En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/525

LE DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE PASSE PAR L'AMELIORATION DE LA SITUATION DES FEMMES ET LEUR PLEINE PARTICIPATION A LA SOCIETE

18/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/525


Troisième Commission

14e séance – matin


LE DEVELOPPEMENT HUMAIN DURABLE PASSE PAR L'AMELIORATION DE LA SITUATION DES FEMMES ET LEUR PLEINE PARTICIPATION A LA SOCIETE


«Les effets combinés de la mondialisation et des programmes d'ajustement structurel ont accru la féminisation de la pauvreté», a observé, ce matin, la représentante du Nigéria devant la Troisième Commission qui poursuivait son examen des questions relatives à la promotion de la femme et à la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.  Dans ce contexte, seules des approches novatrices permettront de surmonter cet obstacle majeur à la pleine participation des femmes au développement.  C'est pourquoi il est indispensable que la prochaine Conférence sur le financement du développement, qui doit se tenir au Mexique en 2002, tienne dûment compte des problèmes des femmes, en tant que segment vulnérable de la société, et les protège des conséquences néfastes de la mondialisation, a souligné le représentant de l'Egypte.  Dans l'ensemble, les délégations se sont accordées à reconnaître que le développement humain durable passait par l'amélioration de la condition des femmes et que, pour ce faire, il était urgent de prendre des mesures pour favoriser leur accès à l'éducation qui, seule, permettra de venir à bout des préjudices et des comportements qui les confinent en marge de la société.


De nombreuses délégations, dont la Mongolie, le Nigéria et l'Ouganda ont attiré l'attention sur la situation des femmes dans les zones rurales et sur leur rôle dans la survie économique de leur famille.  Les délégations ont fait part des mesures adoptées par leur gouvernement en vue de modifier leur législation pour permettre aux femmes rurales de posséder ou d'hériter de la terre et de les aider, par le biais du microcrédit, à renforcer leur pouvoir d'action économique.  La représentante du Nigéria a souligné l'importance de réduire la charge de travail des femmes rurales, notamment en leur fournissant des robots ménagers ou en améliorant l'approvisionnement en eau.  Pour sa part, le représentant de la Mongolie a indiqué que son pays avait tiré grand bénéfice du programme de recherche et de politiques élaboré à l'issue de la réunion d'experts sur la situation des femmes rurales dans le cadre de la mondialisation qui s'est tenue à Oulan Bator du 1er au 8 juin 2001.


Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Egypte, Guyana (au nom de la CARICOM), Burkina Faso (au nom de la CEDEAO), Cuba, Nouvelle-Zélande, République de Corée, Soudan, Ouganda, Philippines, Mongolie, Australie, El Salvador, Norvège, Nigéria, Japon, Maroc et Pérou.  L'Observateur du Saint-Siège a également participé aux débats, ainsi qu'un représentant de l'Organisation internationale du travail.


La Commission poursuivra l'examen de ce point cet après-midi à 15 heures.


Suite du débat


MME MAI KHALIL (Egypte) a parlé des liens existant entre la promotion de la femme et le développement et des progrès réalisés dans son pays, notamment au niveau législatif.  Ainsi, cette année, l'Egypte a reconnu le droit à la femme de répudier son mari.  En outre, l'Egypte a fondé un Conseil de la femme destiné à orienter les politiques et à mettre au point un projet national sur la promotion de la femme.  Ce Conseil représente l'Egypte dans les grandes conférences internationales consacrées à la promotion et aux droits des femmes. Il fonctionne également comme un centre de documentation et d'information et s'applique à diffuser les domaines critiques de Beijing, notamment concernant la féminisation de la pauvreté. 


La représentante a ensuite insisté sur le combat contre la pauvreté qui doit comporter des programmes en faveur de la femme.  A cet égard, elle a souhaité que la Conférence sur le financement du développement prenne en compte les problèmes des femmes en tant que segment vulnérable de la société et les protège des conséquences néfastes de la mondialisation.  Elle a appelé au renforcement des efforts de tous les États pour assurer l'accès égal des femmes à la formation, notamment en ce qui concerne les nouvelles technologies.  Soulignant la nécessité d'assurer l'égalité entre les sexes, la représentante a attiré l'attention sur la discrimination qui marginalise les femmes et pourrait être assimilée à une forme de racisme. 


MME SONIA ELLIOTT (Guyana) s’est exprimée au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour rappeler que les Etats membres  souhaitaient poursuivre leur travail sur la question de l'émancipation des femmes, établie dans la plate-forme d'action de Beijing et lors de la 23ème session extraordinaire de l'Assemblée.  Les pays de la CARICOM ont identifié six axes prioritaires, à savoir la pauvreté, la violence à l'égard des femmes, la santé et les services de santé pour les femmes, l'inégalité concernant l'accès et la définition des structures économiques, l'inégalité entre hommes et femmes dans les prises de décisions, et enfin les fillettes.  Depuis 1995, des efforts substantiels ont été déployés dans tous ces domaines au sein de la CARICOM.  Il ressort du rapport biannuel 2000 de l'UNIFEM que les pays des Caraïbes ont effectué un travail louable au sujet de la participation des femmes en politique, de l'éducation des fillettes et de la femme ainsi que pour les questions budgétaires relatives à l'égalité entre les sexes. 


Mais beaucoup reste à faire.  Les pays des Caraïbes ont mis l'accent sur des réformes juridiques nécessaires à la promotion de l'équité entre les sexes.  Au niveau régional, un modèle de loi a été préparé par le secrétariat de la CARICOM.  Cette législation aide les gouvernements à résoudre certaines difficultés à diminuer les disparités.  En outre, en novembre dernier, à Bélize, l'émancipation de la femme et les futurs défis à appréhender ont été les thèmes majeurs d'une rencontre de parlementaires de la Communauté des Caraïbes.  Cette année aussi, la Déclaration de Nassau sur la santé a fait notamment mention de l'émancipation des femmes dans le domaine de la santé, reconnaissant aussi le rôle critique de la santé dans le développement économique de la région.  La CARICOM reste préoccupée par la situation financière de l'INSTRAW et réitère son appel à la communauté internationale pour soutenir cette institution.  La représentante a en outre insisté sur le soutien de la CARICOM à la question de l'égalité entre les sexes, à la paix et au développement. Les prochaines réunions de l'ONU liées au développement, a indiqué la représentante, devront adopter une perspective intégrant la question de la séxospécificité.

M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a pris la parole au nom de la CEDEAO et a indiqué qu’il s’associait à la déclaration faite de l'Iran, au nom du Groupe des 77 et la Chine.  Il s'est inquiété de la place qui est accordée à la femme, en Afrique de l'Ouest, où l'on continue à enregistrer des écarts allant jusqu'à 15 points dans le taux de scolarisation des garçons et des filles et où le taux de mortalité maternelle et infantile reste élevé.  Au nombre des causes qui affectent le bien être des femmes et des enfants, il a relevé, entre autres, les mutilations génitales féminines, les mariages forcés et précoces, le lévirat, les rites du veuvage et la violence conjugale.  Il s'est félicité du fait que les politiques nationales cherchent à associer pleinement les femmes au développement et à la lutte contre le développement, notamment par le recours au microcrédit qui permet de promouvoir les activités génératrices de revenus.  Ainsi les femmes contribuent au développement du secteur informel de l'économie.  Il s'est également félicité des actions menées dans les zones rurales avec l'appui des organisations non gouvernementales et les partenaires du développement. 


Abordant ensuite l'aspect juridique de la condition féminine, le représentant a indiqué que les législations nationales garantissent l'inclusion des femmes dans le processus de développement et codifient, notamment l'accès à la terre et aux moyens de production.  À cet égard, il a déploré l'absence de données ventilées par sexe qui permettraient de mesurer la contribution des femmes à l'économie.  Il a également regretté que dans les faits l'inégalité entre les hommes et les femmes reste la règle.  Le représentant a ensuite reconnu que malgré la priorité donnée à la question du genre, la proportion des femmes participant aux activités politiques reste insignifiante en Afrique de l'Ouest.  Pour y remédier, il a fait part de vastes programmes d'alphabétisation, accompagnés de campagnes d'information et de sensibilisation sur la santé, l'éducation, la planification familiale et le VIH/sida.  Il a fait savoir que les pratiques traditionnelles et coutumières ont fortement régressé sous l'effet de la réglementation et de l'action des ONG de femmes.  Le représentant a finalement attiré l'attention sur les conséquences désastreuses du VIH/sida sur les femmes et sur le développement.  Il a appelé la communauté internationale à faire tous les efforts nécessaires pour trouver un remède à cette pandémie dont le taux de prévalence continue d'augmenter en Afrique. 


MME ANATERESITA GONZALEZ (Cuba) a remarqué que les femmes étaient les principales exclues de la mondialisation, les guerres, les maladies ou la faim venant se greffer sur les questions de la dette extérieure ou des programmes d'ajustement structurels.  Les femmes représentent 70% des quelque 2000 millions de pauvres.  La présence féminine dans la population économiquement active n'a augmenté que de 4 points au cours des 20 dernières années.  Le chômage féminin est de 10 à 40% supérieur à celui des hommes.  Il faut notamment se pencher sur la situation des femmes dans les campagnes, où le niveau de pauvreté a augmenté de 50% au cours de ces 20 dernières années.  Les femmes n'ont par ailleurs pas le même accès aux soins de santé que les hommes. 


Cuba a réaffirmé que la Déclaration de Beijing restait une référence essentielle en faveur de la promotion de l'égalité de la femme.  Le système de l'ONU doit concrétiser les stratégies décidées.  Mais l'accès aux ressources reste un obstacle majeur à la mise en œuvre des décisions de Beijing.  D'énormes ressources, a indiqué la représentante, sont consacrées par exemple à la course aux armements, mais il vaudrait bien mieux utiliser ces ressources pour le bien-être et le développement.  La coopération internationale doit mobiliser davantage de ressources pour orienter ses actions vers la promotion de la femme et pour éliminer tous les types de discrimination, et les pays qui représentent la majorité des habitants de la planète doivent participer à la prise de décisions pour garantir un avenir meilleur aux femmes.  Après plus de 40 ans de révolution sociale, Cuba a réussi à transformer en profondeur la situation de la femme.  Elles représentent 43% de la main d’œuvre dans le secteur de la fonction publique, 27,62% des membres du Parlement et 60,6% des étudiants des universités.  En outre, la mortalité est de 2,2 pour 10 000 naissances.  Tous ces résultats, a poursuivi la représentante, ont été obtenus malgré le blocus «criminel et illégal» imposé par le Gouvernement des Etats-Unis contre Cuba.


MME SARAH PATERSON (Nouvelle-Zélande) a affirmé que les Nations Unies ont un rôle clef à jouer en faveur de la promotion de la femme et a estimé indispensable que la Commission de la condition de la femme améliore ses méthodes de travail et produise des résultats tangibles, capables de faire progresser le dialogue international à ce sujet.  Elle a indiqué que son pays avait accueilli un atelier consacré à l'élaboration des rapports de pays au Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) pour les États du Pacifique-Sud et a ajouté qu'il accordait une contribution de 100 000 dollars néo-zélandais au Fonds d'affectation spéciale de Beijing pour l'application de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et son Protocole facultatif. 


Par ailleurs, elle s'est félicitée de l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité qui est une base de départ pour l'intégration de la perspective sexospécifique dans les opérations des Nations Unies pour la paix et la sécurité internationales.  Dans cette optique, elle a espéré que la création de postes d'experts sur les questions relatives au genre dans le Département des opérations de maintien de la paix, en application du rapport Brahimi, sera accordée par la Cinquième Commission.  En dernier lieu, elle a annoncé que son pays s'associait à ses partenaires du Groupe CANZ pour présenter une résolution concernant l'amélioration de la situation des femmes dans le système des Nations Unies.  Elle a exprimé sa déception devant le fait que la proportion de femmes titulaires de contrats d'un an ou plus a décliné cette année et que les progrès visant à réaliser la parité dans les départements restent faibles. 


M. LEE HO-JIN (République de Corée) a rappelé que les conférences internationales cette année avaient mis l'accent sur les discriminations auxquelles les femmes devraient encore faire face.  La session spéciale de l'Assemblée sur le VIH/sida en juin dernier a montré que cette pandémie était pour les femmes un problème social et de santé.  La pauvreté, le manque d'éducation, l'exploitation sexuelle, les rôles sexuels stéréotypés et l'ostracisme augmentent la vulnérabilité des femmes et des filles face au VIH/sida.   Il est alarmant de noter, a poursuivi le représentant, que les jeunes femmes ont quatre fois plus de chances d'être infectées que les jeunes hommes.  La transmission du virus de la mère à l'enfant est source d'inquiétude, aussi, pour la société en général.  Revenant sur la conférence de Durban, le représentant a évoqué la double discrimination dont les femmes, particulièrement celles appartenant à des minorités ethniques, faisaient l'objet.  Il a aussi attiré l'attention sur les travailleuses migrantes et les nombreux obstacles auxquels elles devaient faire face, indépendamment de leur contribution à leur économie ou à celle du pays hôte.  La République de Corée, pour sa part, a pris des mesures pour éliminer le trafic de personnes. 


La création d'un ministère pour l'égalité entre les sexes cette année témoigne de la volonté du pays à mettre en oeuvre la plate-forme de Beijing.  Ce ministère est notamment responsable de la mise en place et de la coordination de politiques concernant les femmes, de toute action pour la promotion de l'égalité entre les sexes, et des mesures destinées à éliminer la violence contre les femmes.  Récemment, le congé de maternité dans le pays a été étendu à 90 jours.  Aujourd'hui dans la République de Corée, 44% de la population est reliée à Internet, et 43% de ces personnes sont des femmes.  Les femmes doivent rester à la pointe des développements en la matière, si elles veulent devenir partie prenante de cette économie et de ce nouveau siècle.  Le gouvernement coréen a ainsi offert une éducation et des programmes de formation pour élargir le rôle des femmes, à la fois en tant qu'utilisatrices et contributrices de ces nouvelles technologies. 


M. MUBARAK H. RAHMTALLA (Soudan) a estimé qu'il fallait favoriser la promotion de la femme dans le cadre du financement du développement et que ces objectifs ne pourront être atteints qu'en tenant compte des spécificités de chaque société.  Il importe de respecter chaque société et non d'imposer des règles identiques pour toutes.  Le représentant a regretté que les objectifs de Beijing, réaffirmés lors de la vingt-troisième session extraordinaire de l'Assemblée générale, en ce qui concerne l'élimination de la pauvreté et l'élimination de la violence à l'encontre des femmes, n'aient pas été atteints.  Si ces efforts incombent au premier chef aux gouvernements nationaux, ils doivent s'accompagner du soutien de la communauté internationale, notamment en vue de favoriser l'accès des femmes au microcrédit.  Les pays en développement sont freinés dans leurs efforts à mettre en oeuvre ces programmes sociaux, à cause du poids de la dette et parfois à cause de sanctions économiques, a-t-il poursuivi. 


Le représentant a ensuite expliqué que la mondialisation aggravait la marginalisation de certains pays et avait des conséquences négatives sur l'intégration de ces pays et sur la situation des femmes et des filles, segment le plus vulnérable de la société.  Il a réaffirmé l'engagement de son pays à appliquer le Programme d'action de Beijing, notamment dans le domaine de la santé, de l'éducation, de l'élimination de la pauvreté et de toutes les formes de violence à l'encontre des femmes.  Toutefois, il faut se souvenir que l'augmentation du nombre de guerres et de conflits internes se répercute lourdement sur les femmes, les premières victimes de cette situation.


M. CATHERINE OTITI (Ouganda) a abordé la question des femmes en zone rurale pour préciser qu'elles étaient le parfait exemple de la manière dont on pouvait surmonter l'adversité et la transformer en bien commun pour la société.  Mais on ne soulignera jamais assez cependant l'impact de la pauvreté, des maladies (en particulier le VIH/sida) et des pratiques culturelles.  Ainsi que le suggère le rapport du Secrétaire général sur l'amélioration de la situation des femmes dans les zones rurales, il faut former et entraîner les femmes rurales  pour les aider à réduire leur fardeau.  Le Gouvernement ougandais fait preuve de la volonté politique pour aider les femmes à travers tout le pays à obtenir leurs droits.  On offre aux femmes ougandaises des opportunités égales à celles des hommes, en matière d'éducation, d'emploi, d'accès aux services de santé et en matière de participation politique.  La situation n'est pas encore idéale, mais elle s'améliore.

Le représentant est encourageant de noter que l'UNIFEM, avec d'autres institutions, a entrepris un travail pour aider les femmes à jouer un rôle notamment dans les secteurs financier, politique et judiciaire.  Il faut espérer que l'Afrique bénéficiera davantage de ces activités.  L'Ouganda s'est réjoui des activités menées par l'UNIFEM dans le pays, visant à intégrer les femmes dans le processus de reconstruction.  L'Ouganda a par ailleurs recommandé que les besoins financiers de l'INSTRAW soient approuvés, et a ajouté que la coopération entre l'INSTRAW et l'UNICEF illustre bien le travail de l'Institut.   La réduction des activités de l'INSTRAW par manque de fonds réduirait les progrès réalisés par les femmes en faveur de leur propre promotion.


MME JOAN McGRATH-TRIULZI (Saint-Siège) a examiné les conséquences de la mondialisation sur les femmes et les filles et a estimé que la famille des nations se devait de créer un cadre moral et culturel qui donnera un visage humain à ce phénomène afin qu'il devienne un réel facteur de développement.  Dans ce contexte, il faut se poser la question de savoir comment les femmes et les filles peuvent bénéficier de la mondialisation et se protéger de ses conséquences néfastes.  Il importe en premier lieu d'assurer la dignité des femmes et de reconnaître leur contribution à la famille et à la société. 


Il convient aussi de favoriser leur participation à la construction d'un monde meilleur qui respecte les droits humains et les libertés fondamentales.  Il importe de respecter le droit des femmes à contracter librement le mariage et à élever leurs enfants, ainsi que leur droit d'occuper un emploi et de recevoir salaire.  Avant tout, a-telle poursuivi, il faut les protéger de la violence et de l'exploitation sexuelle, condition sine qua non de leur participation au développement.  En dernier lieu, elle a insisté sur la nécessité d'assurer des services de santé de qualité et de privilégier l'éducation des femmes et des filles.  


M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines) a observé que les Etats avaient institué des programmes et des politiques visant à émanciper les femmes, mais que les obstacles restaient nombreux avant la mise en place complète de la Déclaration de Beijing et de sa plate-forme d'action.  Les Philippines, pour leur part, accueillent le rôle donné aux femmes dans le domaine de la promotion de la paix, dans le monde, et dans les zones de conflits en particulier.  Cela a donné aux femmes la possibilité de s'engager dans les processus de décisions et de faire valoir leur point de vue quant à différents aspects politiques et socioéconomiques de la société.  Les Philippines notent avec satisfaction que toutes les formes de violence à l'égard des femmes sont considérées aujourd'hui comme des violations des droits de la femme et de sa dignité.  Le pays a aussi bien accueilli l'attention grandissante portée au trafic des femmes et des enfants.  A ce sujet, les Philippines ont accordé une grande importance à la rencontre et aux résultats de l'Initiative régionale contre le trafic de personnes (ARIAT).  Le Plan d'action de l'ARIAT offre des suggestions pour combattre ce trafic qui touche notamment les femmes et les enfants.  Il reconnaît le besoin d'une coopération nationale, sous-régionale, régionale et internationale, pour prévenir, combattre, poursuivre sur le plan judiciaire, rapatrier et réintégrer les victimes de ce trafic. 

Une loi sur les travailleurs migrants a été mise en place afin de promouvoir et de protéger les migrants et leurs familles.  Cette loi a été récemment amendée pour inclure un phénomène qui s’amplifie, à savoir, le cas des femmes fiancées via Internet.  Actuellement, le sénat étudie aussi un projet de loi pour lutter contre le trafic des femmes philippines et des mineurs.  D’autre part, un Comité interagences pour les mariages mixtes a été créé en 1998, chargé entre autres de la question de la violence au sein de ces mariages.  Un mécanisme a été mis en place par ailleurs pour apporter de l'aide aux Philippins à l'étranger dans les cas de trafic illégal ou d'immigration.  


M. PUREVJAV GANSUKH (Mongolie) a expliqué que les femmes de son pays étaient durement touchées par la pauvreté et le chômage, ainsi que par des stéréotypes culturels et comportementaux contre lesquels la législation s'efforçait désormais de lutter.  La réduction de la pauvreté reste la plus grande priorité du Gouvernement de Mongolie, puisque le taux de pauvreté du pays s'élève à 36%, allant jusqu'à 45% dans les zones rurales.  Les femmes comptent pour 42,4% des chômeurs et sont particulièrement touchées.  C'est pourquoi le programme qui sera mis en oeuvre de 2001 à 2006 s'attache principalement à créer des activités génératrices de revenus pour les foyers dirigés par des femmes, ainsi qu'à améliorer les services de santé et l'éducation des femmes.  De la même manière la question de la promotion de la femme a été intégrée au Programme national de bonne gouvernance pour la sécurité humaine adopté en janvier dernier. 


Dans ce contexte, le représentant s'est félicité du soutien des institutions spécialisées du système de l'ONU et du dernier rapport de l'UNIFEM sur la situation des femmes en Mongolie.  Les recommandations et les observations contenues dans ce rapport ont contribué à redéfinir le programme national pour la promotion de la femme, a-t-il indiqué.  S'agissant de la situation des femmes dans les zones rurales, le représentant a attiré l'attention sur la réunion du groupe d'experts de la Division de la femme consacrée à la situation des femmes des zones rurales dans le contexte de la mondialisation qui s'est tenue à Ulanbator du 4 au 8 juin 2001.  Il a notamment mentionné les travaux portant sur l'accès des femmes rurales aux nouvelles technologies, un thème qui devra être pris en considération dans le cadre du prochain Sommet mondial sur la société de l'information.


M. ROBYN MUDIE (Australie) a indiqué que le Gouvernement australien continuait à jouer un rôle constructif dans la promotion et la protection des droits de la femme.  L'Australie a été fière de contribuer l'an dernier à la session spéciale de l'Assemblée sur le VIH/sida, session qui mettait l'accent sur la nécessité d’émanciper les femmes, afin qu'elles puissent se protéger contre  l'infection du VIH/sida.  L'Australie a également rappelé le débat du Conseil de sécurité sur le thème des femmes, de la paix et de la sécurité.  Le pays s’est félicité de l'adoption de la résolution 1325 qui reconnaît le rôle important des femmes dans la prévention des conflits et la négociation concernant la consolidation et le maintien de la paix. 


Dans la région Asie-Pacifique, l'Australie a travaillé sur la sexospécificité en relation avec le VIH/sida, et a accueilli une rencontre au niveau ministériel sur la pandémie.  Les participants ont reconnu la vulnérabilité particulière des femmes et des filles, en raison des hauts niveaux de pauvreté et d’analphabétisation auxquels elles sont confrontées.  L'émancipation de la femme est essentielle pour réduire leur vulnérabilité au VIH/sida.   L'Australie a également déployé des efforts au sein du groupe de l'APEC pour promouvoir la participation des femmes aux activités économiques dans la région et améliorer leur bien-être financier.  Par ailleurs, l'Australie a continué à s’intéresser à la manière dont les femmes pouvaient s’émanciper au Timor oriental.  L'Australie s'est réjouie d’une part des résultats obtenus lors des élections du 30 août dernier qui ont permis d’élire 24 femmes à l'Assemblée nationale sur 88 élus, et d’autre part de la présence de femmes à des postes clefs du deuxième gouvernement de transition. 


M. CARLOS E. GARCIA GONZALEZ (El Salvador) a donné des explications sur le travail politique en faveur des femmes effectué par l'Institut d’El Salvador pour la promotion de la femme.  Il a reconnu qu’il reste encore beaucoup à faire pour assurer l'égalité entre les sexes et progresser sur la voie d'un développement humain durable.  Il a expliqué que son pays avait procédé à une évaluation des progrès réalisés dans ce domaine et avait présenté son troisième et quatrième rapport périodique combiné au CEDAW, cette année.


S'agissant de la question des femmes migrantes, le représentant a expliqué qu'une approche pluridisciplinaire avait été adoptée et que des campagnes d'information sur la violence à l'encontre des femmes avaient été menées dans tout le pays.  Le représentant a expliqué que son pays s'efforçait de modifier sa législation nationale en vue d'adhérer au Protocole facultatif de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.  Il a fait part d'efforts régionaux pour établir des données ventilées par sexe qui permettront de mesurer les efforts qui restent à accomplir.  En dernier lieu, le représentant a appuyé le travail de l'INSTRAW, notamment du service d'échange et de recherche sur les sexospécifités (SERS). 


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a noté que la Norvège travaillait surtout dans les domaines de l'égalité entre les sexes et de la lutte contre la violence à l'encontre des femmes.  Au sujet du VIH/sida, la Norvège rappelle que tous les efforts entrepris pour enrayer la propagation de la pandémie doivent s'effectuer en tenant compte de la question du genre.  Les filles sont en effet particulièrement exposées au VIH/sida.  Dans les pays où elles se pratiquent, les mutilations génitales, par exemple, rendent les femmes et les filles vulnérables à la pandémie.  L'exploitation sexuelle accroît aussi cette vulnérabilité.  La manière dont il faut traiter ces questions sera abordée lors du Congrès mondial contre l'exploitation commerciale des enfants au Japon, en décembre prochain.  Des mesures de prévention doivent ainsi être mises en place pour protéger les filles du VIH/sida et des grossesses non désirées.  Pour ce qui est des hommes, il est indispensable qu’ils aient aisément accès aux préservatifs.


Les orphelins du VIH/sida sont nombreux.  Bien trop souvent, ces enfants, des filles surtout, sont obligés de quitter l'école pour s'occuper des plus jeunes ou des personnes âgées malades.  La réduction des ressources de la famille les oblige aussi à travailler au lieu d'aller à l'école.  Un soutien international ininterrompu en matière d'éducation des filles est vital.  Dans un tout autre domaine, la résolution 1325 du Conseil de sécurité est considérée comme une étape essentielle car elle concerne la question des femmes et de leur nécessaire participation à toutes les étapes de l'élaboration des conditions de paix.  Mais les paroles ne suffisent pas et la Norvège formule l’espoir que la résolution

apportera des changements tangibles; elle soutiendra tous les efforts que les Nations Unies déploieront dans ce domaine.  168 Etats ont ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.  L'objectif d'une ratification universelle en 2000 n'a pas été atteint malheureusement; il est par conséquent important que les Etats qui ne l'ont pas encore fait ratifient cette Convention.


MME GLADYS MODUPEOLA QUIST (Nigéria), a indiqué qu'à la suite du retour à la démocratie, son pays avait adopté en juillet 2000 une politique nationale en faveur des femmes fondée sur les 12 domaines critiques identifiés par la Conférence de Beijing.  Soulignant l'importance de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, elle a appelé tous les États qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention.  Elle a ensuite fait part des efforts de son gouvernement en vue d'éradiquer les pratiques coutumières et les comportements traditionnels préjudiciables aux femmes, y compris dans le domaine du mariage, du divorce et du veuvage.  En collaboration avec l'UNIFEM et l'UNICEF, des campagnes de sensibilisation et d'information ont été menées, notamment en direction du pouvoir judiciaire et des services de police.  Toutefois, seule l'éducation permettra de venir à bout de ces pratiques qui affectent la santé des femmes et des filles et accroissent leur vulnérabilité au VIH/sida, a-t-elle reconnu, en regrettant que les progrès dans ce domaine restent lents.


La représentante a ensuite informé la commission des efforts déployés par le Gouvernement du Nigéria à l’égard des femmes des zones rurales, pour favoriser notamment leur accès aux techniques agricoles, réduire leur charge de travail et accroître leur productivité.  Le programme national vise également à faciliter leur accès au crédit et aux engrais.  Elle a ensuite donné des informations sur les actions menées dans le cadre du Programme d'allègement de la pauvreté qui a permis de fournir des robots ménagers aux femmes rurales et d'établir des coopératives de femmes, notamment grâce au microcrédit.  Malgré les progrès réalisés, il reste de nombreux obstacles à la réalisation du Programme d'action de Beijing.  Elle a cité notamment le poids de la dette qui grève les efforts des pays en développement en faveur des femmes.  Par ailleurs, elle a observé que les effets combinés de la mondialisation et des programmes d'ajustement structurel ont accru la féminisation de la pauvreté.  C'est pourquoi, a-t-elle poursuivi, il importe de définir de nouvelles approches en faveur de la promotion de la femme qui tiennent compte de ce nouveau contexte.


M. TSUNEKO YANAGAWA (Japon) a indiqué que les restructurations en cours au sein du gouvernement japonais ont entraîné la création d'un Bureau  pour l'égalité entre les sexes.  En outre, un nouveau Conseil pour l'égalité entre les sexes a été établi.  Ce Conseil doit notamment contrôler la mise en oeuvre des mesures prises par le gouvernement.  Le Japon compte aujourd'hui cinq femmes ministres, le plus grand nombre dans l'histoire politique moderne du japon.  Cela signifie que plus de femmes sont impliquées à un haut niveau dans le processus de décision, et cela se répercute bien évidemment dans les politiques mises en place. 

La question des femmes dans les conflits armés et le nécessaire soutien qu'il faut leur apporter sont des domaines prioritaires.  Dans la mesure ou une grande partie des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays sont des femmes et des enfants, il est indispensable de les protéger et de leur venir en aide.   Parmi les mesures prises pour le peuple afghan, le Japon a offert une aide de 120 millions de dollars pour alléger la souffrance des enfants et des femmes.  Les femmes, a ajouté le représentant, peuvent jouer un rôle important pour aider à faire traduire en justice les criminels responsables d'atrocités au cours de conflits armés.  Enfin, l'émancipation des femmes en matière de développement est également essentielle.   A cet égard, le gouvernement du Japon a financé des programmes  liés à l'alphabétisation, la santé et la micro-finance via le PNUD.  Le pays a aussi financé divers programmes visant à renforcer les droits des femmes dans les pays en développement.  


MME AÏCHA AFIFI (Maroc) a regretté que les améliorations de l'égalité de jure entre les femmes et les hommes, ainsi que la représentation effective des femmes aux niveaux national et international les plus élevés de la prise de décision n'aient enregistré qu'un faible changement depuis 1995.  Cette sous-représentation de la femme est plus visible dans les sociétés les plus pauvres, surtout en Afrique, a-t-elle observé avant d'expliquer que le Maroc avait placé la condition de la femme parmi les priorités de sa politique nationale de développement.  Ainsi, le Maroc a procédé à l'adaptation de sa législation nationale avec ses engagements internationaux et a intégré une démarche soucieuse de l'égalité entre les sexes dans les objectifs de son plan quinquennal de développement économique et social 1999-2003; ceci explique la présence d'un grand nombre de femmes dans tous les domaines de l'activité nationale.  Elle a expliqué que la stratégie nationale pour l'intégration de la femme au développement a été élaborée dans le cadre d'un partenariat entre les différents départements gouvernementaux et les composantes de la société civile, notamment les ONG.  En outre, une Commission consultative chargée de la réforme du code du statut personnel (Moudawana) a été mise en place en avril 2001.  Compte tenu des progrès réalisés dans la représentation des femmes au sein des partis politiques, la représentante a indiqué que les élections de 2002 devraient connaître une participation accrue des femmes.


La représentante a d’autre part énuméré diverses mesures prises notamment dans le domaine de la santé, en plaçant par exemple la maternité sans risque et la planification familiale à la tête des actions prioritaires à l'horizon 2005.  Dans le domaine de l'éducation aussi, des mesures ont été prises pour augmenter de 70%, d'ici à 2005, le taux de scolarisation des petites filles surtout en milieu rural et pour réduire le taux d'analphabétisme de 50%.  D'autres actions visent également à faire connaître les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, à faciliter l'accès des femmes au microcrédit. 


MME CARMEN-ROSA ARIAS (Pérou) a indiqué que l’égalité des chances pour les femmes est une condition préalable au développement humain.  Parlant de l'importance du mécanisme régional en faveur des femmes, au sujet duquel le Pérou joue un rôle fondamental, la représentante a évoqué les documents qui s’y rapportent.  Invoquant par ailleurs la Déclaration de Québec sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, elle a assuré que le Pérou est déterminé à oeuvrer à la création d'un cadre normatif pour inclure tous les citoyens dans les secteurs de la santé, de l'emploi et des affaires politiques. 

L'une des priorités du Pérou est la lutte contre la pauvreté, la création d'emplois et le respect des droits de l'homme.  Un plan de lutte contre la pauvreté tient compte de la situation particulière des femmes et s’efforce de promouvoir l'alphabétisation, la santé et la sécurité alimentaire.  S'agissant de la santé, il faut, a dit la représentante, réduire la mortalité maternelle et infantile et réduire l'incidence des grossesses précoces.  Le Pérou a par ailleurs renforcé le programme national contre la violence et travaillé à la promotion du respect mutuel au sein des couples.  Des mesures de sensibilisation auprès des jeunes, des programmes d'information pour les jeunes femmes pour les aider à espacer les naissances, ont été mis en place.  En matière de santé nutritionnelle, il faut s'adresser notamment aux personnes en situation de pauvreté extrême.  Parmi les populations vulnérables, il faut compter les personnes en zones rurales et les personnes marginalisées.  Les femmes âgées, à cet égard, sont parfois doublement marginalisées quand, de surcroît, elles sont handicapées.  Le Gouvernement cherche à mettre en place des systèmes d'aide.  Les difficultés, toutefois, sont énormes.  Pour supprimer les inégalités entre les deux sexes, il y a encore beaucoup de mesures à prendre. 


MME RHITU SIDDARTH, Organisation internationale du travail (OIT), a expliqué que le rapport annuel de l'OIT met l'accent sur le fait que le développement des nouvelles technologies offre des possibilités accrues aux femmes dans le domaine du travail.  Mais cette évolution devrait s'accompagner de mesures qui favorisent leur participation, leur éducation et leur formation et qui permettent de venir à bout des préjudices sur les lieux de travail.  Dans ce contexte, elle a indiqué que la première évaluation de l'intégration d'une perspective sexospécifique dans ses programmes sera menée cette année et se conclura en avril 2002.  La représentante a ensuite fait savoir que, hormis les réfugiés et les demandeurs d'asile, les migrants représentent quelque 90 millions de personnes dont la moitié sont des femmes.  À ce sujet, elle a attiré l'attention sur les recommandations de l'OIT sur les conditions de vie des femmes migrantes et sur les cas où les femmes migrantes ont été régulièrement soumises à des abus et des violences. 


En dernier lieu, la représentante a indiqué que l'OIT cherche également à prendre en considération les conséquences des conflits sur les femmes, notamment dans les phases de démobilisation et de réhabilitation, en mettant l'accent sur la formation et le microcrédit.  S'inquiétant ensuite des conséquences du VIH/sida sur les femmes, qui constituent le segment le plus pauvre de la population, elle a mis l'accent sur le code de conduite de l'OIT concernant le VIH/sida et le monde du travail adopté en juin 2001. 


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