ECOSOC : RÉUNION-DÉBAT SUR LA PLANIFICATION PRÉALABLE ET LES INTERVENTIONS EN CAS DE CATASTROPHE NATURELLE
Communiqué de presse ECOSOC/G/5961 |
ECOSOC : RÉUNION-DÉBAT SUR LA PLANIFICATION PRÉALABLE ET LES INTERVENTIONS EN CAS DE CATASTROPHE NATURELLE
Genève, 12 juillet -- Le Conseil économique et social a tenu ce matin, dans le cadre de l'examen des questions relatives aux affaires humanitaires, une réunion-débat sur la planification préalable et les interventions en cas de catastrophe naturelle.
Dans le cadre de cette réunion-débat dirigée par Mme Catherine Bertini, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) et Envoyée spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la Corne de l'Afrique, un représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge ainsi que les coordonnateurs résidents des Nations Unies au Salvador et en Mongolie ont fait des déclarations liminaires.
Dans sa déclaration d'ouverture, Mme Bertini a décrit la situation qui prévaut dans la Corne de l'Afrique où une sécheresse de grande ampleur se produit environ tous les quinze ans. La situation dans la région s'est beaucoup améliorée depuis la première visite sur le terrain du groupe d'experts accompagnant Mme Bertini et les demandes d'aide ont diminué de 40%, a indiqué la Directrice exécutive du PAM, qui a par ailleurs salué les succès enregistrés en matière de capacité de réponse aux crises en l'an 2000. Mais malgré tous les progrès et efforts enregistrés, il faudra surveiller attentivement l'évolution climatique des régions concernées pour être en mesure de répondre rapidement et effectivement à une nouvelle situation de crise.
M. Christopher Lamb, Chef du Département de la mobilisation humanitaire à la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a indiqué que les catastrophes liées au climat, qui ont doublé depuis 1996, pourraient coûter entre 6 et 10 milliards de dollars dans les vingt prochaines années, soit dix fois plus que le flux prévu d'aide en faveur du développement pour la même période. Il a souligné qu'il faut se départir de l'approche qui consiste à traiter séparément la réponse aux catastrophes et la préparation aux catastrophes.
M. Bruno Moro, Coordonnateur des Nations Unies en El Salvador, pays touché par un tremblement de terre en janvier 2001, a notamment déclaré que le succès d'une réponse rapide en cas de crise réside notamment dans l'existence d'un système de diffusion de l'information qui soit efficace et accessible à tous rapidement.
Mme Saraswathi Menon, Coordonnatrice résidente des Nations Unies en Mongolie, a attiré l'attention sur l'expérience des Nations Unies en Mongolie, frappée par de très fortes chutes de neige et un froid intense, puis par la sécheresse.
Au cours de l'échange de vues qui a suivi ces déclarations liminaires, M. Ross Mountain, Coordonnateur adjoint des secours d'urgence, est intervenu pour mettre l'accent sur l'importance qu'il y a à associer des personnes appartenant aux communautés locales aux opérations de secours d'urgence. Les représentants des pays suivants ont également fait des déclarations: Inde, Belgique, Canada, Mexique, Pakistan, Pérou, Mongolie, Pays-Bas, Japon, Grèce, Turquie et Royaume-Uni. Le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également pris la parole.
Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d'accompagner l'action à court terme, à savoir les secours d'urgence, de mesures s'inscrivant dans le long terme telles la prévention et la reconstruction, notamment. L'accent a également été mis sur la nécessité d'impliquer les communautés locales aux diverses activités de secours, de préparation aux catastrophes et de gestion des risques en amont.
Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil tiendra une réunion-débat sur l'aide humanitaire d'urgence aux groupes ayant des besoins spéciaux.
Déclarations liminaires
MME CATHERINE BERTINI, Directrice Exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) et Envoyée spéciale du Secrétaire général pour la Corne de l'Afrique, a déclaré que des sécheresses ont lieu environs tous les 15 ans dans la Corne de l'Afrique. Mme Bertini, accompagnée d'un groupe s'est rendue plusieurs fois sur le terrain pour procéder à des évaluations des besoins. À la suite de ces visites des appels de Fonds ont été lancés et les donateurs y ont très bien répondu. Le groupe s'est rendu notamment en Éthiopie, au Kenya, en Somalie, en Érithrée et en Tanzanie. La situation dans la région s'est beaucoup améliorée depuis la première visite du groupe et les demandes d'aide ont diminué de 40%.
Mme Bertini a déclaré que, face à des sécheresses et des famines, la communauté internationale devait d'abord fournir une aide d'urgence pour éviter aux populations de mourir de faim, mais elle doit également dispenser une aide à plus long terme pour permettre aux gens de retrouver au moins leur niveau de vie d'avant la crise. Les succès enregistrés en matière de capacité de réponse aux crises en l'an 2000 sont le résultat à la fois de l'état de préparation aux crises dans lequel se trouvaient ces pays, de la réponse rapide des Nations Unies et des organisations non gouvernementales en collaboration avec les gouvernements des pays affectés et de la générosité des donateurs.
Mme Bertini a précisé que malgré tous les progrès et efforts enregistrés, il faudra surveiller attentivement l'évolution climatique de ces régions pour être en mesure de répondre rapidement et effectivement à une nouvelle situation de crise.
M. CHRISTOPHER LAMB, Chef du Département de la mobilisation humanitaire à la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a souligné que l'année 2000 est, de toutes les années de la dernière décennie écoulée, celle qui a connu le plus grand nombre de catastrophes naturelles avec plus de 250 millions de personnes affectées. Les catastrophes liées au climat, qui ont doublé depuis 1996, pourraient coûter entre 6 et 10 milliards de dollars dans les vingt prochaines années, soit dix fois plus que le flux prévu d'aide en faveur du développement pour la même période. Pour que fonctionne la coordination de la réponse à ces catastrophes, il convient notamment de voir comment venir en aide aux victimes de manière plus structurée en améliorant les éléments de la réponse aux besoins en matière de secours d'urgence. Il faudra aussi prioritairement rechercher les moyens de se préparer plus efficacement aux catastrophes, en particulier dans les régions touchées par de telles catastrophes. La Fédération estime qu'il faut se départir de l'approche qui consiste à traiter séparément la réponse aux catastrophes et la préparation aux catastrophes. La gestion des catastrophes ne doit pas être détachée des questions de développement tant il est vrai que les secours d'urgence ne sauraient suffire si l'on veut briser le cycle «catastrophe-réponse-catastrophe», a-t-il précisé.
L'une des clefs du succès de la coopération dans les secours en cas de catastrophe réside dans l'implication des communautés locales, a poursuivi M. Lamb. Il a rappelé que sa Fédération dispose d'une présence sur le terrain dans 177 pays à travers le monde grâce à son réseau unique de sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Le personnel de ces sociétés et les volontaires sont des personnes appartenant aux communautés locales qui sont le mieux placées pour répondre à une catastrophe et fournir une assistance aux victimes. À cet égard, le tremblement de terre qui a frappé l'État indien du Gujarat en janvier dernier fournit un très bon exemple d'opération de secours d'urgence ayant profondément impliqué la communauté locale. Quelques heures seulement après ce tremblement de terre, les volontaires de la Croix-Rouge indienne étaient sur le terrain. Le succès de l'opération de secours dans ce contexte a été salué comme un excellent exemple de leadership cohérent tant par la Fédération internationale que par la Croix_Rouge indienne.
Il est bien connu que ce sont les catastrophes naturelles qui provoquent aujourd'hui les déplacements de population les plus importants, a rappelé M. Lamb, qui a souligné que les mécanismes de gestion des catastrophes se devraient d'inclure des mesures visant à traiter particulièrement de ces questions. Les équipes de coordination et d'évaluation sur le terrain peuvent être déployées en 24 heures et la valeur de ces équipes a été démontrée récemment lors des tremblements de terre qui ont frappé El Salvador et l'Inde, a souligné M. Lamb. Il a rappelé que la rapidité de l'action est un élément clef du succès des opérations de secours. M. Lamb a par ailleurs mis l'accent sur l'importance du Fonds international de secours d'urgence en cas de catastrophe mis en place par sa Fédération en soulignant que ce Fonds permet de débloquer des fonds immédiatement après une catastrophe et de commencer rapidement les opérations de secours. M. Lamb a enfin fait valoir l'intérêt du système d'information pour la gestion des catastrophes en rappelant que l'analyse de l'information, l'anticipation et les systèmes d'alerte précoce constituent des éléments clefs de la préparation aux catastrophes. M. Lamb a par ailleurs estimé que la sécheresse au Tadjikistan n'a pas reçu l'attention qu'elle mérite.
M. BRUNO MORO, Coordonnateur des Nations Unies en El Salvador, a rappelé que le 13 janvier 2001, El Salvador a été touché par un tremblement de terre qui a touché 1,4 millions de personnes. Dans ce pays, 47,5% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Ces populations sont très vulnérables et le tremblement de terre a non seulement augmenté le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté mais a encore aggravé leurs conditions de vie. Lors de l'ouragan Mitch, l'Équipe de gestion des catastrophes des Nations Unies a été immédiatement rendue opérationnelle et s'est montrée capable de coordonner les différentes institutions et de réunir l'information sur la catastrophe de manière efficace. M. Moro a rappelé qu'un certain nombre d'organisations, telles que le PAM, l'UNICEF, l'OMS et le PNUD, ont pu répondre rapidement grâce à l'existence de composantes d'action rapide dans leurs activités. Les liens qu'ils avaient pu tisser avec le gouvernement et la société civile dans leur travail quotidien a également été très bénéfique.
M. Moro a déclaré que l'un des succès d'une réponse rapide aux crises était la mise en place d'un système de diffusion de l'information efficace et accessible à tous rapidement. Cela permet d'éviter le double emploi et de réagir aux situations de manière coordonnée et rapide. C'est ainsi que le PAM était sur le terrain trois heures après le tremblement de terre en El Salvador pour évaluer les dégâts et distribuer de l'eau et de la nourriture. Le PAM a ainsi pu venir en aide à plus de 500 000 personnes. L'OMS, l'UNICEF, le FNUAP, l'OIM, la FAO et le PNUD ont également répondu rapidement à la crise et ont mis en place des programmes d'assistance à long terme après avoir évalué les besoins. Un grand nombre de donateurs ont également répondu à l'appel malgré la lenteur des procédures mises en place à cet égard.
M. Moro a conclu que le défi des Nations Unies aujourd'hui était de s'assurer que les programmes nationaux et stratégies devaient tenir compte des politiques de réduction des risques. Les Nations Unies doivent effectivement promouvoir des politiques de développement à long terme en vue de diminuer les risques ou d'être en mesure d'y faire face de manière plus adéquate.
MME SARASWATHI MENON, Coordonnatrice résidente des Nations Unies en Mongolie, a rappelé que pendant deux années consécutives, la Mongolie a été frappée par des conditions climatiques associant très fortes chutes de neige et froid intense. La sécheresse a ensuite sévi dans le pays pendant trois années consécutives. Ces catastrophes ont durement affecté le bétail, qu'il devenait impossible de nourrir, et par conséquent l'ensemble de la population dont l'alimentation et les modes de subsistance dépendent dans une très large mesure de ce bétail. Cette situation a engendré d'importants déplacements de population. Treize provinces, représentant 45% de la population du pays, ont été touchées.
L'appel de fonds lancé par les Nations Unies pour faire face à cette situation mettait l'accent sur les modes de subsistance, afin de prévenir l'appauvrissement des éleveurs, ainsi que sur la santé et l'alimentation. La réponse des bailleurs de fonds a été positive, puisque le Gouvernement de la Mongolie a reçu 25 millions de dollars d'aide bilatérale et multilatérale dont un quart est passé par les canaux des Nations Unies. Les institutions apportant une
aide d'urgence ont encore beaucoup à apprendre pour améliorer leur réponse en cas de catastrophe, notamment du point de vue des achats et des recrutements, a déclaré Mme Menon. Si un système n'est pas mis en place pour gérer les ressources de la Mongolie, d'autres catastrophes surviendront dans l'avenir, a averti Mme Menon.
Echange de vues
Dans le cadre de l'échange de vues qui s'est ensuivi, plusieurs délégations ont rappelé que lorsqu'une catastrophe survient, les premières heures sont cruciales pour sauver des vies. Il a été maintes fois souligné qu'il est essentiel d'accompagner l'action à court terme, c'est-à-dire les secours d'urgence, de mesures s'inscrivant dans le plus long terme, notamment la reconstruction, la prévention des catastrophes, le développement. En effet, si le pire a pu être évité dans la Corne de l'Afrique, il faut désormais penser au long terme afin d'éviter que l'on ne se retrouve rapidement dans une situation similaire. L'accent a également été mis sur la nécessité d'investir davantage dans les mesures d'alerte précoce et rapide.
Le Coordonnateur des Nations Unies en El Salvador, M. Moro, a déclaré que le facteur de risque devait être évalué en fonction du niveau de la menace de catastrophes naturelles pour le pays concerné et de la vulnérabilité de sa population. Seul un dialogue entre les gouvernements et la communauté internationale permettra d'apporter une réponse adéquate aux situations de crises.
La Coordonnatrice résidente des Nations Unies en Mongolie, Mme Menon, a déclaré que la sécurité alimentaire en Mongolie nécessitait une approche plus cohérente du gouvernement pour atteindre les personnes qui ont le plus besoin d'aide. Il est nécessaire de travailler sur le terrain pour évaluer les besoins. Ces dix dernières années, peu de projets de prévention des catastrophes ont été mis en place et, selon Mme Menon, il faut remédier à cela. Il faut également travailler avec la population et le gouvernement dans la préparation des crises. Les Nations Unies et la communauté internationale doivent s'attacher à travailler en coordination avec les États concernés pour les aider à mettre en place des institutions pour la prévention des crises et la préparation pour y faire face.
M. Lamb, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant_Rouge, a déclaré que la Fédération avait pour pratique de travailler avec les bénéficiaires de l'aide et mettait en place un système de réponse rapide au niveau local avec les sociétés nationales.
M. Ross Mountain, Coordonnateur adjoint des secours d'urgence, a souligné l'importance de la participation des bénéficiaires. Il faut rappeler que plus de 90% des personnes qui sont sauvées lors d'une catastrophe le sont par la population locale. Il est donc très important de former le personnel local et le déployer sur place.
Mme Bertini a déclaré qu'elle ne prônait pas la création d'un nouvel organe au sein des Nations Unies mais plutôt un élargissement des activités de certains groupes et une meilleure coopération. En ce qui concerne les mesures à prendre dans la Corne de l'Afrique, des discussions ont eu lieu pour évaluer les méthodes de réponses et de préparation aux crises. Des exemples récents témoignent que la création de capacités à long terme est liée aux activités de reprise et de reconstruction.
Au cours de cet échange de vues, l'accent a également été mis par des délégations sur la nécessité d'impliquer les communautés locales aux diverses activités de secours, de préparation aux catastrophes et de gestion des risques en amont.
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