En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/522

LES DELEGATIONS SONT FAVORABLES A L'ADOPTION DE MECANISMES REGIONAUX POUR COORDONNER L'APPLICATION DE MESURES CONTRE LE BLANCHIMENT D'ARGENT

16/10/2001
Communiqué de presse
AG/SHC/522


Troisième Commission

11e séance – après-midi


LES DELEGATIONS SONT FAVORABLES A L'ADOPTION DE MECANISMES REGIONAUX POUR COORDONNER L'APPLICATION DE MESURES CONTRE LE BLANCHIMENT D'ARGENT


«Deux à cinq pour cent du produit national brut mondial proviennent du blanchiment de l'argent sale."  C'est ce qu'a déclaré cet après-midi le représentant de Cuba devant la Troisième Commission qui poursuivait l’examen des questions relatives au crime, à la justice pénale, et au contrôle international des drogues.  On estime par ailleurs que l'argent blanchi chaque année génère 300 à 500 milliards de dollars.  Les organisations criminelles qui retirent ces fonds de l'activité économique légitime portent atteinte au développement économique et à la démocratie.  Pour empêcher la criminalité transnationale organisée de continuer à prospérer, il importe avant tout d'assécher financièrement les organisations criminelles et de s'attaquer efficacement au blanchiment de l'argent sale, ont estimé la plupart des délégations.


Préoccupées par l'ampleur croissante du problème, les délégations se sont déclarées favorables à l'adoption de mécanismes régionaux pour coordonner l'application de mesures contre le blanchiment d'argent.  La République-Unie de Tanzanie, en coopération avec la Communauté de développement d'Afrique australe, a adopté des programmes d'échange d'informations sur le sujet ; de plus les lois sont en train d'être harmonisées et des programmes communs de formation ont été mis en place.  En outre, le représentant du Nigéria  s'est proposé d'accueillir, à Abuja, une conférence internationale sur le blanchiment d’argent.  Nombre de pays en développement, en Afrique notamment, ne disposent pas des capacités nécessaires pour s'attaquer au blanchiment de l’argent sale et demandent une assistance technique pour les aider à amender leur législation nationale.  A cet égard, le représentant de la Malaisie a insisté sur l'élimination des obstacles liés au secret bancaire qui entravent les activités de prévention, d'enquête et de répression dans les affaires de blanchiment d'argent.  Par ailleurs, plusieurs délégations africaines se sont félicitées du travail de l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI), et ont émis l’espoir qu'un effort international dans le cadre des Nations Unies permettra de sauver l'UNAFRI. 


(à suivre – 1a)


En début de séance, la Commission a examiné plusieurs projets de résolution, présentés respectivement par les représentants du Chili, du Bénin, de la Mongolie, des Philippines et de la République islamique d'Iran.  Les documents portant sur la suite donnée au Sommet mondial sur le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale; sur la suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées et la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement; sur la préparation et la célébration du dixième anniversaire de l'Année internationale de la famille; sur la mise en oeuvre du Programme d'action mondial concernant les handicapés, vers une société pour tous au XXIe siècle; et sur la Décennie des Nations Unies pour l'alphabétisation, l'éducation pour tous. 


Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Myanmar, Sri Lanka, Cuba, Ukraine, République-Unie de Tanzanie, Ouganda, Australie (au nom du groupe Canz), Kazakhstan (au nom de la Communauté des États indépendants), Pologne, Malaisie, Kenya et Nigéria. 


La Commission terminera l'examen de ce point de l’ordre du jour demain, mercredi 17 octobre à 10 heures. 


Présentation de projets de résolution


Suite donnée au sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale


Aux termes d’un projet de résolution sur la Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/C.3/56/L.11), présenté par la représentante du Chili, l’Assemblée générale réaffirmerait, d’une part, les engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement lors du Sommet mondial pour le développement social; et d’autre part les décisions prises sur les nouvelles mesures et initiatives destinées à accélérer le développement social pour tous.  L’Assemblée inviterait le Secrétaire général, le Conseil économique et social, la Commission du développement social, les commissions régionales, les institutions, fonds et programmes compétents des Nations Unies et autres instances intergouvernementales concernées, à prendre en priorité, dans le cadre de leurs mandats respectifs et de manière coordonnée, toutes les mesures nécessaires pour qu’il soit effectivement donné suite à tous les engagements et toutes les initiatives mentionnés dans la Déclaration de Copenhague et dans le programme d’action ainsi que dans les nouvelles initiatives de développement social.  Elle inviterait les gouvernements à appuyer les travaux de la Commission du développement social, notamment en assurant la participation de représentants de haut niveau à l’examen des questions politiques relatives au développement social, et en continuant à évaluer périodiquement les progrès réalisés au niveau national. 


Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux handicapés et à la famille


La représentante du Bénin a présenté un projet de résolution sur la préparation et célébration du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille (A/C.3/56/L.7), amendant le projet de résolution sur la même question portant la cote A/C.3/56/L.2, par lequel l'Assemblée générale demanderait instamment aux gouvernements de considérer 2004 comme une année d'échéance lors de laquelle des résultats concrets devront avoir été obtenus pour identifier et préciser les questions intéressant directement les familles.  Aux termes de ce projet d’amendement, l’Assemblée générale encouragerait les commissions régionales, dans la limite de leurs mandats et de leurs moyens respectifs, à participer à la préparation du dixième anniversaire de l’Année internationale de la famille et à s’employer activement à faciliter la coopération dans ce domaine. 


Aux termes d’un projet de résolution sur le Rôle des coopératives dans le développement social (A/C.3/56/L.8), présenté par le représentant de la Mongolie, l’Assemblée générale approuverait le projet révisé de directives visant à créer un environnement propice au développement des coopératives qui offre aux États Membres un ensemble de principes généraux à prendre en considération pour définir ou réviser leurs politiques nationales concernant les coopératives.  Elle engagerait les gouvernements ainsi que les organisations internationales et les institutions spécialisées compétentes, en collaboration avec les organisations coopératives nationales et internationales à prendre dûment en considération le rôle que les coopératives peuvent jouer dans la mise en oeuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial pour le développement social, de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) et du Sommet mondial pour l’alimentation, ainsi que de leur examen quinquennal et la contribution qu’elles peuvent y apporter.  Elle inviterait les gouvernements, en collaboration avec le mouvement coopératif, à mettre en place des programmes visant à promouvoir une gestion professionnelle des coopératives ou à la renforcer ainsi qu’à créer des bases de données statistiques sur le développement des coopératives et sur leur contribution aux économies nationales ou à améliorer celles qui existent déjà.


Aux termes d’un projet de résolution sur la Mise en oeuvre du Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées: vers une société pour tous au XXIe siècle (A/C.3/56/L.9), présenté par le représentant des Philippines, l’Assemblée générale demanderait aux gouvernements, une fois adopté un plan national en faveur des handicapés, de faire le nécessaire pour aller plus loin, notamment en créant des mécanismes de promotion et de sensibilisation, ou en renforçant les mécanismes existants, et en allouant les ressources suffisantes pour la mise en oeuvre intégrale de tous les plans et initiatives.  Elle engagerait les gouvernements à continuer de soutenir les organisations non gouvernementales qui contribuent à la mise en oeuvre du Programme d’action mondial concernant les personnes handicapées.  Elle les engagerait également à faire participer les handicapés à la formulation de stratégies et plans destinés à éliminer la pauvreté, à promouvoir l’éducation et à améliorer l’emploi. 


Elle exhorterait les gouvernements à coopérer avec la Division de statistique du Secrétariat pour poursuivre l’élaboration des statistiques et indicateurs mondiaux sur les incapacités.  Elle exhorterait les gouvernements, les organisations intergouvernementales et les organisations non gouvernementales à apporter une protection spéciale aux filles et aux femmes handicapées, aux personnes âgées handicapées et aux personnes souffrant d’incapacités développementales et psychiatriques, l’idée étant de les intégrer dans la société et de protéger et promouvoir leurs droits fondamentaux.  Elle encouragerait les gouvernements, les organisations intergouvernementales, les organisations non gouvernementales intéressées et le secteur privé à continuer d’alimenter le fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les handicapés.  


Aux termes d’un projet de résolution sur la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation: l’éducation pour tous (A/C.3/56/L.10), présenté par le représentant de la Mongolie, l’Assemblée générale proclamerait la période de dix ans débutant le 1er janvier 2002 Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation.  Elle demanderait instamment à tous les gouvernements de faire preuve d’une volonté politique plus ferme et de mettre en place des cadres de décisions plus ouverts qui permettent une participation plus active et plus large à la promotion de l’alphabétisation.  Elle demanderait également à tous les gouvernements de redoubler d’efforts pour atteindre leurs propres objectifs en matière d’éducation pour tous en se fixant des cibles et des échéances bien arrêtées.  Elle demanderait à tous les gouvernements ainsi que les organisations et institutions économiques et financières, tant nationales qu’internationales, d’apporter un appui financier et matériel plus important aux efforts faits pour développer l’alphabétisation et atteindre les objectifs de l’éducation pour tous, notamment le cas échéant dans le cadre de l’initiative 20/20. 

Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées


Aux termes d’un projet de résolution sur la suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/C.3/56/L.6), présenté par le représentant de la République islamique d'Iran, au nom du Groupe des 77 et la Chine, l’Assemblée générale recommanderait que le Comité préparatoire prête l’attention due à la période couverte par la stratégie et le plan d’action proposés qui seront adoptés lors de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. 


Poursuite du débat général sur la prévention du crime et la justice pénale et sur le contrôle international des drogues


M. U HLA MYINT (Myanmar) a réaffirmé l'engagement de son pays à enrayer la production de drogues illicites et en a donné pour preuve qu'entre 1998 et 2001, plus de 31 tonnes d'opium et plus 4 tonnes d'héroïne et quelque 312 602 litres de précurseurs chimiques ont été saisis.  Examinant les conditions qui favorisent la production de drogues, il a observé que le sous-développement, la pauvreté, l'absence de paix et de sécurité comptaient parmi les facteurs conduisant les populations vers les cultures illicites.  Le représentant a ensuite expliqué que, par le passé, le plan d'élimination des drogues de son pays mettait l'accent sur la destruction des champs de pavot à opium, mais que depuis le cessez-le-feu signé en 1989 avec les groupes insurrectionnels, le Myanmar a adopté une nouvelle approche visant à favoriser les sources alternatives de revenus.  Ainsi des programmes de développement des régions frontalières ont été mis en place et ont permis de déclarer la région de Mongla, à l'Est du Myanmar, exempte d'opium.  Le représentant a insisté sur le fait que la lutte contre les cultures illicites devait s'accompagner d'un contrôle plus strict des précurseurs sans lesquels les drogues ne peuvent être fabriquées. 


Le représentant s'est ensuite félicité de la coopération avec le Japon, la Chine et la Thaïlande, qui a permis de mettre en oeuvre des programmes de développement alternatif en vue de cultiver et de commercialiser d'autres types de récoltes dans les régions frontalières.  Il s'est déclaré encouragé par le fait que tous ces efforts ont permis de réduire considérablement la surface consacrée à la culture du pavot à opium entre 1998 et 2000.  Il s'est également déclaré encouragé par le fait que le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) a reconnu le développement de cultures alternatives comme un moyen efficace de lutter contre les cultures illicites et apporte maintenant son aide au Myanmar.  En dernier lieu, le représentant a indiqué que son pays entrait dans la deuxième année d'application de son plan de 15 ans en vue de l'élimination complète des drogues et qu'il avait accueilli cette année la réunion ministérielle des six pays de la sous-région du grand-Mékong qui a réaffirmé son objectif de faire de l'ANASE une région exempte de drogues d'ici à 2015. 

M. ALLATHANBY N. NAVARATNARAJAH (Sri Lanka) a rappelé que le lien entre groupes criminels et organisations terroristes, ainsi que la nature multidimensionnelle de leurs relations, constituent un formidable défi pour la communauté internationale.  La nature et le niveau de coopération parmi ces groupes ont atteint un tel degré de complexité qui ne peut être contré que par un effort international concerté.  Les réseaux d'approvisionnement en armes et en munitions, et la collecte massive de fonds par le biais d'activités illégales (contrebande de drogues, trafic d'êtres humains, blanchiment de l'argent) nécessitent une attention accrue de la communauté internationale.  La collecte de fonds des groupes criminels et des organisations terroristes constitue aujourd'hui un autre défi de taille.  Il est nécessaire, à l'échelon international, d'interdire les moyens de financement et les liens entre ces moyens, comme par exemple le lien entre terrorisme et drogues.


Le Sri Lanka est devenu Etat partie à la Convention et aux deux Protocoles complémentaires de Palerme contre le crime transnational organisé.  A Palerme, la communauté internationale a démontré son intérêt pour ces questions et sa volonté d'agir. La conclusion récente, à Vienne, du Protocole contre la fabrication et le trafic illicites des armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, offre un cadre juridique particulièrement important dans la lutte de la communauté internationale contre la fabrication et le trafic d'armes illicites. L'adoption d'un Programme d'action en juillet lors de la Conférence sur le commerce illicite des petites armes et des armes légères sous tous leurs aspects est une autre réalisation  importante de cette année. Le Sri Lanka aurait aimé un programme plus large et plus ambitieux mais le programme tel qu'adopté offre une bonne base pour la coopération internationale en la matière.  L'acquisition d'armes et de munitions par des organisations terroristes et criminelles, et la collecte massive de fonds nourrit les activités criminelles et terroristes et menace la démocratie.  Il est urgent de mener une action internationale concertée pour endiguer cette menace. Le Sri Lanka a par ailleurs exprimé son inquiétude quant au manque de ressources mises à la disposition du groupe d'experts chargé d’étudier les questions de fabrication et de trafic d'explosifs. Le Sri Lanka, a noté le représentant, est particulièrement affecté par le terrorisme; assurant la présidence du Comité ad hoc sur le terrorisme, le pays joue un rôle actif dans la formulation d'instruments juridiques appropriés en la matière. 


M. LUIS ALBERTO AMOROS NUNEZ (Cuba) a observé que les organisations mafieuses, ayant su tirer profit des nouvelles technologies et de la mondialisation, étaient devenues plus puissantes que jamais et en a cité pour preuve que 2 à 5% du produit national brut mondial est représenté par différentes formes de blanchiment d'argent.  La gravité de ce problème mondial appelle évidemment une plus grande coopération internationale, a-t-il déclaré en se félicitant de la vaste adhésion dont ont bénéficié la Convention contre la criminalité transnationale organisée et ses trois Protocoles.  Le représentant s'est également félicité des préparatifs visant à l'élaboration d'un instrument international contre la corruption.  Toutefois, la coopération internationale doit s'appuyer sur le respect du droit international et sur le principe du respect mutuel et de la transparence dans les échanges d'informations. 


Le représentant a ensuite mis l'accent sur le problème posé par le trafic de migrants qui concerne chaque année quelque quatre millions de personnes.  Dans ce contexte, il a insisté sur le fait qu'une loi américaine favorise l'immigration illégale vers les États-Unis de migrants en provenance de Cuba.  Si les mêmes personnes essayaient d'immigrer aux États-Unis par des moyens légaux l'autorisation leur serait probablement refusée, alors que si elles risquent leur vie et entrent aux États-Unis par des voies illégales, elles sont les bienvenues, a-t-il remarqué.  Il s'est inquiété de la survivance de ces pratiques qui violent le droit international et favorisent les trafiquants qui agissent depuis la Floride.  Il s'est inquiété de certaines mesures unilatérales qui font reculer la coopération et empêchent de parvenir à des solutions concertées permettant de lutter efficacement contre la criminalité transnationale organisée. 


MME DINA NESKOROZHANA (Ukraine) a rappelé que les organisations terroristes étaient financées par d'autres activités criminelles, comme la contrebande d'armes, la production et le trafic des drogues ainsi que le blanchiment d'argent.  L'évolution technologique pose par ailleurs de nouvelles menaces aux conséquences désastreuses pour le bien-être et la sécurité de l'humanité.  Le cyber-terrorisme et les autres crimes commis dans ce domaine en sont des exemples évidents.  Des mesures de lutte contre le cyber-terrorisme devraient être prises en considération dans l'élaboration des prochains outils légaux.


Il est aussi nécessaire de prendre des actions décisives contre la corruption. L'Ukraine est particulièrement préoccupée par les liens étroits existant entre le crime transnational organisé, et le trafic illicite des drogues.  De nombreux agissements criminels dans le domaine du trafic illicite d'armes ou d'êtres humains sont financés par des opérations illicites de drogues. Les gouvernements ont pour responsabilité principale la mise en place des mesures figurant dans la Déclaration  sur les principes fondamentaux de la réduction de la demande et dans le Plan d'action sur l'élimination des drogues illicites.  Le PNUCID, a continué la représentante, doit poursuivre son rôle de catalyseur dans cette lutte.


M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que le terrorisme est un problème international, qui concerne tout le monde.  Le terrorisme international, et plus particulièrement le crime transnational organisé et les ressources dont ils disposent, exige une action à l'échelon international.  En agissant ainsi, il serait possible de se doter de dispositions juridiques qui permettraient d'appréhender les coupables.  Dans cette optique, la République-Unie de Tanzanie accueille avec satisfaction la Convention contre le crime transnational organisé et ses Protocoles additionnels.  Le représentant a déclaré que cette Convention est l’aboutissement d'une étape importante dans la lutte conjointe contre le crime. Il est gratifiant de noter, a poursuivi le représentant, que le Centre pour la prévention du crime a déjà commencé à élargir son assistance technique à certains pays, dans le secteur du partage de l'information entre Etats parties et dans celui du renforcement des capacités.


S'agissant du blanchiment de l'argent, la République-Unie de Tanzanie a signalé que des programmes d'échange d'informations pour lutter contre ce problème ont été adoptés par la Communauté de développement de l'Afrique australe.  La Communauté a prévu d'établir, à Dar es-Salaam, un bureau chargé des questions du blanchiment de l'argent.  Ont aussi été mis en place des programmes communs d'entraînement des forces de l'ordre, et les lois des membres de la Communauté sont harmonisées afin de faciliter l'appréhension des délinquants.  La République-Unie de Tanzanie s'est par ailleurs montrée satisfaite du rôle joué par l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants.  L'Institut africain a favorisé la coopération régionale et la coordination pour répondre au défi posé par le phénomène du crime.  Le représentant a demandé une aide technique et matérielle accrue pour l'Institut afin qu'il continue son oeuvre utile.


MME CATHERINE OTITI (Ouganda) a espéré que l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI) sera renforcé en vue de pouvoir faire face à la montée de la criminalité.  En dépit de ses maigres ressources, l'Institut africain fait de son mieux pour s'acquitter de son mandat, mais son action ne pourra être efficace si la situation actuelle perdure.  Elle s'est déclarée encouragée par le fait que l'UNAFRI a lancé une étude sur le trafic illicite d'armes à feu en Afrique et a recommandé que la coopération avec les autres organismes travaillant dans la région soit renforcée, notamment entre le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement basé à Lomé (Togo) et le Centre de l'UNAFRI pour les armes à feu qui devrait être prochainement créé.  Elle a cité en exemple la coopération qui existe entre l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l'Institut pour les études sur la sécurité basé en Afrique du Sud, le Centre d'information et de recherche sur la sécurité, basé au Kenya, et l'organisation britannique Saferworld. 


Espérant que ce type de coopération pourra être élargi, la représentante a insisté sur le fait que l'UNAFRI ne pourrait fonctionner qu'avec des ressources suffisantes.  La représentante s'est félicitée des accords d'aide bilatérale avec les États-Unis, l'Union européenne, l'Institut australien pour la criminologie et a espéré qu'un effort international dans le cadre des Nations Unies permettra de sauver l'UNAFRI.  À cet égard, elle s'est déclarée encouragée par la référence faite par le Directeur du Centre des Nations Unies pour la prévention de la criminalité internationale à la possibilité d'élargir le mandat de l'UNAFRI.  En dernier lieu, rappelant que l'Afrique de l'Est avait été victime du terrorisme, elle a fait part des efforts des pays de la Communauté de l'Afrique orientale pour établir un programme commun en vue d'éviter que le terrorisme frappe à nouveau la région et pour établir des règles de sécurité en accord avec les normes internationales.  


M. GUY O'BRIEN (Australie), a pris la parole au nom du Groupe CANZ (Nouvelle-Zélande, Canada et Australie) et a expliqué que si, en matière de drogues, les politiques nationales avaient pris une grande importance, c’est parce que la menace était globale.  Les gouvernements n'ont pas les ressources nécessaires pour la contrôler seuls.  L'émergence de nouvelles technologies a donné un élan au développement de nouvelles substances, à l'exploitation de nouveaux marchés et à de nouvelles actions menées par les groupes criminels transnationaux.  Le commerce mondial des drogues exploite les vulnérabilités sociales, économiques et politiques des pays.  Pour être efficace, les réponses internationales doivent inclure la mise sur pied d'institutions plus stables, la promotion du développement économique, un effort sur l'éducation et la formation, et des programmes efficaces de réhabilitation.  Des partenariats qui utilisent au mieux les points forts de chaque partenaire sont essentiels, et il faut s'assurer que les programmes de contrôle des drogues soient bien complémentaires.


Pour être plus efficace, la lutte contre la drogue au niveau mondial doit notamment tenir compte de la rapidité d’action des groupes criminels transnationaux qui combinent leurs opérations liées à la drogue avec d'autres manifestations du crime organisé telles que le blanchiment de l'argent ou la contrebande de personnes.  Le crime transnational organisé cherche avant tout à générer des profits.  Il est donc essentiel, a dit le représentant, d'accroître la coopération pour bloquer l'accès de ces profits aux groupes criminels transnationaux.  L'Australie a demandé aux Etats Membres de soutenir certaines institutions internationales, comme la Force spéciale d'action financière, et de les soutenir.  Le PNUCID, a rappelé le représentant, est placé au cœur des efforts visant à combattre le fléau de la drogue, et il est vital de soutenir son travail.  Des efforts ont été entrepris pour améliorer le fonctionnement du PNUCID, et le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande vont continuer à surveiller la réponse du PNUCID.  Etant donné la nature mondiale de la menace posée par les drogues, il est impératif que les efforts se conjuguent et s'amplifient au sein de partenariats avec le PNUCID et avec d'autres agences.


S'exprimant au nom de l'Arménie, du Bélarus, du Kirghizistan, de la Fédération de Russie, du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan, MME MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) s'est déclarée convaincue que la coopération régionale comptait parmi les moyens les plus efficaces pour lutter contre le trafic des drogues.  C'est pourquoi les pays de la communauté des États indépendants ont joint leurs efforts dans des actions communes et adopté une base légale commune qui comporte plusieurs instruments régionaux de coopération.  Elle a rappelé que la coopération régionale se déployait également dans le cadre de l'organisation de coopération du Groupe de Shanghai qui comprend la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Fédération de Russie, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan, fondé en 1996 pour traiter des questions de sécurité régionale, y compris le trafic des drogues.  La dernière réunion d'experts du Groupe, qui s'est tenue le 11 octobre dernier, a proposé d'entamer l'élaboration d'un programme spécial pour lutter contre le terrorisme, le trafic des drogues et le séparatisme. 


La représentante a ensuite attiré l'attention sur la situation de l'Afghanistan et sur la vulnérabilité des pays de l'Asie centrale et de la Communauté des États indépendants, auxquels s'ajoutent d'autres États d'Asie du sud, des États baltes et du Caucase qui sont devenus des pays de transit pour le trafic des drogues à destination de l'Europe occidentale.  En 2000, l'Agence de contrôle des drogues du Tadjikistan et les troupes de contrôle aux frontières de la Fédération de Russie ont saisi quelque 3,8 tonnes de drogues, y compris 1 tonne d'héroïne et en même temps qu’augmentaient les saisies d'héroïne à l'intérieur du pays.  Elle a demandé à la communauté internationale de renforcer son action dans la région et s'est déclarée particulièrement favorable à la création par le Groupe «six plus deux», avec l'appui du PNUCID, d'un groupe de travail en vue de renforcer les opérations de contrôle visant à enrayer le trafic des drogues en provenance d'Afghanistan et au plan d'action régional mis en oeuvre en septembre 2000. 


M. MAREK MADEJ (Pologne) a estimé que la priorité absolue devrait être accordée à la prévention et à la lutte contre le crime international et la corruption, deux phénomènes très souvent liés, et la corruption étant l'une des méthodes de travail du crime organisé. Une lutte efficace contre le crime organisé et la corruption exige une législation nationale large et complexe, dans la mesure où il s'agit de traiter des questions compliquées et fort dangereuses.  Il est indispensable de tenir compte du facteur économique pour combattre le crime organisé et la corruption.  Concentrer les efforts sur le châtiment des criminels ne suffit pas, il faut aussi tarir les sources de revenus générés illicitement par les crimes.  A cet égard, la Pologne a effectué des changements dans sa législation et un Bureau spécial de l'information financière a été créé pour collecter et analyser toutes les informations obtenues sur les transactions financières impliquant possiblement des biens aux origines douteuses.

Pour combattre le crime transnational, une forte coopération internationale est indispensable à tous les niveaux et entre toutes les institutions: police, procureurs et tribunaux.  Les Nations Unies, où sont préparés et adoptés les instruments juridiques internationaux, doivent jouer ici un rôle essentiel.  Le représentant a rappelé que la Convention contre le crime transnational organisé, ouverte à la signature à Palerme en décembre 2000, avait été suggérée, dès 1996, par le Président de la Pologne lors de son passage aux Nations Unies.  Désormais, l'objectif de la communauté internationale devrait être d’amener le plus d'Etats possible à ratifier cette Convention, a poursuivi le représentant.  La préparation d'un instrument juridique pour lutter contre la corruption est une autre tâche importante qui attend l'ONU.  La Pologne soutient fortement cette initiative. Au cours de ces dernières années, la Pologne a pris part à de nombreuses activités visant à mettre au point des instruments juridiques pour combattre la corruption. 


M. ZAINUDDIN YAHYA (Malaisie) a exprimé son appui aux travaux du Groupe intergouvernemental d'experts chargé de l'élaboration d'un nouvel instrument international contre la corruption.  Il importe que ce nouvel instrument soit toutefois fondé sur le respect des principes de souveraineté, d'intégrité territoriale et de non-ingérence, a-t-il précisé.  Au vu de la menace que la corruption fait planer sur la démocratie et sur le développement, la Malaisie a établi une agence anti-corruption, chargée d'enquêter sur les actes présumés de corruption et le gouvernement a pris des mesures en vue de traduire en justice ceux qui se sont rendus coupables d’un tel crime. 


Le représentant s'est félicité du consensus auquel est parvenue la communauté internationale dans sa lutte contre le terrorisme et a appelé la section sur le terrorisme du Bureau des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime à travailler en étroite collaboration avec le Bureau des affaires juridiques pour mettre en oeuvre son plan d'action.  Le représentant s'est ensuite inquiété du fait que les bons résultats obtenus en matière de réduction de la culture du pavot à opium en Afghanistan risquent à présent d'être remis en question.  Il a estimé indispensable de venir en aide aux agriculteurs pour éviter qu'ils ne retournent à la culture du pavot.  S'inquiétant également de l'ampleur croissante du trafic des drogues, il a observé que si les politiques de réduction de la demande doivent être mises en oeuvre par les États, les politiques de réduction de l'offre reposent essentiellement sur la coopération internationale.  À cet égard, il a fait part de la coopération des pays membres de l'ANASE et de la Chine en vue de traiter le problème posé par les amphétamines.  Au niveau national, la Malaisie a adopté un plan stratégique dont l'objectif est de parvenir à une génération exempte de drogues d'ici à 2023. 


Abordant en dernier lieu la question du blanchiment d'argent, le représentant a observé que le secret bancaire constitue le principal obstacle aux enquêtes pénales dans ce domaine.  Il a indiqué que la Banque centrale de Malaisie a établi un comité intergouvernemental chargé de coordonner l'application des mesures contre le blanchiment d'argent.  


M. BOB JALANG'O (Kenya) a remarqué que le problème du trafic des drogues s'est amplifié ces dernières années. Le Kenya est devenu un important point de transit, et les conflits dans les pays limitrophes ont exacerbé encore le problème.  Les drogues entrent au Kenya par les frontières et par le port de Mombassa.  Les frontières avec un pays voisin ont ainsi été fermées, afin de réduire le commerce des armes illicites qui s’effectue parfois parallèlement au commerce des drogues.  A cause de la pauvreté aiguë et du chômage, les jeunes kenyans sont exposés aux drogues, ce qui inquiète grandement les autorités.  Le Kenya est pourtant déterminé à lutter contre le crime à tous les niveaux. Des unités spéciales de la police ont été mises en place, un contrôle strict des mouvements aux frontières a été mis en place et des traités d'extradition ont été signés avec les pays intéressés. Les agents de douanes et d'immigration ont reçu une formation plus poussée en matière de drogues illicites, et un Comité interministériel a formulé un plan directeur de lutte contre la drogue.  En outre, le gouvernement a promulgué une loi qui pénalise les trafiquants de drogues de façon très stricte.


Au niveau national, une unité anti-narcotique a été renforcée et dotée d'équipements modernes, a poursuivi le représentant. En collaboration avec Interpol, le Kenya mène une lutte contre les délinquants.  L'Unité anti-narcotique du Kenya collabore également avec le PNUCID.  Au niveau régional, la Communauté d'Afrique de l'Est a adopté un Protocole pour combattre le trafic illicite des drogues.  Le Kenya a en outre soutenu la déclaration de la représentante de la Belgique au nom de l'Union européenne à l'adresse du PNUCID, déclaration qui réclame un soutien optimum aux efforts des pays africains afin de lancer des programmes anti-drogues durables, aux niveaux régional et national.


M. ALHAJI BELLO LAFIA (Nigéria) a appuyé les efforts en cours visant à l'élaboration d'un nouvel instrument international contre la corruption et a espéré que cet instrument comprendrait des mesures permettant de remonter les filières par lesquelles transitent les fonds illicites.  De l’avis de M. Lafia, la corruption est une entrave majeure au développement.  C’est la raison pour laquelle son pays a adopté les mesures qui s’imposent.  Le Nigéria, a-t-il précisé, a procédé à l'arrestation de nombreux criminels et a saisi de grandes quantités de cannabis et d'autres drogues.  Le pays contribue également aux efforts de coopération régionaux et sous-régionaux dans le but d'élaborer un mécanisme pour l'échange d'informations.  À cet égard, il a fait savoir que le continent manquait cruellement de moyens pour former son personnel. 


En dernier lieu, le représentant a informé la Commission qu'une nouvelle plante du nom de Zakami, ayant les mêmes propriétés accoutumantes que les drogues dures, avait récemment été découverte à l'état sauvage dans le Nord du Nigéria.  Selon les informations recueillies, cette nouvelle plante pourrait devenir rapidement un produit de substitution aux drogues dures.  A supposer que d'autres plantes ayant des propriétés similaires puissent exister dans d'autres parties du monde, le représentant a estimé indispensable que le PNUCID entreprenne des recherches dans ce domaine.  Abordant la question du blanchiment d'argent, le représentant a indiqué que son pays accueillerait à Abuja la première conférence internationale sur ce point. 


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