En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/526

LA FEMME, ELEMENT INDISPENSABLE A LA RECONSTRUCTION ET A LA REHABILITATION APRES LES CONFLITS

18/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/526


Troisième Commission

15e séance – après-midi


LA FEMME, ELEMENT INDISPENSABLE A LA RECONSTRUCTION ET A LA REHABILITATION APRES LES CONFLITS


La Commission adopte six projets de résolution relatifs au développement social


Poursuivant, cet après-midi, l'examen des questions relatives à la promotion de la femme et la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, la Troisième Commission a envisagé la situation des femmes dans les conflits armés.  Pour nombre de femmes, la guerre signifie la séparation, la perte de membres de leur famille et de moyens de subsistance, un risque accru de violence sexuelle, de blessures, de privation et de mort.  La guerre les force à assumer un contrôle inhabituel, à renforcer leurs capacités d'adaptation et à en développer de nouvelles.  C'est ce qu'a observé le représentant du Comité international de la Croix-Rouge qui présentait à la Commission les résultats de l'étude du CICR récemment publiée sur les femmes face à la guerre.  Le représentant de l'Angola a expliqué que conséquemment au conflit interne qui a ravagé son pays, plus de 30% des foyers ruraux sont dirigés par des femmes qui doivent faire face à un manque cruel de nourriture. 


Par ailleurs, plusieurs délégations, dont les Pays-Bas et le Canada, ont attiré l'attention sur la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité concernant "les femmes, la paix et la sécurité."  Ce n'est pas la force qui crée la paix et le Département des opérations de maintien de la paix devrait se doter d'experts de la problématique hommes-femmes afin d'assurer que celles-ci participent activement au processus de reconstruction et de réhabilitation.  Dans de nombreuses zones de conflits, les femmes prennent des initiatives pour contrecarrer la violence.  Il faut que la communauté internationale reconnaisse le rôle crucial des femmes dans les premiers stades de la gestion des conflits.  La représentante des Pays-Bas a pris l'exemple des actions menées par les femmes au Nord du Congo en vue de se former à la participation politique, de s’informer sur les droits de l'homme et la prévention de leurs violations, et d’identifier les pratiques discriminatoires au sein de la famille. 


Dans le cadre des préparatifs de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement qui doit se tenir à Madrid (Espagne) du 8 au 12 avril 2002, la Troisième Commission, en début de séance, a adopté à l'unanimité trois projets de résolution portant, respectivement, sur le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies concernant le vieillissement, les Arrangements concernant la participation des organisations non gouvernementales et le Règlement intérieur provisoire de la deuxième Assemblée mondiale. 


(à suivre – 1a)

La Commission a également adopté, à l’unanimité, un projet de résolution relatif à la suite donnée au sommet mondial sur le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale.  Elle a également adopté, par consensus, deux projets de résolution portant, respectivement, sur la préparation et la célébration du dixième anniversaire de l'Année internationale de la famille et sur la mise en oeuvre du Programme d'action mondial concernant les personnes handicapées: vers une société pour tous au XXIe siècle. 


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Angola, Maroc, Émirats arabes unis, République-Unie de Tanzanie, Ukraine, Pays-Bas, Brésil, Saint-Marin, Jamaïque, Bolivie, Iraq, République dominicaine et Canada.  Un représentant du Comité international de la Croix-Rouge a également pris part aux débats. 


La Commission poursuivra l'examen des questions relatives à la promotion de la femme, demain, vendredi 19 octobre, à 10 heures. 


(à suivre


Adoption de projets de résolution


La Commission a adopté, à l'unanimité, un projet de résolution, présenté par le Chili au nom des coauteurs, relatif à la Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale (A/C.3/56/L.11).  Ce projet a été présenté dans notre communiqué du 16 octobre, après-midi. (voir AG/SHC/522)


Elle a adopté un projet de résolution sur la préparation et la célébration du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille (A/C.3/56/L.7), amendant le projet de résolution sur la même question, qui a été lui aussi adopté par consensus. Ces deux projets de résolution ont été présentés dans nos communiqués du 8 et 16 octobre, après-midi. (voir AG/SHC/522 et AG/SHC514)


La Commission a adopté à l'unanimité un projet de résolution relatif à la mise en oeuvre du programme mondial concernant les personnes handicapées: vers une société pour tous (A/C.3/56/L.2), tel qu'oralement révisé. Ce projet a été présenté dans notre communiqué du 16 octobre, après-midi. (voir AG/SHC/522)


En outre, la Commission a adopté à l'unanimité un projet de résolution concernant le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies (A/C.3/56/L.9), (voir notre communiqué AG/SHC/522), recommandé par l'ECOSOC, et un projet de résolution comportant le Règlement intérieur provisoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/C.3/56/L.3).  Aux termes d'un projet de résolution sur les Arrangements concernant la participation des organisations non gouvernementales à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/C.3/56/L.14 et A/C.3/56/L.13) adopté également à l'unanimité, l’Assemblée générale déciderait que des représentants des ONG accréditées auprès de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement pourront faire des déclarations devant le Comité ad hoc plénier et que, dans la limite du temps disponible, un nombre limité d’ONG accréditées pourront également faire des déclarations à la plénière de la deuxième Assemblée mondiale. 


Suite du débat général sur la promotion de la femme et à la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, intitulée les femmes en l’an 2000


M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a expliqué que la violation des droits de la femme était une source d'inquiétude qu'il convenait d'éliminer.  La Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) a été utilisée comme base théorique pour assurer la promotion de la femme.  L'entrée en vigueur du Protocole optionnel du CEDAW devrait, de son côté, aider à réduire l'ampleur des discriminations et des violations des droits des femmes.  Le Protocole optionnel devrait aussi servir de base pour travailler à des solutions juridiques.  L'Angola soutient vigoureusement l'adoption de ce Protocole et se situe en tête pour sa ratification anticipée.


L'Angola doit toujours faire face à une réalité difficile, en raison d'un conflit interne qui dure.  Le manque de nourriture est l’une des conséquences de cette situation.  Dans les zones rurales, où les femmes représentent jusqu'à 30% des chefs de famille, le manque de nourriture se fait encore plus dévastateur.  Le gouvernement a décidé d'accorder une attention particulière à ce problème en accordant les sommes prévues aux besoins de base.  Par ailleurs, le programme national pour la promotion des femmes a donné des résultats positifs.  Grâce à ce programme, un bon nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur du pays (soit 70% de femmes) ont été relogés.  On leur a donné un capital pour démarrer des activités génératrices de revenus par le biais de programmes de micro-crédit notamment.  L'enjeu est la réduction de la pauvreté.  Certains de ces programmes, cependant, ont souffert de difficultés financières.  A cet égard, l'Angola a apprécié les contributions effectuées par plusieurs donateurs, contributions qui ont aidé la cause des femmes angolaises.  L'Angola, enfin, a fait part de sa collaboration avec l'Organisation pan-africaine des femmes et avec l'Organisation des femmes angolaises, afin de mettre en place une conférence internationale sur la pauvreté et ses effets sur les femmes.  Cette conférence se tiendra le mois prochain à Luanda, et plus de 53 pays africains sont invités à y participer. 


Reprenant la parole cet après-midi, MME AÏCHA AFIFI (Maroc) a détaillé les mesures entreprises dans le cadre du renforcement de la protection de la santé maternelle et infantile qui ont permis de réduire la mortalité maternelle de 30% et la mortalité maternelle intrahospitalière de 50%.  Elle a indiqué que la maternité sans risque et la planification familiale ont été placées à la tête des priorités à l'horizon 2005.  Elle a fait part de la signature de conventions entre le Ministère de l'éducation et les partenaires nationaux et internationaux pour encourager la scolarisation des filles, notamment en milieu rural.  Elle a expliqué que son pays s'employait également à promouvoir la condition de la femme par l’adaptation de programmes de formation spécialisée aux besoins du marché du travail et l'élargissement de l'accès des femmes au microcrédit et aux capitaux.  En outre, a-t-elle dit, le Maroc a mis au point une stratégie en coordination avec les associations féminines pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et des filles.  En conclusion, soulignant l'importance du rôle des Nations Unies dans ce domaine, elle a remercié les diverses institutions spécialisées du système de l'ONU qui constituent des partenaires incontournables. 


M. OBAID AL-KETBI (Emirats arabes unis) a rappelé que la situation des femmes restait délicate dans de nombreux pays, notamment dans les pays les moins développés.  Les statistiques internationales montrent que les deux tiers des pauvres et des illettrés sont des femmes.  On note également des problèmes dans le secteur des soins, psychologiques ou autres.  En outre, les femmes sont victimes de violences physiques.  Tout cela va à l'encontre des objectifs du programme d'action de Beijing.  Etant donné le fossé croissant entre pays développés et en développement, il est essentiel de voir comment on peut améliorer la situation des femmes pour qu'elles contribuent mieux à la société à tous les niveaux.  Il faudrait accorder l’aide et les prêts aux pays en développement.


Il faut souligner, a ajouté le représentant, le rôle joué par l'ONU et ses institutions, qui visent à promouvoir la situation des femmes dans le monde.  Il faut aussi renforcer les activités du PNUD pour bien déterminer les besoins des régions pauvres ou touchées par les conflits armés.  Il faut enfin tenir compte de la nature particulière de chaque société.  Les Emirats arabes unis accordent une attention particulière aux femmes des Emirats, dans les domaines culturel, économique, social et législatif.  Des lois permettent aux femmes d'assumer la propriété des biens, leur favorise l'accès à l'éducation supérieure et aux soins de santé.  Les femmes sont encouragées à prendre part aux activités assurant le développement du pays.  Le gouvernement cherche à élaborer des politiques favorisant le développement humain et l'intégration des femmes.  Il faut qu'elles soient associées à la prise de décision.  Le représentant a par ailleurs exprimé sa compassion pour les femmes qui souffrent dans les territoires occupés de Palestine, où elles vivent, a-t-il dit, dans des conditions douloureuses, et sont victimes d’assassinats, d’actes de violence, et de destructions de logements par les forces israéliennes.  Le représentant a invité la communauté internationale à manifester sa responsabilité face à cette situation.


MME CHRISTINE KAPALATA (République-Unie de Tanzanie) s'est associée à la déclaration faite par l'Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine et à celle du Swaziland au nom de la SADEC.  Elle a regretté l'écart qui subsiste entre les aspirations de son Gouvernement et la réalité de la situation des femmes.  Parmi les principaux obstacles à la politique de son Gouvernement pour l'égalité entre les sexes, elle a relevé la pandémie du VIH/sida, la pauvreté et les conflits qui restent prédominants dans la région.  Elle a toutefois fait part de progrès réalisés dans quatre domaines critiques identifiés par la Conférence de Beijing, le renforcement des capacités des femmes en leur fournissant une éducation de base gratuite.  Elle a fait savoir que le taux de scolarisation des filles était passé de 41.52% à 44, 41%.  Dans le domaine de l'émancipation politique des femmes, elle a indiqué que la proportion de femmes représentées au parlement était passé de 15 à 20% et que l'objectif pour 2005 était de 30%.  En ce qui concerne l'élimination de la pauvreté, la représentante a expliqué que son Gouvernement favorisait l'accès des femmes, en milieu urbain et rural, au microcrédit et améliorait les services sociaux à destination des femmes et des filles.  Elle s'est félicitée de l'aide fournie par les institutions spécialisées de l'ONU, notamment le PNUD, la FAO, l'UNICEF et l'UNIFEM. 


Abordant ensuite les problèmes posés par les conséquences de la mondialisation, la représentante s'est inquiétée du fait que les femmes des zones rurales n'ont qu'un piètre accès à l'information et sont éloignées des réseaux d'aide sociale.  Elle s'est déclarée favorable aux recommandations proposées par le groupe d'experts sur les femmes rurales dans le contexte de la mondialisation et a estimé qu'il fallait s'employer à améliorer leur accès à la propriété de la terre, ainsi que leur formation et leurs compétences.  En dernier lieu, la représentante a attiré l'attention sur les conséquences du VIH/sida qui pèsent plus lourdement sur les femmes.  Elle a estimé que la discrimination à l'égard des femmes contribuait à répandre la pandémie.  Il importe de comprendre que les femmes forment un élément central des stratégies de prévention et que leur participation à la recherche de solutions durables est indispensable, a-t-elle poursuivi.  Il faut les soutenir et leur fournir les moyens de faire face à ce fléau. 


MME ROKSOLANA IVANCHENKO (Ukraine) a indiqué que le pays avait élaboré un plan national visant à promouvoir l'avancement de la femme et son rôle au sein de la société, pour la période 2001-2005.  Ce plan national prend en compte les aspirations et les exigences des femmes dans différents secteurs, et cherche à renforcer les politiques relatives aux femmes dans les institutions publiques au cours des dix années à venir.  Le Gouvernement ukrainien a en outre adopté une déclaration sur la famille et les femmes, déclaration qui englobe des mesures sur la promotion des droits économiques de la femme, l'augmentation du nombre de femmes ayant des responsabilités de haut niveau au sein du gouvernement, l'élimination de la violence contre les femmes, et l'importance de programmes liés à la santé reproductive. 

Le Gouvernement de l'Ukraine a lancé des actions qui ont contribué au développement de la politique nationale concernant l'avancement de la femme.  A noter notamment un décret sur l'avancement du statut social des femmes en Ukraine, et l'existence d'un Programme de prévention et de lutte contre le trafic des femmes et des enfants.  Beaucoup de choses restent à faire cependant, dans tous les secteurs de la société, en matière d'égalité des sexes et d'émancipation des femmes.  Mais le statut des femmes en Ukraine est lié aux changements majeurs que rencontre le pays sur la route menant à l'économie de marché. Dans la mesure ou l'économie du pays est en pleine transition, le statut des femmes est un état d'ajustement similaire. 


MME JOHANNA DEGGELLER (Pays-Bas) a mis l'accent sur le lien étroit qui existe entre la promotion de la femme, la prévention des conflits et l'éradication de la pauvreté.  Toute politique d'éradication de la pauvreté devrait inclure la promotion de la femme, sans laquelle il n'y a pas de développement durable.  De la même manière, il importe d'intégrer une perspective sexospécifique dans le règlement des conflits et les programmes de reconstruction.  La représentante a fait valoir que dans de nombreuses zones de conflits les femmes prennent des initiatives pour contrecarrer la violence.  Il est indispensable d'inclure les femmes aux négociations de paix, s'est-elle exclamée en regrettant que les femmes aient été absentes des négociations de Rambouillet et estimant que cela avait contribué à accroître la marginalisation des femmes au Kosovo.  Pour prévenir que de telles situations se reproduisent, il faut que la communauté internationale reconnaisse le rôle crucial des femmes dans les premiers stades de la gestion des conflits.  Elle a cité en exemple diverses initiatives prises par des groupes de femmes au Nord du Congo en vue de former les femmes à la participation politique et à les informer sur les droits de l'homme et la prévention de leurs violations, ainsi que pour les aider à identifier les pratiques discriminatoires au sein de la famille.  Elle a indiqué que son pays appuyait des initiatives du même type au Soudan. 


Reprenant les termes du rapport Brahimi sur les opérations de maintien de la paix, la représentante a insisté sur le fait que ce n'est pas la force qui crée la paix et qu'il faut réellement s'attacher à créer une unité chargée de construire la paix, à la fois de manière préventive et après les conflits.  À cet égard, elle a cité les recommandations formulées par la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté et cinq autres organisations de femmes en réponse au rapport Brahimi.  Elle a ensuite mis l'accent sur la formation des forces de maintien de la paix aux questions sexospécifiques, notamment concernant les dangers de violence sexuelle en situation de conflit.  En dernier lieu, elle a estimé que les États Membres et les Nations Unies devraient envisager de créer une unité chargée d'intégrer une dimension sexospécifique dans le Département des opérations de maintien de la paix et a annoncé que son Gouvernement apporterait une contribution de 100 000 dollars pour l'application de la deuxième phase du projet sur l'intégration d'une perspective tenant compte de la situation particulière des femmes dans les opérations de maintien de la paix. 


M. FERNANDO COIMBRA (Brésil), saluant le travail effectué par les instances et les agences de l'ONU pour l'intégration de la femme dans la vie économique et sociale et le renforcement de ses droits, a estimé “encourageant” le fait que 168 pays aient ratifié la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.  Le 13 mars dernier, le Brésil a joint le groupe des 68 Etats qui avaient déjà signé le Protocole facultatif à cette Convention. 


La participation des femmes brésiliennes à la politique s'amplifie. 

317 femmes ont été élues maires, six d'entre elles d'ailleurs dans des capitales d'Etats, et 200 femmes siègent maintenant dans différents conseils.  Pour la première fois dans l'histoire du Brésil, une femme a été nommée juge à la Cour suprême.  La situation des femmes dans les zones rurales requiert un certain nombre d'actions.  Le Ministère du développement rural a mis en place un programme qui accorde des titres de propriété en priorité aux femmes, tout en leur facilitant l’accès au crédit via l'initiative de la "Banque de la terre".  Le programme offre aussi un soutien technique, l'accès aux technologies modernes et des avantages sociaux (retraite, grossesse).  Dans le secteur de la santé, le Brésil continue ses efforts pour réduire les niveaux de mortalité infantile et maternelle.  Les soins de santé sont gratuits.  Des programmes particuliers ciblant les femmes et les filles et comportant un volet “planification familiale” ont pour objectif la diminution des maternités précoces, des maladies sexuellement transmissibles et la lutte contre le VIH/sida.  Enfin, l'éducation reste une priorité dans le combat pour l'élimination de la pauvreté et la promotion de la femme. 


MME ELENA MOLARONI (Saint-Marin) s'est félicitée du fait que grâce à des conditions économiques favorables l'égalité entre les sexes a été relativement facile à mettre en place dans son pays et devrait être atteinte rapidement.  Dans la mesure où l'égalité entre les sexes a été identifiée comme un facteur primordial du développement, elle devrait constituer une priorité pour les États.  La représentante s'est déclaré préoccupée par l'augmentation de la violence à l'encontre des femmes et a estimé qu'il fallait s'attaquer à ses causes.  Pour ce faire, il importe de mettre l'accent sur la dignité des femmes et des filles et sur leur rôle actif dans la société.  De la même manière, en tant que coauteur du projet de résolution relatif aux pratiques traditionnelles et coutumières affectant la santé des femmes et des filles, Saint-Marin attache une importance particulière à la nécessité d'établir une différence claire entre le respect des cultures et les pratiques préjudiciables qui portent atteinte à leurs droits et à leur santé. 


MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a précisé que l'égalité des sexes et la promotion des droits de la femme restaient des défis prioritaires à inclure dans les efforts  entrepris pour atteindre le développement durable et la paix.  La participation des femmes aux activités économiques a progressé, et c'est le résultat des stratégies mises en place depuis l'adoption de la Déclaration de Beijing et de son Programme d'action.   Les femmes sont entrées sur le marché du travail en nombre inégalé à ce jour, les gouvernements nationaux ont mis en oeuvre des législations visant à améliorer leur statut et à promouvoir leurs droits fondamentaux, et des démarches soucieuses d'équité entre les sexes ont été de plus en plus reflétées dans les conférences internationales, notamment.

En dépit de ces réalisations, les inégalités systémiques restent toujours très présentes au XXIe siècle.  Sans une approche générale confrontant les désavantages sociaux, économiques et culturels que rencontrent les femmes, les changements n'atteindront jamais le niveau  établi à Beijing en 1995 et à New York l'an dernier.  Les tendances et statistiques de l'ECOSOC pour l'an 2000 continuent à montrer des disparités  persistantes entre les hommes et les femmes.  Dans les domaines  de la santé, de l'éducation et de la communication, de l'emploi et des droits de l'homme, les femmes n'ont pas accès au même traitement que les hommes.  Ces problèmes sont accentués par la mondialisation.  Les femmes, pour participer pleinement à l'économie internationale, doivent avoir un accès égal aux technologies de l'information et de la communication.  Le contrôle du processus de la mondialisation doit ainsi devenir une priorité, pour minimiser toute marginalisation future des femmes dans les secteurs de l'activité économique, de l'accès aux ressources économiques, et de l'égalité devant l'emploi.  D'autres défis doivent être mentionnés, tels le trafic des femmes et des filles ainsi que d'autres formes d'exploitation  qui prennent de l'importance avec l'amplification du crime transnational organisé.  Des efforts significatifs doivent être accomplis  pour traiter les actes de violence contre les femmes et pour créer des mécanismes efficaces pour réduire ces maux.  La représentante a par ailleurs souligné l'importance de la participation des femmes à tous les niveaux du processus de décisions. Sans cette participation, les objectifs cités plus haut ne pourront pas être atteints.   


MME VIVIANA LIMPIAS (Bolivie) a fait part des importants progrès réalisés par son pays dans le domaine de la promotion de la femme à l'issue de la Conférence de Beijing et a mentionné les obstacles qui s'opposent encore à l'égalité entre les sexes.  La Bolivie a noté des progrès dans la situation des femmes rurales grâce à la modification de la loi sur la propriété et la transmission des terres.  Elle a fait part de progrès réalisés au plan législatif concernant la violence domestique ainsi qu’à celui de la sensibilisation du pouvoir judiciaire.  Dans le domaine de l'éducation, des progrès notables ont été réalisés au sujet de la scolarisation des filles en zones rurales, de la planification familiale et de la santé génésique et reproductive.


Toutefois, la représentante a noté que certains comportements culturels continuaient à s'opposer à la promotion de la femme.  Ainsi les femmes des populations autochtones souffrent encore d'un grand retard de scolarisation.  Il faudrait donc réorienter les politiques pour favoriser la participation des femmes et contrecarrer les préjugés traditionnels.  La représentante a fait savoir que son pays, avec l'appui de la Banque interaméricaine de développement, avait pris des mesures pour favoriser l'accès des femmes au microcrédit et la formation de microentreprises.  À cet égard, elle s'est félicitée de l'aide apportée par la coopération internationale.  En conclusion, reconnaissant que la définition des politiques en faveur de la femme appartient à l'État, la représentante a insisté sur le fait que leur application demandait la participation de toute la société. 

M. SAID AHMAD (Iraq) a insisté sur le fait que les droits humains devaient être envisagés en incluant les droits des femmes.  Les femmes doivent également être intégrées aux politiques de développement social du pays, comme c'est le cas en Iraq, a-t-il expliqué.  Il a rappelé que son pays est partie de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui a été intégrée à la législation nationale.


Tous les progrès réalisés par les femmes en Iraq ont malheureusement été annulés par les sanctions injustement imposées à l'Iraq, a déclaré le représentant.  Il a cité plusieurs rapports de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) selon lesquels la santé des femmes et des enfants aurait été particulièrement affectée par les bombardements qu'a subi le pays.  Ainsi certains cancers seraient en recrudescence.  Le représentant a également insisté sur les effets négatifs de l'embargo sur la situation économique des femmes, en dépit de la volonté politique du gouvernement comme en témoigne la création d'un organisme pour la promotion de la femme.  La situation actuelle devrait être assimilée à une certaine forme de génocide et porte atteinte à tous les droits de l'homme, a-t-il conclu. 


MME JULIA ALVAREZ (République dominicaine) a abordé la situation de l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), qui traverse une crise financière et institutionnelle depuis plusieurs années.  Le siège de l'INSTRAW se trouve en République dominicaine; le gouvernement estime qu'il est urgent pour les entités qui ont établi l'Institut en 1979 de s'interroger sur les causes du problème et sur les options pratiques permettant de faire fonctionner l'Institut de façon durable.  Il faut déterminer si les structures établies, il y a presque 25 ans, répondent aux réalités et aux besoins d'aujourd'hui, et recommander des changements structurels indispensables à la viabilité institutionnelle et financière de l'Institut.  Il est important de noter, a poursuivi la représentante, que les efforts entrepris ces dernières années pour revitaliser l'INSTRAW avaient plutôt consisté en l'adoption d'une nouvelle méthode de travail et en une réduction progressive du personnel de l'Institut.


L'INSTRAW est particulièrement important pour les pays en développement, étant donné les besoins dans les domaines de la recherche, de la formation et des ressources en information qui peuvent  soutenir la mise en place de politiques et de programmes dans le domaine de la femme et des genres dans ces pays.  Il est clair, a poursuivi la représentante, que l'INSTRAW retrouvera sa force institutionnelle avec le soutien du Secrétariat des Nations Unies et les engagements des Etats Membres. 

M. GILBERT LAURIN (Canada) a estimé qu'il incombe aux États Membres de veiller à ce que l'égalité entre les sexes et les droits fondamentaux des femmes soient intégrés à l'ensemble des travaux de l'Assemblée générale et à l’ensemble du système onusien.  Il a estimé que la participation active des femmes et l'incorporation de leurs points de vue à tous les niveaux de la prise de décisions sont essentielles pour tous les objectifs poursuivis par les Nations Unies.  Il s'est dit satisfait des progrès réalisés pour améliorer la situation des femmes dans le système onusien.  Il a estimé encourageant que le Département des opérations de maintien de la paix continue de reconnaître que l'égalité entre les sexes doit être abordée de manière systématique dans le contexte du maintien de la paix.  Il s'est dit favorable à ce que le Bureau du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix soit doté d'experts de la problématique hommes-femmes. 


Toutefois, il a regretté que l'objectif de parité n'ait pas été réalisé et que cinq départements doivent encore parvenir à un minimum de 30% de représentation féminine.  Il a demandé à ce que le Secrétariat intensifie ses efforts dans ce sens.  Pour ce faire, il importe aussi que les États Membres présentent davantage de candidates à l'élection et à la nomination aux organes de l'ONU.  Il s'est félicité que le Groupe Canz envisage de présenter un projet de résolution sur l'amélioration de la situation des femmes dans le système de l'ONU.  En dernier lieu, se félicitant de l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, le représentant a estimé qu'il fallait veiller à ce que toutes les dispositions de ce texte soient appliquées.  Pour ce faire, il appartient aux États Membres de créer une impulsion et de promouvoir le programme dans leur pays respectif.  En dernier lieu, le représentant a appelé tous les États qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et a insisté sur la nécessité de retirer les réserves qui entravent son application. 


M. GEORGES PACLISANU, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a attiré l'attention sur la situation des femmes dans les conflits armés et sur les actions du CICR pour promouvoir le respect des femmes; dans ce contexte, il a rappelé l'étude intitulée Women Facing War, qui vient d'être publiée.  Le représentant a insisté sur la nécessité de promouvoir des normes légales pertinentes prévues par le droit international humanitaire, par les droits de l'homme et les droits des réfugiés, ce qui est un préalable à leur application. 


Le représentant a fait valoir que les femmes avaient une expérience de la guerre à plusieurs niveaux aussi bien combattantes, que comme membres de la population civile et comme femmes.  Pour nombre d'entre elles, la guerre signifie la séparation, la perte de membres de leur famille et de moyens de subsistance, un risque accru de violence sexuelle, de blessures, de privation et de mort.  La guerre les force en outre à assumer un contrôle inhabituel, à renforcer leurs capacités d'adaptation et à en développer de nouvelles.  Les femmes affrontent les conflits avec un courage et une ténacité remarquables, a-t-il souligné.  Il importe donc de mieux les protéger et de les aider à prendre une part plus active

dans les décisions qui les concernent.  Le représentant a observé que la question de savoir comment faire pour que soit respectée la distinction entre civils et combattants dans les conflits restait un défi posé à tous.  Toutefois, comme le montre l'étude du CICR, un premier pas vers une meilleure protection des femmes dans les conflits consiste à renforcer les mécanismes d'application du droit et de la répression des violations.  Ainsi, a-t-il conclu, les récents développements menés dans la poursuite des responsables des crimes de guerre sont une étape décisive. 


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