En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/530

FACE A L'AMPLEUR DU TRAFIC D'ENFANTS, IL EST URGENT DE RATIFIER LE PROTOCOLE S’Y RAPPORTANT

23/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/530


Troisième Commission

19e séance – après-midi


FACE A L'AMPLEUR DU TRAFIC D'ENFANTS, IL EST URGENT DE RATIFIER

LE PROTOCOLE S’Y RAPPORTANT


Alors que des millions d’enfants meurent chaque année de maladies et de malnutrition et que 120 millions d’autres travaillent à plein temps, souvent dans des conditions pénibles, le trafic d'enfants à des fins d'exploitation sexuelle ou commerciale a retenu l'attention de la Troisième Commission qui poursuivait, cet après-midi, son examen de la promotion et de la protection des droits de l'enfant.  Le représentant de la Corée s'est déclaré particulièrement préoccupé par la cybercriminalité qui utilise l'Internet à des fins d'exploitation sexuelle des enfants.  Pour sa part, le représentant de la Côte d'Ivoire a mis l'accent sur le trafic transfrontalier d'enfants et a fait savoir que les enfants victimes de ce trafic étaient souvent exploités dans des plantations, des mines et des chantiers.  A l'instar du Saint-Siège qui déposera demain ses instruments de ratification des deux Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant portant, d'une part, sur la vente d'enfants, la prostitution d'enfants et la pornographie impliquant des enfants et, d'autre part, sur les enfants dans les conflits armés, toutes les délégations ont insisté sur l'importance de ces instruments qui devraient bénéficier d'une ratification universelle. 


Plusieurs délégations ont de nouveau attiré l'attention sur la situation dramatique des quelque 300 000 enfants impliqués dans des conflits armés.  La représentante de l'Ouganda a salué le courage des enfants captifs qui réussissaient à s'échapper et s'est félicitée des programmes de réinsertion menés conjointement avec l'UNICEF.  Rappelant qu'un conflit interne déchire son pays, le représentant de la Colombie a indiqué que son pays avait relevé à 18 ans l'âge minimum du recrutement des jeunes par les forces armées, comme le demande le Protocole relatif aux enfants dans les conflits armés qu'aucune réserve ne devrait affaiblir.  Dénonçant le sort des enfants utilisés comme boucliers humains, la représentante du Soudan a appuyé la nécessité d'engager les factions armées à respecter les normes de protection de l'enfant prévues par la Convention des droits de l'enfant, ses Protocoles et le droit international humanitaire. 


Les représentants des pays suivants ont pris part aux débats: Chypre, Équateur, Cuba, Egypte, Algérie, Pérou, Ouganda, Soudan, République de Corée, République islamique d'Iran, Côte d'Ivoire au nom de la CEDEAO, Nouvelle-Zélande, Colombie.  Les Observateurs du Saint-Siège et de la Suisse ont également pris la parole. 


La commission poursuivra l'examen de la promotion et de la protection des droits de l'enfant demain, mercredi 24 octobre, à 10 heures. 


Présentation de projets de résolution


Présentant un projet de résolution sur les politiques et les programmes mobilisant les jeunes (A/C.3/56/L.12/Rev.1), la représentante du Portugal a insisté sur la menace que le VIH/sida fait planer sur les jeunes et sur le fait que de nombreux jeunes travaillent dans le secteur informel sans protection aucune, alors même qu'ils constituent le plus grand potentiel de changement dans nos sociétés.  Elle s'est félicitée que la jeunesse soit revenue à l'ordre du jour du développement social pour 2002 et a déclaré que le texte présenté à la Commission souligne les principaux engagements en faveur de la jeunesse. 


La Commission a été également saisie d’un projet de résolution relatif à L’Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (A/C.3/56/L.16).  À ce propos, la représentante du Soudan a regretté que le rapport du Secrétaire général sur l'Institut africain n'ait pas encore été publié.  Elle a demandé la coopération de tous les États Membres pour que cette résolution soit, cette année encore, adoptée par consensus. 


À propos du projet de résolution relatif à la Coopération internationale dans la lutte contre le problème mondial de la drogue (A/C.3/56/L.18) qui compte une centaine de coauteurs, la représentante du Mexique a insisté sur le lien qui existe entre le trafic d'armes légères, le trafic de stupéfiants, la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.  Elle a expliqué que le projet rend compte de l'inquiétude des États face au développement des drogues synthétiques.  L'élément nouveau de ce projet réside principalement dans les propositions concernant les politiques de réduction de la demande.  En outre, le projet prévoit des mesures de suivi et d'évaluation et insiste sur le rôle de la Commission des stupéfiants des Nations Unies qui est chargée de coordonner les actions menées dans le cadre du système de l'ONU. 


Suite du débat général


M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) s’est déclaré déçue que la 27ème session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les enfants ait été reportée, en raison des actes terroristes du 11 septembre dernier.  Le représentant a expliqué que depuis son indépendance, Chypre s’était activement engagée dans la promotion et la protection des droits de l'enfant.  Chypre, qui a en effet ratifié les principaux instruments internationaux sur le sujet, considère que la Convention sur les droits de l'enfant a préséance sur toute loi nationale.  Chypre, a précisé le représentant, a été l'un des premiers pays à interdire les châtiments corporels.  Le cadre législatif chypriote inclut notamment une Loi de 1990 sur les enfants et les jeunes, une autre Loi de 1994 sur la violence au sein de la famille, et une Loi sur les relations entre parents et enfants datant de 1990.  Le cadre juridique national est constamment examiné afin, notamment, de se trouver en pleine conformité avec la Convention sur les droits de l'enfant.  A cet égard, un Comité central pour la surveillance de l'application de la Convention a été établi.  Aidé par des organisations non gouvernementales, ce Comité travaille à promouvoir la prise de conscience sur les droits de l'enfant. 

Le représentant a indiqué que la mise en oeuvre de programmes sociaux, dont les programmes pour enfants, constituaient 33% des dépenses publiques en 1998.  Des efforts restent à faire toutefois, et Chypre se concentre notamment aujourd'hui sur la coordination des politiques et des programmes concernant les enfants, aux niveaux gouvernemental, non gouvernemental et privé; sur l'amélioration de la collecte de données concernant les enfants; sur la mise à jour de la législation et des procédures administratives assurant la participation des enfants à la prise de décision qui les concerne.  Ces buts et d'autres sont englobés dans un Plan national d'action pour les enfants, couvrant la période 2000-2004.  Le représentant a enfin attiré l'attention sur l'exploitation grandissante de la main-d’œuvre enfantine, et a accueilli avec satisfaction l'adoption et la ratification de la Convention 182 de l'OIT sur les pires formes de travail des enfants, par 100 pays. 


MME SILVIA ESPINOLA (Equateur) a expliqué que dans le contexte actuel qui pèse lourdement sur les jeunes, son pays a augmenté de 16 à 20% la part du budget social consacré aux enfants et a augmenté les programmes nutritionnels en faveur des écoliers défavorisés, ainsi que les programmes en faveur des enfants des rues.  Par ailleurs, l'Équateur est parvenu à faire baisser le taux de mortalité infantile.  Toutefois, les efforts du Gouvernement dans ce sens sont entravés par la crise économique et le poids de la dette qui limitent le développement dans son ensemble.  Cela étant, l'Équateur s'emploie à respecter ses engagements en faveur des filles et des adolescentes afin de leur accorder une protection plus grande.  La représentante a ensuite fait part de mesures législatives visant à intégrer les droits de l'enfant et à garantir le respect de leurs droits.  Elle a cité des mesures visant à éliminer le travail des enfants, ainsi qu'un code de la fillette en cours d'élaboration.  Les enfants de l'Équateur ont été associés à ce processus et ont pu donner leur avis, a-t-elle affirmé. 


La représentante a poursuivi en insistant sur le fait qu'il fallait donner aux pays en développement les moyens d'appliquer ces politiques sociales.  Pour ce faire, il importe d'alléger leur dette extérieure, a-t-elle observé.  Elle a ensuite mis l'accent sur le phénomène des migrations des adultes poussés par la pauvreté, ce qui contribue à la désintégration des familles.  Ainsi de 1999 à 2000, le nombre d'enfants équatoriens qui ont vu partir leurs parents est passé de 60 000 à 140 000.  Un chiffre qu'elle a jugé alarmant. 


M. JORGE FERRER RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que 500 millions d'enfants vivent avec moins de un dollar par jour, et plus de 100 millions ne vont pas à l'école.  Les possibilités de décès maternel en cas de grossesse et de naissance sont 67 fois plus grandes dans les pays en développement que dans les pays industrialisés.  1,4 million d'enfants de moins de 15 ans vivent avec le VIH/sida.  Les solutions ne sont pas impossibles, d’autant plus que le coût direct des vaccins pour immuniser un enfant contre six maladies se chiffre à peine à 80 cents américains.  Cette situation est le corollaire de l’égoïsme et du manque de solidarité et de volonté politique pour résoudre les graves problèmes qui affectent en particulier les trois quarts de l'humanité.  L'aide publique au développement n’atteint que 0,22% du produit national brut contre les 0,7% prévus.  Seuls cinq pays développés - le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et le Luxembourg - ont atteint ou dépassé le chiffre prévu.

Abordant la situation à Cuba, le représentant a indiqué que le pays disposait depuis plusieurs années d'un programme national d'action.  Tous les enfants et les adolescents cubains vont à l'école, a précisé le représentant, ajoutant que Cuba avait le pourcentage le plus élevé d'enseignants.  En dépit du blocus illégal et criminel du Gouvernement Nord américain, a poursuivi le représentant, le taux de mortalité infantile est de 7 pour 1000 naissances et beaucoup de maladies ont été éradiquées.  A l'échelon international, il faut créer un ordre international dans lequel les Etats adopteraient des mesures facilitant la réalisation du droit au développement.  Le représentant a indiqué qu'il espérait que l'Assemblée générale pourra tenir comme prévu sa session extraordinaire sur l'enfance et que cette manifestation contribuera de façon efficace à l'amélioration de la situation des enfants dans toutes les parties du monde.


MME MAI KHALIL (Egypte) a regretté que le rapport du Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés ignore la situation des enfants qui souffrent de l'occupation étrangère et vivent dans des conditions inacceptables.  Après cette remarque, elle a exprimé l'espoir qu'elle fonde sur la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée aux enfants et devrait faire avancer la promotion de leurs droits.  Il faudrait également que la prochaine Conférence mondiale sur le développement prenne sérieusement en considération les besoins des enfants. 


Au plan national, elle a expliqué que son pays s'était employé à mettre en oeuvre les recommandations internationales et à promouvoir le développement de toutes les capacités des enfants.  Toutefois, elle a reconnu que le travail des enfants restait un problème, même si son gouvernement faisait de nombreux efforts pour aborder cette question de façon globale, notamment en édictant des lois pour régulariser et protéger le travail des enfants et favoriser leur scolarisation.  Toutefois, le développement et l'éradication de la pauvreté sont les seuls moyens de venir à bout de ce phénomène, a-t-elle souligné. 


M. ABBELOUAHAB OSMANE (Algérie) a indiqué que l'ambition légitime de créer "un monde fait pour les enfants" pour tous les enfants du monde se heurte à une réalité qui caractérise le monde d'aujourd'hui, à savoir le fossé sans cesse grandissant entre les riches et les pauvres.  La cas de l'Afrique est à ce titre alarmant, et la situation des enfants africains demeure préoccupante plus que partout ailleurs.  Beaucoup plus que leurs parents, ces enfants sont victimes de la détérioration chronique des termes de l'échange, du lourd endettement, de l'augmentation du chômage ou du déclin de l'aide publique au développement.  L'Afrique a plus que jamais besoin de l'appui de la communauté internationale notamment pour l'augmentation de l'aide publique au développement.


Le représentant a formé le voeu que la prochaine conférence internationale sur l'aide au développement puisse se pencher sérieusement sur la problématique de la coopération pour le développement, qui n'a jamais été aussi faible que ces dernières années.  Abordant le cas de l'Algérie où plus de 30% de la population totale a moins de 15 ans, le représentant a souligné que rien n'avait été ménagé, depuis l'indépendance du pays, pour favoriser la protection comme l'épanouissement

physique et culturel de l'enfance.  Cette frange bénéficie en effet d'un soutien et d'un suivi permanents de la part des pouvoirs publics, du mouvement associatif et des ONG.   Un plan d'action national pour la protection et la promotion de l'enfant a été ainsi élaboré et un observatoire de la mère et l'enfant installé.  L'Algérie a également mis en place tout un dispositif juridique et législatif touchant des domaines aussi variés que la santé, la protection sociale, le droit à la vie, l'alphabétisation et l'éducation.


Mgr. RENATO MARTINO (Saint-Siège) a mis l’accent sur les enfants dans les conflits armés et les enfants victimes d’exploitation et d’abus qui souffrent de traumatismes physiques et psychologiques irréparables.  Il a fait savoir que le Saint-Siège, quatrième Etat à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant, déposerait demain les instruments de ratification des deux protocoles facultatifs relatifs, respectivement, à la vente d’enfants, à la prostitution d’enfants et à la pornographie impliquant des enfants, et aux enfants dans les conflits armés.  Il s’est félicité de l’entrée en vigueur du Protocole sur la vente d’enfants et a appelé à la ratification universelle des deux protocoles.  Il a fait valoir que l’action de l’Eglise en faveur des droits des enfants se manifestait dans ses milliers d’écoles, d’hôpitaux, de centres de soins, ainsi que dans ses programmes en faveur des enfants réfugiés, déplacés ou séparés de leurs parents.


En prévision de la prochaine session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les enfants, il a mis l’accent sur ce qu’il restait à faire pour créer un monde plus humain et plus juste pour les enfants, notamment dans les domaines des vaccinations, de l’accès à l’eau potable, à l’éducation, aux soins de santé, à un logement salubre.  Il faut également renforcer les familles et créer un véritable esprit de coopération et de solidarité en faveur des enfants, a-t-il déclaré.


M. ALFREDO CHUQUIHUARA (Pérou) a rappelé que la situation précaire des enfants et des adolescents était liée á la situation économique et sociale du pays.  C’est ce qui explique que beaucoup d’enfants se retrouvent rapidement sur le marché du travail, que d’autres vivent dans les rues, font l'objet d'une exploitation économique ou sexuelle, ou sont exposés à d'autres types de risques.  Il est indispensable, a insisté le représentant, de trouver des solutions immédiates qui prennent en compte la nature pluriethnique et pluriculturelle du pays, et de se pencher avec une grande attention sur les besoins des filles et des adolescentes.  Elles souffrent de discrimination et ont du mal à faire entendre leur voix.  La situation est pire quand il s’agit des filles péruviennes vivant dans les campagnes.  Les autorités ont pris des mesures pour que les  programmes de santé et d'éducation assurent la promotion et le développement tout en préservant les valeurs culturelles et ethniques.


L'éducation pourrait améliorer la situation des enfants pauvres, a observé le représentant.  Estimant que le droit de tous à la santé doit devenir une réalité, le Pérou s’efforce actuellement de se doter d’un système accessible à tous.  Le pays souhaite aussi continuer à améliorer la politique d'assurance scolaire qui garantit la protection des garçons et des filles en matière de santé.  Le représentant a annoncé la tenue à Lima ce mois ci de la troisième Conférence des ministres hispano-américains et des hauts fonctionnaires responsables de l'enfance et de la jeunesse.  Un plan d'action devrait être approuvé à l'issue de cette conférence, préambule au quatrième Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement hispano-américains. 


MME CATHERINE OTITI (Ouganda) a parlé des mesures prises par son pays depuis le début des années 1990 pour développer des mécanismes permettant de réaliser les objectifs de développement et de protection des enfants et elle a expliqué qu'ils avaient été réalisés grâce à une bonne gouvernance, à des campagnes de sensibilisation et de mobilisation des fonctionnaires.  En outre, la décentralisation a permis d'assurer que ces politiques atteignent les enfants où qu'ils se trouvent.  La politique d'éducation primaire universelle met désormais l'accent sur les orphelins et les enfants handicapés et le mouvement régional en faveur de l'éducation des filles a été lancé en 2001.  Par ailleurs, la politique de santé a été révisée de façon à mettre l'accent sur la prévention du VIH/sida.  La représentante a également fait part du succès du rapatriement des enfants démobilisés dans la province d'Ituri en République démocratique du Congo, qui a été mené en collaboration avec l'UNICEF et la MONUC.  En perspective de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale, elle a insisté sur le fait qu'il fallait assortir le prochain Programme d'action des ressources nécessaires à sa mise en oeuvre et faire attention aux problèmes de traduction dans les langues locales qui ont conduit à des mauvaises interprétations à l'issue du dernier Sommet mondial sur les enfants. 


La représentante a ensuite attiré l'attention sur la situation des enfants des provinces du Nord et de l'Est de l'Ouganda qui sont victimes de violences commises par l'Armée de libération du Seigneur et les forces démocratiques alliées.  La situation des enfants au Nord du pays est particulièrement précaire et le Gouvernement, en coopération avec l'UNICEF, s'efforce de les remettre en liberté.  Elle a rendu hommage au courage de ces enfants captifs qui prennent souvent des risques terribles pour essayer de s'échapper et s'est inquiétée des traumatismes qui les poursuivraient sans doute toute leur vie.  Elle a renouvelé l'invitation de son Gouvernement au Représentant spécial sur les enfants et les conflits armés afin qu'il puisse appuyer la libération de ces enfants. 


MME ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a remarqué qu'en dépit des mesures pratiques adoptées par la plupart des Etats, la coopération internationale devait jouer un rôle plus important.  Le Soudan, a poursuivi la représentante, se range parmi les premiers Etats à avoir  ratifié la Convention sur les droits de l'enfant, et a mis au point un programme d'action national.  Des efforts ont été entrepris et des objectifs réalisés, dans les domaines de l'aduction des eaux potables ou de l'éducation par exemple.  Un Conseil supérieur pour la protection de l'enfant a par ailleurs été créé. 


Evoquant la situation des enfants dans le sud des pays où la rébellion perdure, la représentante a dénoncé la mobilisation d'enfants que l’on fait participer aux batailles ou qui sont utilisés comme boucliers humains.  Il s’agit en l’occurrence d’un acte de violation flagrante des droits de l'enfant et du droit humanitaire qu’il faut condamner.  La représentante a appelé la Communauté internationale à exercer une pression sur le mouvement de rébellion pour que les enfants enlevés soient libérés et ramenés dans leur communauté.  La représentante a appuyé la nécessité d'engager les factions armées à respecter les normes de protection de l'enfant prévues par la Convention des droits de l'enfant, ses Protocoles et le droit humanitaire international.  Le Soudan, a-t-elle dit, est préoccupé par le problème des enfants mineurs qu'il faut réunir avec leurs familles. 

M. CHA YOUNG-CHEOL (République de Corée) a indiqué que quand bien même son pays a atteint des résultats satisfaisants dans le domaine de la scolarisation et de la santé, les enfants se plaignent des programmes scolaires trop uniformes, de relations insatisfaisantes avec les enseignants et de la violence à l'école.  Confronté à cette situation, le Gouvernement s’efforce de promouvoir la qualité de l'éducation, gardant à l’esprit que, de la sorte, les enfants pourront, plus tard, assumer pleinement leur rôle dans la société.  Dans ce contexte éducatif, le jeu revêt une importance considérable ; le Gouvernement a créé de nombreux centres de jeux où les enfants peuvent se retrouver sous la supervision des adultes. 


Le représentant a ensuite attiré l'attention sur les problèmes posés par le cybercrime dont les enfants font les frais, à cause de la violence sur l'Internet et des jeux vidéos.  Il s'est inquiété des conséquences de l'exposition répétée à la violence sur le développement psychosocial des enfants.  Il a déclaré que son pays avait adopté une loi pour protéger les mineurs de l'exploitation sexuelle dans toutes ses formes.  En outre, la Loi sur la protection des enfants adoptée l'année dernière prévoit la création d'un système d'alerte rapide permettant de dénoncer immédiatement tout abus commis par des professeurs ou d'autres personnels travaillant avec les enfants. 


MME PAIMANEH HASTAEI (République islamique d'Iran) a indiqué que l'un des défis principaux concernant les enfants aujourd'hui résidait dans le besoin de les protéger de l'horreur de la guerre et des conflits armés.  L'attention grandissante portée à leur protection et à leur réhabilitation n'a malheureusement pas mis fin à leurs souffrances, a observé la représentante.  La communauté internationale doit exprimer son sérieux quant à sa volonté d'amener devant la justice les coupables de crimes de guerre, contre des femmes et des enfants notamment.  La protection des enfants, cibles civiles, notamment  dans les territoires occupés, doivent faire l'objet d'une attention particulière. 


Plus de deux décennies de guerre en Afghanistan ont pratiquement détruit l'espoir des enfants de ce pays en un avenir meilleur.  La situation en Afghanistan, en particulier au cours de ces dernières semaines, a créé beaucoup d'inquiétudes et posé de nouveaux défis.  La représentante a indiqué qu'il y avait une obligation collective à renforcer et augmenter l'aide internationale en direction de ces enfants, et surtout les enfants réfugiés et déplacés.   En ratifiant la Convention sur les droits de l'enfant, l'Iran a vigoureusement poursuivi les buts et les idéaux définis par cet instrument internationalement accepté.  Dans ce contexte, l'Iran a régulièrement conduit des études et des évaluations afin de superviser les progrès accomplis. Dans le domaine de la santé notamment,  l'Iran est même en avance des objectifs fixés par le Sommet mondial pour les enfants.   Mais en dépit de ces développements positifs,  il y a un besoin continu pour faire plus pour les enfants de ce pays, a poursuivi la représentante, et ce besoin a été compris du gouvernement. 


S'exprimant au nom de la Communauté de développement des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), M. ERIC N'DRY (Côte d'Ivoire) a rappelé que l'Afrique subsaharienne regroupe à elle seule près de 40% des enfants non scolarisés et que la région est en proie à des préoccupations spécifiques telles que le trafic transfrontalier d'enfants, les enfants dans les conflits armés, les questions liées à la petite enfance et l'exploitation des enfants à des fins commerciales.  Il a fait savoir que les enfants victimes du trafic transfrontalier sont souvent exploités dans des plantations, des mines et des chantiers.  Malheureusement, ce trafic qui n'est encouragé par aucun des États de la sous-région est le fait d'individus qui abusent des traditions de la famille africaine élargie pour exploiter le travail des enfants.  Il a fait part de diverses initiatives prises conjointement par les autorités des pays d'accueil et d'origine et ont conduit à l'arrestation de trafiquants, permettant de reconduire de nombreux enfants dans leurs foyers.  Il s'est félicité des bons résultats obtenus grâce à la coopération de l'UNICEF et aux accords bilatéraux et régionaux pour lutter contre ce trafic. 


S'agissant des enfants dans les conflits armés, il a fait part de la création au sein de la CEDEAO d'une unité de la protection de l'enfance qui bénéficie de l'appui financier du Gouvernement canadien en vue de mettre en oeuvre les engagements pris à Accra en faveur des enfants touchés par la guerre.  Le représentant a demandé qu'une meilleure coordination entre les institutions spécialisée de l'ONU permette d'accorder une aide plus importante aux enfants réfugiés et aux enfants déplacés. 


Affirmant qu'il existe en Afrique une volonté politique indéniable en faveur de la réalisation des engagements pris, il y a dix ans, lors du Sommet mondial sur les enfants et dont témoigne la Déclaration et le Programme d'action africains adoptés lors du Forum panafricain sur les enfants tenu au Caire en mai 2001, le représentant a insisté sur le fait que sans l'assistance de la communauté internationale, les recommandations prises resteront des vœux pieux.  Il s'est inquiété de l'évolution due à l'éclatement de la famille élargie et à l'urbanisation qui conduisent à l'émergence de phénomènes comme les enfants des rues, du trafic d'enfants et de la prostitution impliquant des enfants.  Ainsi s'il importe tout d'abord de lutter contre la pauvreté qui est à l'origine de tous ces phénomènes, il faut également songer à renforcer le rôle de la famille afin qu'elle puisse mieux assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant.  Insistant sur le fait que la communauté internationale doit accorder une attention prioritaire aux enfants des pays en développement, il a demandé aux partenaires de l'Afrique d'accélérer le processus d'allègement de la dette, de mettre en oeuvre l'Initiative 20/20 et de consacrer 0,7% du PIB des pays développés pour l'aide publique au développement, conformément aux engagements souscrits. 


MME HEATHER WARD (Nouvelle-Zélande) a observé qu'il était important de promouvoir l'accès aux services et à l'information dans le domaine de la santé reproductive, afin que les jeunes du pays puissent effectuer des choix responsables.  A cet égard, la pandémie du VIH/sida a mis en évidence le besoin de responsabiliser les jeunes, ce que la session spéciale en juin dernier avait reconnu, d'ailleurs.  Dans les secteurs des services et des soins liés à la santé reproductive, il est absolument nécessaire de prendre en compte les besoins particuliers des filles.  La représentante a par ailleurs salué la protection accrue portée aux enfants dans le Protocole facultatif concernant la vente d'enfants, la prostitution enfantine et la pornographie impliquant des enfants.   La Nouvelle-Zélande, a précisé la représentante, a signé le Protocole et entamé un processus en vue de sa ratification.  Le pays espère que les Etats qui ne l'ont pas encore ratifié feront de même. 


La représentante a exprimé sa gratitude envers le Japon, où doit se tenir le deuxième Congrès mondial contre l'exploitation sexuelle et commerciale des enfants en décembre prochain.  Ce Congrès  se concentrera sur cet aspect particulièrement terrible des abus pratiqués envers les enfants.  La Nouvelle-Zélande a demandé aux Etats de prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer cette forme d'exploitation.  La représentante a aussi indiqué que son pays avait développé un plan national d'action définissant les stratégies pour appliquer les lois, les politiques et les programmes visant à protéger les enfants d'une telle exploitation.  Enfin, la représentante a expliqué que les efforts nationaux en matière de protection et de promotion des droits des enfants et des jeunes se poursuivaient.  La Nouvelle Zélande a ainsi introduit récemment une législation qui donnera au Commissaire aux droits de l'enfant de plus larges pouvoirs pour promouvoir la Convention.


M. ALVORO TIRADO (Colombie) a fait part des efforts de son pays en vue d'assurer la protection des droits des enfants.  Ainsi la Colombie s'efforce de mettre au point un système d'indicateurs permettant de mesurer les résultats obtenus dans l'application des politiques.  Le représentant a insisté sur le fait que le règlement du conflit armé que subit son pays permettra de faire avancer les droits de l'enfant plus que toute autre mesure.  Dans cette optique, une loi relevant à 18 ans l'âge minimum pour le recrutement dans les forces armées et demandant la démobilisation de tous les soldats en dessous de cet âge a été adoptée.  Reconnaissant que ce conflit affecte la bonne marche du pays dans son ensemble, il a fait savoir que la Colombie employait tous les moyens possibles pour mettre fin à la violence.  Dans le cadre des négociations de paix, il a expliqué que son Gouvernement avait élaboré des programmes de réhabilitation et de réinsertion des jeunes démobilisés.  Ces programmes sont mis en oeuvre par l'Institut colombien du bien-être social et comprennent des mesures visant à la réinsertion économique.  Le représentant a également expliqué que la priorité était donnée au déminage et que le plan de développement des populations déplacées mettait l'accent sur les enfants. 


MME JOELLE JENNY (Suisse) a indiqué que la protection juridique des enfants s'était considérablement renforcée depuis l'adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant.  Les Protocoles facultatifs à la Convention, notamment, renforcent les droits consacrés dans la Convention et offrent une protection accrue aux enfants vivant dans des conditions intolérables.  La Suisse a encouragé tous les Etats à ratifier ces instruments et à les appliquer.  Elle s'est félicitée du nombre record de ratifications de la Convention 182 de l'OIT, à savoir 100 Etats en un peu plus de deux ans.  La Suisse a par ailleurs indiqué qu'elle venait de soumettre à l'approbation du parlement le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés. 


La représentante a souligné qu'en raison de sa vulnérabilité propre, l'enfant avait besoin de l'assistance de la famille ou de personnes responsables ainsi que de l'Etat, qui doivent garantir son bien-être et son développement.  Mais les enfants et particulièrement les filles continuent d'être exploités, maltraités, violentés, autant de la part des forces de l'ordre et des institutions étatiques que dans le cadre familial et social.  Une attention particulière doit être accordée aux enfants les plus vulnérables, et la Suisse continue à s'engager contre toute forme de violence envers les enfants qu'elle soit institutionnelle, étatique ou privée.  Le Comité des droits de l'enfant a d'ailleurs consacré en 2000 et en 2001 sa journée de discussion à la violence envers les enfants.  Par ailleurs, la représentante a abordé la situation des enfants impliqués dans les conflits armés.  Leur protection constitue un impératif majeur, et toutes les parties à un conflit armé doivent appliquer et respecter le droit international humanitaire.   La lutte contre le phénomène des enfants soldats doit aussi demeurer au centre des préoccupations.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.