En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/524

LES DELEGATIONS PRECONISENT LA PARTICIPATION DES FEMMES A TOUTES LES DECISIONS EN MATIERE DE PAIX

17/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/524


Troisième Commission

13e séance – après-midi


LES DELEGATIONS PRECONISENT LA PARTICIPATION DES FEMMES A TOUTES

LES DECISIONS EN MATIERE DE PAIX


La promotion et une plus grande protection de la femme dans le monde actuel restent un défi à réaliser par les Etats, en coopération avec la communauté internationale.  Cette affirmation résume l’une des préoccupations des délégations qui se sont exprimées cet après-midi à la Troisième Commission qui a entamé l'examen des questions concernant la promotion de la femme, ainsi que les suites données à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième session extraordinaire de l'Assemblée générale intitulée «les femmes en l'an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle».


Plusieurs orateurs ont souhaité que les femmes soient davantage impliquées dans le processus décisionnel.  Au Swaziland, plus de quinze pour cent des parlementaires sont des femmes, a indiqué son représentant.  La représentante de la Belgique, pour sa part, a estimé que les femmes jouent un rôle particulièrement important dans la prévention et le règlement des conflits, de même que dans la consolidation de la paix.  Selon elle, il est primordial qu'elles participent sur un pied d'égalité à toutes les prises de décision dans ces domaines.  D’autre part, la présence des femmes fait la différence lorsqu'elles sont invitées à la table des négociations pour la paix.  A titre d'exemple, la directrice adjointe du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) a indiqué que la Conférence des femmes pour la paix au Burundi, en juillet 2000, a réuni des femmes de 19 partis politiques et a abouti à 23 accords qui seront présentés au cours des négociations pour la paix au Burundi.


Mme Angela King, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour l'intégration et la promotion des femmes, est elle aussi revenue à plusieurs reprises sur le rôle clef de la femme dans les secteurs de la prévention des conflits, de leur résolution, et dans la consolidation de la paix.  En réponse à la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, des travaux ont commencé dans ces domaines.  Un large plan destiné à mettre en oeuvre tous les aspects de cette résolution a été préparé par une équipe spéciale interagences sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le rôle des femmes dans le processus de paix est important, a-t-elle insisté, car la violence liée à la sexospécificité est une conséquence des conflits armés qui affecte directement les femmes.  A cet égard, Mme King a souhaité attirer l'attention sur la tragédie des femmes afghanes.  Les agences humanitaires des Nations Unies estiment que quelque 7,5 millions de réfugiés, femmes et enfants surtout, pourraient traverser les frontières du pays dans les semaines à venir.  Avec l'hiver qui approche, il va falloir agir et s'assurer que les femmes et les enfants se trouvent au centre des efforts humanitaires déployés.


(à suivre – 1a)

Dans certains pays, la situation des femmes s'est aggravée depuis la Conférence de Beijing à cause de la pauvreté et du VIH/sida, comme l'a indiqué le représentant du Swaziland, qui a précisé qu'environ 10 millions de personnes dans la région vivaient avec le VIH/sida.  La proportion de femmes contaminées dépasse largement celle des hommes.  A ce sujet, Mme King s'est félicitée que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida en juin dernier ait mis l'accent sur la prévention, ce qui devrait remettre en question les stéréotypes sexistes.


En début de séance, Mme Dorota Gierycz, de la Division de la promotion de la femme à l'ONU, a présenté les cinq rapports dont la Commission est saisie. 

Mme Joanne Sandler, Directrice adjointe du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme, en l'absence de sa Directrice exécutive Mme Noeleen Heyzer, a présenté le rapport sur les activités de l'UNIFEM et s’est exprimée sur ce qu’elle a appelé les leçons apprises en observant la manière dont les femmes organisent et construisent une paix durable.


Se sont exprimés les représentants des pays suivants: Belgique (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Swaziland (au nom de la SADC), République islamique d'Iran (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Chili (au nom du Groupe de Rio), Chine et Fédération de Russie.  La représentante de la Banque mondiale a également pris la parole sur le thème traité.


La Troisième Commission poursuivra l'examen de ces points demain, jeudi

18 octobre, à 10 heures.


Informations de base


      Les progrès réalisés cette dernière décennie par les mouvements en faveur de l’égalité entre les sexes font apparaître d’autant plus vivement la nécessité d’éliminer la violence contre les femmes qui reste très répandue.  En effet, selon les études menées entre 1990 et 1997, entre 20 et 50% des femmes reconnaissent avoir été victimes de violences perpétrées dans le cadre domestique.  On a également vu la définition de la violence s’élargir pour inclure les violences perpétrées dans le cadre de la famille, sur le lieu de travail, dans les communautés ou le cadre plus large de la société.  Ces dernières années, le Comité pour l’élimination de la discrimination contre les femmes (CEDAW) a mis l’accent sur la vulnérabilité des femmes dans les conflits armés et sur le fait que le viol est de plus en plus souvent utilisé comme une arme pour humilier la communauté opposée. 


Dans la mesure où la proportion de femmes migrantes a considérablement augmenté dans les années 1990 et sous l’effet de la mondialisation, on a également vu s’accroître le trafic de femmes et d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle ou commerciale.  On estime que 10 000 à 100 000 femmes et filles par an sont victimes de ce trafic.  Ce phénomène a pris des proportions alarmantes dans les pays d’Europe centrale et orientale. 


Le rapport sur la situation sociale dans le monde, publié cette année, attire également l’attention sur le problème posé par l’augmentation du taux de fertilité des adolescentes (15 à 19 ans) alors que le taux de fertilité générale décroît dans tous les pays du monde.  Les grossesses précoces mettent en danger l’avenir professionnel des jeunes femmes et bien souvent le développement de leurs enfants. 


Depuis que la Déclaration adoptée à l’issue de la Conférence mondiale de Vienne sur les droits de l’homme, en 1993, a mis l’accent sur la participation des femmes en tant qu’agents et bénéficiaires du développement, la réalisation des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes, occupent une place importante dans les débats de la Troisième Commission.  En 1994 au Caire, la Conférence internationale sur la population et le développement a mis l’accent sur les questions relatives à la santé sexuelle et reproductive.  C’est en 1995, avec la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue à Beijing, que les questions relatives aux femmes ont été placées au rang des priorités des États et du système de l’ONU.  Lors de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, consacrée aux femmes et à l’examen quinquennal du suivi et de l’application de la Déclaration et Programme d’action de Beijing, réunie à New York en juin 2000, les gouvernements se sont engagés à accélérer la réalisation de l’égalité entre les hommes et les femmes.  À cette occasion, les gouvernements se sont engagés à supprimer d’ici à 2005 toutes les lois discriminatoires de leur législation nationale et à assurer d’ici à 2015 l’accès de tous et de toutes à l’éducation primaire de base.

Documentation


      Dans un premier chapitre, au titre des questions portées à l’attention des États parties, le Rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (A/56/28 Part I) indique qu’à sa 24e session, le Comité a examiné les rapports initiaux du Burundi, du Kazakhstan, des Maldives, de l’Ouzbékistan.  Le Comité a également examiné les deuxième, troisième et quatrième rapports périodiques combinés de la Jamaïque; les troisième et quatrième rapports périodiques de la Mongolie; les troisième et quatrième rapports périodiques de la Finlande; ainsi que les troisième, quatrième et cinquième rapports périodiques combinés de l’Egypte.


Le Rapport sur l'état de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (A/56/328) indique qu’au 1er août 2001, la Convention comptait au total 168 Etats parties: 60 avaient adhéré à la Convention, sept avaient succédé à d'autres Etats parties et les autres l'avaient ratifié.  De plus, trois autres Etats l'ont signée.  Les derniers pays à avoir ratifié la Convention étaient la République Démocratique de Corée et l'Arabie saoudite.  La Mauritanie a adhéré à la Convention le 10 mai 2001 et la Yougoslavie a succédé à un autre Etat partie le 12 mars 2001.


Au 1er août 2001, 68 Etats partie avaient signé le Protocole facultatif et 24 l'avaient ratifié ou y avaient adhéré.  Les derniers Etats parties à avoir ratifié le Protocole facultatif étaient l'Espagne et l'Uruguay, les 6 et 26 juillet 2001. Le Bangladesh a ratifié le Protocole en excluant la procédure d'enquêtes.


Le rapport du Secrétaire général la situation critique de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (A/56/279) précise que l’Institut (INSTRAW) peut assurer jusqu’à la fin de 2001 la poursuite de ses opérations, grâce à une subvention de 800 000 dollars prélevés sur le budget ordinaire de l’ONU.  Malgré ces acquis et les efforts déployés pour assurer à l’INSTRAW un appui financier suffisant, les ressources indispensables à la viabilité de l’Institut n’ont pas été mises à disposition.  Le rapport précise qu’à la fin de 2001, le montant non utilisé de la subvention devrait être d’environ 431 000 dollars.  Compte tenu des contributions reçues en 2000 et 2001, on estime que les opérations de base menées par l’Institut en 2002 devront peut-être être ajustées à des ressources minimales de 600 000 dollars.  Une telle mesure entraînerait une compression notable des effectifs de base de l’INSTRAW et une réduction sensible de ses activités opérationnelles.


Durant 2001, l’INSTRAW a travaillé à l’élaboration d’une stratégie de collecte de fonds, et que la Directrice de l’Institut a entrepris une mission intensive de collecte de fonds en Europe.  Pendant cette période, l’INSTRAW a continué à développer et à améliorer son Service d’échange et de recherches sur les sexospécificités (SERS).


Fondé sur les conclusions de la réunion d'un groupe d'experts, le Rapport sur l'amélioration de la femme dans les zones rurales (A/56/268) examine les effets des grandes tendances économiques mondiales sur la situation des femmes rurales.  Tout d'abord, la privatisation des terres a accéléré le processus de délivrance des titres de propriété, mais ce sont surtout les chefs de famille hommes ou des élites locales qui en bénéficient plutôt que les femmes rurales.  La pression de l'exploitation forestière, l'accroissement démographique et du développement de l'agriculture commerciale ont en outre entraîné une dégradation croissante des ressources en terre et en eau, amplifiant du coup la charge de travail domestique des femmes qui doivent consacrer davantage de temps et d'énergie à ramasser du bois ou à chercher de l'eau.  La mondialisation a toutefois favorisé le déplacement de la main d’œuvre féminine du secteur de subsistance vers l'économie marchande, et offert aux femmes rurales de nouvelles possibilités d'emploi dans l'agriculture et dans l'industrie.  Les changements en cours permettent aux femmes de renforcer leur autonomie, leur estime de soi et leur capacité à prendre des décisions tant au sein du ménage qu'en dehors.  A noter, par exemple l'élargissement de la participation des femmes à la gestion locale des affaires publiques.


Le rapport propose une série de recommandations, pour garantir que les femmes tirent parti des possibilités offertes par la mondialisation.  S'agissant des droits de l'homme et des normes de travail, le rapport estime notamment que les gouvernements et les parlements devraient tenir compte des points de vue des femmes lorsqu'ils élaborent de nouvelles lois et réglementations, et qu'ils devraient appliquer pleinement aux femmes rurales tous les instruments pertinents concernant les droits de l'homme.  Le rapport énonce des recommandations sur les moyens de subsistance et le travail des femmes, l'autonomisation et le renforcement des capacités par l'accès à la formation, la technologie et les services de base, la migration et les sexospécificités, et le développement de la recherche et la formulation de politiques.


La Commission est également saisie d’un Rapport sur les problèmes de la violence à l’égard des travailleuses migrantes (A/56/329) ; d’un Rapport sur les pratiques traditionnelles ou coutumières affectant la santé des femmes et des filles (A/56/316) ; d’un Rapport sur les activités du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (A/56/174) ; et d’un Rapport sur le suivi et l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/56/319); ainsi que d’un Rapport sur l’amélioration de la situation des femmes dans les organismes des Nations Unies (non paru à ce jour).


Déclarations liminaires


MME ANGELA KING, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour l'intégration et la promotion des femmes, a indiqué que sans les bons équilibres, la mondialisation peut accroître les inégalités entre les pays et à l'intérieur des pays. La communauté internationale doit s'unir pour s'assurer que les bénéfices obtenus soient équitablement partagés, entre nantis et ceux qui n'ont rien, et entre les hommes et les femmes.  Ainsi, quand le Conseil économique et social lors de sa session de fonds a abordé la situation en Afrique cette année, le rôle des femmes dans le développement économique et social et dans le retour à la paix a été souligné.  Le Conseil a adopté un certain nombre de résolutions sur l'intégration de la question de la sexospécificité notamment.  Dans son Programme d'action pour les pays les moins développés pour la décennie 2001-2010, PMA3, en mai 2001, a présenté l'égalité des sexes et la parité des femmes comme moyens efficaces de lutte contre la pauvreté et pour favoriser un développement durable dans ces pays. La Conférence s'est notamment fixé pour objectif la réduction de la mortalité maternelle d'un tiers entre 2000 et 2010.


L'un des principaux succès de la session spéciale de l'Assemblée générale sur le VIH/sida, en juin dernier, a été de mettre en évidence la stratégie de prévention, ce qui devrait remettre en question les stéréotypes sexistes.  La session extraordinaire a adopté des objectifs sensibles à la parité, et insiste sur l'importance de l'éducation et de l'élimination de la violence contre les femmes et les filles, notamment en matière de viols et d'autres formes de violences sexuelles.  La Conférence de Durban contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie ont aussi mis en avant la stratégie d'intégration de la question de la sexospécificité.  La Déclaration et le Programme soulignent clairement que l'expérience du racisme est différente chez les femmes et chez les filles.  La Conférence a poussé les Etats à adopter une attitude sexospécifique dans leurs politiques, stratégies et programmes.  La Conférence de Durban a en outre recommandé à l'Assemblée de déclarer une décennie contre le trafic des personnes, et particulièrement des femmes, des jeunes et des enfants. 


Mme King a noté que l'ONU, les Etats Membres et les organisations non gouvernementales peuvent faire une différence.  La future conférence internationale sur le développement sera à cet égard essentielle, pour partager les bénéfices de la croissance économique, le progrès social et alléger le fardeau de la pauvreté des femmes.  Un autre thème important est celui du rôle joué par les femmes en matière de prévention des conflits, de résolution des conflits et du maintien de la paix.  Le travail dans ce domaine a déjà commencé, en réponse à la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Dans le but de concrétiser tous les aspects de cette résolution (protection humanitaire, formation pour agents du maintien de la paix) un programme d’action a été préparé par le Groupe interagences sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il est important d'inclure le rôle des femmes dans le processus de paix car il faut garder à l'esprit les violences  bien spécifiques à l'égard des femmes liées aux conflits armés.  La situation des femmes afghanes nous en offre un tragique exemple.  Les agences humanitaires des Nations Unies estiment que quelque 7,5 millions de réfugiés, femmes et enfants en priorité, pourraient passer les frontières afghanes dans les semaines à venir.  Avec l'hiver qui approche, il est essentiel d'agir rapidement et de s'assurer que les efforts humanitaires ne placent pas en second les femmes et les enfants.  La crise afghane est un avertissement sur ce qu'il arrive quand les femmes sont exclues du processus de décision.  Aider les femmes à participer aux prises de décisions dans le monde entier, à la table des négociations ou dans l'arène politique, reste un objectif essentiel.


Au sein du système des Nations Unies, les progrès se sont poursuivis et 13 départements et bureaux comportent maintenant plus de 40% de femmes.  Sept organisations ont plus de 40% de professionnelles.  Le Fonds de la population des Nations Unies se place en tête avec un peu plus de 50% de femmes.  Enfin, abordant la situation de l'INSTRAW, Mme King a rappelé que la base financière de l'Institut restait précaire. Si l'INSTRAW est nécessaire, il faut briser le cercle vicieux qui consiste à réduire ses programmes de formation et de recherche à cause du manque de fonds.


MME JOANNE SANDLER, Directrice adjointe du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a présenté le rapport sur les activités de l'UNIFEM, et s’est exprimée sur ce qu’elle a appelé les leçons apprises en observant la manière dont les femmes organisent et construisent une paix durable.  Tout d'abord, elle a noté que les femmes savent aujourd’hui remettre en question la tradition qui consiste à justifier la violence.  A cet égard, elle a cité comme exemple les programmes financés par l'UNIFEM pour l'élimination de la violence contre les femmes.  D’autre part, les femmes investissent à long terme dans l'éducation et les campagnes d'information destinées à toucher les esprits et les cœurs des populations.  L'UNIFEM a réuni dans toutes les régions des groupes qui travaillent sur des stratégies visant à mettre fin à la violence fondée sur la sexospécificité, a précisé Mme Sandler.  Elle a relevé par ailleurs que la présence des femmes fait la différence lorsqu'elles sont invitées à la table des négociations pour la paix.  A cet égard, elle a mentionné que l'UNIFEM a soutenu la Conférence des femmes pour la paix au Burundi, en juillet 2000, qui a réuni des femmes de 19 partis politiques et abouti à 23 accords qui seront présentés au cours des négociations pour la paix au Burundi.  De l'avis de Mme Sandler, les femmes font la preuve que la lutte contre le VIH/sida correspond à un combat contre l'injustice et l'inégalité.  Elles sont en outre souvent les piliers des équipes de secours, dans la lutte contre le VIH/sida.  Enfin, elles font le lien entre les besoins de droits sociaux et économiques et la notion de sécurité humaine.


Questions après présentation des rapports


Avant le débat, quelques délégations ont souhaité poser des questions aux intervenants qui ont présenté les sujets.  La représentante de la Belgique a demandé comment la Division de la promotion de la femme s'organise pour gérer ses nouvelles tâches autour du protocole facultatif et si les nouvelles technologies de l'information sont prises en compte par l'UNIFEM.  Mme King a expliqué que, pour faire connaître le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), une publication a été distribuée.


Le représentant de l'Inde a regretté que certaines questions ne soient effectivement pas traitées dans les rapports.  Mme King a exprimé elle aussi sa déception que beaucoup de questions ne soient pas traitées de manière complète.


La représentante du Bénin a fait part de son inquiétude résultant du fait que les pays les moins développés subissent souvent les conséquences d’un événement grave.  En ce qui concerne les tragiques événements qui viennent de se produire aux Etats-Unis, elle a posé la question de savoir s’il y avait lieu d’être inquiet.  Mme King a estimé qu’il fallait être vigilant pour éviter que les femmes n’en subissent les conséquences.


Quant au représentant de Cuba, il a exprimé sa satisfaction  pour la bonne qualité des rapports et a regretté qu’ils aient été publiés un peu tardivement.  Il a en outre demandé des précisions sur les mesures prises pour appliquer la résolution 1325.  Il y aura une réunion au début du mois de décembre et des rapports des missions de maintien de la paix portant directement sur les questions de la femme, ainsi que des consultations multiples, lui a-t-on répondu.


La représentante de l'Algérie a enfin demandé, au sujet de l'additif au rapport sur le suivi de la session extraordinaire sur les femmes et de la Conférence de Beijing, des précisions sur certaines activités de la Division de la promotion de la femme. 


Débat général


MME BIRGIT STEVENS (Belgique), au nom de l'Union européenne et des Etats associés, a rappelé que la grande majorité de ceux qui subissent les effets préjudiciables des conflits armés sont des civils, notamment les femmes et les enfants.  Les femmes jouent aussi un  rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix.  Il est donc primordial qu'elles participent sur un pied d'égalité à toutes les prises de décisions pour la prévention, la gestion et le règlement des différends.  L'Union européenne appelle les Etats Membres à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, qui qualifie de crimes contre l'humanité le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable, commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre une population civile.


L'Union européenne encourage les Etats à mettre en oeuvre des plans nationaux de lutte contre toutes les formes de violences à l'égard des femmes et des enfants, dans le but de développer des politiques transversales et intégrées.  Elle s'engagera par ailleurs en 2002 à développer des indicateurs dans le domaine de la violence domestique, qui permettront d'évaluer l'ampleur du phénomène et de mieux en comprendre les causes et les conséquences.  L'Union européenne a par ailleurs condamné la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle ou économique.  Il importe d'adopter une stratégie qui vise à la fois à condamner les trafiquants et leurs complices, à prévenir la traite et à aider les victimes.  Revenant sur les droits des femmes et des fillettes, l'Union européenne a rappelé l'importance pour la démocratie d'une pleine et égale participation des femmes à la vie politique, sociale, économique et culturelle. A cet égard, l'Union s'est montrée préoccupée par le sort subi par les femmes afghanes, qui constitue une négation flagrante des droits fondamentaux. Le nombre croissant de réserves à la Convention contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes la préoccupent également. 


La Déclaration politique et le Programme d'action de la Conférence de Durban ont pris en compte la perspective de genre dans toutes les actions menées contre le racisme.  L'Union européenne a été attentive à cette question, tout comme à celle de l'égalité de traitement en matière d'emploi et de travail.  L'Union européenne a d'ailleurs adopté une directive sur le sujet, ainsi qu'un programme d'action communautaire de lutte contre la discrimination.  Pour bâtir une société fondée sur le respect de la diversité et de l'égalité, le développement économique est indispensable.  L'indépendance économique des femmes permet de combattre la pauvreté et de parvenir à un développement réellement durable.  S'agissant de la lutte contre le VIH/sida, un des messages de la Commission de la condition de la femme à la session spéciale sur ce thème en juin dernier était de placer la question  de l'égalité des sexes au cœur de toute l'analyse et de toutes les activités liées à la pandémie.  Ce message a été entendu.  L'Union européenne s'en réjouit, tout comme elle se réjouit du travail accompli par les Nations Unies en leur sein pour promouvoir l'égalité des sexes.  L'égalité entre hommes et femmes est une valeur fondamentale de l'Union européenne depuis son origine, a conclu la représentante, et par son action l'Union européenne poursuit la promotion de l'égalité entre les sexes.  Elle est déterminée à intégrer la dimension de l'égalité et la perspective de genre dans toutes ses politiques. 

M. CLIFFORD S. MAMBA (Swaziland) s'est exprimé au nom de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (CDAA) et a signalé deux facteurs -soit la pauvreté et le sida- qui ont aggravé la situation des femmes de la région depuis la Conférence de Beijing.  Il a noté que 40 pour cent de la population de l'Afrique australe, en majorité des femmes et des enfants, vivent dans la pauvreté.  Il a indiqué que 10 millions de personnes environ dans la région vivent avec le VIH/sida, soit 5 pour cent de la population totale, ajoutant que la proportion de femmes contaminées y dépasse largement celle des hommes.  Sur la question de la place des femmes dans les postes de décisions, il a mentionné que dans la majorité des pays d'Afrique australe, plus de 15 pour cent des parlementaires sont des femmes, indiquant que la région s'efforce d'atteindre l'objectif de 30 pour cent fixé dans la plate-forme d'action de Beijing.


Le représentant a attiré l'attention sur le fait que la majorité des membres de la CDAA a adopté des politiques précises sur la situation des femmes, alors que d'autres en sont encore à l'étape des consultations en vue de finaliser des politiques à cet égard.  M. Mamba a rappelé en outre que les pays d'Afrique australe ont adopté en 1997 une déclaration sur les femmes et le développement en tant que mécanisme de suivi à la Conférence de Beijing.  Une conférence tenue à Maseru, Lesotho, du 11 au 16 décembre 2000, s'est penchée sur la mise en oeuvre d'une annexe à la Déclaration sur la prévention et l'élimination de la violence contre les femmes et les filles.  Tout en reconnaissant que ce type de violence persiste dans la région, il a noté que la Conférence a permis de recenser des progrès notables dans les domaines des mesures juridiques et de la sensibilisation du public à cette question.  Le représentant a déploré certaines pratiques traditionnelles, notamment les mutilations génitales qui ont pour effet de subordonner les femmes et de les rendre plus vulnérables au VIH/sida et aux infections transmises sexuellement.  Il a souligné l'appui de la CDAA à l'accès des femmes à la propriété foncière, qu'il a qualifié de moyen important pour réduire la pauvreté des femmes.  Le représentant a enfin plaidé en faveur du maintien de l'INSTRAW, un institut qu'il juge important pour effectuer des recherches sur le progrès des femmes.


M. BAGHER ASADI (République islamique d'Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a considéré que la résolution adoptée au cours de la 55ème session de l'Assemblée générale sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la 23ème session de l'Assemblée générale, ainsi que les décisions de la Commission du statut de la femme, fournit un plan de campagne complet et bien ciblé.  Il reste des défis et des obstacles importants dans la mise en œuvre complète de la Déclaration de Beijing.  Parmi les défis les plus essentiels, il a exhorté à davantage de transparence et d’action, dans les politiques, programmes et processus décisionnels aux niveaux national, régional et international.  En outre, il a expliqué que les processus en cours tels que la session extraordinaire sur les enfants et le suivi des activités sur le racisme et la discrimination raciale, doivent inclure la perspective de sexospécificité dans leur programme de travail et dans l'ensemble de leurs activités.  Cette perspective devrait aussi être partie intégrante des activités menées au sein du système des Nations Unies.  Il s'est félicité à cet égard des nombreuses initiatives émanant de différents organes des Nations Unies.

Au sujet de la Déclaration de Beijing, M. Asadi a rappelé que l'éradication de la pauvreté et tous les programmes destinés à promouvoir les femmes constituent la pierre angulaire de la campagne qui tend à réaliser la vision à long terme de la communauté internationale dans ce domaine.  Selon M. Asadi, une attention particulière devrait être portée sur la situation des femmes vivant en

milieu rural.  Le représentant a ensuite cité des exemples de facteurs qui contribuent à perpétuer des situations dans lesquelles les femmes souffrent d'inégalités.  Ainsi, il a évoqué l'augmentation de l'inégalité économique entre les hommes et les femmes, le chômage et la pauvreté des groupes les plus marginaux.  La créativité et le potentiel des femmes doivent pouvoir se développer grâce aux droits dont elles jouissent, a-t-il ajouté.  La lutte contre les stéréotypes doit être au centre des actions en ce domaine.  Une participation de tous est nécessaire, aussi bien le pays développé ou en développement que les gouvernements et les ONG.


Aucune société n'étant exempte du phénomène de la violence à l'égard des femmes, le Groupe des 77 et la Chine ne cessent de combattre ce phénomène.  Le représentant a d’autre part souhaité que les gouvernements créent un environnement propice pour que les femmes puissent participer pleinement à la vie de la société.


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili), au nom du Groupe de Rio, a rappelé que la Conférence régionale sur les femmes d'Amérique latine et des Caraïbes s'apprête à se pencher sur la mise en oeuvre des accords déjà conclus, en matière d'égalité entre les sexes par exemple. Beaucoup de travail reste à faire, car les situations désavantageant les femmes persistent, et les droits fondamentaux des femmes ne sont pas toujours respectés.  A cet égard, la situation des femmes afghanes préoccupe le Chili.  Abordant la question de l'éducation et de la formation, le représentant a précisé que la participation des femmes au travail, dans des conditions d'égalité, est nécessaire pour éliminer la pauvreté et doit constituer un des principaux axes des efforts futurs. 


C'est pourquoi la Déclaration de Santiago, à laquelle ont souscrit les chefs d'Etat du Groupe de Rio, a reconnu l'importance de l'équité dans l'élaboration et la mise en place de nos politiques liées au développement économique et social et au renforcement de la démocratie.  On peut déjà constater certains résultats.  Par exemple, les femmes sont entrées massivement sur le marché du travail au cours de cette dernière décennie, les services de santé se sont développés, et des progrès ont été accomplis sur le plan législatif.  On peut aussi noter des progrès dans la consolidation de la justice entre les sexes. Les changements les plus importants pour les femmes résideront dans la reconnaissance de l'exercice de leurs droits. 


Le virus du VIH/sida constitue cependant un obstacle à ces réalisations.  Le Groupe de Rio estime que cette pandémie est une question urgente de politique extérieure, avec des implications importantes en matière des droits de l'homme.  La pandémie remet aussi en question des décennies de progrès difficiles.  Un développement économique plus équitable constitue un autre défi.  A noter aussi le problème de la discrimination dont les femmes font l'objet.  Cette discrimination est double, puisqu'elle est sexuelle et qu'elle est aussi liée à l'origine, la culture ou le niveau social.  Dans la région du Groupe de Rio par exemple, les femmes indigènes ont tendance à vivre dans une plus grande pauvreté que les autres

femmes, et cela les prive de l'exercice de leurs droits.  Le Groupe de Rio reconnaît, à ce sujet,  tous les droits des peuples autochtones et rappelle la nécessité de revoir les politiques migratoires pour éliminer les pratiques contre les migrants et notamment les femmes migrantes. En matière de racisme, la discrimination pèse lourd sur les femmes d'origine indienne ou africaine.  Cette question montre qu'il reste encore fort à faire.


M. ZHANG LEI (Chine) a attribué une large part des difficultés rencontrées par les femmes aux conflits, guerres et actions terroristes, dont celles-ci sont habituellement les principales victimes.  A cet égard, la Chine invite les pays à se conformer strictement à la Charte de l'ONU et au droit international, afin de résoudre leurs différends par des moyens pacifiques.  M. Lei a aussi déploré que la marginalisation croissante d'une partie des pays en développement face à la mondialisation de l'économie, affecte tout particulièrement les femmes sur les plans de la participation politique, de l'emploi, de l'éducation et de la santé.  A cet égard, la Chine a exhorté les pays industrialisés et les agences internationales pertinentes à pleinement tenir leurs engagements, notamment dans le domaine de l'élimination de la pauvreté.  En tant qu'organe chargé de superviser la mise en oeuvre de la plate-forme de Beijing, le représentant de la Chine a attiré l'attention sur la Commission de la condition de la femme, dont le rôle a été renforcé mais dont les méthodes de travail devraient à son avis être améliorées.  Il a enfin rappelé la promulgation en Chine en mai dernier d'un vaste programme de développement et de participation politique des femmes pour la décennie à venir.


MME GALINA KHVAN (Fédération de Russie) a indiqué que son pays est favorable à la mise en place d'un dialogue constructif sur les questions relatives à la violence dont sont victimes les femmes.  Beaucoup de propositions figurant au rapport du Secrétaire général méritent notre attention, a-t-elle estimé.  Elle a expliqué que la Fédération de Russie prend actuellement diverses mesures pour s'assurer de la promotion de la femme.  Ainsi, elle a signé le Protocole sur la traite des femmes et des enfants, qui a permis de renforcer l'attention des organes exécutifs russes sur ces questions.  En outre, le 20 avril 2001 a eu lieu une réunion de la Communauté interministérielle russe sur les questions relatives à la femme, au sein de laquelle ont été examinées des mesures de prévention à l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants.  La représentante a aussi mentionné que la Fédération de Russie a signé le Protocole facultatif de la CEDAW, et adopté un plan national d'action pour améliorer la condition de la femme pour 2001-2005.  Par ailleurs, elle a invité les Nations Unies à porter leur attention sur les situations de crise.  Le régime des Taliban a été condamné en ce qu'il viole systématiquement les droits de la femme, a-t-elle rappelé.  De son avis, la Commission de la condition de la femme et d'autres organes des Nations Unies doivent continuer à protéger les droits de la femme face à la menace terroriste.


MME CLARE FLEMING (Banque mondiale) a indiqué que la Banque mondiale était déterminée à faire de l'égalité entre les sexes un point central de la lutte contre la pauvreté.  Les inégalités liées au sexe font obstacle au développement, à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté.  Les femmes et les filles sont les premières victimes des inégalités liées au sexe, et cette situation finalement heurte toute la société.  Au cours des dernières décennies, des progrès ont eu lieu en matière d'égalité entre hommes et femmes, notamment dans le secteur de l'éducation et de la santé.  L'espérance de vie des femmes a augmenté de 15 à 20 ans dans les pays en développement.  Enfin, la plupart des femmes ont rejoint la population active.

Certains progrès restent pourtant fragiles.  Dans certains pays, les rapides changements socioéconomiques ont créé de nouveaux défis.  Et avec la mondialisation, un évènement dans une partie du monde affecte la terre tout entière, ainsi que nous l'ont démontré les attaques du 11 septembre dernier.  Les évènements du 11 septembre vont probablement heurter la croissance des pays en développement, condamnant quelques 10 millions de personnes en plus à la pauvreté en 2001 et en 2002.  20 000 à 40 000 enfants de plus de moins de cinq ans pourraient mourir.  En Afrique, deux millions de personnes en plus seront condamnées à vivre avec moins de un dollar par jour.  Les évènements du

11 septembre et ses conséquences économiques sont mauvais pour tout le monde, mais touchent particulièrement les femmes dans les pays en développement.  Elles représentent la majorité des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de un dollar par jour.


Les défis à venir sont nombreux, et pour les relever la Banque mondiale a notamment prêté quelques 5,3 milliards de dollars pour favoriser l'éducation des filles.  Au cours des deux dernières années, la Banque a mené des recherches sur le développement et la sexospécificité.  Il en ressort que les politiques de développement qui ne prennent pas en compte la question de la sexospécificité auront un impact plus limité.  Enfin, il y a un mois de cela, la Banque mondiale a adopté une nouvelle stratégie tenant compte de la question de la sexospécificité, ce qui a donné un nouvel élan à nos actions liant développement et sexospécificité.


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