DES DELEGATIONS AFFIRMENT QUE L'ACCROISSEMENT DES DISPARITES A L’INTERIEUR DES PAYS ET ENTRE EUX ENTRAVE LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
Communiqué de presse AG/SHC/514 |
Troisième Commission
3e séance – après-midi
DES DELEGATIONS AFFIRMENT QUE L'ACCROISSEMENT DES DISPARITES A L’INTERIEUR DES PAYS ET ENTRE EUX ENTRAVE LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
M. John Langmore aborde le thème de l'équité,
préoccupation majeure du Rapport sur la situation sociale dans le monde
"La préoccupation majeure qui se dégage du Rapport sur la situation sociale dans le monde est l'équité", a déclaré cet après-midi, le Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social, M. John Langmore qui était entendu par la Troisième Commission qui commençait ses travaux sur les questions relatives au développement social. En effet, il est préoccupant de voir que les disparités continuent de s'accroître à l'intérieur des pays et entre eux. Les inégalités sont des entraves majeures à la croissance et à l'éradication de la pauvreté dans de nombreux pays d'Europe, d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique.
M. Langmore a fait la lumière sur certaines pathologies sociales contemporaines comme les conflits armés, l'expansion de la discrimination, de la violence et du crime. Les objectifs de réduction de la pauvreté et les engagements pris à Copenhague, renouvelés cinq ans plus tard à Genève, sont loin d'avoir été réalisés. Il apparaît indispensable de mettre au point des mécanismes de correction des inégalités et de renforcer les partenariats multilatéraux, ont fait remarquer de nombreux intervenants. À ce propos, la Belgique au nom de l'Union européenne, a réaffirmé son attachement à la Commission pour le développement social qui doit être le lieu d'échange de bonnes pratiques et leçons apprises entre praticiens du développement social.
Plusieurs délégations ont insisté sur le fait que l'éradication de la pauvreté devait se situer au cœur de la coopération internationale. Pour ce faire, un système efficace de coopération internationale pour le développement doit encore être mis en place, a déclaré le représentant de l'Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Toutefois, la diversité culturelle et économique des nations doit être respectée dans la formulation des stratégies de développement social, a rappelé le représentant de l'Égypte. Il faut éviter d'imposer les mêmes approches de développement à toutes les nations au mépris de leur spécificité culturelle et de leurs conditions économiques, sociales et environnementales.
Les représentants des pays suivants ont pris part aux débats : République islamique d'Iran, Belgique, Botswana, Chili, Uruguay, Cuba, Égypte, République de Corée, Malaisie et Républicaine dominicaine. Les représentants de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de la Banque mondiale se sont également exprimés.
(à suivre – 1a)
Par ailleurs, la Commission a décidé de ne pas interrompre ses travaux à l'occasion du débat général qui se tiendra en plénière du 10 au 16 novembre prochains. Le Président, M. Fuad Mubarak Al-Hinai (Oman) a informé la Commission du fait que M. Pino Arlacchi, Directeur général du Bureau des Nations Unies à Vienne, ne pourrait pas participer aux travaux de la Commission cette année, mais serait remplacé par MM. Francis Martens, son adjoint, et Eduardo Vetere, Directeur du centre pour la prévention du crime, qui animeront un dialogue avec les délégations le vendredi 12 octobre au matin. La Commission a également décidé de consacrer chaque jeudi après-midi à l'adoption des projets de résolution qui sont prêts.
La Commission reprendra demain, mardi 9 octobre, à 10 heures, son examen des questions relatives au développement social.
Informations de base
Depuis le Sommet mondial de Copenhague (1995), le développement social, qui s’inscrit dans le cadre du développement durable, du développement économique et de l’amélioration de l’environnement, fait partie des plus hautes priorités du XXIe siècle. Au cours de ces six dernières années, les gouvernements ont constamment réaffirmé leur volonté de placer l’être humain au cœur du développement durable et leur engagement d’éliminer la pauvreté, de favoriser l’intégration sociale afin de construire des sociétés fondées sur le respect et la promotion des droits de l’homme, ainsi que sur la non-discrimination, la tolérance, le respect des diversités, de l’égalité des chances et la participation de tous, y compris ceux qui sont vulnérables, désavantagés et défavorisés. Ces engagements ont été clairement repris lors du Sommet du millénaire (New York, septembre 2000) et de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à l’examen quinquennal de l’application du Programme d’action de Copenhague (Genève, juin 2000). La Déclaration du millénaire, résolument axée sur les questions relatives au développement social, a réaffirmé l’objectif de réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population vivant dans la misère et le rôle fondamental de l’État dans la promotion du développement social. Dans les nouvelles directives pour le développement social, les gouvernements se sont de nouveau engagés à atteindre, dans les plus brefs délais, l'objectif consistant, pour les pays industrialisés à consacrer à l'ensemble de l'aide publique au développement un montant égal à 0,7% de leur produit national brut.
Si la mondialisation et les avancées rapides et incessantes des technologies offrent de vastes possibilités de promouvoir le développement, elles soulèvent encore de graves difficultés, notamment dans les pays en développement et les pays en transition qui se heurtent à de graves obstacles qui les empêchent de s’intégrer pleinement dans l’économie mondiale. Lors de l'évaluation de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social, les gouvernements ont constaté que l'on a même régressé dans certains domaines. En outre, l'inégalité à l'intérieur des États et entre les États a continué à croître. Il importe donc que la communauté internationale, y compris les acteurs non gouvernementaux, mène une action plus décisive et adopte une approche plus novatrice pour éliminer ces obstacles et tirer tout le parti des occasions offertes dans l’intérêt de tous.
Dans le domaine du développement social, la Troisième Commission examine les questions relatives à l’application des politiques et des programmes mobilisant les jeunes, la mise en oeuvre du Programme d’action concernant les personnes handicapées, l’éducation pour tous (EPT), le rôle des coopératives dans le développement social, la suite donné à l’Année internationale de la famille et à l’Année internationale des personnes âgées, ainsi que les préparatifs de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, qui se tiendra à Madrid du 8 au 12 avril 2002.
Documentation
Extraits du rapport sur la situation sociale dans le monde (A/56/104)
La première partie de ce rapport donne les principales tendances du développement socioéconomique. Analysant l’évolution de la situation démographique, le Secrétaire général indique que le taux d'accroissement annuel de la population mondiale s'établit à présent à 1,3% et que les taux de fécondité ont considérablement diminué, y compris dans les pays en développement. Le Secrétaire général envisage ensuite les nouveaux modes de participation économique et d'interaction sociale, au travers notamment de la révolution informatique, ainsi que le rapport entre la mondialisation et l'équité.
La deuxième partie, consacrée au cadre institutionnel, aborde la famille, les générations, le marché, l'État et la société civile. Dans le cadre de la famille, le Secrétaire général examine, entre autres, le problème du relèvement de l'âge moyen des populations et son incidence sur la viabilité financière des systèmes de protection sociale dans les pays développés, ainsi que sur les pays en développement qui ne disposent pas de filet de sécurité pour les personnes âgées. Par ailleurs, il observe que les mesures prises pour réduire l’ampleur des administrations en donnant un rôle accru au marché ont eu des résultats contrastés dans les pays développés et les pays en développement. Dans certains pays, lorsque l’État a cessé d’être le fournisseur de services sociaux, les services assurés pour les pauvres en ont pâti. Dans le même temps, on a vu l’action des organisations de la société civile revêtir de plus en plus d’importance, en particulier dans les pays en développement et dans les pays en transition.
La troisième partie examine les résultats des tendances actuelles sur les conditions de vie, notamment sur l’éducation, le travail et la sécurité des revenus, les disparités en matière de revenus et de pauvreté, ainsi que la qualité de la vie (sécurité alimentaire, santé, logement). À l’échelle mondiale, l’éducation est devenue le plus grand secteur d’activité qui absorbe plus de 5% du PIB mondial. Dans le contexte d’une économie mondiale ouverte de plus en plus fondée sur le savoir, les pays développés sont préoccupés par la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles. En outre, dans tous les pays, les écarts individuels sont grands et s’accentuent dans les pays en développement qui connaîtront des clivages de plus en plus aigus créés par l’inégalité d’accès à l’éducation. Le Secrétaire général constate que l’inégalité des revenus au niveau mondial a augmenté au cours des années 1990 malgré une croissance économique sans précédent.
Dans la quatrième partie de son rapport, le Secrétaire général retrace l’évolution de la protection sociale dans un monde en évolution et dans la cinquième partie, il étudie les perturbations sociales que constituent les conflits armés, la discrimination, la violence, la corruption et la criminalité.
La dernière partie du rapport évoque les implications, en termes d’équité et d’éthique, des mutations en cours qu’il s’agisse des nouvelles frontières de la vie privée, des responsabilités sociales de l’entreprise ou des progrès de la biotechnologie, dans l’objectif de susciter des débats en vue d’esquisser des plans d’action aux niveaux local, national et international.
Projet de proposition et de plan d’action pour une Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation (A/56/114 et Add.1)
Le rapport énonce les objectifs, les principes directeurs, les stratégies de mises en oeuvre, les mécanismes de coordination et les résultats attendus pour la Décennie des Nations Unies pour l’alphabétisation que l’Assemblée générale a prévue de proclamer. Cette Décennie, qui devrait commencer en 2002, propose une vision renouvelée de l’alphabétisation qui passe par un engagement de toutes les parties, le renforcement de la volonté politique et la mise en place de cadres plus larges d’élaboration des politiques. Au titre des principes directeurs, le projet de proposition prévoit qu’il faut assurer le respect des droits, l’accès pour tous, le combat contre la pauvreté, la création de partenariats, et le développement d’environnements propices à l’alphabétisation. Il établit également que toutes les actions seront jugées en fonction des résultats obtenus, notamment l’appropriation locale durable de l’entreprise d’alphabétisation. Pour ce qui est des stratégies de mises en oeuvre, le projet de proposition précise que l’initiative des interventions reviendra aux pays en fonction de la demande et qu’il faut mettre à profit ce qui existe, notamment en rattachant les activités relatives à la Décennie aux activités ordinaires menées au sein de la famille, de l’école, des communautés locales et nationales.
Rapport du Secrétaire général sur les préparatifs de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement (A/56/152)
Le rapport fournit des indications concernant le processus préparatoire de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement qui se tiendra à Madrid (Espagne), du 8 au 12 avril 2002. Elle aura pour tâche essentielle l’adoption d’un Plan d’action international révisé sur le vieillissement. Le premier projet du Plan révisé examiné lors de la première session du comité préparatoire définissait trois orientations prioritaires pour l’action des pouvoirs publics: assurer un développement durable dans un monde vieillissant; promouvoir la santé et le bien être des personnes âgées; créer un environnement porteur et favorable pour tous les âges.
Au titre des activités du système des Nations Unies, le rapport indique qu’une section concernant les activités relatives à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement a été ajoutée au site Web du programme des Nations Unies sur le vieillissement: www.un.org/esa/socdev/ageing/. En outre, l’Espagne a créé un site Web qui fournit des informations sur les activités relatives à l’Assemblée: www.madrid2002-envejecimiento.org.
La Commission est également saisie des documents suivants : Rapport du Secrétaire général sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale(A/56/140) ; Rapport du Secrétaire générale sur le suivi de l'année internationale de la famille(A/56/57 – E/2001/5) ; Rapport du Secrétaire générale sur le rôle des coopératives dans le développement social(A/(56/73) ; Rapport du Secrétaire générale sur la mise en oeuvre du programme d'action mondial concernant les personnes handicapées (A/56/169) ; Rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre du programme d’action mondial pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà (A/56/180) ; Rapport du Secrétaire général sur l’appui au volontariat (A/56/288).
Projets de résolution
La Commission est également saisie d'un projet de résolution relatif à la préparation et célébration du dixième anniversaire de l'Année internationale de la famille (A/C.3/56/L.2), recommandé par l'ECOSOC, par lequel l'Assemblée générale demanderait instamment aux gouvernements de considérer 2004 comme une année d'échéance lors de laquelle des résultats concrets devront avoir été obtenus pour identifier et préciser les questions intéressant directement les familles et mettre sur pied ou renforcer, selon le cas, des mécanismes pour planifier et coordonner les activités des organismes gouvernementaux et des organisations non gouvernementales. L'Assemblée générale prierait la Commission du développement social de continuer d'examiner chaque année les préparatifs du dixième anniversaire de l'Année internationale de la famille dans le cadre de son ordre du jour et de son programme de travail pluriannuel jusqu'en 2004. Elle inviterait les États Membres à envisager d'organiser des activités dans le cadre de la préparation de la célébration du dixième anniversaire de l'Année internationale de la famille au niveau national.
La Commission est également saisie d'un projet de résolution relatif au Fonds d'affectation spécial des Nations Unies concernant le vieillissement (A/C.3/56/L.3) recommandé par l'ECOSOC, par lequel l'Assemblée générale prierait tous les États Membres et autres parties intéressés d'apporter des contributions généreuses au Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies concernant le vieillissement afin de financer les préparatifs de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, en particulier de faciliter la pleine participation des pays les moins avancés. Elle prierait également tous les États et les organisations publiques et privées d'apporter des contributions aux Fonds d'affectation spéciale afin de financer les activités d'information visant à promouvoir la deuxième Assemblée mondiale et ses résultats.
Déclaration liminaire
M. JOHN LANGMORE, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social, s'est inquiété des conséquences à long terme que les attaques terroristes du 11 septembre dernier pourraient avoir. Selon M. Langmore, il est impératif d'agir à la fois sur les symptômes et les racines du terrorisme par des actions multilatérales pour éradiquer la pauvreté, fondement du désespoir. Présentant par ailleurs les grandes lignes du rapport du Secrétaire général sur la situation sociale dans le monde, dont la Commission est saisie, il a indiqué que le document offre une analyse des tendances actuelles. Le rapport fait la lumière sur certaines pathologies sociales contemporaines, comme l'accroissement des inégalités et des conflits armés, l'expansion de la discrimination, de la violence et du crime. M. Langmore a estimé que l'équité se révèle être la préoccupation majeure des experts qui ont contribué à l'élaboration du rapport. En effet, il est particulièrement préoccupant de constater que les disparités entre les pays et à l'intérieur d'entre eux ne cessent de s'accroître. Rappelant que ce rapport, qu'il considère comme un outil analytique à l'intention des gouvernements, est publié tous les quatre ans, M. Langmore s'est demandé s'il ne valait pas mieux publier plus souvent des rapports plus synthétiques, par exemple tous les deux ans. Ces rapports plus courts se concentreraient sur un thème particulier au lieu de présenter l'ensemble de la situation sociale.
M. Langmore a ensuite présenté les autres rapports dont la Commission est saisie, notamment le rapport sur le suivi de la session extraordinaire consacrée à l'examen quinquennal du Plan d'action de Copenhague. Ce rapport met l'accent sur les mesures adoptées par l'ensemble du système des Nations Unies et insiste sur le fait qu'il faut redoubler d'efforts pour réaliser les objectifs fixés dans les nouvelles directives pour le développement social. S'agissant du rapport sur les coopératives, M. Langmore a indiqué que les directives qui y figurent tiennent compte des suggestions des gouvernements. L'adoption des directives des Nations Unies favoriserait la création d'un environnement propice au développement des coopératives dont l'importance pour le développement social n'est plus à démontrer.
Présentant ensuite le rapport sur la mise en oeuvre du Programme mondial pour la jeunesse à l'horizon 2000 et au-delà, il a également fait part d'une lettre du Gouvernement du Sénégal adressée au Secrétaire général, intitulée «Stratégie de Dakar pour l'émancipation de la jeunesse» et concernant les résultats du Forum de Dakar, qui s'est tenu du 6 au 10 août derniers. M. Langmore a émis l'espoir que les débats de la Commission permettront d'éclairer le Secrétariat sur la suite à donner aux problèmes soulevés dans le rapport.
Débat général
Prenant la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Bagher Asadi (République islamique d'Iran) a évoqué l'élimination de la pauvreté, une question qui devrait se retrouver au cœur des stratégies socioéconomiques nationales et de la coopération internationale en faveur du développement. Les gouvernements et la communauté internationale devraient poursuivre des politiques concertées pour garantir des progrès concrets. A l'échelon international, le système des Nations Unies dans son ensemble a une responsabilité particulière à cet égard. Le Groupe des 77, a-t-il dit, soutient le travail entrepris en faveur de l'élaboration d'un Fonds de solidarité mondial pour l'élimination de la pauvreté.
La notion de protection sociale fait partie intégrante du développement social. La mondialisation a eu des effets dévastateurs en marginalisant un grand nombre de pays. D'autre part, il y aurait lieu d'accorder une attention toute particulière à la pandémie du VIH/sida. L'intégration des politiques sociales et économiques est essentielle, a-t-il ajouté. Les politiques macroéconomiques et leurs effets sur la situation sociale doivent être constamment réévalués et revus. Le Représentant a mis en évidence l'intérêt d'une intégration et d'une coordination entre gouvernements et avec le système de l'ONU. La réalisation du développement social, a-t-il insisté, est une question de volonté et de ressources. Il semblerait que les gouvernements du monde entier ont la volonté d'y parvenir. Ce qui doit encore se matérialiser est un système effectif de coopération, qui assure que les efforts nationaux bénéficient du soutien nécessaire. Le Représentant a souligné que le Groupe des 77 et la Chine attachent une importance particulière à la Conférence sur le financement du développement, qui doit se tenir en mars 2002 à Monterey, Mexique.
M. Michel Goffin (Belgique), qui s'est exprimé au nom de l'Union européenne et des Etats associés, a insisté sur le fait qu'il n'y a pas de développement économique durable sans développement social. Pour l'Union européenne, la dynamique du renforcement réciproque du développement social et du développement économique doit être constamment mise en évidence. Le Représentant a rappelé que l'Union européenne avait, lors de la 39ème session de la Commission pour le développement social, défendu une approche volontariste de la protection sociale, présentée comme faisant partie intégrante des droits humains. L'Union européenne a réaffirmé son attachement au travail de la Commission, comme instrument privilégié de suivi des engagements. Le Représentant a en outre attiré l'attention sur les questions relatives aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille. Dans un souci de créer une société pour tous, l'UE estime que la participation des personnes de tout âge, ainsi que celle des personnes handicapées est d'une importance capitale. L'intégration des jeunes dans les projets de société, a insisté le Représentant, est fondamentale. La préparation de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement, qui aura lieu à Madrid en avril 2002 est une priorité pour l'UE. Le dialogue intergénérationnel deviendra un instrument clef dans le développement social. Afin d'assurer sa mise en oeuvre, l'UE se félicite de pouvoir confirmer la tenue d'une conférence régionale à Berlin en septembre 2002.
S'exprimant au nom de la Communauté de développement des États d'Afrique australe (SADC), M. LEUTLWETSE NMUALELE (Botswana) a fait part des circonstances exceptionnelles qui ont entravé le développement social de la région, notamment les conditions climatiques qui ont conduit la SADC à adopter un mécanisme régional de gestion des catastrophes naturelles pour gérer les pluies incessantes et les inondations de l'année dernière. Le plus grand défi auquel est confrontée la région reste toutefois l'éradication de la pauvreté, a-t-il remarqué en indiquant que les pays de la région s'employaient à mettre en oeuvre les nouveaux accords de partenariat signés à Cotonou (Bénin) en juin 2000 dont l'objectif est de venir à bout de la pauvreté.
Parmi les entraves pesant sur le développement social, le représentant a également identifié la pandémie du VIH/sida qui pèse particulièrement sur les femmes et les enfants de la région. Il a brièvement rappelé les termes de la Déclaration adoptée le 27 juin 2001 par laquelle les 189 États Membres des Nations Unies se sont engagés à réaliser des objectifs précis au moyen d'actions clairement identifiées. Dans cette optique, a-t-il indiqué, les États membres de la SADC déploient des efforts considérables en vue de réduire la vulnérabilité des groupes à risque, de développer des stratégies pour réduire l'impact de la pandémie sur le développement social et favoriser l'émancipation des femmes, des jeunes et des orphelins sur lesquels les effets de la pandémie se font plus durement sentir. Ainsi la SADC a mis en place un cadre d'action stratégique sur le VIH/sida et un Programme d'action pour 2002-2004 en vue de faciliter la coopération régionale. Au vu des problèmes posés par la mondialisation, le représentant a fait part des difficultés pour les pays en développement de s'intégrer à l'économie mondiale et a espéré que la Conférence sur le financement du développement qui doit se tenir l'année prochaine à Mexico permettra d'obtenir des résultats positifs dans ce domaine.
M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a estimé, au nom du Groupe de Rio, que l'attaque terroriste du 11 septembre dernier ne manquera certainement pas d'affecter les pays en développement de diverses façons, selon les caractéristiques des faiblesses de chacun. Les pays industrialisés devront, pour leur part, réviser à la baisse leurs prévisions de croissance économique pour l'an prochain. Dès lors, la lutte contre le terrorisme est devenue prioritaire pour la communauté internationale. Les Nations Unies, a indiqué le Représentant, doivent notamment participer à cette lutte en mettant en oeuvre les accords définis à Copenhague ainsi que les nouvelles initiatives identifiées dans le cadre de Copenhague + 5 pour éliminer la pauvreté et favoriser l'intégration sociale.
L'élimination de la pauvreté, de même que le projet ambitieux de réduire de moitié l'extrême pauvreté d'ici à 2015, devraient être un objectif essentiel de la communauté internationale. Ce n'est pas une option, c'est un impératif, a-t-il dit. La prochaine session de la Commission pour le développement social sera à cet égard importante. La réunion de Monterrey sera également essentielle. Le groupe de Rio considère que cette lutte pour renforcer la démocratie et créer un monde plus sûr est cruciale. La Déclaration de Santiago, a souligné le Représentant, a ratifié l'importance accordée à cette lutte pour satisfaire les besoins des populations et renforcer la démocratie. Dans cette déclaration, le Groupe a pris des mesures pour favoriser, entre autres, la dignité de l'emploi, et l'accès aux services de santé intégraux pour tous les secteurs défavorisés.
Intervenant au nom du MERCOSUR et des pays associés, M. FELIPE PAOLILLO (Uruguay) a rappelé que les nouvelles initiatives pour le développement social mettent en relief le bien-fondé qu'il y a, d'une part, à partager les expériences réussies et, d'autre part, à intégrer les politiques économiques et sociales. Il a fait part des initiatives adoptées par les États membres du MERCOSUR élargi, notamment en matière d'intégration des politiques économiques et sociales. Ainsi les pays du MERCOSUR ont adopté en 2002 un Programme social et mis en place un nouveau mécanisme qui s'est réuni en mai dernier pour examiner les questions relatives à la pauvreté et au travail des enfants. Un groupe technique doit maintenant s'attacher à définir des politiques précises de lutte contre la pauvreté.
Le représentant s'est ensuite penché sur le contexte international et a insisté sur le fait qu'il était indispensable d'établir un environnement commercial plus juste de façon à permettre la réalisation des engagements pris à Copenhague et renouvelés à Genève, lors de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen quinquennal du Programme d'action pour le développement social.
M.LUIS ALBERTO AMOROS NUÑEZ (Cuba) a indiqué qu'un milliard trois cent millions de personnes vivent en période de pauvreté absolue. Tout cela alors qu'il y a eu Copenhague et le Sommet du Millénaire. Les engagements, a dit le représentant, n'ont pas été respectés. Des politiques d'ajustement structurelles et les exigences en matière de dette extérieure ont aggravé la situation de certains pays. La mondialisation néolibérale continue de renforcer l'injustice, a-t-il poursuivi. Les engagements de Copenhague sont issus du plus grand consensus possible pour que les économies en développement puissent progresser. Il faut aussi commencer à évaluer les modèles économiques en fonction de la justice et de l'équité sociale qu'il est possible de réaliser avec ces programmes.
Le représentant a ensuite évoqué le cas particulier de Cuba, énumérant un certain nombre d'exemples et rappelant que son pays a enregistré des succès au plan du développement social. Le taux de mortalité infantile, la vaccination, la scolarisation constituent, a précisé le représentant, des succès indéniables. Nous travaillons depuis longtemps sur l'application du programme mondial d'action en faveur des jeunes, a-t-il indiqué. Un système de sécurité sociale a été conçu pour les personnes âgées et des programmes ont été élaborés pour satisfaire leurs besoins sociaux. A Madrid, a-t-il indiqué, les délégations seront chargées d'examiner les stratégies qui permettront de prendre en charge, sur le plan sanitaire et social, les personnes âgées. L'accroissement de la population du troisième âge doit requérir des solutions dans tous les pays en développement. Le représentant a évoqué la mise au point de programmes d'appui aux personnes handicapées. L'expérience de Cuba, a-t-il conclu, démontre que le développement social est réalisable avant même de mettre en place le développement économique. Il faut manifestement mettre un terme aux inégalités au niveau planétaire pour que le développement social ne reste pas une chimère pour les habitants de cette terre.
M. YEHIA ODA (Egypte), s'associant à la déclaration faite par l'Iran au nom du groupe des 77 et de la Chine, a constaté que malgré les engagements pris, les résultats ne sont pas encourageants: l'inégalité entre les États et à l'intérieur de ceux-ci continue de croître et l’on observe un recul de la coopération technique fournie par les Nations Unies et les institutions du système de l'ONU. Le représentant a fortement insisté sur la nécessité de reconnaître la dimension culturelle du développement social et d'assurer le respect de la diversité culturelle et économique des nations dans la formulation des stratégies de développement social. Il faut éviter d'imposer les mêmes approches de développement à toutes les nations au mépris de leur spécificité culturelle et de leurs conditions économiques, sociales et environnementales.
Le représentant a déclaré qu'il fallait également veiller à réduire les inégalités dans la distribution des richesses, des bénéfices de la croissance économique et de la mondialisation. Il a remarqué que l'interdépendance croissante des nations faisait subir de nombreuses secousses aux pays en développement sans qu'ils n'en reçoivent de bénéfices significatifs. Reconnaissant que le développement social est la responsabilité première des États, il a rappelé qu'on ne saurait y parvenir sans un appui international aux politiques nationales de développement. Dans ce cadre, il a observé que malgré l'engagement renouvelé des États développés, l'objectif de 0,7% du PNB des États développés consacré à l'aide publique au développement est loin d'être atteint. Seuls trois États l'ont réalisé et un quatrième est prêt à y parvenir. L'objectif concernant l'aide accordée aux pays les moins avancés qui devrait être de 0,15% à 0,20% du PNB des pays développés n'est pas réalisé non plus. Dans le même ordre idée il a insisté sur la nécessité de lever les barrières qui empêchent les transferts de technologies et de savoir-faire, ainsi que les barrières douanières qui pénalisent l'accès des pays en développement au marché mondial. En conclusion, le représentant a rappelé que le droit inaliénable des peuples à l'autodétermination est mentionné à quatre reprises dans la Déclaration sur le droit au développement et que l'occupation étrangère a été clairement identifiée comme une entrave au développement économique et social des peuples.
M. LEE HO-JIN (République de Corée) a rappelé que la crise en Asie a affaibli le tissu social, mais que son gouvernement est parvenu à surmonter les difficultés grâce à des projets liés au bien-être productif. Tout en aidant les groupes vulnérables, il leur a fourni des possibilités de formation professionnelle et l'accès aux soins médicaux. Cette politique de protection sociale productive s'inscrit dans le droit fil des Déclarations de Copenhague. S'agissant de l'éducation, la République de Corée en a fait une priorité absolue.
Parallèlement à la mise en oeuvre de sa politique sociale, mon pays, a précisé le représentant, a oeuvré en faveur du développement mondial, en fournissant une assistance au développement sous ses formes les plus simples et dans le cadre des programmes de coopération. Dans ces programmes, la République de Corée a essayé de tirer les leçons de son propre processus de développement. L'Agence coréenne de développement a d'ailleurs souligné l'importance de ces programmes de développement pour les pays intéressés. L'un des aspects principaux de ces programmes est le renforcement des capacités dans le secteur informatique. La politique économique est inextricablement liée à la politique sociale. Ainsi la République de Corée serait favorable à une série de réunions de groupes d'experts sur l'effet social des politiques économiques. Ces réunions pourraient avoir un résultat tout à fait intéressant et profitable.
M. ZAINUDDIN YAHYA (Malaisie) a souscrit à la déclaration faite par l'Iran au nom du Groupe des 77 et de la Chine et a insisté sur le problème posé par la pauvreté qui reste le plus grand défi qui se pose à la communauté internationale. L'éradication de la pauvreté doit figurer au rang des priorités sur l'ordre du jour de la communauté internationale, a-t-il estimé en rappelant qu'il fallait s'attacher à promouvoir une croissance économique durable et équitable et faire des efforts coordonnés pour réduire de moitié, d'ici à 2015, le nombre de personnes vivant dans une pauvreté extrême. Faisant référence à la crise financière asiatique de 1997, il a ensuite fait part de ses inquiétudes à ce sujet, réclamant la mise en place d'un mécanisme de contrôle des crises financières qui, en raison de l'interdépendance des États, se répercutent dans tous les pays du monde et font reculer le développement social. En outre, tout en reconnaissant que le développement social est la responsabilité des gouvernements, il s'est inquiété de la baisse constante du volume de l'aide publique au développement et a fait appel à la responsabilité de la communauté internationale dans ce domaine.
En ce qui concerne les entraves au développement que constituent la criminalité, la violence, la drogue et les épidémies telles que le paludisme, la tuberculose ou le VIH/sida, le représentant a observé qu'aucun État ne pourrait les vaincre seul et qu'il fallait constituer des partenariats multilatéraux. Il a exhorté les pays développés à venir en aide aux pays en développement dans ces domaines. Le représentant a ensuite apporté des détails sur le plan national de développement et la politique nationale pour la jeunesse adoptés par son pays.
MME JULIA T. ALVAREZ (République dominicaine) est intervenue sur la question du vieillissement et la deuxième Assemblée mondiale qui lui est consacrée et qui se tiendra à Madrid en avril prochain. Il faut, a-t-elle dit, envisager l'avenir et faire face aux conséquences de l'augmentation de l'espérance de vie. Tout dépendra des stratégies adoptées par les gouvernements. Il reste peu de temps pour organiser la réunion de Madrid et préparer une stratégie à long terme. Le comité préparatoire doit se réunir bientôt; jusqu'ici ce comité s'est consacré à des questions de procédure et la représentante a expliqué qu'un temps précieux pourrait avoir été perdu. Pour accélérer le processus, il faudrait, avant la tenue de la conférence, examiner les questions de fond et parvenir, dans toute la mesure du possible, à un consensus.
Il faut aborder le vieillissement de manière positive, a insisté la représentante; l'augmentation d'espérance de vie est une révolution. Cela veut dire, notamment, plus de temps pour contribuer au développement de la société. Il est donc important de se concentrer sur un troisième âge productif. Si l'on met en place des politiques adéquates, ces contributions n'ont pas de raison de diminuer. Les pays en développement, a-t-elle dit, n'ont pas la rigidité économique des pays industrialisés et ont donc plus de souplesse pour traiter cette question. Le troisième âge productif dans ces pays est très lié au problème du développement et à l'élimination de la pauvreté, car les personnes âgées très souvent sont des piliers qui font vivre les familles. Dans l'avenir, elles représenteront un facteur de cohésion pour la société. En outre, a ajouté la représentante, un bon plan doit avoir des échéances précises. Or on peut planifier de façon réaliste sur vingt ans. Il faut aussi faire preuve d'audace pour mettre au point des instruments. Il faut enfin que le plan d'action international pour le vieillissement soit appliqué. Or les ressources humaines et financières de l'ONU sur le sujet sont très maigres. Ces questions sont pourtant importantes et nécessitent un financement approprié.
M. BERNT APELAND, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a dressé un bilan anticipé des actions menées par la Fédération dans le cadre de l'Année internationale des Volontaires qui doit se terminer le 5 décembre prochain. Il a trouvé particulièrement intéressant de pouvoir attirer l'attention des parlements sur le volontariat et renforcer les liens entre la Fédération et les Volontaires des Nations Unies. Il s'est félicité de la mobilisation de deux millions de Volontaires en Afrique contre le VIH/sida, notamment dans des actions visant à contrecarrer la stigmatisation des malades, l'éducation de la jeunesse et des communautés.
Dans la perspective de la prochaine Assemblée mondiale sur le vieillissement, il a présenté la participation des personnes âgées aux programmes de Volontaires en soulignant qu'ils apportent leurs compétences et bénéficient en outre de retrouver une fonction sociale. Toutefois, a-t-il insisté, la force de volontariat est la jeunesse comme le suggèrent les estimations selon lesquelles 80% des Volontaires de la Fédération sont des jeunes. De surcroît, les jeunes permettent de mettre en oeuvre des programmes sociaux, comme le montre l'action des 650 jeunes éducateurs formés au Ghana pour venir en aide aux enfants des rues.
M. EDUARDO DORYAN, Banque mondiale, a réaffirmé l'importance du développement social dans toutes ses composantes. Il importe de ne pas oublier que la personne humaine, sa dignité et le respect de ses droits, sont au centre du développement. C'est pourquoi la Banque mondiale a élargi sa définition de la pauvreté pour y inclure les éléments du développement humain ainsi que l'absence de pouvoir et d'opportunités. Ainsi la Banque envisage désormais la réduction de la pauvreté et le développement comme un tout fondé sur l'égalité des chances, la dignité et le respect mutuel. Détaillant la nouvelle stratégie de la Banque mondiale, il a insisté sur le fait que les pauvres ne devaient pas simplement être les cibles des programmes de réduction de la pauvreté; ils devraient plutôt être considérés comme des partenaires. Ainsi la Banque mondiale qui, en 1980, ne consacrait que 5% de ses prêts aux secteurs de l'éducation, de la santé et de la protection sociale y consacre désormais quelque 25% des prêts qu'elle accorde. Dans ce nouveau cadre, il a considéré qu'il importait désormais de définir des objectifs précis, des plans d'application clairs et des partenariats cohérents.
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