En cours au Siège de l'ONU

CD/G/509

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT CONCLUT LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2001 EN RÉAGISSANT AUX ATTENTATS TERRORISTES COMMIS MARDI AUX ÉTATS-UNIS

13/09/2001
Communiqué de presse
CD/G/509


Communiqué final


LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT CONCLUT LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2001 EN RÉAGISSANT AUX ATTENTATS TERRORISTES COMMIS MARDI AUX ÉTATS-UNIS


L'importance de la coopération dans la lutte contre le terrorisme est

soulignée ainsi que la nécessité d'avancer dans les travaux de la Conférence


La Conférence du désarmement, qui tenait ce matin la séance de clôture de sa session de 2001, a entendu de nombreuses réactions des membres de la Conférence aux attentats terroristes perpétrés le mardi 11 septembre aux États-Unis.


Le Président de la Conférence du désarmement, M. Roberto Betancourt Ruales, de l'Équateur, a déclaré que ces actes terroristes qui ont causé la mort de milliers de personnes et des dommages matériels importants méritent la condamnation la plus ferme de la Conférence du désarmement.  Il s'est associé au Secrétaire général des Nations Unies pour dire qu'aucune cause juste ne peut être servie par la terreur.  Au nom de la Conférence du désarmement, il a exprimé ses sincères condoléances au peuple et au gouvernement des États-Unis.


Après que la Conférence eut observé une minute de silence à la mémoire des victimes, M. Vladimir Petrovsky, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, a donné lecture de la déclaration du Secrétaire général condamnant les attentats terroristes commis le mardi 11 septembre 2001 aux États-Unis (voir le communiqué de presse SG/SM/01/270).  M. Petrovsky s'est associé aux déclarations qui soulignent qu'il n'existe aucune justification à ces actes et que les coupables doivent être traduits en justice.  Il a exprimé ses profondes condoléances au gouvernement et au peuple des États-Unis.


Plusieurs délégations ont vivement condamné ces actes de terrorisme, exprimant leurs condoléances et leur solidarité au gouvernement et au peuple des États-Unis.  Les intervenants ont souligné que ces attentats touchent la communauté internationale dans son ensemble et ont condamné toute forme de terrorisme, plusieurs soulignant l'importance de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme et assurant le Gouvernement des États-Unis de leur appui dans la recherche des coupables.  Le représentant russe a notamment rappelé que son pays a maintes fois appelé à la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme international.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole à ce sujet: le Chili (au nom du groupe de Rio de Janeiro), la Belgique (au nom de l'Union européenne), l'Australie (au nom également de la Nouvelle-Zélande), le Canada, l'Égypte, l'Argentine, la Norvège, la Hongrie, la République de Corée, le Pakistan, le Nigéria, la République tchèque, la Géorgie, la Fédération de Russie, le Japon, la Suisse, la Chine, la Turquie, l'Inde, l'Afrique du Sud, la Slovénie et la Pologne, la Roumanie, l'Allemagne et le Brésil.


Le représentant des États-Unis, M. Robert Grey, a remercié les délégations qui sont intervenues pour exprimer leurs condoléances et leur appui à son pays.  Il a déclaré que ces actes terroristes seront traités comme ils le méritent.  «Comme d'autres qui ont attaqué les États-Unis par le passé l'ont découvert à leurs dépens, ceux qui ont perpétré ces actes constateront qu'ils ont tiré un géant de son sommeil», a déclaré M. Grey.


Certaines délégations ont ajouté que la communauté internationale ne devait pas se laisser abattre par ces événements et que, notamment, la Conférence du désarmement se devait, dans ce contexte, de faire avancer d'urgence ses travaux sur les questions de fond en matière de désarmement dès le début de sa session de 2002.


À cet égard, le Président a déclaré que la Conférence concluait aujourd'hui sa troisième année consécutive de réunions sans parvenir à un accord sur un programme de travail et, donc, sans avoir été en mesure d'entamer des négociations multilatérales sur les questions de fond ou établir des organes subsidiaires.  Cette situation est un motif de vive préoccupation pour toutes les délégations, étant donné le risque croissant d'érosion de la crédibilité et de la structure même de cette instance unique de négociations multilatérales sur le désarmement.


La Belgique, les États-Unis, l'Allemagne, le Brésil et le Nigéria ont également fait des déclarations sur la situation de la Conférence.  La plupart regrettant la paralysie de la Conférence mais soulignant qu'elle reste la seule instance internationale pour la négociation multilatérale dans le domaine du désarmement.  Les États-Unis ont toutefois estimé que, si la Conférence ne réagit pas collectivement et rapidement pour saisir la proposition de programme de travail faite par l'Ambassadeur Celso Amorim, les questions de désarmement seront discutées ailleurs qu'en son sein.  Les institutions qui n'ont pas fonctionné, n'ont pu fonctionner ou n'ont pas voulu fonctionner ont fini par disparaître, soulignent les États-Unis.


La Roumanie est pour sa part intervenue pour annoncer qu'elle a commencé le processus de destruction de ses stocks de mines dans le cadre de l'application de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.


En fin de séance, la Conférence du désarmement a adopté son rapport à l'Assemblée générale, dans lequel elle prie son Président et son successeur, pour faciliter la réalisation de progrès quant au fond pendant sa session de 2002, de tenir les consultations qui s'imposeraient pendant l'intersession et de formuler, si possible, des recommandations susceptibles de l'aider à commencer rapidement


des travaux sur les divers points de l'ordre du jour, eu égard au fait que la Conférence était disposée à prendre le document CD/1624 comme point de départ de nouvelles consultations, plus intenses.  En outre, prenant note des rapports des coordonnateurs spéciaux pour les questions du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence, de l'élargissement de sa composition, et de l'amélioration et de l'efficacité de son fonctionnement, la Conférence, tout en estimant qu'il convenait de donner la priorité aux travaux de fond, a recommandé que des coordonnateurs spéciaux pour les questions considérées soient à nouveau désignés le plus rapidement possible à sa session de 2002.

La première séance plénière de 2002 de la Conférence du désarmement aura lieu à 10 heures le 22 janvier.  Les pays suivants assumeront la présidence de la conférence à tour de rôle en 2002 : Égypte, Éthiopie, Finlande, France, Allemagne et Hongrie.


La session de 2001 de la Conférence


En adoptant son ordre du jour en début de session, la Conférence devait examiner les questions suivantes : cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire; prévention de la guerre nucléaire; prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique; arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes; nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive et armes radiologiques; programme global de désarmement; transparence dans le domaine des armements; examen et adoption du rapport annuel et de tout autre rapport à l'intention de l'Assemblée générale.


Toutefois, comme l'an dernier, la Conférence n'est pas parvenue à traduire cet ordre du jour en programme de travail.  Dès l'ouverture de la session, le 23 janvier, dans un message adressé à la Conférence, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, constatant que la Conférence du désarmement n'était pas parvenue, encore une fois l'an dernier, à un consensus sur un programme de travail global, avait toutefois rappelé que des progrès ont été réalisés l'an dernier sur la voie d'un consensus sur les questions en suspens du désarmement nucléaire et de la prévention de la course aux armements dans l'espace.  Il avait demandé à la Conférence de poursuivre ce processus avec détermination afin de recueillir la volonté politique nécessaire.


Si, comme l'ont indiqué les présidents successifs de la Conférence, la plupart des éléments du programme de travail pouvaient recueillir l'adhésion des membres de la Conférence, deux questions, à savoir la question du désarmement nucléaire et la question de la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique font encore apparaître des divergences entre les délégations.  La Conférence, par ailleurs, n'a établi ni rétabli aucun mécanisme chargé de l'examen d'un point de son ordre du jour.


Par contre, la Conférence a décidé, le 14 juin, de nommer trois coordonnateurs spéciaux chargés, respectivement, des questions du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence, de l'élargissement de sa composition et de l'amélioration de son fonctionnement.  Les trois rapporteurs, nommés le 22 juin, ont présenté les résultats de leurs consultations les 28 et 30 août.


Les débats de la Conférence ont été marqués en particulier par des déclarations sur le projet de système de défense antimissile national des États-Unis.  Certains ont, à cet égard, estimé urgent d'entamer des négociations sur un instrument juridique contraignant sur la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.  D'autres intervenants se sont prononcés en faveur du commencement de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires.


Plusieurs délégations sont en outre intervenues au sujet de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Ainsi, au cours de la session, le Kenya et le Chili ont informé la Conférence qu'ils avaient déposé leurs instruments de ratification.  La Malaisie, la Bulgarie et le Pérou ont indiqué avoir achevé la destruction de leurs stocks de mines antipersonnel.  La Turquie et la Grèce ont annoncé, le 17 mai, leur décision commune de devenir simultanément parties à la Convention.  La Roumanie a pour sa part indiqué, aujourd'hui, qu'elle avait commencé le processus de destruction de ses stocks.  La Convention compte désormais 120 États parties et la Belgique, en tant que coprésident du Comité sur l'état général et le fonctionnement de la Convention, a maintes fois appelé à son universalisation, à l'instar d'autres délégations.


Au cours de sa session de 2001, la Conférence a entendu des déclarations des personnalités gouvernementales suivantes : M. Inam Ul Haque, Secrétaire d'État aux affaires étrangères du Pakistan; M. Igor Ivanov, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie; M. Luvsangin Erdenechuluun, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie; et M. Miguel Aguirre de Cárcer, Directeur général à la sécurité et au désarmement au Ministère des affaires étrangères de l'Espagne.


Cette année, la présidence de la Conférence a été successivement assurée, pour des périodes de quatre semaines de travail et conformément au principe de rotation par ordre alphabétique anglais, par M. Christopher Westdal du Canada, M. Juan Enrique Vega du Chili, M. Hu Xiaodi de Chine, M. Camilo Reyes Rodríguez de Colombie et M. Carlos Amat Forès de Cuba.  M. Roberto Betancourt Ruales, actuel président, assurera ces fonctions jusqu'au 31 décembre 2001.


La Conférence a fixé les dates de sa session de 2002, qui se déroulera en trois parties : du 21 janvier au 29 mars; du 13 mai au 28 juin; et du 29 juillet au 13 septembre.


La Conférence du désarmement est composée de soixante-six États.  Les représentants des États membres suivants ont participé aux travaux de la Conférence en 2001 : Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Bangladesh, Bélarus, Belgique, Brésil, Bulgarie, Cameroun, Canada, Chili, Chine, Colombie, Cuba, Égypte, Équateur, Espagne, États-Unis, Éthiopie, Fédération de Russie, Finlande, France, Hongrie, Inde, Indonésie, Iraq, Irlande, Israël, Italie, Japon, Kazakhstan, Kenya, Malaisie, Maroc, Mexique, Mongolie, Myanmar, Nigéria, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Pays-Bas, Pérou, Pologne, République arabe syrienne, République de Corée, République démocratique du Congo, République populaire démocratique de Corée, République islamique d'Iran, Roumanie, Royaume-Uni, Sénégal, Slovaquie, Sri Lanka, Suède, Suisse, Tunisie, Turquie, Ukraine, Venezuela, Viet Nam et Zimbabwe.


En 2001, les représentants des 41 États non-membres suivants ont participé aux travaux de la Conférence en tant qu'observateurs : Albanie, Arabie saoudite, Arménie, Azerbaïdjan, Brunéi Darussalam, Chypre, Costa Rica, Côte d'Ivoire, Croatie, Danemark, Estonie, ex-République yougoslave de Macédoine, Gabon, Géorgie, Ghana, Grèce, Islande, Jamahiriya arabe libyenne, Jordanie, Lettonie, Liban, Lituanie, Luxembourg, Madagascar, Malte, Maurice, Monaco, Népal, Panama, Philippines, Portugal, Qatar, République de Moldova, République tchèque, Saint-Marin, Saint-Siège, Singapour, Slovénie, Thaïlande Uruguay et Zambie.


Déclarations


M. LES LUCK (Australie), au nom également de la Nouvelle-Zélande, a estimé que les tragédies récentes aux États-Unis soulignent les occasions manquées de la Conférence du désarmement.  Ceux qui se sont opposés à l'adoption des propositions Amorim sur le programme de travail de la Conférence sont sans doute en train de réfléchir aujourd'hui à leurs objections.  Il serait inconvenant désormais que la Conférence ne prenne pas une décision en janvier prochain d'adopter aussi tôt que possible la proposition Amorim.


M. SEIICHIRO NOBORU (Japon) a déclaré que la Conférence doit commencer aussi tôt que possible son travail sur le programme de travail, estimant que c'était la meilleure façon pour elle de rendre hommage aux victimes des attentats aux États-Unis.  Le rôle et la responsabilité de tous les participants aux travaux de la Conférence revêtent une importance particulière alors que le monde fait face à des défis communs affectant tous les êtres humains.


M. CHIRSTIAN FAESSLER (Suisse) a estimé que la tragédie survenue aux États-Unis démontre la nécessité de porter un nouveau regard sur les questions de sécurité internationale.  Il a espéré que la Conférence du désarmement s'inspire de ces événements pour trouver un second souffle.  La Suisse espère que quelque chose de positif pourra sortir de cette tragédie.


Mme ANDA FILIP (Roumanie) a félicité les pays qui ont complété le processus de ratification de la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, ainsi que ceux qui ont procédé à la destruction de leurs stocks.  La Roumanie estime, avec d'autres, que, depuis l'entrée en vigueur de la Convention, d'importants progrès ont été réalisés en ce qui concerne le nombre d'États qui y ont adhéré et la réduction du nombre de mines et de victimes dans le monde.  En même temps, il reste encore beaucoup à faire.  La Roumanie est décidée à faire une contribution permanente au processus d'Ottawa tant par des mesures nationales de mise en œuvre de ses obligations que par la participation active dans les activités internationales menées dans le cadre de la Convention.


Mme Filip a déclaré que, bien que la Convention ne soit entrée en vigueur le 1er mai 2001 pour la Roumanie, le processus de destruction des stocks de mines antipersonnel a déjà commencé avec l'élimination d'un premier lot de 10 000 mines de l'Armée roumaine le 31 août 2001, ainsi que de tout le stock de mines antipersonnel en possession des troupes du Ministère roumain de l'intérieur,


soit 27 445 mines, le 28 août 2001.  La Roumanie est déterminée à mettre en œuvre en temps voulu toutes les dispositions de la Convention en vue de réduire et d'éliminer les souffrances causées par les mines terrestres antipersonnel.


M. JEAN LINT (Belgique) a indiqué qu'il avait été décidé, en dépit des événements, de maintenir la tenue à Managua, du 18 au 21 septembre prochains, de la troisième Conférence des États parties à la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Bien que tous soient choqués par les attaques terroristes tragiques commises aux États-Unis, ces actes ne doivent pas empêcher le monde d'interdire les mines terrestres antipersonnel qui continuent de tuer, a souligné le représentant belge.


M. Lint, intervenant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a constaté que l'année 2001 aura été une nouvelle année d'immobilisme de la Conférence du désarmement qui n'est pas parvenue au lancement effectif de ses travaux.  L'Union européenne réaffirme sa foi dans le multilatéralisme et répète que la Conférence du désarmement constitue l'unique instance multilatérale à la disposition de la communauté internationale pour les négociations sur les questions du désarmement.  Le blocage persistant de cette enceinte contribue à fragiliser le régime international de désarmement et de non-prolifération.


Cette situation empêche le lancement immédiat de la négociation d'un traité interdisant la production de matière fissiles destinées à la production d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires, ainsi que le traitement du désarmement nucléaire et de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique dans des organes subsidiaires dont les mandats devront être à la fois pragmatiques et substantiels pour être acceptés par tous.  Avec la pleine mise en œuvre du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, la négociation du traité sur les matières fissiles constitue une étape essentielle pour aborder un nouveau cap du désarmement et de la non-prolifération nucléaire.  En dépit du retard déjà pris, l'Union européenne continue à attacher une importance primordiale à l'ouverture au début de la session 2002 de la Conférence du désarmement et à la conclusion, au plus tard dans les cinq ans, de négociation de ce traité.


M. ROBERT GREY (États-Unis) faisant ses adieux à la Conférence, a exprimé le sentiment de frustration avec lequel il quitte ses fonctions à Genève.  Ces trois dernières années, la Conférence du désarmement n'a rien fait qui puisse justifier son existence.  Tout au long de cette longue agonie marquée par l'inactivité et le déclin, la Conférence a été entravée par une insistance obstinée à exiger que des négociations sur une question qui recueille le consensus soient liées au lancement de négociations sur d'autres questions qui ne recueillent pas le consensus et ont peu de chances de voir apparaître un consensus avant longtemps, sinon jamais.  Par le passé, la seule instance de négociation multilatérale sur les questions de désarmement a accompli un travail important et utile.  Il est permis de se demander si elle sera capable d'en faire autant à l'avenir.


M. Grey s'est dit confiant que la limitation des armements continuerait de faire l'objet de négociations «quelque part».  Les pays les plus directement concernés pourraient s'arranger pour le faire en d'autres lieux et par d'autres méthodes.  Ils ne sont pas obligés de choisir la Conférence du désarmement.  Le temps est venu pour ceux qui ont paralysé la Conférence de décider si vraiment ils souhaitent faire partie de ce processus.  Les États-Unis prennent très sérieusement leurs responsabilités concernant le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) et il sera toujours fait appel à eux pour jouer un rôle significatif dans les négociations sur la limitation des armements.  Mais beaucoup d'autres États membres ne jouissent pas de cette assurance.  Dans la pratique, la Conférence pourrait bien être la seule instance de négociation où leurs voix peuvent être entendues.  Si la Conférence ne réagit pas collectivement et rapidement pour saisir la proposition de programme de travail faite par l'Ambassadeur Celso Amorim, la Conférence perdra encore plus de pertinence à l'avenir que cela n'avaient été le cas au cours des quatre dernières années et les questions de désarmement seront discutées ailleurs.  Les institutions qui n'ont pas fonctionné, n'ont pu fonctionner ou n'ont pas voulu fonctionner ont fini par disparaître.  Le représentant des États-Unis a espéré que ce ne serait pas le destin de la Conférence, mais il avait peu de raisons d'être optimiste quant à son avenir.


M. GÜNTHER SEIBERT (Allemagne) adressant également ses adieux à la Conférence, a souligné que la Conférence devenait facilement l'otage de problèmes et d'événements extérieurs et a constaté que des acteurs importants sur la scène internationale mènent des politiques qui diffèrent sur la façon d'améliorer la sécurité mondiale et la stabilité dans l'après-guerre froide.  Ces facteurs n'ont pas facilité les efforts de la Conférence pour s'engager dans des travaux de fond.  Il serait naïf de croire qu'en améliorant simplement les méthodes de travail de la Conférence ou en actualisant son ordre du jour, la Conférence pourrait faire une percée sur des questions de fond en suspens.  Mais il «serait trop facile» de mettre la faute de toutes les lacunes et échecs de la Conférence sur des événements extérieurs.  Ainsi, il est difficile de comprendre pourquoi l'ordre du jour est le même depuis 20 ans, depuis l'époque de la guerre froide.  En outre, les méthodes de travail de la Conférence présentent trop de rigidité.  La Conférence a besoin de plus de transparence et d'interaction entre les délégations partageant les mêmes positions, quel que soit le groupe régional auquel elles appartiennent.  M. Seibert a estimé que les efforts menés par la Conférence pour améliorer ses méthodes de travail et actualiser son ordre du jour doivent être poursuivies avec l'aide des Coordonnateurs spéciaux.


L'Ambassadeur d'Allemagne a également vivement recommandé que les membres de la Conférence ne renoncent pas à débattre de questions qui ne sont pas encore «mûres pour la négociation», comme c'est le cas des traités de désarmement qui exigent un processus minutieux de discussion, de recherche de consensus et une négociation.  Bien qu'il n'y ait aucune garantie que les débats puissent produire de résultats probants, garder le silence et rester dans l'impasse ne constituent pas une alternative sensée.  La Conférence reste un instrument indispensable, mais elle ne peut se permettre de continuer d'agir comme une relique d'un monde révolu; elle doit aborder les défis du XXIe siècle.


M. CELSO AMORIM (Brésil) faisant également ses adieux à la Conférence du désarmement, a constaté que la Conférence arrivait à la fin d'une autre session annuelle sans un programme de travail.  Une Conférence acculée à l'impasse pendant une troisième année consécutive était davantage qu'un mauvais signe.  En ne parvenant pas à adopter son programme de travail, la Conférence ne s'acquitte pas de son mandat qui est de négocier des traités dans le domaine du désarmement mondial.  À cet égard, la grande majorité des membres de la Conférence constatent que certains États ne répondent pas à l'appel de la Conférence de 2000 des États parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire de commencer des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires et d'établir un organe subsidiaire approprié pour traiter du désarmement nucléaire.  Certains États remettaient à plus tard également l'établissement d'un comité spécial sur la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, à laquelle tous attribuent une grande importance.


L'ambassadeur Amorim a déclaré que, tout en étant honoré que le document CD/1624 (la proposition Amorim) reste une référence pour la Conférence dans la recherche d'un consensus sur un programme de travail, le fait que ce document soit resté sur la table pendant plus d'un an démontre l'échec collectif de la Conférence.  La recommandation que les trois Coordonnateurs spéciaux soient nommés à nouveau au début de la session de 2001 pourrait avoir des conséquences positives sur les travaux de la Conférence, mais cela ne doit pas détourner son attention de son objectif principal qui est de trouver une solution pour sortir de l'impasse et jouer le rôle qui doit être le sien dans le processus mondial de désarmement.  Le Brésil souligne que les armes nucléaires ne sont pas les seules qui menacent la paix, comme le montrent les événements tragiques aux États-Unis.  Mais il est fermement convaincu que tant qu'il y aura des armes nucléaires, la sécurité internationale et la stabilité resteraient hors d'atteinte.  Le Brésil continue de croire que la coopération multilatérale est la seule voie sûre vers un système international stable et sûr.


M. FELIX ONOCHIE IDIGBE (Nigéria) a souligné que le problème que connaît la Conférence n'est pas le fait de son règlement intérieur ou de ses méthodes de travail, mais bien du manque de volonté politique des délégations.  La Conférence sera en mesure de poursuivre ses travaux lorsqu'il y aura la volonté politique.


Le Président de la Conférence du désarmement, M. ROBERTO BETANCOURT RUALES, de l'Équateur, a déclaré que la Conférence terminait aujourd'hui sa troisième année consécutive de réunions sans parvenir à un accord sur un programme de travail et, donc, sans avoir été en mesure d'entamer des négociations multilatérales sur les questions de fond ou établir des organes subsidiaires.  Cette situation est un motif de vive préoccupation pour toutes les délégations, étant donné le risque croissant d'érosion de la crédibilité et de la structure même de cette instance unique de négociations multilatérales sur le désarmement.


M. Betancourt Ruales a estimé que, pour surmonter la situation qui prévaut au sein de la Conférence, il faut prendre conscience de l'urgence à approuver un programme de travail et concentrer les efforts à un niveau politique plus élevé pour essayer de sortir la Conférence de son état de paralysie.  Tous les membres de la Conférence du désarmement aspirent clairement à la paix et partagent les objectifs de la sécurité collective.  Ces objectifs sont toutefois placés hors de portée de la communauté internationale par des phénomènes inquiétants dans la situation stratégique internationale et par l'escalade de la violence et de la terreur, qui a atteint un niveau sans précédent.


En conclusion, le Président a félicité les trois Coordonnateurs spéciaux sur les questions de procédure pour le travail remarquable qu'ils ont réalisé, mais a noté que la Conférence ne pouvait pas laisser de côté ses priorités touchant les questions de fond que sont le renforcement du régime de non-prolifération et la négociation d'instruments juridiques relatifs, notamment, aux matières fissiles et à la prévention d'une course aux armements dans l'espace.


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