énergie et en transport et ainsi prendre la voie d’un développement véritablement durable, a prévenu M. Fonseca.
M. RAJESH ANAND BHAGWAN, Ministre de l'environnement de Maurice, a déclaré que Maurice, petit Etat insulaire, a trouvé de plus en plus difficile de rester compétitif dans un contexte de mondialisation. Pour assurer le développement de son économie et de sa société sans compromettre la vie sur son île, le Gouvernement mauricien a engagé des investissements considérables en faveur des sources d'énergie renouvelables et durables. En dépit de ces efforts, Maurice continuera de dépendre des combustibles fossiles pendant encore longtemps afin de répondre à la demande énergétique de son secteur de production et notamment de l'industrie et du tourisme, a déclaré le Ministre.
M. Bhagwan a ensuite déclaré qu'en matière de transports, Maurice doit améliorer la circulation, mieux séparer les espaces piétons de ceux réservés aux véhicules; assurer un strict respect du code de l'autoroute; rendre la conduite moins dangereuse; mieux concevoir les routes et améliorer la planification des sols.
Mme JUNE CLARKE (Barbade), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que l'utilisation de l'énergie solaire à la Barbade a permis d'économiser 6,5 millions de dollars par an sur la facture nationale en carburants et plus de 16 millions de dollars en consommation énergétique. Les gouvernements des pays de la CARICOM souhaitent de profonds changements dans les politiques énergétiques mondiales afin de réduire la dépendance aux combustibles fossiles et favoriser les sources d'énergie plus respectueuses de l'environnement. Pour ce faire, la communauté internationale doit augmenter ses investissements dans la recherche et le développement de sources d'énergie propres.
La représentante a ensuite insisté sur la vulnérabilité et l'exposition des petits Etats insulaires aux changements climatiques. Elle a ajouté que les pays des Caraïbes ont déjà supporté les conséquences du réchauffement de la planète et de la hausse du niveau des océans. Les gouvernements de la CARICOM considèrent que le Protocole de Kyoto reste l'un des principaux instruments pour la réduction des gaz à effet de serre. Ils sont consternés par les tentatives de porter atteinte à un Protocole négocié sous l'égide de la Convention sur les changements climatiques et signé par plus de 80 pays. L'accès limité des 14 petits Etats insulaires membres de la CARICOM et leur vulnérabilité aux évènements environnementaux ayant des causes extérieures réduisent leur compétitivité et leur capacité à participer efficacement au système économique et commercial international. Le processus de mondialisation et de libéralisation du commerce aggrave encore les risques de marginalisation des Etats de la CARICOM. Par conséquent, les discussions sur le développement durable dans le cadre de la Commission et de la préparation du Sommet mondial de Johannesburg vont de pair avec la réflexion de la communauté internationale sur le financement du développement.
M GILBERT BLEU-LAINE, Ministre de l’environnement et du cadre de vie de Côte d’Ivoire, a voulu tout d’abord porter l’attention sur la situation délicate des pays d’Afrique quant aux différentes hausses du prix du pétrole qui ont généré des crises économiques et financières durement ressenties. Il a souligné en outre qu’à la crise énergétique s’ajoutait une crise environnementale. Par conséquent, face à l’épuisement des sources d’énergie traditionnelles, il faut considérer le problème de l’énergie d’une façon globale en mettant à la fois l’accent sur la production et la consommation énergétiques. Cette démarche globale est d’autant plus nécessaire que l’orientation des activités de développement tient compte impérativement des exigences du développement durable. Elle devrait porter non seulement sur les effets des filières énergétiques retenues mais aussi sur les styles de vie qui les soustendent ou qu’elles impliquent. M. Bleu-Laine a par ailleurs souligné que la constante énergétique de son pays a été de diversifier ses sources d’énergie et de s’engager sur la voie de la maîtrise des consommations énergétiques par un Programme nNational d’ éEconomies d’ éEnergie dont les premiers résultats , soit une réduction de 17,5% du prix moyen de KWh, sont patents .: réduction de 17% du prix moyen du KWh.
M. Bleu-Laine s’est déclaré convaincua souligné ensuite qu’une augmentation des économies est possible par le développement d’un marché de l’efficacité énergétique et la création d’un réseau d’entreprises de services écoénergétiques. Il a voulu en outre signaler le projet de coopération entre son pays et le Sénégal dans le domaine de la réduction des gaz à effet de serre. Ce projet permettra de constituer des bases de données informatiques des caractéristiques physiques de 1620 bâtiments dans les deux pays, d’effecteur des audits énergétiques sur 120 bâtiments et enfin de constituer un portefeuille de projets d’investissement pour la réhabilitation énergétique de bâtiments existants dans les deux pays.
M. FRANCISCO MABJAIA, Vice-Ministre de l’environnement du Mozambique, a rappelé que le Sommet du millénaire a reconnu que l’élimination de la pauvreté est l’une des priorités absolues de la communauté internationale. Or, une grande partie de la population mondiale n’a pas accès à l’énergie et tant que cette situation perdurera, il sera impossible d’éliminer la pauvreté. En outre, dans de nombreux pays en développement, les populations n’ont accès qu’à des sources énergétiques qui ne sont pas durables et qui détériorent l’environnement, comme le bois de chauffe qui de plus aggrave le problème de la déforestation. Les données sur la consommation d’énergie au niveau mondial sont troublantes, a poursuivi le Vice-Ministre, et ne favorisent nullement le développement durable. Les risques d’assister à un changement climatique sont très élevés et ne feront que s’accentuer si les modes de production et de consommation actuels se poursuivent. Pour renverser cette tendance, une décision radicale doit être prise, a préconisé M. Mabjaia, estimant que le Protocole de Kyoto offre la meilleure solution pour faire face au réchauffement de la planète. C’est pourquoi, il a tout particulièrement regretté la décision d’un pays très important de ne pas s’y associer.
Le développement durable doit être envisagé selon une approche intégrée qui garantisse que les fruits de la mondialisation soient proprement répartis entre toutes les populations, a poursuivi le Vice-Ministre. Si l’on veut que le Sommet mondial de 2002 fasse réellement progresser la mise en oeuvre d’Action 21, il faut que les pays appliquent les principes de responsabilité partagée et de solidarité, a-t-il averti. La gestion durable du développement économique et social mondial doit être partagée, de manière équitable, entre toutes les nations. Partant du principe posé au Sommet du millénaire selon lequel ceux qui souffrent le plus doivent bénéficier d’une aide plus accrue, le Vice-Ministre a demandé aux pays développés d’appuyer efficacement les efforts des pays en développement. Il a mis l’accent sur le renforcement de la coopération internationale, de l’aide financière et des transferts de technologies. Ces efforts permettront de compléter ceux entrepris au niveau national, a-t-il précisé. Développant ce dernier point, il a reconnu que le développement durable ne pourra être atteint que si les gouvernements, à titre individuel, accomplissent des efforts sincères. Citant l’exemple de son pays, qui a été frappé par des inondations particulièrement dévastatrices, et a ainsi vu ses maigres capacités limitées d’autant, M. Mabjaia a néanmoins estimé que l’aide de la communauté internationale aux pays les plus pauvres était la clef du développement durable pour tous.
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