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ECOSOC/G/5965

L'ECOSOC OUVRE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE RÔLE DES NATIONS UNIES DANS L'APPUI AUX EFFORTS DES PAYS AFRICAINS POUR PARVENIR AU DÉVELOPPEMENT

16/07/2001
Communiqué de presse
ECOSOC/G/5965


L'ECOSOC OUVRE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE RÔLE DES NATIONS UNIES DANS L'APPUI AUX EFFORTS DES PAYS AFRICAINS POUR PARVENIR AU DÉVELOPPEMENT


Le Conseil entend une déclaration Du Secrétaire général et tient un dialogue avec les chefs des institutions financières et commerciales internationales


Genève, 16 juillet -- Le Conseil économique et social a entamé, ce matin, son débat de haut niveau consacré au rôle des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable.  La Nouvelle initiative africaine, lancée par les dirigeants africains lors du récent Sommet de l'Organisation de l'unité africaine a été particulièrement saluée, notamment par le Président du Conseil, M. Martin Belinga Eboutou, dans sa déclaration liminaire.  «L'ONU sera au service d'une initiative africaine, et non l'inverse», a pour sa part déclaré le Secrétaire général des Nations Unies,

M. Kofi Annan.


M. Annan a par ailleurs souligné que l'incertitude règne dans l'économie mondiale et qu'en pareil moment, plus qu'en aucun autre, l'ONU se doit de défendre les intérêts des plus vulnérables de ses membres.  Le plus grand danger, aujourd'hui, serait que les gens écoutent les sirènes du protectionnisme, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour le monde en général, et pour les pays en développement en particulier.  M. Annan a jugé important de redonner de l'élan au mouvement d'ouverture des marchés, en lançant une nouvelle série de négociations, qui devront cette fois être véritablement axées sur le développement.


Dans le cadre du dialogue que le Conseil a ensuite tenu avec les chefs de secrétariat des institutions financières et commerciales du système des Nations Unies sur les faits nouveaux importants survenus dans l'économie mondiale et la coopération technique internationale, le Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Mike Moore, a pour sa part prôné l'ouverture dès cette année d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales, faute de quoi on risquait de faire éclater le système commercial multilatéral lui-même.  M. Moore a également mis l'accent sur les obstacles rencontrés par les produits des pays en développement pour pénétrer les marchés des pays riches.  Soulignant que les subventions agricoles des pays de l'OCDE représentent les deux-tiers du PNB total de l'Afrique, il a appelé chacun à réfléchir aux avantages que l'économie mondiale tirerait d'une levée de ces subventions.


Le Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), M. Horst

Kohler, a lui aussi estimé qu'il est temps d'assurer aux pays africains un accès libre aux marchés des pays industriels, en particulier dans les secteurs qui sont les plus importants pour les pays pauvres, à savoir les produits agricoles et le textile.  Ces secteurs devraient figurer en bonne place dans les préoccupations d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales dans le cadre de l'OMC, a-t-il estimé.


M. James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale, a notamment estimé qu'il était nécessaire de procéder à une analyse de l'histoire de l'Afrique afin de relever les défis des vingts prochaines années - défis exacerbés par les conflits et le sida.  M. Wolfensohn a invité les dirigeants africains à s'attaquer au problème de la corruption, sans quoi ils ne pourront se développer convenablement.


M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a notamment souligné que pour atteindre l'objectif de réduction de moitié de la pauvreté d'ici 2015, il faudrait que l'Afrique atteigne un taux de croissance de 7 à 8% et que pour cela, il faudrait une forte croissance de l'investissement dans les dix prochaines années.


Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA),

M. K.Y. Amoako, a notamment indiqué que la CEA a décidé de consacrer son Troisième forum de développement africain, prévu pour le début du mois de décembre prochain, à la recherche des moyens par lesquels l'Afrique peut accélérer sa progression vers l'intégration régionale alors que vient d'être prise la décision de créer l'Union africaine.


Les représentant des pays suivants ont pris part à l'échange de vues qui a suivi ces présentations : Belgique (au nom de l'Union européenne ) Fédération de Russie, Cameroun, Népal, Sénégal, États-Unis, Royaume-Uni, France, Nigéria, Brésil, Autriche.  Ont également participé les délégués du Fonds international pour le développement de l'agriculture (FIDA) et de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).


Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil inaugurera le Forum africain pour la promotion des investissements, avec la participation de ministres africains, de sociétés privées, de syndicats et d'investisseurs africains, d'institutions spécialisées du système des Nations Unies, d'organisations régionales et sous-régionales de développement.  La séance plénière commencera à 15 heures, en salle XIX, et sera suspendue à 15h45 pour permettre la tenue de trois tables rondes, qui se dérouleront simultanément en salle XXIII (cadre de l'investissement dans les pays africains), en salle XXIV (financement des investissements) et en salle XXV (besoins en matière d'investissement).  Le Conseil reprendra ensuite, en séance plénière salle XIX, le Forum africain pour la promotion des investissements.


Déclarations d'ouverture du débat de haut niveau sur le rôle des Nations Unies dans l'appui aux efforts de développement des pays africains


M. MARTIN BELINGA EBOUTOU, Président du Conseil économique et social, a déclaré, que, pour l'Afrique, la confirmation de M. Kofi Annan «en tant que gardien de la Charte des Nations Unies est un motif à la fois de fierté pour ses peuples et d'optimisme face au défi de son insertion sur l'échiquier international».  Le projet que recouvre le terme de «village mondial» reste encore à mettre en œuvre, a poursuivi le Président du Conseil avant de préciser que l'édification du «village mondial» bute encore sur nombre de barrières, disparités et écarts entre les régions du monde qui font notamment de l'Afrique une zone du village en chantier, dans la meilleure des hypothèses, une zone sinistrée sinon abandonnée dans la pire des hypothèses.  «Tant que subsisteront cette déchirure et ce décalage, la marche du monde tout comme son équilibre seront handicapés», a déclaré M. Belinga Eboutou.  Il ne fait certes aucun doute que la communauté internationale, dans son ensemble, a 'la nette conscience que «le destin collectif du globe est ombiliquement lié à celui de l'Afrique», a poursuivi le Président du Conseil.  «Il lui reste alors à déployer l'élan de solidarité volontariste et à forger les actions vigoureuses nécessaires pour contribuer, aux côtés des Africains, à hisser leur continent à la place légitime qui doit être la sienne dans le monde», a-t-il ajouté.


Face au défi africain, a rappelé le Président du Conseil, les Nations Unies, en tant que principal acteur et instrument de la coopération internationale, ont une responsabilité majeure.  L'intégration de l'Afrique dans le «village global» dépend, plus que jamais, de l'éradication de la pauvreté et de ses facteurs aggravants que sont les épidémies et les conflits armés.  Cette intégration passe, également, par un redémarrage économique du continent.  La réalisation de ces

objectifs exige d'une part une mobilisation sans faille de la communauté internationale et, d'autre part, une consolidation de la paix, de la démocratie et de la bonne gouvernance par les pays africains.  C'est de cette double préoccupation que procède la Nouvelle initiative africaine adoptée au dernier Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Lusaka.  L'Afrique et les nombreux problèmes auxquels elle est confrontée méritent urgence et attention.  «Sachons, ensemble, faire preuve d'audace pour trouver des solutions aux graves problèmes qui nous sont posés», a conclu le Président du Conseil.


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a souligné que cette réunion se tenait à un moment où l'incertitude régnait dans l'économie mondiale et qu'en pareil moment, plus qu'en aucun autre, l'Organisation des Nations Unies se doit de défendre les intérêts des plus vulnérables de ses membres.  M. Annan a jugé opportun ce débat de haut niveau sur le rôle des Nations Unies dans le développement de l'Afrique.  Il a estimé que le danger le plus grand aujourd'hui était que les gens écoutent les sirènes du protectionnisme ce qui aurait des conséquences désastreuses pour le monde en général, et pour les pays en développement en particulier.  Nombre de pays en développement sont aujourd'hui sur le point de perdre confiance dans le système commercial mondial, car ils ont le sentiment que les avantages qui leur avaient été promis à l'issue des négociations du cycle d'Uruguay ne se concrétisent pas.  Il est donc important de redonner de l'élan au mouvement d'ouverture des marchés, en lançant une nouvelle série de négociations, qui devront cette fois être véritablement axées sur le développement.

M. Annan a estimé que, même si les échanges commerciaux et les marchés représentaient le plus solide espoir de l'Afrique, très peu de pays africains sont réellement en mesure de saisir les opportunités qui leur sont offertes malgré l'accès privilégié aux marchés européens pour l'essentiel de leurs produits.  C'est d'ailleurs pour cette raison même que l'Afrique est relativement peu touchée par le ralentissement actuel de l'économie.  À moins d'une amélioration spectaculaire au cours des quelques années à venir, l'Afrique ne peut espérer atteindre les objectifs en matière de lutte contre la pauvreté et de progrès social qui ont été fixés l'année dernière lors du Sommet du Millénaire.  L'Afrique a souffert d'une gestion défectueuse des décennies durant, pendant lesquelles ses ressources ont été non seulement gaspillées par des gouvernements incompétents mais encore détournées par des autorités corrompues.


M. Annan a rappelé qu'au fil des décennies, le système des Nations Unies avait participé à de nombreuses initiatives de développement en faveur de l'Afrique qui ont été bien peu utiles voire inutiles, notamment parce que ces initiatives ont souvent été perçues par les Africains comme étant l'œuvre de bureaucrates éloignés qui ne connaissaient rien de la situation en Afrique.  Les Nations Unies devraient à l'avenir s'efforcer davantage d'écouter les gens sur le terrain et d'être moins impatients de concevoir et de promouvoir des initiatives de l'ONU, et rechercher de façon plus constructive des moyens d'appuyer les initiatives africaines locales, a déclaré le Secrétaire général.  À cet égard,

M. Annan a fait valoir que, ces deux dernières années, le Forum africain du développement organisé par la CEA avait joué un rôle inappréciable en aidant les dirigeants africains à concentrer leurs énergies sur les efforts déployés pour élargir l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication en Afrique et pour combattre le VIH/sida.  La CEA aura maintenant à jouer un rôle essentiel la mise en œuvre de l'initiative africaine adoptée lors du Sommet de l'OUA la semaine dernière.  Ce rôle sera avant tout technique: l'ONU sera au service d'une initiative africaine, et non l'inverse.  M. Annan s'est félicité de voir se dessiner un plan sérieux de redressement de l'Afrique, émanant de l'Afrique elle-même, au moment où les dirigeants africains affirment leur détermination à former une Union africaine.


M. Annan s'est félicité que les Africains sont maintenant moins enclins à accuser les étrangers d'être la cause de tous leurs problèmes et plus déterminés à prendre en main leur propre avenir.  À cet égard, l'appui de la communauté internationale et le rôle des Nations Unies sera crucial.  Les Nations Unies doivent se faire les avocats de l'Afrique pour que s'accroisse l'aide publique au développement, pour que l'allégement de la dette soit plus important et plus rapide, pour mettre fin à une situation absurde et injuste, où le transfert net des ressources se fait des pays pauvres vers les pays riches, pour que soient rapatriés sans délais les fonds illégalement acquis transférés dans des banques occidentales par des dirigeants et des fonctionnaires africains corrompus et pour que s'accroisse la part de l'investissement privé.  Maintenant que les dirigeants africains sont davantage déterminés à mettre fin aux conflits sur leur continent,


à mieux gérer leurs pays et à réformer leurs économies, les milieux d'affaires internationaux devraient s'intéresser de nouveau aux possibilités d'investissement que leur offre l'Afrique.  Et bien sûr, les Africains qui détiennent des capitaux privés devraient donner l'exemple.  Enfin, les Nations Unies doivent se faire les avocats de l'Afrique pour dissuader les entreprises et les gouvernements étrangers de se faire les complices de la destruction de ce continent, par le biais de la vente illicite d'armes et de l'achat de ressources illégalement extraites».


Dialogue avec les chefs des institutions financières et sur l'économie mondiale et la coopération internationale


M. HORST KOHLER, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), a souligné que la réunion d'aujourd'hui se déroule dans un environnement économique difficile puisque la croissance se ralentit de par le monde.  Cela peut constituer une situation inconfortable pour les économies avancées mais devrait surtout constituer une véritable source de difficultés pour de nombreux marchés émergents et pour de nombreuses économies en développement, sans parler du retour en arrière que cela devrait provoquer en matière de lutte contre la pauvreté.  Il n'en demeure pas moins vrai que désormais, les économies avancées ont une responsabilité particulière pour ce qui est de renforcer les perspectives de croissance durable dans leurs propres pays et de relancer par là même la dynamique de l'économie mondiale.  Les marchés émergents et les pays en développement, quant à eux, devraient continuer sur la voie des réformes structurelles et de la mise

en œuvre de politiques macroéconomiques saines.  Le ralentissement de l'activité de l'économie mondiale témoigne du fait que, plus que jamais, les nations sont liées les unes aux autres et cela nous sert d'avertissement pour nous rappeler que la prospérité des économies avancées ne peut être durable lorsque la pauvreté est à ce point répandue, a déclaré le Directeur général du FMI.


Parler de stabilité économique et de réduction de la pauvreté n'aura aucun sens si l'on oublie de mettre en place une stratégie de lutte contre la pandémie de VIH/sida, a déclaré M. Kohler.  Il a indiqué que lors des voyages qu'il a effectués en Afrique, il lui est apparu que ce continent recèle une extraordinaire diversité: s'il est confronté à des problèmes énormes, il n'en possède pas moins d'énormes potentiels.  Il s'est dit particulièrement marqué par la détermination dont fait preuve le peuple africain, en particulier les femmes africaines, pour travailler dur et persévérer en dépit des nombreux obstacles rencontrés.  «Nous ne pouvons pas les laisser tomber», a affirmé le Directeur général du FMI avant de se dire fermement opposé au cynisme et au pessimisme en ce qui concerne l'Afrique.  M. Kohler a par ailleurs salué la Nouvelle initiative pour l'Afrique lancée par les dirigeants africains en se disant honoré que le processus de «note stratégique de réduction de la pauvreté» soit reconnu par cette initiative comme un élément fondamental permettant d'intégrer les priorités à l'échelle du continent aux programmes nationaux de réduction de la pauvreté et de coordonner l'action de l'aide internationale.  En réponse aux appels lancés par certains pays africains, le FMI et la Banque mondiale ont commencé à préparer des analyses d'impact social susceptibles d'être intégrées dans les stratégies nationales de réduction de la pauvreté, a précisé M. Kohler.


Le Directeur général du FMI a précisé que le Fonds et la Banque mondiale recourent au processus de la note stratégique de réduction de la pauvreté - ainsi qu'à l'assistance technique et financière qu'ils peuvent apporter - pour aider les pays africains à mettre en place les conditions propices, notamment, à l'existence d'un secteur privé dynamique.  L'Afrique a besoin de meilleures opportunités de commerce.  Il est temps d'assurer aux pays africains un accès libre aux marchés des pays industriels, en particulier dans les secteurs qui sont le plus importants pour les pays pauvres, à savoir les produits agricoles et le textile.  Ces secteurs devraient aussi figurer en bonne place dans les préoccupations d'un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales dans le cadre de l'OMC.  Il est également important d'aider les pays en développement à éliminer leurs propres obstacles et entraves au commerce.  En ce qui concerne l'Afrique, cette démarche devrait s'inscrire dans le cadre d'une intégration et d'une coopération économiques régionales.  Par ailleurs, le respect de l'objectif consiste, pour les pays industrialisés, à consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement devrait être considéré comme une manière d'investir dans la paix et la prospérité à travers le monde.  L'allégement de la dette constitue également un élément du concept global de réduction de la pauvreté, a déclaré le Directeur général du FMI.


M. JAMES WOLFENSOHN, Président de la Banque mondiale, a déclaré que la Banque mondiale avait la responsabilité d'assister le continent africain en vue d'y réduire la pauvreté.  L'Afrique a été le témoin ces dernières années de réformes économiques qui ont amélioré le développement dans certains pays et ont permis de renforcer le secteur privé.  La démocratisation des régimes politiques de certains pays a également permis un renforcement de la situation des droits de l'homme dans ces mêmes pays mais de nombreux efforts restent à faire. 

M. Wolfensohn a estimé qu'il fallait procéder à une analyse de l'histoire de l'Afrique afin de relever les défis des vingt prochaines années, défis exacerbés par les conflits et le sida.  Lors de la conférence de Lusaka, les dirigeants africains ont manifesté leur désir de mettre en place un plan pour maîtriser leur destin.  Pour les aider, il faut reconnaître que le défi est de taille et nécessitera beaucoup d'efforts et de temps.  Il faut donc envisager des programmes de développement à moyen et long terme mis en place avec la participation et la coordination des différentes institutions.


M. Wolfensohn a également rappelé que les gouvernements devaient mener des projets en commun.  Seuls, ils sont souvent trop petits pour être économiquement viables et pour répondre aux conflits qui empoisonnent leur pays.  La question de la résolution des conflits demeure effectivement un élément essentiel pour permettre le développement des pays.  L'élimination du virus du sida est également nécessaire.  Ce combat est d'ailleurs mené sans relâche, mais de nouvelles ressources doivent être mises à dispositions pour poursuivre ces actions.  À cet égard, M. Wolfensohn a rappelé que lors de la Conférence de Lusaka, les dirigeants africains ont décidé que la lutte contre le sida devait être leur deuxième priorité.


M. Wolfensohn a exprimé le souhait de voir la société civile s'unir pour aider l'Afrique et soutenir ses dirigeants dans leurs actions.  Ces dirigeants sont aujourd'hui prêts à relever les défis et il faut les soutenir dans leurs actions.  Pour ce faire, il faudra renforcer les capacités de gestion, les capacités humaines en général et les structures juridiques, et favoriser des systèmes financiers justes.  Des bases juridiques solides sont donc essentielles.


M. Wolfensohn a également soulevé le problème de la corruption en Afrique.  Il a invité les dirigeants africains à s'attaquer avec détermination à ce problème, faute de quoi, ces pays ne pourront se développer convenablement.  Selon M. Wolfensohn, les priorités du point de vue de l'éducation, de l'environnement, de la condition de la femme, doivent être abordées de manière globale et il faut soutenir les dirigeants africains dans les programmes qu'ils mènent dans ce sens.  Les Nations Unies, la Banque mondiale et les autres institutions sont en mesure de soutenir les activités mises en œuvre par les différents pays africains mais les Africains eux-mêmes doivent s'attaquer au problème.


M. MIKE MOORE, Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné que sans l'Afrique, il ne sera pas possible d'atteindre les objectifs de la Déclaration du Millénaire, à savoir - d'ici 2015 - une réduction de moitié de la pauvreté dans le monde, un renversement de la tendance en ce qui concerne l'épidémie de VIH/sida, une réduction de moitié du nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable et un accès de tous les enfants à l'éducation primaire.  Du passé, nous avons appris une chose, a déclaré M. Moore: le développement durable ne peut se mettre en marche si les pays et les communautés ne prennent pas véritablement en main leur propre développement.  À cet égard, il convient de saluer les initiatives récemment prises par les dirigeants africains pour prendre la tête d'un plan du Millénaire pour le continent et créer une Union africaine basée sur une vision d'une nouvelle ère d'unité par la coopération économique.  Pour rendre justice aux efforts des dirigeants et des peuples africains, des efforts cohérents doivent être déployés par les divers éléments du système international afin de soutenir une ère de développement dirigée et prise en charge par l'Afrique elle-même.


Le commerce est l'un des moteurs essentiels de la croissance mais, actuellement, les produits des pays en développement rencontrent de nombreux obstacles pour pénétrer les marchés des pays riches, a poursuivi le Directeur général de l'OMC.  À titre d'exemple, les 49 pays les moins avancés, qui représentent 10,5% de la population mondiale, représentent moins de 1% des exportations mondiales.  Deux pays, la Norvège et la Nouvelle-Zélande, se sont mis d'accord pour lever toutes les barrières aux exportations des pays en développement et ont ainsi rejoint un certain nombre d'autres pays qui ont déjà ouvert leurs marchés.  Un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales entérinerait cette évolution, a déclaré M. Moore.  En envisageant un nouveau cycle, il faut se pencher sur les chiffres: une étude du Tinbergen Institute estime que les pays en développement gagneraient 155 milliards de dollars par an d'une libéralisation commerciale plus poussée.  Cette somme représente trois fois plus que les 43 milliards d'aide au développement que ces pays reçoivent de l'étranger.  Les subventions agricoles des pays de l'OCDE représentent les deux-tiers du PNB total de l'Afrique, a poursuivi M. Moore. 


«Pensez seulement aux avantages que l'économie mondiale et l'Afrique tireraient d'une levée de ces subventions», a-t-il déclaré, avant de rappeler que M. Kofi Annan réclame 10 milliards de dollars pour la lutte contre le sida, soit 12 jours de subventions.  Ne pas lancer de cycle comporte des risques, a ajouté M. Moore.  L'économie mondiale semble vulnérable.  Ainsi, une récession aux Etats-Unis pourrait exporter le trouble dans le reste du monde et un regain de protectionnisme pourrait aggraver encore la situation.  Ne pas lancer un nouveau cycle cette année pourrait faire éclater le système commercial multilatéral lui-même, a insisté M. Moore.


S'agissant du processus préparatoire de la quatrième Conférence ministérielle de l'OMC, qui doit se tenir à Doha, au Qatar, en novembre prochain, le Directeur général de l'OMC a précisé que des décisions capitales seront prises dans les mois à venir - décisions qui pourraient avoir un impact considérable sur l'avenir du système commercial multilatéral.  Lors de cette conférence, il conviendra de renforcer l'OMC et de la préparer à jouer pleinement son rôle dans les relations commerciales internationales, a indiqué M. Moore.  Or, le meilleur moyen d'obtenir ce résultat est de lancer «un nouveau cycle ou un ensemble plus large de négociations».  L'ordre du jour de cette conférence devra satisfaire les intérêts de tous les intéressés.  Il devra être assez détaillé pour avoir du sens mais pas trop afin de ne pas constituer une pré-négociation en soi.  Chercher à réaliser un système commercial multilatéral libéral, ouvert et fondé sur des règles constitue la principale contribution de l'OMC en matière de soutien aux efforts déployés par les pays africains pour parvenir au développement durable.


M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a noté que les pays africains ont mis en place des mesures dont le dénominateur commun est la volonté de maîtriser la réalité actuelle, comme en témoignent notamment la création de l'Union africaine, le programme de redressement de l'Afrique pour le millénaire (MAP) et le plan Oméga.  Ces initiatives s'inscrivant dans la Nouvelle initiative africaine, peuvent être comparés au Plan Marshall mis en œuvre en Europe à la fin de la seconde guerre mondiale.  M. Ricupero a déclaré que des efforts intenses devaient être menées pour atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté de moitié avant 2015.  Pour ce faire, l'Afrique devrait avoir un taux de croissance de 7 a 8 pour cent par an.  Pour cela, le niveau d'investissements, actuellement de 16 à 17 pour cent du produit intérieur brut, devrait être augmenté de 22 à 25 pour cent dans les 10 prochaines années


M. Ricupero a déclaré que malgré le paradoxe apparent, il semble que le seul moyen pour que les pays africains échappent à leur dépendance serait d'augmenter l'aide d'une manière plus efficace dans un premier temps pour générer un élan positif qui finirait par rendre cette aide superflue.  Pour permettre cela, le niveau de l'assistance officielle devra être doublé et maintenu pendant au moins dix ans, cela devrait permettre d'augmenter l'épargne nationale et entraîner un flux d'importation et d'exportation privées qui remplacerait progressivement l'assistance.  C'est ce qui s'était passé pour le Plan Marshall.


Les arrangements commerciaux avec le continent doivent également être améliorés, selon M. Ricupero, et tous ceux qui s'efforcent sincèrement de faire fonctionner le système de commerce en faveur des pays africains et le développement en général devraient être soutenus.  Les génocides, les guerres civiles, le sida et la violation massive des droits de l'homme appellent une réponse internationale, fondée sur la solidarité avec l'Afrique.


M. K.Y. AMOAKO, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), au nom également des autres commissions régionales des Nations Unies, a attiré l'attention du Conseil sur la tenue récente du Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à Lusaka, qui s'est soldé par l'adoption d'un nouveau plan pour la renaissance et le développement de l'Afrique (la Nouvelle initiative africaine).  Ce nouveau plan reconnaît que pour attirer les investissements étrangers et le soutien de ses partenaires internationaux en faveur du développement, l'Afrique doit prendre elle même les premières mesures essentielles, à savoir mettre en place des politiques économiques saines, renforcer la démocratie et éradiquer la corruption.  Le nouveau plan accorde la priorité à certaines questions urgentes de survie en cherchant à surmonter les contraintes auxquelles le continent fait face en matière de développement et en offrant de nouvelles opportunités à l'Afrique afin qu'elle tire pleinement profit de son potentiel.  À cet égard, la nécessité de surmonter la pandémie du sida requiert une mobilisation immédiate.  Parmi les autres questions prioritaires, figurent les besoins en matière de services de santé de base, la réhabilitation des systèmes éducatifs en Afrique, la nécessité de combler la fracture numérique et d'améliorer les capacités de recherche du continent ainsi que les infrastructures essentielles permettant de promouvoir la compétitivité de l'Afrique.


Le second événement majeur intervenu en Afrique est la décision de créer une Union africaine.  Il reste maintenant à concrétiser cet engagement politique.  Pour ce faire, il convient de relever plusieurs défis et notamment de mettre en œuvre des politiques favorisant la convergence de conditions macroéconomiques favorables permettant d'assurer qu'il n'y aura aucun perdant dans cette Afrique intégrée.  Pour sa part, la Commission économique pour l'Afrique aidera à mettre en œuvre cette initiative.  La CEA a décidé de consacrer son Troisième forum de développement africain, en décembre 2001, à la recherche des moyens par lesquels l'Afrique peut accélérer sa progression vers l'intégration régionale.  La CEA a également décidé de lancer un mécanisme d'évaluation régulière du processus d'intégration régionale en Afrique qui prendra la forme d'un rapport annuel sur la question.


Aperçu de l'échange de vues


Au cours de l'échange d'idées générales qui a suivi la présentation des déclarations liminaires, les intervenants ont rappelé leur engagement et leur soutien aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable. 

Le représentant de la Belgique, au nom de l'Union européenne, a déclaré que, pour Europe, le partenariat avec l'Afrique est un élément essentiel de leur travail.  L'Union européenne a renforcé son partenariat avec l'Afrique et souhaite coopérer


dans les années à venir plus étroitement avec les Nations Unies, en particulier dans le domaine du développement de l'Afrique.  Le Parlement belge a, par ailleurs, décidé de mettre en place une commission d'enquête sur l'exploitation illicite des ressources naturelles en Afrique.  L'Union européenne se félicite en outre du renforcement de la coopération régionale.


Le Directeur général du Fonds monétaire international a reconnu que les pays développés menaient une politique de soutien de leur agriculture qui a des conséquences néfastes pour les pays en développement, et plus particulièrement pour les pays africains.  M. Kohler a souligné qu'il est de la responsabilité des gouvernements des pays développés de résoudre ce problème.  M. Kohler a souligné que le FMI ne pouvait pas participer à l'allégement de la dette car il ne disposait pas de suffisamment de fonds.  Il a en outre estimé que l'annulation de la dette ne pouvait pas être une solution car les pays bénéficiaires ont encore besoin de crédits et ne pourront en obtenir s'ils sont perçus comme totalement insolvables.


Le Président de la Banque mondiale a déclaré que l'une des conditions préalable à l'investissement était la mise en place de mesures de bonne gestion des affaires publiques.  M. Wolfensohn a indiqué que la Banque mondiale travaillait au niveau individuel pour renforcer les capacités des gouvernements des pays en développement.


Le Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce a déclaré que la réponse à certains problèmes venaient quelquefois de l'intérieur.  M. Moore a estimé que les critiques adressées à l'OMC il y a quelques années étaient justes et que de nombreux progrès avaient été entrepris depuis.  Il a ajouté que toutes les études effectuées aujourd'hui montraient que la facilitation du commerce permettait d'améliorer le développement.  En réponse à la question des subventions de l'agriculture dans les pays développés, M. Moore a reconnu qu'il y avait des injustices et que seules des négociations pourraient faire avancer une solution au problème.


Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA),

M. Amoaka, a déclaré que les priorités accordées au secteur agricole étaient nécessaires en vue de réduire la pauvreté dans les pays en développement et que les discussions à ce sujet devaient être poursuivies.


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