En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/554

LE HAUT COMMISSAIRE POUR LES REFUGIES APPELLE LES ETATS VOISINS DE L'AFGHANISTAN A CONTINUER D'OFFRIR UN ASILE AUX REFUGIES AFGHANS

19/11/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/554


Troisième Commission

43e séance – matin


LE HAUT COMMISSAIRE POUR LES REFUGIES APPELLE LES ETATS VOISINS DE L'AFGHANISTAN

A CONTINUER D'OFFRIR UN ASILE AUX REFUGIES AFGHANS


Au début du débat général, l'accent est mis

sur la contribution potentielle des réfugiés au développement


A l'occasion de sa présentation devant la Troisième Commission qui entamait son débat général sur les réfugiés, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Rudd Lubbers, a appelé les pays voisins de l'Afghanistan, notamment le Pakistan et l'Iran, à rouvrir leurs frontières et à continuer d'offrir un asile temporaire aux Afghans qui n'ont pas d'autre choix que de fuir l'hiver, la famine et la violence.  Prenant la mesure du poids de ces réfugiés sur l'économie de ces pays, le représentant du Japon a fait savoir que son pays avait alloué 16 millions de dollars d'aide bilatérale au Pakistan et restait disposé à poursuivre sa politique d'aide en fonction des besoins.  Indiquant que le personnel du HCR avait recommencé à travailler en Afghanistan et que le HCR continuerait d'intensifier ses efforts à l'intérieur du pays, M. Lubbers a expliqué qu'il fallait mettre l'accent sur la réintégration et créer des conditions favorables au retour des réfugiés qui ont beaucoup à apporter à la reconstruction et au développement de leur pays.  Pour le moment, de nombreuses conditions s'opposent encore à leur retour: les maisons sont détruites, ainsi que les systèmes d'irrigation et la plupart des infrastructures. En outre, le pays est encore truffé de mines terrestres, a-t-il observé. 


En outre, a observé le Haut Commissaire pour les réfugiés, c'est une grosse erreur que d'exclure les réfugiés des questions de développement.  Il importe de ne plus les considérer comme de simples destinataires de l'aide d'urgence, mais comme des contributeurs potentiels au développement, à la fois dans leur pays d'origine et dans leur pays d'asile.  Dans ce contexte, M. Lubbers a appelé les donateurs à allouer une part de leur aide au développement à des programmes visant les réfugiés et les personnes déplacées.  En réponse aux questions des délégations qui s'inquiétaient particulièrement du sort des femmes réfugiées, M. Lubbers a de nouveau insisté sur le fait que c'était l'absence de possibilités offertes aux femmes qui aggravait leur situation, ainsi que celles de leurs enfants. 


(à suivre – 1a)

Alors que plus de 21 millions de personnes dans le monde dépendent de l'aide du Haut Commissaire pour les réfugiés et que le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays continue de croître, plusieurs délégations se sont félicitées des perspectives offertes par les consultations mondiales sur la protection internationale et par la réunion au niveau ministériel, les 12 et 13 décembre prochain à Genève, des États parties à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.  À l'occasion du cinquantième anniversaire de la Convention, il importe, comme l'a observé la représentante du Venezuela, d'envisager son application dans le contexte actuel, de réfléchir aux trafics d'êtres humains qui affecte de plus en plus les réfugiés et les demandeurs d'asile, et de réaffirmer le principe du partage du fardeau entre le HCR et les États qui accueillent les réfugiés. 


Les représentants des pays suivants ont pris part au débat général: Belgique au nom de l'Union européenne, Mozambique au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe, Chine, Japon, Norvège, Soudan, États-Unis et Venezuela. 


La Commission poursuivra son débat général sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées, cet après-midi, à partir de 15 heures. 



Documentation


Le Rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (A/56/12), M. Ruud Lubbers, rappelle que l'année 2000 a marqué le cinquantième anniversaire de la fondation du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR).  Malgré les tourmentes dues à l'instabilité dans beaucoup de régions, le nombre total de personnes relevant du mandat du HCR a régressé passant de 22,3 millions en 1999 à 21,1 millions en 2000.  Il s'agit de demandeurs d'asile, de réfugiés à proprement parler, de réfugiés en phase initiale de réintégration, de personnes déplacées et d'autres personnes relevant de la compétence du HCR, principalement des victimes de conflits.  S'il n'y a pas eu de mouvement de rapatriement comparable à l'opération du Kosovo réalisée l'année précédente, 800 000 réfugiés n'en sont pas moins rentrés chez eux.  Le HCR a également facilité la réinstallation de quelque 40 000 réfugiés rentrant du pays de premier asile. 


Au titre de la protection internationale, le Haut Commissaire observe que beaucoup d'États, dont les ressources sont souvent extrêmement limitées ont continué d'accueillir et d'héberger une importante population de réfugiés sur leur territoire.  Il observe également que la qualité de l'asile s'est dégradée dans un certain nombre de pays, y compris dans plusieurs régions où la politique était généreuse.  Les motifs de cette évolution tiennent en particulier aux difficultés économiques  qu'un pays peut éprouver à héberger une importante population de réfugiés pendant  une longue période, à des impératifs de sécurité nationale, à la crainte de voir les procédures d'accueil exploitées par des migrants illicites, ainsi qu'au trafic des migrants et à l'immigration clandestine.  Dans certaines régions, les camps de réfugiés sont restés tout particulièrement exposés à la politisation et à la militarisation.  On a signalé dans les camps de certains pays, des cas d'enrôlement forcé, souvent aux dépens de mineurs, un trafic de femmes réfugiées, des passages à tabac et des mauvais traitements de la part des fonctionnaires de l'administration.  Le Haut Commissaire estime particulièrement préoccupant de voir ainsi les femmes réfugiées exposées à la violence sexuelle et les enfants réfugiés à l'exploitation et aux sévices. 


Par ailleurs, dans les pays dotés d'un régime juridique très élaboré en matière d'asile, les inquiétudes provoquées par le trafic d'être humains et l'admission illégale ont conduit à l'adoption de mesures de contrôle strictes visant à empêcher l'immigration clandestine.  Ainsi, les États ont notamment adopté pour pratique "d'intercepter" les personnes qui voyagent sans être munies des papiers et documents nécessaires.  C'est pourquoi, explique le Haut Commissaire, le HCR a rappelé la nécessité d'assurer la protection internationale des réfugiés malgré la complexité que revêtent actuellement les mouvements migratoires dans une note sur l'interception qui définit le cadre juridique international auquel ce problème fait appel et esquisse l'ébauche d'un cadre juridique qui permettrait de lutter contre l’immigration clandestine organisée et le trafic d'êtres humains.  Le Haut Commissaire rend compte ensuite du processus de consultations mondiales sur la protection internationale qui visent, notamment, à mettre au point de nouvelles approches, de nouveaux outils et de nouvelles formes afin de préserver la vitalité et la pertinence de la Convention de 1951 et du Protocole de 1967. 


Au chapitre des activités d’aide du HCR, le Haut Commissaire détaille les activités entreprises en Afrique, les activités menées dans les Amériques et les Caraïbes, dans la région Asie et Pacifique ainsi qu’en Europe, en Europe du Sud-Est, en Asie centrale, en Asie du Sud-Ouest, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Faisant part ensuite de l’objet et des priorités du Programme du Haut Commissaire, M. Ruud Lubbers indique que le HCR a continué de travailler à la mise en place d’un système de gestion des opérations.  Il détaille les activités entreprises pour garantir les droits des femmes réfugiées, des enfants et des adolescents réfugiés, le respect de l’environnement, la prévention du VIH/sida.  Il apporte également des précisions sur la politique du HCR au sujet des réfugiés âgés, sur son approche du développement humanitaire et de la réintégration des réfugiés. 


Le Haut Commissaire rend ensuite compte de la mise en place d’un budget-programme annuel “unifié”.  Ainsi, la mobilisation des ressources nécessaires aux opérations sur le terrain a été plus équitable et plus rapide qu’auparavant et on a pu obtenir une meilleure vue d’ensemble des opérations dans les pays.  Il explique en outre que depuis la prise de ses fonctions en janvier 2001, il a fait procéder à un bilan interne du HCR pour savoir à partir de son mandat et de sa finalité fondamentale, quel est son profil optimal ainsi que sa dimension optimale.  À la suite de ces diverses actions, il a été élaboré des directives permettant de fixer les priorités en vue d’activités essentielles.  Il a ainsi été possible de définir des économies représentant quelque 100,8 millions de dollars des États-Unis dans le budget mondial du HCR pour 2001.  Il a été également formulé des propositions visant à garantir au HCR des sources de financement plus larges et plus prévisibles à long terme.  En 2000, le HCR a reçu des contributions volontaires dont le montant total s’établissait à quelque 705,3 millions de dollars des États-Unis en vue de la réalisation de son budget-programme annuel.  Au 31 mars 2001, il avait reçu au total près de 310 millions de dollars pour un budget d’environ 953,7 millions.  


La Commission est également saisie du Rapport du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (A/56/12/Add.1). 


Dans son Rapport sur l'audit des opérations du haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés en Albanie, le Secrétaire général(A/56/128) indique qu’en mars 1999, quelque 450 000 kosovars ont fui en Albanie.  En juin 1999, après la cessation des hostilités, l'écrasante majorité d'entre eux sont rentrés spontanément au Kosovo.  Les dépenses relatives aux secours d'urgence dispensés aux réfugiés kosovars en Albanie se sont élevées à 56 millions de dollars.  En novembre 1999, le Bureau des services de contrôle interne a procédé à l'audit des opérations du HCR en Albanie. L'audit a porté sur la phase d'urgence allant d'avril à la mi-juillet 1999, ainsi qu'à la phase postérieure à l'urgence, jusqu'à la fin d'octobre 1999.  Un examen complémentaire a eu lieu en novembre 2000, afin de déterminer si les problèmes relevés avaient été réglés. 


L'audit initial a fait apparaître de graves lacunes dans la gestion de l'opération de secours d'urgence par le HCR en Albanie. L'audit a ainsi montré que les achats effectués par le HCR et ses partenaires opérationnels ne correspondaient pas toujours aux normes du HCR en la matière et ne représentaient pas la meilleure qualité pour le prix payé.  S'agissant de la gestion du matériel et de l'entreposage des fournitures, l'audit a montré que de grandes quantités de matériel avaient été distribuées au début de la crise sans avoir été dûment inventoriées, ce qui en a rendu le contrôle difficile.  Des tentes, des couvertures ou des matelas ont été livrés en Albanie, sans que ces fournitures aient systématiquement fait l'objet d'un contrôle.  Le suivi des programmes et le contrôle budgétaire incombant aux partenaires opérationnels laissait par ailleurs à désirer.  Les taxes prélevées au titre des achats effectués par le HCR et ses partenaires n'avaient pas été remboursées, conformément à la Convention de 1946.  Enfin, pendant la phase d'urgence, nombre de problèmes touchant au personnel s'expliquaient par le retard avec lequel les gens avaient été recrutés et déployés, ainsi que par la fréquence des mouvements des effectifs.


L'audit de suivi a cependant montré que le HCR avait largement remédié aux problèmes constatés.  En matière d'achats, le HCR a notamment imposé une sélection préalable des partenaires opérationnels avant de leur déléguer des achats importants.  S'agissant de la gestion du matériel et de l'entreposage des fournitures, le HCR a répertorié et récupéré du matériel d'une valeur estimative de 8,7 millions de dollars qui n'avait pas été comptabilisé au moment de l'audit initial.  La gestion des fournitures s'est considérablement améliorée.  Le BSCI a noté que les privilèges fiscaux prévus par la Convention de 1946 étaient désormais accordés sans difficulté.  Les taxes prélevées sur les achats effectués directement par le HCR ont donc été remboursées. 


Cependant, le Bureau des services de contrôle interne a estimé que le HCR pouvait encore améliorer la dotation en effectifs des opérations d'urgence.  Il pourrait en outre améliorer le suivi des partenaires, afin que les objectifs des projets soient réalisés dans les délais et dans les limites budgétaires, et que les rapports financiers soient établis en temps voulu.  Le HCR pourrait enfin améliorer son système de gestion du matériel.


Le rapport effectue quatre recommandations. Tout d'abord, le HCR devrait veiller à ce que les opérations de secours d'urgence soient dotées d'effectifs suffisants, à ce que les postes clefs soient pourvus en temps utile, à ce que les mouvements du personnel soient maintenus à un minimum acceptable et à ce que des mécanismes de transfert des responsabilités soient mis en place en fonction des besoins.  Ensuite, le HCR devrait veiller à ce que des mécanismes appropriés de suivi du matériel  et des fournitures soient mis en place dès l'apparition d'une situation d'urgence.  Le HCR devrait en outre examiner ses règlements et procédures en matière de gestion financière, d'achat et de gestion du matériel, afin de déterminer s'ils devraient s'appliquer rigoureusement aux opérations de secours d'urgence ou si certaines dérogations  s'imposent  en cas d'urgence officiellement déclarée.  Enfin, le HCR devrait renégocier les accords actuels de coopération avec les gouvernements hôtes afin de faire en sorte que les exonérations fiscales accordées au HCR soient étendues aux achats de programme effectués par les partenaires opérationnels au moyen de fonds du HCR.  En l'absence de ces exonérations, les achats locaux par les partenaires opérationnels devraient être maintenus à un niveau minimum.  


Dans son Rapport sur la protection et l'assistance aux enfants réfugiés séparés de leur famille ou non accompagnés (A/56/333), le Secrétaire général rappelle qu’il est fréquent que les enfants soient séparés de leur famille ou des personnes qui s'occupent d'eux, comme on a pu le constater, au cours de l'année écoulée, dans la Corne de l'Afrique, en Afrique centrale et de l'Ouest.  Aujourd'hui, le Haut Commissariat aux réfugiés collabore largement avec d'autres institutions spécialisées des Nations Unies, des organisations gouvernementales et des ONG pour répondre aux besoins de ces enfants.  S'appuyant sur les compétences de ces différents organismes, une initiative a ainsi été lancée pour rechercher et regrouper les familles.  En collaboration avec l'UNICEF, le CICR et des ONG spécialisées, le HCR a travaillé sur des regroupements familiaux en Guinée et en Sierra Leone.  Une autre initiative conjointe a abouti à la création d'un groupe de travail interorganisations visant à mieux coordonner l'action pour traiter le problème de la séparation, depuis la phase d'élaboration de mesures d'urgence jusqu'à la mise au point de solutions durables.  Au niveau européen, le HCR et l'alliance internationale Save the children ont lancé le programme "enfants séparés en Europe". 


L'enrôlement par des forces armées est un des risques auxquels doivent faire face les enfants déplacés.  Au Sri Lanka, en Afghanistan, en Sierra Leone ou au Rwanda, en collaboration avec l'UNICEF et d'autres organisations, le HCR continue à mener une campagne contre l'utilisation d'enfants soldats.  En juillet 2001, l'UNICEF a entrepris de rapatrier 159 enfants congolais en RDC et de leur faire retrouver leur famille.  Le HCR et ses partenaires travaillent en outre sur la violence sexuelle, l'exploitation et les mauvais traitements auxquels sont exposés les enfants non accompagnés ou séparés de leurs familles.  Les filles en particulier, sont très souvent victimes de violences sexuelles et exploitées en tant qu'employées de maison.  Parmi les autres sujets de préoccupation du HCR et de ses partenaires, le rapport évoque la question de l'adoption des enfants séparés de leur famille et l'existence de ménages dirigés par des enfants


Afin de renforcer les capacités des organismes travaillant sur l'aide aux enfants réfugiés, non accompagnés ou séparés de leur famille, et d'améliorer l'aide dans les situations d'urgence, une formation fondée sur le droit des enfants a été dispensée au personnel du HCR, de l'UNICEF, du Haut Commissariat aux droits de l'homme et de l'organisation Save the children alliance, à leur initiative.  Des ateliers de formation d'instructeurs ont ainsi été organisés en Afrique de l'Ouest, dans la région des Grands Lacs et en Afrique australe.  Un groupe de coordination interinstitutions a été crée pour procéder, dans certains pays, à un examen systématique des efforts entrepris pour répondre aux besoins des déplacés, et formuler des recommandations. Ce groupe s'intéressera de près aux enfants déplacés.


Mais le rapport indique qu'on est encore très loin d'apporter aux enfants réfugiés non accompagnés ou séparés de leur famille tout ce qui leur est fondamentalement nécessaire.  On se heurte à l'insuffisance des ressources humaines et financières pour répondre aux besoins une fois qu'ils sont définis.  Il faudrait renforcer la coordination interinstitutions et améliorer les systèmes d'immatriculation et de recherche.  Enfin, pour que les mesures de protection des enfants non accompagnés ou séparés de leur famille soient efficaces, il est instamment demandé aux Etats de signer et ratifier les instruments internationaux relatifs aux droits de l'enfant.  Il faudrait enfin se montrer plus énergique et plus résolu dans la surveillance de l'application de ces instruments.


Dans son Rapport sur l’assistance aux réfugiés, rapatriés et personnes déplacées en Afrique (A/56/335), le Secrétaire général indique que c’est toujours du Burundi (567 000), du Soudan (443 000), de la Somalie (441 600), de l’Angola (421 000), de la Sierra Leone (401 800) et de l’Erythrée (377 000) que viennent le plus de réfugiés, suivis par la République démocratique du Congo (340 000), le Libéria et le Rwanda.  Si l’on assiste à des mouvements de retour limités (21 000 réfugiés érythréens et 22 000 réfugiés somaliens sont rentrés chez eux), on compte encore 3,6 millions en Afrique soit 30 % du nombre total de réfugiés dans le monde qui s’élève à 12,1 millions.  Le Secrétaire général indique que le HCR doit faire face à des demandes de plus en plus nombreuses, notamment en ce qui concerne l’assistance aux personnes déplacées.  Fin 2000, le HCR portait assistance à 1,1 millions de personnes déplacées en Afrique. 


Il détaille ensuite la situation dans l’Est et dans la Corne de l’Afrique, en Afrique de l’Ouest, dans la région des Grands Lacs et en Afrique australe, notamment en Angola qui compte environ 3,8 millions de personnes déplacées et touchées par la guerre et connaît sans doute la crise humanitaire la plus grave du continent.  Il rend compte également de la coopération interinstitutions et de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales. 


Dans ses conclusions le Secrétaire général fait valoir que dans le cadre des consultations mondiales qui visent à promouvoir l’application intégrale et effective de la Convention de 1951 et à élaborer des approches complémentaires du régime international de protection, les États parties à la Convention se réuniront au niveau ministériel le 12 décembre 2001 en vue d’examiner l’évolution de la situation des réfugiés depuis 1951. 


Déclaration liminaire


M. RUUD LUBBERS, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), s'est déclaré préoccupé par la tendance croissante à prendre les réfugiés et les demandeurs d'asile pour des boucs émissaires.  Il a rappelé que quelque 22 millions de personnes dépendaient du HCR et la majorité d'entre elles vivaient dans la plus grande insécurité sans perspective de retour proche.  Si les réfugiés et les demandeurs d'asile souffrent depuis quelques années de discrimination et d'une méfiance accrue, au lendemain du 11 septembre, on a constaté une recrudescence des provocations et des agressions à l'égard des musulmans. 

M. Lubbers a mis en garde pour que la guerre contre le terrorisme ne devienne pas une guerre contre les étrangers, contre les minorités et les demandeurs d'asile.  Conscient du fait que les Gouvernements s'efforcent aujourd'hui de fermer l'accès de leur territoire aux terroristes, il les a toutefois exhortés à ne pas tomber dans le piège qui consisterait à assimiler les réfugiés à des terroristes. 

M. Lubbers a réaffirmé que le HCR veillerait à ce que les principes fondamentaux de la protection des réfugiés continuent d'être respectés et que le régime de protection des réfugiés ne soit pas affaibli par la lutte contre le terrorisme.  Ainsi, les gouvernements devraient s'abstenir de recourir à la détention arbitraire des demandeurs d'asile.  Il importe également de poursuivre les programmes de réinstallation et d'éviter toute discrimination à l'encontre de certains groupes ethniques ou nationaux.  M. Lubbers a insisté sur le fait que la Convention de 1951 ne devait pas être interprétée comme un instrument qui protège les terroristes ou leur accorde l'immunité, bien au contraire en sont exclus ceux qui ont commis des crimes. 


Abordant ensuite la situation en Afghanistan, M. Lubbers a rappelé qu'avant le 11 septembre, avec 3,5 millions de réfugiés au Pakistan et en Iran, les Afghans constituaient déjà le plus grand groupe de réfugiés au monde.  Il a fait savoir que depuis 1988 le HCR avait déjà facilité le retour d'un grand nombre de réfugiés.  Il faut toutefois prendre la mesure des obstacles réels à leur retour: les maisons sont détruites, le pays est truffé de mines terrestres, la plupart des infrastructures ont également été détruites.  Sans sous-estimer les capacités de reconstruction des réfugiés qui rentreront, il a insisté sur le fait que la communauté internationale devrait investir en vue de trouver des solutions durables pour les millions de réfugiés afghans et pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays.  Comprenant la position du Pakistan et de l'Iran qui ont fermé leurs frontières, M. Lubbers les a néanmoins appelés à continuer d'offrir un asile temporaire aux Afghans qui n'ont pas d'autre choix que de traverser la frontière pour trouver un abri.  Il a expliqué que le HCR continuerait à mener une politique double, visant à la fois à fournir une aide à l'intérieur de l'Afghanistan ainsi qu'aux pays voisins.  Le HCR s'emploiera également à faciliter le rapatriement des réfugiés dès que les conditions le permettront.  Il a fait savoir que le personnel du HCR avait repris ses fonctions en Afghanistan, y compris le personnel féminin, et continuerait de participer à l'effort interinstitutions, notamment avec OCHA, pour venir en aide aux quelque 500 000 personnes déplacées. 


Le Haut Commissaire s'est ensuite penché sur la situation en Afrique, notamment dans la région des Grands Lacs, en Angola et au Burundi.  M. Lubbers a insisté sur le fait que les efforts de protection des réfugiés restent de portée limitée si l'on ne met pas en place des solutions durables comme le rapatriement volontaire, l'intégration locale et la réinstallation.  Il importe de mettre fin à la souffrance des réfugiés qui sont échoués dans les camps depuis de trop longues années.  À cet égard, il s'est félicité du retour des réfugiés érythréens du Soudan et de l'adoption par les chefs d'Etat africains, à Abuja le 23 octobre dernier, du nouveau partenariat pour le développement en Afrique. 


S'agissant de la situation dans les Balkans, il s'est félicité du retour de la moitié des 170 000 personnes déplacées cette année, mais s'est inquiété de la reprise de la violence près de Tetovo qui a conduit des centaines de villageois à fuir.  Il s'est inquiété de la situation de milliers de Serbes et de Roms au Kosovo.  Par ailleurs, il a fait savoir que 190 000 réfugiés sont retournés au Timor oriental depuis 1999 et que le Gouvernement indonésien avait manifesté sa volonté de résoudre la question des réfugiés qui demeurent au Timor occidental. 


En dernier lieu, il a insisté sur la recherche de solutions durables et sur la recherche de partenariats forts, bénéficiant de ressources suffisantes afin de permettre au HCR de s'acquitter de son mandat de protection.  Rappelant les liens qui existent entre la pauvreté, les conflits et les déplacements de personnes à l'intérieur des pays, M. Lubbers a regretté que l'aide au développement n'en tienne pas compte.  C'est une grosse erreur que d'exclure les réfugiés des questions de développement, a-t-il poursuivi.  Il importe de ne plus considérer les réfugiés comme de simples destinataires de l'aide d'urgence, mais comme des contributeurs potentiels au développement, à la fois dans leur pays d'origine et dans leur pays d'asile.  Il a appelé les donateurs à allouer une part de leur aide au développement à des programmes visant les réfugiés et les personnes déplacées.  Le cinquantième anniversaire de la Convention de 1951 a fourni l'occasion de réfléchir à la question du trafic d'êtres humains qui prend des proportions croissantes à mesure que les routes régulières se ferment.  Il a espéré que les consultations mondiales lancées à cette occasion permettront d'envisager de nouvelles solutions juridiques à ces problèmes.  En conclusion, M. Lubbers a rappelé que la conférence annuelle destinée à collecter les contributions au HCR aura lieu le 3 décembre à Genève et a exhorté les gouvernements à profiter de cette occasion pour faire connaître leurs contributions pour 2002.  Il a en outre invité les États à participer à la réunion, au niveau ministériel, des États parties à la Convention de 1951 qui est organisée par le HCR et le Gouvernement suisse à Genève les 12 et 13 décembre. 


Dialogue avec les délégations


Le représentant du Pakistan a rappelé que le Haut Commissaire avait invité les gouvernements et pays à établir un lien entre réfugiés et terrorisme.  Il a expliqué que le Pakistan, hôte d'une large population de réfugiés, avait constaté que des services secrets avaient envoyé des agents qui se mêlaient aux réfugiés, et qu'ils avaient été très actifs au Pakistan.  Certains d'entre eux ont lancé des bombes.  Ainsi, les gouvernements des pays hôtes devraient pouvoir établir un tri parmi les réfugiés pour s'assurer que seuls les réfugiés authentiques peuvent entrer dans le pays.  Le représentant a souhaité savoir ce que le Haut Commissaire pensait de cette situation. En outre, il a estimé que le Haut Commissariat était une passerelle entre les pays hôtes et les donateurs.  Il a salué l'aide du HCR, mais indiqué qu'un budget de huit dollars par réfugié et par an ne constituait pas une somme très importante.  Le représentant a rappelé que la présence de réfugiés dans un pays hôte posait des problèmes socioéconomiques, mais que c'était au pays hôte en question de porter le plus lourd du fardeau.  Le représentant a évoqué une nouvelle méthode de budgétisation et de participation afin que le pays hôte puisse lui aussi participer à la mobilisation des ressources.  Il a souhaité en savoir plus sur les idées du Haut Commissaire sur cette question.


Le représentant de la Belgique, rappelant que dix millions des réfugiés étaient des enfants et des adolescents, a voulu en savoir plus sur la collaboration entre le HCR et le bureau du Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés.  Il a demandé si la situation des réfugiés afghans s'était améliorée.  Il a par ailleurs souhaité savoir quand seront rassemblées les conditions pour que tout le personnel puisse reprendre son travail sur le terrain en Afghanistan.  Enfin, le représentant a demandé quelles étaient les principales attentes du Haut Commissaire quant à la prochaine réunion ministérielle sur la Convention relative aux réfugiés et a demandé des détails sur la situation financière pour 2002 et après. 


La représentante de la Jamahiriya arabe libyenne a d'abord rappelé les remarques du Haut Commissaire sur la nécessité d'examiner les potentialités des réfugiés, qui peuvent tout aussi bien participer au développement du pays d'asile.  Elle a ensuite proposé au Haut Commissaire de mieux tenir compte, dans ses futurs rapports, de l'importance accordée aux groupes les plus vulnérables.  La représentante a enfin rappelé les propos du Haut Commissaire sur le manque de ressources, et demandé quelles mesures étaient prises pour combattre la corruption, les pots-de-vin et les abus de pouvoir au sein du Haut Commissariat.  Elle a indiqué que dans certains bureaux régionaux, deux tiers du budget étaient affectés aux affaires administratives, diminuant ainsi les ressources consacrées aux réfugiés.  La représentante a demandé au Haut Commissaire des informations sur la façon dont il traitait les demandes d'éclaircissement dans ce domaine.


Répondant au représentant du Pakistan, le Haut Commissaire a indiqué que lorsqu'un grand flux de réfugiés arrivait, il amenait avec lui plusieurs catégories de personnes.  La présence de certaines personnes peut créer des situations délicates.  Mais le Haut Commissaire a estimé qu'il était possible de contrôler les arrivants, à leur entrée dans un pays, et séparer éventuellement les éléments qui ont besoin de protection de ceux qui en sont exclus.  Des expériences positives en matière de contrôle des réfugiés ont déjà été menées de concert avec certains gouvernements, a indiqué le Haut Commissaire.  Il est important que le contrôle ait lieu avant l’admission des demandeurs ce qui permettrait d’éviter des entrées irrégulières.  Le Haut Commissaire a indiqué qu'il ne souhaitait pas l'ouverture des frontières mais plutôt l’application d’un processus sélectif.  Abordant la question de l'aide aux gouvernements, le Haut Commissaire a précisé que le fardeau n'avait pas été équitablement réparti dans le passé, en particulier en ce qui concerne l'Afghanistan.   Il a précisé qu’une demande avait été faite d'accroître les fonds de 50 millions de dollars, non seulement en faveur du Pakistan, mais pour aider les réfugiés à retourner chez eux et les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.  Le Haut Commissaire a estimé que le fardeau financier devait être réparti plus équitablement.


S'adressant au représentant de la Belgique, le Haut Commissaire a expliqué qu'il fallait faire en sorte que les Afghans puissent retourner chez eux.  Il a exprimé son estime pour les employés locaux restés sur place.  Abordant la conférence ministérielle, il a espéré qu’elle offrirait l'occasion de montrer à tous les Etats parties combien l'Union européenne était décidée à participer au processus.  En ce qui concerne le budget, il a indiqué que les nouvelles n'étaient pas bonnes.  Le Haut Commissariat a survécu, mais c'est bien tout, a-t-il dit.  Les pays donateurs ont eu des réactions positives sur l'Afghanistan, au détriment d'autres zones.  La collaboration avec l'Union européenne est excellente mais ce partenariat ne se traduit pas par un financement suffisant des activités du HCR.  Il a espéré que l'Union européenne comprendra que pour trouver des solutions durables, il faut que le fardeau soit réparti internationalement.  Un des instruments importants pour rétablir la situation est un HCR efficace pouvant apporter des solutions.


Le représentant de l'Afrique du Sud a estimé les réfugiés constituent une ressource potentielle et a par conséquent posé la question de savoir ce que les Etats pourraient faire à leur égard dans le cadre des programmes de développement.  Il s’est également interrogé sur les instruments qui pourraient faciliter leur retour et leur réintégration.


Prenant la parole pour donner des éléments de réponse, en premier lieu à la Libye, M. Lubbers a expliqué qu'il faut réellement se poser la question de savoir ce qui arrive aux femmes et aux enfants qui se retrouvent dans les camps sans aucune perspective d'avenir.  Il y a de fortes chances que les garçons deviennent des enfants soldats et que les filles se retrouvent sur le marché de la prostitution.  C'est pourquoi, il importe d'aider ces femmes à trouver des solutions, notamment dans les efforts de prévention et de reconstruction.  Prenant l'exemple de l'Afghanistan, il a estimé que les femmes avaient un rôle clef à jouer.  Tout d'abord, elles sont souvent les mères des enfants victimes et d’autre part, elles ont déjà prouvé leur apport bénéfique à la reconstruction. 


S'agissant des contrôles du HCR, M. Lubbers a fait savoir qu'il avait renforcé les capacités du bureau de l'Inspecteur général qui était désormais une femme.  Il a ajouté qu'il étudiait les possibilités d'augmenter le nombre de contrôleurs, notamment en collaborant avec le Siège à New York.  Chaque année, le HCR s'efforce d'augmenter les contrôles qui sont essentiels pour la crédibilité de l'Organisation, a-t-il précisé. 


En ce qui concerne les instruments permettant de favoriser le retour et l'intégration des réfugiés, M. Lubbers a enjoint les États à témoigner du respect aux réfugiés, ce qui n'implique pas uniquement la tolérance mais aussi la reconnaissance de leurs capacités et de leurs compétences.  Il faut prendre en considération que les réfugiés ont eu le courage de partir et de reconstruire leur vie ce qui atteste de leur vitalité.  Il a rappelé que les réfugiés se battent pour la paix et pour la reconstruction.  Ainsi, la recherche de solutions durables doit se faire dans le partage des responsabilités et du poids financier.  Il ne s'agit pas simplement d'argent.  Il faut accepter que les réfugiés à qui on a donné la possibilité de se réinstaller dans un pays d'accueil bénéficient de la nationalité de ce pays et reçoivent tous les moyens de s'intégrer dans leur nouvelle société.  De la même manière, l'aide au développement doit prendre en compte les réfugiés afin de les intégrer dans leur pays quand ils y retournent. 


La représentante du Mexique, revenant sur le cinquantième anniversaire de la Convention de 1951, a espéré que la réunion ministérielle du 12 décembre permettra de préparer une feuille de route pour l'avenir.  Elle a estimé que des progrès devaient être accomplis en matière d'instruments internationaux et a demandé quels étaient les plans du Haut Commissaire dans ce domaine. 


La représentante du Soudan a demandé des précisions concernant l'aide qui est apportée aux États qui offrent l'asile à des réfugiés.  Elle s'est inquiété des problèmes posés par les réfugiés résidant en dehors des camps et a demandé si le HCR disposait de moyens d'évaluer leurs besoins.  Elle a également voulu savoir si le HCR disposait de moyens d'apporter une aide d'urgence aux pays exposés à l'arrivée massive et soudaine de réfugiés.  Par ailleurs, elle a demandé comment le HCR pouvait évaluer la situation des enfants séparés de leurs parents, notamment dans la région des Grands Lacs. 


Répondant à ces questions, M. Lubbers a expliqué que la réunion ministérielle du 12 décembre aura pour objectif principal de réaffirmer les principes de la Convention de 1951.  En outre, cette réunion aura pour tâche de chercher à mettre en pratique l'aide réelle aux réfugiés et d'évaluer les nouveaux éléments, notamment le mélange des réfugiés et des migrants économiques et la question de l'augmentation de la criminalité.  Il importe d'élaborer des solutions face à ce problème qui prend des proportions inquiétantes, a-t-il insisté.  Ainsi, M. Lubbers a mis l'accent sur la nécessité de s'accorder sur les valeurs et sur un partage des responsabilités avec les États. 


S'agissant des réfugiés résidant en dehors des camps, M. Lubbers a établi une distinction entre les réfugiés qui sont enregistrés comme tels et reçoivent une assistance et les autres.  Il s'agit d'examiner la question par pays afin d'estimer comment le HCR peut intervenir et être utile pour ces réfugiés, notamment en les accompagnant lorsqu'ils amorcent un processus d'intégration. 

M. Lubbers s'est inquiété de la mention de courants massifs de réfugiés, il a expliqué qu'il existait un dispositif d'urgence qui s'appuyait sur des ressources mondiales. 


En ce qui concerne l'évaluation du nombre d'enfants séparés de leurs parents, M. Lubbers a regretté de ne pouvoir fournir les chiffres.  Apportant des précisions terminologiques, il a insisté sur le fait qu'il importait de parler d'aide aux mineurs réfugiés non accompagnés. 


Débat général


S'exprimant au nom de l'Union européenne et des Etats associés,

M. Christophe Payot (Belgique) a appelé tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier au plus vite la Convention de 1951 relative au Statut des réfugiés, ainsi que son Protocole additionnel.  Le représentant a indiqué que ce texte constituait la pierre angulaire de toute politique ayant trait à la situation des réfugiés.  Il a ajouté que si cette Convention était bien appliquée, elle n'offrait pas d'abri sûr aux terroristes.  Elle exclut en effet les personnes constituant un danger pour la sécurité nationale, ou ayant commis des crimes particulièrement graves. 


Le représentant a salué les consultations mondiales en cours visant à revitaliser le système de protection internationale et renforcer la mise en oeuvre de la Convention de 1951.  Il s'est par ailleurs félicité que 800 000 réfugiés aient pu regagner leur pays d'origine cette année, grâce au HCR.  Le rapatriement volontaire, a-t-il dit, constitue la meilleure des solutions durables, mais ce rapatriement ne peut être organisé que si les conditions de sécurité et de dignité sont remplies.  A cet égard, l'Union européenne soutient les efforts du HCR visant à garantir la mise en place d'un cadre juridique en vue de protéger les droits et les intérêts des réfugiés qui rentrent dans leur pays d'origine.


Le représentant a ensuite précisé que l'Union européenne était particulièrement attentive à la situation des réfugiés afghans.  Il a appuyé le fait que les enfants réfugiés, déplacés ou rapatriés figurent parmi les objectifs prioritaires du HCR, et a espéré que les ressources affectées aux programmes concernant les groupes vulnérables (femmes et enfants) ne soient pas réduites.  Le représentant a ensuite attiré l'attention sur la situation des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.  Leur nombre a augmenté de façon dramatique, et représente désormais près du double de celui des réfugiés.  L'ampleur et la diversité des besoins humanitaires de ces populations requièrent une action coordonnée, et le représentant a salué les efforts entrepris en ce sens par les institutions spécialisées des Nations Unies dans ce domaine. 


La sécurité, a indiqué le représentant, est la principale difficulté à laquelle est confrontée l'action humanitaire.  Trop souvent, le personnel humanitaire, notamment du HCR, est pris pour cible.  A cet égard, l'Union européenne se félicite que le Statut de Rome de la Cour pénale internationale qualifie de crime de guerre le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations ou le matériel employés dans le cadre d'une mission d'aide humanitaire ou de maintien de la paix.  Tout obstacle au travail du personnel employé par le HCR doit être impérativement levé.  L'Union européenne a réitéré son appel à toutes les parties concernées pour qu'elles remplissent leurs obligations de manière inconditionnelle, afin que l'aide puisse être acheminée dans le respect du droit international humanitaire. 


Le représentant a enfin précisé que l'Union européenne oeuvrait à l'élaboration d'une politique commune en matière d'asile et d'immigration.  L'objectif est d'établir un régime d'asile commun fondé sur l'application intégrale et globale de la Convention de 1951. 


S'exprimant au nom des États de la SADC, M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) s'est inquiété du fait que le nombre de réfugiés en Afrique australe ait augmenté de 7,8 % dans la première moitié de 2001 en raison de la situation en Angola et en République démocratique du Congo (RDC).  On compte 1,3 million de réfugiés et près de 6 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays dans les États membres de la SADC, ce qui représente près de 11 % du nombre total de réfugiés dans le monde et 16 % du nombre de personnes déplacées.  Le départ des réfugiés ne prive pas seulement leurs pays d'origine de leur main d’œuvre, il fait également porter une lourde charge aux pays d'accueil qui ont des ressources limitées.  Estimant que cette situation demande une attention urgente de la communauté internationale, il a réitéré l'appel lancé par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour que la communauté internationale apporte l'aide nécessaire aux réfugiés d'Afrique dans le respect des principes de la solidarité et du partage. 


Le représentant s'est ensuite félicité de la coopération entre la SADC et le HCR en vue d'élaborer des mécanismes pour gérer les flots de réfugiés et apporter des solutions durables aux causes des mouvements forcés de populations, ainsi que dans le règlement des conflits et la diplomatie préventive.  Ainsi, grâce à la collaboration entre le directeur du HCR pour l'Afrique du Sud, le Secrétaire exécutif de la SADC, les pays d'Afrique australe ont pris conscience de la nécessité d'harmoniser leurs statuts des réfugiés, les lois et les procédures régissant leur accueil.  Ils ont aussi reconnu la nécessité d'améliorer les structures qui accueillent les réfugiés afin de mieux gérer les ressources et évaluer leur besoins.  Il importe aussi de distinguer entre le contrôle des flux migratoires et la protection aux réfugiés.  Dans cette optique, les États de la SADC envisagent la possibilité de créer une tribune regroupant les commissaires aux réfugiés de la région et les fonctionnaires du HCR afin d'échanger des informations et d’élaborer une politique commune d'accueil des réfugiés dans les États de la SADC.  En conclusion, il s'est inquiété de la réduction du budget-programme du HCR pour 2002-2003 et a appelé la communauté internationale à veiller à ce que les ressources nécessaires pour venir en aide aux réfugiés puissent être débloquées rapidement et en quantité suffisante. 


M. TIAN LIXIAO (République populaire de Chine) a estimé que les profonds changements relatifs à la situation des réfugiés dans le monde exigeaient de nouvelles réponses, notamment dans le domaine de la protection.  A cet égard, les consultations globales lancées sur ce sujet par le HCR devraient tenter d'établir un système de protection plus efficace.  Elles doivent aussi étudier comment le HCR et les pays d'asile peuvent obtenir des ressources suffisantes pour assurer la protection des réfugiés.  Le représentant a estimé que les consultations devaient également se concentrer sur les façons d'alléger le poids économique et social sur les pays hôtes en développement.  La Chine, a ajouté le représentant, soutient les efforts du Haut Commissariat visant à améliorer son travail.  Etant donné cependant la situation financière du HCR, le représentant a espéré que le Haut Commissariat saura établir une distinction entre les activités de fond et les autres activités.  En définissant ses priorités, le HCR devrait tenir compte des difficultés des pays d'accueil en développement, en accordant une même importance à la protection et au développement. 


Le représentant a estimé que la question des réfugiés devait être traitée à la racine.  Mais pour éliminer les fléaux de la guerre, de la pauvreté et de l'injustice, les pays doivent respecter les buts et principes de la Charte des Nations Unies et les normes relatives à la loi internationale, dans le respect de la souveraineté des pays et de l'intégrité territoriale.  Le représentant a ajouté que la communauté internationale devrait aider les pays hôtes en développement à se développer en accord avec le principe de la "responsabilité et du partage du fardeau".  Il est donc du devoir des gouvernements de mettre en pratique la Déclaration de Durban et son Programme d'action, d'éliminer les causes à la racine de la question des réfugiés, et d'éliminer la discrimination raciale contre les réfugiés et les demandeurs d'asile. 


En accord avec le principe de la "responsabilité et du partage du fardeau", la Chine a appelé la communauté internationale à fournir une assistance plus large aux réfugiés afghans et aux principaux pays hôtes, soit le Pakistan et l'Iran.   


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a exprimé son appui au HCR en vue de convaincre les États voisins de l'Afghanistan d'ouvrir leurs frontières, conformément au principe du non-refoulement.  Reconnaissant que ces réfugiés sont un lourd fardeau pour les pays voisins, il s'est félicité de l'initiative du HCR d'intensifier ses efforts à l'intérieur du pays.  En vue de faciliter les efforts du HCR et des pays voisins, le représentant a indiqué que le Japon avait déjà fourni une aide de 120 millions de dollars en réponse à l'alerte des Nations Unies, ainsi que 16 millions de dollars d'aide bilatérale au Pakistan et deux millions de dollars au Tadjikistan.  Il a réaffirmé que son pays continuera d'apporter son aide aux pays voisins en fonction des besoins.  Il a également appelé la communauté internationale à ne pas négliger les efforts de reconstruction et de réintégration.  Il importe de mettre l'accent sur la coexistence pacifique des réfugiés afghans ce qui favoriserait les rapatriements et serait également bénéfique à la prévention de prochains conflits dans ce pays.  Rappelant que son pays a toujours été favorable aux politiques de rapatriement des réfugiés afghans, il a fait savoir que le Japon, avec les États-Unis, parrainerait la réunion officielle sur l'aide à la reconstruction en Afghanistan qui se tiendra demain.  Il a également déclaré que le Japon était prêt à accueillir prochainement une conférence sur la paix et la reconstruction en Afghanistan. 


Par ailleurs, le représentant a mis en garde contre le fait que la situation en Afghanistan ne doit pas contribuer à créer d'autres crises oubliées dans le monde.  Il a mis l'accent sur l'élargissement du mandat du HCR qui cherche maintenant des solutions plus larges aux questions concernant les réfugiés.  Il s'est déclaré favorable à l'approche du HCR favorisant la recherche de solutions durables.  C'est pourquoi, a-t-il insisté, il faut envisager la question de la prévention des conflits et de la gestion du rapatriement et de la réintégration des réfugiés.  Il importe que le HCR continue à jouer un rôle dans la reconstruction de façon à combler le fossé entre l'aide humanitaire et l'aide au développement.  Dans la mesure où le HCR seul ne saurait apporter une solution à un problème de cette ampleur, le représentant a mis l'accent sur les partenariats interinstitutions, ainsi qu'avec les ONG et les gouvernements. 


Dressant le bilan de l'aide apportée par son pays, le représentant a rappelé que le Japon contribuait pour 10 ou 15 % au budget du HCR.  Il a également cité l'exemple du Fonds spécial pour la sécurité humaine par lequel le Japon a pu apporter un financement au Centre régional de formation aux situations d'urgence du HCR.  En dernier lieu, le Japon s'emploie à explorer les moyens d'établir des liens plus solides entre l'aide d'urgence et le développement, notamment par le biais de l'Agence japonaise pour la coopération internationale qui a permis d'aider la Tanzanie en tant que pays hôte et de permettre au HCR de se consacrer aux besoins d'urgence. 


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a rappelé que protection et assistance étaient deux notions essentielles à la question des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.  L'assistance a un prix, a poursuivi le représentant, mais la protection n'en a pas.  Il a indiqué qu'à plusieurs reprises déjà, la Norvège avait demandé de fournir au HCR des ressources suffisantes.  Il a aussi précisé que son Gouvernement allait continuer à jouer un rôle actif dans les consultations sur la protection internationale, lancées par le HCR.  A cet égard, la Norvège s'est penchée sur la question de la réinstallation des réfugiés dans un pays différent de leur pays d'origine.  Très peu d'Etats, a indiqué le représentant, ont des quotas de réinstallation.  Il s'agit donc d'encourager plus de pays à s'engager concrètement sur cette question. 


La Norvège considère la réinstallation des réfugiés comme un outil de protection.  C'est une solution durable qui s'inscrit dans le cadre stratégique plus large de la protection.  La réinstallation fait aussi partie d'un mécanisme international de partage de la solidarité et de la responsabilité.  Le représentant a ensuite mis l'accent sur la protection qu'il faut accorder aux groupes vulnérables.  Bien souvent ce sont les femmes et les filles.  La Norvège, a-t-il dit, estime qu’il faut tenir compte de leurs besoins spécifiques dans les opérations générales du HCR et des autres institutions spécialisées.  Depuis plus de deux ans maintenant, la Norvège soutient largement le programme «Enfants séparés en Europe», en collaboration avec le HCR et l'Alliance internationale «Save the Children».   Ce programme a démontré que les droits et les besoins des enfants séparés de leurs familles sont insuffisamment pris en compte. 


Enfin, le représentant a mis l'accent sur le fait que les réfugiés et les déplacés représentaient d'immenses ressources humaines.  Ils sont victimes des conflits et des crises, mais en les considérant seulement comme une partie du problème, on oublie qu'ils peuvent constituer aussi une partie de la solution.  Ainsi, il suffit d'imaginer le potentiel non utilisé des réfugiées afghanes.  Le représentant a indiqué enfin qu'il fallait donner la parole aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays afin de mieux comprendre leur situation et de mieux les inclure dans les efforts entrepris les concernant. 


MME ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a rappelé que depuis trois décennies, son pays accueille des réfugiés, en dépit des conséquences économiques et sociales qu’il subit.  Elle a mis l'accent sur le principe du partage des charges entre le HCR et les pays hôte, surtout dans le contexte de la baisse de l'aide internationale aux réfugiés.  S'inquiétant du retrait progressif du HCR, elle a estimé que le Soudan avait toujours besoin d'aide dans ce domaine, notamment en ce qui concerne les infrastructures, l'accès à l'eau et aux soins de santé. 


Faisant état de la coopération de son pays au programme du HCR en faveur du retour volontaire des réfugiés érythréens, elle a expliqué que nombre de ceux qui avaient souhaité rentrer avaient pu le faire dans la paix et la dignité, et ce jusqu'en mars 2001.  Par ailleurs, elle a attiré l'attention sur la situation des réfugiés soudanais dans les pays voisins et s'est inquiétée de la mobilisation forcée des enfants.  Elle a invité le HCR à renforcer ses efforts pour protéger ces enfants afin qu'ils ne soient pas engagés dans les combats.  Reconnaissant la nécessité de protéger le personnel du HCR, elle a fait savoir que son pays condamnait les attentats commis contre le personnel des Nations Unies et du HCR et a appelé toutes les parties à protéger le personnel humanitaire.  Elle s'est déclarée favorable au projet de résolution relatif au HCR, mais a toutefois espéré qu'il porterait mention du rôle joué par les États dans l'accueil de réfugiés et qu'il contiendrait des dispositions relatives à l'aide d'urgence.


M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a indiqué que la protection des réfugiés, et notamment leur protection physique, restait une priorité pour son pays.  Il a estimé que les femmes et les enfants réfugiés devaient faire face à des défis bien spécifiques.  Le HCR les considère comme une priorité, mais on peut encore faire davantage.  Le représentant a donc appelé le Haut Commissariat et ses partenaires à renforcer tous leurs programmes sur le terrain afin de traiter les besoins particuliers des femmes et des enfants.  Le représentant a également appelé les gouvernements à promouvoir davantage les rapatriements volontaires des réfugiés, leur intégration au plan local ou leur réinstallation.   Les Etats-Unis, a-t-il dit, continueront à travailler avec le HCR pour offrir aux réfugiés des possibilités de réinstallation.


Abordant la situation en Afghanistan et la guerre contre le terrorisme, le représentant a précisé que son pays était déterminé à travailler avec le Haut Commissariat et les organisations humanitaires pour soutenir les réfugiés afghans.  Il a salué les voisins de l'Afghanistan et leur capacité à accueillir des millions de réfugiés depuis des années.   Aujourd'hui, a-t-il dit, de nouveaux réfugiés franchissent leurs frontières.  Il a demandé aux pays voisins de laisser entrer ces nouveaux réfugiés afin qu'ils puissent recevoir une protection internationale et le soutien du HCR.  Lorsque les conditions le permettront, a-t-il dit, les Etats Unis travailleront avec le Haut Commissariat pour favoriser le retour volontaire des réfugiés afghans dans leur pays.   Enfin, le représentant a demandé de ne pas oublier les réfugiés dans d'autres parties du monde, et notamment en Afrique.  Il a aussi indiqué que le budget du HCR ne pouvait continuer à baisser. Ceux qui en ont la possibilité doivent contribuer aux efforts du HCR et fournir assistance aux réfugiés.  Il a indiqué que les Etats-Unis, déjà le plus large donateur, vont continuer à soutenir le Haut Commissariat.


MME MARIA PEREZ DE PLANCHART (Venezuela) a fait savoir que son pays avait adopté, le 3 octobre dernier, une loi organique sur les réfugiés et les demandeurs d'asile afin d'harmoniser le statut des réfugiés au droit international.  Elle a ensuite souligné l'importance du rôle joué par le HCR dans la recherche de solutions durables, alors même qu'il est de la responsabilité des États de prévenir les déplacements de populations, d'accorder la protection aux réfugiés, et de créer les conditions favorables à leur retour dans la paix et la dignité.  Elle a mis l'accent sur le fait que le développement et la stabilité sociale sont des éléments fondamentaux de toute recherche de solutions durables à la question des réfugiés.  Les solutions durables reposent sur la reconstruction et la stabilité des pays d'origine et non simplement sur la protection des réfugiés dans les situations d'urgence. 


La représentante a estimé que le HCR devait s'adapter aux nouvelles situations.  Partant, il importe de renforcer la protection des réfugiés, tant au niveau des institutions que dans la protection elle-même.  Dans ce contexte, elle s'est félicitée des consultations mondiales sur la protection internationale en vue, notamment, de moderniser le HCR.  Il importe en effet que les instruments internationaux évoluent pour s'adapter aux nouvelles réalités.  Dans le même ordre d'idée, elle a insisté sur la protection du personnel humanitaire.  Réaffirmant que son pays accordait une importance capitale à l'aide apportée au HCR, elle a indiqué que le Venezuela avait alloué un million de dollars au HCR destiné à venir en aide aux réfugiés afghans. 


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