L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DÉCIDE D’EXPLORER DE NOUVELLES MESURES POUR LA MISE EN ŒUVRE ET LE SUIVI DES INITIATIVES RELATIVES À L’AFRIQUE
Communiqué de presse AG/1257 |
Assemblée générale
74ème séance plénière – matin
L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DÉCIDE D’EXPLORER DE NOUVELLES MESURES POUR LA MISE EN ŒUVRE ET LE SUIVI DES INITIATIVES RELATIVES À L’AFRIQUE
L’Assemblée générale a clos ce matin son débat sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, en adoptant une résolution aux termes de laquelle elle décide de suspendre les activités du Groupe de travail spécial pendant sa cinquante-sixième session afin d’examiner de nouvelles mesures qui permettraient la mise en œuvre et le suivi des initiatives relatives à l’Afrique qui doivent toutes être guidées par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.
L'importance de ce Nouveau Partenariat a d'ailleurs été soulignée à plusieurs occasions par des délégations qui estiment qu'il illustre la volonté des pays africains de résoudre les problèmes qu'ils ont eux-mêmes identifiés et qui présente les mesures à mettre en œuvre pour les surmonter. Cependant, il s’est avéré que le succès des initiatives prises par les pays africains est tributaire, comme l'a rappelé le représentant de la Sierra Léone, de l'honnêteté et de la sincérité des parties prenantes dans leurs engagements. C'est en ce sens que de nombreuses déclarations ont insisté sur la notion fondamentale de bonne gouvernance qui implique démocratie et respect des droits de l’homme.
Outre la condition de la bonne gouvernance, l'efficacité de l'aide de la communauté internationale, de l'avis de la majorité des délégations repose également sur une meilleure coordination entre les institutions des Nations Unies et avec les organisations régionales et sous-régionales qui permettent de fournir une connaissance approfondie de la réalité économique, sociale et politique du terrain. Pour le représentant de l’Erythrée, si le colonialisme est en partie responsable des crises en Afrique, il faut également mentionner le manque de sécurité, l’irrédentisme, l’ingérence dans les affaires d’autres Etats, le manque d’accès aux ressources et leur répartition inégale.
Se sont également exprimés les représentants des pays suivants: Colombie, Mozambique, Maroc, Uruguay, Fédération de Russie, Malaisie, Erythrée, Chili, Japon et Nigéria. L’Observateur permanent du Saint-Siège a également pris la parole.
L’Assemblée générale se réunira à nouveau demain matin, mercredi 5 décembre à 10 heures et, pour marquer la clôture de l’Année internationale des Volontaires, consacrera deux séances plénières au volontariat.
LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE
Déclarations
M. NICOLAS RIVAS (Colombie) a jugé décourageant le fait que l’attention dont l’Afrique bénéficie dans divers organes des Nations Unies ne soit pas soutenue par une dynamique capable de promouvoir de façon plus décisive la paix et le développement du continent. Il a rappelé qu’en août dernier, la Colombie a encouragé une réflexion sur les démarches régionales pour la résolution des conflits en Afrique. Les efforts déployés au niveau régional, a-t-il poursuivi, doivent être complémentaires et ne pas se substituer à l’action mondiale. Il a estimé qu’en fin de compte le succès dépend de l’entente entre les principaux protagonistes concernant le rôle joué à cet effet par les différents acteurs internes ou externes. Le respect de la souveraineté de chaque pays doit continuer à inspirer la démarche des intéressés, a-t-il précisé.
M. Rivas s’est en outre félicité de la décision prise par la communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest de prolonger de trois ans le moratoire des armes légères en Afrique de l’Ouest. Les conditions favorables à la paix et au développement doivent être mises en place par les Africains eux-mêmes, a-t-il indiqué. L’Organisation des Nations Unies est très bien placée pour orienter la communauté internationale sur les besoins de l’Afrique et aider les pays à renforcer la gestion de leurs affaires. Ma délégation pense qu’il faudrait une pause dans les délibérations du groupe du travail pour créer les conditions favorables à l’évaluation future, a-t-il conclu.
M. OSVALDO NARCISO MARSICO (Argentine) a insisté sur le lien essentiel qui existe entre la prévention des conflits et le développement et sur le rôle du Conseil de sécurité dans le renforcement de ce lien. Or, a-t-il reconnu, l'exercice de cette responsabilité requiert des ressources humaines et une volonté politique. En effet, si une volonté politique avait existé dans le règlement de certains conflits, leurs effets auraient pu être limités, a fait remarquer le représentant. Il aurait été possible, par exemple, d'appliquer un embargo sur les armes durant les étapes initiales de certains conflits. Le Conseil de sécurité doit également disposer d'instruments concrets comme une information précise sur ce qui se passe sur le terrain pour que les systèmes d'alerte rapides puissent fonctionner efficacement. Il doit aussi connaître les causes politiques, économiques, ethniques et sociales des confits. C'est pourquoi, une coopération étroite avec les organisations régionales et sous-régionales est indispensable. Les tribunaux internationaux sont un autre élément de prévention car il est important que les crimes contre l'humanité, comme ceux qui ont été perpétrés au Rwanda, ne restent pas impunis.
Cependant, le représentant a ajouté que la prévention des conflits n'est pas une responsabilité exclusive du Conseil de sécurité. En effet, étant donné la nature majoritairement intra-étatique des conflits africains, la tâche du Conseil de sécurité peut être facilitée par une meilleure coordination avec l'Assemblée générale et l'ECOSOC. Enfin, l'Argentine estime que, même si l'aide au développement doit être augmentée, il faut également favoriser la libéralisation du commerce afin de permettre aux pays africains d'être plus largement insérés dans le commerce mondial.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) avant d’insister sur le fait que les Nations Unies devaient soutenir les initiatives de l’Afrique en faveur de la paix et du développement, a rappelé que la première réunion de la Conférence ministérielle africaine sur la sécurité, la stabilité et le développement en Afrique, qui s’est tenue à Abuja au Nigéria en mai 2000, avait proposé, à cette fin, un Plan d’action et de mise en oeuvre. Il a attiré l’attention sur les efforts de la Communauté pour le développement de l’Afrique du Sud (SADC) en matière d’éradication de la pauvreté, de lutte contre le VIH/sida et de réponses aux défis posés par la mondialisation. Il a précisé que la SADC était engagée dans des activités visant à régler les conflits dans la sous-région et que son unité en charge de la politique, de la défense et de la sécurité, présidée actuellement par le Mozambique, n’épargnait aucun effort pour promouvoir la paix et la sécurité à travers la conception d’initiatives de prévention et de résolution de conflits.
Le représentant a indiqué que le Gouvernement du Mozambique avait approuvé un Plan de réduction de la pauvreté, le PARPA, pour la période 2001-2005 dont la vision stratégique s’appuie sur deux impératifs, la nécessité de maintenir la paix et la stabilité tout en parvenant rapidement à une croissance durable à large assise, fondée sur une large participation de l’initiative privée. Le Gouvernement du Mozambique a également lancé Agenda 2025, un débat national sur l’avenir du pays ainsi qu’un Plan national stratégique de lutte contre le VIH/sida. Ce sont là, a-t-il déclaré, des politiques nationales, stratégies, plans et programmes qui constituent les efforts modestes mais déterminés que nous menons pour nous attaquer aux causes profondes des conflits et promouvoir la paix et le développement durables au Mozambique, en Afrique du Sud et dans le continent.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a déclaré que la multiplication des débats au sein et en dehors des Nations Unies sur la situation tragique du continent africain et les moyens d’y remédier, était à elle seule révélatrice de la profondeur et de la gravité de la crise que traverse le continent. Il a regretté que l’Afrique demeure, malgré son énorme potentiel de ressources naturelles et humaines, un continent sinistré ravagé par des conflits de plus en plus complexes et de plus en plus meurtriers qui hypothèquent sa stabilité et son développement économique et social. En ce qui concerne l’exploitation des ressources naturelles dans les zones de conflits hors de contrôle des gouvernements, il a appelé à une coordination des efforts de la communauté internationale au sein d’une structure adéquate afin que ces ressources ne puissent plus alimenter les guerres civiles et les affrontements armés.
Par ailleurs, le représentant a déclaré que les relations qui se développaient entre les pays fournisseurs de troupes et les membres du Conseil de sécurité favorisaient l’établissement d’un partenariat efficace en matière de maintien de la paix. Dans le même ordre d’idées, il a demandé que l’Organisation adopte des mesures concrètes en vue d’assurer un respect rigoureux par les parties aux conflits des normes du droit humanitaire international, qui ont un caractère impératif et qui s’imposent à tous. Il s’est également félicité de la création d’un Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest qui aura pour mandat de renforcer la capacité de l’ONU en matière de surveillance, d’alerte rapide et de prévention des conflits et qui aidera notamment à coordonner le soutien aux efforts et aux activités de la consolidation de la paix dans la sous-région.
En ce qui concerne la réalisation d’une paix durable et d’une croissance économique réelle en Afrique, il a déclaré qu’elle était tributaire non seulement de l’engagement financier et moral des gouvernements africains, mais aussi de la création d’un environnement propice aux investissements et à la croissance économique, de la restauration de l’aide internationale, de la réduction du fardeau de la dette, de l’ouverture des marchés internationaux ainsi que de la création de petites et moyennes entreprises.
M. CONSEJERO ALBERTO GUANI (Uruguay) a regretté que son pays n’ait pas pu jusqu’ici développer pleinement sa coopération avec ses voisins africains notamment à cause des nombreux conflits persistants. Néanmoins, l'Uruguay contribue à la paix en Afrique, ayant participé à quelque 20 opérations de maintien de la paix sur le continent dont la dernière est celle en République démocratique du Congo. Le représentant s'est félicité du consensus qui existe au sein de la communauté internationale selon lequel la paix, la démocratie et la bonne gouvernance sont les conditions du développement durable de l'Afrique et selon lequel il est indispensable d'élaborer des stratégies globales et intégrées qui abordent les causes profondes des conflits, y compris leurs dimensions économiques et sociales. Le représentant a également estimé que la communauté internationale doit appuyer l'Afrique dans ses efforts pour mener à bien des réformes qui se fondent sur une bonne gestion des affaires publiques et un développement durable.
Le représentant s'est félicité de l'importance accordée dans le rapport du Groupe de travail à l'éducation considérée comme un facteur clef pour parvenir à une paix durable. C’est en effet par l’éducation que l’on peut éviter des affrontements qui finissent par exploser et font alors de nombreuses victimes et détruisent le tissu social. Le représentant a en outre fait remarquer que la pauvreté en Afrique compromet non seulement le développement et la paix sur le continent mais aussi dans le monde entier. Dans ce contexte, il s'est posé la question de savoir comment il est possible, dans un monde de plus en plus interdépendant, qu'une minorité toujours plus riche cohabite pacifiquement avec une majorité toujours plus pauvre. Enfin, en ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida, le représentant a accueilli avec satisfaction les efforts déployés par le Secrétaire général pour mettre à la disposition des pays pauvres des traitements à des coûts accessibles.
M. AMARE TEKLE (Erythrée) a déclaré qu’il était aisé de réfuter la théorie absurde selon laquelle l’état de guerre en Afrique était une activité normale de formation d’un Etat et serait donc une condition naturelle de la politique économique africaine à laquelle il faudrait s’habituer. Il a estimé que, malgré toutes ses difficultés, les faits nouveaux de la dernière décennie sont de bon augure pour l’Afrique puisqu’ils démontrent que les Africains ont rejeté la criminalisation de l’Etat et l’instrumentalisation du désordre. Les vestiges du colonialisme sont la première source de conflit sur le continent, a-t-il déclaré. La violation du droit international en raison de l’irrédentisme et de l’intervention flagrante d’un Etat ou d’un groupe d’Etats dans les affaires d’un troisième Etat est étroitement liée à la cupidité que suscitent les ressources du territoire. Cela doit être considéré comme inacceptable, a-t-il estimé. S’il est vrai que le colonialisme est une source du problème, a-t-il poursuivi, nous ne pouvons le blâmer comme source de tous nos problèmes.
Il a estimé qu’il fallait procéder à une introspection. La délégation érythréenne est d’avis que c’est le manque de sécurité, de bonne gouvernance, d’accès aux ressources et leur distribution inéquitable qui est à l’origine de cette situation difficile, a-t-il ajouté. Le représentant a indiqué qu’une bonne gouvernance et la démocratie sont les éléments sine qua non de la promotion et la protection de l’égalité des conditions des chances. Sans développement démocratique, il ne peut y avoir de sécurité, de stabilité et de paix. Il a estimé que les pays riches devaient déployer de grands efforts, collectivement et individuellement, sur la base de leurs engagements au cours du Sommet du Millénaire, pour aider l’Afrique à relever les défis de la mondialisation. Les conflits et les guerres coûtent très cher à l’Afrique, notamment sur le capital humain, a-t-il fait remarquer. Du fait que les opérations de la paix doivent maintenant relever les défis post-conflits, nous souscrivons aux recommandations du Secrétaire général concernant le désarmement préventif, a-t-il indiqué. Nous devons passer d’une culture de réaction à une culture de prévention. Les opérations de maintien de la paix ne doivent cependant pas être considérées comme des instruments permanents des relations internationales, a-t-il conclu.
M. ANDREY E. GRANOVOSKY (Fédération de Russie) a déclaré que, malgré les éléments positifs des dernières années, son pays reste préoccupé par les tensions qui persistent en Afrique. C'est pourquoi il se félicite de l'importance accordée au lien qui existe entre la paix et le développement. La Russie est par conséquent favorable à une démarche d'ensemble pour renforcer la démocratie en Afrique et est convaincue que si l'on ne sort pas du cercle vicieux de l'instabilité politique et du sous-développement, l’Afrique ne pourra pas s'intégrer à l'économie mondiale. À cet égard, le représentant s'est félicité des mesures prises par l'Union africaine et certains programmes sous-régionaux qui visent à prévenir et régler les conflits. Ceci est la preuve que les Africains peuvent assumer leurs responsabilités en matière de développement durable. Le sommet de l'OUA de Lusaka a en effet été un élément important pour la promotion de la paix en Afrique et a permis de donner un nouvel élan à la coopération multilatérale.
La Russie estime en outre qu'étant donné les risques de la mondialisation et les conséquences des conflits sur le développement, il faut constituer un partenariat mondial qui doit se fonder sur les intérêts mutuels et la responsabilité des Africains eux-mêmes. Cependant, ces derniers doivent pouvoir bénéficier de la contribution de l'ONU et, à cet égard, nous notons avec satisfaction l'intensification de la coopération de l'ONU avec l'OUA qui permet de concentrer les efforts internationaux sur les tâches les plus urgentes. La Russie appuie également les efforts de l'ONU visant à renforcer le potentiel de maintien de la paix en Afrique par l'échange d'informations, les programmes de déminage et la coopération dans le maintien de la paix notamment. Le représentant a aussi indiqué qu'il faut participer au renforcement des institutions démocratiques, à l'établissement de la primauté du droit, à l'intégration sociale des segments de la population les plus vulnérables, qu'il est crucial de prendre des initiatives ayant pour but de réduire l'endettement et d'augmenter les investissements directs étrangers. Enfin, il est indispensable de favoriser une meilleure entente entre toutes les institutions intéressées et, dans ce contexte, nous appuyons la formation d'un Groupe consultatif spécial chargé d'examiner les problèmes des pays ayant traversé les conflits, a conclu le représentant.
M. ZAINUDDIN YAHYA (Malaisie) a regretté que l’Afrique demeure le théâtre de conflits, un lieu où sévit la pauvreté mais aussi les maladies, comme l’Ebola qui a ravagé l’Afrique de l’Est ou encore le VIH/sida qui s’est répandu sur tout le continent. Il a évoqué la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui a mis en évidence que les conflits, les inondations et la détérioration des termes de l’échange ont bloqué la croissance économique de l’Afrique. Pour le représentant, il semblait également évident que les problèmes économiques et sociaux étaient les principales sources des conflits. C’est pourquoi la réduction de la pauvreté reste le plus grand défi que doit relever ce continent, où plus de 300 millions d’Africains vivent avec environ 65 cents par jour. L’Afrique ne pourra sortir de la pauvreté chronique, qui alimente le cycle vicieux pauvreté-violence, que grâce à un soutien international permanent. Il a constaté que le continent africain avait une dette totale de 305,4 milliards de dollars et que l’Aide publique au développement était passée de 56,4 milliards de dollars en 1999 à 53,1 milliards de dollars en 2000.
Le représentant a également évoqué la question du trafic d’armes et s’est félicité du Programme d’action adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, comme un pas important vers l’objectif de prévention et d’élimination de telles armes. Il a, par ailleurs, appelé la communauté internationale à créer un environnement favorable à des investissements afin d’aboutir à un développement durable de l’Afrique. Il a convenu avec le Secrétaire général qu’il fallait obtenir une croissance annuelle de 7 à 8% par an, dans le but de réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015, et il a rappelé l’engagement des chefs d’État lors du Sommet du Millénaire d’accorder une attention spéciale aux besoins de l’Afrique. En conclusion, il a exhorté la communauté internationale, en particulier les pays développés, à faire preuve d’une nouvelle vigueur et d’un nouvel esprit de solidarité, afin de faire de l’Afrique un continent de promesses et de potentialité, uni par le même souci de paix, de coopération, de progrès économique et de la primauté du droit.
M. IBRAHIM M. KAMARA (Sierra Leone) a déploré que dix-sept foyers de conflits, alimentés pour la plupart par les différences ethniques, religieuses ou linguistiques, les inégalités socioéconomiques, l’oppression des minorités ou le non-respect des droits de l’homme, persistent en Afrique. La création par le Secrétaire général d’une équipe spéciale interinstitutions pour l’Afrique de l’Ouest et l’envoi en mars d’une mission dans la région sont des pas importants des Nations Unies en matière de prévention des conflits et d’instauration d’une paix durable à condition toutefois que certaines parties prenantes dans la sous-région soient honnêtes et sincères dans leurs engagements, a-t-il ajouté. Mais quand les flux d’armes illégales continuent à circuler, que l’exploitation illégale des ressources naturelles et les activités terroristes abominables deviennent l’antithèse de ces efforts, ma délégation ne peut que s’interroger sur notre avenir à tous. Le représentant a souligné le maintien dans son pays de la plus importante des forces de maintien de la paix jamais rassemblées ce qui atteste de volonté de la communauté internationale de continuer ses efforts de paix en Afrique en dépit des nombreux soubresauts qui ont entravés la poursuite de ses objectifs. Il a salué, au nom de son Gouvernement et du peuple de Sierra Leone, les soldats de la paix de la MINUSIL, qui cherchent, au prix de sacrifices désintéressés, à sauver son pays de l’oubli. Il s’est joint à l’appel lancé en faveur de la création de capacités dans la sphère des opérations de maintien de la paix et a déclaré partager l’opinion que l’amélioration des pratiques sous les différents aspects du maintien de la paix contribuera à cet objectif.
M. CHRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a indiqué qu’une paix stable et durable en Afrique figure au nombre des priorités de la Communauté internationale. C’est parce qu’il y va de l’intérêt de tous que le Chili a toujours participé activement à la recherche de solutions aux problèmes de l’Afrique depuis le début de la décolonisation. Les problèmes qui assaillent le continent africain ne peuvent être examinés seulement au sein du Conseil de sécurité, il faut une démarche générale intégrée concernant l'Afrique, tenant compte des initiatives des gouvernements africains, a-t-il indiqué. Il a rappelé que quatre Africains sur dix vivent dans des conditions de pauvreté absolue et que tout indique que cette pauvreté s’étend. Il a donc appelé à un effort supplémentaire pour renverser la tendance à la paupérisation qui ne se fera qu’avec une croissance du produit intérieur brut et avec en moins le fardeau de la dette.
Le représentant a indiqué que l’Afrique attend une alliance de progrès qui lui permette de sortir du retard qu’elle a pris. Il a lancé un appel pour que soient respectés les engagements relatifs à l’aide publique au développement. Les faibles taux de scolarisation, la détérioration de la qualité de l’éducation font obstacle à la croissance africaine, a-t-il estimé, et les Nations Unies peuvent apporter sur ce point une aide précieuse. Le représentant a estimé qu’il fallait aussi renforcer les mesures de prévention et de traitement du VIH/sida, tout particulièrement en Afrique. Le Chili reconnaît le rôle des organisations régionales africaines et estime qu’il est essentiel de respecter les organismes de secours humanitaires.
M. YOSHIYUKI MOMURA (Japon) a insisté sur l’importance des activités de l’Organisation de l’Unité africaine au regard des questions de prévention des conflits et de développement économique en Afrique. Il a salué la décision de création de l’Union africaine qui devrait s’accompagner de la création d’un parlement panafricain, d’une banque centrale, d’un fonds monétaire, d’une banque d’investissement et d’une cour de justice. Avec ces taches importantes et complexes qui l’attendent, l’Union africaine aura besoin d’un soutien et d’une coopération accrus de la part de la communauté internationale, a-t-il souligné.
Le représentant a par ailleurs insisté sur la contribution importante de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, aussi appelé processus TICAD, que le Japon appuie depuis 1993, en matière de développement et de prévention des conflits. La participation de plusieurs pays d’Asie à ce processus élargit le soutien au développement africain et promeut la coopération Sud-Sud entre l’Afrique et l’Asie, a-t-il fait valoir. La déclaration présidentielle adoptée lors de la dernière réunion ministérielle du TICAD qui s’est tenue à Tokyo, ces 3 et 4 décembre, se félicite de l’adoption de la Nouvelle Initiative pour le développement de l’Afrique et insiste particulièrement sur le renforcement des bases du développement par la promotion de la paix et de la bonne gouvernance, la nécessité d’investir dans les secteurs des ressources humaines et de la santé ainsi que sur la réduction de la pauvreté par la croissance économique. Le Japon, a-t-il conclu, continuera à apporter sa contribution aux efforts visant à résoudre les immenses problèmes du continent africain. L’annonce de la tenue de TICAD III au deuxième semestre de 2003 en est le plus récent témoignage.
M. OLUSEGUN AKINSANYA (Nigéria) a estimé que la plupart des mesures de prévention des conflits aujourd’hui se font à grande échelle. Face aux ressources limitées, il faudrait développer une culture de la prévention plutôt que d’intervenir dans des conflits destructeurs en vies humaines et en biens matériels. Nous pensons que le Secrétaire général devrait utiliser des mécanismes plus novateurs concernant la prévention des conflits, avec notamment la participation de la société civile, a-t-il indiqué. Il a dit sa conviction que la présence de bureaux de l’Organisation des Nations Unies dans d’autres pays d’Afrique renforcera le rôle de l'Organisation des Nations Unies et contribuera à la paix. Le rôle des organisations régionales et sous-régionales est évident, notamment l’Organisation de l’Unité africaine, a-t-il estimé.
L’appui de la communauté internationale à ces arrangements régionaux renforcerait leur capacité de prévenir les conflits et de construire la paix. Une cause principale d’instabilité politique, a-t-il poursuivi, est la présence d’armes légères. Le Nigéria estime que la restriction de l’accès à ces armes servirait la cause de la paix. La capacité des pays africains de relever les défis ne sera renforcée que si l’on mobilise d’urgence des ressources pour le développement de l’Afrique. Nous pensons qu’une situation dans laquelle de 20 à 60% des revenus des exportations sont consacrés au service de la dette extérieure, ne favorise pas la croissance économique et le développement durable, a-t-il indiqué. L’engagement visant à assurer le développement durable de l’Afrique de manière à intégrer l’Afrique dans le reste du monde est indéniable. Nous voulons maintenant une action concrète et des mesures pratiques pour concrétiser le programme, a-t-il conclu.
M. RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a déclaré que l’Afrique avait un besoin urgent de paix et du soutien résolu de la communauté internationale, non seulement pour mettre un terme aux conflits en cours, mais aussi pour combattre les causes profondes qui les sous-tendent, l’objectif majeur étant d’instaurer une paix durable sur le continent. Il a ajouté qu’il était évident que les conditions nécessaires pour la promotion d’une paix et d’un développement durables ne peuvent être réunies sans l’instauration d’une démocratie participative qui permette aux peuples d’Afrique d’être les artisans de leur propre devenir. Dans ce contexte, il a appelé à promouvoir la bonne gouvernance, le respect des droits humains fondamentaux dans leur universalité et indivisibilité, ainsi que les libertés fondamentales, comme la primauté du droit et le respect de la dignité humaine. En ce qui concerne le fardeau de la dette, il a demandé qu’elle soit non seulement réduite, mais épongée dans sa totalité.
L’Observateur du Saint-Siège a également rappelé l’urgence et le devoir de solidarité dans un monde marqué par la mondialisation et a estimé que le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique dans les années 90, était un pas dans la bonne direction. Considérant que la Nouvelle Initiative des institutions financières internationales dans l’élaboration de stratégies de lutte contre la pauvreté était digne d’intérêt, le Saint-Siège n’en demeure pas moins persuadé que la communauté internationale devrait prendre des mesures urgentes pour améliorer les conditions de vie de millions de pauvres, d’exclus et de marginalisés. En conclusion, il a lancé un appel pressant à une solidarité inventive avec les pauvres et les marginalisés du monde, en particulier ceux d’Afrique, et a formé le vœu que des ressources nécessaires soient mobilisées pour appuyer les efforts des pays africains pour la construction d’un futur, meilleur pour le continent, dont la réalisation ne peut que contribuer à l’avènement d’un monde meilleur où règnent la justice et la paix pour tous.
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