ECOSOC/G/5968

ECOSOC: DES DIGNITAIRES ET REPRÉSENTANTS DE VINGT ET UN PAYS INTERVIENNENT SUR LE RÔLE DE l'ONU DANS L'APPUI AU DÉVELOPPEMENT DES PAYS AFRICAINS

17/07/2001
Communiqué de presse
ECOSOC/G/5968


ECOSOC: DES DIGNITAIRES ET REPRÉSENTANTS DE VINGT ET UN PAYS INTERVIENNENT SUR LE RÔLE DE l'ONU DANS L'APPUI AU DÉVELOPPEMENT DES PAYS AFRICAINS


Les participants saluent la Nouvelle initiative africaine lancée

récemment par les dirigeants africains et la création de l'Union africaine


Genève, 17 juillet -- Le Conseil économique et social a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau sur le rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable.  Il a dans ce cadre entendu les déclarations de ministres, secrétaires d'État et autres dignitaires et représentants de vingt et un pays.


La plupart des intervenants ont mis l'accent sur les entraves au développement de l'Afrique que sont les conflits et les épidémies qui frappent le continent.  Plusieurs orateurs ont apporté leur soutien à la Nouvelle initiative africaine lancée par les dirigeants africains lors du sommet de l'Organisation de l'unité africaine qui s'est tenue à Lusaka la semaine dernière.  L'accent a également été mis sur la responsabilité qui incombait aux pays africains de mettre en œuvre des politiques de développement et le rôle de coordonnateur que pouvaient jouer les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble dans ce domaine.  Certains ont souligné à cet égard qu'il était nécessaire d'enrayer la baisse de l'aide publique au développement.


Ont pris la parole: la Ministre danoise de la coopération pour le développement; le Ministre ghanéen du plan et de la coopération régionale (au nom du Groupe des États africains); le Ministre burundais de la planification, du développement et de la reconstruction; le Secrétaire d'État canadien pour l'Amérique et l'Afrique; le Secrétaire d'État tunisien chargé des questions maghrébines et africaines; la Secrétaire d'État suédoise à la coopération pour le développement, aux migrations et à la politique d'asile; la Ministre déléguée chargée du développement économique du Burkina Faso; le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie; le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque; le Vice-Ministre italien des affaires étrangères; la Vice-Ministre des affaires étrangères de du Mozambique et le Secrétaire permanent du Ministère tanzanien des affaires étrangères et de la coopération internationale.


Les représentants permanents des États-Unis, du Japon, du Costa Rica, du Brésil, de la Chine, du Pérou, du Bangladesh, du Venezuela et du Botswana ont également pris la parole, ainsi que le Président du Fonds international de développement agricole, M. Lennart Bage.


Le Conseil économique et social poursuivra, demain matin à 10 heures, son débat de haut niveau.  Il doit adopter, dans l'après-midi, une déclaration ministérielle sur les résultats du débat.


Débat de haut niveau consacré au développement durable des pays africains et le rôle des Nations Unies


M. DAVID KILGOUR, Secrétaire d'État canadien pour l'Amérique latine et l'Afrique, a relevé que le Secrétaire général des Nations Unies a été très clair, hier, sur ce que le système des Nations Unies peut faire pour aider l'Afrique.  Aussi, étant donné que notre destin collectif est lié à celui de l'Afrique, avons-nous la responsabilité de veiller à ce que ce système fonctionne efficacement et de manière cohérente.  Le succès des Nations Unies à cet égard reste lié aux efforts des peuples africains eux-mêmes.  «C'est pourquoi nous saluons l'initiative des leaders africains visant à développer un cadre de développement durable pour l'Afrique qui soit vraiment le leur», a poursuivi M. Kilgour.  Il a souligné que le Canada demeure un partenaire engagé de l'Afrique à l'intérieur du système multilatéral.  Le Canada a été particulièrement actif dans trois domaines identifiés comme constituant des priorités dans le rapport du Secrétaire général au titre de ce débat de haut niveau: la prévention des conflits, l'allégement de la dette et la lutte contre le VIH/sida.


M. Kilgour a souligné que son pays apporte un soutien civil et militaire à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone et s'est engagé à fournir 30 millions de dollars pour désarmer, démobiliser et réintégrer les ex-combattants dans ce pays.  Si des progrès ont pu être enregistrés dans ce pays, les perspectives de paix durable restent incertaines et le conflit en Sierra Leone continue de déstabiliser l'ensemble de la région d'Afrique occidentale.  Soulignant par ailleurs que la présence de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée n'est que temporaire, M. Kilgour a affirmé que beaucoup reste à faire dans cette région aussi et que seule une paix durable permettrait aux deux pays de reprendre le rôle constructif que chacun peut jouer dans la région.  Le Secrétaire d'État canadien a par ailleurs rappelé que le gouvernement de son pays a annoncé en décembre 2001 un moratoire sur les paiements de la dette dus par les pays qui ont progressé sur la voie de la bonne gouvernance et de la réduction de la pauvreté.  En ce qui concerne la pandémie du VIH/sida, une action urgente et globale s'avère indispensable pour mettre un terme à cette véritable tragédie humaine.  Récemment, le Canada a annoncé le lancement de nouveaux programmes internationaux sur le VIH/sida pour un montant de 50 millions de dollars.  Lors de la prochaine réunion du G8, le Canada annoncera sa contribution au Fonds mondial pour la santé et contre le sida.


Mme ANNE KONATE, Ministre déléguée chargée du développement économique au Burkina Faso, a déclaré que le continent africain entretenait encore le paradoxe de constituer en même temps «un immense réservoir de richesses naturelles et un lieu où les manifestations les plus criantes de l'arriération semblent être les choses les plus partagées: malnutrition, analphabétisme, chômage, délinquance juvénile, faible couverture sanitaire, VIH/sida, etc.».  Mme Konate a rappelé que le Sommet du Millénaire avait permis d'affirmer clairement que l'Afrique devait être une priorité pour la communauté internationale et pour les Nations Unies.  À cet égard, les Nations Unies devront favoriser la concertation entrecroisée entre pays africains, donateurs, organismes et programmes des Nations Unies et organismes multilatéraux de développement.  Un dialogue permanent entre ces partenaires devra être établi.


Mme Konate a rappelé que toute contribution des Nations Unies ne pouvait se faire que dans un contexte d'appropriation aux niveaux national, sous-régional et régional.  À cet égard la mise en place du Plan-Cadre des Nations Unies pour le développement (UNDAF) définit le cadre de travail des Nations Unies pour améliorer le bien-être des populations par les moyens suivants: amélioration du ciblage de l'orientation vers les résultats, renforcement de l'unité d'intention et de l'esprit d'équipe au sein des Nations Unies, dialogue plus actif et renforcement des partenariats et alliances avec les autres agents impliqués dans le développement et utilisation plus efficace des ressources.  La Ministre burkinabé a déclaré que de nombreux défis attendaient encore son pays qui pour faire face à ces défis.  Dans ce cadre, le Burkina Faso a élaboré une Lettre d'intention politique de développement humain durable énonçant une nouvelle approche de développement qui servait de référence aux interventions des partenaires de développement, a-t-elle indiqué.


Mme ANITA BAY BUNDEGAARD, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark, a souligné que les conflits engendrent la pauvreté et vice-versa, de sorte que ces deux phénomènes sont étroitement liés.  Elle a exprimé sa satisfaction suite au lancement, par les dirigeants africains réunis à Lusaka la semaine dernière, de la Nouvelle initiative africaine.  Elle a par ailleurs souligné que la récente Conférence de Maputo sur la prévention et la gestion des conflits violents en Afrique a reconnu que l'un des principaux obstacles au développement économique et social de l'Afrique réside dans l'existence de conflits violents sur le continent.  La Conférence a mis l'accent sur la nécessité d'établir un dialogue entre politiciens et électorats ainsi qu'entre civils et militaires afin de progresser sur la voie de la réforme en matière de sécurité.  Une autre importante conclusion de cette Conférence était que la responsabilité première en matière de prévention et de résolution des conflits incombait à l'Afrique elle-même.  À cet égard, il convient de se réjouir de la création de l'Union africaine, qui constitue un pas important dans la bonne direction.


M. S.A ORDZHONIKIDZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que l'aide aux pays africains était devenue l'une des actions les plus importantes des Nations Unies.  La Russie soutient et souhaite apporter sa contribution à ces actions.  L'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale permettrait d'améliorer les conditions de développement des pays africains, de réduire les conflits et d'assurer une plus grande stabilité dans la région.  Il est donc nécessaire de développer une culture de prévention des conflits et donc de s'attaquer aux causes des conflits.  Le Conseil pourrait faciliter le travail des Nations Unies en Afrique en favorisant notamment l'établissement de l'état de droit. 


Le Vice-Ministre russe a souligné l'importance d'assurer un lien entre l'aide d'urgence et les mesures de développement à long terme en renforçant les coopérations régionales et subrégionales.  Il a également estimé qu'il fallait faciliter l'annulation ou le rééchelonnement de la dette, favoriser le développement des techniques de l'information et de la communication et poursuivre la lutte contre les maladies telles que le sida.  La Russie souhaite améliorer sa


coopération avec les pays africains et entreprend à cet égard des démarches pour renforcer la partie africaine de sa politique étrangère.  M. Ordzhonikidze a ajouté que le sommet de Lusaka avait joué un rôle important et a estimé que la création de l'Union africaine jouera également un rôle très important dans l'intégration des pays africains.


M. HYNEK KMONICEK, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a souligné que les questions de développement durable en Afrique constituent un sujet de préoccupation majeure depuis des décennies.  Il n'en demeure pas moins que les initiatives et les événements récents ont créé de nouvelles opportunités en matière de lutte contre la pauvreté et de mobilisation des ressources aux fins de la promotion du développement durable en Afrique.  Le tournant fut, en la matière, l'adoption de la Déclaration du Millénaire dans laquelle les chefs d'État et de gouvernements se sont mis d'accord sur des objectifs de développement ambitieux à l'horizon 2015.  La Nouvelle initiative africaine, lancée à l'occasion du récent Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) constitue incontestablement l'initiative la plus significative pour l'avenir de l'Afrique.  La République tchèque accorde la plus haute importance au rôle crucial qui est celui des Nations Unies en ce qui concerne la mise en œuvre des objectifs de développement, à laquelle elle reste disposée à contribuer, à la mesure de ses ressources.  Il n'en demeure pas moins que les conditions préalables fondamentales pour le développement (paix, stabilité politique, démocratie et respect des droits de l'homme fondamentaux, environnement juridique et économique sain) doivent être mises en place par les pays africains eux-mêmes.  La communauté internationale ne peut jouer qu'un rôle de soutien consistant à apporter assistance financière, technique et matérielle, à partager les connaissances et à diffuser les bonnes pratiques.


Le développement et l'assistance humanitaire font partie intégrante de la politique étrangère de la République tchèque, a poursuivi M. Kmonicek avant de préciser que l'essentiel de l'aide en faveur du développement est fournie sur une base bilatérale.


M. SADOK FAYALA, Secrétaire d'État auprès du Ministère des affaires étrangères de la Tunisie, chargé des questions maghrébines et africaines, a déclaré que lors du Sommet de Tunis en 1994, un appel avait été lancé par la Tunisie pour le l'Afrique prenne en main son destin.  Il est nécessaire de soutenir les activités de développement mais il faut adopter une démarche de résolution des conflits pour permettre une paix durable et un développement à long terme.  L'Afrique souffre de nombreux maux et les solutions doivent être élaborées en tenant compte de ces problèmes et en collaboration avec les Nations Unies.  Malheureusement les ressources de développement ont beaucoup diminué et il faut éviter une marginalisation des économies africaines.  M. Fayala a rappelé que la dette extérieure représentait toujours un lourd fardeau pour le développement de l'Afrique et que les ressources ne servaient à rien si elles étaient simplement utilisées au paiement de l'intérêt sur la dette.  M. Fayala a déclaré que la promotion de la coopération sur la base d'un partenariat était nécessaire pour permettre à l'Afrique de bénéficier des nouvelles techniques de l'information et de la communication.


Le Secrétaire d'État tunisien a estimé que les Nations Unies ont le devoir d'élaborer une démarche exhaustive pour donner une impulsion aux efforts de développement envisageant la mise en place d'un partenariat pour permettre aux pays d'Afrique d'utiliser au mieux leurs ressources.  Il a rappelé à cet égard que la formation des ressources humaines était très importante car elle constituait le fondement de tout succès du développement.  Il a conclu qu'aucune activité ne pouvait être réellement efficace sans mener un combat contre la pauvreté.


M. KWESI NDUOM, Ministre du plan et de la coopération régionale du Ghana, a déclaré que les pays africains doivent se placer dans une situation où ils pourront s'engager dans des partenariats fructueux tels que ceux envisagés dans le cadre de l'Union africaine.  Il est important que l'Afrique opère en privilégiant une approche nouvelle et en suivant une nouvelle philosophie du développement.  Les dirigeants africains doivent apprendre à appréhender la situation de l'Afrique à l'aune du processus de la mondialisation.  Il faut faire en sorte que la primauté du droit devienne une réalité sur l'ensemble du continent.


M. Nduom a mis l'accent sur la nécessité d'accroître l'aide au développement dont une part importante doit être consacrée à la promotion du secteur productif, en particulier privé, dans les pays africains.  Il faut en outre renforcer les initiatives d'allégement de la dette afin de libérer des ressources aux fins de la promotion du développement durable sur le continent.


M. LEON NIMBONA, Ministre de la planification, du développement et de la reconstruction du Burundi, a déclaré que les défis de l'Afrique étaient connus de tous et constituaient toujours des défis très importants.  La récente initiative africaine de Lusaka a tracé les priorités en matière de développement.  Dans un environnement international ou la primauté de l'investissement privé étranger est un fait, la communauté internationale devra néanmoins poursuivre l'aide publique au développement car la relève du secteur privé prendra encore du temps.  Le premier défi est donc celui de l'aide au développement au niveau international : le manque de résultats des plans d'action en faveur de l'Afrique est toujours lié au problème de financement.  Le deuxième défi concerne les pays en situation de conflit et d'après conflit.  Il convient de privilégier l'aide publique au développement et par conséquent de considérer la lutte contre la pauvreté comme l'un des mécanismes à mettre en place pour la prévention des conflits.  En effet, bon nombre de pays africains se trouvent dans des situations conflictuelles nécessitant des efforts importants de réconciliation et de reconstruction.  La communauté internationale doit non seulement s'investir pour rechercher des solutions mais également participer à la prévention des conflits.


Pour conclure M. Nimbona a déclaré que l'afflux de capitaux privés étrangers, dont le seul critère était la rentabilité des investissements restait problématique et que de la solidarité en faveur de cette initiative dépendra la mise en place d'un environnement favorable et attractif pour les investissements privés dont le rôle moteur sur le développement constitue l'alternative incontournable pour l'Afrique.


M. LUIGI MANTICA, Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a déclaré que l'Italie a inscrit le développement du continent africain parmi les priorités de sa politique étrangère et œuvre à cette fin tant sur le plan national que dans le cadre de sa collaboration au sein du système des Nations Unies, de l'Union européenne et du G7/G8.  L'Italie est convaincue que, sans renoncer à sa culture, l'Afrique sera en mesure non seulement d'élargir le tissu de ses petites et moyennes entreprises (PME) mais aussi de s'ouvrir à de nouveaux partenariats avec le reste du monde.  Il va falloir à cette fin développer les synergies entre les différentes filières de l'économie formelle et informelle ainsi qu'entre les marchés locaux, nationaux et régionaux africains.  Dans ce contexte, une grande attention doit être consacrée à la mise en valeur des potentialités de la femme africaine.


L'Italie accorde beaucoup d'attention au rôle que l'Union africaine nouvellement créée pourra jouer en matière de prévention et de règlement des conflits ainsi qu'en matière de réhabilitation des territoires ravagés par la guerre.  Environ 45% de l'aide bilatérale octroyée par l'Italie est dirigée vers l'Afrique subsaharienne, a précisé M. Mantica.  Pour répondre à la dramatique diffusion de l'épidémie de sida, la coopération italienne a lancé en l'an 2000 un programme triennal d'assistance aux 16 pays les plus ravagés par cette épidémie.  En collaboration avec l'OMS, l'Italie est également fortement mobilisée dans la lutte contre le paludisme.  M. Mantica a souligné que le gouvernement italien a inscrit le thème de la lutte contre la pauvreté et du développement parmi ceux qui figureront au cœur du Sommet du G7/G8 de Gênes.  Le Sous-Secrétaire d'État italien a indiqué que le Ministère des affaires étrangères est à pied d'œuvre pour réaliser une Conférence sur les investissements italiens dans les pays de l'Afrique australe.  En ce qui concerne l'annulation de la dette étrangère des pays les plus pauvres - à propos de laquelle de nombreux progrès ont été accomplis ces dernières années - l'Italie pense que l'on peut et que l'on doit faire plus.  Il faut en outre rendre les marchés des pays développés plus accessibles aux exportations africaines en faisant notamment en sorte d'améliorer l'accès préférentiel de tous les produits des pays les moins avancés, a déclaré M. Mantica.


Mme FRANCES RODRIGUES, Vice-Ministre des affaires étrangères du Mozambique, a rappelé que l'Afrique venait de lancer avec succès l'Union africaine qui était l'expression d'une vision commune pour faire progresser le continent. 

Mme Rodrigues a déclaré que la situation politique, économique et sociale de l'Afrique était très préoccupante.  Au niveau politique, de nombreux conflits persistent dans certains pays.  Plusieurs pays ont appliqué des meures de rigueur pour relever le défi du développement.  Sur le plan social, le rythme de croissance n'est pas assez élevé pour éliminer la pauvreté.  Mme Rodrigues a rappelé que les efforts entrepris pour réduire les conflits, éliminer la pauvreté, assurer le développement, ne pouvait se faire qu'avec la coopération de la communauté internationale et plus particulièrement des Nations Unies.


Mme Rodrigues a, par ailleurs, rappelé que la prévention des conflits était fondamentale et qu'il était nécessaire de définir les meilleurs moyens pour la mettre en place.  Les violations des droits de l'homme, les pandémies et le sous-développement sont souvent les causes des conflits, et pour s'assurer de la réussite d'une politique de prévention il est nécessaire de résoudre tous ces problèmes de manière globale.  Mme Rodrigues a déclaré que le développement durable ne pouvait être une réalité qu'avec l'établissement d'un partenariat avec la communauté internationale, l'atténuation voire l'annulation de la dette, et l'amélioration de l'accès aux marchés, notamment.  De plus, il faut améliorer l'intégration de l'aide internationale au niveau national.  Des projets doivent être mis en œuvre au niveau national et des ressources importantes sont nécessaires pour faire cela.  À cet égard, Mme Rodrigues s'est félicitée de l'attitude de la communauté internationale qui, dans la Déclaration du Millénaire, a accepté de prêter main forte aux Africains pour qu'ils puissent occuper la place qui leur revient sur la scène internationale et les aider dans leur développement.


M. ALI MCHUMO, Secrétaire permanent du Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que ces quinze dernières années, son pays s'est engagé sur la voie d'un long processus de réformes économiques, sociales et politiques visant à promouvoir un environnement propice à une croissance économique durable et à la réduction de la pauvreté.  Il n'en demeure pas moins qu'il reste, au niveau mondial, à relever le défi consistant à faire en sorte que les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), soient intégrés à l'économie mondiale sur une base équitable.  L'Afrique, pour sa part, doit agir sur l'offre en se concentrant en particulier sur le développement des infrastructures, l'éradication de la pauvreté, la modernisation de l'agriculture, de la production industrielle et du secteur minier.  L'objectif ultime est d'assurer une production efficace de biens et de services et d'assurer l'autosuffisance au niveau interne ainsi que pour les exportations sur les marchés mondiaux.  Le financement du développement pourrait être favorisé par la mobilisation de ressources internes ainsi que par des partenariats internationaux aux fins de la fourniture de l'aide publique au développement, de la réalisation d'investissements étrangers directs, de l'allégement de la dette, de l'amélioration des termes de l'échange et de la promotion de l'accès des produits africains aux marchés mondiaux.


M. Mchumo a souligné que les mauvaises performances commerciales de son pays sont imputables aux problèmes que rencontre la Tanzanie en matière d'offre et de fourniture de biens et des services ainsi qu'en matière de services de soutien au commerce.  Le secteur agricole, qui constitue l'épine dorsale de l'économie tanzanienne, est affecté par les caprices de la nature, par le déclin des termes de l'échange, par le peu de valeur ajouté des produits agricoles avant exportation et par le manque de diversification - autant de contraintes qui rendent difficile toute participation du pays au système commercial multilatéral.  Le fléau du sida constitue un défi pour le développement de la Tanzanie puisque l'on estime à environ 1,75 million le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida dans le pays. 


Vu l'ampleur du problème, la Tanzanie a déclaré l'épidémie de sida catastrophe nationale et a requis la pleine participation de l'ensemble de la communauté tanzanienne pour combattre ce fléau.  La Tanzanie demande aux entreprises pharmaceutiques internationales de réduire les coûts des médicaments liés au VIH/sida pour les pays les moins avancés.  En outre, le conflit dans la région des Grands Lacs a créé une crise humanitaire majeure dans la région.


Mme BETTY KING, (États-Unis) a déclaré qu'un développement durable pour l'éradication de la pauvreté demeurait un objectif utopique à l'heure actuelle.  Elle a tout de même rappelé que certains pays parvenaient à mener des politiques de promotion du développement et à réduire la pauvreté.  Mme King a rappelé que des stratégies fiables ne pourraient fonctionner qu'avec la participation des pays africains eux-mêmes.  Elle a rappelé que dans le rapport du Secrétaire général, l'accent était mis sur le renforcement du rôle des Nations Unies qui doit s'attacher à créer un environnement favorable et promouvoir la coopération afin de maximiser l'aide au développement.  Les Nations Unies jouent, effectivement, un rôle vital dans la distribution de l'aide au développement et doivent encourager la coordination au niveau régional et sous régional.


Mme King a déclaré que le soutien en faveur d'actions globales et cohérentes devait être renforcé afin de résoudre les situations de conflit.  À cet égard la prévention et la résolution de conflits sont les piliers de la politique des États-Unis en Afrique.  Mme King a rappelé que l'Afrique elle-même devait entreprendre des actions de préventions des conflits.  Elle a par ailleurs souligné que l'agriculture avait été négligée malgré l'importance qu'elle revêt pour la réduction de la pauvreté.  Les États-Unis estiment qu'une attention croissante doit être portée à ce secteur.  En ce qui concerne la santé, les États-Unis ont entrepris de véritables efforts pour l'éradication de certains fléaux tels que le paludisme, la tuberculose et le sida.  La représentante a expliqué que son pays a mis en place des initiatives de développement économique pour réduire l'impact de la dette extérieure et améliorer l'accès aux marchés pour les produits africains.  Les États-Unis ont également mis en place un certain nombre de mesures dont l'accès libre aux marchés des États-Unis à 35 pays africains.


M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a déclaré que les pays africains doivent contrôler eux-mêmes leurs propres processus de développement.  À cet égard, il convient de se réjouir de la Nouvelle initiative africaine lancée lors du récent sommet de l'OUA à Lusaka.  Le Japon, principal bailleur de fonds mondial, a apporté une contribution particulière au développement de l'Afrique en dépit d'une grave situation économique et financière.  Le montant total de l'aide publique au développement du Japon en faveur de l'Afrique s'est élevé en 1990 à 990 millions de dollars.  En 1993 et en 1998, à un moment où l'intérêt de la communauté internationale à l'égard de l'Afrique s'estompait, le Japon organisait les Conférences internationales de Tokyo sur le développement de l'Afrique.  Ce processus a joué un rôle clef pour ranimer l'attention de la communauté internationale à l'égard de ce continent.  Étant donné le succès de cette entreprise, le Japon envisage actuellement de convoquer une troisième conférence de ce type dans un avenir proche et organisera, du 3 au 5 décembre prochain une réunion ministérielle en vue de la préparation d'une telle conférence.


Dans le cadre de ce processus, le Japon accorde une importance particulière à la lutte contre les maladies infectieuses telles que le VIH/sida.  Le Japon a par ailleurs fait part de son intention de contribuer à hauteur de deux cents millions de dollars au Fonds mondial pour la santé et contre le VIH/sida.  En ce qui concerne les technologies de l'information et de la communication, le Japon s'est engagé à fournir 15 milliards de dollars sur cinq ans aux pays en développement afin de les aider à combler le fossé économique qui les sépare des autres pays.  Le Japon estime par ailleurs que la stabilité politique est essentielle pour le développement de l'Afrique


M. BERND NIEHAUS, (Costa Rica) a déclaré que la situation de l'Afrique ne permettait pas un développement durable du continent.  Une politique d'investissement en capital humain doit être mise en place.  Il faut également affronter les obstacles structurels tels que la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles.  M. Niehaus a déclaré qu'il fallait assurer la protection de l'environnement pour permettre de garantir des conditions de vie digne.


En ce qui concerne les conflits armés, M. Niehaus a estimé que la communauté internationale devait fournir une assistance pour s'assurer que les droits de l'homme et en particulier le droit à la vie sont assurés.  Il a également souligné la nécessité de prévenir les conflits, ce qui ne peut se réaliser qu'en garantissant des conditions de vie décentes aux Africains.  M. Niehaus a rappelé que les pays engagés dans un processus de démocratisation étaient également engagés sur la voie du développement et que, par conséquent, la communauté internationale se devait de les soutenir activement.  M. Niehaus a également rappelé qu'un développement durable n'était possible qu'avec la mise à disposition de ressources et que de nouveaux mécanismes devaient être mis en place à cet égard en tenant compte des priorités des pays en développement.


M. GELSON FONSECA (Brésil) a déclaré que la Nouvelle initiative africaine, lancée lors du récent Sommet de l'OUA à Lusaka, constitue un véritable tournant dans l'histoire de l'Afrique dans la mesure où elle devrait permettre de réorganiser les efforts déployés en faveur de développement du continent.  Cette initiative constitue en outre une manifestation claire de volonté politique qui pourrait bien changer les perspectives et créer un nouveau souffle d'espoir en Afrique.  S'il veut jouer un rôle efficace dans les domaines du commerce, de la finance, de la coopération technique, de la création de capacités et du développement social, le système des Nations Unies doit continuer à mettre en œuvre des mesures d'assistance particulières, en coopération avec les organisations régionales et les institutions de Bretton Woods.  Le succès d'une telle entreprise dépendra en dernier ressort de la capacité des donateurs à répondre efficacement aux appels visant à renverser la tendance au déclin de l'aide publique au développement et à apporter davantage de contributions financières aux activités opérationnelles du système des Nations Unies.


Le Brésil, pour sa part, a participé aux mesures d'allégement et d'annulation de la dette à hauteur de 300 millions de dollars.  Le Brésil tient en outre à réaffirmer sa volonté d'explorer de nouvelles possibilités de coopération Sud-Sud.  Le pays possède en outre une bonne expérience dans les domaines de l'éducation et de la santé, secteurs pour lesquels les Nations Unies ont estimé que l'expérience du Brésil pouvait constituer un exemple de bonnes pratiques. 

Le représentant du Brésil a par ailleurs souligné que la propagation de l'épidémie de sida en Afrique ne pourra être enrayée que si la communauté internationale prend des mesures décisives pour faire face à cet énorme défi.  Pour sa part, le Brésil a mis en place un programme de lutte contre le VIH/sida qui a porté ses fruits puisque le nombre de personne vivant avec cette maladie est aujourd'hui inférieur de moitié à ce que prédisaient les estimations.


M. QIAO ZONGHUAI (Chine) a déclaré que la situation actuelle de l'Afrique ne profitait à personne et que des efforts devaient donc être consentis pour promouvoir le développement durable du continent.  Le fardeau de la dette doit être atténué, l'accès au marché des produits en provenance de l'Afrique assuré, le transfert des technologies accentué et l'aide à la lutte contre le sida et les autres maladies renforcée.  La Chine se félicite de la naissance de l'Union africaine qui est une initiative importante pour l'Afrique.  M. Qiao a rappelé que les Nations Unies avaient toujours activement soutenu l'Afrique et déployé des efforts considérables pour lui venir en aide.  La Chine espère que de nouveaux résultats positifs pourront être enregistrés.


M. Qiao a déclaré que l'Afrique avait besoin de ressources financières pour se développer et s'est inquiété de la baisse de l'au développement.  À cet égard, les Nations Unies doivent jouer rôle de coordonnateur pour éviter tout double emploi et s'assurer de la bonne répartition des fonds.  La Chine a pour sa part établi une coopération avec l'Afrique et la «Déclaration de Beijing» a défini les principes de coopération sur la création d'un nouveau cadre de développement des relations sino-africaines.  La Chine a, par ailleurs, décidé d'atténuer le fardeau des pays les moins avancés et encourage les entreprises chinoises à investir en Afrique.


M. JORGE LUIS VALDEZ CARRILLO (Pérou) a rappelé que plus de la moitié de la population africaine vit dans des conditions de pauvreté extrême.  Bien que l'Afrique représente 18,5% de la population mondiale, la région ne produit que 3,5% du PIB mondial et ne contribue qu'à hauteur de 1,5% aux exportations mondiales.  L'expérience du Pérou lui permet d'affirmer qu'il n'existe pas d'alternative viable à une économie politique stable et sûre fondée sur un État fort et efficace, sur un secteur privé dynamique et sur une société civile libre dans laquelle priment le respect et la protection des droits de l'homme, la loi et la bonne gestion des affaires publiques ainsi que la lutte déterminée contre la corruption.  Il convient à cet égard de se réjouir de la volonté politique manifestée par plusieurs pays africains pour mettre en œuvre des réformes volontaristes destinées à garantir l'instauration d'un climat interne propice aux investissements et au développement.  Il n'en demeure pas moins que la création d'un climat interne favorable est étroitement liée à l'existence de conditions externes propices à une croissance économique durable et à l'élimination de la pauvreté chronique.


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que le développement mondial devait se faire en tenant compte du développement de l'Afrique.  Le rapport du Secrétaire général indique que les résultats économiques de certains pays étaient en progrès.  Le Bangladesh est toutefois déçu de l'absence de mention de l'importance du rôle des femmes dans le développement de l'Afrique. 

M. Chowdhury a rappelé qu'une attention toute particulière devait être accordée aux pays les moins avancés.  L'élimination de la pauvreté doit demeurer l'objectif principal en vue d'assurer le développement des pays les moins avancés et le Conseil peut aider dans la diminution de la pauvreté dans son ensemble.  Il est en effet de la responsabilité du Conseil de contribuer au progrès des pays les moins avancés.  M. Chowdhury a rappelé que le développement durable des pays les moins avancés était synonyme du développement durable de l'Afrique.


M. VÍCTOR RODRÍGUEZ CEDEÑO (Venezuela) a rappelé que la grande majorité des pays les moins avancés (PMA) se trouvent en Afrique et que la Déclaration du Millénaire s'est particulièrement penchée sur la situation de ces pays.  Le représentant vénézuélien a souligné que l'Afrique a besoin d'un traitement commercial plus juste permettant l'accès de ses produits aux marchés mondiaux.  L'appui du système des Nations Unies à l'Afrique doit notamment viser à promouvoir la coopération Sud-Sud.  À cet égard, il convient de promouvoir une utilisation adéquate du Fonds créé par les pays du Groupe des 77 en vue de favoriser ce type de coopération.  Le Venezuela, pour sa part, a récemment versé un million de dollars à ce Fonds.  Le Gouvernement vénézuélien considère que les Nations Unies doivent faire en sorte que tous les indicateurs de développement des pays africains s'élèvent en mettant pour cela l'accent sur le développement de projets polyvalents à caractère sous-régional.


M. CHARLES NTWAAGAE (Botswana) a déclaré que son pays espérait que l'Union africaine apporterait beaucoup au développement de l'Afrique.  Il a rappelé qu'un partenariat entre le secteur privé et le secteur public était nécessaire.  L'amélioration du niveau de vie de la population est une garantie de prospérité et de développement à long terme.  M. Ntwaagae a rappelé que malgré les réformes mises en place dans de nombreux pays d'Afrique en faveur de la démocratisation et du développement, le chômage et le manque d'accès aux technologies et aux investissements directs ne permettaient pas un développement durable.  Le représentant a rappelé la nécessité d'utiliser de manière optimale les ressources, et plus particulièrement les ressources humaines.  À cet égard, une plus grande souplesse des Nations Unies sur le terrain est nécessaire.  Par ailleurs, les défis de l'Afrique, notamment le sida et les conflits, nécessitent une approche multisectorielle entre la société civile, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et les organisations internationales.


Mme GUN-BRITT ANDERSSON, Secrétaire d'État de la Suède, a souligné que si l'on veut envisager avec sérieux la réalisation des objectifs de développement fixés lors du Sommet du Millénaire - notamment la réduction de moitié, d'ici 2015, du nombre de personnes vivant dans la pauvreté - il faut envisager avec sérieux le développement de l'Afrique puisque la majorité de la population du continent vit dans la pauvreté.  Il faut absolument faire en sorte que la mondialisation fonctionne aussi pour les pauvres.  Même si l'on sait désormais que la croissance économique ne suffit pas à elle seule à assurer le développement durable,


il convient néanmoins de parvenir en Afrique à des taux de croissance plus élevés que les taux actuellement enregistrés dans la région.  À cette fin, les capacités de production doivent être améliorées.  Il convient en outre de promouvoir les investissements dans les ressources humaines, tout en accordant un plus grand rôle au secteur privé et en investissant dans les infrastructures ainsi que dans la production de biens et de services dans les zones urbaines et rurales.


Mme Andersson a estimé que la Nouvelle initiative africaine lancée par l'OUA constitue un engagement ferme en faveur de la promotion de conditions propices à la paix, à la bonne gouvernance et au développement en Afrique.  Pour la Suède, la décision prise lors de la récente Conférence sur les pays les moins avancés d'œuvrer en faveur du plein accès des produits des pays pauvres aux marchés mondiaux devrait se traduire par une décision, lors de la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha (Qatar), de lancer un nouveau cycle global sur le commerce et le développement.  Mme Andersson a par ailleurs souligné que les conflits violents constituent pour nombre de pays africains un obstacle majeur à leur développement.  Il convient donc d'inscrire la prévention et la résolution des conflits à l'ordre du jour du développement.


M. LENNART BAGE, Président du Fonds international pour le développement de l'agriculture (FIDA), a déclaré que pour encourager le développement durable, il fallait identifier où se trouvaient les pauvres et quels étaient sont besoins. 

M. Bage a déclaré que la pauvreté était essentiellement rurale, qu'elle était trop souvent ignorée et que trop peu d'investissements avaient été faits dans le domaine rural.  De plus, M. Bage a rappelé que les subventions à l'agriculture dans les pays développés avaient déformé le marché mondial.  Certains pays africains ont également vu leur situation se dégrader avec la pandémie du sida.


M. Bage a rappelé qu'une nouvelle approche appuyée par une politique interne était nécessaire pour réduire la pauvreté.  À cet égard, le rapport du FIDA identifie quatre facteurs dont il faut tenir compte: la terre et les sols, les techniques, l'accès équitable aux marchés et les institutions.  M. Bage a souligné que les reformes de démocratisation et de décentralisation entreprises par les pays africains devaient être appuyées par une assistance internationale importante.  L'aide au développement n'a malheureusement cessé de diminuer, en particulier dans le domaine de l'agriculture.  M. Bage a rappelé que des mesures au niveau commercial devaient également être prises telles que l'élimination des restrictions commerciales qui peuvent favoriser la diversification de l'agriculture.  M. Bage a conclu que l'initiative de Lusaka permettrait peut-être d'entamer un véritable processus de réduction de la pauvreté en Afrique.


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