AG/1233

LES AUTRES GRANDS PROBLEMES A L’ORDRE DU JOUR DES NATIONS UNIES NE DOIVENT PAS DEVENIR LES PARENTS PAUVRES DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

13/11/01
Communiqué de presse
AG/1233


Assemblée générale

51e séance plénière – après-midi


LES AUTRES GRANDS PROBLEMES A L’ORDRE DU JOUR DES NATIONS UNIES NE DOIVENT PAS DEVENIR LES PARENTS PAUVRES DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME


Nombreux ont été les Etats qui ont, cet après-midi, exprimé dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale, la nécessité d’intensifier la lutte contre le financement du terrorisme et à faire état des mesures prises au niveau national en ce sens.  Pourtant certaines délégations n’ont pas manqué d’attirer l’attention sur le coût économique et social que représente pour leur pays l’obligation qui leur est faite aux termes de la résolution 1373 du Conseil de sécurité de prendre des mesures draconiennes pour lutter contre le terrorisme.  Ils ont appelé la communauté internationale à ne pas sacrifier les autres points importants à l’ordre du jour des Nations Unies au profit de la seule lutte contre le terrorisme.  Ainsi les Bahamas qui aux termes de la résolution 1373 du Conseil de sécurité, a pris des mesures pour geler les fonds et actifs financiers de Oussama Ben Laden, d’Al Qaeda et des individus qui lui étaient associés, a assuré comme le Premier Ministre de la Dominique que le principal avantage comparatif des pays en développement des Caraïbes, à savoir les services financiers, soient négativement affectés par des contrôles nouveaux visant les activités illégales.  Il importe, selon eux, de bien différencier la compétition fiscale légale et les activités illégales, telles que le blanchiment d’argent, et de faire en sorte que les Etats dont les économies dépendent des secteurs financiers ne pâtissent pas outre mesure des nouvelles réglementations.  Une préoccupation reprise par le Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein qui a indiqué que l’objectif de lutte contre le financement du terrorisme ne portera ses fruits que s’il vise à stopper les flux financiers qui alimentent le terrorisme et ses organisations.  « Nous ne devons pas nous aventurer sur d’autres terrains de la finance internationale sous le couvert de la lutte antiterroriste », a-t-indiqué, précisant que le secret bancaire comme il est pratiqué au Liechtenstein n’a jamais fourni et ne fournira jamais de protection aux terroristes ou à leurs transactions financières.


La récession économique provoquée par les attaques terroristes du 11 septembre a été évoquée avec inquiétude par plusieurs délégations, notamment celles des petits Etats insulaires en développement.  Ces économies présentent en effet des fragilités structurelles telles que la faible diversification de leur économie et la spécialisation dans les secteurs du tourisme, des services financiers et de l’agriculture.  Or, outre le durcissement du contrôle pesant sur les activités financières, le tourisme en provenance notamment d’Amérique du Nord a diminué depuis les attaques terroristes.  “ Les pertes d’emploi, déjà réelles, et celles qui vont venir, se comptent par milliers et dans des pays où la discipline fiscale était déjà de rigueur, les perspectives en termes d’emploi et de baisse des revenus sont terrifiantes » a estimé le Premier Ministre de la Dominique.  De l’avis de plusieurs intervenants, ces inquiétudes sont renforcées par l’absence de mobilisation politique du monde industrialisé en faveur des


(à suivre – 1a)

objectifs de développement.  Ainsi, comme l’a fait observer le représentant de la Malaisie, l’aide au développement en pourcentage du produit national brut des pays développés est passée de 0,33 % du PNB des pays donateurs en 1992 à 0,24 % en 1999.


Ont également pris part au débat les Ministres des affaires étrangères de la Grèce, de la République tchèque, de la République dominicaine, de la Gambie, de la Hongrie, du Burundi, ainsi que les délégués de la République démocratique populaire de Corée, du Tadjikistan, du Brunéi Darussalam et du Viet Nam.


L’Assemblée générale reprendra son débat général demain, mercredi

14 novembre 2001, à 9 heures.


Suite du débat général


M. PIERRE CHARLES, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Dominique : Au-delà des questions immédiates de paix et de sécurité soulevées par les événements du 11 septembre, les attaques terroristes ont eu des conséquences terribles sur l’économie mondiale dans la mesure où elles ont déclenché une récession dont les effets sont dramatiques pour des petits pays comme la Dominique, où la crise se ressent particulièrement dans les secteurs vitaux du tourisme, des services financiers et de l’agriculture.  Les pertes d’emploi, déjà réelles, et celles qui vont venir, se comptent par milliers et dans des pays où la discipline fiscale était déjà de rigueur, les perspectives en termes d’emploi et de chute des revenus sont terrifiantes.  Ce qui vient encore compliquer la situation, c’est que la lutte contre le terrorisme et les mesures prises pour le contrer se concentrent là même où les pays en développement des Caraïbes ont un avantage comparatif : le secteur financier.  Il serait regrettable que nos secteurs financiers pâtissent de contrôles nouveaux visant les activités illégales telles que le blanchiment d’argent.  Nous sommes en effet convaincus que des juridictions compétitives en termes d’imposition mais bien régulées doivent être traitées séparément et recevoir un traitement distinct de celles qui se livrent à des activités illégales.  La Dominique, dont le secteur des services financiers constitue un atout essentiel de diversification économique, n’apporte aucun soutien aux responsables d’activités criminelles.


L’absence d’un engagement ferme de la communauté internationale en faveur des objectifs fixés lors du Sommet du Millénaire est visible sur tous les fronts; les contributions des pays industrialisés sont très inadéquates et les ajustements dans les politiques des institutions financières internationales tardent à se mettre en place.  Le Fonds pour la santé et contre le sida est loin d’avoir recueilli suffisamment de ressources pour faire face à l’ampleur du désastre, et l’aide publique au développement n’atteint pas les 0,7 % du PNB que les pays riches s’étaient fixés.  En conséquence, on compte de plus en plus sur l’investissement direct étranger, mais cet investissement dans sa majorité ne se dirige pas vers les économies les plus petites et les plus nécessiteuses.  C’est pourquoi, nous attendons beaucoup de la Conférence sur le financement du développement qui se tiendra au Mexique en mars 2002.  Dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, nous avons plaidé la cause des économies du type de celle de la Dominique, tant il vrai que les économies de petite taille présentent des caractéristiques particulières qui les rendent plus vulnérables.  Il est indispensable que des mesures soient prises au niveau multilatéral afin d’empêcher la marginalisation de ces économies et afin de leur assurer croissance et développement.


M. GEORGE A. PAPANDREOU, Ministre des affaires étrangères de la Grèce : Les nations qui constituent cette organisation, tentent aujourd'hui de rédiger une convention générale contre le terrorisme.  Nous ne sommes peut-être pas d'accord sur une définition du terrorisme, mais il existe cependant un consensus pour dire que les événements du 11 septembre étaient un acte perpétré contre l'humanité, un crime contre les valeurs qui nous sont chères, un consensus sur la nécessité de faire justice.  Des ruines de cette tragédie, est née une nouvelle force morale.  Il est de notre responsabilité aujourd'hui de nous montrer à la hauteur des circonstances, de dépasser nos rivalités traditionnelles et de consolider un nouvel esprit de coopération. 


Nous devons dépasser le stade de la rhétorique et cela signifie aussi que nos responsabilités doivent s'exercer à l'extérieur de nos frontières, que ce soit à l'égard d'un enfant souffrant du sida en Afrique ou d'un réfugié afghan menacé de famine.  Les événements du 11 septembre ont rendu parfaitement clair le fait que nous vivons dans un seul monde et que tous les problèmes affectant nos voisins, sont aussi nos problèmes.  Ils ont mis en évidence la nécessité de trouver une réponse universelle aux défis auxquels font face les citoyens du village global et le besoin de normes applicables au fonctionnement de la justice.  Le rôle des Nations Unies est à cet égard crucial.  Dans notre quête d'une justice à l'échelle du monde, notre défi est de parvenir à la transparence morale. 


Il y a deux ans, je me tenais devant vous en compagnie de mon collègue turc, Ismail Cem, et j'exprimais l'espoir d'un nouveau début dans nos relations.  Je suis aujourd'hui en mesure de faire état des progrès significatifs que nous avons faits.  Je viens de signer une série de nouveaux accords avec mon homologue turc.  Nos réunions sont devenues fréquentes et régulières.  Nous avons pris l'engagement de devenir simultanément partie à la Convention d'Ottawa sur l'interdiction et la destruction des mines antipersonnel.  Nous coopérons dans la lutte contre le crime, le trafic de stupéfiants, les migrations illégales et le terrorisme.  Nos échanges commerciaux ont doublé. 


Notre travail n'est pourtant pas achevé.  L'architecture de la confiance que nous instaurons en Europe du Sud, est affectée par la situation en Chypre.  L'île, toujours divisée, se trouve dans une situation honteuse.  Il se présente pourtant une nouvelle opportunité.  Les Chypriotes grecs et turcs peuvent tirer avantage d'une admission de l'île au sein de l'Union européenne.  Il ne faut pas interpréter notre référence constante aux résolutions des Nations Unies qui demandent que soit créée une Fédération bicommunautaire des deux zones comme le désir de voir imposer une solution de l'extérieur mais, comme au contraire, l'expression de notre conviction qu'il existe une justice pour Chypre et que le cadre de l'ONU peut l'apporter.  Je lance un appel aux Turcs et aux Chypriotes turcs, tout particulièrement à M. Denktash, pour qu'il utilise ce cadre et qu'il abatte le dernier mur de Berlin qui subsiste en Europe.  Car pour toute la région qui cherche à mettre fin aux divisions, la perspective de l'entrée de l'île dans la famille européenne devrait être une source d'euphorie et non de peur.


M. JAN KAVAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République tchèque : Il est impératif de renforcer la coalition mondiale contre le terrorisme et de lui donner l’opportunité non seulement de combattre effectivement le terrorisme mais aussi de contribuer à résoudre d’autres problèmes pressants, tout spécialement ceux dont la solution renforcerait la bataille contre le terrorisme en réduisant les tensions et en impulsant la justice et la stabilité.  L’actuelle coalition internationale contre le terrorisme, d’une rare ouverture, est une occasion unique que nous devons saisir.  Nous devons faire de notre mieux pour la rendre efficace et opérationnelle.  Nous devons également veiller à ne pas tomber dans le piège de laisser cette bataille contre le terrorisme, cette bataille pour la paix, la justice et la stabilité se transformer en choc des civilisations, en une guerre qu’Oussama Ben Laden appelle de ses voeux, une guerre contre l’Islam.  Il faut également accorder une plus grande attention aux conflits qui constituent un terreau fertile pour le terrorisme parce que si ces conflits restent sans solution pendant des décennies, ils accentueront les sentiments de frustration, de désespoir, d’impuissance ou, comme l’a souligné le président iranien M. Khatami, l’aliénation, l’extrémisme et l’anarchie. 


Dans notre lutte contre le terrorisme, il nous faut rechercher des solutions globales et à cette fin, employer tous les outils susceptibles d’identifier, d’isoler et de détruire les réseaux terroristes; tous les outils nécessaires pour combattre le terrorisme dans sa globalité.  Nos efforts contre le terrorisme doivent également se concentrer sur la lutte contre le crime organisé, la traite des êtres humains, le trafic d’armes et le trafic des drogues.  Sur le front financier, il faut de toute évidence couper les terroristes de leurs bases financières. La lutte contre le blanchiment d’argent est un aspect crucial de cette question.


Les Nations Unies doivent continuer à jouer un rôle majeur dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde en mettant en oeuvre une approche intégrée qui va de la prévention des conflits, aux opérations de maintien de la paix et à la reconstruction nécessaire post-conflit. L’identification des racines des conflits ainsi que l’éducation à la tolérance doivent faire partie de nos stratégies de prévention.  Je pense par ailleurs que les Nations Unies ont un rôle extrêmement important à jouer dans un Etat afghan de l’après-Taliban, qui aura forcément besoin d’être consolidé.  Nous devons appuyer sans réserve les efforts actuels des Nations Unies et en particulier ceux de M. Brahimi, le Représentant spécial du Secrétaire général.  Il est clair que l’Afghanistan a besoin d’un gouvernement disposant d’une assise large et solide qui reflètera la diversité ethnique du pays.  Et je suis d’accord avec le Secrétaire au Foreign Office, M. Jack Straw, qui pense qu’une seule institution dans le monde peut travailler à cet avenir meilleur à savoir les Nations Unies.


La réforme des Nations Unies est indispensable pour rendre plus efficace le travail de notre Organisation.  Nous estimons que la réforme du Conseil de sécurité, y compris l’élargissement de sa composition à un plus grand nombre de membres permanents et non-permanents ainsi qu’une limitation du droit de veto, renforcera l’autorité de cet organe.  Une part importante du travail du Conseil consistera en outre à réévaluer le mécanisme d’application des sanctions.


M. HUGO TOLENTINO (République dominicaine): bien que le terrorisme ait été, depuis le 11 septembre, au coeur de nombreuses sessions des Nations Unies, il nous apparaît difficile de le considérer séparèment des autres thèmes qui sont à l’ordre du jour de l’Organisation.  Car pour paradoxal que cela puisse paraître à certains, nous devons nous rendre compte que le terrorisme trouve un bouillon de culture dans certaines conditions économiques, sociales, culturelles et politiques, où les frustrations et l’absence de perspectives alimentent la haine et l’irrationalité, où l’exclusion, le désespoir, la marginalité et la pauvreté inculquent des sentiments mauvais de vengeance aveugle.  La République dominicaine appuie la résolution 1373 du Conseil de sécurité du 28 septembre et se sent engagée en faveur des résolutions et conventions que les Nations Unies ont élaborées afin de lutter contre le terrorisme.  Dans la Déclaration du Millénaire, les Etats Membres se sont engagés à prendre toutes les mesures pour établir une paix juste et durable conformément aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies.  Cet engagement les oblige à mettre en oeuvre toute leur force morale pour résoudre les conflits qui opposent encore plusieurs Etats. 


La Charte des Nations Unies doit enfin être réformée afin que le Conseil de sécurité devienne une institution démocratique en phase avec la réalité historique.  Il nous parait également opportun que les Etats qui ne sont pas membres du Conseil participent à ses travaux grâce à un système de rotation qui offre à tous les mêmes chances.  Par ailleurs, même si l’Organisation mondiale du commerce a pour objectif de faire respecter les droits de l’homme, de renforcer la démocratie et de préserver l’environnement, cela ne sera possible que si la mondialisation est accompagnée d’une sincère volonté de compréhension, de coopération et d’assistance technique pour le développement de la majorité des nations de notre planète.  Pourquoi les délais fixés par l’OMC ne vont-ils pas au-delà de 2003 ou de 2005, alors que les objectifs fixés par la Déclaration du Millénaire le sont à l’horizon de 2015?  Enfin, la République dominicaine, pays hôte de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), se félicite du travail réalisé par cette institution pionnière et, inquiète du manque de ressources qui risque de remettre en cause ses activités, a demandé aux Etats Membres de faire preuve de générosité afin que les ressources nécessaires au fonctionnement de l’INSTRAW soient trouvées.


M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE, Ministre des affaires étrangères de la République de Gambie : rien ne peut justifier les actes barbares du 11 septembre dernier.  Nous avons aussi été endeuillés par ces attaques et nous voudrions remercier le Président George W. Bush pour ses remarques délicates.  Le Gouvernement et le peuple de Gambie ainsi que les familles concernées ont été émus par ses commentaires.  Nous, en Gambie, nous souscrivons sans réserve aux résolutions 1368 et 1373 de Conseil de sécurité.  Le fléau du terrorisme ne peut être éradiqué sans un effort international concerté.  Aucun pays  ne devrait être exclu.  Comme première étape, le Conseil de sécurité devrait demander aux Etats membres ce dont ils ont besoin au niveau national afin qu’ils soient équipés pour la lutte contre le terrorisme. La Gambie, mon pays, est majoritairement musulmane mais nous ne souscrivons pas du tout au concept trompeur selon lequel la lutte contre le terrorisme est une lutte entre l’islam et le christianisme.  Les élections présidentielles en Gambie du 18 octobre 2001 ont reçu l’approbation unanime de la communauté internationale.  Nous attendons de nos principaux partenaires au développement, qui étaient encore sceptiques en 1996, de montrer le chemin dans un esprit de solidarité vers un nouveau partenariat revigoré.


Sur le continent africain, nous notons avec satisfaction que des signes de stabilité sont encourageants même si beaucoup reste encore à faire.  En Sierra Leone, il est urgent d’accélérer le processus de désarmement, de démobilisation et de relèvement.  Certains pays en transition comme la Guinée-Bissau ont besoin d’une attention spéciale et urgente.   En Angola, nous notons avec satisfaction la prolongation de mandat du mécanisme de suivi.  Ma délégation regrette l’exploitation illégale des ressources naturelles et d’autres richesses en République démocratique du Congo.  Nous appelons le Conseil de sécurité à lever les sanctions contre la Libye.


Au Moyen-Orient, la communauté internationale devrait trouver le moyen d’alléger les souffrances du peuple iraquien.  Nous appelons le Gouvernement iraquien à respecter et à se conformer aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité   Il faudra créer un Etat palestinien indépendant.  La République de Chine de Taiwan a beaucoup à offrir à la communauté internationale.  Comment allons nous bénéficier de ses compétences alors qu’elle est exclue du travail des Nations Unies?  Son cas est unique.  Il est exceptionnel et devrait être traité comme tel.  Les sanctions contre Cuba devraient être levées.  Elles sont d’ailleurs contre-productives.  Nous pensons que la pauvreté constitue une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationales sachant que 1,2 milliard de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour.  La nouvelle Initiative africaine est une réponse opportune.  Nous espérons seulement qu’elle ne restera pas lettre morte.  Nous espérons que le nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique sera intensifié.  Nous aurons besoin du soutien et de la solidarité de la communauté internationale dans son ensemble pour éradiquer la malaria.  Il n’y a pas d’alternative aux Nations Unies   Les Nations Unies n’en seraient que plus transparantes si le Conseil de sécurité réformé reflétait les réalités du XXIème siècle.


M. JANOS MARTONYI, Ministre des affaires étrangères de la République de Hongrie : Il n'y a que 63 jours qui se sont écoulés depuis le 11 septembre.  Plus de 80 nations sont en deuil, affligées par la mort absurde de leurs compatriotes, hommes et femmes venus des quatre coins du monde et représentant des traditions, cultures, croyances et origines ethniques les plus diverses.  Ces attaques ont été perpétrées contre le monde civilisé tout entier, contre les valeurs fondamentales de l'humanité.  Le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale ont pris sans tarder des mesures fermes et claire pour la défense des intérêts universels de la communauté internationale.  A cette fin, une coalition globale efficace s'est formée dont la Hongrie, aux côtés de beaucoup d'autres pays, est fière de faire partie.  Dans la situation actuelle, les Nations Unies sont appelées à jouer un rôle de première importance pour renforcer l'efficacité de l'action internationale.  Par l'élaboration de 12 conventions antiterroristes, l'ONU a déjà contribué de façon significative à la création d'un cadre commun de droit international dans la lutte contre le terrorisme.  Avec l'adoption d'autres conventions en cours de préparation, ce cadre juridique deviendra encore plus complet.  Pour ce faire, les groupes de pays concernés devront faire preuve d'une plus grande souplesse.


A la suite des attaques terroristes, une série de mesures concrètes a été prise par le Gouvernement hongrois.  Nous avons renforcé notre coopération politique et juridique antiterroriste avec nos alliés de l'OTAN et nos partenaires de l'Union européenne.  Mon pays vient de déposer, aujourd'hui même, l'instrument de ratification de la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif.  Quant à la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, je voudrais annoncer que sa signature par la Hongrie aura lieu dans les semaines à venir.  Nous sommes déterminés à devenir partie à cette convention aussi tôt que possible ce qui complètera la participation hongroise aux conventions internationales de caractère universel touchant la lutte antiterroriste.  En outre, mon gouvernement vient de soumettre au Parlement le projet de loi renforçant la rigueur de la réglementation nationale sur le blanchiment d’argent et sur la lutte contre le terrorisme.


Au regard des derniers incidents relatifs à l'anthrax, nous estimons que le renforcement de la Convention sur l'interdiction des armes biologiques et à toxines permettra à la communauté internationale d'agir plus efficacement.  Le groupe ad hoc chargé d'élaborer les mesures de mise en application de cette Convention s'est trouvé tout près d'un accord et il est regrettable qu'il n'ait pu s'acquitter de ses tâches avant la date de la convocation de la cinquième Conférence de révision.  Il est important que cette Conférence puisse laisser de côté les divergences sur les approches quant aux modalités du renforcement à long terme de la Convention, et puisse au contraire mettre en relief l'engagement des Etats parties en faveur de l'intégrité du système d'interdiction des armes biologiques.  En tant que Président de la cinquième Conférence de révision, la Hongrie souhaiterait faire tout ce qui est en son pouvoir pour donner suite aux attentes des Etats parties et faire émerger des résultats concrets.


Le Statut de la Cour pénale internationale est un document politique et juridique d'une importance capitale.  Par conséquent, nous nous félicitons vivement de la ratification du Statut de Rome par un nombre de pays qui ne cessent de croître et sont, à ce jour déjà plus de 40 Etats.  Dans ce contexte j'aimerais annoncer que le Parlement hongrois, dans une résolution adoptée presque à l'unanimité, a procédé à sa ratification le 6 novembre.  La Hongrie s'emploie activement à ce que la Cour, cette importante institution des temps présents, puisse commencer ses activités dans un avenir proche.


M. ERNST WALCH, Ministre des affaires étrangères de la principauté du Liechtenstein : Nous nous sommes engagés à appliquer la résolution 1373 dans son ensemble, mais nous mettrons l’accent sur l’un de ses aspects capitaux relatif au financement du terrorisme.  Nous possédons tous les outils nécessaires pour contribuer à supprimer et empêcher le financement du terrorisme.  Par conséquent, le 2 octobre dernier, j’ai signé, au nom du Liechtenstein, la Convention sur la suppression du financement du terrorisme.  Notre effort commun ne portera ses fruits que s’il est axé sur notre véritable objectif qui est d’arrêter les flux financiers qui alimentent le terrorisme et ses organisations.  Nous ne devons pas nous aventurer sur d’autres terrains de la finance internationale sous le couvert de la lutte antiterroriste.  Dans ce contexte, je déclare très clairement que le secret bancaire comme il est pratiqué au Liechtenstein n’a jamais fourni et ne fournira jamais de protection aux terroristes ou à leurs transactions financières.


La lutte contre le terrorisme a de multiples facettes et le rôle des Nations Unies consiste également à traiter un grand nombre d’autres sujets, auxquels il est souvent fait référence pour expliquer les racines du terrorisme.  La pauvreté, l’exclusion sociale et la marginalisation, le manque d’éducation de base sont des problèmes cruciaux dont il faut s’occuper.  Il y a bien sûr de nouvelles questions à l’ordre du jour des Nations Unies.  Mais nous devons faire plus et mieux.


Les Nations Unies vont être confrontées aux relations complexes entre terrorisme et droits de l’homme.  La promotion et la défense des droits de l’homme ne doivent pas être délaissées au profit de la lutte contre le terrorisme.  Les droits de l’homme ne sont pas un luxe que l’on peut s’offrir lorsque tout va bien et dont on peut se dispenser en période de crise.  Au contraire, ils sont la base sur laquelle doivent s’appuyer nos activités.  L’un de nos défis les plus difficiles dans le cadre de notre lutte contre le racisme sera d’empêcher que s’exerce une discrimination envers des gens en raison de leur appartenance ethnique.


Certains interprètent les événements du 11 septembre comme l’accomplissement du choc annoncé des civilisations.  Ils ont tort.  Les auteurs de ces attaques ne représentent ni une civilisation, ni une religion.  Ils ne croient qu’à la terreur, à la violence et à la destruction.  Ce sont purement et simplement des criminels.  Leurs actes ne constituent pas une attaque contre une civilisation mais une attaque et un crime contre l’humanité.  Mais bien sûr, rien ne servirait mieux leurs intentions qu’un choc des civilisations.  Les Nations Unies ont le devoir de prévenir un tel choc.  Nous ne devons pas accepter le terrorisme comme faisant partie de la vie, mais croire en notre capacité collective de l'éradiquer.  Cet objectif peut paraître lointain ou même utopique, mais l’élimination de l’esclavage au XIXe siècle et du fascisme au XXe siècle le paraissait aussi.


M. THERENCE SINUNGURUZA, Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi : Mon gouvernement a condamné sans appel les actes terroristes crapuleux du 11 septembre caractérisés par une barbarie inqualifiable.  Le Gouvernement du Burundi souscrit entièrement aux résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme et fait siennes les différentes conventions internationales contre le terrorisme international.  La présente session se tient au moment où le processus de paix au Burundi vient de franchir une étape particulièrement décisive.  L’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi signé le 28 août 2000 commence à être résolument mis en application.  La question des autorités de la transition pour les trois années à venir a été réglée.  Je tiens à saluer solennellement le courage, la clairvoyance et le tact dont le Président Nelson Mandela a particulièrement fait preuve tout au long des négociations interburundaises.  Malgré notre volonté d’aller de l’avant, le programme que s’est fixé le nouveau gouvernement reste confronté à d’énormes défis tels que la persistance de la guerre et l’aggravation de la pauvreté.  Nous dénonçons et condamnons fermement  la nouvelle forme de violence qui consiste en l’enlèvement des écoliers par des éléments rebelles pour les enrôler de force dans la guérilla.  Aucun engagement formel de la part des groupes armés ne semble encore se manifester résolument.  Je voudrais demander une fois de plus à tous les pays de l’Initiative régionale, à l’équipe de facilitation des pourparlers, aux Nations Unies et au reste de la communauté internationale de faire pression sur ces groupes armés.


La détérioration persistante de la situation socioéconomique de mon pays constitue une autre préoccupation majeure pour la nouvelle équipe gouvernementale. Huit ans de guerre ont plongé le pays dans un état de précarité excessive qu’il sera difficile d’éradiquer.  Au cours de l’an 2000, l’activité économique a également continué à subir les contrecoups de la sécheresse, entraînant une croissance négative durant deux années consécutives pour un pays essentiellement agricole.  Je lance donc un appel pressant aux différents partenaires de mon pays pour la concrétisation urgente des promesses faites au terme de la Conférence des bailleurs de fonds sur le Burundi tenue à Paris les 11 et 12 décembre.  Le déséquilibre entre le Nord et le Sud n’est pas de nature à favoriser une cohabitation harmonieuse.  Plus du tiers de l’humanité vit dans une pauvreté absolue.  Le devoir qui nous incombe est de faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l’humanité tout entière et dans l’intérêt de tous.  Ma délégation voudrait une fois de plus réaffirmer l’importance que le Gouvernement du Burundi attache à la Cour internationale de Justice.


M. HASMY AGAM (Malaisie): En tant que pays islamique, nous sommes extrêmement préoccupés par le fait qu'un groupe d'individus égarés, identifiés comme des musulmans, se soient livrés à des actes terribles au nom de notre religion sacrée, ternissant ainsi le grand nom de l'Islam qui signifie paix.  Il faut s'efforcer, dans toute la mesure du possible, de faire en sorte qu'aucune discrimination ne s'exerce à l'encontre des personnes de confession islamique en raison de leur foi, de leur appartenance ethnique ou du pays dont elles proviennent.  La Malaisie est prête à participer à l'effort mondial visant à combattre le fléau du terrorisme.  Pour ce faire, la communauté internationale a besoin de définir, dans le cadre des Nations Unies, une stratégie solide prenant en compte tous les aspects du problème.  Même si nous comprenons le besoin d'exercer des représailles à l'encontre des pays soupçonnés d'être derrière ces actes de haine, nous ne pensons pas que les expéditions militaires constituent la solution la plus efficace ou la plus sage.  Nous craignons qu'elles ne posent plus de problèmes qu'elles n'en résolvent.  Dans la mesure où un effort concerté et coordonné de la part de la communauté internationale constitue l'approche la plus appropriée, il est nécessaire de réunir une conférence internationale au plus haut niveau pour examiner la question du terrorisme dans tous ses aspects et manifestations et qui prenne également en compte la nécessité de se mettre d'accord sur une définition du terrorisme.  Cet accord est vital pour dissiper des ambiguïtés susceptibles d'affecter la coopération internationale.  Cette conférence devrait également s'intéresser aux causes profondes du terrorisme et aux facteurs qui lui donnent naissance, qu'ils soient politiques, sociaux ou économiques.


En ce qui concerne l'Afghanistan, les bombardements actuels devraient cesser immédiatement de façon à épargner aux populations afghanes sans défense encore plus de souffrances.  Cela permettrait également le retour des secours humanitaires.  Une assistance humanitaire de grande envergure est nécessaire.  Nous félicitons les pays qui ont répondu généreusement et lançons un appel à ceux qui ne l'ont pas encore fait.  Nous avons pour notre part créé un Fonds pour les secours en Afghanistan qui a reçu un accueil très positif de la part du gouvernement et du public.  Aux niveaux politique et diplomatique, les Nations Unies devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour rétablir la paix en Afghanistan par un règlement politique.


La situation en Palestine et au Moyen-Orient doit être traitée au plus vite, non seulement en tant que telle, mais aussi pour éviter qu’elle ne soit exploitée par des groupes à des fins personnelles néfastes.  Nous pensons que le rapport Mitchell offre une bonne base pour un retour à la table de négociations.  Nous félicitons l'Autorité palestinienne pour avoir accepté sans ambiguïté ce rapport et nous regrettons que la partie israélienne en ait rejeté l’essentiel et, notamment l'interruption des colonies de peuplement, tout en indiquant son acceptation globale.  Il n'y a pas de solution militaire au problème.  Nous demandons donc instamment au Gouvernement israélien d'en finir avec la solution militaire.  Le règlement politique négocié que la communauté internationale doit activement rechercher, doit inclure le retrait complet des territoires arabes et palestiniens occupés depuis 1967, y compris la ville d'Al-Qods Al-Sharif et le Golan syrien occupé.  Nous réaffirmons notre appui à la création d'un Etat de Palestine indépendant dont Al-Qods Al-Sharif serait la capitale.


Pour que les pays en développement aient accès aux bénéfices de la mondialisation, un financement adéquat du développement est nécessaire.  Il est à cet égard décourageant d'assister au déclin du volume de l'Aide publique au développement (APD) qui est passée de 0,33% du PNB des pays donateurs en 1992 à 0,24% en 1999. 


Ma délégation demande que soient établies des règles claires régissant la conduite des officiels des Nations Unies, notamment en résidence dans leurs propres pays, de telles sortes que leurs actions s'inscrivent strictement à l'intérieur de leurs mandats et qu'ils ne jouissent de leur immunité que dans le cadre de leurs fonctions officielles.  Il devrait également être possible de nommer ces officiels sur de meilleurs critères de façon à n’appointer que des personnes connues pour leur neutralité et non celles qui "sont connues pour leurs attaques virulentes", selon les mots de mon premier ministre.


M. ANTHONY C. ROLLE (Bahamas): nous devons être créatifs et avoir de la vision et nous assurer que les ressources et l’énergie mises à la disposition des Nations Unies sont utilisées afin de mettre en oeuvre un ordre du jour équilibré qui traite efficacement du problème du terrorisme et en même temps promeuve les droits de l’homme et le développement économique et social.  Les actes terroristes ont profondément modifié la conjoncture économique mondiale et les perspectives de récession sont bien là.  Les petites économies des Caraïbes ont été affectées en raison de leur vulnérabilité aux chocs extérieurs, leur dépendance du tourisme, notamment en provenance d’Amérique du Nord.  Des pertes significatives ont été enregistrées dans le domaine du tourisme et des services financiers et, alors que les ressources de l’Etat diminuent, les réserves extérieures sont menacées.  Dans la “Déclaration de Nassau” sur le terrorisme international, les Etats du CARICOM ont réaffirmé leur engagement en faveur de la lutte contre le terrorisme et attendent en échange que la communauté internationale apporte un soutien aux Etats de la région pendant cette période difficile.


Les Bahamas ont appliqué la résolution 1373 du Conseil de sécurité et gelé les fonds et actifs financiers de Oussama Ben Laden, de Al Qaida et des individus qui lui étaient associés.  Nous avons pris, dès septembre, des mesures législatives interdisant toutes les transactions avec Ben Laden et Al-Qaida, et le gouvernement a établi des régimes réglementaires pour s’assurer que le secteur financier n’est pas utilisé par des criminels pour blanchir de l’argent.  Les Bahamas ont signé la Convention contre le financement du terrorisme et suivent avec intérêt l’élaboration d’une convention générale contre le terrorisme.  Cependant, toutes ces mesures ont eu un coût pour les Bahamas, qui pâtissent des problèmes sociaux nés de la mondialisation, d’un service de la dette trop élevé et d’infrastructures inadaptées aux exportations.  Les Bahamas, comme de nombreux autres pays du CARICOM, ont dû réaffecter des ressources rares destinées au développement à des mesures drastiques de sécurité qui sont désormais requises aux aéroports et dans les installations portuaires.  Qui plus est, notre pays a été touché par l’ouragan Michelle et les dommages sont considérables.


M. LI HYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée): Aussi longtemps qu’on acceptera les actes de puissances arbitraires visant à détruire la stabilité stratégique et à maintenir une suprématie absolue grâce à un système de défense antimissile, au mépris de l’opposition internationale, le monde sera en proie à une autre «guerre froide» et à la course aux armements.


Nous sommes exposés à la menace permanente de forces armées importantes, y compris à des armes nucléaires, déployées autour de la péninsule coréenne sous le prétexte d’une fictive “menace nord-coréenne”.  Cette situation constitue une source majeure d’instabilité dans la péninsule coréenne et dans la région Asie-Pacifique.


Tous les Coréens souhaitent ardemment de réunifier le plus rapidement possible leur pays divisé.  L’an dernier, un Sommet entre les deux Corée a eu lieu et il en est sorti, pour la première fois dans l’histoire de notre pays divisé, une Déclaration commune Nord-Sud.  Cette Déclaration reflète la volonté et les aspirations du peuple coréen de réussir la réunification de manière indépendante, en unissant les efforts d’une nation.  Cependant, les relations intercoréennes et l’application de la Déclaration commune du 15 juin, qui avançaient dans la bonne direction, sont confrontées à la politique dure et hostile et à l’ingérence injuste de la nouvelle administration américaine dans les affaires de la République populaire démocratique de Corée.  Notre programme de missile est de nature purement pacifique et ne constitue aucunement une menace contre les pays qui respectent notre souveraineté.  Maintenant que la guerre froide est terminée et que le processus de réconciliation entre les deux Corée est en cours, les troupes américaines n’ont plus aucune raison de s’incruster en Corée du sud.


Un autre facteur d’instabilité qui entrave le développement futur de la péninsule coréenne et de ses environs est l’orientation de la politique japonaise et les tentatives de la droite extrémiste à vouloir ressusciter le militarisme. Ma délégation souhaite attirer l’attention de tous les Etats Membres sur cette question lors de cette Assemblée générale, la première du XXIe siècle.  Nous nous opposons fermement à la candidature du Japon comme membre permanent du Conseil de sécurité.


Il est fondamental que les Etats Membres honorent et appliquent la Charte des Nations Unies.  Cette Charte qui stipule les principes visant à assurer le développement de relations internationales cordiales sur la base d’une égalité de souveraineté.  Certains pays cependant n’hésitent pas à mener des actions unilatérales coercitives et à recourir à la force contre des Etats souverains, au mépris et en violation de la Charte des Nations Unies.  Les Etats Membres doivent rejeter ces attaques qui vont à l’encontre de la Charte et du droit international.


Hier, nous avons signé la Convention internationale pour la suppression du financement du terrorisme et adhéré à la Convention internationale contre les prises d’otages. Cela montre que nous faisons tous les efforts possibles pour supprimer le terrorisme dans le monde.  Nous pensons que coller l’étiquette «terroriste » sur des pays qui revendiquent l’égalité souveraine en résistant aux violations de leur souveraineté ne doit en aucun cas être toléré.


M. RACHID ALIMOV (Tadjikistan): Le rôle des Nations Unies en tant que forum international de délibération le plus représentatif sur l'ensemble des problèmes auxquels l'humanité doit faire face et définir des approches permettant à la communauté internationale d’y apporter des solutions, n'a cessé au fil des années de devenir de plus en plus significatif.  La coopération avec les Nations Unies, dès les premières années de son indépendance, a aidé le Tadjikistan à stopper un conflit civil, à trouver une formule efficace pour réaliser la concorde nationale et à engager le processus de reconstruction du pays.  Nous n'oublierons jamais cette époque tragique et l'aide désintéressée que nous avons reçu des Etats Membres de l'ONU et de ses institutions spécialisées.  Dans le domaine de la sécurité internationale, la République du Tadjikistan souhaite que la stabilité stratégique soit assurée sur la base du système des accords et des traités en vigueur sur le désarmement et que se poursuive le processus de restriction des armements au plan unilatéral et multilatéral. 


Le Tadjikistan a toujours condamné catégoriquement le terrorisme sous toutes ses formes.  Pour notre pays, la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme  et l'extrémisme n'est pas un vain mot.  Le Tadjikistan a été plusieurs fois victimes d'attaques terroristes menées de l'extérieur.  Ces actes terroristes sont autant de tentatives pour faire déraper le processus de paix dans le pays et déstabiliser la situation dans la région.  Dans sa lutte contre le terrorisme, la communauté internationale doit s'appuyer sur des critères similaires et agir de façon honnête, résolue et cohérente. 


La nation afghane est à l'orée d'un changement fondamental et la tâche la plus cruciale à laquelle la communauté internationale est confrontée actuellement, son point d'honneur en quelque sorte, est d'aider le peuple afghan à saisir cette chance.  Le Tadjikistan est disposé, avec les autres pays intéressés et avec la coordination de l'ONU, à aider l'Afghanistan à retrouver un avenir digne de lui.  Déterminer cet avenir est la prérogative exclusive du peuple afghan lui-même.  L’une des conditions indispensables au rétablissement de la paix dans ce pays est de mettre fin aux ingérences extérieures.  Il est entendu que les Taliban n'ont pas leur place dans le gouvernement futur car cela pourrait provoquer de nouvelles métastases de la terreur et du narco-business.  Nous lançons un appel aux Etats Membres et aux institutions humanitaires pour qu'ils fournissent au peuple afghan toute l'aide humanitaire dont il a besoin, faute de quoi le territoire afghan pourrait connaître une épouvantable catastrophe humaine.


Selon le Département du contrôle des stupéfiants et la prévention du crime, la baisse considérable de la production de pavot à opium en Afghanistan, cette année, n'a pas amené de réduction du trafic illicite d'héroïne en direction des pays voisins ou de l'Europe et cela en raison des énormes quantités d'opium stockées dans le territoire contrôlé par les Taliban et utilisées pour la production d'héroïne.  Les quantités d'héroïne de contrebande détruites par le Tadjikistan, cette année seulement, sont trois fois plus importantes que celles de l'année passée et se chiffrent en tonnes.  Une nouvelle situation est apparue après le 11 septembre.  Les Nations Unies n'étant plus en mesure d'aider les fermiers afghans et de contrôler le trafic des drogues, les Taliban, pour qui ce commerce constitue la principale source de revenu, ont mis à profit cette situation et les pays voisins, dont le Tadjikistan, ont des difficultés supplémentaires à enrayer ce trafic.


La lutte contre la pauvreté demeure à court terme l’une des priorités pour le Gouvernement du Tadjikistan.  Une dette extérieure importante contrarie ses efforts dans ce domaine.  Elle affecte la reconstruction du pays et représente une menace grave à la stabilité sociale et économique.  Nous sommes convaincus que, pour aider les pays en développement et les économies en transition dans leur lutte contre la pauvreté, il est important que la communauté internationale soit plus dynamique et plus souple dans son approche de l'allègement de la dette. 


M. SERBINI ALI (Brunéi Darussalam): Il n’y a aucune justification au terrorisme.  Ce fléau doit être éliminé.  Le Brunéi Darussalam continuera à faire tout ce qu’il peut en étroite coopération avec les Nations Unies et tous les membres du Conseil de sécurité pour jouer son rôle afin de relever les défis directs posés par le terrorisme dans la conduite des affaires internationales.  L’existence du terrorisme nous rappelle que le programme que les Nations Unies s’étaient fixé durant les cinquante dernières années n’a pas été réalisé.  Bien que rien ne justifie des actes de terreur, beaucoup de faits offrent une justification au ressentiment et au désespoir profonds.  Le plus visible est la situation en Palestine.  Nous nous félicitons de la reconnaissance enfin exprimée par beaucoup de dirigeants mondiaux,  y compris par le Président des Etats-Unis et le Premier Ministre du Royaume-Uni, en faveur du principe d’un Etat palestinien.


Pour mener à bien la tâche difficile visant à dissiper les ressentiments issus des injustices passées, il faut adopter de nouvelles approches à la sécurité.  Le Brunéi Darussalam est en train de le faire grâce au Forum régional de l’Association des Nations du sud-est asiatique.  Ceci implique toutes les nations d’Asie du Sud-Est et tous nos partenaires d’Amérique du Nord, d’Asie de l’Est, d’Europe et d’Asie.  Quelle que soit la cause des conflits, les membres estiment que le forum est une initiative heureuse.  Ils considèrent le dialogue et les consultations non pas comme une série de réunions mais comme un processus.  En fait, à long terme, le processus lui-même peut devenir la solution.  Il s’agit du cadre dans lequel les idées exprimées au Sommet du Millénaire peuvent être poursuivies avec succès.  En bref, nous pensons que la clef de la sécurité est aujourd’hui la capacité de penser localement, régionalement et mondialement en même temps.  C’est dans le cadre des Nations Unies que toutes les nations peuvent renouveler et renforcer leur sentiment de tolérance et d’amitié qui sont les réels éléments constructifs de la sécurité.


M. NGUYEN THANH CHAU (République socialiste du Viet Nam): Conscient de la distinction entre le terrorisme et la lutte pour l’exercice des droits à l’autodétermination, le Viet Nam condamne avec persistance le terrorisme sous toutes ses formes et ses manifestations qui provoquent des pertes de vies d’innocents.  Aucun pays ne peut agir seul dans la lutte contre le terrorisme.  Les membres de la Communauté internationale devraient traduire les terroristes en justice ou les extrader vers les pays où ils ont commis leurs crimes afin qu’ils soient dûment jugés.  Le combat contre le terrorisme ne doit pas faire oublier les défis du XXIe siècle.  La pauvreté, le fossé grandissant du développement, l’épidémie du virus VIH/sida, la détérioration de l’environnement, les tensions régionales, les conflits.  Sur toile de fond d’une mondialisation dont le fer de lance est la révolution technologique, le fossé entre riches et pauvres s’est élargi.  La préoccupation commune est actuellement la tendance à la diminution à l’aide aux pays en développement (APD). 


Le développement exige un environnement de paix et de stabilité.  L’escalade de la violence au Moyen-Orient est particulièrement préoccupante.  Nous nous joignons à la Communauté internationale pour appeler à la fin rapide de la violence et à une solution garantissant les droits inaliénables du peuple palestinien et les intérêts légitimes des deux parties.  De la même manière, il faut mettre un terme aux embargos imposés à Cuba, à l’Iraq et à la Libye qui ont causé d’indicibles souffrances.  Les pays de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) sont déterminés à construire une zone de paix, de développement et de prospérité, et à coordonner leurs efforts pour faire face efficacement aux défis régionaux et mondiaux.  Le Viet Nam a obtenu de bons résultats dans tous les domaines.   Le neuvième Congrès du parti a réaffirmé notre détermination à poursuivre les programmes d’industrialisation et de modernisation.  Nous créerons des conditions plus favorables pour attirer les investissements.  Nous poursuivrons notre politique d’indépendance, d’ouverture et d’intégration économique internationale.  Le Viet Nam soutient sans réserve le rôle central de l’Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies.  Les pays en développement devraient bénéficier d’une participation et d’une représentation plus large dans le processus de prise de décisions du Conseil de sécurité.


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