LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL CONCLUT SON DÉBAT SUR LA COOPÉRATION RÉGIONALE
Communiqué de presse ECOSOC/G/5975 |
LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL CONCLUT SON DÉBAT SUR LA COOPÉRATION RÉGIONALE
Il est saisi du rapport du Secrétaire général sur la coopération régionale
Genève, 20 juillet -- Le Conseil économique et social a poursuivi, cet après-midi, son débat sur la coopération régionale en entendant les déclarations d'une dizaine de délégations. Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, M. José Antonio Ocampo, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la coopération régionale en soulignant que les Commissions régionales de l'ONU ont pour objet de faire en sorte que les processus régionaux et mondiaux soient complémentaires. Elles apportent une perspective régionale aux grandes questions d'intérêt planétaire, comme en témoignent leurs contributions à des débats mondiaux tels que celui sur la mondialisation et les technologies de l'information et de la communication.
Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: République islamique d'Iran (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Belgique (au nom de l'Union européenne), Bahreïn, Bélarus, Roumanie, Chine, Fédération de Russie, États-Unis et Nigéria. Un représentant de la Confédération internationale des syndicats libres a également pris la parole. Plusieurs intervenants ont souligné que l'approche régionale constitue l'un des moyens les plus efficaces de relever nombre de défis qui se posent à l'échelle mondiale. D'une manière générale, les approches régionales sont souvent le meilleur remède à une «mondialisation sans nuances», a-t-il été estimé.
Le Conseil poursuivra, lundi matin, à 10 heures, son débat général.
Présentation du rapport du Secrétaire général sur la coopération régionale
Présentant le rapport du Secrétaire général sur la coopération régionale dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes, M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, a souligné - en tant que Coordonnateur des Commissions régionales de l'ONU - que ce rapport met en exergue les différents travaux menés par les cinq commissions régionales durant la période à l'examen. Les Commissions ont pour objet de faire en sorte que les processus régionaux et mondiaux soient complémentaires, a précisé M. Ocampo. Elles apportent une perspective régionale aux grandes questions d'intérêt planétaire, comme en témoignent leurs contributions à des débats mondiaux tels que celui sur la mondialisation et les technologies de l'information et de la communication.
Les réunions annuelles de coordination organisées par les Commissions, conformément aux directives du Conseil, permettent de regrouper les organisations et institutions du système des Nations Unies et devraient permettre d'accroître la coopération existante avec les fonds et programmes et avec les institutions de Bretton Woods. Ces réunions permettent de passer en revue les principales priorités régionales et de coordonner la réponse du système des Nations Unies. Les Commissions régionales ont contribué et continueront de contribuer, à maints égards, aux efforts d'établissement de la paix avant et après-conflit.
Le rapport du Secrétaire général (E/2001/18/Add.1 à Add.3 et Corr.1) contient les résolutions et décisions adoptées lors des sessions les plus récentes des Commissions régionales au premier semestre de 2001, au cours duquel quatre commissions régionales (toutes sauf la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes) ont tenu leur session ordinaire. Un rectificatif à l'additif 3 de ce rapport (à paraître) contient un projet de résolution appelant une décision du Conseil: ce projet sera examiné par le Conseil dès que le texte en sera disponible.
Le rapport du Secrétaire général rappelle en outre que les Commissions régionales continuent de resserrer leur coopération avec les organismes régionaux compétents de leurs régions respectives. À cet égard, les réunions préparatoires régionales sur le financement du développement que les cinq commissions ont organisées durant le second semestre de 2000 témoignent largement de l'étroitesse de cette coopération, souligne le rapport. Le rapport passe également en revue la suite donnée par les Commissions régionales aux directives du Conseil concernant les activités de suivi des conférences mondiales et autres événements majeurs ayant eu lieu au cours de la période qui s'est écoulée entre les sessions de fond du Conseil de 2000 et de 2001.
DébatM. NASROLLAH KAMYAB (République islamique d'Iran, au nom du Groupe des 77) a déclaré que, à l'heure de la mondialisation, les Commissions régionales avaient un rôle fondamental à jouer dans le secteur économique et social. Un grand nombre d'interprétations ont été faites quant aux opportunités et aux bénéfices de ce processus. Mais il est clair que la mondialisation a creusé le fossé entre les riches et les pauvres. Le représentant iranien a déclaré que les Commissions pourraient participer aux débats sur la coopération inter-régionale dans le contexte de mondialisation pour permettre de réduire ce fossé entre riches et
pauvres. Seules quelques sous-régions dans le monde en développement ont connu la croissance avec la venue de la mondialisation. La plupart des pays en développement ont été marginalisés et le nombre des pays les moins avancés a augmenté. La pauvreté a été institutionnalisée dans ces pays. Les Commissions régionales pourraient aider le système à aider les pays en développement à tirer parti de la mondialisation.
Le représentant a estimé que le suivi des conférences devait être assuré dans le contexte des priorités régionales et que les activités des Commissions devaient avoir pour objectif de permettre aux pays de la région d'atteindre leurs priorités. Une meilleure coopération entre le système des Nations Unies et les Commissions pourrait contribuer à une meilleure compréhension des priorités régionales ainsi qu'à une meilleure coordination entre les institutions au niveau régional.
M. JEAN-PAUL CHARLIER (Belgique), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a rappelé que les grandes conférences des Nations Unies ont clairement démontré l'utilité, voire la nécessité de la coopération régionale. L'Union européenne espère que les processus régionaux de préparation du Sommet mondial du développement durable à Johannesburg feront l'objet de briefings réguliers à New York en vue de nourrir la dynamique des préparatifs et de permettre à chaque groupe de présenter les résultats de son processus régional à ses partenaires. L'Union européenne estime qu'une pleine prise en compte des processus régionaux devrait permettre d'aboutir à un consensus plus riche et plus nuancé au niveau mondial, a insisté M. Charlier. Avec un calendrier bien établi et bien équilibré entre les niveaux régional et global, nous pourrions arriver à la fois à garder l'élan des conférences et à alléger la charge de travail au niveau global, a-t-il ajouté.
Il faudrait que le travail considérable d'analyse et de recherche effectué par les Commissions régionales soit pleinement exploité dans les programmes des Nations Unies au niveau national et puisse servir à renforcer les analyses au niveau des pays réalisées par le coordonnateur résident. M. Charlier a dit son impression que les Commissions économiques régionales sont un réservoir de talent et d'expertise trop souvent sous-utilisé. Il a souligné que, d'une manière générale, les approches régionales sont souvent le meilleur remède à une mondialisation sans nuances. De plus, le niveau régional est le niveau par excellence pour la coopération Sud-Sud.
M. KHALID AL-KHALIFA (Bahreïn) a félicité la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) pour les activités qu'elle mène en faveur de la coopération régionale. La Commission joue un rôle déterminant dans le renforcement de la coopération entre les États membres dans un grand nombre de domaines telles que l'énergie, la science, les infrastructures, le transport et le développement régional.
Bahreïn se félicite des efforts de la CESAO s'agissant de l'intégration régionale, de l'étude des mécanismes et de la révision de la structure de l'organisation. En conclusion M. Al-Khalifa a souligné que Bahreïn soutenait les activités de la CESAO en matière de promotion de la coopération régionale et espérait que la commission entreprendrait d'autres actions pour le bénéfice de nombreux pays de la région.
M. VLADIMIR MALEVICH (Bélarus) a déclaré que l'approche régionale est l'un des moyens les plus efficaces de résoudre un certain nombre de questions, notamment en matière de gestion de l'eau et des infrastructures routières, notamment, mais aussi en ce qui concerne la paix et la sécurité. Il convient de se réjouir des mesures prises par la CEE-ONU pour assurer la mise en œuvre des décisions prises lors du Sommet du Millénaire, a-t-il ajouté. Le représentant bélarussien a par ailleurs déploré que l'élargissement du mandat de la CEE-ONU ne s'est pas accompagné de la mise à disposition des ressources nécessaires. C'est pourquoi le Bélarus est favorable à la suggestion visant à créant un fonds spécial destiné à aider les pays en transition à résoudre leurs problèmes les plus aigus.
M. PETRU DUMITRIU (Roumanie) a fait valoir que la mondialisation remettait en question les structures totalitaires. La coopération régionale, pour sa part, peut être à la fois un moteur et une conséquence de la mondialisation. Dans l'exercice de la régionalisation, on trouve les avantages de la mondialisation tout en diminuant ses risques. À cet égard, la mondialisation et la régionalisation doivent se réaliser d'une manière compatible. M. Dumitriu a indiqué que la Roumanie participe pleinement à toutes les formes de coopération régionale et estime que son adhésion à l'Union européenne serait une occasion pour le pays de terminer sa transition d'une société centralisée vers une société ouverte fondée sur les valeurs de la démocratie et de la liberté économique. La Roumanie participe à d'autres projets de coopération régionale tels que l'Organisation de coopération économique de la Mer Noire et la Conférence consultative régionale sur le trafic illégal d'êtres humains et l'immigration illégale.
M. WU ZHENENG (Chine) a salué le travail remarquable effectué par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) l'an dernier. Depuis plusieurs années, la lutte contre la pauvreté figure à l'ordre du jour des réunions annuelles de la CESAP, a-t-il rappelé. Il a par ailleurs souligné que le développement économique et la croissance se sont renforcés dans la région et que les échanges interrégionaux s'y sont accrus au point d'atteindre le même niveau qu'avant la crise financière. La région est en outre parvenue à attirer de nombreux capitaux, a-t-il fait observer. Il n'en demeure pas moins qu'elle continue d'être confrontée à un certain nombre de problèmes, en particulier celui de la pauvreté, de sorte que la région nécessite encore l'assistance des Nations Unies et de la communauté internationale. De plus, les progrès enregistrés en matière d'atténuation de la pauvreté ne concernent que certaines parties de la région. D'après les statistiques, plus de sept millions de personnes dans la région seraient séropositives ou atteintes du sida, a par ailleurs rappelé le représentant chinois. Afin d'enrayer cette épidémie, le Conseil économique et social et d'autres institutions spécialisées devraient se concentrer sur les activités de prévention et de traitement de la maladie.
M. NICOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a déclaré que les Commissions régionales contribuaient à améliorer les conditions économiques régionales dans la perspective d'une économie globale. Elles doivent, par ailleurs, jouer le rôle de chef de file des autres organismes régionaux des Nations Unies. La Russie est favorable à une coopération avec les Nations Unies dans les domaines de l'accès au financement du développement et l'accès aux nouvelles technologies. La coopération avec les organisations qui ne font pas partie des Nations Unies revêt une importance particulière pour la Russie. Ce type de coopération devrait viser la recherche de solutions au développement en optant pour une division du travail
optimale. La Russie apprécie le travail de la Commission économique pour l'Europe et de la Commission pour l'Asie et le Pacifique en faveur des pays en transition. Ces pays sont soutenus dans leurs efforts de réforme et d'intégration. En ce qui concerne les possibilités financières, la Russie souhaiterait que la CEE-ONU bénéficie de davantage de ressources.
M. DOUGLAS GRIFFITHS (États-Unis) a estimé que les Commissions régionales de l'ONU peuvent aider les États Membres à tirer davantage profit du processus de mondialisation. La croissance économique résultant de la mondialisation a permis de faire chuter la pauvreté dans de nombreux pays en développement, a-t-il affirmé. Il s'est réjoui que les Commissions régionales soient parvenues à améliorer leur utilisation des technologies de l'information, ce qui leur a permis de produire des publications à moindre coût et de les diffuser auprès d'une plus large audience, sans parler des gains enregistrés en matière d'efficacité du recrutement du personnel. Les États-Unis encouragent toutefois les Commissions régionales à poursuivre leurs réformes, en particulier du point de vue de la définition de leurs priorités, ce qui devrait entraîner l'abandon de certaines activités.
M. OLESEGUN AKINSANYA (Nigéria) a déclaré que la coopération régionale fournissait un outil efficace pour favoriser le développement régional. Le Nigéria souhaite que le dialogue Nord-Sud qui a été instauré dans les années 70 soit maintenu et pense que la question des capitaux privés doit être stimulée par les actions des différents marchés de capitaux dans les sous-régions. M. Akinsanya a rappelé que l'un des impacts de la mondialisation avait été de rendre floues les frontières existantes et avait permis l'ouverture des possibilités d'investissements avec des taux de croissance élevés. Cela s'est malheureusement fait de manière inégale et les Commissions pourraient pallier à ces disparités en offrant aux pays en développement d'entrer dans l'économie mondiale en y intégrant leurs ressources propres. Le Nigéria observe que la Commission économique pour l'Afrique a enregistré un certain succès en Afrique occidentale et souhaite que les efforts soient poursuivis. Les économies des pays de la sous-région ont été libéralisées et ont fait des efforts pour ouvrir leurs marchés en favorisant les conditions d'investissements et en baissant les droits de douane.
Mme M.T. BELLAMY (Confédération internationale des syndicats libres, CISL) a rappelé que la CISL compte 156 millions d'adhérents à travers le monde. Elle a souligné que si la mondialisation offre de nombreux bénéfices potentiels aux économies nationales et régionales, elle amène aussi à accroître la concurrence et la mobilité des investissements. Or, les particularités régionales peuvent constituer un important potentiel de développement, a-t-elle fait valoir. En effet, l'emploi et la stabilité sociale sont les facteurs prédominants qui déterminent le bien-être socioéconomique, de sorte que les régions devraient s'efforcer de promouvoir des stratégies efficaces de développement local visant la croissance des économies et une augmentation des emplois. La stabilité sociale d'une région passe par le respect des droits humains et des libertés fondamentales, des droits du travail et du maintien du service public pour les services essentiels que sont l'éducation, la sécurité, la santé et la sécurité sociale, a rappelé la représentante de la CISL.
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