AG/DSI/283

CLOTURANT LE DEBAT GENERAL, LES DELEGATIONS S’INQUIETENT DE LA LENTEUR DES PROGRES EN MATIERE DE DESARMEMENT

17/10/2001
Communiqué de presse
AG/DSI/283


Première Commission

11ème séance – matin


CLOTURANT LE DEBAT GENERAL, LES DELEGATIONS S’INQUIETENT DE LA LENTEUR

DES PROGRES EN MATIERE DE DESARMEMENT


Face aux risques révélés par les évènements

du 11 septembre, elles insistent sur un nouveau paradigme de sécurité


Au cours de la dernière séance du débat général de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale présidée ce matin par M. André Erdos (Hongrie), de nombreuses délégations se sont inquiétées de l’absence continue de progrès sur les différentes questions à l’ordre du jour du désarmement mondial.  Elles ont souligné, à l’instar de nombreux intervenants au cours de ces deux semaines de débat général, que les événements du 11 septembre ont mis en lumière les risques posés par les armes de destruction massive pour la paix et la sécurité internationales et la nécessité de définir un nouveau cadre stratégique international.  Proposant une série de mesures de nature à contribuer à l’accélération du processus de désarmement et de non-prolifération, le représentant du Pakistan a suggéré que la doctrine de la dissuasion nucléaire soit maintenue à son niveau le plus bas possible.  Il a notamment proposé que les deux principales puissances nucléaires s’entendent, sur une base bilatérale, sur un calendrier de réduction de leurs arsenaux nucléaires afin de les ramener à niveau égal avec ceux des autres Etats nucléaires.  Un tel accord, a-t-il estimé, constitue la première étape d’un processus qui associerait ensuite tous les Etats nucléaires à des négociations multilatérales plus avancées pour réduire tous les arsenaux.


Insistant sur la nécessité de promouvoir des mesures de confiance à l’échelle régionale, le représentant du Pakistan a fait une série de propositions à l’Inde dans la perspective d’une nouvelle architecture de sécurité dans la sous-région basée sur la retenue stratégique.  Il a suggéré que l’Inde et le Pakistan se mettent d’accord, entre autres, sur la proclamation officielle d’un moratoire sur leurs essais nucléaires respectifs, sur le principe de ne pas rendre opérationnels leurs missiles nucléaires et de ne pas déployer de missiles balistiques.  Le représentant du Pakistan a proposé en outre à l’Inde le respect d’un moratoire sur l’acquisition et la mise au point de systèmes anti-balistiques et l’ouverture de discussions sur les doctrines de sécurité à mettre en oeuvre dans le sous-continent pour éviter toute course aux armements. 


Autres sujets abordés par les délégations au cours du débat général, la préservation du Traité ABM et la crainte posée par le développement d’un système national de défense antimissile ont été notamment évoqués par les représentants du Pakistan et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui ont mis en garde contre les conséquences de l’introduction de systèmes de défense antimissile en Asie.  Le représentant de la RPDC a en outre regretté que les Etats-Unis prennent comme prétexte la prétendue menace posée par les missiles de son pays « pour justifier le développement de leur système national de défense antimissile qu’il a qualifié de défi lancé à la RPDC.  Le représentant a aussi déploré que le Japon adhère à la politique hostile des Etats-Unis contre la RPDC et s’est notamment inquiété des menaces à la sécurité du Nord-Est asiatique que posent les tentatives du Japon de raviver de vieux rêves de supériorité militaire ». 


Le débat de ce matin a en outre porté sur le commerce illicite et la prolifération des armes légères dont le marché florissant a notamment été dénoncé par le représentant de l’Ouganda.  Sujet de préoccupation pour les délégations tout au long de ce débat général, la prolifération des armes légères déstabilise considérablement les structures des pays en développement.  Leur achat détourne les ressources financières qui devraient être consacrées au développement économique et social.  Les délégations ont généralement salué la teneur du Programme d’action adopté à l’issue de la Conférence sur le commerce illicite de ces armes tenue en juillet.  Celui-ci répond globalement aux préoccupations des pays en développement les plus touchés par ce fléau ont admis les intervenants bien que certaines délégations aient regretté, à l’instar du représentant du Ghana, que les questions de la détention privée d’armes et de la fourniture d’armes à des entités non-étatiques n’aient pas fait l’objet d’un consensus de façon à être intégrées dans le Programme d’action.


Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat : Ghana, Oman, République populaire démocratique de Corée, République de Moldova, Cameroun, Arménie, Turquie, Ouganda, Pakistan, Koweït et Erythrée.  Le représentant du Comité international de la Croix-Rouge a également pris la parole.


En fin de séance, les représentants de l’Iraq et du Koweït ont exercé leur droit de réponse. 


La Première Commission entamera son débat spécifique, le lundi 22 octobre, à 10 heures. 


DEBAT GENERAL SUR TOUS LES POINTS RELATIFS AU DESARMEMENT ET A LA SECURITE INTERNATIONALE


M. YAW ODEI OSEI (Ghana) a rappelé que dans la Déclaration du Millénaire, les Chefs d’Etat et de Gouvernement avaient déjà pris la décision de mener une action concertée contre le terrorisme international et d’éliminer les armes de destruction massive ainsi que de réduire les risques posés par les mines antipersonnel et les armes légères.  Il a ajouté que les attaques terroristes du 11 septembre avaient bien montré l’urgence d’un changement d’attitude dans les négociations sur le désarmement ainsi que l’importance de la Première Commission. Ces attaques ont montré que la communauté internationale a la capacité de se mobiliser, il faut saisir cette occasion pour faire progresser le processus de désarmement en réactivant notamment la Conférence du Désarmement.  Le représentant a regretté que celle-ci ne soit toujours pas parvenue à adopter un programme de travail et exhorté les Etats nucléaires à s’engager véritablement dans un processus de négociations visant à éliminer totalement les armes nucléaires de ce monde.  Il a demandé à ces Etats nucléaires de mettre en œuvre les 13 mesures adoptées lors de la Conférence d’examen de mai 2000 et a réaffirmé l’attachement du Ghana au TNP.  Il a ensuite encouragé la création de zones exemptes d’armes nucléaires notamment en Asie et au Moyen-Orient selon les principes de celles créées par les Traités de Bangkok ou de Pelindaba.  Il a estimé ensuite que la Commission du désarmement des Nations Unies offre aux Etats non nucléaires une plate-forme unique pour faire progresser leurs préoccupations en matière de désarmement.


M. Osei a poursuivi en soulignant l’importance de la lutte contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre qui déstabilise les pays en développement.  Il a salué l’adoption du Programme d’action par la Conférence sur la question tenue en juillet dernier, bien que ce programme n’ait pas répondu à toutes les attentes de sa délégation, notamment concernant la livraison d’armes à des entités non étatiques et la détention de ces armes par des particuliers.  Il a assuré que le Ghana s’emploie d’ores et déjà à mettre en œuvre les mesures du Programme d’action, souhaitant que ses efforts soient renforcés par la coopération régionale et internationale.  Il a ensuite abordé la question du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement basé à Lomé, au Togo, et mentionné les difficultés financières rencontrées par cet organe qui entreprend pourtant de nombreuses activités dans le domaine du désarmement.  Il a enfin annoncé que son pays soutiendrait le projet de résolution présenté par le Nigéria sur l’interdiction du rejet des déchets radioactifs pour réaffirmer les dangers que représentent de tels rejets pour la sous-région ouest-africaine.


M. TAHER MUQUAIBIL (Oman) a estimé que les traités et accords relatifs aux armes de destruction massive sont essentiels pour un monde plus stable à condition que les Etats parties, en particulier les Etats dotés de l’arme nucléaire, respectent les obligations qui en découlent.  En dépit des efforts de la communauté internationale au Moyen-Orient, Israël, qui est le seul Etat à n’avoir pas signé le TNP, fait obstacle à l’instauration d’une paix durable dans la région et à l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires.  Nous demandons à Israël d’adhérer à ce traité et de placer ses installations nucléaires sous les garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).   Nous nous félicitons des résultats de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères qui a permis de prendre conscience de l’ampleur du problème.


M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a fait observer que les engagements pris en matière de désarmement par les Etats nucléaires ne sont pas encore entrés en vigueur et a regretté que les attentes légitimes des Etats non nucléaires ne soient pas prises en compte, notamment en ce qui concerne les arrangements pour les garantir contre l’emploi ou la menace des armes nucléaires.  Il s’est inquiété ensuite de l’augmentation, ces dernières années, des dépenses en armements alors même que les travaux de la Conférence du Désarmement sont bloqués.  Il a ensuite estimé que la mise au point d’un système national de défense antimissile par les Etats-Unis risque de relancer la course aux armements et compromet la sécurité internationale.  Il a jugé que le fait que les Etats-Unis prennent le prétexte de la prétendue menace posée par les missiles de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour justifier le développement de leur système de défense antimissile est un défi lancé à la RPDC.  Il a ajouté que tant que les Etats-Unis provoqueront la RPDC, cette dernière se verra obligée de réagir par des mesures adéquates.


Le représentant a ensuite dénoncé la tentative du Japon de redevenir une puissance militaire qui fait peser une menace à la sécurité dans le Nord-Est de l’Asie.  Il a rappelé que le 29 août dernier, le Japon a entrepris un essai d’une fusée porteuse à grande échelle “H-2A” qui s’apparente à un missile balistique à longue portée.  Il a également mentionné la révision par les autorités japonaises de la Loi sur les forces d’autodéfense qui ouvre la voie à une avancée sans limites de ses forces d’outre-mer.  Il a mis en garde également contre les grandes quantités de plutonium dont dispose le Japon qui peut produire des milliers de bombes nucléaires avant de considérer que le Japon va de l’avant pour raviver sa supériorité militaire.  Il a déploré que le Japon continue d’adhérer à des politiques hostiles contre la RPDC conjointement avec les Etats-Unis.  Le représentant a ensuite affirmé que le programme de missiles de la RPDC est pacifique et ne représente aucune menace pour les pays qui respectent sa souveraineté.  Il a ensuite mis en garde le Japon contre toute démarche visant à achever de vieux rêves et assuré que la RPDC met tout en œuvre pour favoriser la paix dans sa région.  La politique de la RPDC, a-t-il poursuivi, consiste à construire une économique socialiste, sauvegarder sa souveraineté, empêcher la guerre sur la péninsule coréenne et favoriser la réunification. 


Il a appelé les Etats nucléaires à s’investir dans le processus du désarmement, notamment au sein des Nations Unies qui doivent se consacrer pleinement au désarmement nucléaire.  Il a souhaité la convocation d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale qui soit consacrée au désarmement.  S’agissant de l’Accord de sauvegarde avec l’AIEA, le représentant a estimé que la prétendue “question nucléaire” de la RPDC émane de l’objectif sinistre de jeter le trouble sur le pays et résulte de la politique hostile des Etats-Unis à l’égard du pays.  Il a assuré que cette question sera résolue dès que les relations hostiles entre les Etats-Unis et la RPDC s’amélioreront et a regretté que l’Union européenne fasse siens ces mêmes arguments stéréotypés et peu pertinents.


M. ION BOTNARU (République de Moldova) a estimé que la situation actuelle exige une évaluation d’ensemble des questions de désarmement et leur lien avec les impératifs de paix et de sécurité internationales ainsi que l’instauration de modalités de coopération de haut niveau.  Dans cette perspective, nous estimons que la Conférence du désarmement, la Première Commission et les autres forums de discussions doivent intensifier leurs efforts.  Nous réitérons notre appel pour que l’on mette fin à la stagnation des travaux de la Conférence du désarmement. 


Nous attachons également une importance particulière à l’entrée en vigueur du CTBT/TICEN et de START II; à la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence d’examen du TNP; à la préservation du Traité ABM; au lancement immédiat de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles pour les armes nucléaires; à la conclusion de négociations d’un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques; au renforcement des efforts visant à faire face à la prolifération des missiles et à l’adhésion universelle aux instruments multilatéraux.


S’agissant des armes classiques, le représentant a indiqué que son pays est partie aux trois protocole à la Convention sur certaines armes classiques.  Nous demandons instamment aux Etats parties de respecter les engagements par lesquels ils sont tenus.   Nous soutenons les mesures de promotion de la transparence et de la confiance entre les Etats.  Le Registre des armes classiques des Nations Unies et les rapports normalisés des dépenses militaires sont des outils importants.  Nous avons fourni cette année des informations sur nos dépenses militaires et avons l’intention de continuer de le faire dans le futur.  Nous soutenons également les initiatives régionales visant à améliorer les contrôles sur les stocks excédentaires et sur le commerce illicite d’armes classiques.  Dans ce contexte, nous avons accueilli favorablement les modifications apportées en 1999 au Traité sur les Forces conventionnelles en Europe.  La mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence des Nations Unies sur les armes légères facilitera les efforts en cours de règlement des disputes par des moyens pacifiques dans le monde et en particulier dans notre région du Transdnestrian qui est sous le contrôle de groupes sécessionnistes.  Cette région n’est que trop connue pour ses activités illicites de production et de trafic d’armes classiques.


M. NGOH NGOH FERDINAND (Cameroun) a noté qu’une fois de plus, il nous faut déplorer la hausse des dépenses d’armements dans le monde.  Dans le domaine des armes nucléaires, les tendances prometteuses de l’année dernière ne se sont pas confirmées.  Les résultats de la Conférence d’examen du TNP n’ont pas été suivis d’effets concrets.  La Conférence du désarmement n’est pas parvenue cette année encore à s’entendre sur un programme de travail, notamment sur le lancement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins d’armement.  Le CTBT/TICEN n’est toujours pas entré en œuvre tandis que l’état des relations stratégiques entre les principales puissances nucléaires et la stabilité des accords existants sont devenus un sujet de grave préoccupation.  La situation n’est pas non plus reluisante s’agissant des armes chimiques et des armes biologiques, a ajouté le représentant.  Les négociations au sujet d’un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques se sont en effet soldées par un échec.  Le fonctionnement de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques continue de se heurter à de nombreuses difficultés.  Nous exhortons les Etats ne l’ayant pas encore fait à adhérer aux différentes conventions internationales interdisant les armes de destruction massive.


S’agissant des armes classiques, le représentant a estimé que la tenue de la Conférence sur les armes légères a marqué l’aboutissement d’un long processus de sensibilisation et le point de départ d’une large mobilisation des divers acteurs de la société internationale.  Malheureusement, la Conférence n’est pas parvenue à un consensus sur la question du contrôle de la détention des armes légères produites à des fins militaires par les particuliers ni sur celle de leur commercialisation et de leur transfert à des entités non étatiques.  Pourtant, le Programme d’action a relevé le lien qui existe entre le commerce illicite de ce


type d’armes et les activités terroristes.  Le représentant a appuyé les activités des centres régionaux des Nations Unies pour la paix et le désarmement ainsi que les organisations régionales.  Le Centre pour l’Afrique se heurte néanmoins à d’importantes difficultés financières qui l’empêchent d’être opérationnel.  Nous appelons la communauté internationale à contribuer au fonds d’affectation spéciale créé à cet effet.  Nous appelons également à des contributions plus importantes au Comité consultatif des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique.


M. MOVSES ABELIAN (Arménie) a estimé que la Première Commission doit préconiser des mesures contribuant à éliminer les menaces à la paix et à la sécurité internationales que représentent les capacités des entités terroristes et extrémistes.  Il a ajouté que les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer dans le domaine du contrôle des armements et du désarmement et doivent se pencher particulièrement sur la menace que constituent les armes de destruction massive.  Il a exhorté les Etats Membres à élaborer une stratégie commune visant à éliminer ces armes et à promouvoir la non-prolifération.  Le représentant a ensuite évoqué le TNP et la Conférence d’examen des Etats parties de mai 2000, estimant que ce Traité établit une base juridique efficace pour l’élimination du danger nucléaire.  S’agissant du TICEN, il a souhaité que les Etats concernés déploient les efforts nécessaires pour permettre son entrée en vigueur.  Il a déclaré que le Traité ABM de 1972 contribue directement au maintien de la sécurité internationale et qu’il faut dans tous les cas maintenir un équilibre stratégique mondial.  Il a estimé que les zones exemptes d’armes nucléaires renforcent le régime de non-prolifération et ajouté que l’Arménie appuie toutes les initiatives en ce sens dans la mesure où elle respecte le principe du consensus des Etats intéressés. 


M. Abelian a ensuite souligné la préoccupation de l’Arménie face au trafic illicite et à la prolifération des armes légères qui menacent sa sécurité et sa souveraineté et précisé que son Gouvernement a adapté ces dernières années sa législation relative aux procédures d’exportation et à la production de ce type d’armes.  Il a exhorté les Etats à appliquer les mesures contenues dans le Programme d’action adopté en juillet par la Conférence des Nations Unies sur les armes légères.  S’agissant du bioterrorisme et du terrorisme chimique, il en a appelé aux Etats Membres, leur demandant de faire preuve de la volonté politique pour renforcer les instruments existant.  Il a notamment préconisé un mécanisme de vérification efficace, notamment pour la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Il a appuyé la définition rapide d’un protocole de vérification pour la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.  Saluant les progrès importants dans la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa, le représentant a rappelé que l’Arménie soumet sa participation totale à cette Convention à celle des autres Etats de la sous-région.  Il a enfin déclaré que son pays souhaitait être membre de plein droit de la Conférence du Désarmement. 


M. ALTAY CENGIZER (Turquie) a fait valoir l’importance du Traité sur les forces conventionnelles en Europe qui est la pierre angulaire de la stabilité stratégique sur le continent.  Il y a deux ans, les Etats parties ont achevé un processus difficile d’adaptation du Traité aux nouvelles circonstances.  La Turquie y a pris une part importante et ce processus a culminé avec une cérémonie de signature de l’Accord d’adaptation organisée à Istanbul.  Nous souhaitons que les Etats parties créent les conditions propices à leur adhésion à cet accord.  S’agissant des armes légères, le représentant a expliqué que son pays est particulièrement préoccupé par le transfert illicite de ce type d’armes aux groupes criminels et terroristes.  La prévention de tels transferts fait partie


des priorités de la Turquie.  Pour un contrôle international plus efficace, nous encourageons la transparence des transferts et dans ce contexte nous soutenons l’expansion du Registre des Nations Unies sur les armes classiques aux armes légères et de petit calibre.  Nous soutenons des initiatives similaires dans le cadre des Accords de Wassenaar et de l’OSCE.  Pour ce qui est des mines antipersonnel, le représentant a expliqué que des impératifs de sécurité n’ont pas permis à la Turquie de devenir Etat partie à la Convention d’Ottawa.  Nous avons toutefois mis en place un moratoire sur la vente et le transfert des mines et avons conclu un accord bilatéral avec la Bulgarie et la Géorgie.  Nous avons également financé des programmes de déminage en Bosnie-Herzégovine et en Albanie.


Dans le domaine des armes de destruction massive, le représentant a relevé les tentatives visant à améliorer ou à constituer des arsenaux nucléaires, biologiques ou chimiques menées par certains pays et celles visant la sophistication des missiles balistiques.  Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les régions qui abritent une grande concentration d’armes de destruction massive.  Tout effort crédible visant à trouver une solution au conflit au Moyen-Orient doit s’attacher en premier lieu à l’élimination de ces armes.  Il est également important de faire preuve d’une extrême vigilance quant aux transferts de matériaux et technologies sensibles à usage polyvalent.  Le représentant a précisé que son pays, qui figure sur la liste des 44 Etats dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur du CTBT/TICEN, a déposé ses instruments de ratification le 16 février 2000.  La Turquie respecte également les dispositions du TNP qui est un des traités les plus remarquables.  Elle attache une importance particulière à la résolution sur le Moyen-Orient adoptée lors de la Conférence d’examen du TNP de 1995 et qui appelle à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région.  De plus, nous avons pris des mesures en vue de ratifier le modèle de protocole additionnel au régime de garanties de l’AIEA.  Evoquant les travaux de la Conférence du désarmement, le représentant a estimé que les désaccords qui existent sur notamment les questions du désarmement nucléaire et de la prévention d’une course aux armements dans l’espace ne devraient pas faire obstacle à la création de mécanismes sur les questions qui ont déjà fait l’objet d’un accord. 


M. FRED BEYENDEZA (Ouganda) a souhaité que les événements du 11 septembre amènent la communauté internationale à accélérer ses efforts pour faire progresser le processus de désarmement et renforcer les instruments existants dans ce domaine.  Il a notamment demandé l’élimination des arsenaux nucléaires.  Le représentant a appelé les Etats Membres à tout mettre en oeuvre pour faciliter l’entrée en vigueur du TNP et réactiver la Conférence du désarmement.  M. Beyendeza a poursuivi en regrettant que le TICEN ne soit toujours pas entré en vigueur et que les négociations sur un protocole de vérification à la Convention sur l’interdiction des armes biologiques n’aient pas progressé, alors que la menace que les terroristes recourent à ces armes est réelle. 


Il a appelé l’attention de la Commission sur le marché florissant mondial des armes, regrettant dans ce cadre que les pays en développement consacrent d’importantes ressources à l’achat d’armes légères aux dépens de leur développement économique et social.  Il a souligné le lien direct entre ces acquisitions d’armes et la poursuite des conflits en Afrique avant d’appeler les Etats à réaffecter les ressources investies dans les achats d’armes à des programmes de promotion de la paix, de la sécurité et du développement.  Il a déclaré que l’Ouganda attend du Programme d’action adopté en juillet dernier qu’il réponde aux préoccupations des pays africains et a souhaité que les questions de la détention privée et de la fourniture d’armes à des entités non-étatiques soit réexaminées dans le processus de suivi. 


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a noté que les atrocités terroristes du 11 septembre ont montré une nouvelle dimension de la sécurité internationale. Il a souhaité que la campagne en cours soit l’occasion de ramener la paix en Afghanistan, entre l’Inde et le Pakistan, et d’élimer la pauvreté qui promeut la colère et favorise l’adhésion de défavorisés aux thèses terroristes.  Il a exhorté les Etats à renoncer à la compétition stratégique ou à la coercition qui sont incompatibles avec les doctrines de stabilité.  Il a ensuite estimé que les Nations Unies sont le meilleur instrument pour l’élaboration et la mise en oeuvre des approches multilatérales en matière de désarmement. 


Regrettant l’absence de progrès concrets sur les différentes questions à l’ordre du jour du désarmement mondial, M. Akram a souligné les risques posés par les armes nucléaires qui ont augmenté depuis la fin de la Guerre froide.  Il a suggéré que la dissuasion nucléaire soit maintenue à son niveau le plus bas possible.  A ce titre, il a souhaité la réduction, sur une base bilatérale, des arsenaux des deux plus importantes puissances nucléaires pour les ramener à niveau égal avec ceux des autres Etats nucléaires. A son avis, des négociations multilatérales seraient possibles pour réduire tous les arsenaux. Les travaux de la Conférence du Désarmement doivent progresser et les mesures convenues en mai 2000 lors de la Conférence d’examen des Etats parties au TNP doivent être mises en oeuvre.  Il a insisté sur l’importance de faire avancer les pourparlers sur les assurances de sécurité négative et d’élaborer des mesures pratiques pour lutter contre les risques posés par certaines doctrines qui envisagent le recours à l’armement nucléaire. 


Le représentant a ensuite défendu le principe de l’élaboration d’un consensus sur les systèmes d’armements offensifs et défensifs, déclarant que le Traité ABM est le pilier de l’équilibre stratégique actuel et que tout changement doit impliquer au préalable une coopération entre tous les Etats concernés pour éviter une nouvelle course aux armements.  Il s’est inquiété ensuite de l’introduction de systèmes de défense antimissiles en Asie du Sud qui va à l’encontre des doctrines de dissuasion en vigueur jusqu’à présent dans le sous-continent.  Il a ensuite abordé la question des missiles balistiques qui doit selon lui être ajoutée, sous tous ses aspects, à l’ordre du jour de la Conférence du Désarmement afin de parvenir à un accord mondial sur ce sujet.  Il a estimé cependant que le Pakistan ne pouvait souscrire à des mesures dictées sélectivement par certains Etats qui ne s’y soumettraient pas eux-mêmes.


S’agissant des armes classiques, M. Akram a mis en garde contre la sophistication de ces armes dans certaines régions et le fossé croissant entre les budgets militaires des pays développés et des pays en développement.  Il a jugé que ce déséquilibre accentue les ambitions de domination et de conquête militaire de certains Etats.

Il a ensuite prôné une doctrine de la sécurité et du désarmement reposant sur des approches spécifiques à chaque région, soulignant qu’en Asie du Sud, la menace la plus sérieuse à la sécurité du Pakistan provient de son voisin de l’Est.  Cet Etat voisin de l’Est nous menace de frappes d’artillerie pour tenter d’obtenir des concessions sur le Cachemire. Il a demandé à la communauté internationale de dissuader le voisin oriental de son pays de recourir à des moyens militaires et a affirmé que le Pakistan réagirait à toute agression de son territoire.  Abordant les mesures de confiance dans la sous-région, le représentant a fait valoir les initiatives du Président du Pakistan qui a appelé récemment le Premier Ministre indien à reprendre les pourparlers bilatéraux, notamment sur la question du Cachemire.  Il a ensuite suggéré que l’Inde et le Pakistan se mettent d’accord sur une série de mesures incluant notamment la formalisation d’un moratoire sur les essais nucléaires peut-être par un traité bilatéral, le principe de ne pas rendre opérationnels les missiles nucléaires et ne pas déployer de missiles balistiques.  Il a proposé également un moratoire sur l’acquisition et la mise au point de systèmes antibalistiques.


M. TAREQ AL-BANAI (Koweït) a estimé que le spectre de la guerre nucléaire continue de planer sur le monde.  Pourtant il est du ressort des Etats nucléaires de renoncer, ne serait-ce que graduellement, à leurs armes nucléaires et à leurs stocks.  Lors du Sommet du Millénaire, les dirigeants du monde s’étaient engagés à détruire les armes de destruction massive.  Nous ne trouvons aucune justification au recours à l’emploi de ces armes. Il est de la responsabilité des Etats nucléaires de ne pas encourager ou aider le développement de ce type d’armes par des Etats qui n’en sont pas dotés.  Le représentant a regretté l’incapacité de parvenir à l’universalité du TNP et du CTBT, l’impasse de la Conférence du désarmement et l’absence d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Il a dénoncé les dépenses d’armements qui se font aux dépens des programmes de développement.


Le représentant a dénoncé la politique d’Israël, seul Etat de la région à n’avoir pas adhéré au TNP.  Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse pression sur Israël afin de l’amener à placer ses installations nucléaires sous le régime de garanties de l’AIEA.  Les prétextes avancés par Israël sont en contradiction avec ses appels à la paix.  Par ailleurs le spectre de l’armement iraquien fait également planer une menace à la paix et à la sécurité dans le monde.  Il est scandaleux que ce pays ait utilisé des armes de destruction massive contre son propre peuple.  L’Iraq ne coopère par avec le Comité international de la Croix-Rouge pour le rapatriement des prisonniers de guerre koweïtiens, ni avec l’AIEA.


M. AMARE TEKLE (Erythrée) a déclaré que malgré les résultats de la Conférence du TNP et de la Conférence sur les armes légères, son gouvernement a été découragé par les évènements dans le domaine de la maîtrise des armements qui se sont concrétisés par l’augmentation des dépenses militaires, la sophistication des arsenaux, la conclusion de nouvelles alliances, l’impasse des travaux de la Conférence du désarmement et l’échec des négociations sur un protocole de vérification à la Convention sur les armes biologiques.  Il nous faut utiliser pleinement les mécanismes des Nations Unies et convoquer pour cela une quatrième session de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.  Nous demandons aux Etats dotés de l’arme nucléaire de lancer de bonne foi des négociations visant l’élimination de leurs arsenaux.


Il n’est plus possible de se pencher sur les questions de paix sans les lier aux questions connexes de pauvreté, malnutrition, famine, déplacements de population, hausse de la criminalité.  Ces problèmes doivent être réglés en nous concentrant sur les communautés et non pas sur les Etats.  Les concepts d’indivisibilité et d’interdépendance de l’humanité ont pris un nouveau sens depuis les événements du 11 septembre.  Nous sommes unis dans notre vulnérabilité et notre coopération devient urgente.  Les armes légères sont une menace à la paix et au développement socioéconomique des pays.  Il est urgent d’établir un ensemble de règles internationales pour parvenir à réduire de façon efficace les stocks et contrôler leur transfert.  S’agissant des mines, le représentant a expliqué que la Convention d’Ottawa restera lettre morte si les atteintes à ses dispositions ne sont pas assorties de sanctions.


M. GEORGE PACLISANU (Comité international de la Croix-Rouge) a rappelé que deux importantes conférences de révision de traités vont avoir lieu à Genève dans les semaines à venir, à savoir celle portant sur la Convention sur certaines armes classiques le 11 décembre et celle relative aux armes biologiques.  La seconde conférence de révision de la Convention sur certaines armes classiques présente l’occasion unique d’élargir la protection des civils et des combattants dans les conflits non internationaux et d’aborder les problèmes humanitaires des débris de guerre explosifs.  L’Afghanistan, l’Angola, la Bosnie-Herzégovine, le Cambodge, l’Ethiopie, l’Erythrée, l’Iraq, le Mozambique et la Fédération de Russie (Tchétchénie) ne constituent que quelques exemples de pays qui font face à cette problématique. 


Le représentant a appelé les Etats parties, lors de cette prochaine conférence de révision, à mandater un groupe d’experts gouvernementaux chargé d’entamer des négociations visant l’élaboration d’un nouveau protocole sur les débris de guerre explosifs sur la base des principes déjà retenus par la Convention et ses protocoles, à savoir: la responsabilité de l’enlèvement ou de l’aide à l’enlèvement des munitions non explosées; la mise à disposition d’informations techniques; la mise en place de programmes d’information des populations civiles; l’interdiction de l’utilisation de sous-munitions contre des objectifs militaires situés à proximité de concentration de civils.  Nous avons par ailleurs préparé un rapport sur la production et la prolifération des balles de 12.7 mm à usage multiple, a-t-il ajouté.


S’agissant de la Convention sur les armes biologiques, le représentant a demandé aux Etats parties, de n’épargner aucun effort lors de la Conférence de révision en vue de son renforcement.  Il faut s’assurer également que les progrès rapides dans les domaines de la microbiologie, de l’ingénierie génétique et de la biotechnologie ne soient pas utilisés contre l’humanité.  Pour ce qui est de la lutte contre les mines antipersonnel, le représentant a indiqué que le CICR a, depuis 1997, triplé le nombre de campagnes de sensibilisation aux dangers des mines et doublé sa fourniture de prothèses grâce à la Convention d’Ottawa.


Droits de réponse


Le représentant de l’Iraq a dénoncé les agressions quotidiennes exercées contre son pays par le Koweït qui facilite les bombardements américains et britanniques, entraînant la mort de civils innocents.  L’Iraq est exempt d’armes de destruction massive et nous sommes prêts à discuter de ces questions avec toute délégation souhaitant des informations supplémentaires.  Quant aux prisonniers de guerre, il vaut mieux recourir à l’appellation utilisée par le Comité international de la Croix-Rouge, à savoir ”personnes koweïtiennes disparues”.  Nous nous sommes acquittés de nos responsabilités sur cette question.  Nous réitérons l’appel lancé par la Ligue des Etats arabes pour que le Koweït s’assoit à la table des négociations avec l’Iraq pour régler cette question sans la politiser.  Nous lançons un appel pour que le Koweït réexamine sa politique d’agression envers l’Iraq et s’abstienne de présenter des revendications erronées.


Le représentant du Koweït a déclaré que si l’Iraq s’était acquitté de ce qui était exigé de la part du Conseil de sécurité, celui-ci ne traiterait plus de la question iraquienne.  Nous n’avons pas l’intention de politiser la question des prisonniers de guerre.  Le Conseil de sécurité a publié neuf déclarations présidentielles pour que l’Iraq coopère avec le Comité international de la Croix-Rouge et la Commission tripartite.


Le représentant de l’Iraq a ajouté que son pays s’est acquitté de ses obligations.  Les accusations du représentant du Koweït ne sont pas crédibles.  Nous sommes toujours prêts à nous asseoir à la table des négociations avec le Koweït pour résoudre la question des personnes disparues.  Nous lançons un appel pressant au Koweït pour qu’il coopère avec l’Iraq sur cette question.


Le représentant du Koweït a indiqué qu’il était prêt à parler des prisonniers de guerre dans le cadre de la légalité internationale conférée par le CICR et la Commission tripartite.  Malheureusement, l’Iraq refuse de régler cette question qu’elle politise sciemment.


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