En cours au Siège de l'ONU

AG/1240

PARTICIPATION RECORD AVEC CENT-QUATRE VINGT-HUIT DELEGATIONS AU DEBAT GENERAL DE L’ASSEMBLEE GENERALE QUI S'EST ACHEVE AUJOURD'HUI

16/11/01
Communiqué de presse
AG/1240


Assemblée générale

57e séance plénière – après-midi


PARTICIPATION RECORD AVEC CENT-QUATRE VINGT-HUIT DELEGATIONS AU DEBAT GENERAL

DE L’ASSEMBLEE GENERALE QUI S'EST ACHEVE AUJOURD'HUI


Le Président de l'Assemblée générale engage les Etats Membres

à maintenir la coopération internationale à son niveau politique actuel


L'Assemblée générale a conclu, cet après-midi, sept jours de débat général pendant lesquels 188 intervenants, dont trente chefs d'Etat, onze chefs de gouvernement, neuf premiers ministres et 96 ministres des affaires étrangères ont exposé les grandes orientations de la politique internationale de leurs pays.


Ce débat général, fortement marqué par les réactions aux attentats terroristes du 11 septembre dernier contre les Etats-Unis, a été notamment l'occasion pour le Président des Etats-Unis, M. Georges W. Bush, un des premiers orateurs à intervenir, d'indiquer que le temps des condoléances était terminé et qu'il fallait passer aux actes.  Le temps des Taliban, celui de l'hébergement des terroristes, du trafic des stupéfiants, des brutalités envers les femmes était compté, a-t-il ajouté, et, quand le régime des Taliban aura disparu, le peuple d'Afghanistan dira avec le reste du monde : bon débarras.  De son côté, le représentant de l’Afghanistan affirmait, hier jeudi, que le peuple afghan ne commettrait aucun acte illégal qui puisse interrompre le processus de création d’un gouvernement représentatif et multiethnique et que le Front uni de l’Etat islamique d’Afghanistan souhaitait l’instauration d’un Etat de droit fondé sur les préceptes islamiques, de la démocratie pluraliste, du respect des droits de l’homme, de la paix, de l’unification et de la reconstruction.


Dans son allocution d’ouverture, le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, avait, pour sa part, mis en garde contre la tentation de concentrer toutes les énergies dans la lutte contre le terrorisme au détriment des problèmes qui préoccupaient la communauté internationale avant le 11 septembre.  Agir ainsi, serait concéder une sorte de victoire aux terroristes, a-t-il déclaré.  Cette position a été confortée par les déclarations de la grande majorité des Etats Membres qui pendant ces sept jours ont insisté sur le fait que les sociétés les plus déshéritées, en tant que foyers d'humiliation et de frustration sont les plus susceptibles de basculer dans la violence et le terrorisme.  L'assimilation du terrorisme à l'Islam a été systématiquement rejetée tandis que le Président de la République islamique d'Iran mettait en garde contre toutes les idéologies extrémistes modernes qui ont tendance à diaboliser l'autre.  C'est ainsi, a-t-il expliqué, qu’on en est venu aux Etats-Unis et en Europe à identifier l'Islam au terrorisme et à assimiler l'Occident à la corruption dans certaines autres parties du monde.


Les intervenants ont été nombreux, par ailleurs, à estimer que la lutte contre le terrorisme passait nécessairement par le règlement du conflit israélo-palestinien qui dure depuis un demi-siècle, engendrant frustrations et désespoir. La déclaration de M. Bush indiquant que le Gouvernement américain oeuvrait pour que vienne le jour où les deux Etats d’Israël et de la Palestine vivraient ensemble pacifiquement, prenait donc à cet égard une importance particulière.  Beaucoup d’intervenants ont exprimé l’espoir que la solidarité née au lendemain du 11 septembre puisse se perpétuer et être l’occasion de régler les grands problèmes en suspens, notamment celui du développement et de la réduction de la pauvreté.  La majorité d'entre eux s'est félicitée de la réponse rapide des Nations Unies aux attaques du 11 septembre et a exprimé son appui aux résolutions 56/1 de l'Assemblée générale et aux résolutions 1368 et 1373 du Conseil de sécurité.


Dans son allocution de clôture qui récapitulait les principaux aspects de ce débat, le Président de l'Assemblée générale, M. Han Seung-Soo (République de Corée) a insisté sur le fait que les Etats Membres de l'ONU partageaient la responsabilité de maintenir à son niveau politique actuel l'esprit d'engagement et de coopération qui s'est manifesté tout au cours du débat.  Nous devrions mener nos travaux futurs, en plénière et dans les grandes Commissions, de façon à refléter le mieux possible les préoccupations, les espoirs et les aspirations exprimés par les délégations au cours de la semaine écoulée, a-t-il déclaré.


Les derniers orateurs à intervenir cet après midi, au cours de cette dernière séance du débat général sont les représentants des pays suivants : Lettonie, Australie, Erythrée, Guinée-Bissau, Estonie et Georgie.  Les représentants de la République démocratique du Congo, de l'Ethiopie, de Chypre et de l'Erythrée ont exercé leur droit de réponse. 


L’Assemblée générale reprendra lundi 19 novembre, à 10 heures, l’examen des points de son ordre du jour en engageant l’étude de la question intitulée «Suites du Sommet du millénaire».


Fin du débat général


M. GINTS JEGERMANIS (Lettonie): Mon pays est convaincu qu'une pleine et inconditionnelle mise en œuvre de la Résolution 1373 du Conseil de sécurité est indispensable pour parvenir avec succès à éradiquer le terrorisme. Il faut prévenir et éliminer le financement du terrorisme et cesser toutes les actions et omissions qui jusqu’ici ont favorisé le terrorisme, autant de la part des Etats que des individus.  En tant que membre aspirant de la communauté euro-atlantique, la Lettonie prend part aux activités communes de l'OTAN et de l'Union européenne, outre le fait qu’elle joue un rôle actif dans l'harmonisation des mesures régionales, notamment dans le cadre du plan d'action pour prévenir les actes terroristes en Europe centrale et de l'Est, adopté lors de la Conférence de Varsovie.  Nous avons amorcé le processus législatif national de ratification de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, que nous prévoyons de signer avant la fin de l'année.  Notre Gouvernement a adopté un plan d'action national antiterroriste et a élaboré une loi sur le blanchiment d'argent, obligeant les banques à signaler tout transfert suspect.


La mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire revêt une grande importance, surtout en ce qui concerne les questions de droits de l'homme, des libertés fondamentales, des droits de l'enfant, de la prévention des conflits et de la diplomatie préventive.  Le processus de suivi du Sommet du Millénaire doit faire partie intégrante du travail de l'ONU.  Il faut que les relations internationales du XXIème siècle soient fondées sur les valeurs et principes de la Déclaration du Millénaire, comme en témoignaient les travaux de la cinquante-cinquième session de l'Assemblée générale, de ses sessions spéciales sur les établissements humains, le sida, les armes légères, ainsi que la Conférence de Durban. 


Les Nations Unies constituent la seule organisation globale ayant pour tâche fondamentale de protéger les prochaines générations contre le fléau de la guerre et de maintenir une paix durable et la sécurité internationale, notamment grâce aux opérations de maintien de la paix.  Attachant une importance primordiale à ce type d’opérations, la Lettonie a accru volontairement sa contribution au budget des opérations de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unies à compter de l’année 2001.  La Lettonie a enfin le plaisir d’annoncer que le pays vient de passer du statut de receveur d’aide à celui de pays donateur.


M. JOHN DAUTH (Australie): L’Australie réitère sa condamnation des attaques terroristes du 11 septembre et estime que la communauté internationale doit lutter contre les soutiens au terrorisme, qu’ils soient financiers, politiques ou moraux.  L’Australie se félicite de l’adoption de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  Une convention globale de lutte contre le terrorisme peut être potentiellement un symbole important de l’engagement international et nous estimons, en outre, que les événements du 11 septembre soulignent l’importance du maintien et du renforcement des mesures internationales de non-prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques. 


Nous nous félicitons de constater que le Timor oriental ne se trouve plus en situation d’urgence et qu’il peut être considéré comme une nation émergeante.  Cependant, ce pays reste vulnérable et nous estimons qu’il a besoin d’une mission intégrée de civils, de forces de police et de soldats de maintien de la paix, sous un mandat unique du Conseil de sécurité.  Nous saluons dans ce contexte la déclaration du Président du Conseil de sécurité qui appuie les recommandations du Secrétaire général réclamant une présence internationale pour succéder à la mission de l’ONU au Timor oriental.  Il faut noter en outre qu’une coopération entre le Timor oriental et l’Indonésie représente la clef d’une sécurité à long terme dans cette région.  Nous encourageons par conséquent les efforts déployés par les deux parties pour harmoniser leurs relations. 


L’Australie souhaite poursuivre sa tradition d’accueil de réfugiés.  Néanmoins, nous regrettons que notre pays soit une terre privilégiée d’immigration illégale encouragée par des groupes criminels.  La lutte contre ce trafic humain requiert des mesures concertées aux niveaux régional et international dans la mesure où cette immigration illégale menace l’intégrité du système de protection international.  Les causes de cette immigration doivent aussi être analysées.  A cet égard, l’Australie travaille en étroite coopération avec ses voisins de la région de l’Asie-Pacifique pour renforcer sa capacité de prévenir le trafic humain et de traduire ses responsables en justice.  De même, la communauté internationale doit considérer de façon renouvelée et coordonnée la question des réfugiés afghans.


Enfin, il faut noter que les défis tels que la réduction de la pauvreté, la lutte contre les maladies et le développement demeurent aussi importants qu’avant le 11 septembre.  Nous estimons à ce sujet qu’il faut encourager la libéralisation des échanges commerciaux, notamment des échanges agricoles, car ils offrent des avantages à tous les pays et ils sont d’une importance cruciale pour le développement.


M. ALI SAID ABDELLA, Ministre des affaires étrangères de l’Erythrée: Nous exprimons notre solidarité avec les Etats-Unis à la suite des attaques terroristes barbares du 11 septembre.  Les terroristes violent les droits fondamentaux de l’homme, dont le droit à la vie, et il ne saurait y avoir d’impunité pour ces criminels.  L’humanité connaît depuis toujours la folie des guerres et des conflits, mais elle n’a pas encore appris les voies de la paix.  Un plein épanouissement d’une culture de paix et de développement demeure à la fois si proche et si lointain.


Après deux ans dans le nouveau siècle, les disparités entre riches et pauvres persistent alors que la mondialisation aurait pu servir à établir des relations équitables entre riches et pauvres.  Mais il fallait pour cela renforcer la capacité des pays pauvres et les mettre à même d’assurer leur pleine participation à l’économie mondiale.  La paix et la sécurité sont étroitement liées au développement.  Tous les efforts doivent être déployés pour rétablir la paix et la sécurité dans quelque région que ce soit, car c’est une nécessité et aussi la clef du développement.  On peut dire, à cet égard, que le continent africain a connu la pire des situations, subissant catastrophes naturelles, instabilités politiques et conflits internes et inter-Etats.  Le continent s’est retrouvé privé des avantages de l’économie mondiale, subissant également les fléaux du sida et des maladies tropicales, qui ont décimé les populations.  En 1999, près de 20 conflits ont semé le chaos en Afrique.  Le Sommet de l’OUA tenu à Alger en 1999 avait désigné l’année 2000 comme “Année libre de conflits”.  Des progrès ont été effectivement accomplis l’an dernier, notamment avec la signature d’un accord de paix entre l’Erythrée et l’Ethiopie.  En revanche, d’autres conflits perdurent toujours sur le continent.  Pour ce qui est du Moyen-Orient, il ne saurait y avoir une solution juste et durable sans la création d’un Etat


palestinien indépendant.  La communauté internationale doit apporter une assistance plus importante à ces pays.  Cependant, il incombe aux dirigeants et peuples de ces pays de résoudre les conflits, par des processus de réconciliation nationale.


Le monde a accueilli favorablement la signature de l’Accord de paix entre l’Erythrée et l’Ethiopie, dans l’espoir qu’interviendrait rapidement la démarcation de la frontière entre les deux pays.  Le processus de paix a progressé considérablement.  Toutefois, certains principes ne sont pas encore mis en oeuvre en raison de certains manquements de la part de l’Ethiopie, qui a empêché l’établissement d’une zone temporaire de sécurité, d’une liaison aérienne entre les capitales des deux pays, refusé de fournir des informations sur des champs de mines et de libérer les détenus civils et prisonniers de guerre.  L’Ethiopie a par ailleurs recommencé à expulser des Erythréens et Ethiopiens d’origine érythréenne, en violation des accords de paix.  Dans ces circonstances, il est surprenant que l’Ethiopie ait récemment accusé l’Erythrée de placer son armée en état d’alerte et de mobiliser ses troupes le long de la frontière commune.  Ces accusations infondées, réfutée par le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Erythrée et l’Ethiopie, ne servent qu’à cacher les plans de subversion du processus de paix par l’Ethiopie en provoquant une reprise des hostilités.


Le Gouvernement de l’Erythrée a toujours condamné le terrorisme.  Le pays est aujourd’hui devenu victime d’attaques terroristes impliquant des éléments organisés, financés et entraînés par le Gouvernement éthiopien.  Nous exhortons la Communauté internationale à condamner ces actes barbares et le Gouvernement éthiopien à mettre fin à ces activités.


Mme ANTONIETA ROSA GOMES, Ministre des affaires étrangères de la République de Guinée-Bissau:  La situation économique mondiale, surtout depuis le 11 septembre et en raison de son effet négatif particulièrement ressenti dans les pays les moins développés, est source de préoccupation.  Mon Gouvernement croit aux efforts concertés et coordonnés pour encourager la croissance économique et le plein emploi dans un contexte économique plus juste.  Parce que nous avons présent à l’esprit que la majorité des économies africaines sont fondées sur l’agriculture, nous en appelons à nos partenaires, notamment européens, américains et japonais, pour qu’ils ouvrent leurs marchés à nos produits agricoles. 


Les Nations Unies, dont la mission consiste à favoriser un dialogue nord-sud, doivent accorder un rang de priorité élevé aux réponses à apporter aux besoins essentiels des pays en développement.  Une série de conférences au cours de la décennie écoulée et cette année ont contribué à identifier les besoins, à formuler des objectifs et à définir des stratégies en vue d’aboutir à un développement durable, fondé sur une croissance durable, la justice sociale et la protection de l’environnement.  La Guinée-Bissau continue de subir les séquelles du désastreux conflit de 1998/99 qui, outre des pertes en vies humaines, a causé un profond traumatisme dans la société et détruit les infrastructures du pays.  En outre, le déclin net de l’aide étrangère et la baisse des prix à l’exportation de la noix de cajou, notre principale production, expliquent le manque à gagner et l’accroissement de la pauvreté.  Un programme de reconstruction, de réhabilitation et de réconciliation a été défini dans le cadre de l’UEMOA qui requiert, outre des efforts internes, une assistance étrangère.  C’est la raison pour laquelle mon


Gouvernement a renforcé sa coopération avec les pays de la sous-région et au niveau international.  Malgré ces efforts, la Guinée-Bissau continue d’avoir besoin de l’assistance de ses partenaires au développement et de la communauté internationale pour faire face aux défis qui l’attendent. 


Les pays en développement, en particulier les moins développés, continuent d’être marginalisés dans l’économie mondiale et de souffrir d’une pauvreté extrême, due essentiellement à la diminution de l’aide, du manque de formation des ressources humaines, de la faiblesse des investissements, internes et étrangers.  Cette tendance est contraire aux principes de la Déclaration du Millénaire.  Pour l’inverser, il faut faire en sorte que les pays en développement puissent s’intégrer pleinement à l’économie mondiale.  La « Nouvelle Initiative africaine » qui a été adoptée à l’unanimité lors du dernier Sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) à Lusaka doit être appliquée sans tarder et nous comptons pour ce faire sur le soutien de la communauté internationale et de nos partenaires de développement. 


M. HENDRIK ILVES, Ministre des affaires étrangères d’Estonie: Il est devenu évident, après les attaques terroristes du 11 septembre, que lorsque nous sommes tous soumis à la même menace, les différends et les disputes antérieurs deviennent insignifiants.  C’est pourquoi, il est aujourd’hui indispensable de maintenir cette unité et de la renforcer par des actions concrètes.  Nous nous félicitons, à cet égard, de l’existence de conventions de lutte contre le terrorisme.  L’Estonie les a d’ailleurs toutes ratifiées ou est en cours de le faire.  Notre pays a également amélioré et intensifié sa coopération et les échanges d’informations avec ses voisins et ses partenaires ainsi que les contrôles aux frontières et la coopération policière. 


L’Estonie estime que le processus de réforme lancé ces dernières années afin de réorganiser et réformer les Nations Unies doit être prolongé.  Il faut en effet accélérer et intensifier ce processus de réforme afin de mieux maîtriser la situation actuelle.  En premier lieu, il est indispensable de réfléchir à la contribution que chaque État Membre peut apporter aux Nations Unies.  Lorsqu’un certain niveau de développement est atteint, les pays devraient avoir des obligations correspondant à leur niveau de vie.  Par exemple, l’Estonie a décidé l’année dernière de renoncer à son droit de payer des contributions limitées au budget de maintien de la paix.  Cette décision est fondée sur la constatation que notre pays a atteint un niveau de développement qui implique de nouvelles responsabilités.  De même, le Programme des Nations Unies pour le développement a évalué que l’Estonie avait atteint un niveau de développement tel qu’il pouvait mettre un terme à sa mission en décembre 2000.  Par conséquent, ceux qui ont aidé l’Estonie durant sa phase de transition peuvent à présent constater que leur aide a porté ses fruits et nous sommes prêts à faire partager notre expérience. 


Il est en outre indispensable de réformer le Conseil de sécurité afin qu’il devienne plus représentatif, transparent et efficace.  Il faut également augmenter le nombre de ses membres permanents et non permanents ainsi qu’améliorer le système de prise de décisions et limiter l’usage du droit de veto.  La participation aux opérations de maintien de la paix est une part inséparable de la politique de sécurité nationale de l’Estonie.  Par conséquent, nous appuyons les réformes proposées dans le rapport Brahimi concernant ces opérations.  Nous approuvons l’approche globale sur le long terme de la prévention des conflits qui est défendue dans ce rapport et nous estimons également que le budget des opérations de maintien de la paix doit être augmenté.

L’ouverture est également un point essentiel à considérer dans différents domaines et notamment dans celui du processus de décisions politiques aux niveaux national et international.  L’Estonie peut apporter sa contribution dans le domaine de l’échange d’informations car, l’année dernière, le gouvernement a commencé à diffuser des renseignements sur ses activités sur l’Internet. 


Enfin, l’Estonie estime qu’il ne faut pas évacuer que les problèmes toujours présents relatifs à la pauvreté, la misère et les persécutions qui se posaient avant le 11 septembre.  La communauté internationale a donc la responsabilité de continuer à les appréhender.


M. PETER CHKHEIDZE (Géorgie): Les Nations Unies sont sans aucun doute la seule organisation où nous, Etats Membres, pouvont définir des stratégies communes pour combattre la plupart des maux et problèmes contemporains.  Il est donc crucial de renforcer la capacité de l’ONU de régler les conflits pour favoriser l’émergence d’un nouvel ordre mondial, fondé sur des valeurs et principes communs. Les réformes devraient englober les opérations de maintien de la paix et à cet égard la Géorgie appuie les mesures visant à renforcer l’efficacité des mécanismes de prévention des conflits; de même le déploiement rapide de contingents de maintien de la paix devrait être plus cohérent et plus systématisé pour étouffer les conflits dans l’oeuf.  Actuellement, le lancement d’une opération de maintien de la paix, ou la modification de son mandat, requiert l’accord des parties intéressées.  Nous pensons que cette méthode doit être revue, la cause de la paix devant être la priorité absolue, plutôt que le consentement d’une des parties au conflit.  Les conflits internes, nourris par le séparatisme, ne sont pas moins dangereux que les confrontations de la guerre froide  La Géorgie juge nécessaire d’améliorer le système de sécurité des Nations Unies et appuie, à cet égard, la création d’une force de déploiement rapide dont l’existence contribuerait à la prévention de nombreux conflits. 


Au cours des deux dernières années, les perspectives de développement en Géorgie ont été entravées par le manque de progrès dans le processus de paix dans la province d’Abkhazie.  La valeur de la paix dans la région est trop importante pour être sacrifiée aux ambitions d’un seul groupe.  Le moment est venu pour l’ONU de réagir au nettoyage ethnique en Abkhazie.  Les séparatistes, avec l’aide de forces extérieures, ont expulsé 300.000 personnes de leur résidence.  En de nombreuses occasions, la Géorgie a exprimé sa préoccupation face à la présence d’éléments incontrôlés dans des territoires d’Etats souverains, recrutés par des régimes séparatistes.  L’encouragement de tels régimes est inacceptable et peut être lourd de conséquences graves.


Le Gouvernement de Géorgie réitère son ferme engagement en faveur d’un règlement pacifique en Abkhazie.  Nous avons proposé un programme spécial pour ce faire à tous nos partenaires, au Conseil de sécurité et aux organismes européens.  Ce programme doit être mis en oeuvre sans tarder, quels que soient les changements ou concessions que les parties impliquées seraient amenées à faire.  Le Gouvernement de Géorgie est prêt à garantir aux Abkhazes la plus large autonomie possible   Mais nous devons aussi exercer tous nos efforts pour en finir avec l’époque à laquelle les régimes séparatistes étaient utilisés par des Etats pour faire pression sur leurs voisins.


M. HAN SEUNG-SOO (République de Corée), Président de l'Assemblée générale: Le débat général de cette session s'est tenu dans un contexte des plus extraordinaires et sans précédent dans l'histoire des Nations Unies, à la suite des attaques terroristes du 11 septembre dernier.  Compte tenu de la gravité des circonstances, je pense que ce débat général revêt, pour chacun de nous, une signification particulière.  Les questions que nous avons abordées au cours de la semaine écoulée revêtent une importance et un caractère d'urgence particuliers au regard de la situation internationale actuelle.  Durant ce débat, les orateurs, pratiquement sans exception, ont souligné la nécessité d'une action commune concertée pour combattre le terrorisme.  Un certain nombre a exprimé son appui à la campagne militaire actuelle en Afghanistan.  De nombreux intervenants se sont prononcés en faveur de l'établissement d'un gouvernement représentant l'ensemble du peuple afghan. 


L'importance de lier directement les grands objectifs des Nations Unies avec la lutte contre le terrorisme a également été reconnue.  Il a été souvent souligné, à cet égard, que le terrorisme ne pourrait être éliminé que si on mettait fin aux conditions créant un terreau fertile pour le terrorisme et, notamment, la pauvreté et la marginalisation sociale et économique.  Certains orateurs ont fait valoir que l'absence de démocratie et les violations persistantes des droits de l'homme pouvaient aussi amener l'émergence de mouvements terroristes tandis que d'autres, se référant tout particulièrement au conflit du Moyen-Orient, voyaient un lien entre les actes de terrorisme et l'absence de progrès dans le règlement de conflits.


Un accord s'est fait jour pour dire que la Déclaration du Millénaire, adoptée par les chefs d'Etat et de gouvernement il y a un an, fournissait un document de référence pour répondre aux problèmes mondiaux et que la communauté internationale devait commencer à la mettre en œuvre.  De nombreux orateurs ont attiré l'attention sur le rôle que pouvaient jouer les Nations Unies, spécialement après les attaques du 11 septembre, en tant que point de focalisation du multilatéralisme et forum de coopération pour la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire.


Droit de réponse


Le représentant de la République démocratique du Congo a déclaré que ce matin, l’Assemblée avait entendu des accusations mensongères de la part du régime sanguinaire de Kigali.  Au moment où les perspectives de retour à la paix n’ont jamais été aussi proches dans la région des Grands Lacs, où le Conseil de sécurité vient d’appuyer le déploiement de la phase III de la Mission d’Observation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC) à Kindu, la clique au pouvoir au Rwanda continue de se distinguer par son attitude barbare.


Le Rwanda est le seul belligérant étranger à ne pas avoir procédé au retrait de ses forces, au contraire de la Namibie qui a achevé son retrait, ou de l’Angola et le Zimbabwe dont le retrait est en cours. A l’inverse, par défi envers la communauté internationale, le Rwanda a renforcé sa présence dans les provinces du Kivu et du Maniéma, menant une politique de terreur contre les populations congolaises.  Il y a deux jours, dans le Kasai oriental, les forces d’occupation ont ouvert le feu à un barrage militaire tuant et blessant plusieurs étudiants et instituteurs.


Le Rwanda continue de tromper la communauté internationale.  Toutes les expéditions qu’il a menées ces dernières années ont laissé derrière elles un cortège de victimes, de femmes enterrées vivantes, propageant délibérément le virus du sida.  L’horreur est devenue un sentiment familier au Congo, à cause du seul et dernier obstacle à la paix, M. Paul Kagamé et son akazu.  La haine que ce dernier nourrit envers la majorité de ses concitoyens l’empêche de voir que le temps est à la paix.  Je demande au représentant du Rwanda d’exiger auprès de ses maîtres la démilitarisation de Kisangani et le retrait sans condition des mercenaires rwandais, ou Armée patriotique du Rwanda : qu’ils aillent exercer leur patriotisme chez eux.  Le Rwanda est au Congo pour des raisons purement mercantiles.  Il veut réaliser un Anschluss pour désengorger son territoire en affirmant la supériorité ethnique d’une ethnie sur toutes les autres.


Nos populations ont trop souffert de cette guerre inutile et insensée.  Les Nations Unies et l’Accord de Lusaka nous offrent une porte de sortie.  Tous les belligérants sont engagés dans la voie de la paix, sauf le Rwanda. 


Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Ethiopie, a déclaré que son pays n’a qu’un ennemi stratégique.  Il ne s’agit pas de l’Erythrée mais bien plutôt de la pauvreté.  Selon lui, les dirigeants de l’Erythrée n’ont pas su passer du mouvement de la guérilla à celui de gouvernement.  Il prétend que l’Ethiopie ne respecte pas l’Accord de paix alors qu’il l’a signé.  L’Ethiopie tient à affirmer que l’Erythrée n’a toujours pas signé l’Accord de paix négocié sous les auspices des Nations Unies.  Alors que la partie éthiopienne a fourni plein accès aux observateurs de l'Organisation des Nations Unies, l’Erythrée ne l’a pas fait.  Rappelant que les miliciens sont constitués normalement des paysans ayant des armes, il a observé que les milices érythréennes, elles sont souvent avec des armes lourdes.  Concernant la zone de sécurité qui doit normalement séparer les forces des deux pays, il a soutenu qu’elle n’existe plus dans les faits, puisque les deux armées ne sont plus séparées.  L’Erythrée a proposé un corridor de liaison aérienne entre les deux capitales.  Mais l’Ethiopie a refusé le trajet proposé parce qu’il permettrait le survol d’une ville éthiopienne qui a été bombardée durant la guerre, tuant 50 enfants.  Le représentant éthiopien a soutenu par ailleurs que son Gouvernement a été le premier à fournir des informations sur ses champs de mines, soulignant que toutes les informations disponibles ont été fournies et qu’elles ont été acceptées par les Nations Unies.  L’Ethiopie souhaite la paix pour pouvoir se consacrer à la lutte contre la pauvreté et espère que l’Erythrée en fera autant.


Le représentant de Chypre a rejeté la rhétorique bien connue et truffée d'erreurs factuelles à laquelle s'est livré le Président de la République de Turquie, lors de son intervention du 12 novembre.  En ce qui concerne l'accession de Chypre à l'Union européenne, le représentant a déclaré qu'elle ne concernait que l'Union européenne et Chypre, que l'Union avait précisé qu'aucun pays ne pouvait opposer son veto et qu'il n'y avait aucun obstacle juridique à cette adhésion.  Il s'est référé à l'invasion de Chypre par la Turquie, à la politique de nettoyage ethnique et aux violations des droits de l'homme qui l'avait accompagnée pour dénoncer les prétendues réalités décrites par le Président turc comme ne reflétant que la politique du fait accompli.  Il a également indiqué que le Président Cléridès avait répondu favorablement à la proposition de reprise du dialogue faite par le Secrétaire général mais que le Président Denktash avait décliné cette invitation. Nous ne connaissons pas sa réponse à l'heure actuelle mais nous espérons qu'il fera preuve de volonté politique pour régler cette question, a conclu le représentant.

Faisant usage de son droit de réponse, le représentant de l’Erythrée a déclaré qu’il s’abstiendrait de répondre à toutes les allégations du représentant éthiopien, par respect pour l’Assemblée générale, car ce dernier avait abordé des sujets qui ne figuraient pas dans la déclaration du Ministre des affaires étrangères de l’Erythrée.  Après avoir rappelé qu’il a déjà répondu au représentant de l’Ethiopie dans le cadre d’un autre exercice, il a observé que la situation qui prévalait en Ethiopie depuis six ou sept mois relevait du domaine public et qu’il est possible en lisant les journaux, de savoir ce qui s’y passe.  Il a mis en doute la déclaration du représentant éthiopien selon lequel l'Organisation des Nations Unies se serait satisfaite des informations fournies par l’Ethiopie sur ses champs de mines.  Le représentant a cité à cet égard une demande du Représentant spécial du Secrétaire général demandant à l’Ethiopie de collaborer en fournissant toutes les cartes indiquant l’emplacement des champs de mines.  L’Ethiopie veut empêcher les personnes déplacées de revenir dans leurs villages et dans leurs fermes, a déclaré le représentant érythréen. 


Le représentant de l’Ethiopie a indiqué qu’il ne voulait pas poursuivre la polémique et qu’il laissait les délégués juger.


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