En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/533

L'ELIMINATION DU TRAVAIL DES ENFANTS PASSE PAR L'AIDE ECONOMIQUE AUX FAMILLES ET L'ERADICATION DE LA PAUVRETE

26/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/533


Troisième Commission

22e séance – matin


L'ELIMINATION DU TRAVAIL DES ENFANTS PASSE PAR L'AIDE ECONOMIQUE

AUX FAMILLES ET L'ERADICATION DE LA PAUVRETE


En dépit des progrès réalisés dans certains domaines, force est de constater que 250 millions d'enfants entre 5 et 14 ans travaillent pour survivre et que plus de 50 millions d'enfants entre 5 et 11 ans travaillent dans des conditions dangereuses, manipulant des produits chimiques ou des machines.  C'est ce qu'a rappelé la représentante de l'Organisation internationale du travail s'adressant, ce matin, à la Troisième Commission qui poursuivait son débat général sur la promotion et la protection des droits de l'enfant. 


Le travail et l'exploitation des enfants continuent de préoccuper les États comme en témoigne le large mouvement de ratification dont bénéficie la Convention 182 de l'OIT sur les pires formes de travail des enfants, l'entrée en vigueur du Protocole sur la vente d'enfants, la prostitution d'enfants et la pornographie impliquant des enfants, ainsi que l'intérêt suscité par le Programme pour l'élimination du travail des enfants mis en oeuvre dans 75 pays.  Réaffirmant l'engagement de son pays en faveur de l'élimination du travail des enfants, le représentant du Pakistan a estimé que pour y parvenir il fallait s’attaquer à la pauvreté et l’éradiquer.  De la même manière, plusieurs représentants ont observé que le meilleur moyen de lutter contre le trafic d'enfants à des fins d'exploitation sexuelle et commerciale était l'éducation et le soutien économique aux familles. 


S'agissant des enfants dans les conflits armés, certaines délégations, dont la Malaisie et la Syrie, ont regretté que le sort des enfants vivant sous occupation étrangère n'ait pas été suffisamment pris en considération.  Elles ont également attiré l'attention sur les effets des sanctions sur les enfants et les problèmes touchant les enfants soldats démobilisés.  La Slovénie a mis l'accent sur la nécessité d'apporter un soutien psychologique suivi aux enfants qui sortent des conflits et a fait part de son expérience dans ce domaine.  À l'instar de la Croatie, le Comité international de la Croix-Rouge a souligné l'importance de la prévention et fait part d'un projet destiné à faire connaître le droit humanitaire aux jeunes et à les faire réfléchir sur la dignité humaine. 


(à suivre – 1a)


Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Barbade au nom de la CARICOM, Congo, République-Unie de Tanzanie, El Salvador, Ethiopie, Croatie, Slovénie, Australie, Surinam, Guinée, ex-République yougoslave de Macédoine, Pakistan, Malaisie, République arabe syrienne, Ukraine.  L'Observateur de la Palestine a également pris part aux débats, ainsi que les représentants du Comité international de la Croix-Rouge et de l'Organisation internationale de travail.  Le représentant d'Israël et l’Observateur de la Palestine ont fait usage de leur droit de réponse. 


La Commission achèvera lundi 29 octobre, à 10 heures, son débat général sur la promotion et la protection des droits de l'enfant et engagera un dialogue avec le Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés, M. Olara Otunnu. 


S'exprimant au nom de la CARICOM, MME JUNE CLARKE (Barbade) a regretté que la pauvreté, le VIH/sida et les conflits armés menacent les avancées réalisées à l'issue des grandes conférences des années 1990.  Elle a notamment dénoncé la mondialisation qui a des conséquences néfastes sur la vie des plus faibles.  Ainsi la session extraordinaire sur les enfants aurait dû galvaniser les énergies et assurer que les États réaffirment les engagements pris il y a dix ans.  Elle a indiqué qu’il était urgent de se prémunir efficacement contre le VIH/sida.  La moitié des nouveaux cas touchent des jeunes de 15 à 24 ans et la prévalence du VIH/sida dans certaines régions a remis en question les progrès réalisés en matière de mortalité infantile.  Il importe que la session extraordinaire sur les enfants apporte des réponses dans ce domaine, stimule l'aide internationale en faveur des jeunes des pays en développement.  Elle a fait part des problèmes spécifiques qui touchent les pays de la CARICOM, notamment les enfants des rues, les grossesses précoces et les violences à l'encontre des enfants.  Les études ont montré que les jeunes des Caraïbes ont leurs premières relations sexuelles entre 10 et 11 ans et que la prévalence du VIH/sida est la plus forte chez les adolescents.  Dans la mesure où 8 500 enfants et adolescents sont infectés chaque jour, la représentante a estimé que les actions menées dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida devaient cibler les adolescents. 


La représentante a ensuite abordé la question de la justice pour les enfants et la nécessité de modifier les lois qui leur sont appliquées afin qu'elles prennent en considération les recommandations formulées lors des grandes conférences des Nations Unies.  Il convient également de mettre l'accent sur la prévention et l'éducation afin de tenir les adolescents à l'écart du crime et des drogues.  Selon une étude récente de l'UNICEF, la région est confrontée aux problèmes relatifs à la déscolarisation des enfants, aux enfants des rues, et au travail des enfants.  Ces enfants et ces jeunes sont particulièrement exposés aux pratiques sexuelles à risque, aux drogues et à la violence.  Dans certaines régions, ces enfants risquent également d'être recrutés par les terroristes ou les groupes armés.  C'est pourquoi, il importe avant tout de s'employer à éliminer la pauvreté et ses conséquences.  De la même manière, elle a observé que le meilleur moyen de lutter contre le trafic d'enfants à des fins d'exploitation sexuelle et commerciale était l'éducation et le soutien économique aux familles.  En dernier lieu la représentante s'est félicitée de l'entrée en vigueur de la Convention 182 de l'OIT qui devrait permettre de lutter plus efficacement contre les pires formes de travail des enfants.  


M. RENE NSEMI (Congo) a indiqué que son pays s'employait, dans un contexte parfois difficile, à mettre en place une politique destinée à améliorer la condition de l'enfant.  Aujourd'hui, la situation demeure marquée par six années de guerre civile et de tensions sociopolitiques qui ont largement nui à la mise en oeuvre de toutes les mesures prises en faveur des enfants depuis le début de la décennie 90.  Le représentant a précisé que l'attention particulière que son pays accordait aux problèmes des groupes sociaux vulnérables (notamment les femmes et les enfants) s'était traduite par la mise en place d'un cadre institutionnel, avec en particulier la création d'un Ministère des affaires sociales dès 1991.  Un Comité interministériel de promotion de la Convention relative aux droits de l'enfant a également été mis en place.

Le représentant a ajouté que le Gouvernement, le Parlement et des ONG nationales et internationales avaient adopté un Plan national de développement sanitaire et un Plan d'action pour l'enfant dont le mandat consistait à traduire en objectifs et programmes d'activités les recommandations du Sommet mondial de l'enfant.  Le représentant a remarqué qu'après plusieurs années de conflits et de destruction, la tâche à entreprendre était immense.  En raison des conflits armés, la lutte contre les maladies infantiles et l'accès à l'eau potable, par exemple, n'ont connu que de faibles performances.  Le taux de couverture vaccinale remonte aujourd'hui, cependant, grâce au contexte de paix retrouvée.  Abordant la question du secteur éducatif, le représentant a expliqué que le taux de prise en charge des enfants de trois à cinq ans restait faible, en raison des coûts élevés d'accès à l'éducation préscolaire tenue, en particulier, par le secteur privé.  Enfin, le représentant a évoqué l'aggravation des conditions de vie et la montée de la pauvreté.  Il a indiqué que son Gouvernement et les institutions financières internationales avaient inscrit la lutte contre la pauvreté comme une priorité dans le programme intérimaire post-conflit 2000-2002, qui accorde une large part au relèvement des secteurs sociaux. 


MME CHRISTINE KAPALATA (République-Unie de Tanzanie) a fait part des efforts menés dans son pays en vue d'assurer une éducation primaire universelle qui est gratuite pour tous les enfants du pays depuis juillet 2001.  Pour lutter contre la déscolarisation, particulièrement chez les filles en cas de grossesse, des dispenses spéciales sont accordées dans le cadre du programme intitulé "deuxième chance".  Toutefois en dépit des efforts menés et de l'aide de l'UNICEF, elle a regretté que le tableau reste mitigé.  En effet plus de dix millions d'enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies curables et de malnutrition, 100 millions d'enfants dont 60% de filles ne sont pas scolarisés, et la VIH/sida ne semble pas régresser face aux efforts des gouvernements pour la juguler.  Elle a fait part du désespoir des pays en développement dans ce domaine et a déploré que l'aide promise lors du Sommet mondial sur les enfants n’ait pas été accordée. 


La représentante s'est félicitée de la Déclaration adoptée par la session extraordinaire sur le VIH/sida qui s'est tenue en juin dernier au Siège et qui comporte des engagements assortis de calendrier, notamment en faveur des enfants.  Elle a espéré que la session extraordinaire fournira une nouvelle occasion de prendre des engagements pour venir en aide aux enfants touchés par le VIH/sida.  En dernier lieu, s'inquiétant des effets des conflits armés sur les enfants, elle a demandé que l'on remédie aux causes de ces conflits et s'attache à créer un monde plus humain pour les enfants. 


M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ ( Salvador) a rappelé qu'environ 57% de la population du pays était âgée de moins de 25 ans.  La promotion et la protection des droits de l'enfant demeurent donc essentielles.  La jeunesse salvadorienne a d’énormes potentialités dont la mise en valeur est tributaire d’une organisation adéquate.  Le Ministère national de la famille, en coordination avec d'autres institutions nationales, est chargé de créer des espaces de participation pour les jeunes et les adolescents, en leur offrant notamment la pleine application de leurs droits.  Il s'agit de créer des possibilités pour leur permettre de se développer de façon intégrée grâce aux sports, à la culture, et dans le respect de valeurs telles que la démocratie et la paix. 

Des programmes ont été mis en place, dont "pais joven" qui aide au développement intégral de la jeunesse et des adolescents et "nutriendo con amor" qui favorise la croissance et le développement des enfants de moins de cinq ans en offrant une aide alimentaire et une éducation aux mères ou aux adultes responsables dans chaque communauté concernée.  Le représentant a expliqué que son Gouvernement attachait une grande importance à la participation des enfants et des jeunes à l'élaboration des politiques publiques qui les concernaient directement.  Ainsi le Gouvernement salvadorien a récemment lancé un Forum national de la jeunesse et de l'adolescence, et un Forum national de consultation publique.  Au plan international El Salvador a notamment salué le travail effectué par les Etats, les ONG, ou la communauté universitaire pour promouvoir la Décennie internationale pour une culture de paix et de non-violence pour les enfants du monde (2001-2010).  


MME MARIAM LULIT ZEWDIE (Ethiopie) a regretté qu'en dépit des progrès réalisés dans l'éducation primaire et la santé, de nombreux enfants, surtout en Afrique, continuent à vivre dans une extrême précarité, touchés par la pauvreté, le VIH/sida et les conflits qui sont les principaux obstacles à la réalisation des droits de l'enfant.  Dans le cadre des préparatifs de la session extraordinaire sur les enfants, elle a indiqué que son pays avait soumis son rapport sur le suivi du Sommet mondial sur les enfants en février 2001.  Elle a fait part des diverses mesures adoptées par son pays en vue d'appliquer la Convention relative aux droits de l'enfant.  En outre, la Convention 182 de l'OIT sur les pires formes de travail des enfants a été soumise au Parlement pour ratification et les deux Protocoles à la Convention le seront prochainement. 


Elle a expliqué que son pays avait élaboré un Plan national sur le VIH/sida pour 2000-2004 qui avait permis de mettre en place un Conseil national sur le VIH/sida et des conseils régionaux chargés de coordonner l'application des mesures prises pour lutter contre la pandémie.  En dépit des efforts du Gouvernement, elle a indiqué que les enfants éthiopiens continuaient à souffrir de malnutrition et de pauvreté.  Outre les facteurs nationaux comme le chômage et le manque d'infrastructure, elle a indiqué que le fardeau de la dette, les termes inégaux des échanges internationaux constituent des obstacles à la réalisation des droits de l'enfant.  Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, elle a expliqué que la stratégie nationale d'éradication de la pauvreté avait été approuvée par la Banque mondiale.  Elle a insisté sur le fait qu'il fallait aider les pays en développement dans ce sens et considérer sérieusement les possibilités d'annuler la dette.  Elle a espéré que le Document final adopté à l'issue de la session extraordinaire sur les enfants soulignera la nécessité de renforcer la coopération internationale, notamment en termes d'aide publique au développement et d'investissement étranger direct. 


MME DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a expliqué que son pays avait notamment soutenu, cette année, la Convention 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants.  Elle a cependant averti que le fossé entre les normes internationales et leur respect sur le terrain était encore très large.  En Croatie, a-t-elle ajouté, les conséquences de la guerre et son influence tragique sur nombre d’enfants se font toujours sentir.  Plus de 5 000 enfants ont perdu l’un ou leurs deux parents durant le conflit.  Le Gouvernement croate s’est donc efforcé d’offrir à ces enfants un soutien matériel ainsi qu’un soutien psychologique.  Dans le domaine psychologique justement, un programme spécifique a été mis en place avec la création de centres de conseil un peu partout dans le pays.

La représentante a par ailleurs indiqué que le Comité national pour l’éducation des droits de l’homme avait mis en œuvre un Programme national d’éducation des droits de l’homme.  Ce programme se fonde sur les résultats d’un projet commun entre l’UNESCO et les Pays-Bas intitulé «Paix et droits de l’homme pour les écoles primaires croates».  Le Plan national et le Programme pour les écoles primaires et secondaires ont inscrit ce programme d’éducation dans les programmes scolaires.  Abordant la question de la construction de la paix, la représentante a indiqué que la société civile croate y avait joué un rôle essentiel.  Un certain nombre d’ONG ont également lancé une série de petits projets, et la participation des enfants s’est avérée essentielle pour bâtir une paix durable.  La représentante a notamment souhaité mentionner l’ONG «Mali Korak», auteur d’un manuel éducatif sur la construction de la paix, à l’adresse es professeurs dans les écoles primaires.


MME NADYA RASHEED (Observateur de la Palestine) a regretté que le rapport du Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés ignore le sort tragique des enfants palestiniens.  Elle a déploré que le Secrétariat continue d'ignorer le problème important des enfants soumis à l'occupation étrangère.  Elle a attiré l'attention sur le fait qu'Israël, puissance occupante, avait privé les enfants palestiniens de leurs droits les plus fondamentaux.  Les enfants palestiniens souffrent de traumatismes physiques et psychologiques liés à la détention, la démolition de leurs maisons, la confiscation de leur terre, le couvre-feu, la fermeture de leurs écoles et les confrontations violentes.  L'occupation étrangère met en danger la survie et le développement des enfants palestiniens, a-t-elle déclaré. 


Elle a fait savoir que la situation sur le terrain s'était gravement détériorée depuis septembre 2000.  Plus de 700 Palestiniens, dont un tiers d'enfants, ont été tués et quelque 25 000 personnes, la plupart ayant moins de 18 ans, ont été blessées.  Nombre de ces jeunes seront handicapés à vie par les suites de leurs blessures, a-t-elle ajouté.  Elle a insisté sur le fait que les mesures et les actions menées par la puissance occupante étaient contraires au droit international et notamment à la Déclaration relative aux droits de l'enfant.  Elle a demandé à la communauté internationale d'exercer des pressions sur Israël, la puissance occupante, pour que soient respectées les conventions internationales en faveur de la protection des droits de l'enfant.  Elle a demandé à la communauté internationale de se préoccuper du sort des enfants qui vivent sous occupation étrangère. 


M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a indiqué que son gouvernement avait lancé des initiatives et des projets visant à réhabiliter les enfants traumatisés par les guerres, dans le Sud-Est de l'Europe.  Le représentant a cité comme exemple l'initiative "ensemble-Centre régional pour le bien-être psychosocial des enfants", initiative lancée par le ministre slovène des affaires étrangères et par l’ONG slovène «Philanthropie».  Le représentant a salué le travail effectué par cette ONG en matière de conceptualisation et de réalisation de projets psychosociaux dans la région.  En mettant sur pied le Centre, la Slovénie espère contribuer au bien-être psychologique et à l'amélioration de la santé mentale des enfants affectés par les guerres. 

Le représentant a ajouté que la conciliation sociale, dans la région, dépendait notamment du profil psychosocial des jeunes générations.  La Slovénie a offert de mettre à disposition son savoir-faire et son expérience dans le domaine de la santé mentale des enfants, ainsi que  sa bonne connaissance de la situation, de la culture, et des traditions régionales.  Le représentant a indiqué que son pays souhaitait créer un cadre pour une approche large et continue de la protection et du soutien psychosocial aux enfants traumatisés. 


MME ROSEMARY CROWLEY (Australie) s'est déclaré encouragée de constater que, pour la prochaine session extraordinaire, la communauté internationale semble prête à édicter de nouvelles normes contraignantes pour lutter contre le travail des enfants, protéger les enfants des conflits armés et de l'exploitation sexuelle et commerciale.  Elle a souligné qu'investir dans ses enfants était le meilleur investissement que pouvait faire un pays et a espéré que la prochaine session extraordinaire permettrait de définir des moyens d'assurer que les objectifs du Sommet mondial pour les enfants soient réalisés. 


Se félicitant de l'avancée des travaux préparatoires, elle a rappelé que les enfants devaient également être des partenaires dans ce processus.  En conclusion, la représentante a lu un message de trois jeunes Australiens âgés de 15 et 17 ans adressé aux enfants de New York.  Exprimant leur solidarité avec les enfants de New York, ces jeunes ont insisté sur le fait que les événements tragiques du 11 septembre dernier ne devaient pas diviser, mais unir les enfants du monde afin de demander non pas vengeance mais justice et tolérance de toutes les croyances et de toutes les religions. 


MME IRMA LOEMBAN TOBING-KLEIN (Suriname) a indiqué que le document final issu du "Monde plus humain et plus juste pour les enfants" devrait permettre aux enfants d'espérer en un avenir meilleur.  C'est essentiel, si l'on tient à regagner leur confiance, en particulier après les attentats du 11 septembre dernier.  Cet espoir en un monde meilleur est reflété par l'action internationale de l'UNICEF et son action "Dites oui aux enfants", qui invite entre autres à éduquer les enfants, à les écouter, à prendre soin d'eux et à cesser arrêter de les humilier et de les exploiter. 


La représentante a précisé que les enfants délégués du Suriname attendaient toujours des informations sur le report de la session extraordinaire sur les enfants.  Les enfants sélectionnés, même s'ils devaient atteindre les 18 ans au moment de la session, devraient avoir le droit de venir à New York pour participer à l'événement l'an prochain, a expliqué la représentante.  Abordant la situation au Suriname, la représentante a indiqué qu'un projet mettant l'accent sur la situation des femmes et des enfants de l'intérieur avait été développé avec l'UNICEF.  Le Suriname participe en outre à un programme de coopération   avec les gouvernements des pays de l'Est des Caraïbes.


M. PAUL G. ZOUMANIGUI (Guinée) a fait part des initiatives et des conférences africaines en faveur des droits de l'enfant, notamment de la Conférence tenue récemment au Caire dans le cadre de la participation de l'Afrique à la session extraordinaire consacrée aux enfants qui a permis d'élaborer un document intitulé, «l'Afrique pour les enfants», comprenant une Déclaration et un Plan d'action.  Il a ensuite expliqué que son pays, en dépit des difficultés liées aux effets conjugués de la mondialisation et de l'instabilité de la sous-région, avait mis en place des structures publiques et parapubliques qui ont contribué à la vulgarisation de la Convention relative aux droits de l'enfant.  Il s'est félicité de la revitalisation des programmes de santé et d'éducation, notamment ceux en faveur de la scolarisation de la jeune fille, et de l'augmentation de la couverture vaccinale contre la poliomyélite.  Parmi les résultats positifs, il a cité également l'iodisation quasi-générale du sel commercialisé, le recours plus étendu à la vitamine A et le renforcement de la participation communautaire. 


Le représentant a regretté que la fin de la guerre froide n'ait pas contribué à réorienter les ressources consacrées aux armements vers les programmes de développement.  Il s'est déclaré convaincu que seules la volonté politique et la ferme détermination des divers acteurs internationaux et nationaux permettront d'atteindre les objectifs que la communauté internationale s'est fixée pour assurer la protection des droits des enfants. 


MME DONKA GLIGOROVA (ex-République yougoslave de Macédoine) a rappelé que le Sud-Est de l'Europe avait été gravement éprouvé au cours de la dernière décennie et les évènements de ces dix dernières années montrent à l’envi qu’il faudrait mettre en oeuvre de toute urgence la Convention relative aux droits de l'enfant et ses deux protocoles additionnels.  Pour sa part, le Gouvernement de l’ex-République yougoslave de Macédoine s'efforce de réviser sa législation et d'y apporter les amendements appropriés afin de la rendre conforme à la Convention.  En outre, le Gouvernement a nommé un défenseur du peuple qui travaille exclusivement sur la question des droits de l'enfant.


Mme Gligorova a estimé que la communauté internationale devrait concentrer son attention sur les causes des violations des droits de l'enfant et sur les voies et les moyens de leur élimination.  A son avis, la priorité devrait être accordée à l’allégement de la pauvreté.  Elle a indiqué que son pays souhaitait voir dès que possible la réunion de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée aux enfants.  L’ex-République yougoslave de Macédoine participera activement au travail de cette session extraordinaire, a insisté la représentante. 


M. ISTIAQ HUSSAIN ANDRABI (Pakistan) a réaffirmé son engagement en faveur de l'élimination du travail des enfants et a estimé que pour y parvenir il fallait s’attaquer à la pauvreté et l’éradiquer.  Le représentant a fait savoir que les lois de son pays dans ce domaine étaient conformes à la Convention 182 de l'OIT sur les pires formes de travail des enfants et à la Convention relative aux droits de l'enfant.  Se félicitant de l'entrée en vigueur du Protocole sur la vente d'enfants, la prostitution d'enfants et la pornographie impliquant des enfants, il a de nouveau insisté sur la nécessité de remonter aux causes de ces fléaux que constituent l'exploitation des enfants et leur enrôlement dans les conflits armés.  Abordant la question du développement des enfants, le représentant a mis l'accent sur l'importance de la famille qui seule peut fournir un environnement propice au développement émotionnel des enfants.  La famille protège les enfants des influences négatives comme la pronographie, la pédophilie, les drogues, les cultes sataniques et la criminalité.  Le représentant s'est inquiété des atteintes portées à la famille, seule capable de créer un environnement propice au développement des enfants. 


Par ailleurs, il a fait savoir que l'engagement du Pakistan en faveur des enfants se fondait sur son identité musulmane.  Il a fait part des programmes mis en oeuvre par le Gouvernement, notamment en matière de vaccination, de formation, d'aide à l'accouchement et de nutrition.  Il a indiqué que son Gouvernement avait également mis l'accent sur l'éducation, notamment dans les domaines scientifiques et technologiques.  Il a reconnu que son pays n'avait pas obtenu les résulats escomptés dans la scolarisation des filles dans les zones rurales.  Il a indiqué que son pays s'était préoccupé de la situation des enfants handicapés et avait mis en oeuvre un programme en leur faveur avec l'aide de l'UNESCO.  En outre, il a fait savoir que son pays avait entrepris de réformer son système juridique applicable aux enfants et relevé à 18 ans l'âge minimum pour l'application de la peine de mort, conformément à l'article 37 de la Convention relative aux droits de l'enfant.  


M. YAHAYA ABDUL JABAR (Malaisie) a indiqué qu’au sujet de la question des enfants dans les conflits armés, il fallait se préoccuper de leur sécurité et leur donner accès à une protection légale, dans le cadre des lois internationales.  Dans bon nombre de conflits cependant, les femmes et les enfants sont la cible des combats.  Des centaines de milliers d'enfants ont ainsi été forcés de se transformer en soldats et de participer aux combats; d’autres sont exploités sexuellement, en violation complète de leurs droits fondamentaux.  Le représentant a donc insisté sur le fait qu'il ne devait y avoir aucun laissez-aller ni aucune amnistie envers les crimes commis contre des enfants innocents. 


Le représentant a fortement condamné l'utilisation du viol comme une arme en période de guerre.  Ces actes, a-t-il dit, ne doivent pas être tolérés.  Il a exprimé son soutien aux propos du Secrétaire général sur l'assimilation du viol à un crime de guerre.  Abordant la situation au Proche-Orient, le représentant a expliqué que les discussions sur la promotion et la protection des droits de l'enfant, pour qu'elles aient un sens, devaient prendre en compte le sort des enfants de cette région.  Le sort des enfants palestiniens et des enfants sous occupation étrangère semble en effet ignoré, a poursuivi le représentant.  Les enfants souffrent aussi des conséquences des sanctions.   Plus de 1,5 million d'iraquiens, des enfants pour la plupart, seraient ainsi décédés des suites des sanctions. 


MME RANIA AL HAJ ALI (République arabe syrienne) a expliqué que le plan d’action national de son pays en faveur des enfants leur donnait accès en priorité à l’éducation et aux soins de santé.  Elle a expliqué que son pays s'attachait à fournir un environnement propice aux enfants.  Ainsi la Commission chargée de surveiller l'application du plan national fait rapport au ministère correspondant et examine l'évolution de la situation des enfants en Syrie. 


Abordant la question des enfants dans les conflits armés, elle a regretté que les rapports soumis à la Commission ne fassent pas référence aux enfants subissant une occupation étrangère, ce qui avait été demandé lors du Sommet mondial pour les enfants.  Elle a estimé que cette omission nuisait à la crédibilité de ces rapports.  Citant l’exemple des enfants du Golan syrien, dont les droits sont bafoués à cause de l’occupation, elle a précisé qu’un grand nombre d’entre eux ont été expulsés par la force et vivent loin de leur village.  Nombre d'enfants palestiniens souffrent de l'occupation israélienne et des brutalités, a-t-elle déclaré.  Se félicitant de la perspective offerte par la prochaine session extraordinaire sur les enfants, elle a espéré qu'elle permettrait d'évaluer les progrès accomplis et de réaffirmer les engagements pris lors du Sommet mondial sur les enfants.

MME ROKSOLANA IVANCHENKO (Ukraine) a déclaré qu'en dépit des progrès réalisés, des millions d'enfants étaient encore victimes de problèmes graves, dont celui des conflits armés.  Les conséquences des conflits sur les enfants sont si tragiques qu’il faut prendre des mesures d'urgence au niveau politique, a insisté la représentante.  Elle s'est à cet égard félicitée du rôle actif que le Conseil de sécurité joue désormais en matière de protection des droits de l'enfant.  Elle a néanmoins exprimé quelques préoccupations au sujet d’un autre problème grave qu’est la grande pauvreté dans laquelle vivent un certain nombre d'entre eux.


La représentante a observé que les dépenses publiques consacrées aux enfants n'étaient pas suffisantes.  Ces dépenses doivent être augmentées car il s’agit d’un investissement qui rapportera le centuple.  Elle a ensuite appelé l'attention sur la situation des enfants de l'Ukraine. Des programmes nationaux ont été élaborés, dont "Enfants de l'Ukraine pour 2005".  Avec l'UNICEF, l'Ukraine veille à améliorer les conditions de développement des enfants, grâce à l’amélioration de l’enseignement et des soins médicaux.  Mais la transition vers l'économie de marché ne permet pas en Ukraine d'assurer des conditions de vie acceptables, et les enfants sont les premiers à pâtir des difficultés de cette période.  ELle a évoqué la recrudescence de l’abus des drogues et la vulnérabilité au VIH/sida.  Enfin, elle a mentionné le sort des enfants touchés par la catastrophe de Tchernobyl et s’est inquiétée dans ce contexte des dangers technologiques, qui exigent une recherche de stratégies garantissant la protection des droits de l'enfant.    


M. DANIEL HELLE, Comité international de la Croix-Rouge, a rappelé que la responsabilité première de mise en oeuvre du droit international humanitaire revient à tous les États ainsi qu'aux parties impliquées dans un conflit armé.  La promotion des règles existantes doit être poursuivie non seulement auprès des porteurs d'armes, mais également auprès d'un public aussi large que possible, y compris les jeunes.  À cet égard, il a donné les détails d'un projet du CICR qui tend à faire connaître à des jeunes le droit international humanitaire et à les faire réfléchir aux principes de la dignité humaine.  Il a indiqué que les débuts de mise en oeuvre de ce projet semblent prometteurs et une cinquantaine de pays se sont engagés à utiliser et intégrer ce matériel dans leurs programmes scolaires.  Les premières expériences faites dans une dizaine de pays semblent indiquer un intérêt et une prise à cœur des principes du droit humanitaire de la part des adolescents. 


Estimant que le recrutement et l'utilisation des enfants soldats représentent l'un des aspects les plus dramatiques des conflits contemporains, il a recommandé que la réflexion et l'action s'orientent aussi bien vers la prévention du recrutement que vers la démobilisation et la réinsertion des enfants dans la société.  Faisant part des activités de la Croix-Rouge, du Croissant-Rouge, de leur Fédération internationale et du CICR, il a cité le mouvement qui s'est engagé dans des projets de réhabilitation psychologique et sociale.  Il a également fait part des activités du CICR en faveur des enfants non accompagnés et des actions en vue d'aider les enfants démobilisés à entrer en contact avec leurs proches. 

MME MICHELLE JOHNSTON, Organisation internationale du travail, a observé que le travail des enfants était une des menaces les plus pernicieuses auxquelles les enfants étaient aujourd'hui confrontés.  Quelque 250 millions d'enfants entre cinq et quatorze ans travaillent aujourd'hui pour gagner leur vie.  Près de la moitié d'entre eux, 120 millions environ, travaillent à plein temps chaque jour, toute l'année.  Plus de 50 millions d'enfants entre cinq et onze ans le font dans des conditions dangereuses.  Beaucoup d'autres enfants sont exploités dans des conditions proches de l'esclavage.  L'exploitation de la main d’œuvre enfantine est un abus de pouvoir, a poursuivi Mme Johnston. 


Mme Johnston a expliqué en outre que l'élimination du travail des enfants était un objectif à long terme de l'OIT.  La Convention 182 sur les pires formes de travail des enfants a été adoptée en 1999. Il y a quelques semaines, l'Estonie a ratifié cette Convention.  C'était le centième Etat à le faire en deux ans et cette progression constitue le taux de ratification le plus élevé de toutes les Conventions de l'OIT.  Le programme international pour l'élimination du travail des enfants a tout aussi rapidement évolué, au même rythme que la prise de conscience politique en la matière.  Ainsi, le programme travaille aujourd'hui dans plus de 70 pays, avec le support de 25 pays donateurs.  Il semble, pour les dix années à venir,  qu'une tendance prometteuse se mette en place pour éliminer complètement les conséquences des pires formes de travail des enfants.


Droit de réponse


Le représentant d'Israël a indiqué que rien n'est plus cher au cœur des Israéliens que la protection des enfants.  Il a insisté sur le fait que son pays privilégiait l'éducation, la tolérance et l'exercice de la démocratie.  Il a fait savoir que soumettre les enfants à la violence et glorifier le martyr était immoral et contraire à la paix.  Il a mis en garde contre le fait qu'une société qui incitait ses enfants à la violence ne parviendrait qu'à créer une société de plus en plus violente.  Il a rappelé que la plupart des Palestiniens vivaient sous le contrôle de l'Autorité palestinienne et non d'Israël.  Estimant que toute mort d'enfant est une tragédie, il a rappelé les souffrances des enfants israéliens qui vivent dans la crainte du terrorisme. 


L'Observateur de la Palestine a estimé que la déclaration israélienne manipulait la vérité.  Elle a déclaré qu'il fallait mettre fin à l'occupation qui est le principal obstacle au développement des enfants palestiniens.  À l'affirmation selon laquelle 95% des Palestiniens vivaient sous le contrôle de l'Autorité palestinienne, elle a rappelé qu'il s'agissait de territoires occupés par Israël, y compris Jérusalem.  Elle a rappelé que les tanks et les hélicoptères y intervenaient souvent pour détruire des maisons, tuer et blesser.  Elle a cité l'exemple d'un village bouclé par un assaut des forces israéliennes la nuit dernière.  Elle a assimilé cet acte à du terrorisme d'État. 


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