En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/566

LES HAUTS RESPONSABLES POLITIQUES LANCENT UN APPEL A L'ACTION CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

19/04/2001
Communiqué de presse
ENV/DEV/566


Commission du développement durable

8e séance – matin


LES HAUTS RESPONSABLES POLITIQUES LANCENT UN APPEL A L'ACTION

CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES


Importance du Protocole de Kyoto et demande de technologies propres dominent le débat


Au cours du débat général de haut niveau de la Commission du développement durable, les questions de l’atmosphère et des changements climatiques sont apparues comme les plus pressantes et nombreux ont été ceux à souhaiter que la reprise des négociations sur la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto, prévue en juin prochain à Bonn (Allemagne) permettent d’effacer l’échec de La Haye.  Selon les termes du Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni, «le monde attend aussi de nous une action contre le changement climatique qui est la plus grave menace pesant sur l'environnement». 


Pour le Ministre de l’environnement de la Suède, s’exprimant au nom de l’Union européenne, l’on ne peut pas se permettre de gaspiller le travail de plus de dix années.  Il a reconnu la responsabilité particulière des pays développés en matière de développement de systèmes énergétiques durables, étant donnée l’importante consommation d’énergie que font ces pays.  S’agissant des efforts déployés par les pays en développement pour parvenir au développement durable, le Ministre a engagé tous les bailleurs de fonds à respecter les engagements pris en matière d’aide publique au développement.  De leur côté, les organismes financiers internationaux ont, selon lui, la responsabilité de s’abstenir d’investir dans des projets de développement non durables.


De son côté le Groupe de Rio, dont la position a été exposée par le Représentant permanent du Chili, a exhorté les pays développés à honorer les engagements pris dans Action 21 et, en particulier, ceux concernant l’appui financier, le renforcement des capacités humaines et les transferts de technologies.  Il a en outre insisté pour qu’un programme mondial sur la prévention et la réduction des effets des catastrophes naturelles soit élaboré.  Pour ce groupe d’Etats également, le Protocole de Kyoto doit continuer de constituer la pierre angulaire de l’action internationale en matière de changements climatiques et c’est pourquoi il a appelé les Etats-Unis à revoir leur position actuelle.  La réduction de la concentration de gaz à effet de serre et la mise en place d’un mécanisme de marchés encourageant la participation du secteur privé dans ces efforts devraient d’ailleurs constituer deux aspects essentiels de l’aide aux pays en développement.


(à suivre - 1a)

Pour le représentant de la République islamique d'Iran, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, il est aussi très important de s'assurer que les technologies sont applicables selon la situation de chaque pays et de faire preuve de souplesse en adoptant des approches de développement. 


La Commission a également entendu le Ministre de l’environnement du Danemark prendre fermement position contre le recours à l’énergie nucléaire.  Il a notamment mis en garde les pays en développement contre ceux qui les encouragent à recourir à ce type d’énergie.  Selon lui, la vérité est que les pays industrialisés veulent leur vendre une technologie dont ils ne veulent plus eux-mêmes et pour des raisons non seulement de coût mais surtout de sécurité liée à la gestion des déchets radioactifs.


En début de séance, M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, s'est réjoui qu'une discussion examinant les questions de l'énergie, l'atmosphère et les transports sous les angles du développement, de l'environnement et de la politique soit pour la première fois menée à haut niveau politique dans le cadre des Nations Unies.  Il a également jugé crucial de déterminer comment, à l'issue du Sommet mondial sur le développement durable, qui doit se tenir à Johannesburg en 2002, l’on pourra affirmer en connaissance de cause que le développement durable est possible.  La Commission a également entendu les déclarations liminaires du Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), M. Klaus Topfer, du Président du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et Ministre de l'environnement du Canada, M. David Anderson, et de l’Administrateur-adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Zéphirin Diabré, qui ont présenté les travaux les plus récents de leurs organismes respectifs.


La Commission a entendu, ce matin, les déclarations des ministres et personnalités des pays suivants : République islamique d’Iran (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Suède (au nom de l’Union européenne et des Etats associés), Autriche, Chili ( au nom du Groupe de Rio), République tchèque, Australie, Finlande, Irlande, Inde, Mexique, Danemark, Royaume-Uni et Algérie.


Cet après-midi, avant de poursuivre son débat général, la Commission tiendra un dialogue interactif sur l’énergie.


REUNION DE HAUT NIVEAU


Déclarations liminaires


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a expliqué que la réunion de ce matin porterait sur les questions sectorielles de l'atmosphère, de l'énergie et des transports, ainsi que sur l'accès des décideurs à l'information et la création d'environnements porteurs.  La préparation du Sommet mondial sur le développement durable qui doit se tenir en 2002 sera également abordée.  Le thème de l'énergie est d'autant plus important qu'il s'agit de la première fois que se déroule une discussion intégrée, examinant la question sous l'angle du développement et de l'environnement à un haut niveau politique, dans le cadre des Nations Unies, a ajouté M. Desai.  Cette réflexion sera très utile pour définir le processus préparatoire du Sommet. 


Le domaine de l'énergie est entaché de nombreuses controverses et c'est la raison pour laquelle le Groupe sur l'énergie a laissé certains sujets de son projet de texte à l'appréciation des représentants gouvernementaux.  M. Desai a espéré que les discussions de la Commission, tout en soulignant que l'énergie est au cœur du développement durable, permettront de rapprocher les positions de tous les pays et parties prenantes en examinant les questions qui sont liées à l'énergie de façon concrète.  Il a également espéré que des recommandations seront faites qui aideront les pays à atteindre un développement durable.


Revenant sur les débats d'hier, M. Desai a fait remarquer que l'accent avait été mis sur les lourds investissements initiaux nécessaires au lancement de certains projets ainsi que sur les grands écarts entre les rendements sociaux et les bénéfices financiers.  Les transports en commun pâtissent de ce fait d'une pénurie d'investissement.  Hier, les interventions ont également insisté sur l'importance des systèmes décentralisés d'énergie et leur rôle au niveau local.  A ce sujet, M. Desai a souligné qu'il faut que l'énergie parvienne aux personnes au niveau local même si elles n'ont pas de garanties à offrir.


Abordant ensuite la préparation du Sommet mondial sur le développement durable, M. Desai a indiqué que les idées réunies sur ce thème sont présentées dans le document E/CN.17/2001/CRP3.  Il a estimé qu'il est crucial de déterminer comment nous pourrons affirmer en connaissance de cause que le développement durable sera possible à l'issue du Sommet.  Il faudra également examiner l'impact de la mondialisation sur le développement et les programmes d'environnement; la gestion des risques, la question du financement du développement durable et du transfert de technologie, ainsi que les manières d'assurer une gestion globale des questions éthiques.


M. KLAUS TOPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a évoqué les deux dernières sessions du Conseil d’administration du PNUE, qui se sont surtout penchées sur la Déclaration du millénaire et le rapport du Secrétaire général sur l’environnement et les établissements humains.  La dimension culturelle du développement durable a alors été soulignée.  Il est apparu indispensable d’établir un rapport entre le développement durable, la biodiversité et les cultures.  Le PNUE a aussi largement contribué aux travaux de la présente Commission en préparant un certain nombre de documents, notamment sur les informations pour la participation et la prise de décisions, a précisé M. Topfer.  En préparation du Sommet mondial sur le développement durable qui aura lieu en Afrique du Sud en 2002, le PNUE prépare le document d’évaluation et de perspective globale sur l’environnement, intitulé “Géo 3”, qui est réalisé grâce à la participation de plus de 850 experts venus de toutes les régions du monde.  C’est grâce aux techniques modernes de communication qu’une telle participation a été possible.  M. Topfer a rappelé également qu’un nouveau site Internet du PNUE a été récemment inauguré.  Un autre outil est le réseau du Fonds pour l’environnement mondial qui est riche en informations sur les transferts de technologie notamment. 


En matière de développement durable, il est impératif de passer des bonnes paroles aux actions et pour cela, il faut une réelle coopération, a poursuivi le Directeur exécutif.  Selon lui, rien ne sera toutefois résolu si le problème crucial de l’énergie n’est pas réglé.  Les objectifs de Rio ne seront jamais atteints si l’on n’introduit pas à plus grande échelle les énergies renouvelables et non polluantes, a-t-il prévenu, ajoutant que cela devrait être possible dans le contexte d’une économie de marché dotée de mécanismes portant sur les prix.  Pour trouver une solution aux problèmes de l’énergie, il a recommandé de s’attaquer en premier lieu à la demande, notamment pour que la consommation soit plus efficace et moins source de gaspillage.  Il faut aussi agir sur l’offre pour qu’elle soit moins émettrice de gaz carbonique notamment.  Tout cela ne sera pas possible sans intégrer clairement la société civile et le secteur privé, a averti M. Topfer.  C’est notamment dans cette perspective que le PNUE a pris l’initiative pour le développement rural en Afrique.  M. Topfer a également souligné l’importance de l’action des organisations non gouvernementales, ainsi que du financement, de l’amélioration des systèmes réglementaires et du renforcement des mécanismes institutionnels.


M. DAVID ANDERSON, Président du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et Ministre de l'environnement du Canada, a exposé les résultats de la 21ème session ordinaire du Conseil, réunie conjointement avec le Forum ministériel mondial sur l'environnement, du 5 au 9 février dernier à Nairobi.  Il a indiqué que le Conseil d'administration a adopté 34 décisions, dont 5 sur les produits chimiques, abordant ainsi pour la première fois des questions telles que l'essence et le mercure.  M. Anderson a plus particulièrement mis l'accent sur la décision 21/21 portant sur la gouvernance internationale dans le domaine de l'environnement.  Cette décision, tout en reconnaissant le processus de réforme déjà engagé pour renforcer le PNUE, établit un groupe intergouvernemental de ministres ou de représentants ministériels, à composition non limitée dont le Directeur exécutif du PNUE est membre d'office.  Ce groupe a été chargé d'entreprendre une évaluation politique complète des faiblesses institutionnelles existantes et des besoins et solutions futurs pour renforcer la gouvernance internationale dans le domaine de l'environnement.  Le Groupe espère que ses travaux contribueront à la préparation du Sommet mondial sur le développement durable. 

M. Anderson a ensuite fait part de la tenue, hier mercredi 18 avril, de la première réunion du Groupe intergouvernemental ministériel à composition non limitée en marge de la Commission.  Les représentants de 90 Etats ont participé à la réunion et ont souligné la nécessité de renforcer la gouvernance internationale en matière d'environnement par une approche évolutive.  Les participants ont également estimé que les institutions et mécanismes mondiaux intéressés devraient mieux coordonner leur action.  Ils ont soutenu l'idée de la participation d'acteurs non gouvernementaux à ce processus.  Il a été suggéré que le Bureau du Conseil d'administration se réunisse avec celui de la dixième session de la Commission du développement durable afin de renforcer l'aspect de coordination. 


M. ZEPHIRIN DIABRE, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a particulièrement évoqué l’engagement du Programme en faveur de l’élimination de la pauvreté.  La détérioration de l’environnement a un impact néfaste direct sur les pauvres alors que, dans le même temps, ces personnes sont laissées à l’écart des fruits de la croissance mondiale.  Si l’on veut atteindre les objectifs du Sommet du millénaire, à savoir la réduction de la pauvreté absolue de moitié d’ici 2015, il est donc impératif d’inverser les tendances actuelles, a indiqué M. Diabré.  A cette fin, le PNUD s’attache à promouvoir l’intégration de l’environnement dans les politiques de lutte contre la pauvreté et une bonne gestion des sols dans les régions les plus pauvres, à réduire la vulnérabilité des pauvres aux changements climatiques, et à promouvoir leur accès aux énergies renouvelables.  Ce dernier point est absolument indispensable si l’on veut pousser en avant le développement dans tous les domaines, a insisté l’Administrateur associé, ajoutant que le manque d’accès à l’énergie freine le développement humain à plus d’un titre. 


En l’absence d’un organisme des Nations Unies spécifiquement dévoué à l’énergie, c’est le PNUD qui se charge de la question de l’énergie et du développement durable au sein du système.  Pour que son travail soit plus efficace encore, le PNUD plaide en faveur de l’adoption de nouveaux objectifs mondiaux qui permettraient d’atteindre les objectifs internationaux de développement.  L’un des éléments pivots de ces objectifs est de réduire de moitié la proportion de population n’ayant pas accès à une électricité et à des carburants propres et à prix abordable.  Pour ce faire, le PNUD concentre son action autour de trois domaines principaux : améliorer le rendement de l’énergie, développer l’utilisation des énergies renouvelables qui représentent seulement 2% de l’énergie actuellement consommée, et encourager la production d’énergies plus propres à partir des combustibles fossiles.  Dans cette lutte globale contre la pauvreté, les pays industrialisés doivent aussi montrer leur engagement ferme, a insisté l’Administrateur associé.

Débat général


M. BAGHER ASADI (République islamique d'Iran), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a salué l'excellent travail effectué par le Groupe d'experts ad hoc à participation non limitée sur l'énergie.  Notant que le texte élaboré par le Groupe en février dernier est très bien structuré, le Groupe des 77 et la Chine se disent  prêt à poursuivre les négociations sur cette base.  M. Asadi a estimé qu'il faut s'efforcer de finaliser les délibérations sur l'énergie au cours de la présente session de la CDD.


M. Asadi a estimé que les transports et la mobilité en général jouent un rôle positif sur le développement des sociétés.  Il a rappelé que l'urbanisation croissante pose un défi particulier aux pays en développement qui doivent assurer un développement des transports tout en protégeant l'environnement de façon efficace mais en disposant de moyens et ressources limités.  Avoir accès à des transports bon marché est très important pour vivre sainement.  Faire en sorte que les pauvres aient accès aux transports est un problème encore plus aigu car la mondialisation et le développement du commerce international, dont les bénéfices ne sont pas répartis équitablement, nécessitent des systèmes de transports fonctionnels et comprennent tous les modes de transports.  L'existence d'infrastructure de transports est également une nécessité pour attirer les investissements directs étrangers.  Mais la mise en place de tels systèmes dépend des domaines trop bien connus du développement des capacités, du transfert de technologies et de l'apport de ressources financières.  Il est également important de s'assurer que les technologies sont applicables selon la situation de chaque pays et de faire preuve de souplesse en adoptant des approches de développement des transports.  Des projets sur l'efficacité énergétique seraient l'une des manières de favoriser l'instauration d'un développement des transports durables dans les pays en développement. 


Le représentant a ensuite souligné les liens entre l'énergie, les transports et l'atmosphère, ainsi que l'impact direct de l'atmosphère sur l'économie et la société en général, en particulier dans le cadre de l'élimination de la pauvreté.  A cet égard, le Groupe des 77 et la Chine a souligné le rôle important que le transfert de technologies énergétiques durables (EST) adaptables aux conditions locales des pays peut jouer dans la réduction de la pollution atmosphérique.  A cet égard, il a souhaité une participation plus active et plus importante des experts et universitaires de tous les pays dans la préparation des rapports du IPCC.


M. KJELL LARSSON, Ministre de l’environnement de la Suède, prenant la parole au nom de l’Union européenne et de la Bulgarie, la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, ainsi que de Chypre et Malte, a estimé que la promotion du développement durable au niveau intergouvernemental continuera d’être essentielle dans les années à venir.  La présente session de la Commission est particulière en raison des cinq thèmes clefs qui figurent à son ordre du jour et de la proximité du Sommet mondial sur le développement durable en 2002.  De l’avis de l’Union européenne, l’atmosphère et les changements climatiques sont la question la plus pressante à laquelle il faut répondre.  C’est pourquoi, elle souhaite que la prochaine reprise des négociations sur les changements climatiques, prévue à Bonn en juin prochain, soit un succès.  Ces discussions doivent reposer sur le Protocole de Kyoto, a insisté le Ministre, ajoutant qu’il n’y a pas d’autres solutions et que l’on ne peut pas gaspiller ainsi le travail de plus de 10 années.

Poursuivant sur la création d’un environnement propice, M. Larsson a estimé que cette question sous-tend tous les aspects du développement durable et il a souligné l’importance de la coopération internationale à cet égard.  Dans ce contexte, il a engagé tous les bailleurs de fonds à respecter les engagements pris en matière d’aide publique au développement, en y consacrant 0,7% de leur PNB.  Se tournant ensuite vers la question de l’énergie, il a jugé essentiel que les pays développés comprennent qu’ils ont une importante responsabilité en matière de développement de systèmes énergétiques durables, étant donnée leur importante consommation d’énergie.  Le Ministre a reconnu que ce domaine comporte plusieurs questions sensibles, notamment pour ce qui est de l’énergie nucléaire.  C’est pourquoi, l’Union européenne propose que, s’agissant du nucléaire, les travaux finaux de la Commission se contentent de refléter la réalité, à savoir que tous les pays n’optent pas pour le nucléaire.  M. Larsson a ensuite expliqué que la combinaison de diverses sources d’énergies, avec une part plus importante donnée aux énergies renouvelables, pourrait être une solution aux problèmes.  Dans tous les cas, il faut améliorer le partenariat entre les secteurs public et privé dans ce domaine afin d’assurer notamment la diffusion des innovations.  Des progrès sont aussi possibles grâce à une amélioration de la gestion de l’énergie, a estimé le Ministre.  Les gouvernements devraient mettre en place un système plus large d’incitations destinées tant aux consommateurs qu’aux entreprises pour les encourager à prendre toute mesure permettant de réduire la pollution, et en particulier sur la base du principe pollueur/payeur.  L’énergie durable devrait aussi être intégrée à toutes les politiques de lutte contre la pauvreté.  A cet égard, les organisations multilatérales ont la responsabilité de s’abstenir d’investir dans des projets non durables, a affirmé M. Larsson. 


Les transports durables sont aussi l’une des clefs du développement durable, en ce qu’ils favorisent le développement économique et social et l’intégration des pays et groupes de personnes les plus marginalisés, a également expliqué le Ministre.  Le problème est qu’ils ont actuellement un impact négatif sur l’atmosphère et l’environnement.  Il faut donc développer des systèmes de transports respectueux des écosystèmes.  Cette question devrait être intégrée dans toutes les décisions nationales et internationales.  Un effort de coopération en faveur des pays en développement est aussi particulièrement nécessaire dans ce domaine.


Outre les changements climatiques, l’épuisement de la couche d’ozone et la pollution de l’air sont deux problèmes de grande importance pour l’Union européenne.  Celle-ci réaffirme son ferme attachement au Protocole de Montréal et estime que la pollution transfrontière devrait être traitée avec une attention particulière tant au niveau régional que mondial.  Quoiqu’on entreprenne, l’Union européenne rappelle que la participation de tous les intéressés et de tous ceux qui peuvent contribuer au développement durable est fondamentale.  Le Ministre a également insisté sur le fait que les pays développés doivent continuer d’aider les pays en développement pour le renforcement de leurs capacités techniques.  Il s’est réjoui des travaux de la Commission pour la mise en place d’indicateurs fiables du développement qui s’avèrent très utiles pour tous les pays.  M. Larsson a aussi mis l’accent sur l’importance de l’information du grand public et, à cet égard, il a déclaré que les médias ont un rôle fondamental à jouer et c’est pourquoi les pouvoirs publics devraient s’efforcer de coopérer également avec eux.


M. WILHELM MOLTERER, Ministre fédéral de l'agriculture, des forêts, de l'environnement et de la gestion des eaux de l'Autriche, a estimé que l'électrification des zones rurales est l'un des principaux défis dans le domaine de l'énergie.  Un accès sûr et à des prix abordables aux formes d'énergie moderne est une condition préalable du développement économique et de la lutte contre la pauvreté.  Que ce soit dans les pays industrialisés ou en développement, les zones rurales ont un potentiel en matière de production d'énergie dans des conditions acceptables pour l'environnement et le développement durables.  L'Autriche a pris des mesures favorables à une utilisation durable de l'énergie et 24% de sa consommation énergétique découle de sources renouvelables.  L'utilisation de la biomasse s'inscrit dans une longue tradition en Autriche et 10 % de l'énergie utilisée dans le secteur industriel en provient.  En outre, plus de 2 millions de mètres carrés de capteurs solaires ont été installés.  Le représentant a également évoqué les problèmes énergétiques spécifiques des zones montagneuses, dont les écosystèmes sont menacés par la pollution.  Il a ajouté que l'Autriche considère que l'énergie nucléaire n'est pas compatible avec le concept de développement durable, notamment du fait des incertitudes liées au traitement des déchets nucléaires. 


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a réaffirmé le rôle central de l’ONU dans la coopération internationale qui contribue au développement durable des pays.  Cette coopération doit répondre aux engagements des pays développés pris dans Action 21 et, en particulier, ceux concernant l’appui financier, le renforcement des capacités humaines et les transferts de technologies.  Le Groupe de Rio demande instamment aux organismes financiers internationaux de continuer d’appuyer efficacement les projets et les efforts des pays en développement visant le développement durable.  Le Groupe de Rio est tout particulièrement inquiet de l’augmentation du “trou dans la couche d’ozone” au-dessus de l’hémisphère sud et c’est pourquoi, il demande à la communauté internationale de renforcer les ressources pour faire respecter le Protocole de Montréal sur la consommation mondiale de chlorofluorocarbones (CFC).  M. Valdès a également recommandé que les études sur la variabilité climatique prennent en compte les aspects sociaux de ces changements.  Il a en outre insisté pour qu’un programme mondial sur la prévention et la réduction des effets des catastrophes naturelles soit élaboré. 


De l’avis du Groupe de Rio, le Protocole de Kyoto doit continuer de constituer la pierre angulaire de l’action internationale en matière de changements climatiques.  Ce faisant, il a prôné une réaction à la fois raisonnable et efficace en fonction des coûts de chacune des initiatives.  La réduction de la concentration de gaz à effet de serre et la mise en place d’un mécanisme de marchés encourageant la participation du secteur privé dans ces efforts sont, selon lui, deux aspects essentiels de l’aide aux pays en développement.  Enfin, sur ce point, Le Groupe de Rio espère que les Etats-Unis reverront leur position actuelle de ne pas participer à la mise en œuvre des engagements de Kyoto.


M. Valdès a également rappelé que, dernièrement à Santiago du Chili, les pays du Groupe de Rio se sont particulièrement inquiétés des dangers et des effets nocifs des transports maritimes de matières et substances dangereuses.  Ils estiment qu’il faut notamment renforcer les normes internationales en matière de transport des matières radioactives.  La communauté internationale devrait appliquer rapidement les mécanismes de sûreté à l’égard du transport de ce type de substances élaborés par l’AIEA. 

Poursuivant en sa capacité nationale, M. Valdès a expliqué que, de l’avis du Chili, les efforts de protection de l’environnement ne devraient pas servir de prétexte pour imposer des conditions aux pays en développement.  Ainsi, les mesures en faveur de l’environnement constituent trop souvent à l’heure actuelle des restrictions imposées par les pays industrialisés au commerce des pays en développement.


M. MILOS KUZVART (République tchèque) a rappelé que les réalisations actuelles en matière de développement durable dans son pays sont fondées sur le travail considérable de ses prédécesseurs, particulièrement au niveau de l’éducation qui en est la base.  Le succès de l’émancipation des femmes a notamment permis de réaliser des progrès considérables, a-t-il ajouté.  La stabilité démographique crée une atmosphère sociale favorable dans le pays et accroît la qualité de vie, notamment en matière d’environnement.  Le représentant a néanmoins précisé que le développement économique de la République tchèque s’est fait au prix de sacrifices et de travail importants de la part des citoyens.  Il a précisé les progrès substantiels accomplis dans son pays en ce qui concerne la réduction des émissions d’oxides sulfuriques, de poussière et d’oxides de nitrate, ainsi que l’élimination du plomb dans les carburants.  Il a relevé à ce propos l’utilité des indicateurs environnementaux qui permettent de prendre les bonnes décisions.  S’agissant des problèmes posés par le coût des mesures à prendre dans les domaines des transports et des autres activités humaines, il a souhaité voir une coopération étroite de la part de tous les pays.  L’option de la bicyclette a retenu son attention et il a souligné l’importance de mettre en place un réseau d’infrastructures pour ce moyen de transport qui, au demeurant, coûterait bien mois cher que les autoroutes.  M. Kuzvart a aussi abordé les questions relatives au développement scientifique, à l’information et à l’éducation, qui demandent du temps pour être traitées, a-t-il relevé.  Concluant, il a noté que l’éducation dépend de la motivation des citoyens à soutenir les efforts menés par leurs gouvernements en matière de développement durable.


M. ROBERT HILL, Ministre de l'environnement et du patrimoine de l'Australie, a souligné le progrès que représentent les nouvelles technologies en matière d'énergie et les possibilités qu'elles offrent pour protéger l'environnement.  Il a déclaré que les pays industrialisés ont d'ores et déjà mis en œuvre des programmes nationaux et engagé des réformes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mettre en place de nouveaux codes en matière de construction, ou encore de nouvelles normes pour les voitures et les carburants.  Le représentant a déclaré que l'Australie s'est fixée comme objectif de puiser 12% de son énergie dans les sources d'énergie renouvelables d'ici à 2010.  Les progrès sont peut-être lents mais s'ils sont complétés par des réformes nationales, ils seront plus efficaces, a-t-il fait remarquer. 


Le représentant a noté un contraste frappant entre les progrès réalisés ces dernières années et la paralysie qui semble affecter le monde en développement.  Le fait que deux milliards de personnes n'aient pas accès aux services énergétiques fondamentaux signifie que les dirigeants de la communauté internationale doivent partager la responsabilité de parvenir à un développement durable.


M. Hill a ensuite noté que s’il y a davantage de richesses dans le monde, leur répartition est inéquitable et les gouvernements n'ont pas d'influence sur cette réalité.  La question est donc de trouver comment engager le secteur privé à faire en sorte que les capitaux du marché soient mieux utilisés en faveur des pauvres.  Les possibilités techniques existantes devraient également nous donner les moyens de développer notre économie sans toutefois constituer une menace pour l'environnement.  Alors que nous nous dirigeons vers la « CDD10 » et le Sommet du développement durable en Afrique du Sud, le défi est de renforcer les espoirs de promouvoir une croissance n'entraînant pas de dégradations des sols et des eaux et de promouvoir un développement durable, a conclu le représentant. 


MME SATU HASSI, Ministre de la coopération pour l'environnement et le développement de la Finlande, notant que les deux thèmes à l'ordre du jour de cette session, l'énergie et les transports, sont à l'origine du changement climatique, a affirmé que le Protocole de Kyoto est une étape importante du long processus engagé pour répondre au phénomène.  Nous devons poursuivre le processus de Kyoto, a-t-elle ajouté, précisant que la Finlande a atteint cette année l'objectif fixé par la Convention sur les changements climatiques en ce qui concerne la réduction de ses émissions.  Elle a indiqué qu’il est faux de croire que les politiques environnementales ambitieuses affaiblissent la compétitivité des pays et des affaires, alors que cela favorise les innovations et le développement technologique.  Au sujet de l’énergie, elle a expliqué que son pays a libéralisé les marchés d’électricité, ce qui a entraîné une chute du prix de l’électricité, mais qu’une taxe sur l’énergie et le dioxyde de carbone a été mise en place.  Les émissions de dioxyde de carbone sont donc ainsi contrôlées et les économies d’énergie sont encouragées.


En ce qui concerne les pays en développement, Mme Hassi a considéré que les investissements étrangers devaient soutenir les projets relatifs à l’énergie, notamment l’énergie solaire.  Elle s’est ensuite prononcée en faveur de la promotion des transports publics, de la bicyclette et de la marche à pied, qui doivent recevoir une attention prioritaire dans la planification urbaine.  Elle a cité les effets positifs de ces moyens de transport, tant pour l’amélioration de la qualité de l’environnement que pour la santé des personnes.  Quant au transport aérien, a-t-elle noté, il faut considérer sérieusement les impôts sur le carburant et prendre d’autres mesures pour améliorer l’atmosphère mondiale.  Enfin, elle s’est dite particulièrement intéressée par la création d’indicateurs du développement durable et a renouvelé l’engagement de son pays dans la préparation du Sommet de Johannesburg.


M. JOE JACOD, Ministre délégué auprès du Département de l'entreprise publique d'Irlande, a déclaré que son pays estime qu'une politique en matière d'énergie durable doit viser notamment à assurer la sécurité de l'approvisionnement en énergie, à maximiser l'efficacité de la production d'énergie en renforçant l'utilisation d'énergies renouvelables, à promouvoir, chez tous les utilisateurs, la culture de la conservation de l'énergie, à minimiser les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, et à s'abstenir d'utiliser les sources d'énergies pour lesquelles subsistent des doutes en matière de sécurité et de gestion des déchets.  Le "Livre vert" sur l'énergie durable de l'Irlande esquisse un cadre pour la politique énergétique pour les années à venir prenant en considération la croissance économique et les objectifs en matière de sécurité de l'approvisionnement.  Il n'y a aucune raison que les politiques de développement durable soient en contradiction avec la croissance économique, a-t-il déclaré. 

Il s'est félicité de l'importance accordée aux sources d'énergie renouvelable dans le texte de la "CDD 9".  A cet égard, il a indiqué que l'intention du Gouvernement irlandais est que 12% des besoins en électricité soient couverts par les énergies renouvelables d'ici 2005.  Il a par ailleurs rappelé que l'Irlande est de l'avis que l'énergie nucléaire est incompatible avec les objectifs de développement durable principalement en raison des risques qu'elle représente en termes de sécurité, de transport, de carburant dépensé,  de déchets, de prolifération et du coût de l'abandon.  Le retraitement des matières nucléaires est également une source de préoccupations et n'est ni nécessaire ni rentable.  Alors que de grands pays développés sont en train de supprimer progressivement leurs installations nucléaires, il est impératif que ne soient pas inclues dans les transferts de technologies aux pays en développement les erreurs passées des autres pays.  L'Irlande considère que les pays devraient stimuler la conservation d'énergie dans l'ensemble de leur économie et inclure des mesures d'efficacité énergétique dans leur politique nationale de développement. 


L'aménagement intégré du territoire et la planification en matière d'infrastructures est un élément clef pour élaborer rapidement des schémas durables dans le domaine des transports.  A cet égard, l'Irlande encourage le développement de mécanismes régionaux de coopération, notamment en vue de renforcer les capacités et le développement des institutions et des ressources humaines et de partager le bénéfice de ce processus.  Les partenariats secteur public/ secteur privé, l'évaluation de l'impact sur l'environnement, l'application du principe pollueur payeur et l'internalisation de tous les coûts externes dans le prix du marché sont des instruments essentiels pour promouvoir la durabilité des transports.  En matière de protection de l'atmosphère, il est clair que les initiatives nationales doivent se voir renforcer par la coopération aux plans régional et international.  L'Irlande lance un appel aux instances internationales et aux gouvernements pour qu'ils continuent à œuvrer en ce sens.  Compte tenu du lien entre pauvreté et pollution atmosphérique du fait de l'incapacité à acquérir les technologies ou carburants nécessaires, il est important de prendre des mesures pour améliorer l'assistance aux pays en développement dans le domaine de la capacité à prévenir et à combattre la pollution et l'utilisation de technologies et de carburants plus propres. 


Pour parer au fossé numérique qui accompagne la mondialisation et le développement de nouvelles technologies de communication, il est nécessaire de faire en sorte que les développements technologiques récents bénéficient également aux plus pauvres du monde.  A cet égard, l'Irlande soutient les efforts des Nations Unies visant à améliorer la participation du public et l'accès à l'information.  En ce qui concerne les indicateurs de développement durable, il est important qu'ils reflètent la situation spécifique des pays et ne soient pas considérés comme une grille de lecture mondiale pour prendre des décisions, en particulier pour ce qui est de l'allocation de fonds aux pays en développement.  L'épanouissement de l'environnement doit se fonder sur un cadre macroéconomique solide et sur les principes de la bonne gouvernance.  Pour que le développement du commerce international et des investissements et le développement de partenariats entre des acteurs étatiques et non étatiques contribuent au développement durable, les gouvernements et les donateurs doivent mener des politiques environnementales et sociales solides et intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans leur politique économique. 


Une attention plus importante devrait être accordée au besoin d'engagements supplémentaires et également d'aide publique étrangère et d'investissements directs étrangers en faveur d'initiatives en matière de développement durable.  L'Irlande est convaincue que le succès du Sommet mondial sur le développement durable dépend de sa préparation et du degré d'engagements des parties concernées.  A cet égard, elle estime que la Conférence de haut niveau sur le financement du développement est essentielle pour préparer le Sommet, notamment en ce qui concerne les moyens de mobiliser et d'utiliser les diverses sources de financement, publiques et privées, dans le but d'atteindre les objectifs de développement.  Enfin, il est important que le processus préparatoire de la troisième Conférence sur les pays les moins avancés et d'autres événements internationaux se complètent entre eux.


M. T. BAALU, Ministre de l’environnement et des forêts de l’Inde, a relevé le contraste choquant entre le manque d’accès à l’énergie dans les pays en développement et la surconsommation dans les pays développés. Les pays développés doivent honorer les engagements pris à Rio et réaffirmés par la suite et fournir aux pays en développement des ressources financières adéquates, stables et prévisibles ainsi qu’y transférer des technologies écologiquement propres.  Le représentant a estimé que les nations doivent décider elles-mêmes de leur politique en matière d’énergie et qu’un débat international sur les sources d’énergie n’est pas nécessaire, tant que l’utilisation de celles-ci peut être contrôlée.  Selon lui, il ne faut pas concentrer la discussion sur l’électricité, car de nombreuses populations rurales des pays en développement utilisent des sources non commerciales d’énergie telle la biomasse.  L’utilisation des énergies renouvelables requiert des investissements dans les technologies ainsi que des mécanismes financiers innovateurs, a poursuivi le Ministre qui a exhorté les pays développés à soutenir les programmes de transfert de technologies en faveur des pays en développement.  Nous avons besoin de technologies qui permettent une utilisation plus efficace de l’énergie, mais il faut aussi en supporter le coût d’adaptation et de développement, a-t-il remarqué. 


Le Ministre a insisté sur l’importance de bons réseaux routiers.  Il a mentionné dans ce domaine le programme ambitieux et coûteux mené par l’Inde qui nécessite une aide financière internationale.  Son pays a également adopté des normes de qualité pour les carburants, a-t-il expliqué.  Enfin, il s’est dit déterminé à lutter pour une meilleure qualité de vie de la population.  Le soutien de la communauté internationale est vivement souhaité, sur la base de partenariats tels que prévus par la Conférence de Rio et fondé sur le principe d’une responsabilité commune.


M. FRANCISCO SZEKELY, Vice-Ministre pour la planification et la politique en matière d'environnement du Mexique, a déclaré que l'environnement est désormais une priorité nationale pour son pays pour qui les défis principaux sont l'eau, la conservation de la forêt et l'élimination de la pauvreté.  Plus de 10% de la population  mexicaine n'ont pas accès à l'eau potable et la forêt tropicale s'est appauvrie de 30% ces 20 dernières années.  Le nouveau Gouvernement du Mexique est conscient que la gestion durable des ressources naturelles est une condition nécessaire pour surmonter la pauvreté et consolider la paix.  Egalement conscient du lien entre les problèmes environnementaux et les mouvements migratoires, il a mis en place des programmes de réduction des mouvements migratoires en renversant les processus de dégradation de l'environnement afin de préserver les ressources humaines en offrant à la population des possibilités de développement dans leurs propres communautés.


La position du Mexique en matière de changements climatiques peut être résumée par son engagement à l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, a affirmé M. Szekely en ajoutant que son pays souscrit au principe de la responsabilité partagée mais différenciée en matière de problèmes environnementaux.  A cet égard, il a appelé les Etats-Unis à reconsidérer sa position concernant le Protocole de Kyoto et à s’acquitter de ses responsabilités internationales.  Dans la perspective du Sommet mondial qui se tiendra à Johannesburg, le Mexique estime que la communauté internationale doit agir en ayant à l'esprit un sens de l'urgence et que pendant le processus préparatoire, elle devrait avoir pour objectif l'élaboration d'un agenda intégré qui prenne en compte des réalités nationales et évite de répéter l'erreur qui consiste à diviser artificiellement l'environnement en compartiments clos.  Le Mexique considère en outre que l'accord sur le commerce, le développement et son financement qui sera conclu lors de la Conférence sur le financement du développement apportera une contribution essentielle au Sommet sur le développement durable.  Pour ce qui est des nouveaux objectifs en matière de traitement des questions environnementales lors du Sommet de Johannesburg, le Mexique propose de donner plein pouvoir aux forces sociales pour participer aux décisions dans ce domaine, d'intégrer les considérations environnementales dans l’adoption  de politiques économiques, d'exprimer la nécessaire volonté politique pour s'attaquer aux problèmes de la pauvreté et de la dégradation de l'environnement et de ne pas revenir sur des engagements pris et acceptés dans le Protocole de Kyoto.


M. SVEND AUKEN, Ministre de l’environnement et de l’énergie du Danemark, a fait observer que l’ordre du jour de la présente session constitue un véritable défi pour tous.  En effet, la production et la consommation d’énergie de la planète sont au cœur de l’avenir de toute la civilisation humaine.  L’un des thèmes qui semble revenir dans toutes les discussions de la Commission est la question de savoir ce qu’est le développement durable.  L’énergie constitue l’exemple parfait en ce qu’elle est à la fois la source d’importants dommages à l’environnement et l’une des clefs de l’élimination de la pauvreté et de la croissance économique.  L’expérience au Danemark montre qu’il n’est qu’une seule manière de résoudre à ce paradoxe.  Il faut simultanément consommer l’énergie de manière plus efficace, protéger l’environnement et développer les énergies renouvelables.  L’application de ce principe a ainsi permis au Danemark de connaître une augmentation de 70% de son activité économique sans augmenter sa consommation d’énergie, a expliqué le Ministre.  Il a indiqué qu’à l’heure actuelle, 20% de l’électricité danoise est produite à partir de sources d’énergie renouvelables et que la proportion sera d’un tiers en 2005.  Dans le même temps, des milliers d’emplois ont été créés dans le milieu de l’énergie renouvelable.  Aujourd’hui 50% des exportations totale d’énergie éolienne proviennent du Danemark.  Soutenir la croissance économique et le développement tout en protégeant l’environnement est donc possible. 


En revanche, le Ministre a affirmé que l’énergie nucléaire n’est pas une solution durable.  D’ailleurs si l’on regarde ce qui se passe au sein des pays industrialisés dans ce domaine, on constate que soit ils revoient leur programme nucléaire à la baisse, soit il n’ont tout simplement jamais recouru à cette option.  M. Auken a mis en garde les pays en développement contre ceux qui les encouragent à développer l’énergie nucléaire.  Selon lui, la vérité est que les pays industrialisés veulent ainsi tout simplement leur vendre une technologie dont ils ne veulent plus eux-mêmes et pour des raisons non seulement de coût mais de problèmes à ce jour insolvables en matière de gestion des déchets radioactifs.  Se tournant ensuite vers la question des préparatifs du Sommet mondial sur le développement durable, prévu en 2002, M. Auken a enjoint les pays à rechercher un compromis global qui permettrait d’aboutir à des résultats concrets.  Il a mis en garde contre toute attitude trop ambitieuse et compte tenu de l’urgence de la situation a affirmé qu’il était plus que temps, à cette occasion de commencer véritablement à appliquer les engagements de Rio. 


M. JOHN PRESCOTT, Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni, se ralliant à la déclaration faite par le représentant de la Suède au nom de l'Union européenne, a estimé qu'il faut parvenir à un consensus là où les problèmes globaux requièrent des solutions globales.  Les transports sont un bon exemple du fait que le développement durable requiert une nouvelle vision de gouvernement global.  Une telle vision est vitale pour l'économie, un environnement durable et la justice sociale.  Les transports sont liés à l'utilisation de l'énergie, la pollution atmosphérique, l'urbanisation et les politiques de planification de l'espace.  Comme de nombreux pays développés, a poursuivi M. Prescott, nous avons fait l'erreur de réduire fortement nos investissements dans le secteur des transports publics et de nous diriger vers une économie de l'automobile.  Cette décision nous coûte à présent 180 milliards de livres par an car un plan décennal a du être mis en place dans le domaine des transports pour lutter contre la congestion et donner un choix au public des voyageurs.  Ce plan vise une intégration et le développement de nouvelles formes de financement des transports à travers des partenariats entre les secteurs publics et privés.  Les villes de New Delhi, Beijing et Johannesburg rencontrent les mêmes problèmes et nous travaillons avec elles pour qu'elles ne tombent pas dans les mêmes travers, a ajouté le représentant. 


M. Prescott a ajouté que ces exemples démontrent que des systèmes de transport durables requièrent une action nationale efficace.  Mais, comme cela avait été reconnu à Rio, le développement durable réclame aussi des solutions mondiales aux problèmes mondiaux, a-t-il souligné.  L'année prochaine, l'ordre du jour du Sommet mondial sur le développement durable doit reconnaître que le développement durable concerne autant la croissance économique et la justice sociale que l'environnement.  Nous devons nous attaquer aux liens entre la pauvreté, l'environnement et la santé. 


Le monde attend aussi de nous une action contre le changement climatique, qui représente la plus grave menace pesant sur l'environnement.  Le Protocole de Kyoto a représenté une étape importante dans la création d'un cadre d'action face aux changements climatique, après 9 ans de négociations entamées suite à Rio.  Il part de principes solides qui sont un message scientifique clair et accepté de tous, qu'un problème mondial réclame une solution mondiale; que les pays en développement doivent ouvrir la voie et reconnaître les exigences légitimes des pays en développement en matière d'industrialisation; qu'il est nécessaire d'établir un cadre d'objectifs et un calendrier visant une intégrité de l'environnement à travers la réduction des gaz à effet de serre; et qu'il faut un mécanisme flexible permettant de respecter nos engagements de la manière la plus rentable.  Nous devons à présent nous mettre d'accord sur les règles de ces mécanismes. 


M. Prescott s'est dit déçu qu'il n'y ait pas eu d'accord à La Haye et a regretté que depuis cette réunion, les choses se soient compliquées davantage.  Nous devons redoubler d'efforts pour faire des progrès lors de la réunion de Bonn qui se tiendra au mois de juillet, a insisté M. Prescott.  Il a souligné que La Haye a démontré que de nombreux pays étaient en désaccord avec plusieurs parties du Protocole de Kyoto et ses mécanismes de recours mais le plus important est à présent de parvenir à un consensus pour que toutes les nations puissent aller de l'avant. 


M. CHERIF RAHMANI, Ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement de l’Algérie, a estimé que les asymétries en matière de production et de consommation d’énergie devaient être corrigées par un accès équitable à ces dernières, notamment dans les milieux ruraux afin de lutter contre la pauvreté et de favoriser le développement économique. Il a souligné l’importance de l’électrification rurale et du développement des énergies renouvelables. 

M. Rahmani a, par ailleurs, souligné le problème d’approvisionnement énergétique et a regretté que la volatilité du prix du pétrole ait obligé certains pays à recourir aux marchés financiers pour répondre aux besoins des populations.  En outre, il a rappelé l’importance des soutiens techniques et des investissements étrangers vers les pays en développement afin de soutenir ces derniers dans le domaine du développement.


Le Ministre a ensuite rappelé l’engagement de l’Algérie dans les domaines de l’utilisation des énergies fossiles les moins polluantes, la réduction de 50% des quantités de gaz brûlé, la généralisation de l’usage de l’électricité et la promotion de l’environnement.  L’Algérie en a outre développé des initiatives dans le domaine du développement de l’énergie hydroélectrique, solaire et éolienne ainsi que dans le domaine de la recherche.  Elle a aussi mis en œuvre des mesures permettant le développement de l’électrification rurale, de l’utilisation du gaz naturel ainsi que l’utilisation du gaz de pétrole liquéfié (GPL) et de l’essence sans plomb.  M. Rahmani a enfin rappelé le souci de l’Algérie de travailler en collaboration avec les secteurs privés étrangers.


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