ECOSOC/5941

LE NOUVEAU CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DOIT ALLIER LES IMPERATIFS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE AUX BESOINS SOCIAUX DES POPULATIONS

01/05/2001
Communiqué de presse
ECOSOC/5941


Conseil économique et social

6ème séance - matin


LE NOUVEAU CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DOIT ALLIER LES IMPERATIFS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE AUX BESOINS SOCIAUX DES POPULATIONS


Le Conseil économique et social tient sa quatrième réunion spéciale avec les institutions de Bretton Woods sur un fond de ralentissement de l’économie mondiale


Lorsqu’il y a quatre ans, le Conseil économique et social et les Institutions de Bretton Woods ont tenu la première de leurs réunions, le symbolisme de l’évènement avait presque plus d’importance que la teneur des débats, a noté, ce matin, le Secrétaire général, M. Kofi Annan qui a reconnu qu’aujourd’hui le stade du symbolisme est dépassé.  Le Secrétaire général s’adressait, ce matin, à la quatrième Réunion spéciale de haut niveau entre le Conseil économique et social, promoteur de la coopération pour le développement et la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), responsables des questions financières et monétaires.  Les thèmes de cette Réunion spéciale qui sont le financement du développement et l’édification d’un système financier international propice au développement ont permis à M. Annan de mettre l’accent sur le consensus désormais acquis concernant le concept même de développement et l’approche plus cohérente qui en découle.  La cohérence en la matière est d’autant plus importante, a insisté le Président du Conseil économique et social, M. Martin Belinga-Eboutou, que les perspectives de l’économie mondiale sont devenues préoccupantes.  Le Président de l’ECOSOC a mentionné les statistiques selon lesquelles le taux de croissance de l’économie mondiale pour 2001 baisserait et se situerait à 2,4% par rapport au taux de 4% de l’année dernière.  Il en va de même pour l’expansion du commerce international qui passe à 6% pour 2001 contre 12% en 2000.  Les participants à la Réunion spéciale ont reconnu le risque qu’un tel ralentissement économique ne vienne aggraver la pauvreté dans le monde et ne compromette ainsi les efforts de développement des pays concernés.


Dans ce contexte, le Président du Groupe des 20 – composé du G-7, de 11 pays à économie émergente et de deux représentants de l’Union européenne/FMI et de la Banque mondiale - et Ministre des finances du Canada, a jugé caduque le “Consensus de Washington” qui est fondé sur la thèse selon laquelle la libéralisation financière et commerciale et son “pouvoir” d’autorégulation de l’économie entraînent une croissance économique propre à réaliser les objectifs du développement.  Qualifiant cette thèse de “trop étroite”, le Ministre des finances du Canada a défendu le “Consensus de Montréal” du Groupe des 20 qui part de la conviction que sans développement économique et social, la croissance économique seule ne peut suffire à réduire durablement la pauvreté, la sécurité sociale devant devenir le fondement de la sécurité économique.  Dans cet ordre d’idées, le


Président du Comité du développement et Ministre des finances de l’Inde, M. Yashwant Sinha a présenté un programme d’action en six points concernant le renforcement des capacités dans les pays les moins avancés; la multiplication des échanges commerciaux et le renforcement des capacités dans certains domaines pour les pays à revenus intermédiaires; la protection contre les chocs financiers extérieurs; le développement durable; la lutte contre la pauvreté, et la lutte contre les maladies.  A ce titre, le Président du Groupe des 24 – composé des pays en développement - et Gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, M. J.O. Sanusi, a appuyé la création d’un Fonds d’affectation mondiale pour la lutte contre le VIH/Sida en appelant la Banque mondiale à renforcer son partenariat avec les pays en développement non seulement en ce qui concerne cette pandémie, mais aussi dans la lutte contre les maladies infectueuses et le paludisme.


Outre ces participants, le Président du Comité monétaire et financier international et Chancelier de l’Échiquier du Royaume-Uni, M. Gordon Brown et le Président du Forum sur la stabilité financière et Directeur de la Banque des règlements internationaux, M. Andrew Crockett ont pris la parole.  En écho aux propos tenus par ces deux représentants, la Réunion spéciale de haut niveau a organisé deux tables rondes sur les deux thèmes choisis, à savoir le financement du développement, en particulier l’élimination de la pauvreté, l’aide publique au développement et la dette, et sur l’édification d’un système financier international propice au développement, en particulier la responsabilité des secteurs public et privé dans la prévention des crises financières.  Les compte rendus des tables rondes ont été faits par le Président du Conseil économique et social et le Vice-Président du Conseil économique et social, M. Ivan Simonovic.  Ils ont souligné que la réunion d’aujourd’hui a contribué de manière remarquable à renforcer la cohérence dans les politiques de développement.  Ils ont outre fait part de la volonté des participants d’inviter désormais des représentants de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à leurs prochaines réunions. 


Des observations finales ont, en outre, été faites par le Directeur adjoint du FMI, M. Edouardo Aninat et le Directeur général de la Banque mondiale, M. Sven Sandstrom.  Ils ont fait part des initiatives de leurs institutions pour mieux s’adapter aux besoins du moment en matière de développement.  Le Président du Conseil économique et social, M. Martin Belinga-Eboutou, a fait une observation finale.


Réunion spéciale de haut niveau avec les Institutions de Bretton Woods


Allocution du Président du Conseil économique et social


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun), Président du Conseil économique et social, a souligné que la réunion a lieu à un moment où les perspectives de l'économie mondiale sont préoccupantes.  Le taux de croissance économique mondiale pour 2001 devrait être sensiblement ralenti puisqu'il ne dépassera pas 2,4% alors qu'il a atteint 4% en 2000.  De même, l'expansion du commerce international devrait être ramenée à un taux de 6% en 2001, contre les 12 % constatés en 2000.  Le ralentissement économique des principaux pays développés ayant des conséquences directes sur les activités économiques d'un grand nombre de pays en développement et de pays en transition, un ralentissement significatif de la croissance est prévu pour les pays d'Asie et d'Amérique latine, ce qui gênera les progrès réalisés pour atteindre l'objectif de l'élimination de la pauvreté.  En outre, un certain nombre d'autres facteurs parmi lesquels les inondations, les tremblements de terre et les sécheresses, ont des conséquences négatives pour l'économie de certains pays et de certaines régions.  L'impact économique de la crise du VIH/sida prélève un lourd tribut parmi ceux qui peuvent le moins se le permettre.  Les situations de conflit persistent, entravant le redressement économique et social.  Dans ce contexte, a souligné M. Belinga-Eboutou, il est  indispensable de prendre les mesures nécessaires pour faire reprendre à l'économie mondiale la voie d'une réalisation progressive des objectifs du Sommet du millénaire. 


Il a estimé que la réunion d'aujourd'hui devrait contribuer à la réalisation de cette tâche immense en centrant la réflexion sur le financement du développement et sur le système financier international et le rôle qu'il joue dans la promotion de l'équité économique et sociale dans l'économie mondiale.  A cet égard, il a souligné qu'un système financier international stable est essentiel à l'application à court et à long terme de politiques efficaces d'élimination de la pauvreté, de même que la gérabilité de la dette et la prévisibilité des flux financiers sont des éléments essentiels d'une planification réaliste du développement social et des infrastructures, et partant, de l'élimination de la pauvreté.  Pour le Président de l'ECOSOC, il est indispensable de mettre en place des mécanismes efficaces, éprouvés et fiables pour faire en sorte que tous les protagonistes, y compris le secteur privé, œuvrent en collaboration en vue d'instaurer un environnement financier sachant répondre aux besoins de la croissance et du développement.  La cohérence des approches des institutions internationales, en particulier l'ONU, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, en matière de développement facilitera grandement la réalisation des buts souhaités à tous les niveaux. 


M. Belinga-Eboutou a souligné que la réunion d'aujourd'hui doit fournir le cadre de discussions détaillées et approfondies sur le financement du développement qui se tiendront à partir de demain dans le cadre du Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement.  Elle fournira également une occasion exceptionnelle de convier les principaux responsables des politiques financières et ceux chargés de développement à un dialogue ouvert sur la façon dont il convient de mobiliser les énergies et les ressources du système international dans son ensemble. 


Allocution du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a noté que lorsqu’il y a quatre ans, le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods ont tenu la première de leurs réunions, le symbolisme de l’évènement avait presque plus d’importance que la teneur des débats.  Expliquant que ces entités ont longtemps entretenu des rapports «distants voire tendus», il a jugé qu’aujourd’hui le stade du symbolisme est dépassé.  Maintenant, «nous avons une approche plus cohérente, fondée sur une convergence de vues et une nouvelle conception du développement» a-t-il souligné.  M. Annan a attiré l’attention des participants sur le fait que la réunion d’aujourd’hui se tient alors que les Nations Unies viennent de publier un rapport «préoccupant» selon lequel, cette année, la croissance économique mondiale devrait s’accroître pour atteindre les 4% à 2,5%.  Il a ajouté que si la crise de 1997-1998 a pour origine les pays en développement, la baisse de régime actuelle s’est, elle, déclarée dans les pays industrialisés en particulier les Etats-Unis et le Japon.


Conscient que les populations pauvres sont toujours celles qui subissent le plus durement le contrecoup des crises, le Secrétaire général a exhorté les participants à continuer d’accorder la plus grande attention aux besoins et aux aspirations des plus démunis surtout dans les pays en développement.  Il a rappelé que la réunion d’aujourd’hui se tient aussi à la veille de la troisième session du Comité préparatoire à la conférence internationale sur le financement du développement.  Dans ce contexte, le Secrétaire général a dit craindre que si «nous ne parvenons pas à mobiliser des ressources plus importantes –publiques et privées- les plans que nous avons élaboré pour éliminer la pauvreté et accélérer le développement se soient voués à l’échec».


Mettant l’accent sur les recommandations qu’il a faites au Comité préparatoire concernant le renforcement des institutions financières, du cadre juridique et de la gouvernance, la lutte contre la corruption et l’annulation de la dette des pays les moins avancés et certains pays en développement, le Secrétaire général a jugé crucial de veiller à ce que les pays en développement aient dûment voix au chapitre lorsqu’il s’agit des décisions susceptibles d’affecter leurs perspectives de développement, en particulier au sein des organes directeurs des institutions financières internationales.  Ce n’est pas simplement une question de justice mais la seule façon de rendre ces instances plus efficaces, plus ouvertes et plus transparentes, a souligné M. Annan.


Les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont complexes et interdépendants, a ajouté le Secrétaire général en insistant sur le consensus déjà acquis en ce qui concerne les valeurs, les priorités et les objectifs devant guider l’action des Etats Membres comme le confirme la Déclaration du millénaire.  Il a, assuré que le Secrétariat était disposé à continuer d’épauler les Etats Membres dans les efforts qu’ils déploient pour réaliser les objectifs qu’ils se sont fixés et de suivre les résultats obtenus au plan mondial comme au plan national.  J’espère que le Conseil économique et social et les institutions de Bretton Woods s’acquitteront du rôle qui est le leur et rehausseront encore leur coopération.


Allocutions des participants


M. GORDON BROWN, Président du Comité monétaire et financier international, Chancelier de l'Échiquier du Royaume-Uni, a déclaré que les réunions de Washington cette semaine du FMI, de la Banque mondiale, des gouvernements et les décideurs financiers et économiques du monde, ont une nouvelle fois reconnu l’interdépendance croissante entre les nations, en raison des mécanismes de la mondialisation.  Les conditions du maintien de la croissance macroéconomique et du rythme des réformes économiques ont été jugées essentielles à promouvoir et à respecter.  Pour la plupart des pays en développement et, notamment, les plus pauvres, l’allègement de la dette et l’élimination de la pauvreté sont les  objectifs que nous nous sommes assignés d’ici à 2015. Nous avons mis l’accent sur ce qui reste à faire dans le domaine de la réduction de la dette.  Les pays les plus pauvres doivent être capables de se libérer de ce fardeau en vue de réduire le niveau de pauvreté extrême de leurs populations.  Nous avons aussi, a dit

M. Brown, souligné l’importance des codes, des normes et des mécanismes financiers de préventions de crises pour éviter ce qui s’est produit il y a quelques années, en Asie du Sud-Est et ailleurs.  Ce qui devra permettre au secteur privé d’être plus averti et plus conscient de ses devoirs et des mesures qu’il pourrait prendre dans ses programmes d’aide aux pays en crise.  Le forum qui s’est tenu à Dakar, sous l’égide l’ONU, a permis de mettre l’accent sur l’importance de l’éducation des jeunes filles et leur rôle dans le développement.  Concernant la question de la santé et du développement, les engagements pris par la communauté internationale et les gouvernements en vue de combattre le VIH/sida doivent fermement être soutenus et respectés.  Au niveau national, les organismes gouvernementaux et notamment, les ministères de la santé doivent prendre toutes les mesures qui s’imposent pour le traitement efficace de cette question, et une lutte doit également être engagée contre les autres maladies infectieuses et le paludisme.  Nous nous sommes félicités des discussions engagées avec l’industrie pharmaceutique.  Des réformes dans le domaine de la santé ont été jugées indispensables lors des réunions de Washington.  La croissance ne doit pas se faire au dépens du bien-être social, et les gouvernements et institutions internationales ont pris l’engagement d’oeuvrer en ce sens.


M. YASHWANT SINHA, Président du Comité du développement et Ministre des finances de l’Inde, rendant compte de la dernière réunion du Comité, s’est réjoui que les institutions financières internationales se soient généralement rendues à l’évidence de la nature réelle de la mondialisation.  Il a dit craindre que le ralentissement actuel de l’économie n’entraîne une réduction de la prospérité dans les pays développés et partant, une généralisation de la pauvreté dans les pays en développement.  S’attardant sur la situation de l’Afrique, le Ministre a attiré l’attention sur plusieurs problèmes du continent, en particulier les maladies.  Il a lancé un appel à tous pour qu’ils redoublent d’efforts et assurent le bon suivi d’initiatives telles que l’HIPC et l’augmentation de l’APD.


Le Ministre a fait part d’un programme d’action en six points concernant les pays en développement, en particulier les pays à revenus intermédiaires: le renforcement des capacités dans les pays les moins avancés; l’augmentation des opportunités d’échanges commerciaux et le renforcement des capacités dans certaines domaines pour les pays à revenus intermédiaires; la protection des économies par rapport aux chocs extérieurs; la lutte contre les maladies infectieuses; le développement durable et ses corollaires la justice sociale, la protection de l’environnement et la bonne gouvernance aux plans national et sous-régional; et la lutte contre la pauvreté.


M. J.O. SANUSI, Président du Groupe des 24, Gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, a noté que les pays en développement ont été les plus affectés par les tendances actuelles de l’économie mondiale.  L’objectif de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015 et celui d’assurer au développement des ressources financières stables et prévisibles sont de nobles objectifs mais difficiles à atteindre.  Le Groupe demande à la communauté des donateurs d’augmenter leur contribution d’Aide publique au développement en vue de respecter le niveau convenu de 0,7% de leur PNB.  La Banque mondiale et le FMI devraient pour leur part faire un effort pour mieux soutenir le redressement des pays dits à revenu moyen.  L’accès à des financements à des conditions plus favorables pour les pays lourdement endettés est un objectif souhaitable dont l’urgence se fait sentir.


En ce qui concerne le commerce et le développement, un certain nombre de pays ont mis en place toutes les mesures qui leur avaient été demandées pour leur intégration dans le système commercial multilatéral.  Mais les pratiques protectionnistes des pays développés ont réduit ces efforts à néant.  Nous demandons donc que soit mis fin aux barrières tarifaires et au système de quotas qui empêchent un véritable commerce libre.


Concernant le VIH/sida, le Groupe soutient la création d’un Fonds d’affectation mondiale comme l’a proposé le Secrétaire général.  La Banque mondiale devrait, à cet égard, renforcer son partenariat avec les pays en développement non seulement en ce qui concerne cette pandémie, mais aussi dans la lutte contre les maladies infectieuses et le paludisme.


M. PAUL MARTIN, Président du Groupe des 20 et Ministre des finances du Canada, a rappelé que le Groupe des 20, créé il y a deux ans, représente les Ministres des finances de 19 pays, 65% de la population mondiale et 60% des pauvres du monde.  Le Groupe des 20, a été constitué à la suite de la crise en Asie qui a montré les conséquences néfastes de la volatilité des flux de capitaux à court terme.  La création du Groupe des 20 doit être perçue comme la reconnaissance des insuffisances des mesures prises par le Groupe des 7, lesquelles ne pouvaient plus être imposées sans le consentement et la pleine participation des bénéficiaires de ces mesures au processus de prises de décision.  Le Ministre a indiqué qu’en deux ans, le Groupe des 20 a été en mesure de s’entendre sur des normes et des codes et qu’il s’est surtout engagé à les mettre pleinement en œuvre.


Le Groupe a reconnu la réalité de la mondialisation est différemment vécue et qu’en conséquence le Groupe devait utiliser son expérience de la réalité pour mieux évaluer les politiques proposées.  Il s’agit en fait d’éviter, par exemple, les mesures précipitées qui ont amené certains pays à ouvrir leur économie aux flux de capitaux avant même qu'ils aient mis sur pied un mécanisme efficace de contrôle bancaire et qu’ils aient adopté une réglementation appropriée.  En d’autres termes, le Groupe a accepté d’aller au-delà du consensus de Washington qu’il trouvait trop étroit pour traiter des défis associés à la croissance économique.  La nouvelle théorie est que la croissance sans un développement économique et social ne pourrait à elle seule suffire pour réduire la pauvreté.  Le Groupe des 20 a reconnu le besoin de poser la sécurité sociale comme base de la sécurité économique.  C’est ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui le consensus de Montréal, a indiqué le Ministre des finances.


M. ANDREW CROCKETT, Président du Forum sur la stabilité financière et Directeur de la Banque des règlements internationaux, a observé que les crises financières trouvent leur origine dans la structure des systèmes financiers ou bien sont aggravées par des dysfonctionnements des ces structures.  Le débat sur l’architecture financière internationale devrait aboutir à l’élaboration de mesures favorisant l’adoption de politiques plus efficaces en faveur du financement du développement ainsi que la création de mécanismes de stabilité financière.  Le Forum a été créé, a dit M. Crockett, pour faciliter les contacts entre les décideurs et les institutions financières qui ont des responsabilités sur la stabilité financière, sur le contrôle des mécanismes, ou sur le financement international des politiques de développement.  Il a pour objectif de faciliter la circulation de l’information et de promouvoir des politiques d’équilibre.  Lors des réunions de la semaine dernière à Washington, nous avons beaucoup parlé de la nécessité d’instituer une transparence dans l’usage des crédits issus de fonds de pension et de la nécessité de mieux utiliser les flux de capitaux à court ou moyen terme et de les rendre aussi plus prévisibles et transparents.  Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait mettre en place, dans ces domaines, des codes et des normes, dont la mise en oeuvre doit se faire grâce au dialogue et à la concertation.  Nous avons discuté de la nécessité d’une assistance technique pour leur mise en œuvre par les pays en développement qui en auraient besoin.  Les pays doivent être responsables des normes qu’ils adoptent et lesquelles ne doivent pas leur être imposées de l’extérieur.  C’est pourquoi nous avons créé des groupes régionaux qui se réunissent avec les membres du Forum pour assurer une participation de tous les pays et de tous les intérêts à nos travaux.  Pour ce qui est de le méthodologie de l’application de ces codes et normes, nous sommes d’avis qu’il faut aussi développer, sur ce point, des mécanismes de consultation afin que toutes les parties puissent se faire entendre.


Synthèse des tables rondes


M. IVAN SIMONOVIC, Premier Vice-Président du Conseil économique et social, Président de la table ronde sur l’“édification d’un système financier international propice au développement: responsabilité des secteurs public et privé dans la prévention des crises financières”, a estimé que la structure de la réunion d’aujourd’hui, qui comporte des tables rondes, était une heureuse innovation.


Les débats de la table ronde numéro 2 ont été un succès a-t-il dit.  La question du financement du développement a été abordée prioritairement par la table ronde sous l’angle de l’élimination de la pauvreté.  Des délégations ont fait part de leur inquiétude face à la réduction de l’Aide publique au développement(APD), la situation de l'économie mondiale et ses tendances actuelles semblent justifier cette inquiétude.  Un accent particulier a été mis sur l’importance du commerce pour le financement du développement.  Les bénéfices tirés du commerce seraient indéniables pour les pays les plus pauvres.  Concernant le système financier international, les délégations ont reconnu la nécessité de mettre en place des normes et des codes universels qui tiennent compte des spécificités de chaque pays.  La prévention des crises a été jugée comme l’un des sujets les plus importants par les délégations.  La coordination des activités et des actions des différents participants aux échanges financiers est indispensable, et à cet égard, la table ronde a estimé qu’il faut améliorer la gouvernance au niveau international.  Les délégués ont été d’accord qu’il existe un consensus international pour des politiques cohérentes tant au niveau national que mondial.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), Président de la table ronde sur le “financement du développement, en particulier l’élimination de la pauvreté, l’Aide publique au développement et la dette”, a présenté le contenu des débats de la table ronde 1, dont il s’est félicité de la richesse des 22 interventions.  Les points saillants de cette table ronde ont essentiellement eu trait à l’impératif de la croissance dans la durée.  Ces débats ont largement reflété l’esprit de la Déclaration du millénaire.  La coopération entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods est nécessaire à la création d’un nouveau consensus sur le développement, a estimé la table ronde.  Mais, a-t-il été relevé, il faut largement aller au-delà du consensus de Washington et mettre l’accent sur la coopération, l’assistance technique et l’appropriation par les pays en développement, des politiques et de la réflexion sur le développement.  La question relative à la réduction de la pauvreté et la dette a été examinée lors de la table ronde, des délégations ayant estimé que les initiatives du genre PPTE n’allaient pas assez loin.  La relance de la solidarité internationale est indispensable et elle devra rapidement se manifester en faveur des PMA dont le cas sera examiné ce mois à Bruxelles par la communauté internationale.  La lutte contre le VIH/sida est un sujet de préoccupation prioritaire et d’inquiétude auquel il faut trouver une solution.  Quant au financement du développement, les délégations ont reconnu le rôle crucial dévolu au FMI et à la Banque mondiale lorsque la question sera examinée par la Conférence internationale de haut niveau qui se tiendra au Mexique.  Les participants ont souhaité qu’en matière financière, dans les cas les plus graves, l’intervention de la communauté internationale se fasse sous forme de dons et non de prêts.  La transparence a été évoquée comme indispensable si l’on veut prévenir les crises financières.  La table ronde 1 a abouti à la conclusion selon laquelle l’Organisation mondiale du commerce (OMC) devra être invitée comme participante à part entière des prochaines rencontres ECOSOC/Bretton Woods.


Observations finales


M. EDUARDO ANINAT, Directeur général adjoint du Fonds Monétaire international (FMI) a expliqué les réformes entreprises par le FMI au cours de ces dernières années en rappelant que le mandat de cette institution consiste entre autres à traiter des questions macroéconomiques, à assurer la stabilité et la durabilité de la croissance et à régler les questions financières.  Le FMI n’a donc pas pour mandat de s’occuper d’un processus global dans le domaine microsectoriel.  Partant, le FMI reconnaît la nécessité de se réformer afin de s’adapter au mieux aux besoins du monde actuel.  Dans ce contexte, M. Aninat a évoqué la question des prêts selon des conditionnalités qui, selon lui, exigent des efforts redoublés pour leur intégration dans un processus plus général qui les rendrait plus efficaces.  M. Aninat a évoqué la nécessité pour le FMI de réadapter ses services afin qu'ils répondent aux besoins d’aujourd’hui.  Des décisions ont été prises pour mieux appuyer les efforts de prévention des crises et de la gestion des crises.  Le troisième domaine de réformes, a-t-il poursuivi, concerne la vulnérabilité aux chocs extérieurs, le suivi et la surveillance.  A ce titre, le FMI tente d’améliorer ses outils analytiques en ce qui concerne les vulnérabilités spécifiques des pays et les vulnérabilités systémiques.


L’assistance technique en matière macroéconomique fait également l’objet de réformes, a poursuivi M. Aninat qui a souligné la nécessité d'une plus grande transparence dans la diffusion des statistiques économiques et financières.  Le FMI, a conclu le Directeur général adjoint, entend continuer à tirer les leçons de son expérience tout en maintenant sa compétence propre au niveau macroéconomique.  


M. SVEN SADSTROM, Directeur général à la Banque mondiale, a souligné la nécessité pour la Banque de s'impliquer dans les préparatifs de la Conférence sur le financement du développement qui doit se tenir l’année prochaine.  Il s’est réjouit de l’ordre du jour de la Conférence qui parle de la mobilisation des ressources à tous les niveaux.  Il a mis l’accent sur deux thèmes qu’il a jugés fondamentaux.  Il a cité la réduction de la dette et indiqué que l’Initiative PPTE, a permis, à ce jour, d’alléger la dette de 22 pays à hauteur de 55 milliards de dollars.  Il a évoqué la question de la lutte contre le VIH/sida et la décision de la Banque mondiale d’y consacrer 1 milliard de dollars dans les années à venir.  S’agissant du commerce international, le Directeur général a indiqué que la Banque mondiale travaille avec les pays pauvres sur leur capacité de prendre part aux négociations internationales.  Venant au deuxième thème, le Directeur général s’est réjouit de la nouvelle architecture “plus articulée” du développement en soulignant les principes désormais consensuels, à savoir l’appropriation par les pays concernés des programmes de développement, la réduction de la pauvreté pour les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires, et le recours au système bilatéral et aux banques régionales de développement régionales qu’il faut encourager.


Dans ses remarques de clôture, M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU, Président de l’ECOSOC, a souhaité que l’ECOSOC puisse continuer d'être la tribune par excellence du partenariat et du dialogue entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods.  Lorsque ces rencontres ont commencé il y a 4 ans, on ne savait pas ce qu’elles deviendraient, mais aujourd’hui elles se sont révélées quasiment indispensables.  Le Président a souhaité que se poursuive l’esprit de dialogue constructif qui s’est manifesté aujourd’hui.  La préparation de la Conférence sur le financement du développement et celle de la 3ème Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) auront besoin de cet esprit de dialogue, de coopération et de consensus, a dit M. Belinga-Eboutou.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information. Document non officiel.