PAIX ET DEVELOPPEMENT SONT POSSIBLES EN AFRIQUE A CONDITION D’APPLIQUER LES REMEDES DEJA CONNUS ET ATTENDUS DEPUIS SI LONGTEMPS
Communiqué de presse AG/1256 |
Assemblée générale
73ème séance plénière – après-midi
PAIX ET DEVELOPPEMENT SONT POSSIBLES EN AFRIQUE A CONDITION D’APPLIQUER
LES REMEDES DEJA CONNUS ET ATTENDUS DEPUIS SI LONGTEMPS
Alors que l'Assemblée générale entamait cet après midi son examen de la question intitulée «Causes des conflits et la promotion de la paix et d'un développement durables en Afrique», son Président, M. Han Seung-Soo (République de Corée) a décrit en quelques chiffres la situation du continent. Dix-sept conflits affectent actuellement près de la moitié des pays africains, a-t-il signalé; bien que beaucoup de pays africains ont affiché une croissance lente mais régulière au cours des années 90, la croissance de ceux affectés par des conflits reste négative; 23 millions d'Africains sont morts du VIH/sida laissant derrière eux 10 millions d'orphelins. Région la plus pauvre du monde, l'Afrique représente seulement 2% du commerce mondial et le revenu cumulé de 48 pays africains était, en 1997, inférieur à celui d'un seul petit pays développé en Europe, a-t-il été précisé par ailleurs.
Il nous faut renverser la tendance, a déclaré le Président de l'Assemblée générale rejoint en cela par la plupart des intervenants. Le représentant de la Tanzanie qui présentait le projet de résolution dont l'Assemblée était saisie, a fait observer que le rapport du Secrétaire général, également soumis à l'Assemblée, reflétait la nouvelle prise de conscience des liens entre développement et éradication de la pauvreté. Les causes du sous-développement sont connues, les mesures à prendre pour redresser la situation sont connues, tout le problème réside dans leur mise en oeuvre, ont dit en substance plusieurs délégués. Au nombre des mesures à prendre de façon urgente pour permettre à l'Afrique de ne pas rester en marge de la communauté internationale dans le processus de mondialisation, ils ont cité l'accroissement de l'Aide publique au développement (APD) et des investissements, l'accès aux marchés des produits et services africains, l'intégration des pays africains à l'économie mondiale.
Le rôle de l'Assemblée générale dans les efforts visant à instaurer la paix et le développement durables en Afrique a également été souligné en particulier par le représentant de l'Algérie. Quant au représentant de la Belgique, s'exprimant au nom de l'Union européenne, il s'est prononcé en faveur de la mise en place d'un cadre d'action unifié basé sur une rationalisation des initiatives existantes. Dans le même ordre d'idées, le représentant des Etats-Unis a suggéré au Secrétaire général de ne pas renouveler le Nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique dans les années 90 ainsi que la deuxième Décennie pour le développement industriel de l'Afrique.
Outre les intervenants déjà cités, ont pris la parole cet après-midi les représentants des pays suivants: Inde, Afrique du Sud, Togo, Singapour, Chine, Norvège, Egypte, Pakistan, Ghana, République de Corée et Jamahiriya arabe libyenne.
L'Assemblée poursuivra son examen de ce point demain matin, le mardi 4 décembre, à 10 heures.
LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE
Dans le rapport du Groupe de travail spécial à composition limitée chargé d’examiner les causes des conflits dans la promotion d’une paix et d’un développement durable (A/56/45), le Groupe de travail a indiqué avoir retenu les deux thèmes de discussion suivants: la prévention des conflits et la consolidation de la paix après les conflits et l’éducation. Il a noté qu’en matière d’éducation, des progrès ont été enregistrés dans les domaines suivants : éducation des filles, promotion de centres d’excellence, mise en valeur et renforcement des ressources humaines en Afrique, alphabétisation des adultes mais que des obstacles demeurent: insuffisance de ressources financières et d’équipement éducatif, insuffisance des moyens dont disposent les établissements, fuite des cerveaux, pandémie du sida, prolifération des conflits armés, détournement des ressources destinées au développement.
En matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix après les conflits, il signale que des initiatives ont été prises dans les domaines suivants: collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales, nomination d’envoyés et de représentants spéciaux, création d’une Équipe spéciale interorganisation pour l’Afrique de l’Ouest, renforcement du rôle des femmes dans les processus de paix à l’échelon régional et interrégional, réinsertion des soldats démobilisés. Il fait néanmoins état de difficultés en matière de consolidation de la paix après les conflits et cite : l’accroissement de la pauvreté, les carences sur le plan de la gouvernance, les conflits, la violation des droits de l’homme, la mauvaise gestion des ressources, la faible capacité institutionnelle, l’insécurité alimentaire, l’aggravation du chômage et de l’exclusion sociale, l’insuffisance des ressources financières et l’incapacité de réagir dans les délais et avec les moyens voulus aux situations d’urgence.
Au titre des interventions et mesures proposées en matière d’éducation, le Groupe de travail préconise l’application du cadre d’action de Dakar et le renforcement de l’assistance aux pays africains. Il recommande également d’améliorer les programmes d’assistance et d’appuyer la création de centres de formation virtuelle. Le Groupe de travail encourage l’UNESCO à organiser des forums régionaux. Il recommande à tous les fonds, programmes et organismes à tenir compte de la prévention du sida dans leurs activités. Pour ce qui est de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix après les conflits, le Groupe de travail recommande d’associer la société civile aux activités menées par les gouvernements et les organisations régionales et sous-régionales, de promouvoir une bonne gestion dans les affaires publiques et de redoubler les efforts pour limiter la pauvreté. Enfin, le Groupe de travail considère que la consolidation de la paix après les conflits est un élément capital de la prévention des conflits.
Le rapport du Secrétaire général sur l’Application de ses recommandations figurant dans son rapport sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/56/371), est présenté conformément à la résolution 55/217 de l’Assemblée générale du 21 décembre 2000 et met à jour l’information contenue dans le rapport intermédiaire sur l’application des recommandations du Secrétaire général présenté au Conseil de sécurité en septembre 1999 (S/1999/1008. La section II décrit les mesures de suivi spécifiques qui ont été adoptées ou menées á bien en ce qui concerne le rétablissement, le maintien ou
la consolidation de la paix après les conflits. La section III présente dans leurs grandes lignes les faits nouveaux survenus dans les domaines de la gouvernance et du développement durable. Les conclusions dans la partie IV soulignent la nécessité, pour la communauté internationale, d’appuyer les efforts déployés par les pays africains afin d’entreprendre et de poursuivre la réforme de leur économie.
Le rapport fait état des progrès réalisés dans l’application des recommandations du Secrétaire général, mais reconnaît qu’il restait encore beaucoup à faire pour améliorer le mode de fonctionnement politique et économique des pays du continent africain et mettre fin à la prolifération des armes légères. La lutte contre la pauvreté dans la région doit se voir accorder un rang de priorité élevé et la mobilisation de ressources nationales et étrangères revêt un caractère d’urgence. Les capacités restreintes de l’Afrique en matière d’épargne et d’investissement font que la région va continuer à compter sur un partenariat international puissant et résolu. Le Secrétaire général insiste pour que soit entendu l’appel lancé par le Conseil économique et social dans sa Déclaration ministérielle et que soit accordée une attention particulière aux besoins qui sont propres aux pays africains lors de la Conférence internationale sur le financement du développement de mars 2002 à Monterrey (Mexique).
Projet de résolution A/56/L.28
L’Assemblée générale déciderait de suspendre les activités du Groupe de travail spécial pendant sa cinquante-sixième session, afin d’examiner de nouvelles mesures en vue de la mise en œuvre et du suivi des initiatives relatives à l’Afrique, dont la déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau de la session de fond de 2001 du Conseil économique et social, compte tenu du prochain examen du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique dans les années 90 et des initiatives connexes, qui devraient tous être guidés par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique. Elle inviterait le Groupe de travail à réexaminer son mandat pendant la cinquante-septième session de l’Assemblée générale et à étudier entre autres la meilleure manière de mener ses travaux, ainsi que son champ d’action et la nature de son activité. L’Assemblée générale demanderait également que l’Équipe spéciale interdépartementale/inter-organismes fournisse aux États Membres, chaque année, des matrices à jour indiquant l’état d’avancement de la mise en œuvre des diverses recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général.
Déclarations
M. HAN SEUNG-SOO, Président de l'Assemblée générale (République de Corée), a insisté sur l'urgence qu'il y avait à soutenir les Etats africains dans leurs efforts pour parvenir à une paix et un développement durables. Il a rappelé que la Déclaration du Millénaire, dans son chapitre 7, s'engageait à aider à la consolidation de la démocratie en Afrique, à prêter assistance aux Africains dans leur lutte en faveur d'une paix durable, de l'éradication de la pauvreté et du développement durable et les ramener ainsi dans la mouvance de la mondialisation. 17 conflits font rage actuellement en Afrique, a-t-il rappelé, près de la moitié des pays africains sont touchés; alors que beaucoup de pays africains ont affiché une croissance lente mais régulière dans les années 90, les pays en conflit ont une croissance négative; 23 millions d'Africains sont déjà morts des effets du VIH/sida qui a également fait dix millions d'orphelins. Il nous faut renverser la tendance, a-t-il déclaré.
Le Président a salué le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) qu'il a décrit comme une initiative lancée et gérée par les Africains et qui tire sa force de la volonté des pays africains de surmonter la marginalisation et le sous-développement. Il a appelé la communauté internationale à jouer son rôle en leur fournissant des ressources financières publiques et privées accrues, en leur facilitant l'accès aux marchés et en réduisant leurs dettes. Il a invité les Nations Unies à soutenir de toutes leurs forces les pays africains et à favoriser le développement de partenariats entre l'Afrique, la communauté internationale et la société civile y compris le secteur privé. L'Assemblée générale continuera à jouer un rôle majeur en évaluant et en contrôlant les progrès réalisés en Afrique, notamment grâce au travail du Groupe de travail spécial à composition non-limitée chargé d'examiner les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique ainsi qu'à travers le processus préparatoire en vue du prochain examen du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90.
M. MUHAMMAD YUSSUF (République-Unie de Tanzanie) au nom du Groupe africain, présentant la résolution A/56/L.28, a indiqué le fait que les Nations Unies ont toujours considéré que le développement de l'Afrique était une priorité. Il a observé que le rapport marquait une évolution dans la façon dont les Nations Unies abordaient autrefois les questions du développement en Afrique. Le présent rapport met en évidence les liens entre le développement et l'éradication de la pauvreté. Le représentant a indiqué que le projet de résolution avait pour but de souligner le rôle crucial que doit jouer l'Assemblée générale à cet égard.
S’agissant de la position de son pays sur cette question, il a fait observer que les causes profondes du sous-développement de l'Afrique sont désormais bien connues et que le défi à relever se situe au niveau de la mise en œuvre des mesures visant à répondre aux problèmes de l'Afrique. Il a insisté sur l'importance que revêtait un accroissement du soutien de la communauté internationale aux mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits de l'Union africaine et de ses organismes sous-régionaux ainsi qu'aux réfugiés et aux pays qui les accueillent. Il a plaidé également pour une augmentation de l'aide publique au développement de telle sorte qu'elle atteigne 0,7% du PNB, objectif ayant fait l'objet d'un accord. Il a également lancé un appel pour qu'une solution soit trouvée au problème de la dette et a demandé que les conditions d'accès aux mesures destinées aux pays lourdement endettés soient allégées et que les donateurs augmentent leur niveau de contributions au fonds qui est destiné à ces pays.
M. MOHAMMED BELAOURA (Algérie) a déclaré que la mise en place du Groupe de travail sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique en 1998 était fondée sur deux préoccupations distinctes: d’une part il s’agissait de permettre à l’Assemblée générale de jouer pleinement son rôle en assurant le suivi du rapport du Secrétaire général sur cette question, d’autre part il convenait de conférer davantage de visibilité aux questions prioritaires comme la paix et le développement durables. Il a également souligné que, trois années après, les recommandations du Secrétaire général gardaient toujours toute leur pertinence. Il a ainsi évoqué le lien synergique entre la paix et le développement, mais aussi les causes internes et externes des conflits persistants sur le continent africain et la nécessité d’un engagement africain et international actif, substantiel et régulier, pour remettre le continent sur la voie de la paix et du développement.
Le représentant a, par ailleurs, cité les deux thèmes abordés par le Groupe de travail lors de la 55ème session de l’Assemblée générale, à savoir l’éducation et la prévention des conflits. A cet égard, il s’est félicité des progrès réalisés dans le domaine de l’éducation tout en regrettant que l’objectif de permettre l’accès à l’éducation pour tous d’ici à 2015 n’est pas réalisable en raison de différents facteurs. S’agissant de la résolution des conflits, il s’est réjoui de constater que de nombreuses situations avaient évolué de manière positive grâce à la communauté internationale. Dans ce contexte, il a cité le déploiement satisfaisant des trois opérations de maintien de la paix les plus récentes en République démocratique du Congo, en Sierra Léone et entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Il a également regretté que l’Afrique n’ait pu rompre avec les maux qui la minent, à savoir la pauvreté, le sous-développement, la maladie et l’instabilité. Dans cet ordre d’idées, il a noté que la contribution de l’Afrique au commerce mondial stagnait depuis deux décennies autour de 2% et que d’un autre côté la pandémie du VIH/sida y enregistrait chaque année 90% des ses victimes à travers le monde. Il s’est néanmoins félicité de la Nouvelle Initiative Africaine adoptée lors du Sommet de Lusaka, devenue nouveau Partenariat pour le développement africain (NEPAD), comme l’expression de la volonté des peuples et des dirigeants africains d’assumer leurs responsabilités et de relever les défis multiformes qui leur sont lancés en matière de paix, de sécurité et de développement économique.
M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a déclaré que l’Afrique qui connaît la solution à ses propres problèmes a seulement besoin de l’appui de la communauté internationale pour l’aider à mettre en oeuvre les solutions identifiées notamment dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique adopté en juillet dernier. Il a ajouté que l’Inde appuie les interventions des Nations Unies en matière de maintien, de consolidation et de rétablissement de la paix lorsque celles-ci sont destinées à appuyer les initiatives africaines. En effet, aucune formule standard ne peut être appliquée à des situations économiques, sociales et politiques différentes, a poursuivi le représentant. De même, a-t-il ajouté, si son pays est en faveur de la bonne gouvernance, il estime que les interventions extérieures pour la promouvoir n’ont produit des résultats positifs que dans de très rares cas. Elles peuvent également avoir pour conséquence de réduire la capacité des gouvernements à initier et à réaliser leurs propres politiques.
Le représentant a, en outre, estimé que la croissance économique requiert une accumulation de capital pour favoriser le développement durable. Or, les pays qui ne peuvent déjà pas subvenir aux besoins de leurs populations ne peuvent pas espérer pouvoir augmenter leur taux d’épargne national. La solution réside alors dans les flux de capitaux privés. Cependant, dans la mesure où l’investissement étranger direct suit, dans bien des cas, la croissance économique plutôt qu’elle ne l’initie, il est indispensable de poursuivre les efforts d’aide publique au développement. Le représentant a estimé que la priorité doit également être accordée aux domaines comme l’infrastructure, la santé, l’éducation, l’agriculture et la diversification de la production et des exportations. Enfin, il a appelé la communauté internationale à faire en sorte que les fruits de la mondialisation soient répartis de façon équitable afin de promouvoir le développement durable en Afrique.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du sud) a souligné le lien indéfectible qui existe entre la paix, la démocratie et le développement. Par conséquent, la prévention des conflits suppose un travail en profondeur pour la mise en place d’institutions solides et démocratiques qui respectent la primauté du droit et les droits de l’homme, y compris le droit au développement. Dans ce contexte, il est indispensable que les pays africains assument leurs responsabilités. À cet égard, il s’est félicité de ce que les dirigeants africains estiment de plus en plus que le destin du continent africain ne dépend pas de la bonne volonté des autres et que le développement ne peut être réalisé sans la paix. De même, le représentant a accueilli favorablement les conclusions du Nouveau partenariat pour l’Afrique qui montrent que les Africains sont déterminés à augmenter leurs capacités continentales en matière de maintien, de consolidation et de rétablissement de la paix. Cependant, s’il est à présent clair que les Africains sont prêts à assumer leurs responsabilités, ils n’en ont pas moins besoin de l’appui de la communauté internationale et, dans ce contexte, les Nations Unies ont un rôle clef à jouer.
Le représentant s’est en outre félicité des conclusions du Groupe du travail relatives à l’éducation et à son rôle majeur dans le développement, la démocratie et le maintien de la paix. A cet égard, il a accueilli avec satisfaction l’aide en faveur des pays africains destinée à l’éducation des filles. Cependant, le représentant a ajouté qu’il est indispensable de partager les connaissances en matière d’éducation afin de participer à l’élévation sociale, économique et matérielle de l’individu, de la famille, de la communauté et de la société. De même, la technologie, en particulier la technologie de l’information et de la communication, revêt une importance particulière dans la promotion de l’éducation, a poursuivi le représentant. L’Afrique du sud lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle favorise la mobilisation des ressources en matière d’aide publique au développement. Enfin, M. Kumalo a estimé que seule une réévaluation en profondeur du problème de la dette peut permettre de redresser la situation économique des pays africains.
M. ROLAND Y. KPOTSRA (Togo) a évoqué les deux domaines retenus cette année par le Groupe de travail à savoir, «l’Education pour une paix et un développement durables» et la «Prévention des conflits et la consolidation de la paix après les conflit ». A ce sujet, il a souligné l’engagement des chefs d’État lors du Sommet du Millénaire à garantir l’éducation pour tous d’ici à 2015 et à éliminer les disparités entre les sexes d’ici à 2005. A cet égard, il a regretté que les ressources humaines de la plupart des pays africains restaient insuffisantes et inadaptées aux exigences du XXIème siècle. Il a également souligné que la faiblesse chronique des taux de scolarisation conjuguée à une baisse qualitative de l’enseignement étaient des facteurs susceptibles de compromettre la croissance économique et le développement durable. C’est pourquoi, il a fermement appuyé les mesures et initiatives préconisées par le Groupe de travail spécial, tant en ce qui concerne les objectifs en matière d’éducation que ceux concernant le développement des compétences.
En ce qui concerne les nombreux conflits qui entravent le développement de l’Afrique, le Représentant a évoqué le rôle important des Nations Unies dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans le domaine du maintien de la paix. Dans le même ordre d’idées, il s’est félicité de la création d’une Equipe spéciale interorganisations pour l’Afrique de l’Ouest, suivie de l’envoi d’une Mission dans cette région en mars 2001 et a rendu un hommage appuyé à la décision du Secrétaire général d’assurer l’ouverture à Dakar, à compter de janvier 2002, du nouveau Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour
l’Afrique de l’Ouest. M. Kpotsra a également salué l’exigence d’une approche d’ensemble du Groupe de travail afin de mieux s’attaquer aux causes profondes des conflits, et d’appuyer une croissance axée sur les objectifs de l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement et de la reconstruction. Enfin, il a souligné la nécessité de prier l’ECOSOC de se concentrer davantage sur les aspects économique, social et humanitaire de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, de manière à améliorer la coordination des activités menées dans ce domaine.
M. WANG YINFAN (Chine) a fait remarquer que les conflits dans certaines régions d’Afrique n’ont pas pris fin, et ont des causes complexes. Ils ont leurs racines dans la pauvreté, le retard et le manque de capacité de maintenir la paix. Le représentant a estimé qu’à propos de l’Afrique il fallait adopter une approche intégrée qui tient compte à la fois des conflits et de leurs causes premières. Personne dans le monde ne connaît mieux l’Afrique que les Africains eux-mêmes dans la manière de chercher des solutions aux conflits africains. Il a noté les efforts déployés par l’Union africaine, la communauté de développement des pays d’Afrique australe, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest.
Le problème de l’Afrique, a poursuivi le représentant, est finalement un problème de développement. Il a indiqué que les Nations Unies devaient travailler encore plus et jouer un rôle plus décisif dans la promotion du développement durable en Afrique. Il a appelé les pays développés à concrétiser aussi vite que possible leur objectif d’accroître l’aide publique au développement à hauteur de 0,7% de leurs produits nationaux. Le Gouvernement chinois, parce qu’il a soutenu les pays d’Afrique et est lui-même un pays en développement, peut très bien comprendre ce à quoi les Africains sont confrontés, a-t-il poursuivi. La Chine, a conclu le représentant, attache beaucoup d’importance aux suites à donner au Forum de coopération sino-africain qui s’est tenu l’an dernier à Beijing.
M. ARNE B. HONNINGSTAD (Norvège) a regretté que le continent africain demeure le théâtre de nombreux conflits et en retrait soit toujours en retrait du développement économique et social mondial. Il a souligné que la faible croissance économique de l’Afrique était l’obstacle principal qui empêchait ce continent d’atteindre un véritable développement durable. Il a salué les travaux du Groupe de travail sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique qui a noté que les capacités humaines de nombreux pays africains ne leur permettaient pas de répondre aux enjeux du XXIème siècle. A titre d’exemple, il a cité deux objectifs fixés par la communauté internationale que la plupart des pays africains ne pourront atteindre, celui de l’accès à l’éducation pour tous en 2015 et de l’élimination en la matière des disparités fondées sur le sexe d’ici 2005. A cet égard, il a fait part du soutien de son pays à de nouvelles mesures de promotion de l’éducation dans les pays en développement.
Le représentant a également évoqué la question de la prévention des conflits. Dans ce contexte, il a souligné la nécessité de passer d’une culture de réaction à une culture de prévention et d’appliquer les recommandations du rapport Brahimi quant au fonctionnement des missions de paix. La prévention des conflits et la consolidation de la paix doivent rester une priorité des Nations Unies, a-t-il ajouté. En ce qui concerne la pauvreté et les questions de développement,
M. Honningstad a salué le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique comme l’expression de la volonté des dirigeants africains de s’approprier le cadre d’action en vue du développement du continent. Il s’est également félicité de la volonté des chefs d’État africains de renforcer les capacités du continent, de respecter la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance, comme un préalable incontournable au développement durable. En conclusion, il a appelé l’Assemblée générale à jouer un rôle de guide dans l’application des recommandations du rapport du Secrétaire général.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a indiqué que l’Afrique a inauguré un nouveau chapitre dans son histoire contemporaine après que l’acte constitutif de l’Union africaine soit entré en vigueur et après le lancement de la Nouvelle Initiative Africaine. Il s’est félicité de l’intention des Nations Unies d’examiner les problèmes existant entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine, ainsi que de la prise de conscience croissante à l’intérieur même du système des Nations Unies de la nécessité d’examiner les conflits africains à tous les niveaux, des causes premières qui conduisent au déclenchement des conflits jusqu’à la consolidation de la paix après le conflit. Il a regretté que dans le passé, certaines réponses de l’Organisation des Nations Unies n’aient pas été équilibrées comme ce fut le cas en Somalie.
L’Afrique, a poursuivi le représentant, doit aussi attendre de la Communauté internationale qu’elle accroisse son soutien aux efforts déployés par le continent. Nous ne devons pas oublier que malgré le rôle grandissant joué par l’OUA pour résoudre les conflits sur le continent, que l’implication de la communauté internationale est requise dans certains cas. Les opérations de maintien de la paix, doivent disposer des ressources militaires, humaines et logistiques nécessaires correspondant à la nature complexe des conflits en Afrique. Il a regretté profondément la tendance dangereuse qui affleure dans le refus des pays occidentaux de faire participer leurs troupes et contingents militaires aux opérations que le Conseil de sécurité décide de mener en Afrique. L’Assemblée doit continuer à contrôler la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général, a-t-il conclu.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a fait remarquer que l'objectif d'instauration de la paix et du développement en Afrique était une priorité de la communauté internationale depuis plus d'une décennie et qu'il n'y avait pas eu une seule conférence ou réunion internationale qui n'ait adopté un document sans prêter une attention particulière à ce continent. Depuis sa création en 1998, le Groupe de travail spécial à composition non-limitée a évalué la mise en œuvre des initiatives des Nations Unies en faveur de la paix et du développement en Afrique, a-t-il ajouté. Il a reconnu que le sous-développement conjugué à la poursuite des conflits assombrissaient les perspectives de développement de l'Afrique. L'Afrique est la région la plus pauvre du monde et représente seulement 2% du commerce mondial. Le revenu cumulé de 48 pays africains était, en 1997, inférieur à celui d'un seul petit pays développé d’Europe.
Le Groupe de travail a très justement désigné les défis formidables auxquels l'Afrique est confrontée, a déclaré le représentant. Nous ne pensons pas que ces défis soient insurmontables. Beaucoup de régions du monde en ont surmonté de similaires avec, naturellement, le soutien de la communauté internationale. Il nous faut aider l'Afrique à s'attaquer aux causes profondes des conflits. Cela exige un effort international concerté qui s'attaque aux aspects de l'instabilité de la région liés à la sécurité et à la politique mais aussi aux problèmes
économiques et sociaux qui doivent faire l'objet d'un programme global d'assistance doté des ressources adéquates. Sans un accroissement de l'aide publique au développement (APD) et des investissements, l'accès aux marchés des produits et services africains, l'intégration des pays africains à l'économie mondiale, les efforts visant à parvenir à la paix et au développement durables ne sont pas près d'aboutir. Rappelant que son pays participait régulièrement aux opérations de maintien de la paix en Afrique et avait un programme d'assistance technique en Afrique dans le domaine de la formation, le représentant a exprimé l'intention de son pays de continuer à appuyer les initiatives des Nations Unies en faveur de la paix et de la prospérité en Afrique.
NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a estimé que l’éducation est un domaine prioritaire pour le développement de l’Afrique. Cependant, malgré les efforts réalisés par les pays africains avec l’appui de la communauté internationale, le taux des investissements dans tous les domaines de l’éducation reste faible, la détérioration de la qualité de l’enseignement ainsi que la disparité entre les sexes augmentent. Dans ce contexte, le représentant a regretté l’impact négatif des réformes macroéconomiques et de programmes d’ajustements structurels inappropriés qui émanent des institutions de Bretton Woods. Il est par conséquent indispensable de procéder à une annulation de la dette, de favoriser l’accès des Africains aux marchés afin de permettre à ces pays de réaliser les investissements nécessaires dans le domaine de l’éducation. De même, il a rappelé que le besoin en éducation va de pair avec le développement des technologies de l’information et de la communication.
Nana Effah-Apenteng a en outre souligné l’importance de la prévention des conflits et s’est félicité du travail de coordination qui a été effectué ainsi que de l’installation de bureaux des Nations Unies dans certains pays d’Afrique. Il a cependant regretté que l’aide financière accordée par les pays riches pour le relèvement après les conflits et la réintégration des soldats soit souvent inappropriée. De même, il s’est interrogé sur la question de savoir pourquoi les contributions des États Membres à l’ONU pour la prévention des conflits sont inefficaces et pourquoi les institutions de l’ONU qui traitent les problèmes liés à la paix et au développement échouent dans la coordination de leurs activités. Le représentant a lancé un appel en vue de la création d’un Groupe de travail spécial dont les activités seraient centrées sur le relèvement humanitaire et économique des pays qui sortent de conflits.
M. LEE HO-JIN (République de Corée) a estimé que la communauté internationale doit jouer un rôle crucial en matière d’aide accordée à l’Afrique pour la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable. Pour le représentant, les pays africains devraient faire un effort pour mettre fin aux conflits armés afin de favoriser le développement politique, social et économique. De même, dans la mesure où les domaines de la démocratie, des droits de l’homme et du développement sont complémentaires, il est indispensable d’adopter une approche intégrée qui inclue la consolidation de la paix et le relèvement après les conflits. Le représentant a estimé d’autre part que les Nations Unies doivent appuyer le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique dans les années à venir et il s’est félicité de ce que le G-8 ait accepté de lancer un plan de développement global.
M. Ho-Jin a préconisé afin d’assurer une paix durable et un développement économique, d’accorder une aide substantielle qui vise à l’amélioration des institutions gouvernementales et des infrastructures et au développement des ressources humaines, qui ont un rôle particulier à jouer dans ce contexte. Il faut également, a conclu le représentant, développer les ressources nationales et les investissements étrangers.
M. JEAN DE RUYT (Belgique), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé que si l’avènement de la paix ne permet pas à lui seul d’éradiquer la pauvreté, il est aussi vrai qu’il ne peut y avoir de réels progrès dans la lutte contre la pauvreté sans une paix durable. L’Union européenne, a-t-il ajouté, convient que le niveau sous-régional offre plus de perspectives pour traduire ces concepts généraux en actions concrètes et intégrées sur le terrain. Le représentant a fait remarquer que les efforts de négociation et de médiation sont de plus en plus entrepris par les pays africains eux-mêmes et a estimé qu’il s’agissait d’une évolution positive. Il a souligné l’insistance de l’Union européenne sur l’importance des instruments multilatéraux pour le désarmement, le contrôle des armements et la non-prolifération et il a encouragé les pays africains à adhérer aux instruments existants et à prendre toutes les mesures pour un suivi efficace.
L’Union européenne, a poursuivi le représentant, s’est fortement engagée en faveur du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. Elle encourage, a-t-il indiqué, une implication plus étroite des Nations Unies en la matière. A propos du groupe consultatif spécial pour les pays sortant d’un conflit, il a précisé que l’Union européenne ne souhaite pas engager à l’Assemblée générale un débat sur la proposition de créer un tel groupe car elle ne voudrait pas préjuger d’une décision qui appartient en premier lieu au Conseil économique et social. Il a en outre indiqué que l’Union européenne souscrit entièrement à l’analyse du Secrétaire général sur l’importance d’une administration publique transparente, responsable et efficace. Il a également évoqué l’importance du secteur privé. Investir davantage dans les ressources humaines, les systèmes de santé et la lutte contre les maladies contagieuses, en premier lieu le sida, est une priorité absolue pour le continent. Il a ajouté que l’Union européenne reconnaît le rôle catalyseur de l’aide publique au développement, mais il souhaite une meilleure rationalisation des initiatives africaines au sein des Nations Unies. Il a félicité le Comité administratif de coordination pour sa volonté d’oeuvrer en faveur d’un cadre d’action unifié basé sur une rationalisation des initiatives existantes. Nous accueillons à ce propos favorablement le soutien exprimé par le Système des Nations unies à la mise en oeuvre du «Nouveau Partenariat», a conclu le représentant.
M. ERNEST JOHNSON (Etats-Unis) a déclaré que le rapport du PNUD sur le développement humain montre que bien des progrès ont été réalisés en Afrique ces trente dernières années. Davantage de personnes ont accès à l’eau potable, à une meilleure santé, à l’éducation et à un logement décent. Il a néanmoins regretté que 1,2 milliard de personnes vivent toujours avec moins de 1 dollar par jour dont beaucoup vivent en Afrique et que 11 millions d’enfants de moins de cinq ans meurent encore chaque année. Il a également évoqué la question des conflits qui ont aggravé bien des situations et ont été à la source d’instabilité avec des conséquences sociales et économiques insurmontables. Dans le même ordre d’idées, il a cité le manque de confiance qu’engendrent les conflits et qui entrave les gouvernements démocratiques dans leurs efforts pour aider les Africains et qui constitue un frein pour le développement humain et par conséquent le développement durable.
Le représentant a, par ailleurs, regretté que nous n’ayons pas été capables de déterminer quels étaient les véritables moteurs du développement durable, et qu’aucun rapport n’offre une vue générale qui permettrait de connaître les effets que peuvent avoir telles ou telles politiques. Il a également appelé les pays africains à réduire le nombre d’initiatives qui se chevauchent, dans un souci d’efficacité. Dans ce contexte, il a demandé au Secrétaire général de ne pas renouveler des initiatives comme le Nouvel Agenda pour le développement de l’Afrique dans les années 90, ou encore la deuxième Décennie pour le développement industriel de l’Afrique En ce qui concerne le développement, il s’est félicité du nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique qui a créé de nouvelles opportunités pour la diffusion des ressources. En conclusion, il a salué le Plan de développement de l’Afrique qui inclut le développement économique, la paix durable et le respect de la démocratie et a fait part de la volonté des États-Unis de travailler en collaboration avec les pays africains et l’Union africaine pour les aider à répondre aux défis auxquels ils sont confrontés.
M. SHAMSHAD AHMAD (Jamahiriya arabe libyenne) s'est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général, élaboré en 1998 sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique, ait suscité la création d'un Groupe spécial chargé d'examiner la pertinence des suggestions faites dans le rapport. Le NEPAD est une preuve de l'engagement des dirigeants africains dans les efforts accomplis pour éliminer les conflits et promouvoir le développement et la démocratie en Afrique. La Libye qui contribue déjà à cet objectif attend aussi de la communauté internationale qu’elle joue son rôle. Les puissances coloniales notamment ont une dette vis-à-vis de l'Afrique et le moins qu'elles pourraient faire, c'est de s'excuser et d’indemniser.
Le représentant a estimé qu'au nombre des mesures à prendre pour résoudre les conflits, il était fondamental d'améliorer les mécanismes d'alerte rapide et de renforcer les efforts visant à éliminer le trafic des armes en Afrique. Les causes des conflits sont complexes et il faut les prendre en compte dans leur ensemble, a-t-il indiqué. L'éradication de la pauvreté en fait partie. C'est pour cela qu'il est important de réduire et d'atténuer le fardeau de la dette, véritable obstacle au développement, mais aussi d'abaisser les droits de douane, de permettre aux pays africains d'accéder aux marchés et maintenir l'aide publique au développement. Il s'est également dit convaincu que la détérioration des programmes éducatifs en Afrique était l’une des raisons à la faiblesse de la croissance.
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