En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/557

LES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES PERSONNES DEPLACEES DEVRAIENT BENEFICIER DE LA MEME ATTENTION QUE LES REFUGIES

20/11/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/557


Troisième Commission

46e séance – après-midi


LES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES PERSONNES DEPLACEES DEVRAIENT

BENEFICIER DE LA MEME ATTENTION QUE LES REFUGIES


Les intervenants à la Troisième Commission se sont penchés cet après-midi sur la question des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et ont mis en évidence la différence de traitement qui existe entre les réfugiés et les personnes déplacées.  En effet, a-t-on fait remarquer, les réfugiés bénéficient d'un statut particulier et d'une prise en charge internationale, il en est tout autrement des personnes déplacées dans propre pays, l’aide de ces derniers étant tributaire de leurs gouvernements respectifs.  "Ce sont des personnes piégées par la guerre ou la persécution, à l'intérieur même de leur propre pays, et ces personnes ont besoin d'une aide équivalente ou supérieure à l'aide apportée aux réfugiés", a estimé l'observateur du Saint-Siège.  Il a affirmé que le Haut Commissariat pour les réfugiés devrait s'occuper de ces infortunés dans toute la mesure du possible.  Les personnes réfugiées de l'intérieur de leurs frontières ont droit en effet à une assistance humanitaire, même si cette assistance s'effectue à l'encontre des souhaits de leur propre gouvernement.  Le représentant du Comité international de la Croix-Rouge, a pour sa part expliqué que le CICR apportait son aide, en ce moment, à plus de cinq millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays, disséminées sur plus de 50 sites différents, notamment en Angola, en République démocratique du Congo, au Sri Lanka et en Colombie.


Les représentants du Comité international de la Croix-Rouge et de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont préconisé une approche concertée, qui permette une répartition claire des tâches entre tous les acteurs humanitaires.  Ils ont estimé qu'il fallait que chaque organisation respecte son mandat, sa spécialité et son expertise.  Ainsi, ont-il expliqué, le CICR se concentre plus particulièrement sur l'aide d'urgence aux personnes récemment déplacées et aux autres civils touchés par les conflits.  En revanche, les institutions des Nations Unies ainsi que la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont mieux adaptées pour répondre aux besoins à plus long terme des personnes déplacées et des migrants qui se sont rassemblés autour des grandes villes.


Ont pris part aux débats les représentants de la Zambie et de l'Indonésie, ainsi que l'observateur du Saint-Siège.  Les représentants du Comité international de la Croix-Rouge et de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont également fait une déclaration. 


La Commission poursuivra, demain, mercredi 21 novembre, à partir de 10 heures, son débat général sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées.



Suite du débat général


M. MWELWA MUSAMBACHIME (Zambie) a déclaré que la Zambie était depuis des années un foyer traditionnel pour les réfugiés et les demandeurs d'asile.  Lors des luttes pour l'indépendance et contre l'apartheid, la Zambie était déjà un deuxième foyer pour les réfugiés en provenance d'Angola, du Mozambique, de Namibie, d'Afrique du Sud et du Zimbabwe.  Même si des milliers de réfugiés sont depuis rentrés chez eux, la charge pour la Zambie a été particulièrement lourde.  Le représentant a rappelé à cet égard que la Zambie avait été particulièrement touchée par le flux de réfugiés en provenance d'Angola et de la République démocratique du Congo.  Actuellement, la Zambie accueille plus de 270 000 réfugiés, sous la supervision du HCR.  Plus de 130 000 autres réfugiés se sont installés auprès des populations locales, dans les zones frontalières.  Ils ne reçoivent aucune aide humanitaire et leur présence constitue un fardeau supplémentaire sur l'éducation, les fournitures médicales et l’alimentation des populations locales. 


Le représentant a par ailleurs indiqué que des éléments armés et des anciens combattants se mêlaient souvent aux civils venant chercher refuge dans le pays.  Cette situation, a-t-il ajouté, pose un sérieux problème de sécurité à la fois pour la population locale et les civils réfugiés.  La sécurité des zones occupées par les réfugiés est en outre menacée par l'infiltration de petites armes et d'armes légères.  Avec l'aide du HCR, les anciens combattants ont été désarmés, séparés des autres, et placés dans des camps différents.  Il s'agit en effet de s'assurer que les camps de réfugiés ne sont pas utilisés comme centres de réorganisation par ces anciens combattants.  Il s'agit aussi d'assurer la sécurité des civils réfugiés.


Le nombre important de réfugiés présents dans le pays a eu un impact négatif sur les populations locales.  Les réfugiés, en effet, ont pu largement bénéficier des infrastructures locales.  Le représentant a donc demandé aux donateurs de fournir au HCR une aide logistique et financière lui permettant de jouer son rôle de catalyseur dans la mise en place de nouveaux programmes, dans l'Ouest et le Nord-Ouest du pays où se trouvent de nombreux réfugiés.  Ces programmes, a indiqué le représentant, doivent se concentrer sur la santé, l'éducation, l'eau et l'assainissement ou les infrastructures routières, et atténuer l'impact négatif de la présence des réfugiés sur une infrastructure déjà limitée.


M. BALI MONIAGA (Indonésie), se félicitant du travail du HCR qui s'acquitte de tâches de plus en plus complexes, a espéré que les demandes de cette Organisation ne resteraient pas sans réponse.  En effet, il est impensable que les pays en développement qui accueillent la majorité des réfugiés continuent seuls d'en supporter la charge.  Le partage des responsabilités et des charges ne doit pas rester lettre morte, a-t-il déclaré.  Il a ensuite rappelé que l'Indonésie -pays de transit des réfugiés de l'Asie du Sud-Est- avait bénéficié de l'aide du HCR et avait reçu à ce titre l'aide de la communauté internationale.  S'agissant du rapatriement des réfugiés du Timor oriental, le représentant a insisté sur le fait que les milices avaient été désarmées et démantelées et que les personnes responsables des meurtres du personnel du HCR et d'autres violations des droits de l'homme étaient en cours de jugement.  En outre, l'Indonésie offre des prêts aux réfugiés qui sont restés au Timor occidental afin de faciliter le passage de l'aide d'urgence au développement.


En ce qui concerne la démilitarisation des frontières, des rencontres avec les responsables est-timorais sont en cours, a-t-il dit avant d'ajouter que son pays travaillait en collaboration avec le HCR au rapatriement des réfugiés qui le souhaitent.  Il a précisé que son pays est tout à fait conscient de la nécessité d'établir des conditions favorables au retour en assurant, notamment, les conditions du développement durable.  À cet égard, il a espéré que la communauté internationale resterait engagée dans ce processus afin d'assurer que les Est-Timorais puissent récolter les bénéfices du développement.  Il a également encouragé la communauté internationale à appuyer le processus de rapatriement des réfugiés au Timor oriental.  Il a loué les fonctionnaires locaux en charge et notamment les membres du Gouvernement provincial de East Nusa Tenggara pour leurs efforts dans ce sens.  Il a fait savoir que le 27 octobre 2001, 600 réfugiés ont pu rentrer au Timor oriental.  En dernier lieu, il a indiqué que l'Indonésie accueillera le mois prochain, une réunion régionale sur la question des migrations illégales dans le cadre des consultations de l'Asie-Pacifique sur les réfugiés, les personnes déplacées et les migrants.  Il s'est félicité de la coopération de tous les pays de la région en vue de s'attaquer à l'odieux trafic d'êtres humains qui fait de nombreuses victimes. 


Mgr RENATO MARTINO (Saint-Siège) a attiré l'attention sur le sort des réfugiés afghans, et indiqué que l'aide humanitaire et la sécurité constituaient une réponse à court terme au problème des réfugiés.  La protection qu'il est nécessaire de fournir doit être pratique, pour soulager ceux qui sont privés d’eau, de nourriture, de vêtements, d'abri ou de soins de santé.  Un plan qui ne prendrait pas en compte ces éléments n'est guère valable et serait même contre-productif.  Ce n’est qu’en se familiarisant avec les critères de protection, que l’on peut mieux saisir les raisons qui poussent les gens à quitter leurs foyers.  Les droits des réfugiés doivent être protégés; ils incluent le droit à la vie, au mariage, à la famille, à la liberté de religion et de déplacement.  La protection des droits fondamentaux est un élément clef pour changer la situation des réfugiés et des personnes déplacées. 


Evoquant les personnes déplacées dans leur propre pays, Mgr Martino a indiqué qu’il s’agit de personnes piégées par la guerre ou la persécution à l'intérieur de leurs propres frontières et qui ont besoin d'une aide équivalente ou supérieure à celle accordée aux réfugiés.  En effet si les réfugiés peuvent légalement réclamer de l'aide parce qu'ils ont franchi une frontière, les personnes déplacées ne le peuvent pas.  Le Saint-Siège recommande au HCR de s'occuper des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays car ils ont droit à l'aide humanitaire indépendamment de la position de leurs gouvernements respectifs.  Enfin, le représentant a salué les Etats qui ont eu le courage d'accueillir des réfugiés.  Leur générosité doit être reconnue et applaudie.  Le Saint-Siège a encouragé le HCR et les Etats à offrir des compensations aux populations locales afin d'encourager davantage plus l'ouverture des frontières d'autres Etats.


M. OLIVIER COUTAU, membre du Comité international de la Croix-Rouge, a expliqué qu'à l'heure actuelle le CICR apportait son aide à plus de cinq millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays sur plus de 50 sites différents, notamment en Angola, en République démocratique du Congo, au Sri Lanka, en Colombie.  En Afghanistan, plus de 1 000 membres du personnel local du CICR ont continué, durant les hostilités, d'apporter une aide médicale d'urgence à la population civile.  Par ailleurs, il a mis l'accent sur les besoins des communautés locales qui accueillent des réfugiés qui sont souvent négligés.  Ainsi lorsque les situations perdurent, les distinctions entre les résidents locaux et les populations déplacées tendent à s'estomper.  C'est pourquoi le CICR adopte une approche globale fondée sur les besoins plutôt que sur la catégorie juridique.  Le représentant a ensuite rappelé les règles du droit international humanitaire qui tendent à protéger les civils dans les conflits armés et à protéger le personnel humanitaire et a insisté sur la nécessité de respecter ces règles de droit. 


Le représentant a ensuite mis l'accent sur le fait qu'il fallait adopter une approche concertée, qui permette une répartition claire des tâches entre tous les acteurs humanitaires.  Il s'est par ailleurs félicité de la coopération bilatérale avec le HCR et OCHA.  Insistant sur les besoins des personnes déplacées par la force, le représentant a estimé qu'il fallait que chaque organisation respecte son mandat, sa spécialité et son expertise.  Ainsi le CICR se concentre plus particulièrement sur l'aide d'urgence aux personnes récemment déplacées et aux autres civils touchés par les conflits.  Il a estimé que les institutions des Nations Unies ainsi que la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge étaient mieux adaptées pour répondre aux besoins à plus long terme des personnes déplacées et des migrants qui se sont rassemblés autour des grandes villes.  Le représentant a toutefois observé que les efforts visant à prévenir les déplacements de population ne doivent pas être négligés.  Il importe que toutes les parties en conflit respectent le droit international humanitaire et que la communauté internationale encourage la recherche de solutions pacifiques. 


M. ROBERT THOMSON, Représentant de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a rappelé que les sociétés du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge agissaient selon le principe de l'impartialité en fonction de la vulnérabilité des personnes quel que soit leur statut juridique.  Il a ensuite réaffirmé qu'il importait d'adopter une approche globale à tous les niveaux -prévention, retour, réintégration- ainsi que la prise en compte des besoins des pays d'accueil et de leur population.  Il a estimé que les réponses apportées devaient englober également les migrants, notamment les migrants en situation irrégulière.  Il a convenu que le mandat du HCR donnait la priorité à la protection et à la recherche de solutions durables, ce qui ne prenait pas toujours en considération les besoins des personnes dont la vulnérabilité s'est accrue au cours de leur fuite.  Partant, il a expliqué que la Fédération s'efforçait de répondre aux besoins de ces populations qui se retrouvent dans des situations sociales particulièrement difficiles.  Le représentant a fait valoir que les déplacements de population étaient un phénomène de longue durée auquel on ne saurait apporter de solution à court terme.  Ainsi, l'aide d'urgence apportée dans la phase initiale d'une crise doit rapidement être suppléée par une assistance à plus long terme, ce qui a de lourdes conséquences pour les communautés d'accueil à mesure que l'aide d'urgence se tarit.  C'est pourquoi, a-t-il estimé, il est urgent que la communauté internationale revoie la manière dont les ressources sont attribuées afin de favoriser le passage de l'aide d'urgence à l'aide au développement. 


S'il s'est félicité que le HCR cherche à nouveau à se concentrer sur son mandat de base, il s'est néanmoins inquiété que certaines activités risquent d'être abandonnées.  Il a exhorté la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour combler ces lacunes.  Se déclarant confiant sur les capacités de la communauté internationale à répondre à ces nouveaux défis, il a mis l'accent sur la nécessité de renforcer les partenariats et la collaboration entre les organisations humanitaires et le HCR.  Rappelant que la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avait toujours hésité à intervenir dans les débats en faveur des réfugiés et des personnes déplacées, mais que compte tenu des développements actuels, le Conseil des délégués avait décidé de lancer un appel fort et de faire valoir les propositions communes des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.


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